Le Chicago Blues - Histoire du blues
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Le Chicago Blues - Histoire du blues
Le « Chicago » blues Alexandre Le Nagard 1. Introduction : Le Chicago Blues est une forme de blues qui s'est développée à Chicago dans l'Illinois par l'ajout d'instruments comme la guitare électrique, la guitare basse, la batterie, le piano, voire des cuivres, à la base classique du Delta blues, à savoir guitare acoustique et harmonica. C'est cette structure orchestrale qui sera plus tard à la base de l'orchestre de Rock. L'essor du Chicago Blues est dû principalement à l'exode rural, lors de la Grande dépression, des ouvriers noirs et pauvres du sud des États-Unis vers les villes industrialisées du nord, Chicago en particulier, au cours de la première moitié du XXe siècle. Au début le Chicago Blues s'est surtout forgé dans les rues et les clubs de Chicago. Mais très vite il a fortement gagné en popularité jusqu'à toucher l'ensemble des ÉtatsUnis puis l'Europe, particulièrement le Royaume-Uni. 2. Origines : La migration des sudistes vers le nord c’est amplifié entre les deux guerres en raison de la grave crise du coton. Les usines proposent des salaires décents. Pour les noirs, la migration vers le nord est encore plus séduisante puisqu’elle leur permet de franchir la ligne, celle tracée par Mason et Dixon, deux fonctionnaires du Congrès, au cours des années 1870, séparant les Etats ségrégationnistes des Etats où la séparation des races n’existe théoriquement pas. Le Nord se trouve paré de toutes les vertus et prend alors une aura légendaire : les dollars couleraient à flots, « l’ascenseur » social fonctionnerai à plein régime…La désillusion sera considérable, bien entendu. Mais pour l’émigrant sudiste parti tenter sa chance dans les villes industrielles du nord, il faudra donner l’apparence de la réussite à la famille et aux amis restés « au pays » sudiste : on ne revient que bien habillé (costume trois pièces et chaussures étincelantes) et petite amie « de la ville » au bras !Et l’enfant prodige ne doit pas écouter du blues (musique de paysans mal élevés) ; il achète des disques de musiciens sophistiqués qui tentent de jouer « jazzy » pour faire classe et qui au fur et à mesure de la migration de leurs compatriotes tente de répondre avec leur musique à cette demande d’honorabilité. Chicago, situé très au Nord devient l’étape ultime la plus prisée des migrants sudistes. C’est une ville industrielle à l’activité bourgeonnante et dotée de studios d’enregistrements perfectionnés (contrairement à Memphis et St louis) qui contribuent à attirer les musiciens en quête de notoriété et de réussite. Ils se retrouvent alors dans les nombreux clubs, bars et tavernes des quartiers sud et ouest et se réunissent en constituant de petits cercles de musiciens professionnels. 3. Style et évolution: Pour séduire la petite bourgeoisie noire installé au début du XXème siècle et qui prône ces valeurs d’intégrations et d’honorabilité-et qui ne voit pas d’un très bon œil cet afflux incontrôlé d’immigrants sudistes qui parlent mal, se conduisent encore plus mal et jouent du blues- le blues va s’imposer en prenant une forme urbaine avec de petites formations tirants vers le jazz, jugé plus convenable. Le producteur Lester Melrose contribuât grandement à forger ce style qu’on a appelé «le Bluebird sound » (voir encadré) La seconde guerre mondiale apporte des modifications considérables dans la société américaine comme bien entendu dans la musique. A Chicago, la population afro-américaine passe de 15 000 personnes en 1890,26 à 44 000 en 1910 ,27 et 234 000 en 1930 de main d’ouvre de l’économie de guerre est telle que se sont quelques 300 000 noirs que l’on dénombre en 1943 ! Cette nouvelle vague d’émigrants sudiste ne s’intéresse pas à ce blues policé qu’ils jugent édulcoré et loin du vrai style. Les goûts du public changent. Les musiciens issus de cette nouvelle vague vont donc amener de et imposer partout dans les clubs et dans les rues ce blues