63 - Bulletin Clic
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Janvier 2007 clic.ntic.org 63 Bulletin collégial des technologies de l’information et des communications Un assistant correcteur pour chaque enseignant Par Réjean Jobin, CCDMD V ous avez toujours rêvé d’avoir un assistant de cours qui s’occuperait de la correction de vos examens ? C’est maintenant chose faite, et il ne vous en coûtera rien ! En effet, il est désormais possible de bâtir un questionnaire sommatif avec Netquiz Pro et d’obtenir la correction dès qu’il a été rempli par vos étudiants. À l’intérieur… Comment réaliser un tel exploit ? Rien de plus simple : il vous suffit de construire le questionnaire avec la version 2 de Netquiz Pro et de sélectionner le mode sommatif dans la configuration. Voici donc la procédure détaillée et quelques conseils pour embaucher rapidement le meilleur assistant correcteur ! 1- Le serveur et la base de données Vous devez d’abord avoir accès à un serveur Web et à une base de données, pour y enregistrer les résultats du questionnaire sommatif. La base de données requise est MySQL et le serveur doit disposer du langage PHP (version 5 et plus). Ces deux éléments constituent du « logiciel libre » et, par conséquent, sont gratuits. Si vous enseignez au collégial et que votre établissement ne peut vous fournir l’accès à un serveur Web, vous pouvez obtenir un espace personnel sur Profweb (http://www.profweb.qc.ca), qui contient tout ce dont vous avez besoin. L’administrateur de Profweb se fera un plaisir de vous donner accès à une base de données MySQL. Il vous fournira un nom d’utilisateur, un nom de base de données et un mot de passe. 2 Le mot du coordonnateur 6 Encadrer des étudiants à l’aide des TIC 11 Réussir l’intégration pédagogique des TIC 17 Les TIC au service des « natures brouillonnes » 20 L'apprentissage mobile 21 Le courrier de Profweb 22 L’offre de formations manquantes au Cégep@distance 29 Quand la Loi sur le droit d’auteur emmêle les câbles de l’école branchée 34 Profweb dans la pratique 2- Le gestionnaire des résultats Ensuite, avant de vous lancer dans la création et l’utilisation d’un questionnaire sommatif, vous devez mettre en place un gestionnaire des résultats. Dans un questionnaire sommatif, l’utilisateur ne peut pas valider lui-même ses réponses ni voir (suite à la page 3) Ce bulletin d’information sur les applications pédagogiques de l’ordinateur et des technologies est publié conjointement par le CCDMD, le Cégep@distance, Profweb et La Vitrine APO et financé par le ministère de l’Éducation, du Loisir et du Sport. Loin des yeux… proche de la connaissance ! Sur le Web : clic.ntic.org Par Régis Fournier, coordonnateur du bulletin Clic Coordonnateur : Régis Fournier [email protected] Mise en page : Mélissa Laniel [email protected] CCDMD Centre collégial de développement de matériel didactique 6220, rue Sherbrooke Est, bureau 416 Montréal (Québec) H1N 1C1 Tél. : (514) 873-2200 Téléc. : (514) 864-4908 [email protected] Cégep@distance 7100, rue Jean-Talon Est Montréal (Québec) H1M 3S3 Tél. : (514) 864-6464 Téléc. : (514) 864-6401 [email protected] CLIC Bulletin collégial des technologies de l’information et des communications 6220, rue Sherbrooke Est, bureau 416 Montréal (Québec) H1N 1C1 Tél. : (514) 864-7384 Téléc. : (514) 864-4908 [email protected] Profweb [email protected] Vitrine Technologie-Éducation 10 555, avenue de Bois-de-Boulogne Montréal (Québec) H4N 1L4 Tél. : (514) 332-3000, poste 6022 Téléc. : (514) 332-0083 [email protected] el didactiquec. : (514) [email protected]. ISSN 1203-4193-2 Dépôt légal : Bibliothèque nationale du Québec Bibliothèque nationale du Canada La reproduction des articles est permise en citant la source. 22 Clic 63 > Janvier 2007 E n ce début d’année 2007, le CCDMD nous fait un cadeau de taille : la version sommative de Netquiz Pro, que vous pourrez utiliser pour évaluer vos élèves. Finies les corrections ! Attention, cela signifie non pas que nous travaillerons moins, mais autrement. Pourrons-nous enfin nous consacrer davantage à l’accompagnement de l’apprentissage ? Deux de nos textes font la lumière sur deux aspects de cette tâche : l’encadrement par les TIC et l’intégration pédagogique de ces technologies. Comment assurer l’encadrement des élèves afin de favoriser et de soutenir un apprentissage de qualité ? C’est la question à laquelle répond Geneviève Nault, professeure au Département de pédagogie de l’Université de Sherbrooke, dans Encadrer des étudiants à l’aide des TIC. Toujours dans cette ligne de pensée, Christian Barrette, qui a déjà publié dans le Clic, en 2005, les conclusions d’une métasynthèse des résultats d’expériences d’intégration pédagogique des TIC dans les collèges du Québec, nous propose cette fois une réflexion sur la manière de réussir cette intégration et suggère un guide d’action de plus en plus précis. du programme en Techniques d’éducation à l’enfance, tous deux au Cégep@distance, posent la question suivante : « Pouvons-nous offrir aux étudiants des formations “ modulaires ” ou manquantes, après un processus de reconnaissance des acquis rigoureux, qui leur permettront d’acquérir les compétences nécessaires afin de compléter leurs études collégiales et d’exercer leur profession ? » Ils répondent en nous faisant suivre le sentier sinueux de l’élaboration d’un nouveau projet de diplôme d’études collégiales en Techniques d’éducation à l’enfance qui adopte « une approche modulaire (par objets d’apprentissage et autres REA) permettant de définir l’architecture de l’ensemble des éléments de formation du DEC ». Quelle organisation ! Une expérience à suivre. Gilles Plamondon, enseignant de philosophie au cégep d’Alma, nous raconte dans Les TIC au service des « natures brouillonnes » comment il est passé d’allergiTIC à fanaTIC en découvrant les avantages de la plateforme Decclic pour assurer la gestion de ses classes. Si les textes de Nault et de Barrette nous dressent un portrait global de leurs préoccupations, celui de Plamondon nous ramène directement sur le plancher des vaches. Que des textes essentiels, jusqu’à maintenant, dans ce numéro ! Après l’apprentissage en classe, dit présentiel, puis celui à distance, dans le confort de son foyer, voici qu’arrive l’apprentissage mobile – On the Road Again. À la Vitrine TechnologieÉducation, on s’interroge : toutes ces technologies mobiles, tous ces moyens de télécommunication portables que sont les téléphones, les lecteurs MP3 et autres, constituent-ils en fait un simple miroir aux alouettes ? Si ce premier texte de la Vitrine nous projette dans un futur relativement proche, un autre article, Quand la Loi sur le droit d’auteur emmêle les câbles de l’école branchée, signé PierreÉtienne Paradis, réexamine le problème du respect du droit d’auteur dans une perspective de défense des droits des établissements d’enseignement et de leur personnel de « puiser et publier du contenu pédagogique, dans un cyberespace de plus en plus compartimenté et susceptible d’appropriation marchande ». De façon non moins essentielle, dans L’offre de formations manquantes au Cégep@distance, Philippe Flamand, responsable des objets d’apprentissage et Suzane Cormier, responsable C’est avec beaucoup de gratitude envers toutes celles et tous ceux qui nous donnent tant à lire et à réfléchir que nous vous livrons ce premier numéro du Clic 2007. (suite de la page 1) Module de gestion des résultats les solutions. Lorsqu’il passe d’une question à une autre, ses réponses sont transmises au serveur. C’est le serveur qui, à l’aide du gestionnaire, valide et conserve les résultats, fournit quelques statistiques de base et permet l’exportation des résultats dans un fichier texte compatible avec un chiffrier comme Excel. À l’aide de Netquiz Pro, il suffit de choisir dans le menu Fichier « Module de gestion des résultats ». Dans la fenêtre qui apparaît, remplissez les champs « Nom d'utilisateur », « Nom de la base de données » et « Mot de passe de la base de données » selon ce que vous aura communiqué votre administrateur de réseau. Dès que vous fermerez cette fenêtre avec le bouton « OK », un répertoire intitulé « Gestionnaire » apparaîtra sur votre bureau d’ordinateur. Vous devez alors installer le gestionnaire dans votre espace personnel sur le serveur Web. Au moyen d'un logiciel de transfert FTP, placez le module de gestion (répertoire « Gestionnaire ») dans votre répertoire personnel sur le serveur Web. Vous pourrez éventuellement accéder à votre module de gestion en inscrivant simplement l'adresse URL de ce module dans un fureteur. Par exemple, si l'adresse du répertoire sur le serveur dans lequel j'ai placé mon module de gestion « gestionnaire » est : http://www.profweb.qc.ca/rjobin Questionnaire je peux accéder à mon module de gestion en inscrivant, dans Internet Explorer, Firefox ou Safari, l'adresse URL suivante : http://www.profweb.qc.ca/rjobin/gestionnaire Attention, un seul module de gestion suffit pour tous les questionnaires Web que vous utiliserez. Donc, une fois le gestionnaire mis en place, vous n’aurez plus à faire cette opération, sauf si une nouvelle version de Netquiz Pro apparaît et qu’on vous recommande de modifier votre gestionnaire de résultats. 3- Le questionnaire La troisième opération consiste à créer le questionnaire et à le déposer sur le serveur. Quand vous produirez la version Web du questionnaire, vous trouverez sur le bureau de votre ordinateur le répertoire du questionnaire Web réalisé par Netquiz Pro accompagné d'un fichier portant l'extension « XML ». Au moyen d'un logiciel de transfert FTP, placez ce fichier « XML » dans le répertoire « XML » du module de gestion que vous avez mis en ligne précédemment. Il vous suffit ensuite de placer votre questionnaire sommatif, toujours par FTP, dans votre espace personnel. Attention : votre questionnaire doit être installé sur le même serveur que le gestionnaire des résultats puisqu’ils communiquent entre eux pour permettre l’enregistrement des résultats. Ces opérations supposent des permissions d’écriture qui sont rarement autorisées entre les serveurs pour les types d’utilisateurs comme nous. 4- Rendre le questionnaire accessible La dernière opération avant de permettre à vos étudiants de répondre à votre questionnaire sommatif, consiste à le rendre actif à l’aide du module de gestion. Pour accéder à votre module mis en ligne, inscrivez votre adresse URL dans un fureteur. Par exemple, si l'adresse de mon répertoire sur le serveur est http://www.profweb.qc.ca/rjobin, j'inscris dans un fureteur l'adresse URL http://www.profweb.qc.ca/rjobin/gestionnaire – si, bien sûr, j’ai déposé mon gestionnaire à cette adresse. La première fois que vous accédez à votre module de gestion mis en ligne, il faut lui donner un nom et un mot de passe. Ces deux données peuvent être différentes de celles que vous a communiquées votre administrateur de réseau et que vous avez entrées dans Netquiz Pro pour créer votre module de gestion. Elles serviront désormais à vous identifier pour pouvoir entrer dans votre module de gestion et à empêcher l'accès de quiconque à vos résultats. Janvier 2007 > Clic 63 3 Identification du module de gestion Chaque fois que vous entrez dans le module de gestion, vous devez ainsi inscrire le nom d'utilisateur et le mot de passe que vous avez donnés à votre module de gestion la première fois que vous y avez accédé. Gestion des questionnaires Lorsque vous cliquez sur le bouton « Continuer » de la boîte d'identification, vous accédez à la page « Gestion des questionnaires », qui contient la liste des questionnaires que vous avez ajoutés dans le dossier « XML » de votre module de gestion mis en ligne. À partir de cette page, vous pouvez modifier le mot de passe de votre module de gestion, ajouter un nouveau questionnaire à la base de données, modifier le statut (actif ou inactif) d'un questionnaire de la liste, gérer un mot de passe d'accès à un questionnaire mis en ligne ou supprimer un questionnaire de la liste. Gestion des questionnaires Ajouter un nouveau questionnaire Pour ajouter un questionnaire dans votre module de gestion des résultats, vous devez suivre les étapes suivantes. Cliquez sur l'expression « Ajouter un nouveau questionnaire à la base de données », qui se trouve dans la partie supérieure droite de la page contenant la liste des questionnaires. Dans la page qui apparaît, vous voyez la liste des fichiers « XML » que vous avez placés dans le répertoire « XML » de votre module de gestion et, pour chacun de ces fichiers, son statut (ou Déjà ajouté). Cliquez sur l'expression « Ajouter » pour chaque questionnaire que vous désirez ajouter à la base de données. Cliquez sur l'expression « Retour à la liste des questionnaires », placée dans la partie supérieure droite de la page. Les questionnaires que vous avez ajoutés font maintenant partie de la liste dans la page « Gestion des questionnaires ». Par défaut, ces questionnaires sont actifs. Pour rendre un questionnaire inactif, c'est-à-dire non accessible aux répondants, il faut d'abord cliquer sur son titre dans la page qui contient la liste des questionnaires. Dans la page « Consulter un questionnaire » qui apparaît, vous n'avez ensuite qu'à cliquer sur le bouton « Actif » ou « Inactif », selon votre choix. Gérer le mot de passe d'accès au questionnaire par les répondants Si vous souhaitez que l'accès à l'un de vos questionnaires soit protégé au moyen d'un mot de passe, il faut d'abord cliquer sur son titre dans la page qui contient la liste des questionnaires. Dans la page « Consulter un questionnaire » qui apparaît, inscrivez le mot de passe de votre choix, puis cliquez sur l'expression Ajouter un questionnaire à la base de données Consulter un questionnaire - Statistiques Consulter un questionnaire - Questions 4 Clic 63 > Janvier 2007 « Accepter » pour confirmer la saisie du texte. En tout temps, vous pouvez modifier ou effacer ce mot de passe, selon vos besoins. Consulter ou modifier les résultats d'un questionnaire Pour consulter ou modifier les résultats d'un questionnaire, il faut d'abord cliquer sur son titre dans la page qui contient la liste des questionnaires. Au bas de la page « Consulter un questionnaire » qui apparaît, vous verrez trois onglets : Statistiques, Questions et Répondants. Vous pouvez passer de l'une à l'autre de ces sections en cliquant sur l'onglet approprié. L'onglet Statistiques donne, en temps réel, le nombre de répondants au questionnaire, la date et l'heure de la dernière soumission, la moyenne, la médiane et le nombre de répondants ayant obtenu une note supérieure à 60 %. Attention ! Au moment où vous consultez ces données, il se peut que certains répondants soient encore en train de répondre au questionnaire ; les calculs statistiques peuvent donc inclure des données incomplètes. L'onglet Questions donne la liste des questions du questionnaire et, pour chacune d'elles, son titre, son type, la moyenne de l'ensemble des répondants (en temps réel) ainsi que sa pondération. Vous pouvez exporter ces résultats dans une fichier texte, en cliquant sur l'expression « Exporter en format texte ». Vous pouvez aussi obtenir plus de détails sur chacune des questions en cliquant sur sa ligne correspondante du tableau. La zone grise, en haut de la fenêtre qui apparaît, contient le titre de la question, son type, son énoncé, le nombre de répondants (en temps réel), sa pondération, la moyenne obtenue par l'ensemble des répondants (en temps réel), son statut (actif par défaut), que vous pouvez modifier par « Annulée », au besoin, après vous être assuré, bien sûr, que les répondants n'aient plus accès au questionnaire, en rendant le questionnaire inactif ou en modifiant le mot de passe. Sous cette zone grise, vous trouverez, pour chaque répondant, son matricule, son nom, son groupe, la date et l'heure, en temps réel, de sa dernière soumission, le nombre de points attribués automatiquement par le module de gestion ou le nombre de points que vous pouvez modifier manuellement, au besoin, après vous être assuré, bien sûr, que le répondant n'ait plus accès au questionnaire. Vous pouvez également voir la réponse et la rétroaction pour chacun des répondants. L'onglet Répondants donne la liste des répondants au questionnaire et, pour chacun d'eux, son matricule, son nom, son groupe, la date et l'heure (en temps réel) de sa dernière soumission, ainsi que ses résultats en valeur assuré, bien sûr, que le répondant n'ait plus accès au questionnaire. Vous pouvez également voir l'énoncé de la question, la réponse donnée par le répondant et la rétroaction correspondante. Voilà , votre assistant est maintenant prêt à travailler pour vous… Des inquiétudes ? Il vous reste peut-être quelques inquiétudes. Par exemple, est-il plus simple de tricher avec un tel système ? Nous croyons que le risque est minime, car, quand vous construisez vos questions, vous pouvez choisir de faire apparaître vos choix de réponses au hasard. De plus, quand vous bâtissez vos questionnaires, vous pouvez aussi faire apparaître les « Un petit “génie” de l’informatique peut-il accéder aux réponses ? Impossible, car les réponses sont sur le serveur et non dans le questionnaire. » absolue et en pourcentage. Vous pouvez obtenir plus de détails sur chacun des répondants en cliquant sur la ligne correspondante du tableau. La zone grise, en haut de la fenêtre qui apparaît, indique le matricule du répondant, son nom, son prénom, son courriel, son numéro de groupe, la date et l'heure de sa dernière soumission en temps réel, son résultat global au questionnaire (en temps réel) ainsi que sont statut (actif par défaut), que vous pouvez modifier par « Annulé », au besoin, après vous être assuré, bien sûr, que le répondant n'ait plus accès au questionnaire, et ce, en rendant le questionnaire inactif ou en modifiant son mot de passe. Sous la zone grise, vous trouverez, pour chaque question du questionnaire, son numéro, son titre, son type, le nombre de points attribués automatiquement par le module de gestion ou le nombre de points que vous pouvez modifier manuellement, au besoin, après vous être questions dans un ordre aléatoire. La combinaison de ces deux propriétés a pour résultat qu’il existe des centaines de versions différentes d’un même questionnaire. Un petit « génie » de l’informatique peut-il accéder aux réponses ? Impossible, car les réponses sont sur le serveur et non dans le questionnaire. L’étudiant n’a accès qu’au questionnaire, sauf si vous lui donnez accès à votre gestionnaire, ce qui est peu probable. Et s’il y a une panne d’électricité ? Comme les réponses sont colligées au fur et à mesure que l’étudiant répond, vous pourrez à tout le moins accéder aux réponses déjà enregistrées. Voilà ! Votre assistant n’est pas, comme nous tous, un être parfait, mais il est suffisamment fiable pour travailler pour vous durant encore plusieurs années avant de prendre sa retraite… Janvier 2007 > Clic 63 5 Encadrer des étudiants à l’aide des TIC Par Geneviève Nault, professeure au Département de pédagogie (PERFORMA) Université de Sherbrooke L es technologies de l’information et de la communication (TIC) sont de plus en plus présentes dans les établissements d’enseignement postsecondaire. L’acronyme NTIC est maintenant associé au passé, car force est de constater que les TIC ne sont plus « nouvelles ». Pour illustrer ce changement, notons un intérêt marqué pour la recherche sur ce thème (voir Barrette, 2005) ainsi que la création de plusieurs projets intégrant les TIC pour soutenir l’enseignement et l’apprentissage dans tous les domaines de formation au collégial, que ce soit à l’échelle de la classe, d’un programme ou même d’un établissement. La mise sur pied, récemment, du projet Cégeps en réseau 1 va même au-delà des établissements pour relier entre eux au moins deux collèges afin de maintenir une offre de programmes techniques aux petites cohortes en profitant du potentiel des TIC. Le foisonnement de toutes ces initiatives, dont plusieurs sont décrites régulièrement dans le Clic, porte à croire que les technologies sont de plus en plus présentes dans la formation offerte au collégial, ce qui n’est pas