Le livret d`accompagnement partie 1
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Le livret d`accompagnement partie 1
La France du bout du monde Les Terres australes et antarctiques françaises (Taaf) constituent la partie la plus australe de la France. Souvent méconnues, elles forment depuis la loi du 6 août 1955 un Territoire d’outre-mer doté de l’autonomie administrative et financière. 1. Ces territoires lointains Les Taaf sont constituées de cinq districts. - - - Le premier, les îles Éparses, est composé d’îles situées en zone tropicale : l’archipel des Glorieuses, Juan de Nova, Europa et Bassas da India dans le canal du Mozambique et Tromelin au nord de la Réunion. Trois autres sont subantarctiques et se situent au sud de l'océan Indien : les îles Saint-Paul et Amsterdam, l’archipel Crozet et l’archipel des Kerguelen. Le cinquième est une portion du continent Antarctique, la terre Adélie. Carte générale des Taaf L’ensemble de ces terres procure à la France une Zone Économique Exclusive (ZEE) 2 de plus de 2 500 000 km , soit 4,5 fois la surface de la France, riche en ressources maritimes et en biodiversité. Une ZEE est un espace maritime sur lequel l’État côtier exerce des droits exclusifs en matière de gestion et d’exploitation. La collectivité des Taaf dispose d’un budget d’environ 26 millions d’euros. Elle est placée sous l’autorité d’un préfet, administrateur supérieur, qui est à la fois le représentant de l’État et le responsable de la collectivité. Le siège des Taaf est installé depuis 2000 à Saint-Pierre de la Réunion situé dans l’océan Indien. 5 Document Galerie Eurêka /11/2010 1.1. Les îles Éparses, de petites îles coralliennes Les îles Éparses sont un ensemble de petites îles d’origine corallienne, d’une superficie totale de 44 km2. Situées autour de Madagascar, dans la zone de formation ou de passage des cyclones, elles ont un climat tropical ou subtropical. Cependant, l’absence de relief limite les précipitations : en effet, le point culminant ne dépasse pas les quelques mètres d’altitude ! Juan de Nova Archipel des Glorieuses Juan de Nova est une île en forme de croissant, 2 d’une superficie de 5 km . Protégée par un vaste lagon et une barrière corallienne, elle est composée d’un socle rocheux corallien et de dunes de sable pouvant atteindre 12 m de haut. L’archipel des Glorieuses, d’une 2 superficie totale de 7 km est composé de deux îles coralliennes sablonneuses : la Grande Glorieuse de 3 km de diamètre et l’île du Lys de 600 m de diamètre. Trois petits récifs coralliens, le Rocher du sud, les Roches vertes et l’île aux Crabes, complètent l’archipel. Le tout est entouré d’un lagon. Timbre émis en 2009 Bassas da India Bassas da India est un atoll en formation d’une superficie de 2 moins de 1 km , totalement dénudé. À marée haute, l’île est à peu près intégralement recouverte par la mer. Carte des îles Éparses Tromelin Europa Timbre émis en 2009 L’île d’Europa, d’une superficie 2 de 30 km , est la plus importante. Elle a une forme grossièrement circulaire. Un lagon et une mangrove couvrent le • Découverte cinquième de l’île dans la partie nord-ouest. 6 L’île Tromelin est une petite île plate et recouverte de 2 sable de 1 km . Très isolée des autres, elle est entourée par un fond abrupt d’environ 4000 mètres de profondeur. Son accès maritime est dangereux. Timbre émis en 2009 Document Galerie Eurêka /11/2010 1.2. Saint-Paul et Amsterdam, des volcans inactifs Le district de Saint-Paul et Amsterdam est composé de deux îles distantes d’environ 85 km, l’île Saint-Paul et l’île d’Amsterdam. Toutes deux sont des volcans actuellement inactifs. Elles bénéficient d’un climat océanique doux, marqué par l’absence de neige et de gelée et la présence constante d’un vent d’ouest. Carte d’Amsterdam 2 D’une superficie de 58 km , l’île d’Amsterdam, d’aspect massif, culmine à 881 m et est ceinturée de falaises abruptes. En effet, l’île est le sommet émergé d’un volcan marin dont une partie s’est effondrée, laissant place à une falaise haute de 700 m. Timbre émis en 2007 Ses côtes rocheuses, peu découpées et dépourvues d’abris, n’offrent pas d’accès facile à la navigation. Carte de Saint-Paul L’île Saint-Paul, d’une superficie de 2 8 km , culmine à 268 m. Elle est caractérisée par la présence d’un cratère central envahi par la mer, avec une passe peu profonde délimitée par deux jetées naturelles de blocs rocheux. Timbre émis en 1999 La présence de sources d’eau chaude, au fond du cratère, témoigne de l’activité volcanique assoupie des lieux. 