Mobilitées Nantes

Mobilités : A Nantes on confisque leur auto aux habitants
Tony Lesaffre, à l’origine de cette expérience de confiscation de voiture aux habitants du
centre-ville de Nantes Europcar Atlantique, a pour habitude de confisquer leur voiture durant
huit semaines à des citoyens nantais consentants. En échange, on leur offre l’accès à tous
les modes alternatifs collectifs ou individuels de transport. Récit de cette expérience par le
directeur de l’entreprise de location de voitures Tony Lesaffre.
Votre entreprise de location de voiture confisque régulièrement leur voiture à des
habitants du centre ville de Nantes. Dans quel but ?
Notre but est d’apprendre aux gens à se déplacer autrement qu’en voiture en ville. Toute
notre génération est née en voiture, et nous avons beaucoup de peine à imaginer la manière
dont on pourrait vivre sans. Chez Europcar Atlantique on s’est demandé si la solution n’était
pas de demander à des citadins propriétaires d’une voiture de jouer le jeu pendant huit
semaines, contre quoi nous leur offririons un abonnement au réseau de bus et de tramway,
un abonnement au vélo, un abonnement à notre société d’auto-partage Marguerite et une
voiture de location tous les week-end, mais en contrepartie de quoi ils viendraient expliquer
aux médias ce qu’ils ont ressenti privés de leur voiture propre. Je peux vous dire que les
résultats sont tout à fait surprenants et encourageants.
Comment un loueur de voitures en vient-il à faire la promotion d’autres modes de
transport que… la voiture ?
Ce qui me motive c’est la créativité et le développement. Seulement 6% des français louent
une voiture une fois par an et donc 94% ne savent pas ce que c’est que la location de
voiture ; ce qui me motive c’est d’apprendre aux gens que la propriété automobile n’est pas
obligatoire quand on habite en centre-ville. C’est un peu de la vulgarisation que nous faisons
car nous sommes tous tellement programmés pour posséder notre propre voiture que nous
ne pouvons pas concevoir de nous en passer. Donc il faut essayer d’expliquer aux gens de
quelle manière ils doivent s’y prendre et cela est intéressant pour une entreprise comme la
notre car ce type de nouvelle pratique développera le marché de la location de voiture.
L’avenir n’est pas dans l’utilisation exclusive de l’automobile mais réside dans
l
utilisation du bus ou du tramway sur certains parcours, du vélo, de la marche à pied sur
certains autres, de la location de voiture sur certaines distances et de l’auto-partage sur des
trajets plus courts nécessitant une auto.
N’avez-vous pas le sentiment d’être en train de changer de métier ?
A l’origine, la location de voitures est apparue aux Etats-Unis en tant que complément des
transports en commun, notamment pour les personnes qui traversaient le pays en avion et
qui avaient besoin d’une automobile à leur arrivée. En France, ça s’est passé de la même
manière avec le train et l’avion. Mais ce temps-là a beaucoup évolué. Il ne représente plus
aujourd’hui que 30% de notre corps de métier. 70% de notre activité sont réalisés avec les
entreprises locales qui utilisent la location pour leurs besoins ponctuels. Mais le grand avenir
du secteur reste le citoyen pour qui la voiture est devenue aussi une source de coût. Le coût
mensuel pour un propriétaire d’automobile est d’environ 600 €, pour un multimodaliste il est
d’environ 200 €, donc le delta est énorme.
25 novembre