pascale quester - My Audencia Network

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IDER
EASY R
PASCALE
QUESTER
Vice-présidente de l’université d’Adélaïde.
Promotion 1985
Enchaîner les adjectifs, additionner les postes, compter les kilomètres,
lister les faits d’armes ? Un exercice vain. D’abord, parce que, malgré nos
efforts, cela ne permettrait pas de rendre compte, exhaustivement, de la
richesse et de la densité d’une trajectoire hors du commun. Ensuite, parce
ce que nous passerions quand même à côté de l’essentiel : la volonté
de Pascale Quester de participer à l’élaboration d’un enseignement
dynamique mis au service des hommes et de la recherche.
J
’ai financé mes études en travaillant
toutes les nuits dans un foyer, ce qui
a pu créer, parfois, un léger décalage
avec ce que vivaient mes camarades de
promo.” Après avoir tenté – mineure – d’aller étudier la physique et les mathématiques
dans une école londonienne – refusé : “vous
n’avez pas 18 ans” –, Pascale Quester met
le cap sur la faculté des sciences de Nantes
où le manque de passerelles entre les disciplines l’oriente vers Audencia Nantes.
“J’ai fait une prépa avec l’ambition d’entrer à Audencia et de décrocher dans la
foulée un ticket pour Columbus.” Nantes
pour la pluridisciplinarité. L’université de
l’Ohio pour le marketing comportemental.
La discipline qui puise autant aux mathématiques qu’à la psychologie l’intéresse
au plus haut point. Elle y entre. Refuse
de faire un MBA au profit d’un master en
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Paroles de dirigeants - 2013
marketing, se voit proposer, après Audencia, une bourse pour suivre un doctorat à
Columbus. Nouveau refus. Motivé cette
fois par... des conditions climatiques. “La
vie est trop courte pour faire trois hivers
supplémentaires ici.” Pas rancunier, Peter
Dixon, l’un de ses superviseurs de master,
lui décroche un contrat de professeur en...
Nouvelle-Zélande. Problème, les services
secrets français viennent de faire sauter le
Rainbow Warrior dans le port d’Auckland ;
autant dire que les autorités locales ne se
pressent pas pour lui délivrer son titre de
séjour. Pendant cinq mois, elle tanne le
consulat jusqu’à obtenir, finalement, un
visa temporaire de six mois. Ses vols sont
réservés : un aller-retour Nantes/Londres
– question de coût, l’aller-retour était
moins cher ! – et un aller simple Londres/
Auckland. Pascale Quester embarque.
Pour la plus longue journée de son existence. “J’étais à Londres. J’ai attendu mon
vol pour la Nouvelle-Zélande toute la journée avec, dans la poche, mon retour pour
Nantes. D’un côté, le monde connu, ma
famille. De l’autre, l’inconnu, l’aventure.
Ça a été très dur et ça restera sans doute
l’une des expériences les plus marquantes
de ma vie.” Le remboursement du vol
retour servira finalement à acheter une
voiture... en arrivant à Palmerston North,
Nouvelle-Zélande.
Pascale Quester est professeur de marketing en MBA à l’université de Massey, travaille à mi-temps comme chef de produit,
et obtient un poste de professeur en MBA
Executive à l’université de Wellington.
Après tout, les semaines font sept jours,
non ? Elle se lance dans une expérimentation sur le couponing. “J’ai eu l’opportunité de recruter deux compagnies – Kraft et
Unilever – pour conduire ce programme et
de pouvoir mobiliser un magazine. L’idée
était de comprendre si le fait de distribuer
des coupons de différentes valeurs avait
un impact sur les ventes. Les distributeurs
penchaient pour le ‘oui’, les fabricants
pour le ‘non’.” Lancée à l’échelle du pays
tout entier, l’expérimentation clôt la querelle au profit des fabricants.
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Et offre à Pascale Quester une célébrité
planétaire. Les résultats préliminaires sont
exposés lors d’une conférence en Tasmanie. Des représentants de l’université
d’Adélaïde sont dans la salle. Ils lui proposent un job. Elle n’a pas fini sa thèse. “Qu’à
cela ne tienne, vous viendrez après.” Elle
accepte. Elle débarque en Australie par
40° le 10 janvier 1991. Elle a trente ans.
Trouve qu’il fait chaud. Prend une maison sur la plage et un poste de maître de
conférences. Une manière de concevoir
l’enseignement totalement innovante et
une curiosité intacte donnent à Pascale
Quester l’élan pour franchir toutes les
étapes académiques en dix ans – il en faut
normalement trente –, créer des enseignements et se positionner pour entrer dans le
Saint des Saints. Elle lance un programme
de transformation de l’université, casse les
codes de coopération entre l’université et
les syndicats étudiants et accède à la viceprésidence de l’université d’Adélaïde en
juin 2011. Pascale Quester vit toujours dans
sa maison sur la plage. Et reste animée par
cette volonté farouche de faire bouger les
lignes. Les siennes, comme celles de ses
contemporains.
Easy Rider
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