7 Document Galerie Eurêka /11/2010 1.3. Les îles Crozet, un groupe de cinq îles L’archipel des Crozet, culminant à 1050 m d’altitude, est composé de cinq îles volcaniques d’une superficie totale de 340 km2. Le climat est typique de la zone subantarctique, particulièrement venteux et pluvieux, avec une température moyenne de 5°C mais qui ne descend généralement pas en-dessous de 0°C en hiver. Timbre émis en 2007 Carte des îles Crozet L’archipel est divisé en deux groupes distants d’environ 110 km. Le groupe occidental, également appelé îles Froides, est particulièrement hostile et quasi inaccessible. Il comprend l’île 2 aux Cochons, de 25 km , l’île des Pingouins et les îlots des Apôtres. Le groupe oriental comprend les deux plus grandes îles : l’île de 2 2 la Possession de 146 km et l’île de l’Est de 100 km . Timbre émis en 2007 Timbre émis en 2007 1.4. Les îles Kerguelen, une grande île et ses îlots L’archipel des Kerguelen, jadis surnommé îles de la Désolation, est également d’origine volcanique. D’une superficie de 7 215 km2, il est constitué d’une île principale, la Grande Terre. Celle-ci est entourée de plus de 300 îles et îlots satellites, pour la plupart très proches, excepté les îles Nuageuses et les îles Leygues au nord, et quelques îlots solitaires au sud. 8 Document Galerie Eurêka /11/2010 Le climat de Kerguelen est océanique, froid mais non glacial, et extrêmement venteux, l’archipel se trouvant aux latitudes situées entre le 48e et 50e parallèle, surnommées les « cinquantièmes hurlants ». Carte des îles Kerguelen La Grande Terre représente 92% de la superficie totale de l’archipel, 2 e soit 6675 km , ce qui en fait la 3 plus grande île de France après la Grande Terre de la NouvelleCalédonie et la Corse. Elle culmine au mont Ross, à 1850 m d’altitude, et est couverte, à l’ouest, par la calotte glaciaire Cook. Timbre émis en 2007 1.5. La terre Adélie, sur le continent Antarctique Le cinquième district, la terre Adélie, est situé sur le continent Antarctique. Il forme un secteur angulaire de 432 000 km2 de calotte glaciaire, soit 0,8 fois la France. Il a pour sommet le pôle Sud géographique et pour base la portion de côte de 350 km de longueur baignée par la mer Dumont d’Urville. Carte de l’Antarctique Son climat, glacial, est caractérisé par de très basses températures, variant de 0 à -40°C, et des vents violents souvent chargés de particules de glace, les blizzards. À partir du mois de mars, la mer se recouvre d’une banquise pouvant atteindre 1 à 2 m d’épaisseur rendant l’accès par bateau impossible. Le retour de l’été austral entraîne la débâcle de cette glace qui part à la dérive. 9 Document Galerie Eurêka /11/2010 2. Un peu d’histoire Découvertes tardivement, les Taaf ont une histoire récente, marquée par l’affirmation de la souveraineté française et des tentatives de colonisation. 2.1. Le temps des découvertes, du XVIe au XIXe siècle La découverte des différents districts des Taaf est liée à deux grandes aventures maritimes : l’utilisation de la route des Indes à partir du XVIe siècle et la recherche du continent austral à partir du XVIIIe siècle. a) Sur la route des Indes À partir du XVIe siècle, les grandes puissances européennes commercent avec l’Asie. Une fois passé Le Cap, trois grandes « routes des Indes » s’offrent aux navigateurs : le passage intérieur, la petite route et la grande route. Les routes de l’océan Indien Avant l’ouverture du Canal de Suez, trois routes reliaient l’Europe à l’Asie : le « passage intérieur » par le canal du Mozambique ; la « petite route » par l’Est de Madagascar ; la « grande route » par le Sud de l’océan Indien. Les îles Éparses ont donc probablement été découvertes fortuitement par les européens au XVIe siècle par les premiers navires marchands qui ont suivi le « passage intérieur ». Elles ont même pu servir de refuges à des pirates ! Ainsi, le célèbre Olivier Levasseur, dit « La Buse », aurait séjourné sur Juan de Nova… En revanche, l’île Tromelin, à l'écart des routes de navigation, ne sera découverte qu'en 1722 par un navire français de la compagnie des Indes, la Diane, commandé par Jean- Marie Briand de la Feuillée. 10 Document Galerie Eurêka /11/2010 Aux origines des noms… Juan de Nova L’île porte le nom d’un noble galicien, amiral au er service du roi Manuel I du Portugal, qui l’a découverte en 1501. Europa En décembre 1774, les membres de l’équipage du navire Europa donne à cette île le nom de leur vaisseau. Tromelin Le 31 juillet 1761, un navire de la Compagnie française des Indes Orientales fait naufrage sur l’île alors qu’il transporte des esclaves. L’équipage abandonne alors les 60 esclaves et regagne Madagascar dans une embarcation de fortune, promettant de venir les rechercher. Cette promesse ne fut jamais tenue. En raison des vents violents, l’île était soigneusement évitée à l’époque. Ce n’est que quinze ans plus tard, le 29 novembre 1776, que le chevalier de Tromelin récupérera huit survivants. L’île sera ainsi nommée Tromelin en hommage à ce chevalier. L’archipel des Glorieuses En 1879, le réunionnais Hippolyte Caltaux accoste sur cet archipel qu’il nommera par la suite « Glorieuses », probablement pour perpétuer dans l’océan Indien le souvenir de la révolution française de 1830. Les îles Saint-Paul et Amsterdam se trouvent quant à elles sur l’itinéraire de la « grande route », entre Le Cap et les îles de La Sonde. Ainsi, l’île Amsterdam est aperçue le 18 mars 1522 par un des compagnons de Magellan (1480-1521), le basque Juan Sebastián