Les laits infantiles, différences de composition et d`allégations A
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Les laits infantiles, différences de composition et d`allégations A
en direct des régions - association de pédiatrie ambulatoire Languedoc Roussillon actualité en nutrition de l’enfant - Nîmes, 20 octobre 2007 Les laits infantiles, différences de composition et allégations L’alimentation de l’enfant de la naissance jusqu’à 4 à 6 mois doit être une alimentation lactée exclusive, jusqu’à la diversification alimentaire : celle-ci ne devrait jamais se situer avant 4 mois, et si possible pas après 6 mois [13,14,16]. Le lait maternel reste le meilleur choix pour l’alimentation du nourrisson et doit être privilégié : idéalement il devrait être exclusif jusqu’à 6 mois, puis représenter l’apport lacté de la diversification [4,15]. Les laits infantiles seront utilisés en l’absence d’allaitement maternel, ou en complément de celui-ci. Leur terminologie a évolué. • De la naissance jusqu’à 4 à 6 mois : laits 1er âge ou laits et préparations pour nourrisson. • De 4 à 6 mois jusqu’à 12 mois : laits 2 e âge ou laits et préparations de suite ; ils contiennent plus de protéines, plus de glucides, moins de lipides, plus de sels minéraux et ils apportent plus d’énergie. • De 10 à 12 mois jusqu’à 3 ans ou plus : laits de croissance ou préparations pour enfant en bas âge ; leur composition est très proche de celle des préparations de suite. Le passage du lait pour nourrisson au lait de suite n’est pas dicté par l’âge, mais rendu nécessaire par l’apport d’autres aliments que le lait, lors de la diversification alimentaire. Cependant les différences entre les préparations pour nourrissons et les préparations de suite s’atténuent de plus en plus. Les laits pour prématurés ont une teneur majorée en protéines (1,9 à 2,4 g/100 ml) et en dextrine maltose (30 à 50 % des glucides). De plus, ils apportent 20 à 30 % des lipides sous forme de triglycérides à chaînes moyennes (TCM), mieux absorbés que les triglycérides à chaînes longues (TCL); ils sont enrichis en dérivés supérieurs des acides gras essentiels. Ces laits doivent être proposés aux enfants de petit poids suffisamment longtemps (jusqu’à 3 kg au moins) pour permettre un rattrapage satisfai- sant, tant pour la croissance staturo-pondérale que surtout pour le développement cérébral. Il existe des différences entre ces laits pour l’apport énergétique (de 67 à 81 kcal/100 ml) et pour la composition en acides gras polyinsaturés (AGPI), certains ne contenant pas d’AGPI oméga 6 (acide arachidonique). Alain Bocquet Besançon Groupe nutrition de I’Afpa Comité de nutrition de la SFP [email protected] Il existe un nombre sans cesse croissant de préparations pour nourrissons et de suite avec des allégations fonctionnelles et des allégations santé. Celles-ci ne sont pas toujours justifiées sur le plan scientifique mais certaines peuvent avoir un réel intérêt clinique. LAITS INFANTILES : DIFFÉRENCES DE COMPOSITION Il existe un très grand nombre de laits infantiles sur le marché, proposés tant en grande distribution qu’en pharmacie : ils présentent des formules différentes même s’ils respectent tous les « fourchettes » de composition imposées par les législations française et européenne pour chaque composant [10,11,12]. Il est difficile de réaliser un classement des laits infantiles car les différences peuvent porter sur plusieurs éléments de composition : il est plus facile de présenter les différences possibles pour chaque composant. La teneur de chaque Mots clefs : Laits infantiles Préparations pour nourrissons Préparations de suite Allégations en santé Tome XLIII - N° 223 - LE PÉDIATRE - PAGE 15 Les laits infantiles, différences de composition et allégations composant peut être exprimée pour 100 ml ou pour 100 kcal : dans ce texte les valeurs sont données pour 100 mI. Protéines La quantité des protéines proposée a tendance à diminuer (actuellement : 1,4 à 1,9 g/100 ml) pour se rapprocher de la composition du lait maternel (1,1 à 1,2 g/100 ml), et pour tenir compte du risque d’effets délétères des excès protéiques [1,9,20]. Certains laits pour nourrissons sont actuellement proposés avec une teneur réduite en