teigne (dermatophytie) - Faculté de médecine vétérinaire

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teigne (dermatophytie) - Faculté de médecine vétérinaire
TEIGNE (DERMATOPHYTIE)
Service de dermatologie, Centre Hospitalier Universitaire Vétérinaire,
Faculté de médecine vétérinaire, Université de Montréal.
La teigne (dermatophytie, dermatophytose) est une
infection causée par des fungi (champignons) qui
ont la particularité unique d’envahir et de
proliférer dans les tissus kératinisés tels les poils,
la couche cornée de l’épiderme, les ongles et les
griffes.
La teigne est une affection particulièrement
commune chez les jeunes chats, les chats
provenant d’animaleries, de refuges d’animaux ou
même de certaines chatteries. Elle se rencontre
aussi chez le chien, quoique plus rarement.
La teigne d'origine animale est une cause
relativement commune de zoonose (maladie
transmissible des animaux aux humains).
Microsporum canis, provenant principalement du
chat mais aussi du chien, est l’agent responsable
de la majorité des teignes d’origine animale et, par
conséquent, de la majorité des zoonoses causées
par les dermatophytes.
Signes cliniques chez l’animal
Typiquement, on retrouve une ou plusieurs lésions
circulaires, alopéciques (sans poils), plus ou moins
enflammées et squameuses, et qui causent
généralement peu de démangeaisons. Chez le
chat, les lésions siègent principalement sur la tête,
la face et les extrémités. Toutefois, de nombreux
chats infectés ne présentent que des lésions
subtiles ou légères dites sous-cliniques, ou sont
totalement asymptomatiques. Ils sont néanmoins
source de contagion.
Signes cliniques chez l’humain
La période d’incubation entre l’exposition et la
maladie clinique varie entre une et six semaines.
Les enfants sont plus sensibles que les adultes.
Lorsque l’on soupçonne une teigne d’origine
animale chez l'homme, il est souhaitable de faire
une mycologie dans le but d'identifier la source de
l'infection. Il n’est pas justifié de faire euthanasier
l'animal
responsable
ou
potentiellement
responsable de la zoonose, car des traitements
06/09/2005
efficaces contre la teigne animale sont disponibles.
De plus, les spores infectieuses sont probablement
déjà présentes dans l'environnement et peuvent y
persister pendant des mois (voire des années). Il
est donc préconisé, lorsqu'un animal est atteint
cliniquement de M. canis (ou encore un chat sans
lésion mais porteur de l’infection), de traiter
l'animal impliqué, tous les autres animaux en
contact, ainsi que les objets et les lieux contaminés.
Diagnostic
Le diagnostic de la teigne repose généralement sur
l’anamnèse, les signes cliniques, l’examen à la
lampe de Wood et la culture fongique. Ces
examens complémentaires sont d’une importance
capitale dans l’établissement du diagnostic de la
teigne. Cependant, la culture fongique des poils et
des squames infectés est la seule méthode fiable
qui permette de confirmer le diagnostic et
d’identifier spécifiquement le dermatophyte en
cause.
Occasionnellement, le vétérinaire doit examiner un
chien ou un chat, car une ou plusieurs personnes en
contact avec l’animal ont reçu un diagnostic de
teigne. Dans bien des cas, l’animal n’a pas de
lésions cliniques et en fait, n’a pas de teigne.
Toutefois, étant donné la capacité du chat et plus
rarement
du
chien
à
être
«porteurs
asymptomatiques» c'est à-dire servir de réservoir
au M. canis sans démontrer aucune lésion, le
vétérinaire doit considérer cette possibilité. Il
pourra alors réaliser une culture fongique après
avoir réalisé un prélèvement à l’aide d’une brosse à
dent sur la fourrure et la peau de l’animal.
Traitement
La teigne est considérée comme une maladie autolimitante chez la plupart des animaux en santé. Si
la plupart des cas de teigne n’ont guère de
conséquences pour la santé des animaux, on peut
observer des formes généralisées qui affectent
l’état général. Ainsi, le traitement permet de hâter
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la guérison de l’animal pour son propre bien-être.
Mais la vraie raison de traiter la teigne provient de
la contagiosité de cette affection cutanée, tant aux
autres animaux qu’aux humains.
De nombreuses molécules antifongiques actives
contre les dermatophytes sont à la disposition du
vétérinaire, aussi bien en traitement topique qu’en
traitement systémique (administré par voie orale).
Les recommandations thérapeutiques actuelles
chez le chat sont de combiner ces deux types de
traitements. Les traitements systémiques ont la
capacité d'accélérer la guérison et d’atténuer la
gravité des lésions, tandis que les traitements
topiques limitent efficacement la contagion et la
contamination de l’environnement.
Tonte du pelage: la tonte d'un animal atteint de
teigne permet l’élimination mécanique d’un
maximum d’éléments fongiques et facilite
l’utilisation ainsi que l’action du traitement
topique.
Traitements topiques (locaux): les thérapies
topiques ont un rôle crucial dans le traitement de la
teigne même si elles sont souvent fastidieuses et
stressantes pour les animaux.
Elles sont
généralement administrées sous forme de
trempettes à base d’une solution de bouillie
soufrée ou d’énilconazole. Celles-ci permettent un
traitement de toute la surface corporelle et sont de
loin les plus intéressantes quant à leur capacité à
diminuer la contagion. Les applications locales de
crèmes, pommades ou gels antifongiques sont
moins efficaces, car elles ne couvrent qu’une
surface corporelle réduite.
ce vaccin n’est pas bien documentée à l’heure
actuelle.
Décontamination environnementale: celle-ci est
aussi une composante cruciale d’un programme de
traitement complet de la teigne, en particulier
lorsque plus d’un animal est affecté dans un même
environnement.
L’enlèvement mécanique des
spores avec un aspirateur avant un nettoyage avec
les désinfectants appropriés, demeure un des
moyens
efficaces
de
décontaminer
l'environnement. Tous les objets en contact avec
les animaux (cages, brosses, litières, bols, jouets,
tapis à griffes, harnais, séchoirs, rasoirs...) peuvent
aussi être contaminés et il faut donc soigneusement
et systématiquement les désinfecter ou même s’en
débarrasser.
Les recommandations pour une décontamination de
base incluent l'utilisation de l'eau de Javel,
idéalement pure ou diluée 1/10 pour nettoyer toutes
surfaces et objets pouvant supporter un tel
traitement (planchers, murs, bouches d'aération,
calorifères, cages...). L'émulsion d’énilconazole
(Imaverol®, Janssen) diluée à 0.2 ou 0.4% et
appliquée en vaporisation, peut aussi être utilisée,
mais sa base légèrement huileuse n’en permet pas
l’application sur toutes les surfaces.
Dans tous les cas, après discussion avec votre
vétérinaire, le protocole de traitement choisi
dépendra de la situation et des attentes…
Traitements systémiques (généraux): ceux-ci ont
la capacité d'accélérer la guérison et d’atténuer la
gravité des lésions de façon significative. Plusieurs
agents antifongiques oraux sont
disponibles
(griséofulvine, kétoconazole, itraconazole et
terbinafine).
Quelle que soit la thérapie
systémique utilisée, celle-ci devrait être
administrée pendant une période minimale de six
semaines et idéalement être poursuivie de deux à
quatre semaines après la disparition complète des
signes cliniques.
Une nouvelle forme de traitement antifongique
utilisée aux États-Unis chez les chats est la
vaccination contre la teigne causée par M. canis.
Toutefois, la valeur thérapeutique ou préventive de
06/09/2005
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