Elcano. L’île Saint-Paul, elle, apparaît pour la première fois sur une carte portugaise de 1599 sous le nom de Nao Sao Paulo. Elles sont ensuite observées à plusieurs reprises, et quelquefois confondues, par des navigateurs au début du XVIIe siècle. b) À la poursuite de la « Terre australe inconnue » Dès le Ve siècle avant J-C., les Grecs supposaient l’existence d’un continent au pôle Sud, sensé faire contrepoids aux terres connues de l’hémisphère Nord. Abandonnée au Moyen-âge, cette idée ressurgit à la Renaissance avec le mythe de la Terra Australis Incognita. Dès lors, de nombreux explorateurs, partis à sa recherche explorent les mers du Sud. C’est ainsi qu’en 1772, le navigateur malouin Marc-Joseph MarionDufresne (1729-1772) explore le Sud de l’océan Indien à bord du Mascarin. Le 13 janvier 1772, il atteint l’île Marion et l’île du Prince Édouard, aujourd’hui possessions sud-africaines. Timbre émis en 1974 11 Document Galerie Eurêka /11/2010 Puis le 24 janvier 1772, il découvre un nouvel archipel, les îles Crozet. Il fait débarquer sur l’île de la Possession son second Julien Crozet qui y dépose une bouteille contenant un parchemin aux armes du roi de France. Une fin tragique Après la découverte des îles Crozet, Marion-Dufresne cherche une terre pour effectuer des réparations sur son bateau endommagé. Le 4 mai 1772, il atteint la Nouvelle-Zélande. Les premiers contacts avec les Maoris sont plutôt amicaux. Cependant, après l’abattage de kaoris, des arbres sacrés pour les indigènes, ces derniers enlèvent Marion-Dufresne et les hommes restés à terre. Une expédition pour tenter de retrouver leurs traces découvrira des restes avec des indices de pratiques cannibales… Timbre émis en 1992 La même année, deux navires du roi de France, La Fortune et le Gros Ventre, commandés par le chevalier Yves Joseph de KerguelenTremarec, (1734-1797) entament une expédition dans les mers du Sud. Le 12 février 1772, l’équipage aperçoit une côte inconnue et pense avoir découvert le continent austral. Il baptise donc cette nouvelle terre « France australe » et en prend possession au nom de roi. Il s'agit, en réalité, des îles Kerguelen. Timbre émis en 1997 Timbre émis en 1972 Une tempête sépare alors les navires. Kerguelen, à bord de La Fortune, rentre en France seul, abandonnant le Gros Ventre qui l’attendra et le recherchera vainement. Reçu en France comme un nouveau Christophe Colomb, l’opportuniste chevalier fait au roi une description très optimiste de la terre qu’il a découverte, et le convainc d’organiser une seconde expédition. Celle-ci part le 26 mars 1773. Mais à son retour, ses membres ne décrivent au roi qu’une terre de désolation, comme l’avait précédemment fait l’équipage du Gros Ventre finalement rentré à bon port. Kerguelen est alors traduit en conseil de guerre et condamné à 6 ans de prison. 12 Document Galerie Eurêka /11/2010 Le capitaine James Cook Un autre célèbre navigateur, le britannique James Cook (1728-1779), a exploré les mers australes. Il fut même le premier à franchir le cercle polaire arctique. C’est lui qui a donné leurs noms aux archipels Crozet et Kerguelen, ainsi qu’à l’île Marion, en hommage à leurs découvreurs. En réalité, l’Antarctique ne sera aperçue pour la première fois qu’en 1820 par une expédition russe. Il faut ensuite attendre le 26 janvier 1840 pour que le français Jules-Sébastien Dumont d’Urville (1790-1842), commandant de l’Astrolabe et de la Zélée, plante le drapeau français sur cette nouvelle terre qu’il baptise terre Adélie en hommage à sa femme prénommée Adèle. Timbre émis en 1981 2.2. La mise en place de la souveraineté française La France a officiellement pris possession de Saint-Paul et Amsterdam en 1843, de l’archipel des Kerguelen en 1893 et de l’archipel Crozet en 1923. Ce n’est pas le cas des îles Éparses. À la fin du XVIIIe siècle et au cours du XIXe siècle, celles-ci sont peu à peu intégrées à l’Empire colonial français. Mais au moment de l’indépendance de Madagascar en juin 1960, la question de l’intérêt géopolitique des îles Éparses se pose. Elles sont situées sur une importante route maritime, comportent une importante Zone Économique Exclusive, ZEE, et peuvent servir de site d’essai nucléaire. Dans ce contexte, le général De Gaulle réaffirme la souveraineté de la France sur ces îles. Elles sont alors placées sous l’autorité du ministre chargé de l’outre-mer qui en délègue la gestion au préfet de la Réunion. En 2005, celle-ci est confiée au préfet des Taaf. Puis le 21 février 2007, elles sont incorporées aux Taaf. Cependant, Europa, Juan de Nova, Bassas da India et les Glorieuses sont toujours revendiquées par Madagascar, tandis que Tromelin est Timbre émis en 1991 revendiquée par la République de Maurice. Pour affirmer la souveraineté française et assurer la protection et la sauvegarde de l’environnement, des détachements militaires sont donc installés sur l’île Europa, l’île Grande Glorieuse et l’île Juan-de-Nova depuis 1973. De plus, des navires de la Marine nationale et des appareils de l’Armée de l’air assurent à la fois la surveillance de la Zone Économique Exclusive et le ravitaillement des garnisons. 