L`avant-première VIP de Cinquante nuances de

Transcription

L`avant-première VIP de Cinquante nuances de
Cinquante nuances
13 minutes de sexe,
préliminaires compris !
Lundi soir à Bruxelles, nous avons assisté, en primeur, à la projection du film le plus attendu de l’année. Pour nous
accompagner : deux charmantes lectrices, une sexologue réputée et l’humoriste Vincent Taloche qui, on vous
jure que c’est vrai, tenait beaucoup à découvrir « Fifty shades of Grey ». Verdict : pas si mal !
B
ien sûr, ce n’était pas une avant-première
destinée aux fans : pas de hordes de filles
surexcitées à l’entrée, pas de selfies devant les
affiches du film. Dans ce genre d’événement réservé à la presse, il y a les blasés, ici majoritairement
des hommes, qui sont là pour la critique et savent
d’avance qu’ils vont descendre le long métrage, ne
fût-ce que parce qu’on lui prédit le succès. Leurs
sourires moqueurs en disent très long sur le tapis…
gris qui accueille les journalistes. A l’étage, le
champagne coule à flots avant la séance et les langues se délient, surtout du côté des filles. « Je bous
d’impatience depuis des jours à l’idée de voir enfin
ce film-événement », nous glisse une consœur.
« Moi, je revendique mon côté midinette : j’ai trop
hâte de voir la romance sur grand écran », nous
confie une autre. Certaines ont même joué le jeu
et noué une cravate grise, dress-code tout trouvé
pour la soirée. Avec nous, Kelly et Nathalie, deux
lectrices qui ont dévoré le roman au moment de sa
sortie. « Je me demande ce que va donner Jamie
Dornan », nous confie la première. « Car Christian,
c’est carrément l’homme idéal pour moi, aucun
autre ne souffre la comparaison. J’ai un peu peur
d’être déçue ! »
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Pas si « hot »
S’il est parfois un peu lent, le film gagne
en intensité quand Christian présente
sa « chambre rouge » à Anastasia…
19 h 30, le film commence. 20 h 01, on perçoit
des respirations plus intenses dans la salle, quelques
murmures : c’est la fameuse scène du baiser dans
l’ascenseur, LE premier contact physique entre
Christian et Anastasia. 20 h 13, ils sont au lit, Anastasia est vite dévêtue (et pas intégralement épilée,
pour la petite info), Christian lui grimpe dessus.
20 h 15 déjà, ils se réveillent dans les bras l’un de
l’autre. Après près de deux heures, le film se termine… « Mon mari va être déçu ! Lui qui était
persuadé que j’allais rentrer tout émoustillée ! »
entend-on dans la salle. Le constat est sans appel :
« Cinquante nuances de Grey » au ciné, c’est quand
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de GREY
même moins excitant qu’en roman. « C’est vrai « Dirty Dancing » à l’époque, mais version bonque la charge érotique est beaucoup moins forte dage. Aux USA, le film est interdit aux moins de
qu’à l’écrit », confirme la sexologue Alexandra 17 ans, en Belgique, aux moins de 16 ans. On laisse
Hubin. Car si dans le livre, les rapports sexuels des nos ados aller le voir, vraiment ? « Ça dépend de
protagonistes occupent une grande place et sont leur maturité sexuelle, de leur capacité à comdétaillés et on ne peut plus explicites, ils ont ici été prendre qu’on ne peut pas faire des choses contre
édulcorés, passés à la moulinette de la censure sa volonté, pour le simple plaisir de son partehollywoodienne. Résultat : certains passages du naire », prévient la sexologue. « Et puis, les scènes
film sont assez « hot », certes, mais suggérés et, sont très explicites ! Ce n’est pas du porno, on ne
surtout, très rapides. Preuve, chrono en main : sur voit pas de scènes gynécologiques en gros plan,
deux heures de film, l’ensemble des scènes de sexe mais c’est assez chaud quand même. »
dure 13 minutes, préliminaires et nœuds (bondage
Autre surprise de la soirée : les acteurs ne sont
oblige) compris ! « Du
pas mauvais, loin de là. Jacoup, on ne retrouve pas les
mie Dornan est finalement
mêmes sensations », comassez crédible, surtout
mente Nathalie, un peu
quand il tombe la chemise
