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PORTFOLIO
WESLEY WOFFORD
UN MAQUILLEUR
SORT DE L’OMBRE
Suite à l’article sur Big Mamma 3 (voir page
54), nous avons eu l’idée de découvrir plus en
détail la carrière de ce maquilleur méconnu.
Wesley Wofford nous raconte ici en images
les principales étapes de son parcours riche
en maquillages mémorables…
ROCK
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S.F.X
“Un grand tournant dans ma
carrière. Alors que je travaillais pour
Tony Gardner, il m’a demandé de créer
cet effet de balle dans la tête. Pour la
première fois, j’étais en charge d’un
projet entier, avec Eric Feidler pour la
partie mécanique. J’ai choisi de tirer la
peau en silicone, même si personne ne
savait comment peindre le matériau à
l’époque. Je me suis débrouillé en peignant comme pour la mousse de
latex, puis en recouvrant le tout d’une
couche de silicone à joint. Ça fonctionnait, et j’étais très excité !”
ANYBODY SEEN MY BABY ?
“J’ai fait ce clip des Rolling Stones chez
Greg Cannom après avoir quitté l’atelier
de Tony Gardner. Mon expérience du silicone était un vrai plus à l’époque. On
devait créer plusieurs effets de déguisement pour Angelina Jolie. Dans l’un
d’entre eux, elle devait éplucher un
masque de vieillard comme une orange,
mais je n’arrivais pas à faire tenir les prothèses en silicone sur son visage, elles glissaient sous leur propre poids. Après un
premier échec très vexant, j’ai eu l’idée de
coller les pièces sur des prothèses en
mousse de latex, à l’aide de silicone à joint
de salle de bains, afin qu’elles ne se plient
plus. Et ça a marché ! C’était mes premières vraies prothèses en silicone.Toutes
ces transformations ne sont visibles que
dans la version longue du clip, très rare…”
BATMAN & ROBIN
“Rick Baker s’occupait des maquillages principaux du film, mais la production n’avait pas
les moyens de lui confier tous les faux corps
de personnages congelés. Je m’en suis donc
occupé chez Tony Gardner. Ils nous offraient
le sixième de ce qu’ils payaient Rick pour ces
corps ! On a fini par en faire 17, tous en fibre
de verre avec tête et mains en silicone.”
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LE CHACAL
“Suite à la réussite de notre corps
mécanique pour Rock (voir page
opposée), la production nous a commandé un faux corps de Jack Black
(ci-dessus, avec un effet de bras
mécanique) pour la scène du test de
l’arme télécommandée.Tony
Gardner m’a confié tout le projet,
peau et mécanique. Le corps en
fibre de verre était actionné par
vérins hydrauliques à l’aide d’une
animation programmée sur ordinateur. Mais je n’avais pas prévu le
poids du silicone… Les mains et la
tête étaient si lourdes que la
marionnette s’effondrait sur ellemême. Les pistons ne résistaient
pas. On était en pleine campagne,
au Canada, sans rien autour, avec
l’équipe qui allait arriver pour tourner… Heureusement, mon collègue
Terry Sandin a réussi à bricoler les
vérins pour qu’ils tiennent le coup.
Au final, on a travaillé pendant trois
jours et trois nuits sur cet effet…”
BIG MAMMA
“Un projet réalisé chez Greg Cannom et sur lequel nous avons mis en application
toutes nos connaissances sur le silicone. En plus du personnage de Big Mamma,
Martin Lawrence voulait interpréter un Asiatique. Le maquillage comportait 13
prothèses en silicone juxtaposées, ainsi qu’un travail très élaboré de peinture
pour blanchir la peau, notamment sur les mains. Martin avait déjà du mal à supporter les deux heures de maquillage pour Big Mamma, alors là, c’était trois
heures ! Heureusement, il n’y avait qu’une seule journée de tournage…”
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PORTFOLIO
L’HOMME BICENTENAIRE
“Un projet énorme puisque nous avions, chez Greg
Cannom, pas moins de 28 maquillages de vieillissement à créer, dont certains comportaient 12 pièces !
Le travail de sculpture et de fabrication était impressionnant. Depuis des mois, je multipliais les tests de
prothèses en silicone, mais sans jamais convaincre
Greg : il trouvait toujours les bords trop francs. À
force de persévérer, j’ai réussi à résoudre le problème, mais vu la masse de travail, on n’avait pas droit à
l’erreur. Au début, on a fait des tests avec la moitié
du maquillage en mousse de latex, et l’autre moitié
en silicone, pour comparer. À la fin, tout était en silicone. C’est vraiment sur ce film que toutes ces
années d’expérimentation ont abouti.”