13 Document Galerie Eurêka /11/2010 Un accord cadre de cogestion de l’île de Tromelin entre la France et l’île Maurice a été signé en 2010. Il porte sur la gestion durable des ressources halieutiques, la protection de l’environnement et la recherche archéologique sur les esclaves oubliés. Enfin, en terre Adélie, la souveraineté française s’exerce dans le contexte du Traité international de Washington de 1959 qui a gelé toutes les revendications territoriales et affirmé la liberté de la recherche scientifique sur tout le continent. Elle doit donc être compatible avec les exigences du traité qui a été complété en 1991 par le protocole de Madrid qui fait de ce continent « une réserve naturelle consacrée à la paix et à la science ». Timbre émis en 2009 Le traité suspend les revendications territoriales sur l’Antarctique. Toute mesure de nature militaire et non-pacifique y est interdite. 2.3. Des îles et peu d’hommes… a) De malheureuses tentatives de colonisations Depuis leur découverte, les îles subantarctiques ont connu une histoire marquée par de multiples tentatives de mise en valeur : usine baleinière et élevage de moutons sur Kerguelen, usine de langoustes sur Saint-Paul, élevage de vaches sur Amsterdam… Malheureusement, les conditions de vie précaires et les maladies comme le scorbut et le béribéri, dues à une carence en vitamines C, ont précipité la fin tragique de ces expériences. Toutes ont échoué et se sont soldées parfois par la mort de nombreux colons. Les oubliés de Saint-Paul En 1928, une usine de langouste est implantée sur Saint-Paul. Après deux saisons de pêche fructueuse, en janvier 1930, sept personnes acceptent de rester sur l’île pour surveiller le matériel. Malheureusement, le scorbut frappe durement les colons qui décèdent les uns après les autres, tandis que des changements dans la société qui les emploie retardent la relève. Lorsque celle-ci atteindra enfin l’île un an plus tard, elle ne retrouvera que trois survivants. Mais l’histoire ne s’arrête pas là ! En effet, la relève apporte un contingent d’une centaine de Malgaches et de 22 Bretons pour la nouvelle campagne de pêche. Mais en mars 1931, une terrible épidémie se déclenche et quarante-quatre Malgaches meurent du béri-béri. La décision est donc prise de rapatrier tout le monde. Mais avant de venir chercher les survivants, l’Austral passera également par Kerguelen pour secourir des fermiers victimes du scorbut qui tentaient d’élever des animaux à PortCouvreux. 14 Document Galerie Eurêka /11/2010 Cimetière sur Europa Des tentatives de colonisation ont également eu lieu sur les îles Éparses : exploitation du sisal et des écailles de tortues de 1905 à 1910 sur Europa, exploitation du guano, les excréments des oiseaux marins, de 1900 à 1968 sur Juan de Nova, cocoteraie exploitée jusqu’en 1958 sur les îles Glorieuses…. De nombreuses infrastructures témoignent encore de ces occupations. b) Le temps des scientifiques À partir des années 50, des bases comprenant des logements d’habitation, des ateliers et des laboratoires sont construites afin d’assurer le développement et la pérennité des activités scientifiques. Des stations météorologiques sont installées sur Europa, Juan de Nova, Glorieuses et Tromelin. Elles sont aujourd’hui toutes automatisées à l’exception de Tromelin où travaillent quatre météorologues. La base scientifique de Martin-de-Viviès est construite à Amsterdam, la base Port-aux-Français à Kerguelen, la base Alfred Faure sur l’archipel Crozet et la base Port-Martin en terre Adélie. Cette dernière, entièrement détruite par un incendie en 1952, sera remplacée en 1956 par la base Dumont d’Urville sur l’archipel de Pointe-Géologie. Aujourd’hui, les districts subantarctiques et la terre Adélie n’ont donc pas de population permanente. Les bases accueillent de 50 à 100 personnes, scientifiques et personnels techniques, qui y séjournent de 6 mois à un an. Les îles Éparses accueillent quant à elles des garnisons militaires et des météorologues relevés tous les 30 à 45 jours. Le ravitaillement des bases . Les bases de Crozet, Kerguelen et Amsterdam sont desservies par la mer, avec le Marion Dufresne au départ de la Réunion. L’Astrolabe, depuis le port d’Hobart en Australie, assure le ravitaillement du district antarctique de terre Adélie. Le Marion Dufresne L’Astrolabe Quant aux îles Éparses, elles sont ravitaillées par avion militaire. 15 Document Galerie Eurêka /11/2010 Terres de nature et de science Les Terres australes et antarctiques françaises disposent d’une biodiversité exceptionnelle, souvent sous-estimée. L’isolement géographique, le caractère insulaire et une occupation humaine historiquement limitée ont en effet protégé ces territoires constituant pour la faune et la flore des sanctuaires quasi-intacts. Ce patrimoine naturel confère donc à ces territoires des enjeux scientifiques et environnementaux de première importance. 