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PAen avril 2013.indd
N° 3
15 Avril 2013
Fait divers :
Edito :
Le printemps arrive (enfin) et il n’arrive pas seul : voici le dernier numéro de
votre journal favori (hein que c’est votre journal favori, hein ?) ! Préparezvous à y trouver de la Plume d’Argent, encore de la Plume d’Argent et toujours
de la Plume d’Argent. Parce que le PAen, mesdames et messieurs les auteurs,
c’est aussi vous.
Dans
cette
partie
du
journal,
vous
trouverez
les petites annonces ainsi
que les perles du forum
Bonne lecture !
Cristal et Saïph, rédactrices en chef
Sommaire :
- Annonce spéciale
- Plume et astuce
- Nos Imagineurs
- Les perles de PA
- Les petites annonces
- La galerie des plumes
1
2
4
2
1
8
- Les nouvelles
pérégrinations
culinaires
10
- Jeux
14
Annonces :
Annonce spéciale :
Après plus de trois années de bons et loyaux services, SecretSpleen quitte
le journal. Au nom de toutes les plumes-porters et au nom de toutes les
modératrices, le PAen tient à la remercier du fond de son cœur d’encre pour
tout ce qu’elle a apporté : sa bonne humeur, son volontarisme, ses belles idées,
son indéfectible ponctualité (ben oui, ça compte), et surtout cette bienveillance
et cette curiosité qui la caractérisent et qui lui ont permis de réaliser de très
jolies interviews comme de récolter de très jolies perles.
SecretSpleen, ta contribution au PAen a été et sera toujours la bienvenue, sous
une forme ou sous une autre !
Encore merci pour tout,
L’équipe du PAen et l’équipe de PA
Échange arsenal de
survie en cave humide, contre
service de bêta-lecture pour
L5TO vol1 ou 2.
Le nécessaire comprend un
lot de tibias en os de mouton
vaudou
anti-fringale
de
Danette, une lime à ongle
deluxe triple épaisseur à
efficacité
garantie
contre
les barreaux des cages de
Grenouilles, un capteur de sel
pour prémunir vos Nesquik
contre le sel qu’y glisse la
cambusière, et l’accessoire
incontournable pour vous
imposer, le vermicelle quasi
neuf tressé en fil de soie des
vers à marais, idéal pour
dispenser habilement coup de
fouets et avertissements aux
auteurs manquant d’efficacité.
Intéressé(e), contactez Sushi
^^
Plume et Astuces : La réécriture
Vous venez de poser le point final à votre roman, vous dansez, vous mangez,
vous buvez… et vous vous rasseyez aussitôt pour le retravailler ? Quoi ?
Vous n’attendez même pas d’avoir fini pour tout reprendre ? Vous avez le
virus de la réécriture ! Ça peut être une excellente maladie comme ça peut
devenir votre pire cauchemar. Bon, avant toute chose, je vais définir ce que
j’entends par « réécriture ». Si vous faites la chasse aux fautes d’orthographe,
si vous retouchez quelques phrases, si vous ajoutez un passage çà et là, c’est
un simple travail de correction. Par contre, si vous vous lancez dans un
remaniement en profondeur de votre manuscrit, autant du point de vue du
style que du contenu, c’est bien ce dont il va être question ici.
Attendez le mot de la fin !
C’est le premier conseil que je donne, car c’est celui que je n’ai pas toujours
suivi. L’écriture évolue avec les années, les mois même, c’est un fait. Plus vous
passez de temps sur un roman, plus le début vous sort par les yeux, car il
ne colle plus du tout avec votre style ou avec vos idées. Aussi forte soit la
tentation, n’y retouchez pas et allez jusqu’au bout. Votre roman se compose
de plusieurs tomes ? Idéalement, patientez jusqu’à la fin de la saga ; sinon,
attendez au moins d’avoir terminé un volume. Et d’ici là, consignez dans
un fichier à part tout ce que vous aimeriez modifier par la suite : étoffer tel
personnage, anticiper tel événement, supprimer telle action, etc.
Perles :
Parce que des plumes qui
papotent ensemble sur un
forum dédié à l’écriture, ça
vaut souvent le détour, nous
vous proposons un aperçu de ce
que cela peut donner. Voici les
petites perles que nous avons
sélectionnées pour vous dans ce
numéro...