rural du delta qu’ils ont amené avec eux et qu’ils vont revivifier grâce à l’amplification ; avec des sonorités plus bruts, plus profondes, plus intenses et dramatiques. L’industrie du disque, elle aussi profondément modifié par la guerre ne va pas tarder à suivre avec l’émergence de nombreux labels et producteurs indépendant (et souvent non professionnel : patrons de bars Formation Typique de Chicago blues : reconvertis)… C’est ces sonorités nouvelles d’abord exprimés par un musicien seul (parfois accompagné d’une contrebasse et/ ou d’un piano) mélangé à la formation type créé dans les années 30 qui va donne ce qu’on appelle communément aujourd’hui le Chicago blues et qui va avoir des répercutions énormes sur toute la musique de la seconde moitié du XXème siècle. -Chant -Guitare solo (et/ou rythmique) -Piano -Basse -Batterie +parfois des cuivres (souvent un saxophone) Lester Melrose et le « Bluebird sound » Lester Melrose (14 décembre 1891-12 avril 1968) fut l'un des premiers producteurs américains de disques de blues et “A & R man”. Il a travaillé pour plusieurs maisons de disques simultanément dans les années 1930, RCA Victor et sa filiale Bluebird, Columbia et Okeh. Pour séduire un public noir de plus en plus urbanisé, il propose grâce entre autre à Bluebird record, une filiale de RCA, des 78 tours vendus à très bas prix et qui constituent un marché juteux pour les maisons de disques. À bien des égards Melrose peut être considéré comme des fondateurs du blues de Chicago. Sa principale contribution a été d'établir un son avec des arrangements de groupe, un jeu d'ensemble et une section rythmique et qui préfigure le blues électrique et le R&B de la fin des années 1940 et deviendra la dominante principale du rock and roll. La plupart de ses enregistrements ont été réalisée avec un petit groupe de musiciens qui avaient un son similaire ensemble. Muddy Waters, qui a été rejetée lorsqu'il a auditionné pour Melrose, a appelé ce style « sweet jazz ». La musique était un mélange de blues noir et de styles de vaudeville mélangé avec des rythmes swing plus récents. Le « Melrose sound » a dominé le Chicago blues avant la seconde guerre mondiale 4. Bill Broonzy: le Chicago blues des années 30-40 Biographie : -William Lee Conley Broonzy est né le 1893 ?1898 ?1901 ?1903 ? Scott (Mississippi).Mort d’un cancer du poumon le 15 aout 1958 à Chicago. - Passe son enfance et adolescence à Jefferson County (Arkansas) travail comme ouvrier agricole. Il commence la musique par l’apprentissage du violon : « A cette époque je n’étais qu’un violoneux. Je jouais des scottishes, des glissés, des valses… » -Part servir sous les drapeaux en 1917-19 en Europe, pendant la seconde guerre mondiale. -Part pour Chicago vers 1920. Etudie la guitare auprès de Papa Charlie Jackson, joueur de banjo-guitare à six cordes. -Premiers enregistrements en 1927, à Chicago, dans un style ragtime. Puis en 1930 au sein des « Famous Hokum boys » - La réputation de Broonzy grandit de plus en plus et il participe en 1938 au Carnegie Hall au fameux concert « From Spiritual to Swing » (en remplacement de Robert Johnson récemment décédé) produit par John H. Hammond. Il est également apparu dans le concert de 1939 au même endroit. -Entre 1927 et 1953 il enregistre pour Paramount, Columbia, RCA, Bluebird, Vocalion et Mercury quelques 300 disques en tant que vedette et presqu’autant en tant qu’accompagnateur ! Il devient le « roi » du Chicago blues des années 30-40. -A partir du début des années 50, il se réinvente folk singer, séjourne en Europe (surtout en France et en Belgique) en se présentant comme le dernier des grand chanteurs de blues, préfigurant le folk revival des année 50-60 et préparant ainsi le blues boom des années 60.Il enregistre de nouveau abondamment pour Vogue, Folkways, Chess, Mercury et Verve (« Last session » en 1957 document majeur de l’histoire du blues, où Bill joue de nombreux standards de toutes les époques et styles de blues et raconte son histoire, offrant un des témoignages les