1. Une biodiversité exceptionnelle 1.1. Les îles Éparses, un sanctuaire tropical Les îles Éparses, qualifiées de « sanctuaires océaniques de la nature primitive », disposent d’un patrimoine biologique terrestre et marin remarquable. Elles abritent des écosystèmes tropicaux parmi les plus diversifiés et complexes de la planète, comme la mangrove dans le lagon d’Europa ou les récifs coralliens. Plus de 60 espèces de coraux sont présents à Europa et près d’une centaine à Juan de Nova ! Mangrove à Europa Europa est la seule île possédant une végétation indigène quasi intacte. Les parties les plus rocailleuses sont recouvertes d’une forêt d’euphorbes et le lagon d’une mangrove qui confère à l’île une originalité floristique et écologique. Mais les îles Éparses représentent avant tout des sanctuaires d’intérêt international pour les oiseaux marins tropicaux. Elles abritent en effet 13 espèces d’oiseaux marins sur les 24 nichant dans l’océan Indien occidental et 3 millions de couples, sur les 7 millions de cette vaste région. Le fou à pied rouge Sur l’île d’Europa vivent 13 espèces d’oiseaux marins, frégates, fous, sternes… dont deux sous-espèces endémiques : l’oiseau-lunette de Voeltzkow et le paille-en-queue à brins blancs. 16 Document Galerie Eurêka /11/2010 La diversité biologique marine y est aussi unique. Les plages des îles sont des lieux de pontes importants pour deux espèces de tortues marines. La tortue verte est la plus abondante et fréquente les plages d’Europa, Juan de Nova, Glorieuses et Tromelin. La tortue imbriquée, plus rare, se reproduit sur Juan de Nova. De plus, le canal du Mozambique est fréquenté par des mammifères marins relativement sédentaires, comme les dauphins ou les baleines à becs, mais également par de grands cétacés migrateurs comme les baleines à bosse venant s’y reproduire. Tortue imbriquée La tortue imbriquée est l’une des espèces de tortue marine les plus menacées. Baleine à bosse L’archipel des Glorieuses constitue un site de reproduction pour les baleines à bosse. 1.2. Les îles subantarctiques, loin de tout continent Les îles Crozet, Kerguelen, Saint-Paul et Amsterdam présentent également des milieux encore intacts. Dans un isolement total, à des milliers de kilomètres de tout continent, les plantes et les animaux ont développé des adaptations originales, au cours de plusieurs millions d’années d’évolution. Situées à la convergence des eaux froides de l’Antarctique et des courants plus chauds de l’océan Indien, les eaux des îles sont particulièrement riches en crustacés, en calmars et en poissons. Elles constituent ainsi un lieu privilégié de rassemblement des animaux. Ils trouvent de quoi s’alimenter et utilisent la terre ferme pour se reproduire. Ainsi, des mammifères marins comme les éléphants de mer, les otaries, les léopards de mer et les communautés d’oiseaux marins les plus riches et diversifiées au monde avec diverses espèces de manchots (manchots royaux, manchots papous…), de gorfous (gorfous dorés, gorfous sauteurs…) de pétrels, d’albatros, de skuas, de goélands, de sternes… se retrouvent sur les plages. Les effectifs peuvent atteindre plusieurs millions d’individus, soit les biomasses d’oiseaux les plus importantes que l’on connaisse avec 60 tonnes au km2 à Crozet ! 17 Document Galerie Eurêka /11/2010 De nombreux cétacés chassant les jeunes éléphants de mer et les manchots sont également présents. Crozet et Amsterdam accueillent ainsi une population d’orques. Orque au large de Crozet Combat d’éléphants de mer et colonie de manchots royaux à Kerguelen La flore des îles subantarctiques est également diversifiée. Pas moins de 70 espèces de plantes, dont 24 espèces endémiques à la région subantarctique, sont dénombrées. Il s’agit essentiellement de végétation basse herbacée. Cependant, l’île d’Amsterdam abrite une espèce d’arbre, la seule présente dans les îles subantarctiques : le phylica. Une espèce emblématique : Le chou de Kerguelen Pringlea antiscorbutica Cette espèce est endémique à la région subantarctique. Malgré son goût amer, il peut être consommé et a sauvé bien des marins du scorbut par le passé ! 1.3. En terre Adélie L’Antarctique est aujourd’hui la seule grande région froide du globe qui soit dans un état voisin de son état d’origine, ce qui est loin d’être le cas de l’Arctique. Elle abrite peu d’espèces d’oiseaux, mais les populations sont très importantes. Sur ce plan, l’archipel de PointeGéologie est exceptionnel. Huit des neuf espèces que compte l’Antarctique viennent s’y reproduire : le manchot empereur, le skua antarctique, le manchot Adélie, l’océanite de Wilson, le pétrel géant, le fulmar antarctique, le pétrel des neiges et le damier du cap. Une espèce de mammifères marins, le phoque de Weddell, s’y reproduit également. 