sans conséquence pour l’enseignant, notamment sur le plan des compétences à maîtriser. Bérubé et Poelhubber (2005) se sont penchés sur cette question, et de leurs travaux est né un référentiel de compétences technopédagogiques, dont la compétence intégratrice se libelle ainsi : « intégrer les TIC à des fins d’apprentissage ». Ce positionnement heureux, centré sur l’apprentissage plutôt que sur l’enseignement, invite les enseignants à porter une attention particulière aux TIC en vue de soutenir l’apprentissage des étudiants. Comment les TIC peuvent-elles servir cette visée ? Nous explorerons ici des pistes de réponses à cette question par un survol du concept d’encadrement et des outils technologiques qui contribuent à l’opérationnaliser au 6 Clic 63 > Janvier 2007 collégial. Il existe plusieurs contextes d’intégration des TIC dans la formation collégiale ; nous avons décidé de retenir celui d’un cours offert essentiellement en présence et accompagné d’une plateforme de formation en ligne (par exemple, les plateformes DECclic, WebCT, Moodle, Claroline). L’encadrement, un concept difficile à définir L’encadrement est un concept qui change de sens selon le contexte dans lequel il est utilisé, sans compter qu’il peut prendre plusieurs définitions dépendant de l’acteur en cause dans une modalité d’encadrement donnée postsecondaires universitaires de deuxième et de troisième cycles, le concept d’encadrement est fortement associé à la relation directeur-étudiant ; il s’incarne dans l’accueil et la guidance au cours de la formation à la recherche de l’étudiant, jusqu’à l’obtention du diplôme (Jutras, Louis et Ntebuste, 2004). De façon plus restrictive, on peut aussi limiter le concept d’encadrement à des fonctions de contrôle ou de surveillance (CSE, 2004 ; Legendre, 2005). De ces définitions, retenons que l’encadrement est un moyen mis en place pour favoriser et soutenir un apprentissage de qualité chez l’étudiant. Les notions d’accompagnement et de soutien sont au cœur de « De ces définitions, retenons que l’encadrement est un moyen mis en place pour favoriser et soutenir un apprentissage de qualité chez l’étudiant. » (gestionnaire, enseignant, étudiant). Une vision globale du concept est proposée par le Conseil supérieur de l’éducation (CSE), qui précise que l’encadrement consiste « à soutenir, à guider et à accompagner les élèves, non seulement dans leur cheminement scolaire, mais aussi dans leur développement personnel et social » (CSE, 2004, p. 17). Dans le contexte des stages en cours de formation, Boutin et Camaraire (2001, p. 6) le définissent pour leur part comme un « processus par lequel une personne, mandatée et, le plus souvent possible, formée à cette fin, accompagne, soutient et dirige, au besoin, une autre personne en voie de formation et d’apprentissage d’un métier ou d’une profession ». Dans le contexte des études l’encadrement, au même titre que l’idée d’un cheminement, toujours dans une perspective de formation et de réussite scolaire. Enfin, il ne faut pas perdre de vue que l’encadrement vise à développer l’autonomie de l’étudiant dans son parcours scolaire ; il peut être plus étroit, notamment en début de formation pour être moins serré, par exemple, à l’approche de l’obtention du diplôme d’études collégiales. Fontaine (2002) inscrit dans une vision systémique le concept d’encadrement, précisant que celui-ci peut se faire à l’échelle d’un 1 Voir http://www.cefrio.cegepsenreseau.org/ cours, d’un programme d’études, d’une unité ou d’un établissement. Nous limiterons notre propos à l’encadrement à l’échelle d’un cours, là où, comme l’auteure le souligne, l’enseignant joue un rôle primordial. L’utilisation des TIC pour soutenir l’encadrement des étudiants du collégial peut constituer un apport intéressant si elles respectent certaines conditions, dont la réponse adéquate aux besoins des étudiants, l’adéquation du choix de l’outil technologique en fonction des besoins relevés ainsi que l’intégration de l’encadrement dans la planification des activités d’apprentissage. En ce sens, l’encadrement à l’aide des TIC se définit par le recours à des outils technologiques pour soutenir l’étudiant dans sa réussite scolaire. À l’échelle du cours, le soutien se fait principalement au niveau de l’apprentissage à proprement parler. L’encadrement peut se faire sur plusieurs plans ; Dionne et ses collaborateurs (1999) en précisent quatre : cognitif, métacognitif, socio-affectif et motivationnel. Mieux encadrer des étudiants à l’aide des TIC Partant de l’idée que le paradigme de l’apprentissage, au sens de Tardif (1998), place l’étudiant au cœur de sa formation, les TIC offrent des outils susceptibles de permettre un encadrement personnalisé, tant sur le plan de l’information que de la communication. À cet égard, l’enseignant joue davantage un rôle de guide et les TIC constituent pour lui un moyen, parmi d’autres, pour élargir son action hors des murs de sa classe. Nous donnerons l’exemple de sept outils technologiques susceptibles de favoriser et de soutenir l’encadrement des étudiants du collégial. Les quatre premiers outils servent à offrir un encadrement qui mise principalement sur la communication avec un ou plusieurs étudiants (le courriel, le forum de discussion, le clavardage ainsi que l’audioconférence et la visioconférence). Quant au cinquième outil, les logiciels d’évaluation automatisée, ils peuvent contribuer à mieux informer l’étudiant sur son cheminement, tout comme ils peuvent permettre une meilleure communication étudiant-ordinateur si l’évaluation est de nature interactive. Enfin, l’échéancier et la foire aux questions permettent d’offrir un encadrement qui vise à mieux informer l’étudiant sur son cheminement. Chaque outil est défini et accompagné d’exemples illustrant sa contribution possible. Les pistes suggérées sont généralement présentées comme des activités dont l’initiative relève de l’enseignant. Ces activités pourraient également être l’initiative d’étudiants du groupe ou de cohortes est aussi possible de fournir un encadrement individuel et personnalisé à un élève par l’envoi d’un courriel pour faire le suivi d’une absence, apporter un complément d’information à une question posée en classe, signaler une ressource intéressante pouvant enrichir un travail, acheminer des commentaires personnalisés sur un travail, etc. Enfin, que ce soit de façon « Le courriel, un message électronique “ posté ” par Internet à l’aide d’un logiciel tel qu’Outlook ou à partir d’une plateforme de formation en ligne, est sans doute l’outil technologique d’encadrement le plus utilisé. » antérieures, d’autres enseignants dans une perspective d’approche programme, de spécialistes ou de conférenciers invités, de membres du personnel non enseignant, etc. Peu importe les personnes impliquées, Depover et Marchand (2002) nous mettent en garde en rappelant que le soutien apporté aux étudiants dans la réalisation d’une tâche doit reposer sur des interventions pédagogiques appropriées. Les outils technologiques qui suivent ne peuvent être des outils d’encadrement en eux-mêmes ; sans animation ou exploitation pédagogique pertinente, ils ne demeurent que des outils… 1. Le courriel Le courriel, un message électronique « posté » par Internet à l’aide d’un logiciel tel qu’Outlook ou à partir d’une plateforme de formation en ligne, est sans doute l’outil technologique d’encadrement le plus utilisé. Les messages peuvent être envoyés par l’enseignant, qui adopte une attitude proactive : rappel de dates importantes, précision au sujet des consignes de réalisation d’une tâche, liste de pistes de lecture pour un texte à commenter dans le prochain cours, etc. Ce type de courriels favorisent un encadrement de type collectif, car ils s’adressent à un groupe d’étudiants. Il individuelle ou collective, le courriel peut être utilisé en adoptant une attitude réactive, que l’on pourrait résumer par une réponse aux courriels postés par le groupe ou, le plus souvent, par un étudiant en particulier. 2. Le forum de discussion Souvent utilisé à l’intérieur d’une plateforme de formation en ligne, le forum de discussion, ou forum électronique, est un « lieu virtuel où se construit le discours d’un groupe, où l’apprenant s’approprie de nouvelles connaissances en conversant avec d’autres. C’est une agora de collaboration et de socialisation » (Henri et Lundgren-Carol, 2001, p. 68). Les messages postés sont ici accessibles à tous les membres du forum et jouent donc le même rôle qu’un courriel envoyé à l’ensemble du groupe. De plus, une question posée par un étudiant à l’enseignant peut être lue par tout le groupe ; il en va de même pour la réponse, visible par tous. Toutefois, pour fournir un encadrement de qualité, il peut s’en suivre des échanges de points de vue riches si l’enseignant participe et guide les étudiants par des questions de haut niveau, par la mise en relief de points de vue divergents, etc. Cela suppose que le forum de discussion soit visité régulièrement par Janvier 2007 > Clic 63 7 l’enseignant et les étudiants ; sans animation, un forum risque demeurer silencieux, ou encore de dériver de son objectif initial. avec des contenus abordés antérieurement plusieurs étudiants. Il existe également des dans les cours, en proposant des pistes de logiciels de clavardage, dont MSN Messenger, réflexion, en questionnant les étudiants en vue Google Talk et iChat pour ne nommer que ceux-là. Pour des questions ponctuelles ou un élément d’information, le clavardage peut constituer une modalité d’encadrement précieuse. Selon les réalités contextuelles et particulières des collèges, un enseignant peut se rendre disponible durant des plages horaires précises et ainsi offrir un encadrement en temps réel. Un tel encadrement peut présenter un intérêt dans les centres d’aide dans le domaine des langues, par exemple. de rendre les apprentissages en stage plus Contrairement au courriel, le forum de discussion constitue un lieu d’archivage en ce sens que tous les messages demeurent disponibles pendant la durée du cours, si tel est le désir de l’enseignant. Ainsi, il est possible de relire significatifs (Nault et Nault, 2001). Enfin, il est possible d’envisager qu’un forum puisse soutenir l’évaluation formative en proposant la résolution de problèmes, l’étude « Pour des questions ponctuelles ou un élément d’information, le clavardage peut constituer une 4. L’audioconférence et la visioconférence modalité d’encadrement précieuse. » un message à plusieurs moments, ce qui présente un avantage par rapport au courriel, dont la sauvegarde dépend de la pertinence que l’individu lui attribue ainsi que de… son espace disque. En termes d’encadrement, cet aspect peut se révéler facilitant, car l’étudiant peut se référer à un message au moment où il en a besoin. Le forum de discussion peut aussi favoriser l’encadrement des travaux d’équipe. En effet, en associant un forum privé à chacune des équipes, l’enseignant, membre de toutes les équipes, peut prendre connaissance de l’état d’avancement des travaux, à la condition que les étudiants se servent du forum pour échanger et pour déposer les documents qui témoignent de leur progression dans la réalisation d’une tâche. L’enseignant peut alors intervenir pour encourager, pour répondre aux questions, pour offrir des commentaires formatifs ou pour réorienter une équipe qui s’égare par rapport à la tâche demandée. de cas ou l’application d’une démarche précise à partir de situations différentes de celles présentées ou discutées en classe. L’exposé d’une situation à laquelle les étudiants sont invités à réagir peut permettre à l’enseignant d’offrir un encadrement personnalisé à l’étudiant concerné et en faire ainsi profiter le groupe. Il est aussi possible d’envisager la réalisation d’une activité d’évaluation formative directement dans le forum de discussion, le tout en vue de préparer l’évaluation sommative. Évidemment, ces quelques exemples n’ont pas la prétention de faire le tour de tous les usages possibles d’un forum de discussion en termes d’encadrement. Il s’agit néanmoins des exemples les plus fréquents relevés dans les recherches portant sur ce thème. 3. Le clavardage Le clavardage, selon l’Office québécois de la langue française, est une « activité permettant Bien que l’audioconférence et la visioconférence soient des outils de communication actuellement moins utilisés que les autres et ce, pour des considérations matérielles et techniques, elles peuvent offrir un encadrement à distance en temps réel plus riche que le clavardage. L’audioconférence repose sur l’utilisation d’un logiciel qui permet de transporter la voix par Internet à l’aide d’un micro. Les deux personnes doivent idéalement posséder un casque d’écoute. Google Talk, MSN Messenger, iChat ainsi que Skype sont quatre exemples d’outils d’audioconférence. La visioconférence présente les mêmes caractéristiques que l’audioconférence et offre, de plus, le support vidéo à l’aide d’une caméra vidéo (webcam). Les trois derniers outils mentionnés pour l’audioconférence intègrent des fonctionnalités supportant la vidéo. Des plateformes de formation en ligne synchrone telle que VIA 3 offrent des fonctionnalités plus avancées que ces outils en termes de soutien au travail collaboratif à distance (partage d’application, système de votation, gestion de la prise de parole, etc.). à un internaute d'avoir une conversation écrite, 8 Dans le contexte des stages en milieu de tra- interactive et en temps réel avec d'autres inter- vail, le forum de discussion peut permettre aux nautes, par clavier interposé ». Les plateformes étudiants de discuter de situations rencontrées de formation en ligne comportent générale- en vue d’obtenir du soutien des pairs et de ment un module de clavardage qui peut être l’enseignant superviseur. Celui-ci peut offrir utilisé pour soutenir des échanges entre les un encadrement personnalisé, mais aussi un étudiants (au regard de contenus de cours, 2 http://www.olf.gouv.qc.ca/RESSOURCES/bibliotheque/ dictionnaires/Internet/fiches/8392463.html encadrement de groupe en faisant des liens souhaitons-le) ou entre l’enseignant et un ou 3 http://www.svieformation.com/classe_virtuelle.html Clic 63 > Janvier 2007 2 Au regard de l’encadrement, l’audioconférence et la visioconférence peuvent être utiles pour soutenir le travail à distance auprès d’un étu- diant ou d’un groupe d’étudiants. Entendre la voix ou voir le visage de son enseignant ou de ses pairs peuvent contribuer à fournir un encadrement en temps réel ayant un impact important sur la motivation et réduire le sentiment d’isolement. 5. Les outils d’évaluation automatisée De nombreux outils d’évaluation automatisée ou semi-automatisée permettent d’élaborer des questionnaires qui peuvent contribuer à encadrer les étudiants dans leurs apprentissages en leur offrant de la rétroaction sur des thèmes précis. ExamStudio 4 et NetQuiz 5 sont deux exemples de ces outils utilisés dans le réseau collégial. Chacun d’eux permet l’élaboration de questionnaires qui peuvent être intégrés dans une plateforme de formation en ligne ou dans un site Web complémentaire au cours. En fonction des réponses de l’étudiant, une rétroaction personnalisée peut être affichée. des dates importantes à retenir. Accessible dans la plateforme de formation en ligne ou sur un site Web complémentaire au cours, l’échéancier constitue une forme d’encadrement, car il permet une meilleure gestion du temps par l’étudiant. Actualisé fréquemment et parfois géré de façon dynamique (les tâches à faire apparaissent d’une semaine à l’autre), il permet à l’étudiant de se situer dans son cheminement, de savoir ce qui est complété, ce qu’il a à faire et ce dont il sera question au prochain cours, par exemple. Pour les absents, il peut faciliter le rattrapage. D’autres outils en émergence : les blogues et les wikis Nous ne pouvons passer sous silence le phénomène des blogues 6 et des wikis 7. Ils font leur entrée progressive pour soutenir la réflexion individuelle et collective sous la forme d’un journal, dans le cas du blogue, ainsi que de la construction collaborative de pages Web sur un thème donné, dans le cas du wiki. Ces outils peuvent aider l’enseignant à encadrer les étudiants dans la réalisation même de blogues et de wikis, en termes de processus, mais il « Puisque les questions sont souvent les mêmes d’une session à l’autre, l’enseignant peut se construire une banque de réponses et ainsi se dégager du temps pour répondre à des questions De telles évaluations formatives, si elles sont bien conçues, permettent de donner à l’étudiant un encadrement personnalisé interactif. La qualité de l’encadrement est proportionnelle à la richesse et à la pertinence de la rétroaction fournie ; tout questionnaire ne constitue pas nécessairement une bonne modalité d’encadrement. Si l’enseignant a accès aux questionnaires des étudiants en vue de dépister leurs difficultés, il peut offrir un encadrement ponctuel sur ces thèmes à tout le groupe ou un encadrement personnalisé auprès de quelques étudiants. Évidemment, cela suppose que les étudiants remplissent les questionnaires avec sérieux ; si un réinvestissement est fait en classe, cela peut contribuer, à titre d’exemple, à montrer l’importance que leur accorde l’enseignant. 6. L’échéancier, le calendrier ou le cheminement proposé Pour faciliter la compréhension de cette section, il convient de préciser que le terme « échéancier » renvoie à tout document présenté sous forme de tableau ou de schéma, et dont l’objectif est d’informer l’étudiant des tâches à réaliser au fil de la session ainsi que plus pointues ou qui exigent une réponse personnalisée. » 7. La foire aux questions Une foire aux questions (FAQ) est un regroupement des questions fréquemment posées par des étudiants au fil du temps et dont les réponses sont généralement regroupées de façon thématique sur une ou plusieurs pages Web. Puisque les questions sont souvent les mêmes d’une session à l’autre, l’enseignant peut se construire une banque de réponses et ainsi se dégager du temps pour répondre à des questions plus pointues ou qui exigent une réponse personnalisée. Avec un tel outil, l’enseignant encadre la quête d’autonomie de l’étudiant en l’invitant d’abord à consulter la FAQ avant de communiquer avec lui. Il est donc appelé à chercher d’abord par lui-même. Enfin, la foire aux questions peut soutenir l’étudiant par une prise de contact avec des questions qu’il ne s’était pas posées jusque-là, ce qui peut l’aider à mieux comprendre une tâche donnée, par exemple. peut intervenir également dans le contenu par l’envoi de commentaires dans un blogue ou l’édition d’une page d’un wiki en perpétuelle élaboration. Toutefois, leur utilisation au collégial est en émergence et leur potentiel réel pour l’encadrement reste à démontrer. En guise de conclusion Nous vous avons présenté une définition de l’encadrement et quelques outils technologiques susceptibles d’enrichir celui offert en classe, à l’occasion de rencontres individuelles 4 Voir un article du bulletin Clic qui présente ExamStudio : http://clic.ntic.org/cgi-bin/aff.pl?page=article&id=1083 5 Voir le site du CCDMD pour plus d’information sur le logiciel NetQuiz : http://www.ccdmd.qc.ca/ri/cgi-bin/fiche.pl?id=92&l=92 6 Voir un article qui présente les blogues dans un numéro antérieur : http://clic.ntic.org/cgi-bin/aff.pl?page=article&id=1001 7 Voir un dossier qui présente les wikis ainsi que leur potentiel pédagogique : http://www.profetic.org:16080/dossiers/ rubrique.php3?id_rubrique=110 Janvier 2007 > Clic 63 9 ou au gré de discussions dans le corridor. Les modalités d’encadrement varient selon le programme d’études, l’unité ou l’établissement, notamment si le point de vue administratif est considéré – pensons aux outils d’inscription aux cours, aux horaires, aux outils de gestion des notes, de suivi, etc. Un examen approfondi de chacun des outils, appuyé par des travaux de recherche, contribuerait à enrichir le présent article et à faire émerger les principes sousjacents en regard de l’encadrement optimal des étudiants du collégial. Boutin, G. et L. Camaraire (2001). Accueillir et encadrer un stagiaire…, Montréal, éditions Nouvelles, 106 p. En nous inspirant de nos lectures dans le domaine de l’encadrement à l’aide des TIC, de nos échanges avec des membres du personnel enseignant du collégial inscrits à des cours de deuxième cycle à PERFORMA, de discussions tenues à l’occasion de colloques ou de rencontres thématiques ainsi que de nos expériences d’encadrement d’étudiants diplômés, nous avons colligé des exemples d’utilisation des TIC pour illustrer de façon plus concrète la contribution des outils retenus pour l’encadrement d’étudiants. Dionne, M., J. Mercier, A.