« Mes fins préférées se
doivent d’être aigre douces.
Elles doivent apporter une
conclusion mais peuvent se
permettre le luxe de faire une
fin ouverte. Elles se doivent
d’être positives mais pas
forcément finir bien. »
Par Xenjax (Qu’est-ce
qu’une «bonne fin» ?, 5 Sep
2012)
Pourquoi ? Premièrement, parce que si vous réécrivez au fur et à mesure que
vous avancez, vous allez tomber dans une boucle temporelle et que vous n’en
verrez jamais le terme. Deuxièmement, vous bénéficierez d’une meilleure
vue d’ensemble si vous avez déjà l’histoire entièrement écrite sous les yeux.
Réécrire une intrigue, c’est comme jouer aux dominos
Une fois votre premier jet terminé, ne vous précipitez pas pour réécrire.
Je vous conseille de tout relire à tête reposée, avec prise de notes à côté,
de façon à dégager la structure actuelle de votre roman. Premier chapitre,
présentation des personnages principaux ; deuxième chapitre, événement
déclencheur de l’intrigue ; et ainsi de suite. Cette mise à plat est très utile pour
voir la répartition des événements dans votre histoire. Vous vous apercevrez
peut-être qu’il y a des chapitres où il ne se passe rien d’intéressant et d’autres
où il se passe trop de choses à la fois, que vous vous répétez ou que vous avez
au contraire la manie des ellipses.
À partir de ce plan détaillé (« hou, le vilain mot », je vous entends d’ici) et
à partir de vos notes, vous pouvez mettre en place une nouvelle structure.
Considérez chaque chapitre, chaque scène comme un domino : ils doivent
tous être à leur place, s’enchaîner à la perfection et au bon rythme. Vous
connaissez déjà le cheminement entre l’alpha et l’oméga de votre roman : à
vous d’inventer de nouvelles étapes intermédiaires ou de supprimer celles
qui ne servent à rien. Maintenant que vous connaissez l’issue de chaque
événement, vous pouvez éviter les cheveux sur la soupe : par exemple, si
une crise doit éclater (une dispute, une révolution, une guerre), semez
des signes avant-coureurs. Oubliez les fioritures et les digressions qui font
du remplissage : tous les détails doivent être au service de l’histoire et de
l’histoire seulement.
Bref, posez-vous ces questions rituelles : est-ce que tous mes passages font
avancer significativement l’intrigue ? est-ce qu’ils me permettent de traiter
Perles :
« Mais je dirais que parfois, la
pluie est apaisante, parce qu’on
n’ se sent pas obligé de sortir!
C’est une bonne excuse pour
faire la limace dans le canapé
ou carrément dans le lit, avec
la lampe de chevet allumée
tellement il fait sombre, et
un bon livre devant les yeux.
Ces atmosphères-là sont très
plaisantes, surtout quand il
fait plutôt chaud à l’intérieur,
et qu’on devine plus ou moins
la température extérieure.
Sans jamais mettre un orteil
dehors bien sûr. C’est tout dans
l’imagination, comme une
petite frayeur maîtrisée qui
nous fait davantage apprécier
le moment présent. »
Par Jamreo (Que faites-vous
un dimanche pluvieux ?, 18
Sep 2011)
tel thème, de préparer tel événement, de révéler telle facette de
personnage ? est-ce qu’il fait franchir une étape (réelle, symbolique ou les
deux à la fois) à mon héros/héroïne/antihéros/antihéroïne ?
Retravailler son style : le mieux peut être l’ennemi du bien
Plus nous écrivons, plus nous prenons de la bouteille, plus notre vocabulaire
s’enrichit. La grande tentation, quand on réécrit une histoire, c’est d’en
retoucher chaque phrase pour qu’elle soit plus jolie, plus poétique, plus
recherchée, plus adjectivée. On en profite pour étoffer toutes les descriptions
: ainsi, tel lieu ou tel personnage qu’on présentait en quelques lignes prendra
bientôt la place de plusieurs pages !