protéines, jusqu’à 1,2 g/100 ml [19,23,24]. La quantité de protéines est plus élevée dans les laits 2e âge (1,5 à 2,4 g/100 ml), dans les laits de croissance (1,8 à 2,7 g/100 ml) et dans les laits pour prématurés (1,9 à 2,4 g/100 mI). La valeur biologique des protéines du lait de vache (PLV) peut être améliorée par modification de l’aminogramme, en agissant sur le lactosérum ou par addition d’alpha-lactalbumine, afin de se rapprocher de l’aminogramme du lait maternel : les protéines du lait maternel et celles de l’œuf, sont considérées comme protéines de référence. L’amélioration de l’aminogramme permet une meilleure utilisation des protéines ingérées par l’organisme, et ainsi, la quantité de protéines proposée pourra être réduite [19,24]. On dit que les protéines d’un lait ne sont pas modifiées lorsque le rapport : caséine sur protéines solubles se rapproche de celui du lait de vache (80 / 20). Un apport important de caséine ralentit la vidange gastrique, augmente l’impression de satiété, mais peut être responsable de constipation. On parle de protéines modifiées lorsque ce rapport est différent ou inversé, se rapprochant ainsi de la composition du lait maternel (40 / 60). Les laits infantiles sont fabriqués à partir du lait de vache et “héritent” de sa fraction protéique. Pour limiter le risque allergisant des PLV une hydrolyse (et éventuellement un traitement thermique) de ces protéines peut être réalisée. Selon le degré d’hydrolyse, on distingue [8] : • Les laits hypoallergéniques (HA) (hydrolyse partielle) : la fraction protéique est constituée de protéines solubles hydrolysées (sauf pour un lait: caséine et protéines solubles hydrolysées). Ces laits HA sont actuellement conseillés, en l’absence d’allaitement maternel, à titre préven- PAGE 16 - LE PÉDIATRE - Tome XLIII - N° 223 tif chez les enfants à risque allergique (père et/ou mère et/ou frère et/ou sœur allergique) ; cependant ils ne conviennent pas pour l’alimentation des enfants réellement allergiques aux protéines du lait de vache. Depuis peu certains laits HA contiennent des probiotiques ou prébiotiques et/ou un enrichissement en AGPI oméga 3 : ces deux supplémentations augmenteraient l’effet préventif des laits hypoallergéniques. Certains laits HA existent en 2e âge, mais leur intérêt est discutable, puisqu’il est actuellement conseillé de diversifier l’alimentation des enfants à risque allergique dès l’âge de six mois. • Les hydrolysats (hydrolyse poussée) : la fraction protéique est constituée de peptides de faible poids moléculaire provenant de caséine hydrolysée, protéines solubles hydrolysées, protéines de soja et collagène de porc hydrolysés. Ces laits sont utilisés en cas d’allergie aux protéines du lait de vache. L’efficacité d’un hydrolysat ou d’un lait HA devrait être prouvée par des études cliniques incontestables avant sa mise sur le marché car il a été montré qu’un hydrolysat pouvait s’avérer moins efficace qu’un lait HA [28,29]. • Un seul “lait” présente une fraction protéique composée uniquement d’acides aminés : il est utilisé dans les rares cas d’allergie aux hydrolysats. Une formule dont la partie protéique est composée d’autres protéines que celle du lait de vache ne peut pas porter le nom de lait, on parlera de “préparation pour nourrisson” ou de “préparation de suite”. Il peut s’agir de protéines de soja [8], parfois hydrolysées, ou de collagène de porc. Les préparations “soja” ne contiennent pas de lactose, pas de soja OGM. La place de ces formules est discutée. Il est démontré qu’elles n’ont, par rapport à celles à base de PLV, aucun intérêt nutritionnel particulier. En revanche, le risque de sensibilisation aux protéines de soja n’est pas négligeable, et l’utilisation de ces formules ne semble pas sans risque pour la santé du fait de la présence, associée à ces protéines, de phytoœstrogènes. Ce doute conduit aujourd’hui les comités d’experts à limiter les indications de ces préparations aux familles pratiquant une alimentation végétarienne [25]. Glucides La fraction glucidique de certains laits est composée exclusivement de lactose, La majorité des laits infantiles a une composition mixte : lactose et dextrine maltose, ce qui entraîne une meilleure impression de satiété et