La remise à «neuf» de Lara Fabian CÉDRIC PETIT Mis en ligne le

Transcription

La remise à «neuf» de Lara Fabian CÉDRIC PETIT Mis en ligne le
La remise à «neuf» de Lara Fabian
CÉDRIC PETIT
Mis en ligne le 25/03/2005
- - - - - - - - - - -
La chanteuse sort du tunnel pour livrer «9», l'album d'une nouvelle Lara
Fabian. Qui préfère laisser venir que s'imposer par la force et élargit
joliment sa palette.
RENCONTRE
Le virage, Lara Fabian l'avait déjà abordé il y a deux ans, au moment de la
sortie de son disque live «En toute intimité», où, le temps d'une chanson
au moins, elle s'offrait une récréation acoustique en forme de
régénération. Un disque en anglais - quasiment passé inaperçu - et une
période marquée par la maladie plus tard, la Belgo- italo-canadienne entame
une nouvelle ligne droite avec «9», paru le mois dernier. Un disque pour
lequel la chanteuse n'a pas hésité à poser nue, laissant par là augurer
d'un dévoilement qui est aussi musical: la Lara cuvée 2005 élargit sa
palette, en comptant moins sur son organe vocal que sur sa capacité à
accueillir des éléments extérieurs (une chorale, des rires, une invitée en
la personne de Mélissa Mars) pour enrichir son univers.
Comment comprendre le titre de votre album? Le «9» est lourd de
significations...
Effectivement, il y a plusieurs sens au mot «neuf». En revanche, en
numérologie, il n'y a qu'un seul sens, à savoir la fin d'un cycle et
simultanément, la naissance. Symboliquement, c'est aussi pour le
parallélisme avec le minimalisme présent dans les chansons, un côté plus
organique, d'épure musicale.
Ce qui peut justifier la mise à nu?
Pas forcément, il y avait un nouveau travail. Le sens de la mise à nu est
vraiment à prendre dans l'idée de naissance plus que dans le fait d'être
dévêtue. L'individu, entre 30 et 35 ans, passe à travers un tunnel. Si ce
passage n'est pas toujours sombre, une constante, c'est qu'une foule de
possibilités se présentent à lui. Dans ma vie, il y a énormément de choses
qui ont changé dans ce qu'on appelle la 9e année, toujours en numérologie.
Quelque chose qui était présent depuis longtemps, a trouvé une autre place,
a bougé. C'est à partir de «En toute intimité» que le fil rouge a commencé
de se tendre. Tout s'est transformé.
Pour l'auditeur, si «9» reste un album de Lara Fabian, on n'a rarement eu
l'occasion d'entendre autant de choses dans un de vos disques...
Je le mets sur le compte du travail en binôme avec Jean-Félix Lalanne. Il
m'a apporté ce regard vers l'extérieur, vers les autres. J'accueille
davantage, parce que jétais moins centré sur ce que je ressentais. J'ai été
beaucoup moins autobiographe, plus auteur, pour me mettre dans une position
de regard porté vers les autres.
Ce qui inclut de se mettre en retrait, vocalement notamment...
Oui, et de ne pas toujours être l'unique et le principal protagoniste dans
un arrangement. J'ai souvent eu l'impression que je pouvais être à gauche
ou à droite du tableau, sans que ce soit dramatique, tant que j'avais ma
place en tant qu'instrument et interprète.
J'ai le sentiment d'avoir un regard nouveau sur la musique. Un regard de
chercheur. Il m'est arrivé de travailler trois ou quatre heures sur ma
voix, pour trouver des sons à ajouter à mon nuancier, pour trouver les sons
qui pouvaient au mieux être l'expression de mes sentiments. Être dans un
seul registre vocal est assez contraignant. Trouver un autre type
d'expression a donc été très allégeant pour moi. Ça a permis de faire cet
album comme on découvre la musique beaucoup plus comme quand on la façonne.
L'idée de renouvellement implique qu'on vous voit ici mettre la main à la
pâte à tous les niveaux, et de moins en moins uniquement côté voix...
Oui, l'idée est de présenter un album avec pratiquement autant d'images que
de sons. C'est une façon de faire vivre cet amour que j'ai pour les
artistes complets, qui peuvent se présenter sur la scène d'un opéra,
capables à la fois de chanter, réciter, danser, jouer. C'est ce qui fait la
richesse de notre métier. En même temps, ça ne signifie pas qu'il faille
déployer de grandes choses, mais de bien choisir les petites choses qui
créent cette richesse et cet émerveillement.
Peut-on dire que votre album tient dans une sorte d'esthétique de la
tolérance?
Oui, dans le sens où ce qui est beau ne doit pas être imposé. J'ai souvent
essayé de franchir les barrières par la force, ce qui faisait un peu de moi
une sorte d'animal à abattre. Cette fois, j'ai eu l'impression que j'avais
le droit de déposer ces choses, sans forcément être culpabilisée par le
regard des autres. Je l'ai vraiment fait comme on cherche, comme on
découvre.
Ce qui est neuf, c'est aussi le regard sur l'actualité des «Homéricains»...
Je pense qu'aujourd'hui les Américains sont une cible facile. Nous sommes
probablement plus ignares que ce que nous les accusons d'être. Ce serait
bien qu'on arrête de considérer que nous sommes les seuls êtres vertueux.
Lara Fabian, «9», chez Universal.En concert au Cirque royal de Bruxelles
les
12 et 13 septembre, à Charleroi le 15 septembre et à Liège les 16 et 17
septembre.
© La Libre Belgique 2005 Lalibre.be

Documents pareils

Page 1 of 3 Lara Fabian et L`Homoparentalité Gay et Lesbienne

Page 1 of 3 Lara Fabian et L`Homoparentalité Gay et Lesbienne « L’oubli est l’unique façon de continuer de porter les souvenirs, sans qu’ils nous envahissent. » « Si les couples homosexuel(le)s que je connais pouvaient adopter des enfants, ça ferait une socié...

Plus en détail