La question que vous devez avoir à l’esprit est : à quel lectorat est-ce que je
destine mon roman ? Vous ne devrez pas du tout travailler votre style de
la même façon selon que vous vous adressez à des petits enfants ou à de
jeunes adultes, à des adolescents ou à des adolescentes, au grand public ou
aux jurés du prix Goncourt. Si vous vous destinez à des lecteurs qui seront
rebutés par une avalanche de mots compliqués ou de tournures abstruses,
réécrivez en allant dans le sens de la fluidité et de la simplification. Vous
pouvez avoir une forte puissance évocatrice avec des termes très simples,
une vraie étoffe littéraire en tapant dans un registre familier.
Les mots aussi, finalement, c’est comme les dominos :
chacun doit avoir sa place et son utilité, chacun doit bien
s’emboîter entre celui qui précède et celui qui suit.
Un background qui porte votre signature
Ce que j’appelle « background », c’est ce qui sert de cadre
spatiotemporel à votre intrigue et à vos personnages.
Quand on est sur la lancée de l’écriture, on n’a pas toujours
la patience d’imaginer des décors ou des situations qui
sortent du déjà-lu. Les personnages font toujours les
mêmes choses, vont toujours aux mêmes endroits. Il y a
d’ailleurs des stéréotypes dans tous les genres littéraires :
l’auberge crasseuse de l’Heroic Fantasy, le luxueux manoir
du vampire, les rues embrumées du polar, le vaisseau
ovoïde de la Science fiction ou le Londres victorien du steampunk. Que
celui qui n’a pas cédé à la tentation du prêt-à-écrire jette la première pierre !
La réécriture, c’est le moment où vous pouvez faire marcher les muscles
de votre imagination à plein régime. Pourquoi vos personnages devraientils forcément être assis au calme quand ils échangent des confidences ?
Ils pourraient tout aussi bien faire du patin à roulettes dans un immeuble
abandonné ou marcher à l’envers sur un trottoir volant. Pourquoi un
enterrement devrait-il se dérouler sous la pluie ? Pourquoi le grand duel
final devrait-il se jouer sur les toits ? Pourquoi les trolls ne posséderaientils pas une bibliothèque universitaire ? Vous seriez étonné de l’effet produit
rien qu’en renouvelant votre décor !
Et voilà, j’en ai fini avec ma Plume et Astuce. Vous faites partie des
Réécriveurs Anonymes ? Hadana a ouvert un topic spécialement pour vous
sur le forum : si vous voulez partager votre expérience, n’hésitez pas à sortir
de l’ombre. On ne vous jugera pas, nous sommes presque tous passés par là !
Cristal
Perles :
« Quand les poules auront
des dents, et les grenouilles
n’auront plus dents, alors la
fin du monde arrivera ! J’ai
lu l’avenir dans les poils de
fourrure de Flammy. »
Par SecretSpleen (Un
nouveau membre dans
l’équipe..., 9 Nov 2012)
Perles :
« En réalité j’essaie de rougir
pour montrer à quel
point je suis fragile
et vulnérable, mais
ça ne marche jamais,
parfois je retiens ma
respiration,
mais
je vire aussitôt au
bleu, ou alors mes
interlocuteurs
ont
l’impression que j’ai
mangé trop de riz ! »
Par Aranck (Journal d’Aranck, 20
Mar 2013)
Perles :
« Moi au contraire, quand
j’aime bien un personnage, ça
me dérange pas de le tuer, mais
quand c’est des secondaires
ou des inconnus, ça me gêne
plus parce que ça fait un peu
carnage inutile selon moi.
Chuis pas normale. »
Par Flammy (Vos obsessions ?, 10 Aoû 2008)
Nos Imagineurs :
Salut les Plumes !
Autant vous prévenir tout de suite, cette deuxième interview risque fort
d’avoir des allures de coup de cœur.
En effet, je tenais particulièrement à vous présenter une personne sans laquelle je n’aurais peut-être jamais trouvé le chemin de La Plume d’Argent. Je
l’ai connue par le biais d’un autre site, sous le pseudo de Kill. Comme bon
nombre d’entre vous, je suis littéralement tombée sous le charme de sa grandiose saga, Derrière les Portes. Il n’en fallait pas plus pour que je souhaite en
faire mon prochain Imagineur.
Merci d’accueillir Neila !