limite le risque de coliques par insuffisance lactasique. Quelques laits contiennent du saccharose, dans le but d’améliorer les qualités gustatives altérées par certaines modifications de composition ou pour flatter le goût de certains enfants anorexiques. Dans les laits anti-régurgitations, une partie des glucides est remplacée par des amidons : maïs, riz, tapioca, pomme de terre. L’augmentation de viscosité du lait qui en résulte permet de limiter la survenue de régurgitations gastro-œsophagiennes. Le pourcentage d’amidon est très variable selon les formules: les laits AR (vendus uniquement en pharmacie) ont un taux d’amidon compris entre 24 et 29 % de la fraction glucidique. En grande distribution : les laits “confort” ont un taux d’amidon extrêmement variable, parfois très faible, mais parfois supérieur à celui de certains laits AR puisque compris entre 3,3 % et 26,3 % de la fraction glucidique ; le taux d’amidon des laits “premium” se situe entre 12,6 % et 23 %. D’autres laits contiennent de l’amidon dans le but d’augmenter l’impression de satiété. Dans certains laits AR (vendus uniquement en pharmacie) cet effet anti-régurgitations n’est pas obtenu par le remplacement d’une partie des glucides par des amidons, mais par l’adjonction de farine de caroube, ce qui augmente efficacement la viscosité du lait mais accélère souvent le transit (ceci est intéressant chez les nourrissons dont les régurgitations sont aggravées par une constipation) avec parfois production de gaz et météorisme. Il existe des laits sans lactose, ou pauvres en lactose, utilisés en cas d’intolérance au lactose. Ils peuvent aussi être utilisés en cas de diarrhée si l’on suspecte une insuffisance lactasique secondaire. Les hydrolysats et les préparations “soja” sont sans lactose. Lipides Lors de la fabrication des laits infantiles, la fraction lipidique provenant du lait de vache est remplacée par des huiles végétales. En effet les graisses lactiques sont presque exclusivement composées d’acides gras saturés et sont pauvres en acides gras essentiels : elles ne contiennent que très peu d’acide linoléique et quasiment pas d’acide alpha linolénique. Quelques rares laits infantiles ont cependant conservé une certaine proportion de graisses lactiques. Les laits infantiles, différences de composition et allégations se rapprochant ainsi de la composition du lait maternel, comme les anciens “laits maternisés”. Cette composition accélère le transit mais entraîne parfois des fermentations acides avec gaz et douleurs abdominales lorsque la compétence lactasique du bébé n’est pas suffisante. Les précurseurs des acides gras poly-insaturés à longue chaîne, acide linoléique pour la famille oméga 6 et acide alpha linolénique pour la famille oméga 3, sont présents dans les laits infantiles. Dans les laits pour prématurés, ce sont les dérivés supérieurs des familles oméga 6 et oméga 3 qui sont proposés car l’enfant prématuré ne possède pas les compétences enzymatiques nécessaires (élongases et déshydrogénases) pour fabriquer, à partir des précurseurs, ces dérivés supérieurs : AA (acide arachidonique) pour la série oméga 6, EPA (acide eicosapentaénoïque) et DHA (acide docosahexaénoïque) pour la série oméga 3. Le lait de femme apporte les précurseurs et les dérivés supérieurs. Depuis quelques années, certaines préparations pour nourrissons et de suite sont enrichies en dérivés supérieurs, mais dans des quantités et des proportions variables entre oméga 3 et oméga 6 [2,3] : l’objectif est de permettre un meilleur développement neuro-sensoriel et visuel. Une restructuration des lipides avec l’acide palmitique en position 2 (betapol), est proposée dans certaines préparations pour nourrissons, dans le but d’optimiser l’absorption des lipides et la biodisponibilité du calcium, et d’accélérer le transit [6,17]. Certains laits infantiles proposent un pourcentage plus important de triglycérides à chaîne moyenne (TCM), lesquels sont plus facilement digérés et absorbés que les triglycérides à chaîne longue (TCL). Cet effet est recherché dans les formules destinées aux prématurés et dans certains laits proposés en cas de diarrhée. Modificateurs de la flore intestinale Les probiotiques sont des micro-organismes