18 Document Galerie Eurêka /11/2010 La Marche de l’empereur La colonie de manchots empereurs est la seule se trouvant à proximité d’une base, ce qui permet à un grand nombre d’études d’avoir lieu dans d’excellentes conditions. C’est d’ailleurs à cet endroit qu’en 2004, Luc Jacquet a réalisé le documentaire « La Marche de l’empereur ». Pingouins vs manchots ! En Français, on a tendance à confondre manchots et pingouins. Mais même si tous les deux sont blanc et noirs, ces oiseaux sont complètement différents ! En effet, les pingouins, qui vivent dans l'hémisphère Nord, peuvent voler. Quant aux manchots, ils ne volent pas et vivent dans l'hémisphère Sud. Par contre, leurs ailes leur permettent de nager. L’anglais participe à cette confusion, puisque « manchot » se traduit par penguin, et « pingouin », par auk. Ainsi, le nom actuel de l’île des Pingouins, dans l’archipel Crozet, provient d’une mauvaise traduction du nom anglais ! 2. Un patrimoine à préserver 2.1. Des introductions d’espèces historiques Les îles subantarctiques, d’origine volcanique, et les îles Éparses, d’origine corallienne, n’ont jamais été rattachées à l’un des continents environnants et n’ont donc jamais été colonisées par la terre. La faune et la flore y occupent donc des niches relativement larges. Mais elles n’ont développé aucun mécanisme de défense contre la colonisation par de nouvelles espèces, soit prédatrices, soit compétitrices, ce qui les rend particulièrement fragiles. Or, depuis leur découverte, les Hommes y ont introduit de nouvelles espèces animales et végétales. Plusieurs espèces, associées à des tentatives d’élevage, ont été introduites volontairement : des espèces végétales fourragères et des mammifères herbivores comme des bovins, des lapins, des chèvres, des moutons, des mouflons et des rennes. Ainsi, des lapins furent lâchés à Kerguelen pour subvenir aux besoins d’éventuels naufragés. Ils se sont tellement multipliés qu’il en a résulté un impact considérable sur la végétation avec la disparition locale de certaines espèces endémiques. Renne à Kerguelen Les visiteurs des îles Kerguelen ont introduit 9 espèces de mammifères. Celles-ci ont eu un impact important sur la faune et la flore locales. 19 Document Galerie Eurêka /11/2010 Sur Amsterdam, des vaches sauvages sont les descendantes d’un élevage tenté par le réunionnais Heurtin au XIXe siècle. Abandonnés sur l’île, les bovins se sont reproduits jusqu’à gravement modifier l’équilibre naturel, en faisant pratiquement disparaître l’unique espèce d’arbre, le phylica déjà fragilisé par les incendies. Vaches sur Amsterdam Des campagnes de réduction du troupeau ont été menées et les bovins restants ont été cantonnés à une partie de l’île. Ceci jusqu’en 2010 où ils ont été complètement éradiqués. D’autres espèces ont été introduites de manière accidentelle, comme des insectes et des rats. Ces derniers ont colonisé de nombreuses îles et des populations de pétrels de petite taille ont été éliminées par leur action prédatrice. Pour lutter contre leur pullulation, des chats ont été introduits dans les années 50 à Kerguelen. Mais Chatastrophe à Kerguelen la présence, à l’époque, de millions de pétrels plus faciles à capturer que les La population de chats de fait l'objet d'une étude rongeurs a permis aux chats de Kerguelen approfondie. En effet, leur coloniser en moins de 30 ans adaptation au froid est riche en enseignement pour les biologistes. l’ensemble de la Grande Terre… Du fait de leurs conséquences souvent irréversibles, les introductions animales et végétales ont donc été la principale nuisance de ces îles. Aujourd’hui, des programmes de restauration des écosystèmes par éradication des mammifères introduits ont été menés avec succès : bovins à Amsterdam, mouflons à Kerguelen, lapins sur trois îles de Kerguelen, rats et lapins sur l’île Saint-Paul, rats à Tromelin et sur l’île du Lys… D’autres sont actuellement en cours : chats sur Glorieuses et Juan de Nova, rats et souris sur certaines îles de Kerguelen. 2.2. Quand la protection devient indispensable a) Différents statuts de protection La volonté de protéger les Terres australes et antarctiques françaises est ancienne. Dès 1938, elles sont classées Parc national par décret. Puis en 1955, le comité de l’environnement polaire souligne le caractère unique des îles subantarctiques françaises et recommande la mise en protection par une réserve naturelle terrestre et marine des trois archipels subantarctiques. 20 Document Galerie Eurêka /11/2010 Le 3 octobre 2006, la Réserve naturelle nationale des Terres australes françaises est créée par décret interministériel. Il s’agit de la plus grande réserve naturelle de France : elle s’étend sur une partie terrestre de 700 000 ha, soit 0,8 fois la surface de la Corse et une partie marine de 1 570 000 ha. La réserve naturelle des Taaf Le principal objectif de cette réserve est la mise en protection et la gestion des espaces naturels en vue du maintien de la diversité biologique globale des terres australes. Europa, Bassas da India, Glorieuses et Tromelin bénéficient quant à elles d’une protection fondée sur un arrêté préfectoral de 1975. Actuellement, les Taaf mènent en collaboration avec l’Agence des Aires Marines Protégées une étude visant