plus poignant sur l’histoire du blues) 5. Muddy Waters: le Chicago blues des années 40-50 Biographie : -Mc Kinley Morganfield dit « Muddy Waters » est né le 4 avril 1915 à Rolling Fork (Mississippi).Mort d’une crise cardiaque le 30 avril 1983 à Chicago. -Sa mère, qui décède quand il a 3 ans, le surnomme « Muddy Waters » (eaux boueuses) par ce qu’il jouait le long des berges du Mississippi et rentrait chez lui le corps couvert de fange. Il est élevé par sa grand-mère à Clarksdale sur la plantation Stovall. -Premiers enregistrements en 1941-42 pour la bibliothèque des congrès. -Arrivé à Chicago en 1943.Enregistre quelques titres pour Columbia, grâce à Big Bill Broonzy (non publiés). -De 1947 à 1967 enregistre pour Chess (tout d’abord nommé Aristocrat). -Deviens une vedette internationale et continuer de perpétuer le Chicago blues à travers le monde jusqu'à sa mort. Eléments de style : « Ce que je voulais avant tout c’est être connu » ; « Je souhaitais me hisser au premier plan » ; « Little Walter, Jimmy Rodgers et moi, nous allions partout à la recherche d’orchestres. Entre nous, on s’appelait les Headhunters (chasseurs de têtes) parce qu’on cherchait à s’introduire partout et, si possible, à prendre la place des autres. » - Muddy Waters fonde son style dans le blues du Delta du Mississippi, influencé par Robert Johnson et Son House, qu’il vénère et imite. Les deux étaient les Maîtres incontestés du style d'accompagnement à la guitare avec «le bottelneck », caractéristique de la région. Avec cette technique, le bluesman du Delta pourrait utiliser la guitare comme une extension parfaite de sa voix, le bottelneck produisant un glissement correspondant aux tremblements, aux liés, aux notes glissés et à toute l'ambiguïté tonale de la voix qui sert à chanter le blues. Il puisera d’ailleurs dans le vieux fonds du Delta blues pour ses premiers enregistrements chez Chess : « Rollin’ and tumblin’», « Catfish blues » rebaptisé Rollin’ stone qui donnera son nom à une fameux groupe de rock anglais… Waters se donne une personnalité et un son spécifique, tantôt lugubre, tantôt gouilleur, dont le ton alterne entre menace et célébration. Pour expliquer en quoi son style était différent de ses prédécesseurs du Chicago blues tels Tampa Red et Big Bill Broonzy, Waters expliquait (à Tom Wheeler du magazine Guitar Player) : « Mon son était plus rouillé, plus rocailleux » 6. References : Wikipedia : http://en.wikipedia.org/wiki/Big_Bill_Broonzy http://en.wikipedia.org/wiki/Chicago_blues http://en.wikipedia.org/wiki/Bluebird_Records http://en.wikipedia.org/wiki/Lester_Melrose Autres sites : http://www.muddywaters.com/bio.html Livres: -“Nothing but the blues”-Lawrence Cohn-Abeville Press -“Blues vinyls”- Stephane Koechlin-Editions Stéphane Bachès Magazines: “Best of blues”-Hors série n°6 7. Autres artistes majeurs, emblématiques du Chicago blues : Willie Dixon Années 30-40: Piano: Big Maceo, Blind John Davis, Memphis Slim Guitare: Big Bill Broonzy, Tampa Red, Arthur “Big boy” Crudup, Memphis Minnie Harmonica: John Lee “Sonny Boy” Williamson I, Jazz Gillum Années 50: Piano: Otis Spann Guitare: Jimmy Reed, Elmore James, Howlin’ Wolf, JB Lenoir, Robert Nigthhawk Harmonica: Sonny Boy Williamson II (Rice Miller), Little Walter, Billy Boy Arnold Chanteuses: Koko Taylor, Sugar Pie de Santo, Etta James A&R : Dans l’industrie musicale, l'A&R (abréviation d'Artists and Repertoire) est une division d’un label discographique responsable de la découverte de nouveaux artistes ou de groupes à qui proposer un contrat. L’A&R représente le lien entre l’artiste et la compagnie, et agit pour elle en tant que conseiller. Un A&R (le terme définissant aussi un poste) travaille souvent à négocier avec les artistes, éventuellement à leur chercher des compositeurs ou des producteurs, et à organiser les sessions. Au Royaume-Uni, avant l’émergence de la figure du producteur discographique, le manager A&R dirigeait les sessions en studio et assumait les décisions relatives à l’enregistrement d’une œuvre.