1. Attaquons directement : as-tu toujours ressenti l’envie d’écrire ?
Que nenni. Très franchement, si j’embarquais dans une DeLorean et que je
remontais huit ou neuf ans en arrière pour dire à mon jeune moi que plus
tard, j’écrirais et j’adorerais ça, je crois que je me rirais au nez. Écrire, j’en
voyais pas l’intérêt et j’en ressentais aucune envie. Mais je crois que c’était
surtout parce que je n’aimais pas beaucoup lire à l’époque. Je me suis mise assez tardivement à la lecture «libre» : avant ça, pour moi, lire était synonyme
d’ennui et de contraintes. A douze-treize ans, c’est difficile d’apprécier Zola
ou Maupassant...
Mais je me suis mise petit à petit à la lecture, avec des bouquins comme
Harry Potter ou le Livre des Étoiles, et j’ai compris que lire n’était pas si mal
que ça. Je ne saurais pas trop dire à partir de quand l’envie d’écrire a réellement germé. Je pense que ça a été progressif. Tout ce que je lisais ou regardais venait gonfler mon imagination et en voyant certaines personnes de
mon entourage écrire, j’ai fini par réaliser que l’idée n’était pas si grotesque.
Qu’après tout, pourquoi pas moi ? Finalement il aura suffi de quelques encouragements et d’un regard pour me convaincre.
2. As-tu eu une (ou plusieurs) autre expérience de publication en dehors de
Plume d’Argent ? Comment as-tu vécu cela ?
Ouaip.
Actuellement je publie sur trois sites différents (en comptant PA). J’ai commencé à publier sur fanfic-fr mais pas avec de la fanfic. Résultat, j’ai eu un
peu de mal à trouver mon public mais ça a fini par venir malgré tout. Après
ça, j’ai découvert la Plume d’Argent par l’intermédiaire d’Hadana et j’ai migré
par là, le coin semblant un peu plus approprié aux histoires originales (et
quand même bien plus convivial, il faut le dire). Et récemment je me suis
lancée sur les Werewolf Studios.
Ma foi, je vis plutôt bien ces différentes expériences de publication. Sincèrement, j’ai eu l’impression de passer un cap à chacune d’elle. Je ne sais pas...
sur chaque site règne une ambiance particulière, des mentalités qui diffèrent
un peu d’un site/forum à l’autre, d’autres histoires à découvrir et d’autres
auteurs avec qui échanger. Chaque communauté m’a apporté quelque chose
à sa façon et, j’en ai le sentiment, m’a permis d’évoluer, de mûrir un peu mon
rapport à l’écriture (bouh, ça fait sérieux dit comme ça !).
D’ailleurs, j’ai récemment réalisé que chaque nouveau «lancement» sur un
site s’est accompagné d’une réécriture (plus ou moins conséquente) de mon
histoire, comme si j’avais appris un peu de mes erreurs sur chaque précédent
site et que j’avais tenté de rectifier le tir. C’est comme ça que je le vois en tout
cas.
Annonce :
La page blanche vous nargue?
Vous en avez perdu le
sommeil?
Nous avons la solution à tous
vos problèmes ! Dans un cadre
chaleureux, redécouvrez les
joies simples de l’écriture sous
menaces ! L’offre comprend le
gîte (sous forme d’une cage
bien douillette), le couvert
(sous forme de Nesquik
salé) et les coups de fouets
quotidiens (sous forme de
coups de fouet).
Attention, les places sont
limitées. Alors, n’attendez
plus, contactez la Grenouille.
Elle se fera un plaisir de vous
enfermer.
Sej.
Citations d’auteurs du site Plume
d’Argent :
Vous les avez lus, peut-être
commentés, et sans doute
vous-êtes vous dit au fil de
vos réflexions que certains
passages mériteraient d’être
cités dans des conversations
hors contexte, juste pour
la beauté des mots et
des phrases savamment
agencées
?
Retrouvez
dans ce numéro quelques
citations qui ont retenu
notre attention ce moisci, et n’hésitez pas, pour
les parutions futures, à
nous
transmettre
vos
propres suggestions ! Elles
n’en seront que mieux
appréciées!
3. Qu’est-ce que tu préfères dans la publication en ligne ?
L’avantage certain de la publication en ligne, c’est de pouvoir interagir avec
les gens qui nous lisent. Récolter tout un tas de points de vue différents
venant de personnes qui ne nous connaissent pas et qui ont donc moins de
scrupules à dire ce qu’elles en pensent vraiment. Si j’avais écrit toute seule
dans mon coin sans publier sur le net, avec uniquement une ou deux copines à qui montrer mon histoire, je ne pense pas que j’aurais progressé
aussi vite. Ouais, publier en ligne m’a vraiment fait progresser, à tout un tas
de niveaux.