-J. Deschênes, H. Bilodeau, L. Bourdages, P. Gagne, C. Lebel et A. Rada-Donath (1999). « Profil des activités d’encadrement comme soutien à l’apprentissage en formation à distance », DistanceS, vol. 3, nº 2, p. 69-99. Pour terminer cet article, un souhait pour chacun d’entre nous : en arriver à cerner, dans le contexte de notre pratique professionnelle, la façon dont les TIC peuvent contribuer à offrir un meilleur encadrement aux étudiants pour favoriser leur autonomie ainsi que leur réussite scolaire. Selon votre contexte professionnel, quelle pourrait être votre contribution ? Nous vous souhaitons une bonne réflexion… Références Barrette, C. (2005). Vers une métasynthèse des impacts des TIC sur l'apprentissage et l'enseignement dans les établissements du réseau collégial québécois. Mise en perspective, Clic, nº 57, mars 2005, p. 18-24. Bérubé, B. et B. Poellhuber (2005). Un référentiel de compétences technopédagogiques destiné au personnel enseignant du réseau collégial, Regroupement des collèges PERFORMA, Collège de Rosemont, Montréal, 132 p. 10 Clic 63 > Janvier 2007 Conseil supérieur de l’éducation (2004). L’encadrement des élèves au secondaire : au-delà des mythes, un bilan positif, Québec, Conseil supérieur de l’éducation, 83 p. Profweb sur la route… Depover, C. et L. Marchand (2002). E-learning et formation des adultes en contexte professionnel, Belgique, Éditions De Boeck, 260 p. A Fontaine, F. (2002). « L’encadrement des étudiants de premier cycle : une vision systémique », Bulletin du CEFES, nº 5, p. 1 et 7. Henri, F. et K. Lundgren-Cayrol (2001). Apprentissage collaboratif à distance : pour comprendre et concevoir les environnements d'apprentissage virtuels, Sainte-Foy, Presses de l'Université du Québec, 204 p. Jutras, F., R. Louis, et J. G. Ntebutse (2004). « L’encadrement, une relation fondamentale à la formation à la recherche et à la réussite des études de 2e et 3e cycles », Actes du congrès de l’Association internationale de pédagogie universitaire (AIPU), Marrakech, Maroc, mai 2004. Legendre, R. (2005). Dictionnaire actuel de l’éducation, 3e édition, Montréal, Guérin, 1554 p. u cours de l’automne, Profweb a poursuivi sa route clopin-clopant : • un premier arrêt au collège Ahuntsic, le 21 septembre, pour participer au Salon des ressources pédagogiques : une occasion en or pour échanger autour de l’intégration pédagogique des TIC. Merci Lisa Tremblay, la REPTIC de ce collège ! • Un deuxième, le 12 octobre, au cégep de Drummondville : « Quand pédagogie s’accorde avec TIC » était le thème d’une journée pédagogique où plusieurs partenaires TIC présentaient leurs outils et offraient des ateliers. Merci Jean-Paul Rajotte, le REP-TIC de ce cégep ! • Deux caravanes de l’APOP ont donné la chance aux participantes et participants de s’inscrire à des présentations ou ateliers sur Profweb : Caravane_APOP de BeauceAppalaches, pour les cégeps de Beauce-Appalaches et de Thetford, et celle de l’est du Québec, pour les établissements de La Pocatière, Rimouski, Rivière-du-Loup, Matane et l’ITA de La Pocatière. À notre agenda, en janvier : Nault, T. et G. Nault (2001). « Quand les stages attrapent les TIC », dans T. Karsenti (dir.), Les TIC… Au cœur de la pédagogie universitaire, Québec, Presses de l’Université du Québec, p. 145-164. Tardif, J. (1998). Intégrer les nouvelles technologies de l’information. Quel cadre pédagogique ? Paris, ESF, 127 p. - Un colloque qui URL ! - Une journée pédagogique au cégep de Shawinigan - La Caravane_APOP de Montréal pour les collèges Ahuntsic, Saint-Laurent et Gérald-Godin Réussir l’intégration pédagogique des TIC — un guide d’action de plus en plus précis Par Christian Barrette, chargé de projet Association pour la recherche au collégial (ARC) E n 2005, le bulletin Clic publiait les conclusions d’une métasynthèse des résultats d’expériences d’intégration pédagogique des TIC dans les collèges du Québec. Ce travail, que nous avons réalisé à l'initiative et avec le soutien de l’Association pour la recherche au collégial (ARC), s’inscrit dans les efforts de concertation des différents acteurs du réseau dans le domaine de l’intégration des TIC. C’est dans le mandat de l’ARC de soutenir la recherche dans le milieu collégial, d’où son intérêt à proposer une démarche visant à récupérer 20 ans de recherche portant sur les effets de l’intégration pédagogique des TIC dans l’enseignement. La démarche que nous avons retenue il y a deux ans pour faire le point quant aux effets de l’intégration pédagogique des TIC sur l’apprentissage fut celle d’une métasynthèse. Cette méthode permet de récupérer et d’analyser d’une manière systématique des données provenant de recherches tant qualitatives que quantitatives. La métasynthèse se distingue clairement de la méta-analyse, autre forme de métarecherche. La méta-analyse est une procédure d’analyse statistique ne portant que sur des données quantitatives. Par la métaanalyse, l’on détecte puis mesure des « effets de grandeur » à partir des différences observées entre les moyennes de groupes expérimentaux et celles de groupes de contrôle. « Observe-t-on un écart statistiquement significatif entre la moyenne aux tests scolaires de groupes d’élèves utilisateurs des TIC et celle d’élèves non utilisateurs des TIC ? » Voilà le type de question auquel peut répondre une métaanalyse, mais non une métasynthèse. Récemment, l’ARC a confié à la chercheuse Denise Barbeau le soin de mener une métaanalyse portant sur les interventions mises en place dans les collèges du Québec en vue d’améliorer la réussite des élèves. Parmi les 96 études retenues par l’auteure dans le cadre de sa métarecherche, une douzaine portent sur des expériences d’intégration pédagogique des TIC pour lesquelles on a mesuré la différence de moyenne entre des groupes expérimentaux et des groupes de contrôle. Les analyses statistiques réalisées dans ce contexte révèlent qu’il n’y a pas de différence significative entre les deux situations et que, donc, l’effet de grandeur de l’intégration des TIC est trop faible pour tirer à conséquence 1. La recension des écrits effectuée au début de notre métasynthèse 2 révèle que ce résultat est identique à celui rapporté par d’autres chercheuses et chercheurs ayant effectué le même exercice 3. Bref, dans leur ensemble, les expériences d’intégration pédagogique des TIC n’ont pas d’effet remarquable. Doit-on pour autant en conclure que toute expérience d’intégration pédagogique des TIC reste sans effet ? Existe-til des conditions particulières qui distinguent les expériences, certes minoritaires, qui donnent des résultats positifs notables de celles qui n’ont pas d’effet et plus encore de celles qui ont des effets négatifs ? Telle est la question à laquelle une métasynthèse tente de répondre. En examinant de près chacune des 26 recherches retenues dans le cadre de la métasynthèse réalisée en 2005, nous avons conclu que l’on ne pouvait isoler un seul facteur-clé distinguant les expériences à effet positif de celles à effet neutre ou négatif. En revanche, il est apparu que, en associant au moins deux facteurs déterminants, l’on pouvait commencer à isoler les « conditions gagnantes » distinctives des expériences réussies. Il s'agit d’une situation typique d’un phénomène multidéterminé. Un total de neuf combinaisons de deux facteurs produisant un effet positif constitue l’essentiel de la conclusion de cette métasynthèse 4. Au terme de cette première analyse, nous avons validé et complété ces résultats fragmentaires par ceux d’une autre métasynthèse, de plus grande envergure, réalisée aux États-Unis 5. Il en ressort un premier modèle de causalité représentant le jeu des effets combinés de facteurs associés à la réussite d’une intégration pédagogique des TIC 6. Cela étant, des spécialistes munis de ce modèle pourraient-ils prévoir les résultats d’une expérience d’intégration des TIC ? Imaginons l’effet de la confirmation de la valeur prédictive du modèle : les acteurs du milieu disposeraient désormais d’un guide pour les mener avec un maximum de garanties (mais pas forcément) vers une intégration réussie des TIC, c’est-à-dire vers de meilleurs résultats scolaires, vers des apprentissages en profondeur et vers une amélioration de la motivation scolaire ! 1 « En somme, l’effet des interventions utilisant les TIC est presque nul comparativement aux interventions n’en utilisant pas. » BARBEAU, Denise (2006), Méta-analyse de l’efficacité d'interventions visant la réussite scolaire à l’enseignement collégial, rapport de recherche (document inédit), Montréal, Association pour la recherche au collégial, p. 78. 2 BARRETTE, Christian (2004a). « Vers une métasynthèse des impacts des TIC sur l’apprentissage et l’enseignement dans les établissements du réseau collégial québécois. De la recension des écrits à l’analyse conceptuelle », Clic, nº 55, octobre 2004, p. 8-15. 3 ABRAMI, Philip C. et coll. (2006). A Review of E-Learning in Canada : a Rough Sketch of the Evidence, Gaps and Promising Directions. CSLP/CEAP, 47 p. Document téléaccessible. <http://www.ccl-cca.ca/NR/rdonlyres/FE77E704-D207-45118F74-E3FFE9A75E7E/0/SFRElearningConcordiaApr06.pdf>. 4 BARRETTE, Christian (2004b). « Vers une métasynthèse des impacts des TIC sur l’apprentissage et l’enseignement dans les établissements du réseau collégial québécois. Parcours méthodologique », Clic, nº 56, décembre 2004, p. 16-25. 5 Center for Applied Research in Educational Technologies (CARET). « Questions and Answers ». Document téléaccessible. <http://caret.iste.org/index.cfm?fuseaction=topics>. Consulté en novembre 2006. 6 BARRETTE, Christian (2005). « Vers une métasynthèse des impacts des TIC sur l’apprentissage et l’enseignement dans les établissements du réseau collégial québécois. Mise en perspective », Clic, nº 57, mars 2005, p. 18-24. Janvier 2007 > Clic 63 11 La vérification à laquelle nous venons de faire allusion a semblé fort prometteuse à l’ARC, qui nous a donc demandé en 2006 d’appliquer le premier modèle obtenu à des données provenant de recherches non prises en considération dans le corpus initial. Un groupe d’experts nous propre d’un modèle heuristique de ne pas contenir une représentation mécanique d’une réalité complexe et multidéterminée ; par conséquent, de nouvelles recherches peuvent mettre au jour soit de nouveaux facteurs, soit de nouvelles combinatoires de facteurs connus. « La vérification à laquelle nous venons de faire allusion a semblé fort prometteuse à l’ARC, qui nous a donc demandé en 2006 d’appliquer le premier modèle obtenu à des données provenant de recherches non prises en considération dans le corpus initial. » a accompagnés dans cette démarche 7. Le modèle allait-il rendre compte des résultats obtenus dans les six recherches additionnelles 8 ? La mise à l’épreuve nous a-t-elle appris quelque chose de nouveau ? Disposons-nous des preuves de l’efficacité de l’intégration pédagogique des TIC dans certaines conditions ? La réponse est « oui » à chacune de ces questions. Le modèle précise bien les conditions à respecter pour réussir une intégration pédagogique des TIC en même temps qu’il se raffine au fur et à mesure qu’il rend compte de nouvelles expériences ; il a une qualité heuristique 9. Valeur heuristique du modèle de causalité Les travaux actuels nous permettent deux constatations. Première constatation, et elle est de taille : aucune des six recherches ne contredit le modèle de causalité initial. Les résultats obtenus au terme de chacune de ces six expériences sont compatibles avec les conditions relevées dans le modèle. Celui-ci se révèle donc utile pour anticiper – ce qui ne veut pas dire forcément prévoir infailliblement – des résultats. Deuxième constatation : le modèle peut être raffiné par des apports provenant des résultats de nouvelles recherches. C’est le 12 Clic 63 > Janvier 2007 Ainsi, dans le cas qui nous concerne ici, nous avons pu profiter des travaux de la chercheuse Mariane Gazaille pour préciser un aspect resté dans l’ombre au terme de la première phase de la métasynthèse. Ce point obscur concerne la relation entre l’utilisation d’exerciseurs informatisés et la motivation scolaire. À propos du rôle de la motivation dans l’intégration pédagogique des TIC Nous avons établi en 2005 que les didacticiels doivent être « stimulants et ludiques » pour établir un lien positif entre l’usage d’exerciseurs et la motivation des élèves. La formulation toute faite avait été empruntée à la métasynthèse américaine de CARET. Toutefois, comment reconnaître un exerciseur stimulant et ludique ? Surtout, quelle théorie sous-jacente explique la puissance singulière de ces qualités ? En rendant compte de façon précise de son expérience à utiliser des exerciseurs dans le contexte de l’enseignement de l’anglais, langue seconde, puis en s’attardant à mesurer l’impact de cet usage en se fondant sur un cadre théorique relatif à la motivation scolaire, Gazaille nous permet de préciser les conditions à respecter pour optimiser les effets des exerciseurs sur la motivation scolaire 10. Gazaille a introduit dans la situation expérimentale l'utilisation en laboratoire multimédia d’un didacticiel qui n’était pas présent dans la situation contrôle. À l’aide d’instruments de mesure, elle a cherché à établir si ce seul changement de contexte allait avoir un effet sur trois déterminants (croyances épistémiques, sentiment de compétence personnelle et intérêt) et deux indicateurs (l’effort engagé et la satisfaction ressentie) de la motivation chez les élèves. La chercheuse conclut ainsi : « L'analyse des résultats semble n'indiquer aucune influence [du didacticiel], qu’elle soit positive ou négative, sur les croyances épistémiques, le sentiment de compétence et l'intérêt (les déterminants de la motivation) ni sur l'effort et la satisfaction (les indicateurs de la motivation) 11 ». Elle précise même que « […] le sentiment de compétence a augmenté deux fois plus chez les groupes témoins que chez les groupes expérimentaux ». Mais voilà, le didacticiel utilisé dans le contexte expérimental était-il « stimulant et ludique » ? La chercheuse le décrit ainsi : « Le logiciel utilisé propose principalement des exercices de phrases à compléter avec choix sous la forme d'exercices de grammaire, de vocabulaire et/ou [sic] d'écoute orale. Une des limites du logiciel utilisé réside certainement dans l'exploitation d'une même formule d'exercices pour toutes les habiletés langagières 12 ». Elle ajoute ailleurs : « De plus, les types d'exercices proposés au laboratoire — phrases tronquées et choix multiples — principalement exploités dans le logiciel utilisé en classe ne favorisent que peu 7 Les personnes consultées à un moment ou à un autre de la démarche sont Geneviève Nault et Mariane Gazaille, de l'Université de Sherbrooke, Thierry Karsenti et Jacques Viens, de l’Université de Montréal, ainsi que Luc Desautels, du collège de Lanaudière et par ailleurs président de l’ARC, et Lynn Lapostolle, directrice générale de l’ARC. 8 Les titres de ces recherches sont précédés d’un astérisque dans la bibliographie. 9 C’est-à-dire qu’il est capable d’avancer une solution à un problème complexe par des approximations successives et rapides. 10 GAZAILLE, Mariane (2001). Contexte multimédia et motivation étudiante en apprentissage de l’anglais langue seconde au collégial. Mémoire de maîtrise en éducation, Trois-Rivières, Université du Québec à Trois-Rivières, 127 p. 11 Id., p. 77. 12 Id., p. 92. ou pas [sic] l'effort et la réflexion, car l'étudiant peut toujours se sortir d'une impasse en essayant l'un après l'autre les différents choix de réponses. Ce genre d'exercices, bien qu'intéressant pour la révision ou l'évaluation, ne favorise pas nécessairement l'engagement cognitif, l'effort et la réflexion nécessaires à l'atteinte de niveaux de connaissance et de maîtrise plus élevés 13 ». En d’autres mots, les activités mises en place autour de l’utilisation des exerciseurs n’étaient pas susceptibles de soutenir la motivation des élèves. Quel genre d’activités faut-il alors leur proposer pour obtenir un effet positif sur leur motivation ? Pour répondre à cette question, il faut retourner aux théories psychologiques de la motivation scolaire. Dans un ouvrage récent, Henri Lebrun résume la contribution de Rolland Viau sur les déterminants de la motivation 14. Selon Viau et rapporté par Lebrun, trois indicateurs servent à cerner les manifestations de la motivation scolaire : • un choix motivé d’entreprendre une activité d’apprentissage ; • la persévérance, la ténacité, la durée de travail ; • l’engagement cognitif, l’attention, la concentration. Comme le rapporte Lebrun, Viau affirme que trois déterminants sont à la source de la motivation à réaliser une activité d’apprentissage : • la perception de la valeur de l’activité ; • la perception de sa compétence à accomplir l’activité ; • la perception du degré de contrôle sur le déroulement et les conséquences de l’activité. Pour sa part, Barbeau présente comme suit les mécanismes de la motivation scolaire : « La réussite et la motivation scolaire sont intimement liées aux processus autorégulateurs et au phénomène d'anticipation : la personne anticipe une réussite ou un échec comme suite à une action, elle se fixe des buts et elle planifie des moyens pour atteindre ce qui a de la valeur pour elle (Bandura, 1986). Si l'action est signifiante et [qu’elle] offre un défi, l'intérêt sera plus grand et l'engagement sera plus important (Tardif, 1998). Dans ce processus, c'est la perception des événements futurs (anticipation) qui est source de motivation et de régulation du comportement. Bouffard (1993) rappelle certaines conclusions des travaux de Bandura : 1) avoir des buts ou des défis favorise l'engagement, la motivation ; 2) le niveau d'effort augmente chez plusieurs en fonction de l'exigence du but fixé ; 3) avoir des objectifs personnels augmente la motivation ; 4) recevoir du feedback pour les activités réalisées pour atteindre ses objectifs (évaluation de sa performance) augmente la motivation ; 5) l'adaptation ou la réadaptation continuelle des buts personnels est importante dans l'autorégulation de la motivation. […] Bandura et Cervone (1983) indiquent que c'est l'influence combinée du but et de la connaissance de sa performance qui affecte positivement la motivation. « [Bandura et Cervone] rappellent également des considérations à [sic] tenir compte quant aux objectifs […] à réaliser. [Ceux-ci] doivent être idéalement de difficulté moyenne. S'ils sont trop faciles, ils ne suscitent ni l'intérêt ni l'effort. S'ils sont trop difficiles, ils peuvent provoquer le découragement et un sentiment d'inefficacité. S'ils sont de difficulté modérée et exigent de la rigueur, ils suscitent l'effort intense et engendrent la satisfaction 15. » intégrée dans une démarche pédagogique appropriée, l'utilisation des TIC aurait l'effet contraire à celui escompté. Autrement dit, utilisées de manière inadéquate, les TIC risquent de rendre l'étudiant plus conscient de son incompétence au lieu de le motiver à augmenter son sentiment de compétence 16. » Une telle analyse pourrait être reprise en ce qui concerne les élèves qui réussissent très facilement les exercices et qui perçoivent à travers les rétroactions que la tâche n’invite pas à une action signifiante, qu’elle ne constitue pas un défi, que le but fixé n’est pas exigeant. Trop facile, comme trop difficile, la tâche risque de démotiver. Comme l’écrit Barbeau : « Les objectifs à atteindre doivent être idéalement de difficulté moyenne. » Or, à qui s’adressent des exercices « moyennement difficiles » ? Bien sûr, on pourra répondre qu’ils ciblent la moyenne des élèves, entendant aussi la majorité d’entre eux. Or, cela risque de ne pas être toujours le cas. C’est lorsqu’il y a une distribution « normale » des résultats que le plus grand nombre de cas se distribue autour de la moyenne. Alors, le mode, c’est-à-dire la valeur la plus fréquente, coïncide avec la moyenne. Dans une classe, si on distribue les résultats des élèves et qu’on observe une distribution « normale », celle-ci se traduira graphiquement par une courbe dite gaussienne (figure 1) : Gazaille confirme l’importance du lien entre l’objectif à atteindre et la perception de sa compétence à exécuter une tâche lorsqu’elle note, dans l’analyse des résultats obtenus lors de son étude, ceci : « […] à cause des propriétés de rétroaction immédiate des TIC, l'étudiant qui se sent incompétent tant dans la matière qu'en tant qu'utilisateur des TIC perçoit, immédiatement et constamment, à travers l'outil une image négative de lui-même plutôt que d'y voir une quelconque forme d'aide. C'est pourquoi nous croyons que, lorsque mal implantée ou non Figure 1. Courbe représentant une distribution « normale » avec une moyenne et un mode de 10. 