dé­­çue. « Le roman est claiamidonnée. « Ni trop beau,
rement érotique, le film,
ni trop imposant, il est assez
lui, est plus sensuel… »
“lisse” pour laisser notre imagination travailler »,
« En plus, Christian n’est pas assez beau ! Pas commente une journaliste. Dakota Johnson, elle,
comme je l’imaginais » s’exclame Kelly. « Il a une est tout simplement sublime. « Elle m’a littéraleimage moins romantique que dans le livre, surtout ment conquis ! » s’exclame Vincent Taloche. « Elle
à la fin, où il fait un peu salopard quand même, est d’une justesse terrible, elle est craquante, son
non ? » Autre fait marquant pour nos lectrices : jeu est parfait. » Ce que confirme la sexologue :
les décors sont comme elles les avaient imaginés, « Elle joue très bien ce qu’Anastasia ressent au
y compris la fameuse « chambre rouge » : « In- niveau sexuel : l’excitation, l’attente, le plaisir, la
croyable : quand il ouvre la porte à Anastasia, c’est douleur… c’est impressionnant ! » Seul bémol : il
comme dans le roman, tout est exactement dis- aurait sans doute fallu un peu plus de scènes de
posé pareil, avec les mêmes accessoires », com- « jeu » sadomasochiste pour comprendre réellemente Nathalie. « Moi, j’adore son bureau, je veux ment ce par quoi passe Anastasia, le cheminement
le même meuble chez moi ! » intervient Vincent qui la mène du refus à l’acceptation. A suivre dans
Taloche. « Esthétiquement, le film est vraiment les 2e et 3e films ? n
léché, et très stéréotypé. Le gars ne roule qu’en
Julie Charles
Audi, ils ont été sponsorisés
ou quoi ? » Parlant de stéréotypes, la sexologue ajou­
­te : « Attention au cliché de
l’homme qui a des pratiques
sadomasochistes parce qu’il
a été maltraité dans son enfance. Je trouve le raccourci
un peu facile. »
Globalement, le film
nous a plu, donc. C’est un
vrai film de filles, qui va faire
vibrer de nombreuses deDans quelques minutes, deux cents privilégiés
moiselles. Un peu comme
vont découvrir le film le plus attendu du moment!
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C’est Dirty Dancing,
version bondage
« On m’a proposé le rôle de Christian
Grey. Qu’est-ce que j’ai été bête de
le refuser ! » plaisante Vincent.
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Accueil VIP et tapis gris pour Vincent
Taloche et son amie, la sexologue
Alexandra Hubin.
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Kelly, 24 ans, et
Nathalie, 41 ans, fans
du livre, n’ont pas été
déçues par le film…
Boycotter le film,
vraiment ?
Aux Etats-Unis, certains appellent à boycotter
« Fifty shades of Grey » qui, selon eux, « rend glamour
la violence sexuelle ». Ils apparentent les relations
sadomasochistes à de la brutalité domestique. Qu’en
pense notre sexologue ?
Alexandra Hubin : Le sadomasochisme, c’est un type
de scénario érotique, une mise en scène avec un dominant et un dominé – qui ne le sont pas forcément dans
la vraie vie d’ailleurs ! C’est un jeu entre eux, sur un
temps donné, dont ils ont défini les règles et qui doit
être fait avec respect et, surtout, une grande écoute.
Souvent d’ailleurs, le réel maître est la personne dominée, car c’est elle qui peut dire stop à tout moment.
Comme Anastasia ! Je ne parlerais donc pas de violence
domestique, car il n’y a rien de subi.
Bondage, fessée, yeux bandés… Ça plaît aux femmes ?
Ça stimule leur imagination en tout cas ! Beaucoup
de mes patientes ont reconnu avoir été très excitées
par ces scènes de sexe, même si, a priori, le BDSM n’est
pas leur truc. C’est la différence fondamentale entre le
fantasme et la réalité. Et puis, vous savez, moi je pense
qu’on peut piocher plein d’idées dans « Fifty shades »
pour pimenter sa relation de couple, comme se bander
les yeux – qui implique de se laisser complètement
aller et décuple les autres sens. Ou la fessée, qui peut
aboutir à un orgasme très intense, dû à la contraction
des fesses et du périnée. La condition essentielle, c’est
que les deux partenaires soient consentants.
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