On adorerait tous être publiés par une maison d’édition un jour ou l’autre
(même ceux qui n’ont pas pour projet de se lancer là-dedans ne cracheraient pas dessus je pense), mais par moment il m’arrive de me demander...
publier sur le net, est-ce que ce n’est pas mieux finalement ? Publier sur le
net, c’est déjà proposer son histoire à un très grand nombre de personnes,
et c’est en plus pouvoir échanger avec ces personnes, savoir en temps réel ce
qu’elles ont pensé de nos écrits, pouvoir en discuter longuement à côté, leur
faire part de nos idées etc... Alors évidemment, on ne gagne pas d’argent,
évidemment on est pas relus, corrigés et approuvés par des professionnels,
mais quelque part est-ce que ce n’est finalement pas plus enrichissant (intellectuellement parlant) ? Enfin bon. Je ne sais pas, ça se discute, mais c’est
une idée qui me traverse par moment.
4. As-tu déjà eu affaire à des critiques bizarres que tu aurais le courage d’évoquer (des groupies folles furieuses, de futurs contrats de mariage ou au
contraire des menaces de mort) ?
Hum... ça m’est arrivé d’avoir deux ou trois critiques bizarres. Pas forcément
dans la catégorie «groupie en folie» mais plutôt dans la catégorie «lecteur à
côté de ses pompes». J’en avais déjà parlé sur mon Journal de Bord mais je
ne suis pas prête d’oublier cette lectrice qui avait compris des choses vraiment farfelues en lisant mon prologue. Pour remettre un peu les choses
dans leur contexte, l’histoire débute par un cheval ailé monté par une jeune
femme agonisante. Le dada débarque au grand galop dans une clairière en
pleine nuit, provoquant la fuite des animaux sauvages et notamment d’une
chouette. Bon. Il est tout à fait envisageable que je me sois mal exprimée
mais les yeux me sont quand même sortis de la tête quand la lectrice en
question m’a dit avoir cru comprendre que c’était la cavalière qui possédait
des ailes, ou encore s’être demandé si la chouette n’était pas sur le dos du
cheval. Le tout avec beaucoup de sérieux. J’ai retouché ce prologue un certain nombre de fois depuis (la chouette est passé à la trappe, paix à son âme)
et, même si j’admets volontiers que tout est loin d’être parfait, parfois il me
semble qu’il faut quand même faire preuve d’un peu de bon sens quand on
lit... (non mais... une chouette sur le dos d’un cheval qui galope quoi ? xD)
5. Puisque tu ne nous laisses pas beaucoup de choix, parlons donc de Derrière
les Portes. Comment t’es venu l’idée de cette saga ?
Je crois que c’est un peu une somme de plusieurs idées et envies que je me
trimballe depuis des années. La base de la base, lorsque je me suis lancée
là-dedans, c’est que je voulais des personnages avec des dons. Pas quelque
chose style sortilèges et pouvoirs magiques à gogo mais juste un ou deux
dons très ciblés pour chaque personnage, comme la télékinésie, la pyrokinésie, l’invisibilité, etc... Oui, ça n’a rien de nouveau mais moi ça m’a
toujours branché. En plus, je vois les dons qu’on attribue aux personnages
comme une façon intéressante de matérialiser tout ce qui peut sommeiller à
l’intérieur de quelqu’un. Une espèce de métaphore. Les gens possèdent tous
plusieurs facettes et j’ai toujours eu envie de jouer là-dessus. Alors voilà.
Perles :
« J’adore l’hiver, le côté
festif, la nuit qui tombe tôt,
apprécier pleinement une
tasse de chocolat chaud ou de
thé... Mais la vache c’qui fait
froid là !!! »
Par Elka (Bûcher Collectif,
15 Oct 2009)
Citation :
« Anna pinça les lèvres. Elle
repensait à sa vie sur Terre.
Puis à Rygath, Inhgaïa, Kahyna,
à Térence aussi. Et enfin, elle
réfléchit à ce qu’elle savait de
Tinardhante, considéra tout ce
qu’elle avait déjà vécu auprès de
cet artefact depuis leur arrivée
dans ce monde inconnu. Vécu.