non pathogènes vivants qui, une fois ingérés en Tome XLIII - N° 223 - LE PÉDIATRE - PAGE 17 Les laits infantiles, différences de composition et allégations quantité adéquate, s’implantent dans le tube digestif pour modifier la flore intestinale et exercer un effet bénéfique démontré sur la santé de l’hôte [7,21,22]. L’adjonction de probiotiques essaie de reproduire l’effet du lait maternel qui oriente la flore intestinale vers une prédominance de bifidobactéries et de lactobacilles. Les prébiotiques sont des ingrédients non digestibles qui induisent un effet physiologique bénéfique pour l’hôte en stimulant de façon spécifique la croissance et/ou l’activité d’un nombre limité de populations bactériennes déjà établies dans le colon [23]. Les principaux prébiotiques ayant un effet bifidogène sont les fructanes (fructo-oligosaccharides, oligofructose, inuline) et les galacto-oligosaccharides. Il existe plus de 130 oligosaccharides dans le lait maternel. Certains laits infantiles contiennent les métabolites résultant de l’action de micro-organismes sur le lait ainsi que ces micro-organismes tués, dans le but de modifier la flore intestinale dans le sens d’un effet bénéfique pour l’hôte [18]. Ils ne peuvent être appelés probiotiques puisque les bactéries ne sont pas vivantes. Les nucléotides sont présents dans le lait maternel. Ils jouent un rôle dans la croissance et le remplacement des cellules de la paroi intestinale, l’entretien de la flore microbienne saprophyte, et l’expression des défenses immunitaires. Ils sont ajoutés dans certains laits avec comme objectifs la protection contre les diarrhées et l’augmentation de la concentration sérique de certains anticorps. Les effets bénéfiques recherchés par ces modifications de la flore intestinale sont principalement : une stimulation immunitaire, la prévention de la diarrhée aiguë, une réduction possible de manifestations allergiques, un effet sur la motricité du tube digestif et la trophicité intestinale. Laits acidifiés Une acidification de certains laits infantiles est réalisée par addition de ferments lactiques (tel le lactococcus lactis), dans le but de faciliter la digestion gastrique : le pH du lait ingéré, qui se situe normalement aux alentours de 7, est ainsi abaissé à 5. Cette facilitation du travail gastrique permet aussi d’accélérer la vidange gastrique. PAGE 18 - nibilité du fer contenu dans les laits infantiles, comme dans le lait de vache, est faible (5 à 10 %). Dans une formule nouvelle, le fer est proposé sous forme de sulfate de fer en association avec de la vitamine C, dans des microcapsules de phospholipides. Cette présentation permet d’éviter le risque de modifications pendant la traversée gastrique et augmenterait nettement la biodisponibilité du fer [26,27]. Laits issus de l’agriculture biologique Ces préparations sont fabriquées à partir de laits produits par l’agriculture biologique. Il faut proscrire les laits de soja, d’amande, de châtaigne, etc., vendus en grande distribution, qui n’obéissent pas aux obligations de la réglementation des laits infantiles, et ne sont donc pas adaptés aux nourrissons. LAITS INFANTILES : ALLÉGATIONS DE L’INDUSTRIE Il existe des formules spécifiques, indispensables pour prendre en charge certaines situations pathologiques comme la prématurité, l’allergie aux protéines du lait de vache (hydrolysats de protéines, ou acides aminés), la phénylcétonurie, l’insuffisance rénale, etc. Malgré le respect des normes imposées par les législations française et européenne, il existe des différences de composition qui permettent, ou permettraient, certains bénéfices pour le développement de l’enfant ou certaines modifications de comportement du tube digestif. Certaines allégations sont scientifiquement prouvées alors que d’autres ne reposent que sur des hypothèses sans études scientifiques. Il existe ainsi : • Des laits anti-régurgitations dont la viscosité est augmentée par un extrait de caroube ou par le remplacement d’une partie des glucides par des amidons de maïs, de riz, de tapioca ou de pomme de terre. Enrichissement en fer • Des laits hypoallergéniques dont la charge allergénique des protéines a été réduite par hydrolyse enzymatique et éventuellement