à renforcer le statut de protection des îles. Quant à la terre Adélie, elle est protégée par un complément du Traité sur l'Antarctique qui lui donne un volet environnemental et fait de l’Antarctique une réserve naturelle. Signé en 1991 à Madrid, il est entré en vigueur en 1998. Toutes les espèces présentes en terre Adélie sont donc protégées. Toutes activités françaises en Antarctique et toutes activités menées en terre Adélie doivent être déclarées et être autorisées. Tout dépend de leur impact sur l'environnement. Les Taaf, sentinelles du changement climatique Les changements climatiques sont plus perceptibles dans les Taaf où il a des conséquences immédiates sur la faune et la flore. Ces territoires constituent donc un baromètre et un poste d’observation de référence international pour le changement climatique global. 21 Document Galerie Eurêka /11/2010 b) Une gestion indispensable de la pêche Les trois districts austraux (Kerguelen, Crozet, Saint-Paul et Amsterdam) et les îles Éparses disposent chacun d’une Zone Économique Exclusive (ZEE) totalisant environ 2,5 million de km2. Cette zone comporte des ressources importantes et diversifiées : la légine, un poisson de l’océan austral, est pêchée autour de Crozet et de Kerguelen et la langouste autour de Saint-Paul et Amsterdam. La pêche pratiquée dans les îles Éparses cible principalement les thonidés. Pêche à la légine La légine australe est l’une des rares espèces capables de coloniser les eaux de l’océan Austral grâce à la présence dans son sang de composés antigels. Maillon de la chaîne alimentaire, elle joue un rôle majeur dans l’écosystème marin austral. La pêche, tout d’abord incontrôlée, a incontestablement modifié les équilibres entre les populations de poissons. Aujourd’hui, les Taaf collaborent avec le Muséum national d’Histoire naturelle de Paris et en partenariat avec les armements de pêche pour préserver la ressource, c’est-à-dire les stocks de poissons et l’environnement grâce à des quotas globaux. De plus, la surveillance de ces zones éloignées garantit leur inviolabilité par les pêcheurs illicites, condition essentielle à la préservation de la ressource et à sa gestion raisonnée. L’observation satellitaire des ZEE complète les patrouilles. 3. Les Taaf, un laboratoire à ciel ouvert Les cinq districts des Taaf, dispersés des Tropiques au Pôle Sud, constituent un véritable paradis pour les chercheurs. Ils accueillent depuis plusieurs décennies de nombreuses activités de recherche, touchant aussi bien les sciences de la vie que les sciences de l’univers. 3.1. Des programmes de recherches variés Dans les îles subantarctiques et en terre Adélie, la gestion des programmes scientifiques est assurée par l’Institut Paul Emile Victor (l’IPEV). C’est lui qui sélectionne les projets, organise les expéditions et recrute le personnel. Dans les îles Éparses, les Taaf ont confié à l’Institut Écologie et Environnement (INEE) et à l’Institut National des Sciences de l’Univers (INSU) la mission d’élaborer une stratégie de recherche et d’assurer la cohérence des programmes. 22 Document Galerie Eurêka /11/2010 En moyenne, 225 chercheurs français et étrangers, issus d’une vingtaine de laboratoires de recherche, sont présents chaque année sur les bases pour œuvrer à une soixantaine de programme dans de nombreux domaines. Ainsi, les scientifiques conduisent des recherches sur la biodiversité, la climatologie avec le suivi du bouleversement climatique, la météorologie, la géologie, l’astronomie, l’océanographie… Les sciences humaines ne sont pas pour autant oubliées, comme le montrent les fouilles de l’épave de L’Utile et du camp des esclaves oubliés de Tromelin, ou le recensement des épaves mené par le Département des Recherches Archéologiques Subaquatiques et Sous-Marines (DRASSM) dans les îles Éparses. Base de Port-aux-Français à Kerguelen Les Taaf ont tissé un étroit partenariat avec le Centre National d’Études Spatiales (CNES) qui dispose d’une station de suivi des satellites à Kerguelen. Les campagnes océanographiques du Marion-Dufresne, 1995 - 2009 Le Marion-Dufresne est également un navire de recherches océanographiques 2 avec 650 m de laboratoires. Station météorologique de Tromelin 2009 La présence de Météo-France sur tous les districts permet de maintenir un effort d’observation dans le domaine de la météorologie dans ces régions isolées. Étude des populations d’oiseaux à Crozet Les 5 districts des Taaf sont le paradis des ornithologues ! 