Métropole lilloise: zones d`ombre sur le déploiement de la

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Métropole lilloise: zones d`ombre sur le déploiement de la
Métropole lilloise: zones d’ombre
sur le déploiement de la fibre
optique dans la campagne
Publié le 29/05/2015
GILLES CONTRAIRE
Une convention signée en 2013 stipule que les 85 communes de la métropole seront éligibles à la
fibre optique d’ici à 2020. Parmi ces villes, vingt-quatre avaient été jugées prioritaires par les élus
de la Métropole. Problème : rien n’a encore été acté par SFR-Numericable, même si ce dernier se
veut rassurant…
Le
28 octobre 2013, Fleur Pellerin, alors ministre de l’Innovation, et Martine Aubry, président de la
communauté urbaine, signaient une convention avec Orange et SFR. Où en est-on un an et demi
après? PHOTO ARCHIVES PIB
« Vous avez d’un côté une entreprise cotée en bourse, de l’autre une collectivité publique. Vous
voyez où je veux en venir… » Cette phrase, glissée par un proche du dossier, résume assez bien
l’atmosphère dans laquelle se passe le déploiement de la fibre optique dans la métropole.
Interrogé sur l’état d’avancement du calendrier fixé par la convention signée par Orange et SFR
(lire ci-contre), Akim Oural ne cache pas son inquiétude : « Force est de constater qu’Orange va
très vite, ce qui n’est pas le cas de SFR. » Le monsieur aménagement numérique à la Métropole
européenne de Lille (MEL) évoque la fusion entre SFR et Numericable, l’an dernier, et validée fin
2014. « Il y a eu un stand by. » Pour un peu il comprendrait. Mais depuis, rien n’a bougé selon lui,
ce qui l’agace : « Depuis janvier, nous considérons que les retards sont inacceptables. »
Salvatore Tuttolomondo, directeur régional du groupe SFR-Numericable, offre un tout autre
discours. « Nous sommes plutôt en avance qu’en retard », soutient ce dernier, chiffres à l’appui : «
Sur les 70 communes que nous devons équiper, 19 seront fibrées en 2016. Pour neuf autres, le
déploiement débutera cette année, avec un objectif de très haut débit pour fin 2016. » Le
programme se poursuivra avec sept autres villes, toujours en 2016. « On ne peut pas nous
reprocher d’être en avance. » Certes. Mais quid, notamment, des vingt-quatre villes jugées
prioritaires par la MEL (les Weppes, des communes de la Lys et le Mélantois) parce que très mal
desservies ? Les réponses de Salvatore Tuttolomondo se font moins nettes. « Nous sommes en
discussion en interne pour savoir comment nous allons travailler sur ce dossier », dit-il. La
différence y est notable pour SFR-Numericable : dans les communes où l’opérateur intervient
actuellement, il s’agit d’une modernisation d’un réseau existant. Dans ces 24 villes rurales, il est à
créer, ce qui induit un coût et une rentabilité moins évidente que dans des zones urbaines denses…
Pour la MEL, cette zone d’ombre constitue une inquiétude. « Emmanuel Macron (ministre de
l’Économie) a demandé aux opérateurs de confirmer ou non leurs engagements pour juin », éclaire
Akim Oural. La MEL envisage déjà plusieurs scénarios en cas de désistement de l’opérateur.
Orange, s’il le souhaite, pourrait récupérer les villes à équiper. « Et si Orange n’est pas intéressé,
on se pose la question d’une intervention publique via un syndicat mixte régional », annonce l’élu.
Damien Castelain, président de la MEL, évoquera le sujet lors du conseil de communauté du 19
juin. Le sujet sera aussi à l’ordre du jour de la conférence des maires en septembre. D’ici là, on y
verra peut-être plus clair.
Concrètement, où en est-on?
Orange a pour mission de déployer la fibre optique dans les communes suivantes : Bondues,
Lompret, Mouvaux, Marquette-lez-Lille, Saint-André, Villeneuve, Marcq-en-Barœul, Wasquehal,
Lezennes, La Madeleine, Lambersart (et Mons-Barœul, qui n’était pas prévue initialement). Pour
ces sept dernières villes, l’opérateur annonce « accélérer pour qu’elles soient 100 % éligibles à la
fibre optique fin 2016 ». Concernant les quatre premières, les travaux devraient démarrer avant la
fin de l’année.
Du côté de SFR-Numericable, on annonce 19 communes éligibles à la fibre fin 2016 : Croix,
Faches, Haubourdin, Hem, Lannoy, Leers, Loos, Lys-lez-Lannoy, Neuville-en-Ferrain, Pérenchies,
Ronchin, Roncq, Seclin, Sequedin, Toufflers, Verlinghem, Wambrechies, Wattignies et Wattrelos. Le
déploiement est également en cours à Comines, Linselles, Halluin, Bousbecque, Wervicq-Sud,
Armentières, Houplines, Erquinghem-Lys et La Chapelle-d’Armentières. Objectif : un début de
commercialisation du très haut débit (soit plus de 30 mégas) en 2016.
Concernant les communes non cités (hors Lille, Roubaix et Tourcoing), pour l’heure, rien n’est
encore réellement acté. On pense notamment aux vingt-quatre villes jugées prioritaires par la MEL
car mal desservies, y compris par l’ADSL : Anstaing, Baisieux, La Bassée, Bousbecque, Bouvines,
Chéreng, Ennetières-en-Weppes, Erquinghem-le-Sec, Escobecques, Fournes-en-Weppes, Gruson,
Halluin, Hantay, Herlies, Illies, Marquillies, Péronne-en-Mélantois, Sailly-lez-Lannoy, Sainghin-enMélantois, Salomé, Tressin, Wicres, Willems.
Objectif 2020
La communauté urbaine de Lille, désormais Métropole européenne de Lille (MEL), a signé le 28
octobre 2013 une convention avec l’État et les opérateurs Orange et SFR. Objectif affiché : que les
85 communes de la métropole dispose de la fibre optique d’ici à 2020. Cette convention prévoit
que Orange déploie la fibre dans 11 communes de la métropole ; SFR dans les 70 autres, plus
rurales (Lille, Roubaix, Tourcoing sont à part). La métropole lilloise compte 520 000 foyers.