CHAMP LEXICAL DE LA PEUR DOMAINE DE LA RAISON Dans ce

Transcription

CHAMP LEXICAL DE LA PEUR DOMAINE DE LA RAISON Dans ce
CHAMP LEXICAL DE LA PEUR
DOMAINE DE LA RAISON
Dans ce texte le champ lexical de la peur est omniprésent.
Quelles sont les causes de la peur ?
-
CE QUI EST DIT
CE QUE L’ON A COMPRIS EN LISANT LE RESTE DU LIVRE
DANS LE TEXTE
- des bêtes IMAGINAIRES
créatures monstrueuses)
(fantômes,
DANS L’OEUVRE
- la solitude
- l’absence d’adultes
- l’absence de sécurité
(maison,
intimité, lumière, moyens de recours)
- l’absence de tendresse, de langage
- l’agressivité des chasseurs
Il agita doucement la conque et son regard se perdit dans le lointain, tandis qu'il se
remémorait la «bêbête », le serpent, le feu, les manifestations de la peur.
-Et puis, on a commencé à avoir peur.
Un murmure, presque un gémissement, s’éleva pour mourir aussitôt.
Jack ne tailladait plus son morceau de bois. Ralph poursuivit brutalement :
Ce ne sont que bêtises de gosses. On va tirer ça au clair. Alors voilà la dernière chose, celle
dont on peut discuter, c'est cette peur pour laquelle il faut prendre une décision.
Les cheveux lui retombaient de nouveau dans les yeux.
-­‐
Il faut en parler de cette peur pour voir qu'elle ne rime à rien. Moi aussi il m'arrive
d'avoir peur parfois, mais je sais que c'est de la bêtise, des histoires de
Croquemitaine. Quand on aura arrangé ça, on pourra repartir à zéro et faire attention
aux choses importantes comme le feu.
Le souvenir de trois garçons marchant sur la plage éblouissante traversa son esprit et il
ajouta :
- Et être heureux.
D'un geste cérémonieux, Ralph posa la conque à côté de lui sur le tronc, pour signifier qu'il
avait terminé.
Les rares rayons du soleil qui leur parvenaient maintenant étaient à l'horizontale.
Jack se leva et prit la conque.
- Alors, c'est un meeting pour décider ce qui se passe ? Eh ben, moi, je vais vous le dire ce qui
se passe. Vous autres, les petits, c'est vous qui avez tout commencé avec vos histoires de
frousse. Des bêtes ! Et d'où sortiraient-elles ? Bien sûr, tout le monde a la frousse parfois,
mais on s'y habitue. Mais Ralph dit que vous criez la nuit. Bah! C’est jamais que des
cauchemars D'abord, vous ne chassez pas, vous ne construisez rien, vous n'aidez à rien. Vous
n'êtes que des mômes pleurnichards et des poules mouillées. Là. Quant à la frousse, il faudra
vous y habituer comme nous autres.
Ralph, bouche bée, regardait Jack qui ne s'occupait pas de lui.
- Ce qu'il faut dire, c'est que la frousse ça ne peut pas faire plus de mal qu'un rêve. Il n'y a pas
de bêtes féroces dans cette île.
Il promena son regard le long de la rangée de petits qui chuchotaient.
- D'abord, ce serait bien fait si une bête vous attrapait, poules mouillées, bons à rien ! Mais il
n'y a pas de bête !
Ralph l'interrompit d'un air irrité.
- Qu'est-ce que c'est que cette histoire ? Qui a jamais parlé d'une bête ?
-- Toi, l'autre jour. Tu as dit qu'ils criaient dans leur sommeil. Maintenant, ils parlent, et pas
seulement les petits, mais aussi mes chasseurs, ils parlent d'une chose, une chose noire, une
bête, un animal quelconque. J'ai entendu. Vous ne vous en doutiez pas, vous autres, hein ? Eh
bien ! Ecoutez-moi. Il n'y a pas de gros animaux dans les petites îles. Rien que des cochons
sauvages. Les tigres et les lions, ça ne se trouve que dans les grands pays comme l'Afrique et
l'Inde...
-Et au Zoo...
- C'est moi qui ai la conque. Je ne parle pas de votre frousse, je parle de la bête. Que vous ayez
la frousse, ça n'a pas d'importance, mais quant à la bête...
Jack s'interrompit, serrant la conque dans ses bras, et il se tourna vers ses chasseurs aux
casquettes noires crasseuses.
- Je suis un chasseur, oui ou non ?
Ils firent un signe d'assentiment. Aucun doute a cela.
Jack était bien un chasseur.
-Bon, eh bien! J’ai exploré toute l'île. Tout seul. S'il y avait une bête, je l'aurais vue. Ayez la
frousse si vous êtes des froussards, mais de bête il n'y en a pas.
Jack rendit la conque et s'assit. Tous l'applaudirent avec soulagement. Porcinet tendit la main.
- Moi, je suis pas d'accord avec tout ce que Jack a dit, mais en partie oui. Bien sûr qu'il n'y a
pas de bête dans la forêt. Comment que ce serait possible ?
- Du cochon.
-Nous, on mange du cochon.
- Du cochonnet, Porcinet !
- C'est moi qui ai la conque, protesta Porcinet indigné. Ralph, ils devraient se taire, n'est-ce
pas ? Les petits, taisez-vous. Ce que je veux dire, c'est que je suis pas d'accord avec ces
histoires de frousse. Bien sûr qu'il n'y a rien qui puisse faire peur dans la forêt. J'y ai été moimême ! Si ça continue, vous parlerez de fantômes et de je ne sais quoi encore. Mais on sait
tout ce qui se passe, et si quelque chose cloche, il y a quelqu'un pour s'en occuper.
Il enleva ses lunettes et les considéra de ses yeux clignotants. Le soleil avait disparu
comme si on avait éteint la lumière.
Il reprit son explication.
- Si vous avez mal au ventre, que ce soit un grand ou un petit...
- Le tien, c'est un grand.
- Quand vous aurez fini de rigoler, on pourra peut-être continuer la réunion. Les petits, si vous
regrimpez sur la balançoire, vous retomberez dans une seconde et c'est tout. Il vaut mieux
vous asseoir par terre et écouter. Non. Il y a des docteurs pour tout, même pour l'intérieur du
cerveau. C'est pas vrai qu'on a toujours besoin d'avoir peur de quelque chose. La vie - affirma
Porcinet très exubérant - la vie est scientifique, parfaitement ! Dans un an ou deux, quand la
guerre sera finie, on fera des voyages dans la planète Mars. Je sais qu'il n'y a pas de bêtes, - je
veux dire pas des monstres avec des griffes et tout ça, - mais je sais aussi qu'il n'y a pas de
peur à avoir.
Porcinet s'interrompit.
- A moins que...
Ralph s'agita, inquiet.
- A moins que quoi ?
- A moins qu'on ait peur des gens.
SA MAJESTE DES MOUCHES, EXTRAIT DU CH5 – MONSTRE MARIN