L’amulette avait été le premier
être à l’avoir considérée comme
un individu à part entière. Elle
était la seule à lui faire miroiter
la possibilité d’exister malgré sa
condition instable condamnée
à mourir dès sa création. Depuis
qu’elle était toute petite, on lui
disait toujours la même chose
: un être vivant de son espèce
était une aberration non viable
vouée à s’éteindre après une vie
courte, torturée, persécutée.
Tinardhante seule réalisait le
miracle de lui faire ressentir la
lueur d’espoir qui lui donnait
envie de se battre. Même si
l’artefact l’avait manipulée,
même si elle lui avait fait faire
et vivre des choses horribles...
Jamais elle ne lui avait menti. Et
finalement, elle était toujours
là au bon moment pour
intervenir quand les choses
tournaient pire que mal. Anna
ne se sentait plus seule, ni
rejetée. Mais comprise, voire
nécessaire. »
Par SecretSpleen dans
L’Amulette d’un ange sur
Fictions Plume d’Argent.
J’ai voulu faire tout en symboles et en métaphores. Je me rends
compte que cette histoire a un côté très manichéen. Mais les histoires
avec lesquelles j’ai grandi étaient toutes un peu comme ça alors, évidemment...
Cela dit, ça fait pas toute l’histoire et pour être honnête, j’ai eu beaucoup
de mal à visualiser un univers où placer le récit et aussi le pourquoi du
comment certains gugus se trimballaient avec des supers pouvoirs. Pour ça,
j’ai dû faire pas mal de recherches et parcourir tout un tas de légendes et de
mythes avant que l’inspiration ne vienne.
6. Il a dû te falloir beaucoup de temps pour mettre tout cet univers en place,
non ?
Cinq ou six ans pour l’instant. L’univers est encore en cours de création en
fait. Personnellement ça m’est complètement impossible d’imaginer tout un
univers avant de commencer à écrire. ‘Fin, un univers quoi... c’est vaste ! Je
passerais jamais à la rédaction si j’attendais d’avoir tout imaginé dans les
moindres détails. Non, l’univers se construit au fur et à mesure en même
temps que l’histoire. Les idées s’ajoutent. Elles cessent jamais de s’ajouter et
elles cesseront pas tant que j’aurais pas mis le point final à l’histoire – réécritures inclues. C’est difficile de mettre son imagination sur «stop» comme
c’est difficile de lui demander de tout trouver en une fois.
7. Derrière les Portes est-il vraiment ton tout premier texte ? Allez, tu sais que
tu peux tout nous dire…
Au risque de vous décevoir... oui. Derrière les Portes est vraiment ma première histoire, celle avec laquelle je me suis lancée dans l’écriture (si on
oublie les rédactions obligatoires de français). Pas de fanfictions Harry Potter, Pokémon ouPetits Poneys que je cacherais honteusement dans mon
placard, pas une ligne de poème, pas de one-shot ni l’ombre d’une bande
dessinée en trois cases... non. Rien. J’aurais bien aimé pourtant, ne serait-ce
que pour rigoler aujourd’hui en relisant ça ! Ou au moins pour me dire que
je me suis un peu fait la main sur des petits projets avant de me lancer dans
ce gros morceau. Mais non. En grande impatiente que je suis, je suis passée
du néant à « tiens ! Et si j’écrivais une saga en 8 tomes ? ». C’était peut-être
pas une brillante idée quand je vois le travail de réécriture que je suis obligée de faire maintenant pour que cette histoire ressemble à quelque chose...
Mais bon, ce qui est fait est fait hein.
8. A ton avis, que pourraient penser tes personnages de la tournure que prend
Derrière les Portes ?
Ouch. Je pense que ça ne leur plairait pas beaucoup !
Hayalee serait peut-être la seule à être assez naïve pour se demander ce qui
va se passer ensuite mais pour Saru, ça puerait clairement les ennuis à plein
nez. Lisandra... je crois qu’elle arrêterait directement les frais et déciderait
de s’éloigner le plus possible de cette bande de bras cassés avant qu’il soit
trop tard. Quant à Yasuo... bah, il hausserait sûrement les épaules en se disant qu’il arrivera ce qu’il devra arriver. Ah et Iltaïr aurait la confirmation
que les choses se passent comme il l’avait imaginé jusque là, ce qui ne serait
pas forcément pour lui plaire.