23 Document Galerie Eurêka /11/2010 3.2. La vie dans les bases : confinement et promiscuité Tous ceux qui se rendent sur les districts le font dans un cadre professionnel en dehors des quelques touristes. Il n’y a donc pas de famille, ni d’enfants présents sur place. Les emplois proposés touchent des domaines très divers : chercheurs, mais aussi cuisiniers, maçons, médecins, plombiers, électriciens… En effet, le fonctionnement des bases s’apparente à celui d’un petit village. Cependant, en plus de leur qualification professionnelle, les candidats doivent absolument posséder une grande aptitude à la vie collective en milieu confiné. L’isolement géographique, l’éloignement de la famille, le climat et la promiscuité peuvent, en effet, constituer des contraintes difficiles à supporter. Avant de partir, chaque personne doit donc se soumettre à un contrôle médico-psychologique complet. Une bonne condition physique et mentale est de mise ! La Midwinter Chaque année, le 21 juin, solstice de l’hiver austral, la Midwinter est célébrée dans l’ensemble des bases. Des repas de fête costumée, des pastiches, des sketches, des jeux, des concours et l’élection de miss et mister district sont organisés. Petit lexique des TAAF Les conditions de vie particulières dans les bases ont favorisé l’émergence d’un jargon foisonnant. Voici donc quelques mots de « taafien »! BLO : « bête à longues oreilles », lapin. Une vieille superstition interdit en effet de prononcer ce mot à bord des navires. Lapin : scientifique étudiant les BLO Bonbon : jeune éléphant de mer car croqué comme une friandise par les orques Cracou : pétrel géant dont l’apparence rappelle le cracoucass des schtroumpfs Cracoulala : démarche du cracou au sol rappelant une douleur mal placée Louzou : « remède » en breton ; par extension vin rouge Totoche : l’unique bar de Kerguelen Pimponker : l’unique pompier de Kerguelen Shadock : personnel du CEA, voué à la vaine tâche de contrôler la radioactivité dans un territoire dénucléarisé par traité. Souille : trou de boue des éléphants de mer ; par extension, fête, beuverie. Zézette : radio VHF portable. Et maintenant, une petite histoire ! « Les manipeurs godonnaient, au milieu des pachas et des bonbons. Un VAT heureusement garotté s’ensouilla : cible des macas et des plonplons, cramponné à sa zézette, il appelait par vac géner et pimponker, regrettant totoche. » L’équipe sortie sur le terrain ramassait de beaux cailloux, au milieu des éléphants de mer et de leurs petits. Un bleu qui avait heureusement noué une lanière élastique en haut de ses bottes s’enfonça dans un trou boueux : cible des gorfous macaroni et des pétrels plongeurs, cramponné à sa radio portable, il lançait des appels au logisticien et au pompier, regrettant le bistrot. 24 Document Galerie Eurêka /11/2010 3.3. Terres de voyages L’administration des Taaf ouvre la possibilité à un nombre limité de touristes de visiter les îles Éparses et les trois districts subantarctiques. Il n’y a en revanche aucun tourisme en terre Adélie organisé par les Taaf. Des navires de croisières provenant d’Amérique du Sud y font cependant parfois escale le temps d’une journée. La visite des archipels Crozet et Kerguelen et de Saint-Paul et Amsterdam se fait lors des quatre rotations annuelles du Marion Dufresne. Ce navire ayant pour mission prioritaire le ravitaillement et la relève des personnels, l’accueil de touristes à bord ne peut être qu’une possibilité en fonction du nombre de places disponibles. Tous les touristes, au maximum 20 par rotation, sont encadrés par des guides naturalistes. Ils organisent les activités à bord du bateau comme des conférences, des projections des films et les sorties à terre. Un tourisme responsable À l’heure actuelle, l’impact du tourisme sur l’écosystème et sur le patrimoine culturel est particulièrement limité. La philatélie de l’extrême Depuis 1995, les Taaf émettent leurs propres timbres. Près de 500 timbres et cinq carnets de voyage ont été édités jusqu’à présent, illustrant les îles australes, l’antarctique et, depuis 2007, les îles Éparses. Pour déterminer les thèmes des timbres, très prisés des collectionneurs, une commission philatélique présidée par le préfet des Taaf se réunit chaque année. Leur fait ensuite appel aux talents de graveurs et d’artistes de renom. Chaque district possède une gérance postale dotée de ses propres cachets et chargée d’oblitérer les plis. 25 Document Galerie Eurêka /11/2010 En guise de conclusion Après l’enthousiasme qui a suivi leurs découvertes tardives, les îles Éparses, mais surtout les trois districts subantarctiques et la terre Adélie, sont vite apparus comme des territoires hostiles où toute tentative d’occupation humaine semblait vouée à l’échec. Pourtant, la France y a affirmé sa souveraineté, d’abord par intérêt militaire, et y assure aujourd’hui une présence humaine continue par la relève du personnel. En effet, les Taaf, répartis des Tropiques au pôle Sud, constituent, malgré les conditions de vie difficiles, des territoires d’intérêt international. D’abord d’un point de vue environnemental, grâce à une biodiversité terrestre et maritime exceptionnelle que la France met tout en œuvre pour protéger. Ensuite au niveau scientifique, puisque loin de tout continent et de toute source de pollution, les Taaf sont le paradis des chercheurs qui y mènent toute sorte de programmes de recherche. L’exposition les Manchots de la République vous propose donc de partir à la découverte de ces territoires trop souvent oubliés. 26 Document Galerie Eurêka /11/2010