UN HOMME D’EXCEPTION
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S.F.X
“Gros travail de vieillissement sur plusieurs acteurs (dont Russell Crowe et Jennifer Connelly,
ci-dessous), toujours chez Greg Cannom. À cette époque, l’utilisation du silicone était déjà
parfaitement au point. Le film nécessitait deux étapes de vieillissement : un stade intermédiaire avec effet de latex plissé sur les joues et un faux cou, puis le stade final avec sept prothèses. Le résultat était très satisfaisant, mais je trouve malgré tout que ces maquillages
n’ont pas le panache et la profondeur de ceux de L’Homme Bicentenaire…”
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HANNIBAL
“Encore un projet de Greg Cannom à
la grande époque de Captive
Audience. Le design de Verger (cicontre) reste l’un des meilleurs que
Greg ait jamais conçus. Nous avons eu
la chance que Gary Oldman s’implique
corps et âme dans le projet. Au
départ, il voulait qu’on lui immobilise
une paupière, comme dans Orange
Mécanique, mais c’était trop risqué. Il
a tout de même souffert… Pour commencer, nous avons replié ses cils en
arrière pour les coller sur les paupières, avant de les maquiller. Puis,
nous avons collé un filament sur
chaque paupière, l’un étant fixé au
niveau des cheveux, l’autre sur la poitrine. Tous les deux étaient recouverts
par le maquillage prosthétique. Avant chaque prise, on
tirait dessus pour écarquiller
la paupière, puis on pouvait
relâcher plus tard pour qu’il
se repose. Gary portait un
verre de contact, et un spécialiste prenait soin
d’humidifier le globe occulaire. Gary avait également la
bouche déformée par deux
pièces en plastique moulé, et
sa paupière gauche était
tirée sur le côté. Un maquillage incroyable !”
“L’autre tour de force du film était la scène où Lecter ouvre le crâne du policier anesthésié et
lui découpe un morceau de cervelle à vif. L’effet a été conçu en deux parties. D’abord,
l’action a été filmée avec Ray Liotta portant un double maquillage : une coque verte recouvrant le crâne et entourée d’une prothèse représentant la ligne de découpe du scalpel, et làdessus, une fausse peau poilée représentant le « scalp » qu’Anthony Hopkins pouvait soulever. Ensuite, la scène a été refilmée à l’identique avec une réplique animatronique de Ray sur
laquelle Anthony pouvait réellement découper la cervelle (bœuf et silicone…). Puis, les gens
des effets visuels ont combiné les deux éléments en une seule scène.”
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PORTFOLIO
COUPLE DE STARS
“Comme Greg était pris sur Un Homme d’Exception, il m’a demandé de superviser ce
projet. Je devais simuler une prise de poids du personnage incarné par Julia Roberts.
J’ai d’abord testé avec deux prothèses, l’une pour le cou, l’autre pour le menton,
mais ça ne marchait pas. Julia a un sourire si immense qu’il est impossible de
maquiller des bords de prothèses près de ses lèvres. J’ai donc opté pour une pièce
unique en silicone qui remontait du cou jusqu’aux joues. Une première pour moi !”
MOI, PETER SELLERS
“Le projet le plus difficile et le plus
gratifiant de ma carrière : maquiller
Geoffrey Rush en Peter Sellers à neuf
étapes différentes de sa vie – jeune,
âgé, mince, en surpoids, etc. – mais
aussi dans pas moins de quinze rôles
différents. Parmi ceux-ci, il y avait
deux de mes personnages préférés :
l’inspecteur Clouseau et le Docteur
Folamour (ci-contre). Il fallait compter
aussi une dizaine d’autres looks pour
Geoffrey Rush, soit un total de 34
apparences différentes ! Greg Cannom
m’a laissé carte blanche pour ce téléfilm, et j’ai fini par remporter l’Emmy
Award des meilleurs maquillages.”
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LE DERNIER MAÎTRE
DE L’AIR
“Ce projet est arrivé alors que j’avais
pris mes distances avec Hollywood. Je
voulais me consacrer à mon travail de
sculpteur. Ce film est l’un des premiers
que j’aie faits en tant qu’indépendant,
sans travailler pour un autre maquilleur.
J’ai proposé trois versions différentes de
la brûlure à M. Night Shyamalan. J’ai
décrit celle-ci avec ces mots : « Imagine
des flammes peintes sur le capot d’une
voiture customisée…». La prothèse a été
tirée en gélatine, ce que j’ai regretté par
la suite, car la chaleur des explosions faisait fondre le matériau. J’ai passé mon
temps à courir derrière Dev Patel pour
refroidir la gélatine chaque fois que je le
pouvais. Mais je n’avais pas le choix. Les
délais étaient tellement serrés que je
n’ai pas pu tester le maquillage sur Dev
avant… la veille du tournage !” n
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