13 Id., p. 88. 14 LEBRUN, Henri (2005). eLearning pour enseigner et apprendre, Louvain-la-Neuve, Academia Bruylant, p. 128-130. 15 BARBEAU, Denise. Op. cit., p. 28-29. 16 GAZAILLE, Mariane. Op. cit., p. 85. Janvier 2007 > Clic 63 13 Si les exercices répétés fournis par un didacticiel ont été pensés afin d’être moyennement difficiles, ils constitueront un défi réaliste et stimulant pour la majorité des élèves. En revanche, il peut arriver que, dans une classe, les résultats des élèves se distribuent d’une manière bimodale, c’est-à-dire que la classe soit en réalité composée d’un groupe faible et d’un groupe fort, chacun avec sa moyenne et son mode propres. La courbe de distribution des résultats de la classe prend alors la forme suivante (figure 2 ) : Figure 2. Courbe représentant une distribution bimodale avec une moyenne de 15, mais deux modes : l’un est à 10 et l’autre à 20. La moyenne de la classe (15) se trouve dans ce cas à mi-chemin entre le mode du groupe faible (A) et celui du groupe fort (B). Des exercices calibrés pour cette moyenne ne représenteront un défi réaliste et stimulant que pour un petit nombre d’élèves ; pour la majorité d’entre eux, ils seront démotivants, soit parce que perçus trop faciles, soit parce que perçus trop difficiles. La solution serait ici de faire en sorte que le didacticiel exerciseur puisse diagnostiquer chacun des élèves usagers et qu’il propose à chacun un ensemble de questions dont le niveau de difficulté serait adapté à son niveau de performance, quitte à ce que le résultat et la rétroaction tiennent compte de cet ajustement à la hausse ou à la baisse. Une base de données assurerait la gestion des questions, en indiquant le niveau de difficulté de chacune sur la base de son taux de réussite par les élèves au fil des tests, et en fournissant à l’exerciseur celles qui correspondraient au seuil de défi réaliste de chacun des élèves, selon l’évolution de ses résultats en cours d’exercice. 14 Clic 63 > Janvier 2007 Ce qui précède nous pousse à abandonner l’expression « didacticiels stimulants et ludiques », utilisée dans notre modèle initial pour qualifier les exerciseurs ayant un impact positif sur la motivation et l’apprentissage, pour préférer celle de « didacticiels adaptatifs et différenciés » à l’intérieur du modèle heuristique des déterminants d’une intégration pédagogique efficace des TIC 17. La place de la motivation comme variable intermédiaire entre l’utilisation des TIC en pédagogie et l’augmentation de la réussite des élèves se précise donc. La métasynthèse de 2005 avait déjà pu dégager l’effet positif sur la motivation des élèves des tâches de haut niveau cognitif et socialement significatives 18. Le complément de 2006 précise les conditions pour que des exercices répétés informatisés visant l’acquisition de connaissances déclaratives génèrent ou soutiennent la motivation des élèves. Une culture de l’innovation La contribution d’experts à la comparaison du modèle de causalité initial avec les résultats de nouvelles recherches nous aura permis de progresser dans notre compréhension des facteurs conditionnant l’intégration pédagogique réussie des TIC. Le premier modèle avait mis en évidence à la fois le rôle du soutien technopédagogique et celui de la formation des usagères et des usagers dans la détermination d’effets pédagogiques positifs de l’intégration des TIC. Cependant, comme nous l’a fait remarquer Jacques Viens en particulier, ces deux conditions ne sont que des manifestations parmi d’autres d’un phénomène plus englobant, celui de la culture. Dans ses activités internationales d’enseignement et de recherche, Viens 19 a pu mettre en évidence que l’on doit tenir compte des conditions organisationnelles et culturelles dans la mise en œuvre de dispositifs d’exploitation efficace des TIC en éducation. Cela invite à conduire des recherches ethnographiques ou sociologiques sur le rôle des technologies dans le monde scolaire 20. Ainsi, au terme d’une étude de cette nature, Magli et Winkin 21 ont mis en lumière les dimensions organisationnelles mises en cause par les perturbations qu’entraîne l’introduction des nouvelles technologies : « Ces perturbations ne sont pas anecdotiques ; elles remettent en cause de manière fondamentale les principes séculaires d’organisation de la transmission des savoirs scolaires : d’un maître à des individus groupés, dans un espace-temps clairement défini, en rupture avec le monde séculier 22. » Les chercheurs Magli et Winkin ont tiré de leurs observations sur le terrain concret des acteurs et de la communication sociale au sein des écoles, des conclusions à méditer : « Tout d’abord, le rapport aux nouvelles technologies n’est pas une question de compétence technique […] Or, c’est pour cette mauvaise raison de requalification technique que, autant en France qu’en Belgique, les gouvernements dépensent des sommes assez impressionnantes pour des sessions de formation qui, très souvent, renforcent encore les enseignants dans leur idée que les ordinateurs, c’est pas leur truc. Ensuite, les “ performances ” des nouvelles technologies à l’école ne sont pas liées à la puissance ou à la sophistication des machines […] on ne peut s’empêcher de penser qu’il est plus simple de blâmer les machines que l’indigence pédagogique […] Enfin, et tout est là, les nouvelles technologies à l’école ne seront “ nouvelles ” que si la pédagogie qui les emploie est “ nouvelle ” ou plutôt renouvelée 23. » 17 La métasynthèse de CARET énonce ainsi ce principe : « La technologie améliore la motivation, l'attitude et l'intérêt quand les étudiants emploient des applications informatiques qui adaptent les problèmes et les tâches pour maximiser leur expérience de réussite. » (notre traduction dans BARRETTE [2004b], p. 20). 18 Ou, selon CARET encore : « La technologie améliore la motivation, l'attitude et l'intérêt quand les étudiants emploient des applications pour produire, présenter et partager leur travail avec des pairs, des professeurs et des parents. » (notre traduction dans BARRETTE [2004b], p. 20). 19 On peut consulter la page des collaborations et activités internationales de Jacques Viens sur son site Web <http://tecfa.unige.ch/perso/viens/html/coll.htm>. 20 C’est d’ailleurs un classique de l’ethnologie et de l’archéologie que de se pencher sur les impacts globaux d’une innovation technologique (indigène ou empruntée). 21 MAGLI, Rossela et Yves WINIKIN (2002). « Changement dans le rapport au savoir et au pouvoir : une approche ethnographique des TICE à l’école », dans GUIR, Roger (2002), éditeur, Pratiquer les TICE, former les enseignants et les formateurs à de nouveaux usages, Bruxelles, de Boeck, p. 63-75. 22 Id.,p. 71. 23 Id., p. 74. Lecture du modèle heuristique Au terme de cette phase de validation et de complément de la métasyntèse de l’ARC, il nous semble à propos de proposer une lecture argumentée du modèle de causalité de l’intégration pédagogique réussie des TIC. Au départ, il se dégage du modèle que les TIC se révèlent efficaces quand elles s’intègrent à une pédagogie qui articule finement des activités pédagogiques dont les méthodes servent des objectifs explicites. Les objectifs d’un programme d’études déterminent des choix appropriés entre des approches pédagogiques variées qu’une classification simplifiante proposée par H. Lebrun 24 regroupe selon leur mode réactif, proactif ou interactif, chacun pouvant être rapproché des paradigmes béhavioriste, cognitiviste et socioconstructiviste de l’apprentissage. Parmi ces approches, celle du socioconstructivisme émerge dans les discours pédagogiques, mais encore peu dans les pratiques. Il a été dit, à son sujet, qu’elle pouvait être bien servie par ces technologies qui facilitaient la communication et les échanges dans la transformation des informations en connaissances significatives. On peut revenir aux extraits cités plus haut de Magli et Winkin pour saisir que la froideur à l’égard des TIC peut être le symptôme d’une tétanisation devant des pratiques pédagogiques non conformistes. Par ailleurs, les évidences empiriques tirées des recherches analysées dans le cadre de la métasynthèse de l’ARC indiquent qu’il est possible que les TIC servent également des approches centrées sur la transmission des contenus (mode réactif de Lebrun) ou sur la maîtrise consciente d’habiletés cognitives (mode proactif). L’examen des dispositifs (scénarios et outils considérés ensemble) d’intégration pédagogique des TIC démontre effectivement que ces dispositifs relèvent de trois familles : • celle de dispositifs induisant l’apprentissage de performances ; Les expériences d’intégration pédagogique des TIC qui se sont révélées efficaces selon leurs conclusions ont su allier au sein de leurs dispositifs les bons outils avec les méthodes retenues pour atteindre les objectifs de formation. • selon les cas, des changements de pratiques chez les professionnels et les administrateurs (gestion pédagogique et politique institutionnelle). Des pistes de recherche La leçon d’efficacité de la métasynthèse tient donc en ce qui suit. Se sont révélés efficaces : • les dispositifs induisant l’apprentissage de performances et recourant à des outils adaptatifs et différenciés d’exercice répété, comme des jeux éducatifs, utilisés surtout en salle de classe ou au labo ; Existe-t-il des conditions particulières distinguant les expériences d’intégration des TIC qui engendrent des résultats positifs notables de celles qui donnent plutôt des effets neutres ? En 2005, au terme d’une première métasynthèse sur la question, nous avons proposé comme réponse à cette question un modèle issu de neuf combinaisons de deux facteurs. « Les expériences d’intégration pédagogique des TIC qui se sont révélées efficaces selon leurs conclusions ont su allier au sein de leurs dispositifs les bons outils avec les méthodes retenues pour atteindre les objectifs de formation. » • des dispositifs sollicitant la métacognition et recourant à des outils comme des tutoriels dans des activités individuelles pouvant déborder de la salle de classe ou du labo ; • des dispositifs soutenant l’apprentissage collaboratif avec des outils comme des environnements virtuels de formation, qui créent des communautés actives surtout en dehors de la salle de classe ou du labo. La métasynthèse a de plus indiqué que les trois associations gagnantes précédentes restaient sensibles à l’influence de conditions liées au milieu organisationnel. Il s’agit explicitement de : • celle de dispositifs sollicitant la métacognition ; • un niveau de compétence adéquat des usagers (formation des professeurs et des élèves) ; • celle de dispositifs soutenant l’apprentissage collaboratif. • un équipement (matériel, logiciel) et du soutien adéquats ; Aujourd’hui, sommes-nous en mesure d’affirmer que ce modèle permet de prédire les résultats d’une expérience d’intégration des TIC ? À la lumière des travaux nous ayant menés à comparer ce modèle à des données issues de six recherches non prises en considération dans le corpus initial, nous pouvons affirmer que oui. En outre, nous savons maintenant qu’aucune de ces six recherches ne contredit le modèle de causalité initial et que ce modèle peut être raffiné par des apports provenant des résultats de nouvelles recherches. Dans son étude déjà citée ici, Abrami suggère que l’éducation postsecondaire gagnerait à mettre en place un programme pancanadien d'évaluation de l'effet des programmes de for- 24 LEBRUN, Henri (s.d.) « Courants pédagogiques et technologies de l’éducation ». Document téléaccesible. <http://www.ipm.ucl.ac.be/ articlesetsupportsIPM/4.Courants.PDF>. Consulté en novembre 2006. Janvier 2007 > Clic 63 15 mation à distance 25. Nous croyons fermement que la métasynthèse dont nous présentons ici les résultats invite aussi à poursuivre la recherche. Dans un premier temps, il nous semblerait pertinent de vérifier chacune des trois associations gagnantes structurant les dispositifs réputés efficaces dans le cadre de recherches empiriques rigoureuses, de caractère expérimental ou pré-expérimental. En particulier, les effets des différentes classes de dispositifs sur la motivation scolaire devraient être précisés. À ce sujet, qu’il nous soit permis de laisser l’intuition nous guider et de suggérer de fouiller les effets sur la motivation des élèves du rôle imparti à <http://www.ccl-cca.ca/NR/rdonlyres/FE77E704D207-4511-8F74-E3FFE9A75E7E/0/SFRElearning ConcordiaApr06.pdf>. BARBEAU, Denise (2006). Méta-analyse de l’efficacité d'interventions visant la réussite scolaire à l’enseignement collégial. Rapport de recherche, Association pour la recherche au collégial, 121 p. BARRETTE, Christian (2004a). « Vers une métasynthèse des impacts des TIC sur l’apprentissage et l’enseignement dans les établissements du réseau collégial québécois. De la recension des écrits à l’analyse conceptuelle », Clic, nº 55, octobre 2004, p. 8-15. « A-t-on dorénavant entre les mains un guide permettant de réussir l’intégration des TIC à * GAZAILLE, Mariane (2001). Contexte multimédia et motivation étudiante en apprentissage de l’anglais langue seconde au collégial. Mémoire de maîtrise en éducation, Université du Québec à Trois-Rivières, TroisRivières,127 p. * GAZAILLE, Mariane, Gina LAVIGNE et Yvonne FIALA (2005). Évaluation des effets d’une approche pédagogique exploitant les TICS en tant que support à la gestion de l’apprentissage et de l’enseignement en anglais langue seconde, Trois-Rivières, Collège Laflèche, 88 p. * LARIVÉE, Jacques (1992). Utilisation d’un document hypertexte dans un contexte pédagogique au collégial, Rimouski, Cégep de Rimouski, 195 p. LEBRUN, Henri (2005). eLearning pour enseigner et apprendre, Louvain-la-Neuve, Academia Bruylant, 269 p. l’enseignement collégial ? » l’enseignant à l’intérieur du dispositif. En outre, une dimension particulièrement importante des dispositifs qu’il faudrait examiner dans le cadre d’expériences relève de la cohérence des pratiques d’évaluation avec les méthodes, les contenus et les objectifs des activités. BARRETTE, Christian (2004b). « Vers une métasynthèse des impacts des TIC sur l’apprentissage et l’enseignement dans les établissements du réseau collégial québécois. Parcours méthodologique », Clic, nº 56, décembre 2004, p. 16-25. Dans un deuxième temps, des recherches qualitatives rigoureuses, relevant de l’ethnologie, de la sociologie ou de la psychologie sociale, devraient venir documenter et étoffer l’appréhension encore sommaire que nous avons des conditions culturelles et organisationnelles de l’innovation pédagogique utilisant sciemment les TIC. BARRETTE, Christian (2005). « Vers une métasynthèse des impacts des TIC sur l’apprentissage et l’enseignement dans les établissements du réseau collégial québécois. Mise en perspective », Clic, nº 57, mars 2005, p. 18-24. A-t-on dorénavant entre les mains un guide permettant de réussir l’intégration des TIC à l’enseignement collégial ? Sûrement plus qu’hier et moins que demain… RÉFÉRENCES ABRAMI, Philip C. et coll. (2006). A Review of E-Learning in Canada : a Rough Sketch of the Evidence, Gaps and Promising Directions. CSLP/CEAP, 47 p. Document téléaccessible. 16 Clic 63 > Janvier 2007 Center for Applied Research in Educational Technologies (CARET). « Questions and Answers ». Document téléaccessible. <http://caret.iste.org/ index.cfm?fuseaction=topics>. Consulté en novembre 2006. * DUBREUIL, Christianne (2004). Comparaison des perceptions d’auto-efficacité chez les étudiants d’ordre collégial entre un enseignement théorique magistral et un enseignement assisté par ordinateur, Sherbrooke, Université de Sherbrooke, 65 p. LEBRUN, Henri (s.d.) « Courants pédagogiques et technologies de l’éducation ». Document téléaccesible. <http://www.ipm.ucl.ac.be/ articlesetsupportsIPM/4.Courants.PDF>. Consulté en novembre 2006. MAGLI, Rossela et Yves WINIKIN (2002). « Changement dans le rapport au savoir et au pouvoir : une approche ethnographique des TICE à l’école », dans Guir, Roger (2002), éditeur. Pratiquer les TICE, former les enseignants et les formateurs à de nouveaux usages, Bruxelles, de Boeck, p. 63-75. * OUELLET, Jacques, Daniel DELISLE, Johanne COUTURE et Ginette GAUTHIER (2000). Les TIC et la réussite éducative au collégial, Chicoutimi, Cégep de Chicoutimi, 101 p. * RICHER, Jeanne (2001). La métacognition chez des étudiants du collégial ayant bénéficié d’une stratégie de soutien à l’apprentissage exploitant la messagerie électronique, Trois-Rivières, Université du Québec à Trois-Rivières, 247 p. 25 ABRAMI et coll. (2006). Op. cit., p. 6.. Les TIC au service des « natures brouillonnes » ou Comment une plateforme peut devenir un outil efficace de gestion de classe ! Par Gilles Plamondon, enseignant en philosophie au Cégep d'Alma initial n'a pas été avalé par Belzébuth et que je reste persuadé que le pédagogue peut trouver, par l'utilisation des TIC, un regain d'énergie créative. I l y a quelques semaines, je recevais d’un répondant TIC (REP-TIC) une invitation à présenter le résultat de mes efforts d'intégration des TIC dans mon enseignement de la philosophie. J'étais au courant des fantastiques réalisations de certains collègues en ce domaine et je n'avais pas le sentiment que mes avancées dans le monde de l'enseignement à l'aide des TIC méritaient qu'on s'y intéresse au point de souhaiter m'entendre là-dessus. Je dois dire que je suis toujours de cet avis. Si j'ai pourtant accepté l'invitation du REP-TIC – et, à sa suite, celle de Profweb – à faire état de mes efforts, c'est que je pense être de la catégorie d'enseignants la moins encline à l'utilisation des TIC. Les raisons tiennent en deux traits caractérisant cette catégorie : l'absence du sens de l'organisation et l'ignorance de la technique informatique. Dans les paragraphes qui suivent, je préciserai d'abord brièvement ces traits, puis je raconterai l'histoire de mon entrée dans l'univers des TIC. On pourra voir comment je suis parvenu aux portes d'un éden pédagogique certain et comment aussi, en y pénétrant, je suis tombé en enfer. Malgré le ton peut-être alarmant que je prends ici, ma conclusion montrera que mon enthousiasme Natures brouillonnes pour ce qu'ils en font de toute façon. Le seul avantage ici, c'est que ceux qui, comme moi, sont affligés de ce trait, savent se contenter longtemps de très vieux appareils. Comme le phoque en Alaska, ces derniers font beaucoup rire les enfants, mais ce rire dure très longtemps. J'appartiens donc à cette catégorie d'enseignants dont un des traits distinctifs s'exprime tout entier par l'expression « nature brouillonne ». Je suis l'une de ces personnes pour qui l'organisation efficace ne peut qu'être le résultat d'un difficile effort de conquête. Le sens de l'organi- On comprendra aisément que, marquée de ces traits, cette catégorie de profs, la mienne, constitue un terrain propice au développement d'une solide allergie à l'utilisation