chauffage. Ces laits HA doivent être utilisés à titre préventif, mais ils ne conviennent pas pour l’alimentation des enfants réellement allergiques aux protéines du lait de vache. Les laits de suite contiennent environ 20 fois plus de fer que le lait de vache, car la biodispo- • Des laits enrichis en prébiotiques ou en probiotiques dans le but de modifier la flore intesti- LE PÉDIATRE - Tome XLIII - N° 223 • Des laits acidifiés pour faciliter la digestion au niveau gastrique. • Des laits “transit” avec un sucrage majoritairement constitué de lactose et une diminution du rapport : caséine sur protéines solubles, pour faciliter le transit en cas de constipation. Cet effet “transit” est aussi recherché dans certaines formules par la présence de probiotiques ou de betapol. • Des laits devant permettre une impression de satiété plus prolongée, sans augmentation de l’apport énergétique, grâce à davantage de sucres complexes, beaucoup plus de caséine que de protéines solubles, et des acides gras à chaîne longue. • Des laits pauvres en lactose en cas de coliques du nourrisson, en supposant que ces coliques soient dues à une insuffisance lactasique. • Des laits pour nourrissons, enrichis en dérivés supérieurs des acides gras essentiels qui permettraient un meilleur développement neurosensoriel. • Des laits proposés en cas de diarrhée, avec peu ou pas de lactose (pour tenir compte des insuffisances lactasiques secondaires possibles), davantage de triglycérides à chaîne moyenne (pour permettre l’absorption d’une plus grande quantité de lipides), et moins de protéines solubles ou apport de protéines partiellement hydrolysées (pour limiter le risque de sensibilisation aux protéines du lait de vache pendant que la muqueuse intestinale est altérée). LE LAIT DE VACHE Il est encore trop souvent proposé au bébé pendant les premières années [5]. Par comparaison avec les laits infantiles, le lait de vache apporte : - des quantités excessives de protéines (3 à 3,5 g /100 mI, au lieu de 1,2 à 1,9 g /100 mI) ; - des quantités nettement insuffisantes de fer (0,03 mg /100 mI, au lieu de 0,7 à I mg /100 mI) ; - trop peu d’acides gras essentiels : acide linoléique (90 mg /100 mI, au lieu de 350 à 740 mg /100 mI) et acide alpha linolénique (traces au lieu de 30 à 100 mg /100 mI), sans dérivés supérieurs des acides gras essentiels ; - des triglycérides composés majoritairement d’acides gras saturés ; - un excès de sels minéraux (900 mg /100 mI, au lieu de 250 à 500 mg /100 mI). La charge osmolaire du lait de vache est de 23 mOsm/ 100 mI, alors qu’elle n’est que 8,3 à 20 mOsm/ 100 mI pour les laits infantiles : une charge osmotique trop élevée entraîne un excès de travail pour les reins et un risque accru de déshydratation dans certaines situations. Les laits infantiles, différences de composition et allégations nale pour se rapprocher de la flore intestinale induite par l’allaitement maternel. CONCLUSION En l’absence d’allaitement maternel, les préparations pour nourrissons (1 er âge), de suite (2e âge), puis pour enfant en bas âge (laits de croissance) doivent être impérativement préférées au lait de vache qui n’a pas sa place dans l’alimentation du nourrisson. Les grandes évolutions des formules pour nourrissons ont été : • l’adjonction de modificateurs de la flore intestinale ; • l’effet anti-régurgitation des amidons et de la caroube ; • la limitation de l’apport protéique avec amélioration de l’aminogramme ; • la supplémentation en dérivés supérieurs des acides gras polyinsaturés à longues chaînes. La connaissance des caractéristiques des différentes formules proposées est indispensable pour une utilisation raisonnée et adaptée des multiples préparations existantes sur le marché, selon le type de situation rencontrée en consultation pédiatrique. Il faut savoir décrypter les appellations commerciales, parfois sans rapport avec une quelconque caractéristique du lait proposé, et faire la différence entre les allégations scientifiquement démontrées et les allégations supposées. BIBLIOGRAPHIE 1. Apports nutritionnels conseillés pour la population française, coordonné par A. Martin, Tec & Doc édit., Paris 2001. 2. BIRCH EE. et ail. 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