des TIC dans l'enseignement. Chez moi, cette allergie « […] je pense être de la catégorie d'enseignants la moins encline à l'utilisation des TIC. Les raisons tiennent en deux traits caractérisant cette catégorie : l'absence du sens de l'organisation et l'ignorance de la technique informatique. » sation est bien loin de m'être inné. M'ordonner exige une dépense d'énergie considérable et je mets un temps fou à y parvenir juste assez pour être en mesure de fonctionner. On comprend sans peine que je me trouvais bien peu disposé à déranger une gestion de mes classes trop chèrement acquise. Les enseignants et enseignantes de cette catégorie sont aussi de piètres utilisateurs de la technologie informatique parce qu'ils ne la comprennent pas. Ils sont peut-être en possession d'un ordinateur, mais celui-ci est plutôt perçu comme une grosse machine à écrire toujours trop performante s'exprimait symptomatiquement et systématiquement par un « Bof, c'est pas pour moi, ça » dès qu'on me proposait de m'y intéresser. Pas la peine d'insister. Mon indifférence était définitive. Définitive, jusqu'au jour où, fâché d'un oubli qui m'avait fait dépasser les délais exigés pour la photocopie massive d'un document, la personne responsable de l'intégration des TIC au collège parvint à me convaincre d'assister à une formation sur DECclic. Attiré par la possibilité d'éviter les délais de photocopie, j'ai accepté. C'était le commencement de la guérison de mon allergie, mais je l'ignorais. Il n'a pas fallu Janvier 2007 > Clic 63 17 longtemps pour que je prenne conscience de l'outil qui s'offrait à moi. Puissant outil pédagogique, mais aussi puissant outil de gestion de classe. Un peu de curiosité accompagnée d'un tout petit acte de bonne volonté… et mes yeux se sont dessillés. Cela suffisait pour que je me mette à rêver. Ce que je me suis effectivement retournée à l'instant même ! L'étudiant n'est pas d'accord avec la correction ? Il me le signifie par la messagerie et je révise. Les piles de papier informes n'existent plus. Les pages virtuelles se classent d'elles-mêmes dans le ventre de ma machine, bien en ordre et sans aucune dépense d'énergie. J'ai toujours ces n'élimine aucunement la paresse et les efforts d'évitement de l'effort à fournir. Rien à faire : tous ne veulent pas toujours travailler ; TIC ou pas TIC. Beaucoup ne s'aventurent jamais les premiers sur le forum et se contentent souvent de répéter en d'autres mots ce que les hardis ont déjà dit. C'est vrai, c'est un problème et il me faudra y voir. « Les piles de papier informes n'existent plus. Les pages virtuelles se classent d'elles-mêmes dans le ventre de ma machine, bien en ordre et sans aucune dépense d'énergie. » mis à faire, le rêve ne présentant pas le risque de voir sa vie professionnelle ébranlée. C’est seulement lorsque j'ai décidé de casser le rêve et de construire quelque chose de concret que, à l'instar de Dante, j'ai cru voir le chemin du paradis pédagogique et que, comme lui, je traverse présentement l'enfer. J'exagère à peine. Paradis à l'horizon Commençons par la marche en direction du paradis. J'ai d'abord utilisé la messagerie du DECclic. Quel plaisir ! J'ai vite constaté que, mon style de vie quotidienne le permettant, je venais de multiplier mon temps de disponibilité par cinq. Au moyen de la messagerie, je réglais la majorité des problèmes que rencontraient les étudiants ; je recevais plus de 1000 messages par session ! Ça peut sembler effarant, mais ce ne l'était pas du tout : je me suis mis à travailler de plus en plus à partir de chez moi. Les étudiants ne me cherchent plus. Ils savent maintenant où me trouver. Le besoin d'une rencontre entre quatre yeux s'imposet-il soudainement ? Je suis à mon bureau dans l'instant (j'habite à trois minutes). C'est le paradis, non ? J'ai ensuite exigé de mes étudiants qu'ils me fassent parvenir leur copie par le DECclic et j'ai corrigé à l'écran. Copie corrigée, copie 18 Clic 63 > Janvier 2007 copies sous la main ; je sais toujours où les retrouver. Il va sans dire que ma machine est une nouvelle machine ; elle ne fait plus rire les enfants, même les grands. Elle nous épate. J'ai découvert ensuite l'existence de la fonctionnalité « forum ». Pour dire autrement les choses : j'ai découvert le moyen d'étirer l'espace et le temps de la classe. Réfléchir à un problème de philosophie, échanger une idée avec des collègues se fait tout aussi bien le dimanche après-midi ou le samedi matin qu'à l'heure prévue à l'horaire. Peut-être même arrive-t-il qu'on soit mieux disposé à la réflexion philosophique le samedi matin plutôt que le jeudi à 15 h 30 au retour d'un cours d'éducation physique pendant lequel on a pédalé à toute allure pendant une demi-heure ? Un cours de philosophie, c'est trois heures : deux heures en présence, et une troisième faite d'une autre qualité de présence et qui se déroule au moment qui nous convient le mieux. Il s'agit là d'une espèce de liberté autant pour le prof que pour l'étudiant. Et la liberté, c'est le paradis. Sur le forum, on discute. Participer au forum, c'est mériter de précieux points : alors, on participe. Malheureusement, la joie du virtuel La session dernière, un forum avait une durée de dix jours suivis d'une période de rédaction de (quatre - cinq jours étaient prévus). Le travail : produire une synthèse des discussions ayant eu lieu sur le forum dans un minimum de deux pages. Dans un premier temps : présentation des thèses en présence ainsi que des principaux arguments qui les soutenaient. Dans un second temps : observation et réflexion sur la manière dont on a discuté : est-on parvenu à résoudre le problème ? La discussion a-t-elle dérapé ? Pourquoi ? Les échanges ont-ils été conviviaux ? J'ai eu droit à autant de bonnes copies virtuelles que j'en avais naguère sur papier et à autant de mauvaises, évidemment. Le seul vrai problème que j'ai rencontré, c'est la correction. Comme d'habitude. Cette session-ci, j'ai réduit le nombre de forums à trois. C'est sûr ! J'étais en train de crouler sous des masses de papiers virtuels. Je voyais des taches rouges lorsque je me fermais les yeux. Moins de travail pour tout le monde, mais surtout pour certains étudiants : l'heure volante a été volée de trop nombreuses fois. Ça aussi, c'est un problème, et je suis en train de voir si je peux y voir. Je tente maintenant la fonctionnalité « équipe » du DECclic. Chaque équipe dispose de son forum, de son salon de clavardage et de son espace virtuel où l’on peut échanger des documents à volonté. Les membres d'une équipe se rencontrent quand ils le veulent dans le même lieu virtuel, mais pas nécessairement dans le même temps. Je serai moi-même membre à part entière de chacune des équipes. Il y aura ainsi beaucoup moins de correction puisqu'une seule synthèse sera produite par équipe et par forum. Moins de correction, mais plus de forums… et l'heure volée, comme la cloche de Pâques, reviendra à son clocher. Le forum, pour qu'il réussisse, nécessite la participation contante de l'enseignant ou l’enseignante : poser les questions qui débloqueront la discussion stagnante, indiquer les pistes à suivre pour qu'elle atteigne son but, fournir ponctuellement l'information pertinente. Avec un minimum de 140 étudiants en train de discuter sur cinq forums à la fois, c'est trop. et je pouvais, enfin, expérimenter le forum avec des adultes dont la moyenne d'âge tourne autour de 35 ans. Les choses ont très bien fonctionné, l'évaluation du cours par les étudiants est excellente. Ils ont beaucoup apprécié, leurs témoignages sont éloquents. L'occasion de poursuivre l'expérience s'est présentée dès la session d'hiver. Ravissement ! Des 45 personnes inscrites au cours, une seule n'avait pas d'accès facile au Web. Les conditions étaient donc favorables à une continua- gés ont préféré fonctionner avec des moyens plus traditionnels. J'ai été dans l'obligation « d'inventer » des solutions individuelles qui se sont révélées trop nombreuses, trop diverses et trop réparties dans le temps pour que je puisse les gérer de manière efficace. J'ai dû abandonner le calendrier initial une première fois, en créer un nouveau que j'abandonnai une fois de plus. « Cette situation d'échec pédagogique, nouvelle pour moi, devrait à elle seule suffire à me faire renoncer à tout jamais à l'intégration des TIC dans Des personnes compétentes ont accepté de participer et d'animer les forums. Toutes sont à l'extérieur de la région, et pourtant, ça ne pose aucun problème. On serait en Chine que ça ne poserait pas de problème ! Il n'y faut que le goût, la bonne volonté et… les TIC. mon enseignement. Mais, je le répète, il ne peut en être question. Le continent à explorer me paraît trop riche et trop réjouissant : trop de possibilités d'inventions s'offrent à moi pour que j'y renonce. » Jusqu'à présent, tout est beau et bon. Bien sûr, il y a eu assez souvent des problèmes embarrassants et de difficiles périodes de stress. Toutefois, la plupart de ces problèmes provenaient non pas de la plateforme elle-même, mais bien de mon peu de compétence technique. L'enfer que je visite présentement ne consiste en rien de tout cela. Les causes sont ailleurs. Oui, mais… Il m'arrive de temps à autre de donner un cours de « rattrapage » en philosophie dans un autre établissement d'enseignement. Je donne ce cours depuis plus de vingt ans et avec succès, à des adultes issus du marché du travail. J'ai donc décidé, l'automne dernier, d'intégrer ce cours au DECclic. De cette façon, je pouvais offrir aux étudiants une grande disponibilité, je pouvais aussi leur éviter la dépense d'un gros recueil de notes de cours tion sereine. Malheureusement, la réalité s'est révélée tout autre : dès le début de la session, des problèmes d'ordre technique se sont manifestés et aucun d'entre eux n'avait pour cause la plateforme elle-même. Une grande partie des problèmes rencontrés aurait d'ailleurs été évitée si j'avais pu disposer d'un local équipé d'ordinateurs avec accès au Web, et ce, une seule fois au tout début de la session. Ce n'était pas possible. D'autres problèmes se sont posés rapidement. On aurait juré que les machines de mes étudiants s'étaient décidées à la rébellion. Certaines ont refusé d'imprimer les documents nécessaires ; d'autres, plus radicales, ont tout simplement refusé de fonctionner. Des étudiants découra- Le tout a généré de la confusion et de l'insatisfaction. L'ambiance du cours en a été affectée négativement. J'imagine qu'il s'agit là de l'une des plus pénibles situations qu'un enseignant de ma sorte puisse rencontrer : le retour à un état désorganisé. Personne n'en mourra, mais c'est bien triste. Cette situation d'échec pédagogique, nouvelle pour moi, devrait à elle seule suffire à me faire renoncer à tout jamais à l'intégration des TIC dans mon enseignement. Mais, je le répète, il ne peut en être question. Le continent à explorer me paraît trop riche et trop réjouissant : trop de possibilités d'inventions s'offrent à moi pour que j'y renonce. Janvier 2007 > Clic 63 19 L'apprentissage mobile Un nouveau miroir aux alouettes ? Par Pierre-Julien Guay, Vitrine Technologie-Éducation et Brigitte Vandal V ous entreprenez l'étude du japonais ou du chinois ? Votre meilleur compagnon d'études pourrait très bien être votre téléphone cellulaire. Apprenez l'ordre et le sens du tracé des éléments d'un caractère avec KingKanji 1, étendez votre vocabulaire et explorez les réseaux d'association de concept pour former des mots avec Dokusha 2, consultez votre dictionnaire multilingue, revoyez le sketch présenté en classe et révisez vos leçons enregistrées en format MP3. Vous n'êtes pas certain de votre prononciation ? Envoyez un courriel à votre professeur pour convenir d'un moment de pratique orale au téléphone ! Les technologies mobiles L’explosion des moyens de télécommunication portables, tels les téléphones, lecteurs MP3 ou ordinateurs, a permis d’envisager une nouvelle approche de l’apprentissage en ligne : l'apprentissage mobile (m-learning). En acheminant l’information plus près de l’utilisateur, les responsables de formation peuvent s'affranchir de l’encombrant ordinateur pour offrir un apprentissage dans tous les lieux de vie. Si techniquement l'apprentissage mobile semble prêt à prendre son essor, les champs d’investigation pédagogiques restent à définir. En effet, les caractéristiques techniques comme les mémoires volatiles et permanentes ou les interfaces (écran, stylet, clavier, haut-parleur, micro…) de ces matériels sont assorties de fortes contraintes. Elles imposent une réflexion approfondie sur le fond et la forme des sujets pédagogiques à présenter. Deux grandes catégories permettent de classifier l’ensemble du matériel existant. La première englobe l’ensemble du matériel aux hautes performances technologiques, comme les ordina- 20 Clic 63 > Janvier 2007 teurs portables et les blocs-notes. De ce fait, elle se rapproche des méthodes pédagogiques faisant appel à des ordinateurs fixes. La seconde catégorie, constituée d'appareils plus petits, tels les ordinateurs de poche (Palm, Pocket PC, BlackBerry, iPod), les téléphones cellulaires et les consoles de jeux, impose par ses contraintes technologiques choix multiples représentent une solution simple et peu coûteuse informatiquement, limitée toutefois à une approche d'enseignement behavioriste. « L’explosion des moyens de télécommunication portables, tels les téléphones, lecteurs MP3 ou ordinateurs, a permis d’envisager une nouvelle approche de l’apprentissage en ligne : l'apprentissage mobile (m-learning ). » une refonte de la présentation des sujets d’enseignement abordés en fonction des contraintes techniques. Ainsi, la qualité graphique des écrans varie selon le modèle, et la taille de l’écran limite l'utilisation de texte ainsi que le recours aux illustrations, les sciences s’exprimant sous forme d’équations mathématiques tandis que les arts nécessitent la restitution complexe de formes et de couleurs. Les méthodes de saisie (stylet, claviers minuscules, saisie de texte au clavier téléphone avec saisie prédictive T9MD 3) sont plus ou moins commodes et nuisent à l'interactivité en privilégiant les questions aux réponses courtes et exactes par rapport aux analyses complètes et réfléchies. Toutefois, les questionnaires à Enfin, la vitesse de connexion, qui varie grandement selon différents protocoles (infrarouge, Bluetooth, sans-fil), et la mémoire disponible conditionnent tous deux sérieusement les possibilités d'applications éducatives. Actuellement, les applications éducatives à l'aide de la technologie mobile se situent principalement dans un contexte d'apprentissage informel ou d'apprentissage à vie. Les applications basées sur l'apprentissage collaboratif, le constructivisme, l'action située 1 KingKanji, http://www.gakusoft.com/ 2 Dokusha, http://www.geocities.com/andrew_brault/dokusha/ 3 T9MD est une application, munie d'un dictionnaire, qui associe les mots les plus souvent utilisés à leur séquence numérique. Par exemple, en appuyant sur les touches 7-2-5-8-8, l'appareil proposera automatiquement « salut » si vous utilisez ce mot fréquemment. et la résolution de problèmes restent encore à imaginer. Mais le potentiel est là : accès à des bases de données en mode local ou à distance, tableau périodique, dictionnaires de toutes sortes, calculatrices évoluées, support du format PDF 4 et d'application Office 5, logiciel d'astronomie 6 pouvant être couplé à un GPS ou à un télescope, etc. Le projet européen Mobilearn 7 propose déjà des lignes directrices pour l'apprentissage, l'enseignement et le tutorat dans un contexte mobile ainsi qu'un guide de pratiques exemplaires. L'adaptation de contenus existants aux contraintes des outils mobiles pourrait être un obstacle de taille à l'essor de l'apprentissage mobile. Cependant, le W3C (World Wide Web Consortium) propose une norme permettant l'adaptation de contenu Web, par exemple, celui de plateformes de formation en ligne pour des applications mobiles avec la norme WML (Wireless Markup Language). Comme à l'aube de toute révolution technologique éducative — rappelons-nous les mirages de l'audiovisuel et des ordinateurs qui devaient remplacer les enseignants —, il nous faudra modérer l'enthousiasme des mordus technos et découvrir les véritables champs d'application qui s'offrent à nous. Au delà des difficultés liées à la protection de renseignements personnels, à l'enregistrement et à la conservation des expériences d'apprentissage de même qu’à la propriété des équipements, les technologies mobiles ont le potentiel de combler le fossé numérique entre les pays du Nord et du Sud en offrant une solution d'accès économique à une panoplie de ressources et d'applications éducatives. 4 Adobe Reader pour Palm OS, http://www.adobe.com/fr/products/acrobat/readerforpalm.html 5 Documents to Go, http://www.dataviz.com/ 6 Planetarium, en français http://www.aho.ch/pilotplanets/ 7 http://www.mobilearn.org/ Le courrier de Profweb Par Denis Thibault, équipe Animaweb avec la collaboration de Pierre-Julien Guay, responsable de la Vitrine Technologie-Éducation L’ un des principaux objectifs de Profweb est de faire connaître et utiliser les produits et services de ses différents partenaires auprès du personnel enseignant des collèges. Voici un exemple conçu à partir d’un commentaire fictif, mais qui a été exprimé de différentes façons lors de nos rencontres avec le personnel enseignant. Je suis professeure de civilisations anciennes et j’aimerais trouver facilement dans Profweb des ressources concernant ma discipline. J’arrive à dénicher des informations apparentées sous « histoire », mais y en a-t-il ailleurs ? Pourquoi ne pas créer la discipline « civilisations anciennes » et y placer des ressources ? Un bref historique du démarrage de Profweb est nécessaire pour comprendre le vaste chantier qui sous-tend l’accès à de telles ressources, qu’on appelle souvent « ressources d’enseignement et d’apprentissage » ou REA. Au collégial, c’est la Vitrine TechnologieÉducation qui est responsable de répertorier et de faire connaître et utiliser les REA exis- tantes. Pour ce faire, l’organisme utilise la plateforme logicielle Eurêka 1, qui constitue en quelque sorte un catalogue de ces ressources. Les premières REA référencées dans Eurêka ont été celles du Guide Internet et éducation 2, produit également par la Vitrine Technologie-Éducation, en format PDF 3. Profweb, qui s’alimente à la plateforme Eurêka, a donc construit sa rubrique Ressources en utilisant la classification du Guide Internet et éducation. Celle-ci propose des regroupements maison à partir des seules REA référencées dans le guide. La classe Histoire a été utilisée parce qu’il y avait dans le guide des ressources gravitant autour de cette discipline. On dit que c’est en forgeant qu’on devient forgeron ? Et bien, c’est en procédant à cette première expérimentation dans le référencement des ressources que l’on a pris conscience de l’importance de construire un système de classification qui permettrait à un enseignant, une enseignante, de trouver rapidement dans Profweb les ressources associées à sa discipline, lorsqu’il y en a. Un comité formé des artisans d’Eurêka, des organismes partenaires 4 qui produisent et y référencient leurs ressources, des responsable de Profweb s’est attelé à cette tâche avec le soutien de Gérald Roberge, chargé de projet Normetic 5, qui a élaboré le guide de référencement des ressources. Ainsi, notre enseignante pourra chercher les REA qui l’intéressent directement sous « 332 – Civilisations anciennes ». Le travail permettant l’intégration de cette classification dans Profweb est déjà amorcé, mais ne sera pas complété avant quelques mois. 1 http://eureka.ntic.org/ Voir également l’article du Clic : http://clic.ntic.org/cgi-bin/aff.pl?page=article&id=1082 2 http://guide.ntic.org/ 3 http://ntic.org/prospecter/guideinternet.pdf 4 Centre collégial de matériel didactique, la plateforme DECclic, le Cégep@distance, le Centre de documentation collégiale et Inforessources 5 Profil d’application du standard LOM (Learning Object Metadata) portant sur les métadonnées pour la description des ressources d’enseignement et d’apprentissage (REA) et développé par le Groupe québécois de travail sur les normes (GTN-Québec) http://www.normetic.org/ Janvier 2007 > Clic 63 21 L’offre de formations manquantes au Cégep@distance Par Philippe Flamand, chargé de projets, responsable des objets d’apprentissage – Cégep@distance, En collaboration avec Suzane Cormier, responsable du programme Techniques d’éducation à l’enfance – Cégep@distance À la suite des changements de réglementation dans le monde des services de garde et de la petite enfance, Caroline, une éducatrice travaillant en garderie depuis 4 ans, désire obtenir un diplôme d’études collégiales (DEC) en techniques d’éducation à l’enfance (TEE). Devrait-elle avoir à suivre, sans exception, tous les cours prescrits pour compléter sa formation ? N’a-t-elle pas déjà acquis plusieurs compétences grâce à son expérience en milieu de travail ? Étant donné sa situation, Caroline aimerait bien pouvoir se voir reconnaître les par des formations ou d’autres moyens (mentorat, travaux supervisés en milieu de travail, etc.), les compétences manquantes pour l’obtention de son diplôme d’études collégiales en TEE. En réponse aux demandes du MELS, nous travaillons présentement, au Cégep@distance, à satisfaire ce besoin de notre clientèle. Plusieurs projets pilotes nous permettent de mettre à l’essai et d’implanter ces concepts dans les domaines de la comptabilité, de « Comme vous pouvez le constater, l’offre de formations manquantes ne peut exister seule, en vase clos. Elle repose sur le concept de reconnaissance des acquis et des compétences (RAC). Ce principe, résumé simplement, avance qu’une personne ne ou l’autre, un malentendu issu d’un problème de compréhension commune de certains termes. Dans le domaine de la formation « modulaire » ou par objets d’apprentissage, nous faisons face au même type de dilemme terminologique. Plusieurs gens utilisent les mêmes termes, certains issus du monde francophone et d'autres du monde anglophone ; ils se les approprient, y insufflent un sens dans leur contexte et les retransmettent à d’autres individus qui recommencent le même processus. Pas surprenant que nous ayons tous une définition presque individuelle des termes qui sont utilisés dans les domaines en émergence ! Depuis les dernières années, nous avons recensé plusieurs expressions de l’univers de la formation « modulaire », de la pédagogie et des TIC. Pendant les 5 à 7 branchés, on vous parlera : • d’objets d’apprentissage (OA) • d’objets d’enseignement devrait pas avoir à réapprendre, en classe ou ailleurs, ce qu’elle sait déjà. » • de REA (ressources d’enseignement et d’apprentissage) • de Reusable Learning Objects acquis et les compétences qu’elle possède déjà pour accélérer son processus de qualification et, aussi, afin d’alléger sa charge de travail déjà lourde d’éducatrice et de mère de famille… Comme vous pouvez le constater, l’offre de formations manquantes ne peut exister seule, en vase clos. Elle repose sur le concept de reconnaissance des acquis et des compétences (RAC). Ce principe, résumé simplement, avance qu’une personne ne devrait pas avoir à réapprendre, en classe ou ailleurs, ce qu’elle sait déjà. Donc, à la suite d’un processus de RAC rigoureux, Caroline n’aurait qu’à acquérir, 22 Clic 63 > Janvier 2007 l’informatique (en partenariat avec le cégep de Limoilou) et des techniques d’éducation à l’enfance. Aussi, pour répondre le plus efficacement possible aux besoins de toutes les Caroline du réseau, nous travaillons intensément, en partenariat avec le cégep de SaintJérôme, à l’élaboration du premier DEC modulaire en TEE. (objets d’apprentissage réutilisables) • de Reusable Information Objects (objets d’information réutilisables) • d’objets de liaison • d’objets utilitaires • d’objets médiatiques • de modules Ce sont les mots de tous les jours, et ce ne sont point les mêmes ! (Claudel) Il est important, avant d’amorcer la discussion, de faire le point sur les éléments terminologiques employés. Nous avons tous vécu, un jour • de capsules • de granules et de granularisation (habituellement après quelques apéros) • de wrappers… Si vous finissez le cocktail avec un informaticien, il vous demandera certainement si les métadonnées associées à vos objets sont compatibles IMS, CanCore, Dublin Core, LOM, SCORM, EML, NORMETIC, ASAP…, RSVP… Un autre martini, avec ça ? suite de l’évaluation de ses besoins, l’apprenant devrait pouvoir compléter un parcours de formation personnalisé qui lui permettrait simplement d’atteindre la ou les compétences requises pour poursuivre son cheminement scolaire et professionnel. Comme vous vous en doutez déjà, et considérant que le choix de la terminologie à utiliser par un groupe de gens passionnés de l’éducation est un dilemme similaire à la sélection du restaurant pour un groupe de gastronomes fanatiques à l’occasion d’un grand festin, nous ne règlerons rien aujourd’hui ! Toutefois, si nous voulons festoyer collectivement, nous devons être sensibles au besoin de nous assurer d’adopter une terminologie commune. À notre époque, la production de matériel d’apprentissage devient de moins en moins une entreprise individuelle et de plus en plus un travail d’équipe entre les enseignants, les concepteurs pédagogiques, les producteurs de médias et les gens des TI, et j’en passe… Choc des cultures, choc des termes, choc ! La question qui se pose maintenant est la suivante : est-ce que tous les « objets d’apprentissage » sont capables de telles prouesses ? Encore là, tout dépend de votre définition d’objet d’apprentissage, de module, etc. Lors de nos visites sur le Web, nous avons constaté que le niveau d’intention pédagogique de ce qu’on qualifie « d’objet » varie grandement en complexité. Certains « objets ou REA » sont d’une grande simplicité et n’incarnent pas intrinsèquement d’intention pédagogique. Regarder une photo de la tour Eiffel ne permettra pas à un étudiant en tourisme d’organiser un voyage de 10 jours pour un couple d’amoureux dans la Ville lumière… Pas plus que ne réussirait à le faire seule la consultation d’un atlas interactif de la ville… Après notre inventaire des différents dépôts d’OA et selon nos réflexions jusqu’à aujourd’hui, nous proposons d’adopter comme définition commune de base celle de Gary Putland, représentant du gouvernement australien aux tables de travail relatives aux objets d’apprentissage et aux normes technopédagogiques : un objet d’apprentissage est la plus petite unité qui possède un sens pédagogique 1. Toutefois, même si ces considérations relativement complexes auront un impact important sur nos activités, la cible commune que nous devrions tous viser demeure simple : « Pouvons-nous offrir aux étudiants des formations “ modulaires ” ou manquantes, après un processus de reconnaissance des acquis rigoureux, qui leur permettront d’acquérir les compétences nécessaires afin de compléter leurs études collégiales et d’exercer leur profession ? » Des « objets d’apprentissage » compatibles avec notre modèle d’apprentissage Dans le contexte du Cégep@distance, et dans celui de la reconnaissance des acquis ou des compétences et de l’offre de formation manquante qui en découle, notre idéal serait de pouvoir élaborer, réunir et diffuser un assemblage personnalisé d’objets d’apprentissage (ou de modules) qui puisse induire en l’élève un apprentissage intégré, mobilisateur et complexe dans le cadre de situations authentiques. À la Projet du diplôme d’études collégiales en Techniques d’éducation à l’enfance En 1998, le ministère de l’Éducation, en collaboration avec le CSMO-ESAC 2, a procédé à la révision de l’analyse de la situation de travail (AST) portant sur la fonction de travail des éducateurs et éducatrices à l’enfance à la suite de l’adoption de la Loi sur les centres de la petite enfance et autres services de garde. Cette loi a mené le Québec vers de nouveaux sommets en matière d’éducation à l’enfance. Depuis ce temps, beaucoup d’encre a coulé. Le gouvernement actuel a adopté en décembre 2005, la loi 124 qui donne un apport d’égale importance à tous les types de services de garde, promeut le caractère éducatif de ces services et met en place des bureaux coordonnateurs de la garde en milieu familial. Les grandes orientations du programme Lors d’une première rencontre, le comité de travail mis en place par le Cégep@distance et formé d’intervenants du réseau de la petite enfance et de l’éducation, a procédé à un exercice de réflexion afin de mettre à jour ce document. Entre 1998 et 2005, on a assisté à de nombreux changements, d’abord dans le réseau des services de garde, mais aussi dans le contexte familial où évoluent les enfants de même que dans la société québécoise en général, de plus en plus ouverte à l’accueil des communautés immigrantes et à l’intégration des enfants ayant des besoins particuliers. Cette réflexion a permis d’établir les bases des grandes orientations qui guideront le développement du programme de DEC en TEE au cours des prochains mois. Voici les grandes lignes de ces orientations : • Approche axée sur l’éducation interculturelle • Capacité de travailler en équipe • Capacité d’intervention auprès d’une clientèle multiâge (0-12 ans) • Approche écologique et notion de famille élargie (collaborateurs internes et externes) • Accueil de l’autre (accepter et s’ouvrir aux différences) • Préoccupation liée à la promotion de la fonction d’éducatrice • Préoccupation en rapport avec les habiletés de communication • Compréhension du programme éducatif promulgué par le ministère de la Famille, des Aînés et de la Condition féminine (MFACF) • Intégration des différents types de services de garde 1 Une définition assez similaire à celle que nous avions donnée est parue dans un article sur le sujet en 2004 (Flamand et Gervais, Clic nº 54, mai 2004). Vous y trouverez aussi les classifications des types « d’objets » relevées dans un travail d’inventaire du matériel présent dans les banques d’objets disponibles. 2 Comité sectoriel de la main-d’œuvre – Économie sociale et action communautaire Janvier 2007 > Clic 63 23 • Développement modulaire des différents cours du programme • Intégration d’un projet de développement professionnel Une approche partenariale hors du commun Afin de concrétiser ce projet, un protocole d’entente entre le Cégep@distance et le Cégep de Saint-Jérôme a été signé. Ce protocole a pour objectif d’assurer l’obtention du diplôme pour les étudiantes et étudiants inscrits au Cégep@distance dans le programme de DEC en TEE en partageant l’autorisation du Ministère. Il s’agit ici d’une première dans le réseau collégial. Souhaitons que cela ouvre la porte à de nombreux partenariats intéressants. Pour assurer la concrétisation de ce partenariat, le Cégep@distance assure la coordination de deux groupes de travail qui s’occupent du développement de ce DEC. D’abord, un comité interne au Cégep@distance a pour mandat de partager l’expertise, tant sur le plan pédagogique que sur celui de l’encadrement et du contenu, de recueillir les commentaires et informations transmises par les partenaires externes, d’analyser l’information et d’élaborer des documents de référence. Il est composé de : 24 • Monique Laprise, Département de TEE, Cégep de Saint-Jérôme Un deuxième comité plus vaste et comprenant tous les partenaires du projet, baptisé « comité élargi », a pour mandat, dans le cadre de rencontres de travail régulières, de collaborer aux travaux du comité interne en partageant son expertise à l’intérieur du processus de réflexion et de validation des orientations du programme. Le calendrier de travail a été adopté par les membres. Il s’échelonne jusqu’au printemps 2007, date prévue pour l’approbation finale du programme par les instances supérieures du collège. « Ce protocole a pour objectif d’assurer l’obtention du diplôme pour les étudiantes et étudiants inscrits au Cégep@distance dans le programme de DEC en TEE en partageant l’autorisation du Ministère. Il s’agit ici d’une première dans le réseau collégial. » Ce comité contribuera aussi à la validation des documents produits et à la promotion du programme. Il est composé de : • Association des garderies privées du Québec (AGPQ), Johanne Kingsbury • Marie Audet, Service R-D • Association québécoise des centres de la petite enfance (AQCPE), Geneviève Issalys • Diane Baillie, Service à la clientèle (reconnaissance des acquis) • Conseil québécois des centres de la petite enfance (CQCPE), Hélène-Lynda Gravel • Marie-Claude Baudin, Service de la conception pédagogique • Association des services de garde en milieu scolaire (ASGEMSQ), Louise Héroux • Suzane Cormier, Service de la conception pédagogique • Ministère de l’Éducation, du Loisir et du Sport (MELS), Louise Brunelle • Philippe Flamand, Service de la conception pédagogique • Ministère de la Famille, des Aînés et de la Condition féminine (MFACF), Denis Paiement • Camille Gariépy, Département de TEE, Cégep de Saint-Jérôme • Représentante du Cégep de Saint-Jérôme, Monique Laprise / Camille Gariépy • Geneviève Guay, Service de la conception pédagogique • Enseignante en TEE, membre de l’AEETEE et tutrice au C@D, Martine Alain • Céline Landry, Service de la conception pédagogique • Association des enseignantes et enseignants en TEE, Johanne Fournier Clic 63 > Janvier 2007 • Étudiante avec expérience en TEE et parcours dans l’AEC en formation à distance, Ginesta Burducea L’approche modulaire pour l’ensemble du programme Afin d’obtenir tous les modules nécessaires pour répondre aux demandes du processus de RAC 3, nous avons décidé d’adopter une approche modulaire (par objets d’apprentissage et autres REA) permettant de définir l’architecture de l’ensemble des éléments de formation du DEC. Notre principale préoccupation, outre la possibilité de répondre à la demande de formation de façon personnalisée grâce à l’assemblage d’objets particuliers, était de nous assurer que l’apprentissage modulaire élaboré réponde aux besoins des étudiants et permette : • L’application des principes de l’approche par compétences (APC) • L’intégration et le transfert des compétences dans des situations authentiques et mobilisatrices • L’application d’une politique d’évaluation conforme aux normes de l’APC 3 RAC : reconnaissance des acquis et des compétences • L’interopérabilité des « modules », en appliquant les standards technologiques reconnus, afin de créer un patrimoine pédagogique utilisable par l’ensemble du réseau • L’utilisation du matériel, tant dans le contexte de la formation à distance (FAD) que dans un contexte d’enseignement magistral, hybride ou de l’offre de formation manquante. Étape 1 : Schéma intégrateur du programme Le schéma intégrateur du programme de TEE a été élaboré en collaboration avec tous les intervenants des tables de travail du projet. Il présente l’objectif intégrateur du DEC et devient ainsi la pierre d’assise sur laquelle s’appuieront le reste des discussions. Ce modèle nous assure que les préoccupations de tous et chacun soient représentées dès le début des Comme on peut le constater, ces préoccupations ont des ramifications à divers niveaux. Premièrement, l’approche doit nous permettre d’offrir une formation de qualité qui réponde aux besoins émergents de notre clientèle cible. Deuxièmement, le matériel produit doit répondre aux normes technologiques en vigueur dans le monde des objets d’apprentissage et ce, dans le but bien précis de les rendre disponibles à l’ensemble du réseau collégial, à la communauté de la petite enfance des TEE et d’assurer ainsi la constitution d’un patrimoine éducatif riche et dynamique. La méthodologie de travail à vol d’oiseau… La méthodologie est simple. L’ampleur du travail réside principalement dans le volume d’analyses à effectuer. Comme tous ceux qui ont déjà participé à l’élaboration d’un programme d’études le savent déjà, c’est un travail qui demande minutie et persévérance. Notre méthodologie est constituée, entre autres, des grandes étapes suivantes : 1. élaboration du schéma intégrateur du programme 2. élaboration du logigramme des compétences 3. élaboration du logigramme d’apprentissage de chacune des compétences (macroscénario pédagogique) 4. préparation des outils de reconnaissance des acquis 5. préparation du plan-cadre pour chacune des compétences 6. élaboration du devis de conception pédagogique 7. élaboration du matériel 8. diffusion Janvier 2007 > Clic 63 25 travaux. Il illustre l’esprit du programme, les compétences porteuses et les différents cadres qui structureront la suite du processus. Dans ce cas-ci, le développement des compétences des éducatrices en services de garde sera articulé autour de trois cadres, soit le cadre légal et organisationnel, le cadre personnel et professionnel, et le cadre d’intervention éducative. Étape 2 : Logigramme des compétences Le logigramme de compétences, qui découle des variables définies dans le schéma intégrateur et du profil de sortie du Cégep de SaintJérôme, nous permettra d’établir toutes les relations logiques entre les diverses compétences du programme. Il illustre, entre autres, la séquence des préalables absolus, des préalables partiels 4 et des « nœuds » de compétences, compétences qui doivent être acquises concurremment. On y trouve aussi tous les moments d’évaluation et d’intégration des compétences formatifs et sommatifs. Le logigramme forme alors, avec le schéma intégrateur du programme, le canevas de base pour procéder à l’analyse de chacune des compétences en contexte. Étape 3 à 7 : Logigramme des grandes étapes d’apprentissage pour chacune des compétences et suite des travaux La suite des travaux consiste principalement à déterminer la séquence des grandes activités ou étapes d’apprentissage visant l’atteinte de chacune des compétences ou des blocs de Logigramme des compétences du DEC en TEE v.1 26 Clic 63 > Janvier 2007 compétences et leur intégration dans la pratique professionnelle de chaque éducatrice. Nous préparerons ensuite les outils de reconnaissance des acquis, en partenariat avec les intervenants du milieu. Le reste des travaux sera effectué au cours de l’année 2007. Quelques apprentissages rencontrés sur le chemin parcouru à ce jour Comme nous le mentionnions précédemment, l’offre de formation manquante est étroitement reliée au processus de RAC. Bien que le résul- riel sert déjà aussi dans des modèles de diffusion de cours traditionnels (en classe, etc.). Il pourra être utilisé sous une variété de formules hybrides qui n’auront de limites que la créativité des intervenants du milieu (formule « formation – coaching » en milieu de travail, par exemple.). Les deux principaux défis auxquels nous faisons face au Cégep@distance, et auxquels feront face la majorité des établissements d’enseignement qui désireront progresser sur « Les deux principaux défis auxquels nous faisons face au Cégep@distance, et auxquels feront face la majorité des établissements d’enseignement qui désireront progresser sur cette voie, touchent la réutilisation du matériel pédagogique existant sous forme modulaire et la création de matériel. » tat d’une reconnaissance d’acquis et de compétences n’ouvre pas nécessairement la voie à un processus de formation traditionnelle, le matériel pédagogique produit par le Cégep@distance pourra être utilisé sous divers modes de diffusion. D’abord utilisable dans le cadre de la formation à distance, notre maté- cette voie, touchent la réutilisation du matériel pédagogique existant sous forme modulaire et la création de matériel. 4 Par préalable partiel, on entend certains éléments d’une compétence qui sont préalables à l’apprentissage d’éléments d’autres compétences. À l’occasion de projets pilotes en comptabilité, en TEE et en informatique, les équipes du Cégep@distance ont eu la chance d’expérimenter la modularisation par objets d’apprentissage de matériel existant. Nous avons relevé, entre autres, les constats suivants : 1. Décomposer les compétences telles qu’on les trouve dans les devis ministériels n’est pas toujours simple et demande une analyse approfondie. 2. Rédiger du matériel pédagogique « modulaire » demande des adaptations sur le plan sémantique afin de permettre la personnalisation des cheminements d’apprentissage, la création de séquences variées pour des populations diverses dans des contextes parfois différents (par exemple, l’éducatrice en milieu de travail versus celle en cheminement initial au collégial, l’éducatrice en CPE versus celle en milieu familial, etc.). 5. Il faut adapter le modèle pédagogique aux besoins de la population cible et à la culture que l’on trouve sur le Web. 6. Il faut utiliser des gabarits de nature technopédagogique pour garantir l’optimisation des méthodes d’apprentissage Voilà, très succinctement, un extrait des pistes relevées dans le cadre du travail effectué à l’intérieur de nos bancs d’essai. Nous en avons aussi relevé plusieurs autres ! Curieusement, rien ne semble vraiment insurmontable pour l’instant. Il s’agit de travailler ensemble dans la « Voilà, très succinctement, un extrait des pistes relevées dans le cadre du travail effectué à l’intérieur de nos bancs d’essai. Nous en avons aussi relevé plusieurs autres ! » tout en assurant la compatibilité technologique du matériel produit avec les normes en vigueur. concertation, vers le même but. Comme le fort intéressante conférence en éducation : 3. Il faut planifier les impacts techniques et pédagogiques lors de la création de matériel pédagogique qui doit répondre aux normes technologiques en vigueur dans le domaine des objets d’apprentissage. Ces ressources sont majoritairement sous forme numérique. 7. Il faut planifier et élaborer le matériel à l’intérieur de modèles systémiques incluant l’ensemble des facteurs impliqués dans la réussite d’une formation axée sur les besoins de la clientèle. Il faut aussi en arriver à trouver les relations entre les activités d’apprentissage, les objectifs, les personnes impliquées et les ressources utilisées pour favoriser l’apprentissage. 4. Il faut s’assurer de créer du matériel pédagogique qui puisse contribuer au patrimoine éducatif du réseau collégial québécois et aux communautés de pratique intéressées ici et ailleurs dans le monde. 8. Il faut communiquer un message clair de changement de paradigme qui est sensé pour tous et qui mobilise les intervenants vers ces nouvelles voies d’apprentissage qui sont maintenant ouvertes. disait une inscription gravée solennellement sur un mur d’une salle de l’UQAM où se tenait une « Aidée du savoir et de l’expérience, la recherche bien ordonnée nous mène vers la découverte. » Il n’y a donc rien à craindre… Les mots de la fin « À la suite des changements de réglementation dans le monde des services de garde et de la petite enfance, Caroline, une éducatrice travaillant en garderie depuis 4 ans, désire obtenir un DEC en Techniques d’éducation à l’enfance (TEE). » Sommes-nous maintenant plus en mesure de la servir ? Adaptons-nous adéquatement et assez rapidement notre offre Janvier 2007 > Clic 63 27 Est en général aujourd’hui… Mais évolue rapidement vers… Matériel analogique Numérique Diffusion fixe Mobile dans le temps et l’espace Apprentissage individuel seul Connecté Matériel générique (pareil pour tous) Personnalisé Apprentissage comme activité de consommation (du matériel d’apprentissage) Création Système fermé à accès restreint Ouvert Un nouveau membre dans l’équipe Animaweb D de formation afin de répondre à ses besoins d’éducatrice et à ses besoins particuliers en tant qu’individu ? Récemment, lors de la conférence internationale Lornet portant sur les objets et les systèmes d’apprentissage, David Wiley, professeur associé de technologie éducative à la Utah State University, établissait une comparaison entre l’état des services éducatifs tel qu’ils sont aujourd’hui et les besoins évolutifs de la clientèle (tableau ci-dessus). Où vous situez-vous par rapport à ce comparatif ? Probablement vers la gauche du tableau ? Mais les demandes viendront de la droite ! Que faire ? On ne peut difficilement être des deux côtés en même temps. Les besoins des apprenants évoluent et nous devons aussi commencer notre migration pour y répondre. Au Cégep@distance, nous avons entamé ce processus avec nos partenaires et constatons que nous partageons finalement tous la même simple mission : permettre aux étudiants d’apprendre et d’être qualifiés. Nous désirons aussi être en mesure de reconnaître les acquis et les compétences de ceux qui en possèdent déjà, de leur fournir un environnement d’apprentissage adapté à leurs besoins et de partager et construire, avec les membres du réseau collégial et tous ceux qui en démontrent l’intérêt, des expériences d’apprentissage motivantes et enrichissantes. Bref, nous avons beaucoup de pain sur la planche ! 28 Clic 63 > Janvier 2007 Je terminerai cet article sur la pensée suivante qu’un conférencier nous a proposée lors d’un colloque sur les défis de l’intégration pédagogique des ressources numériques en éducation. Je vous laisse sur cette citation, non pas par mesquinerie, mais bien pour partager avec vous la réflexion qu’elle a engendrée chez moi. Vous servez-vous encore fréquemment de votre dactylo Smith-Corona ? J’en possédais une. C’étaient les meilleurs dactylos du monde : efficaces, rapides, à l’impression claire et au TAC sec qui faisait vibrer, à chacune des touches, votre table ! Toutefois, comme le disait le président de Smith-Corona à ses employés, lors de son discours de fermeture d’usine : « Soyez fiers de votre travail. Vous avez développé la meilleure machine à écrire de toute l’histoire de l’humanité. Mais pardonnez-moi, je vous ai fait travailler très très fort, il me semble aujourd’hui, à perfectionner l’obsolète. » epuis décembre 2006, Norman Spatz s’est joint à Denis Thibault, Françoise Marceau et Lyse Favreau pour compléter l’équipe Animaweb : the English side of Profweb. Norman partage son temps entre l’animation de Profweb et l’enseignement de l’anglais, langue seconde, au cégep du Vieux Montréal. Nous continuons donc à travailler fort pour servir toutes les Caroline voulant parfaire leur formation en TEE, sans oublier les Benjamin qui désirent exercer leur profession en sciences comptables, et les Ariane, les Ryan et les Paola, les Megan et les… Son dynamisme ainsi que sa connaissance du milieu anglophone et de l’utilisation pédagogique des technologies sont des atouts précieux pour Profweb et pour le réseau collégial. À suivre ! Thanks to you, Norm. Profweb will be more “ sticky ” ! Quand la Loi sur le droit d’auteur emmêle les câbles de l’école branchée Par Pierre-Étienne Paradis, pour la Vitrine Technologie-Éducation L’ implantation des TIC en classe a été fortement encouragée ces dernières années. Pour cette raison, le présent article vise d’abord à faire connaître davantage le droit d’utilisation équitable, auquel tout étudiant ou enseignant canadien peut avoir recours lorsque vient le temps de reproduire dans Internet du matériel protégé par copyright. Ensuite, cet article a pour but de faire ressortir les contradictions existant entre la soi-disant « propriété » intellectuelle et la mission éducative, à l’échelle tant nationale que mondiale. Il s’agit d’un condensé d’une version plus longue, disponible à l’adresse http://ntic.org/ textes/copyright_ecole_branchee.pdf. Vous y trouverez, outre les références précises, un examen détaillé du processus avorté de réforme de la Loi sur le droit d’auteur et quelques réflexions sur l’édification d’un « bien commun informationnel ». Une autoroute pavée de bonnes intentions Jusqu’au début des années 1990, Internet était un réseau difficile d’accès et réservé à une petite élite scientifique. Or, l’invention du Web (protocole HTTP) et le fait que cette invention fut cédée au domaine public (encadré 1) changèrent la face du monde. En effet, le 30 avril 1993, l’Organisation européenne pour la recherche nucléaire (CERN) émit une déclaration donnant libre accès à ses protocoles, sans versement de redevances. Une véritable frénésie technologique s’empara alors des pays développés. Pour sa part, le gouvernement du Québec créa, en juillet 1995, le Secrétariat à l’autoroute de l’information dans le but de coordonner l’implantation des TIC au sein de ses différents ministères. Dans la même foulée, le concept d’ « école branchée » fut mis de l’avant afin de « construire, et non subir, la L’utilisation équitable : mise en situation révolution du savoir », comme l’affirmait le premier ministre d’alors, Jacques Parizeau. Le L’utilisation, la reproduction et la publication par les établissements d’enseignement canadiens de matériel protégé par copyright (encadré) sont balisées par des exceptions aux plan d’action adopté en 1997 et distribué dans toutes les écoles devait ainsi favoriser la mise « […] le concept d’ “ école branchée ” fut mis de l’avant afin de “ construire, et non subir, la révolution du savoir ”, comme l’affirmait le premier ministre d’alors, Jacques Parizeau. » en place d’une véritable « culture de réseau » chez les enseignants et les étudiants, de façon que ceux-ci non seulement aient accès à de l’information et à un savoir en provenance de différents pays, mais aussi puissent échanger des idées avec d’autres élèves et des collègues. Avec un peu de recul, il apparaît évident que l’école branchée signifiait beaucoup plus que le simple raccordement physique des salles de classe à la Toile. Si l’éducation est généralement reconnue au Canada comme de compétence provinciale, il en va autrement d’Internet qui, dans sa dimension technique aussi bien qu’en termes de contenus publiés en ligne, tombe sous la coupe de lois fédérales. Après une décennie d’utilisation de la Toile dans les établissements d’enseignement québécois, il est donc temps de se demander si la Loi sur le droit d’auteur (ci-après, la Loi), lorsque interprétée de manière rigide, permet l’atteinte des buts énoncés il y a dix ans par le gouvernement du Québec. violations dont certaines, de portée générale, sont placées sous la rubrique « Utilisation équitable ». Il sera question un peu plus loin de la pertinence de confiner l’enseignement et la recherche à des exceptions étroites. Pour l’instant, un cas fictif servira à illustrer les nombreux dilemmes posés par la Loi. Une enseignante en histoire de l’art, travaillant pour un cégep, numérise sur une base régulière des œuvres d’art et prépare ainsi des compilations qu’elle projette en classe à l’aide d’un appareil numérique. Elle décide cependant de rendre celles-ci accessibles en ligne pour un petit groupe d’étudiants hospitalisés à la suite d’un accident de ski survenu durant la semaine de relâche. Elle décide également de publier ses propres notes de cours (description des œuvres d’art et exercices s’y rattachant) sous chaque œuvre reproduite. Forte de nombreuses séances de formation aux TIC, elle décide de maintenir en place le site Web en vue d’une utilisation future, de manière que le contenu du Janvier 2007 > Clic 63 29 cours soit accessible en tout lieu et à tout moment au bénéfice des élèves et des autres professeurs du département. Un premier problème se pose : les œuvres reproduites font-elles partie du domaine public ? La question est facile à trancher en ce qui concerne les tableaux des maîtres flamands du 15e siècle, mais il en va autrement des œuvres réalisées au 20e siècle. En effet, dans le cas où l’identité de l’artiste est connue, le copyright « subsiste pendant la vie de l’auteur, puis jusqu’à la fin de la cinquantième année suivant celle de son décès ». Mais comment avoir la conscience tranquille sans devoir rechercher les dates de décès de chacun des artistes ? Dans un cas ou dans l’autre, la projection de la compilation en classe est légale puisque la Loi permet « de reproduire une œuvre [protégée] pour projeter une image de la reproduction au moyen d’un rétroprojecteur ou d’un dispositif similaire ». Mais les choses se gâtent lorsqu’il s’agit de publier la compilation dans Internet. En effet, la Loi stipule que toute « communication par télécommunication d’une œuvre [protégée] doit être effectuée dans le cadre d’un examen ou d’un contrôle » et uniquement « au public se trouvant dans les locaux de l’établissement ». En cas de litige, l’enseignante pourrait toujours justifier ses actes novateurs en se rabattant sur les exceptions de portée générale, c’est-à-dire en alléguant qu’ils sont effectués « aux fins d’étude privée ou de recherche » ou « aux fins de critique ou de compte rendu ». L’enseignement est-il assimilable à la recherche ou à la critique ? La question est fort intéressante, notamment à la lumière des développements récents en Cour suprême (voir ci-contre), mais parions que l’enseignante et son collège manqueront de ressources financières pour engager un avocat ! Copyright ou droit d’auteur ? Au Canada, le pilier de la Loi sur le droit d’auteur est le copyright hérité de la common law britannique – ce que reflète mieux sa version anglaise intitulée Copyright Act. Le concept remonte à 1710, date à laquelle fut promulgué en Angleterre le Statute of Anne, qui commençait par ces mots : « An Act for the Encouragement of Learning […] ». À l’origine, le copyright conférait un droit exclusif sur les revenus découlant de la publication d’œuvres intellectuelles (qui n’avaient à l’époque d’autre support que le papier), en tant que mesure d’incitation à leur création. Vers la fin du 19e siècle, le champ d’application du copyright sera étendu pour couvrir la représentation en public d’œuvres musicales et dramatiques. Par la suite, il sera étendu de nouveau pour inclure les créations dérivées d’une œuvre originale (adaptations, traductions) et les reproductions mécaniques à des fins privées (la photocopie, par exemple, ou la duplication d’une pièce de musique « À l’origine, le copyright sur un support différent). Le copyright concerne les droits patrimoniaux (ou conférait un droit exclusif droits « économiques ») ; mais ces droits n’appartiennent pas nécessairement au sur les revenus découlant créateur puisqu’ils peuvent être cédés ou vendus. Bref, il faut se demander : 1) de la publication d’œuvres qui fait du fric avec telle ou telle œuvre ; 2) dans quelle mesure ; et 3) pour intellectuelles […] » combien de temps ! Par ailleurs, la tradition française du droit d’auteur concerne les droits moraux qu’un créateur a sur son œuvre. La Loi canadienne amalgame les deux traditions ; mais en réalité, peu de litiges ont trait aux droits moraux, qui sont le dernier des soucis des sociétés de gestion et autres firmes de l’industrie culturelle ayant les moyens d’intenter des poursuites. En 2002, la Cour suprême du Canada a réitéré l’importance de l’équilibre entre, d’une part, « la promotion, dans l’intérêt du public, de la création et de la diffusion des œuvres artistiques et intellectuelles et, d’autre part, l’obtention d’une juste récompense pour le créateur ». Or, cet équilibre est menacé par l’extension considérable de la durée d’un privilège qu’il serait d’ailleurs erroné d’associer à une forme de « propriété ». En effet, le Statute of Anne octroyait un droit d’une durée maximale de 21 ans, alors qu’au Canada cette durée peut maintenant atteindre 75 ans. De plus, il n’est nullement requis d’enregistrer le copyright ou d’utiliser le symbole ©. Toute création pouvant se qualifier comme « œuvre » – même un poème de quatre lignes publié dans un forum de discussion ou un blogue – est automatiquement protégée, selon les termes de la Convention de Berne de 1886. Le statut universel du copyright et son extension temporelle repoussent d’autant l’accessibilité des établissements d’enseignement à du matériel utile à leur mission. Domaine public Enfin, d’autres questions se posent en ce qui a trait à la publication du matériel rédigé par l’enseignante elle-même. Il n’est pas toujours clair que ce matériel soit protégé : une simple liste de noms d’artistes en ordre alphabétique 30 Clic 63 > Janvier 2007 Toutefois, rien n’empêche le créateur de céder son œuvre au domaine public avant l’extinction du copyright, par voie de déclaration ou avis. Toutefois, la Loi reste muette quant aux modalités de ce geste et le domaine public reste généralement défini par la négative, soit comme tout ce qui n’est pas ou plus l’objet du copyright. ne répondrait sans doute pas aux critères d’originalité qui en ferait un œuvre littéraire. Mais dans l’affirmative, à qui appartiennent les droits ? À l’enseignante elle-même ou à l’établissement, par quelque clause obscure du contrat d’emploi ? Pour les skieurs alités qui consultent le matériel à distance, cependant, les modalités d’utilisation, de reproduction et de conservation du site Web dans son ensemble (compilation d’œuvres d’art et notes de cours) sont encore plus floues. Le simple fait de mettre ce site en ligne équivautil à une permission implicite de reproduction, de conservation et de transformation ? Question importante, puisque dans la négative, un étudiant qui enregistre les pages Web sur son disque dur en effectue une reproduction non autorisée et viole la Loi ! Si tout cela peut paraître fort complexe, il ne s’agit toujours que de la pointe de l’iceberg : il n’a même pas été abordé des situations telles ironique que ce soit dans une cause impliquant la photocopie – une technologie s’étant généralisée il y a plus de trente ans – qu’une brèche soit apparue. En effet, au paragraphe 48 de l’arrêt CCH Canadienne Ltée c. Barreau du HautCanada (2004), la Cour suprême a stipulé que l’utilisation équitable est un droit à part entière : Un acte visé par l’exception relative à l’utilisation équitable ne viole pas le droit d’auteur. À l’instar des autres exceptions que prévoit la Loi sur le droit d’auteur, cette exception correspond à un droit des utilisateurs. Pour maintenir un juste équilibre entre les droits des titulaires du droit d’auteur et les intérêts des utilisateurs, il ne faut pas l’interpréter restrictivement. […] De plus, la Cour fait état de six critères inspirés de la doctrine américaine du fair use, qui permettent d’interpréter selon le contexte le caractère équitable des reproductions effectuées aux « […] la croissance exponentielle des auteurs publiant dans un cyberespace dématérialisé et déterritorialisé rend le respect des exceptions rigides de la Loi de plus en plus problématique. » Une nouvelle interprétation fins d’étude privée, de recherche, de critique ou de compte rendu. Il faut ainsi prendre en considération le but, la nature et l’ampleur (ou proportionnalité) de l’utilisation. Il faut également considérer les solutions de rechange à l’utilisation, la nature de l’œuvre, et enfin, l’effet de l’utilisation sur le marché potentiel ou la valeur de l’œuvre. La dernière mouture de la Loi sur le droit d’auteur remonte à 1996, alors que le Web en était encore à ses premiers balbutiements. Depuis lors, comme nous venons de le voir, la croissance exponentielle des auteurs publiant dans un cyberespace dématérialisé et déterritorialisé rend le respect des exceptions rigides de la Loi de plus en plus problématique. Il est Il serait souhaitable que les établissements d’enseignement et leur personnel exploitent pleinement le nouvel espace ainsi ouvert, quoiqu’une plus grande souplesse de la Loi ne fasse probablement pas diminuer la quantité de litiges auxquels ils pourraient éventuellement faire face. Par ailleurs, il n’est pas certain que que la présentation d’œuvres musicales ou dramatiques ainsi que d’émissions de télévision dans les locaux d’un collège. À la lumière de cet exemple, il apparaît évident que la Loi est susceptible d’entraver certains usages de la technologie à des fins éducatives. le gouvernement fédéral se conforme entièrement à ces critères au moment de la prochaine refonte de la Loi. Pendant ce temps, sur la scène mondiale… Il est bien évident que l’Organisation mondiale du commerce (OMC) et l’Organisation mondiale de la propriété intellectuelle (OMPI) ne sont pas des entités vouées à la promotion de la culture ou de l’éducation. Pourtant, les incidences des décisions qui y sont prises sur le droit fondamental à l’éducation sont bien réelles. Les Aspects des droits de propriété intellectuelle qui touchent au commerce (ADPIC, entrés en vigueur en 1995 dans le cadre de l’OMC) ne sont qu’un exemple d’instrument international ratifié par l’exécutif fédéral, sans aucune obligation de consulter les provinces ou le Parlement. L’article 13 y stipule que les « exceptions aux droits exclusifs » devront être restreintes à « certains cas spéciaux » et impose donc au Canada de légiférer dans la même lignée. Ainsi, dans le but de favoriser l’enseignement à distance et l’utilisation des TIC en classe tout en respectant cette disposition internationale, le projet de loi C-60 (mort au feuilleton en décembre 2005) avait prévu ajouter une nouvelle série d’exceptions très précises, assorties d’exigences strictes, à la longue litanie déjà présente dans la Loi actuelle. Il est fort à parier que la grande complexité de la Loi révisée aurait au contraire causé l’abandon pur et simple de tout projet éducatif utilisant Internet chez des enseignants déjà débordés de travail. Pis encore, le Comité permanent de Patrimoine canadien avait recommandé, en 2004, d’instaurer un régime d’octroi de licences collectives étendues pour l’utilisation d’Internet en classe. La Loi est trop complexe pour être intelligible ? Qu’importe ! Un genre de « CopiWeb » national aurait extorqué des redevances à des collèges et universités à la santé financière chancelante, bien que le contenu publié dans Internet soit souvent d’origine étrangère (à qui alors reverser les sommes prélevées ?), se qualifie parfois Janvier 2007 > Clic 63 31 comme contenu libre d’accès (encadré 2 ) ou soit même, dans certains cas, tombé dans le domaine public il y a belle lurette. Le congrès World Information City, tenu à Bangalore (Inde) en novembre 2005, a lancé une campagne d’art public sous le thème du droit intellectuel : « Quel sera l’impact de lois plus strictes sur l’accès au savoir, l’environnement numérique et le développement urbain ? » Le contenu libre d’accès Dans son Rapport intérimaire sur la réforme du droit d’auteur (mai 2004), le Comité permanent de Patrimoine canadien relate que les enseignants consultés ont exigé l’adoption d’une exemption générale pour l’emploi de tout matériel « librement accessible » dans Internet, s’il est utilisé dans un cadre pédagogique, ce à quoi se sont opposés les sociétés de gestion et les détenteurs institutionnels de droits d’auteur. L’importance de cette question mérite que l’on définisse précisément ce en quoi consiste le contenu libre d’accès. En voici quelques grandes lignes : 1. Aucune permission ou versement de redevance ne sont requis pour utiliser et reproduire du matériel tombé dans le domaine public. Le problème réside dans le fait qu’il est très difficile de reconnaître ce matériel, faute de site Web ou d’annuaire recensant les millions d’œuvres dont le copyright est expiré ou dont l’auteur a explicitement renoncé à ses droits. Photo : Paul Keller sous licence CC Paternité 2.0. http://creativecommons.org/licenses/by/2.0 Information, communication ou connaissance ? S’il est une expression qui fait hausser les sourcils, c’est celle d’« autoroute de l’information », tombée rapidement en désuétude. Soulignons aussi que toute brochure destinée aux milieux de l’enseignement et publiée ces dix dernières années contient probablement les acronymes TIC ou NTIC. En fait, il est malheureux que les termes information et communication (mais aussi connaissance, savoir ou apprentissage) soient le plus souvent utilisés de manière imprécise, malgré les trois décennies de déchirements qu’ils ont provoqués dans les forums 32 Clic 63 > Janvier 2007 2. Une quantité croissante de créateurs choisissent de publier des œuvres assorties de licences standardisées. Ces licences dites de contenu ouvert donnent au créateur la possibilité de décomposer le copyright pour ne réserver que certains droits. Par exemple, la paternité de l’œuvre (droit moral) sera généralement exigée, alors que la reproduction (droit économique) sera permise sous certaines conditions. La licence de documentation libre GNU (GFDL) et les variantes du type Creative Commons (CC) sont parmi les plus utilisées ; celles-ci peuvent s’appliquer à un site en entier ou à une œuvre individuelle, telles une photo ou illustration. Aucune « La licence de documentapermission n’est requise pour reproduire et utiliser du matériel assorti de tion libre GNU (GFDL) et les telles licences, pourvu que celles-ci variantes du type Creative soient respectées. Alors que le contenu ouvert peut en certains cas être Commons (CC) sont parmi modifié, traduit, adapté, mais aussi « refermé » (donc soumis de nouveau les plus utilisées ; celles-ci au régime « tous droits réservés »), les licences dites de copyleft (« reproducpeuvent s’appliquer à un tion allouée ») exigent plus spécifiquement que les œuvres dérivées site en entier ou à une soient partagées sous des conditions identiques et demeurent éternellement œuvre individuelle […] » un bien collectif. Rappelons que le copyright s’applique par défaut, même en l’absence du symbole ©. Les sites Web qui n’affichent pas de telles licences sont protégés en totalité (« tous droits réservés ») et ne sont pas libres d’accès. L’utilisation et la reproduction de leur contenu, en tout ou en partie, devront donc se faire conformément aux dispositions d’utilisation équitable prévues par la Loi. nationaux et internationaux. Pensons notamment à l’échec du « droit à la communication » prôné par les pays en développement dans le mondial de la société de l’information, tenu de 2003 à 2005. Un effort de précision s’impose, car les enjeux débattus dans les hautes « […] les établissements d’enseignement et leur personnel devront intervenir politiquement ou, à tout le moins, manœuvrer habilement pour défendre leur droit de puiser et publier du contenu pédagogique dans un cyberespace de plus en plus compartimenté et susceptible d’appropriation marchande. » cadre de l’UNESCO dans les années 1970. Mentionnons aussi le triomphe de la vision techniciste et marchande au récent Sommet sphères du pouvoir sont des plus importants. Dans le contexte actuel de concentration des médias, le terme information correspond bien Dossier dans Profweb Plagiat dans Internet : le kit du prof au collégial Disons-le tout de suite : depuis que l’école existe, le plagiat existe. Mais quand les sources possibles « d’inspiration » se situent maintenant en dehors de la bibliothèque du collège, qu’elles sont accessibles en quelques clics de souris et qu’elles se multiplient de façon exponentielle, dépister le plagiat peut devenir un réel cassetête… et nos étudiants le savent. Un sondage américain estime, en effet, que 70 à 80 p. 100 des étudiants font du « copier-coller » dans Internet. En tant que profs au collégial, nous serons tôt ou tard placés face à ce type de plagiat. Comment s’y prendre pour le détecter ? Mais, d’abord et avant tout, comment le prévenir ? Notre dossier offre des pistes de solutions. Il se présente ainsi : • Les différentes formes de plagiat et de… plagiaires • Détecter le plagiat : des stratégies simples, mais efficaces • Prévenir le plagiat : des stratégies, des astuces pour les profs et… les étudiants • Un forum sur le plagiat dans Profweb, ça vous intéresse ? À lire dans Profweb dès la rentrée scolaire de janvier : [http://site.profweb.qc.ca/index.php?id=87] ! au sens d’« unité vendue » (un journal, un manuel scolaire), ou encore à un flux mesuré tantôt en termes de temps (le spot télévisé de 30 secondes) ou de surface (le bandeau Internet mesuré en pixels). De plus, l’information part généralement du point A pour être reçue au point B, sans l’interaction ou la rétroaction que suppose le terme communication. Il s’agit bien sûr d’une interprétation qui ne reflète pas toute la réalité, mais, chose certaine, une information devient connaissance quand la personne qui la détient est capable de la comprendre, de la combiner avec d’autres savoirs, de l’utiliser. En sus de l’enseignement de base, c’est donc une véritable culture des médias que les établissements d’enseignement ont maintenant la charge d’inculquer. Leur mission est de former non pas des consommateurs passifs, mais des citoyens capables de partager leurs connaissances et d’exercer pleinement leurs droits et libertés. Leur en laissera-t-on les moyens ? Il est dommage que le discours médiatique mette toujours l’accent sur le prétendu « piratage » de fichiers musicaux, le spam, la pornographie et autres dangers d’un Internet aux allures de Far West. Pourtant, des modalités plus claires concernant l’utilisation équitable, la participation des jeunes à l’édification d’un encommun numérique et la rédaction d’une nouvelle Loi sur le droit d’auteur qui soit intelligible pour le grand public sont des objectifs tout aussi importants que la sécurisation du Web, et par lesquels se fera cette sécurisation. Plus que jamais, les établissements d’enseignement et leur personnel devront intervenir politiquement ou, à tout le moins, manœuvrer habilement pour défendre leur droit de puiser et publier du contenu pédagogique dans un cyberespace de plus en plus compartimenté et susceptible d’appropriation marchande. À titre comparatif, nous avons le choix, en tant que collectivité, d’investir dans la qualité de nos plans d’eau et de nos réseaux d’aqueduc, ou alors de prendre le réflexe d’acheter l’eau embouteillée à la machine distributrice ! Janvier 2007 > Clic 63 33 Profweb dans la pratique Profweb regorge d’informations et de ressources pertinentes. Encore faut-il en connaître les possibilités et savoir les utiliser. Trop souvent, on ignore que Profweb permet, par son moteur de recherche, un accès simple et rapide à une grande quantité d’information. Celle-ci est d’autant plus pertinente qu’elle provient des organismes partenaires de Profweb, d’enseignants et de collaborateurs, tous impliqués dans l’intégration des TIC au collégial. Voici deux chroniques Animaweb, déjà publiées dans Profweb, qui illustrent très bien cela. Par Denis Thibault, équipe Animaweb L’usage pédagogique des forums de discussion Par Denis Thibault, équipe Animaweb U n mardi soir à la maison, Yves, enseignant de psychologie, ouvre son ordinateur et jette un coup d’œil au forum qu’il a mis en place dans l’un de ses cours. Il ne s’attend pas à de grandes surprises. En effet, mis à part quelques élèves qui s’expriment facilement – souvent les mêmes –, les échanges en classe sont relativement peu nombreux. Comment rejoindre les autres ? Il faut dire que le sujet des discussions est complexe et demande un effort de participation. Notre enseignant, placé face à un problème de participation, repense alors à la suggestion de la répondante TIC de son collège : utiliser un forum de discussion. Voulant améliorer la situation, il plonge. À sa grande stupéfaction, il découvre, ce soir-là, que certains des élèves silencieux en classe expriment leur point de vue dans le forum. Il songe alors à d’autres situations, à d’autres utilisations… Au delà de l’accès aux outils et de l’appropriation des connaissances nécessaires pour les utiliser, l’usage d’un forum, comme celui de la plupart des technologies éducatives, réside d’abord dans la possibilité de trouver une réponse adéquate à une problématique pédagogique. L’effort exigé produit-il une valeur ajoutée ? Ainsi, l’usage des forums dans le 34 Clic 63 > Janvier 2007 réseau collégial découle sans doute de la disponibilité d’outils comme ceux intégrés à la plateforme DECclic [http://www.decclic.qc.ca/ ?05036A13-EC22-4847-9598-591CBBB37F1D] (adoptée par près de 1 000 profs), mais peutêtre surtout de la réflexion pédagogique des utilisateurs. « […] l’usage d’un forum […] réside d’abord dans la possibilité d’une réponse adéquate à une problématique pédagogique […] » En tapant le mot « forum » dans le moteur de recherche disponible sur la page d’accueil de Profweb, il est étonnant de découvrir la quantité d’informations sur le sujet. En fait, ce sont tout près de 40 références qui sont suggérées ! Les forums de discussion utilisés dans un cadre pédagogique au collégial, et parfois ailleurs, y sont traités de multiples façons, sous forme de récits d’expérience, de scénarios pédagogiques, de dossiers, d’activités de perfectionnement, etc. Parmi toutes ces références, signalons-en quelques-unes en suivant les rubriques de Profweb : • Récits : deux enseignants nous livrent le témoignage de leur expérience de l’utilisation pédagogique du forum. Il s’agit de Les TIC au service des « natures brouillonnes » Comment une plateforme peut devenir un outil efficace de gestion de classe ! [http://site.profweb.qc.ca/index.php?id=160] et de Quelques conseils judicieux pour utiliser les forums de discussion dans des activités d'apprentissage [http://site.profweb. qc.ca/index.php?id=193]. Ce qui retient surtout l’attention de ces deux profs, c’est que sans minimiser l’effort qu’ils ont dû déployer, l’utilisation du forum semble avoir facilité l’apprentissage de leurs élèves. • Scénarios : une activité clés en main : Droit de parole dans le Web [http://www.ccdmd.qc.ca/ri/perfectic/resultat. asp?txtMotCle=Droit+de+parole+dans+le+w eb&x=12&y=7&action=result&lang=fr] • Dossiers : l’excellent dossier de Alain Farmer, Des outils pour communiquer sur le Web : un survol de la question [http://site.profweb.qc.ca/ index.php?id=76]. L’une des sections y traite du forum, de certaines conditions d’utilisation, des avantages et inconvénients de l’utiliser tout en livrant plusieurs suggestions. • Ressources générales : le Guide d’animation d’un forum de discussion [http://www.tact. fse.ulaval.ca/fr/html/outils/animation_forum/ index.htm], qui décrit les conditions pour implanter et utiliser un forum, entre autres dans un contexte pédagogique. • Perfectionnement : 9 activités [http://site.profweb.qc.ca/index.php?id=13] proposées par l’APOP et le DECclic ; voir, entre autres, Le forum de discussion en classe ou en stage : un outil à découvrir et Animer des forums pour faire discuter mes étudiants. À vos forums ! Prêts ? Partez ! Qui veut jouer avec nous ? Par Françoise Marceau, équipe Animaweb L e jeu existe depuis le début du monde et il y a fort à parier qu’il restera une activité importante pour l’humanité pendant encore bien d’autres années. Mais peut-on vraiment jouer et apprendre à l’aide des TIC ? En fait, le jeu peut prendre diverses formes, comme se rouler dans les feuilles d’automne ou créer une ville virtuelle dans SimCity 1. Même dans un cadre pédagogique, le jeu trouve sa place. L’un des souvenirs les plus marquants de mon cours collégial est un jeu de rôles auquel nous nous sommes prêtés afin d’approfondir la guerre 39-45. En plus de nous amuser, je vous assure que nous avons fait des apprentissages plus que pertinents. Une belle activité intégratrice, durant laquelle chacune des équipes s’est appliquée à connaître les pays impliqués sous différentes facettes, à considérer la force des armées et à mettre en place des stratégies intéressantes pour gagner la guerre, mais aussi pour assurer la survie des troupes. Déjà, à cette époque (1975), notre prof nous amenait à intégrer des disciplines alors que l’approche par compétences n’était pas encore en vigueur ! Côté TIC, l'ordinateur n’était pas vraiment disponible, mais si cela avait été le cas, bien qu’il ait été fort exigeant de produire une simulation informatisée de cette guerre, nous aurions sûrement trouvé des informations pertinentes sur le Web pour préparer nos interventions. Regardons de plus près certaines de ces ressources : 63,54,8,49,67,39,64,68,65,36,24,55,37,56,4 1,9,28,29,40,3] est un exerciseur incluant un jeu d'aventure ; l'usager vivra une aventure au Mexique préhispanique et la racontera par la suite. • Les cyberquêtes, une stratégie passionnante pour faire chercher les élèves • Un jeu-questionnaire interactif d’interprétation d’images conçu pour les étudiants en télédétection qui voudraient explorer une variété de concepts et de techniques d’interprétation d’images • Les Chasseurs-cueilleurs, un jeu informatisé [http://www.ccdmd.qc.ca/ri/cgibin/fiche.pl?id=32&l=5,42,16,6,17,69,10,32, 15,18,19,33,38,57,23,58,43,7,44,48,50,20,1 2,59,21,60,22,34,13,14,25,26,61,66,62,27,6 3,54,8,49,67,39,64,68,65,36,24,55,37,56,41, 9,28,29,40,3] où l'on simule une société de chasseurs-cueilleurs. L'élève devient responsable d'une famille pendant un an et doit faire des choix pour en assurer la survie. • Un jeu de simulation politique qui éduque à la citoyenneté. • La chronique Animaweb du 3 avril 2006, intitulée Six activités interactives sur le vocabulaire de l’informatique. • Un jeu de mots entrecroisés [http://www.profweb.qc.ca/profweb/decouvrir/] pour découvrir Profweb. • Quatre activités de perfectionnement en lien avec le jeu, dont trois offertes par l'APOP. Cette récolte n’est assurément pas représentative de toute la réalité, mais cela donne quand même des idées, non ? Je suis d’ailleurs persua- « On peut en savoir plus sur quelqu'un en une heure de jeu qu'en une année de conversation. » Platon • Civilisations, qui permet de découvrir des civilisations de façon interactive en jouant. Mêlant vidéos, images de synthèse et animations Flash, ce jeu nouveau genre nous fait voyager dans le temps. • Le site Le solfège, qui propose un jeu [http://www.happynote.com/] pour apprendre à lire la musique de façon naturelle. Mais qu’en est-il après plus de 30 ans ? Jouons-nous en classe, utilisons-nous les TIC pour ce faire et avons-nous développé des outils et des ressources pour appuyer cette stratégie pédagogique ? • « Maître fromager, procédés et conseils » qui contient, entre autres, un jeu de simulation dans lequel l'utilisateur a pour mission de produire cinq types de fromages parmi les plus courants (camembert, cheddar, chèvre frais, port-salut et suisse). Voyons ce que Profweb nous présente lorsqu’on indique le mot « jeu » dans le moteur de recherche : cinq chroniques, un récit d’expérience, trois scénarios, un dossier, douze ressources, quatre activités de perfectionnement et deux nouvelles. Une belle récolte, n’est-ce pas ? • Viaje al pasado : los aztecas est un logiciel destiné à la pratique du passé en espagnol. Le logiciel [http://www.ccdmd.qc.ca/ri/cgibin/fiche.pl?id=3&l=5,42,16,6,17,69,10,32,1 5,18,19,33,38,57,23,58,43,7,44,48,50,20,12, 59,21,60,22,34,13,14,25,26,61,66,62,27,85, dée que le site cache d’autres outils et ressources ludiques. Pensons simplement à SECRA [http://www.ccdmd.qc.ca/ri/cgi-bin/fiche.pl? id=93&l=93], produit par le CCDMD, ou au Carrefour virtuel des jeux éducatifs [http://www.savie.qc.ca/CarrefourJeux/fr/accuei l.htm] , qui donne accès à des coquilles de jeux qui peuvent être utilisées à toutes les sauces. Profweb aimerait en apprendre davantage sur les jeux qui stimulent votre action pédagogique. N’hésitez pas à nous [[email protected]] faire connaître les ressources que vous utilisez ou les expériences ludiques qui sont vécues en classe par vous ou vos collègues. 1 Jeu de simulation créé en 1989 et qui permet de créer et modifier des villes. SimCity est toujours en développement et continue d'être utilisé (référence de Wikipedia consulté le 2 novembre 2006). Janvier 2007 > Clic 63 35 Pour son 15e anniversaire, La Vitrine Technologie-Éducation fait peau neuve ! Vous nous reconnai ssez ? Visitez notre portail bilingue pour être toujours au fait des nouvelles technologies éducationnelles ! Patrimoine éducatif Veille technologique Ressources pour les disciplines Notre incontournable guide Internet et éducation Service-conseil sur le référencement de ressources Bulletin électronique hebdomadaire Revue de presse en continu Syndication RSS Outils et logiciels Logiciels à tarifs préférentiels Droits gratuits d’utilisation de logiciels à la maison ABC du multimédia Vi tr in e en t , le po rt ai l de La em nn ie id ot qu s ne s vi si te ur se ig na nt s fra nc op ho en s le Av ec pl us de 7 00 0 ur po e nc re fé at io n es t la ré m m un ica tio ns Te ch no lo gi e- Éd uc or m at io n et de s co nf l’i de es gi lo no ch x te qu i s’i nt ér es se nt au tio n. ca du l’é ap pl iq ué es à Tou t cela sur La Vitrine Technologie-Éducation 10 555, avenue de Bois-de-Boulogne Montréal (Québec) H4N 1L4 Téléphone : 514 332-3000, poste 6022 Courriel : [email protected] nt ic. or g