9. Question de fan : Tu viens de finir de publier sur Plume d’Argent le premier
tome de Derrière les Portes, est-ce que tu envisages d’ors et déjà plus ou moins
une publication papier ?
Ce serait mentir que de dire que l’idée n’a pas fait son petit bonhomme
Citation :
« Remontant sa manche gauche,
elle fixa l’intérieur de son avantbras. Là, pour toujours, était
gravée une série de dix symboles
: quatre chiffres, un losange
dont les sommets de droite et
de gauche étaient reliés par un
trait puis à nouveau des chiffres,
cinq. Elle avait choisi l’endroit
symboliquement et les chiffres
tout autant. D’abord un deux,
puis un zéro, venait ensuite un
un, puis un deux, de nouveau.
C’était l’année de sa congélation.
Ironiquement cela lui avait
fait penser à tous ces produits
surgelés qu’elle avait mangés
dans sa vie. C’était sa date
d’emballage, il ne manquait plus
que celle de péremption. »
Par Blacky dans Cicatrice.
Livre I : Faye sur Fictions
Plume d’Argent.
Citation :
« Il n’y avait plus de courage
ou de belles paroles, il n’y
avait plus de bonnes ou de
mauvaises décisions quand la
vie ne tenait qu’à un fil. Lorsque
quelqu’un vous menace d’une
arme, lorsque vous pouvez
clairement voir dans ses yeux
qu’il le fera, alors l’homme n’est
plus rien d’autre qu’un animal
face à un prédateur. Un animal
face à la Mort. (…) Pourtant,
lorsqu’Hayalee se retourna
dans son lit en fermant les yeux,
pas une seule larme ne vint
imprégner l’oreiller. Elle avait
pu manger à sa faim, profiter
d’un instant d’insouciance en
compagnie de ces gens, rire
même ; elle pouvait maintenant
dormir, l’air s’insinuait dans ses
poumons, son cœur continuait
de battre... Elle était en vie. Et sa
famille aussi. »
Par Neila dans Derrière les
Portes sur Fictions Plume
d’Argent.
Citation :
de chemin depuis que j’ai commencé à écrire... Mais même si
je peux l’envisager, c’est certainement pas pour tout de suite. Je n’ai écris
qu’un seul et unique tome sur une série qui devrait en compter au bas mot
huit alors ça me paraît un peu tôt pour me lancer là dedans. Être publiée a
beau ne pas être le but que je cherche à atteindre en écrivant, ça ne m’empêche pas de rêver, de me dire que qui sait ? un jour peut-être que... Mais je
ne sais pas trop comment je réagirais face à de potentiels refus. Et je n’ai pas
envie de courir le risque de me décourager alors que je n’ai même pas écrit la
moitié de l’histoire. J’ai vraiment envie d’arriver au bout de ce projet et, pour
ça, il me faut un bon moral. Pour ça, j’ai besoin de pouvoir continuer à rêver
je crois.
Alors oui, peut-être qu’un jour j’essaierai la publication papier, ne serait-ce
que pour me dire que j’ai tenté le coup, mais pas aujourd’hui. Je pense pas
être encore prête pour ça.
10. Pour finir, y aurait-il quelque chose en particulier que tu voudrais dire aux
personnes qui sont en train de nous lire ? Un message à leur transmettre peutêtre ?
« – Et plus que tout… j’ai un gros
faible pour les filles timides.
J’aime toutes les filles timides.
Aline était très réservée quand
je l’ai connue. Elle ne parlait
jamais. Et quand je flirtais
avec elle, elle ne savait plus
où se mettre. C’était mignon.
Caroline, elle ne rougissait
pas. Elle fermait les yeux d’une
façon assez particulière, et
souriait très timidement. Et on
voyait ses pommettes toutes
roses. Un amour. Et toi Lulu…
Quand je t’ai vue la première
fois, tu n’osais pas t’avancer vers
Madame Suzette, car tu pensais
que j’étais là avant toi. Tu étais
écarlate. J’ai craqué. Voilà. »
Par La Ptite Clo dans Graines
de comédiens sur Fictions
Plume d’Argent.
J’espère que je ne vous aurais pas trop ennuyé avec mon blabla !
Mais merci d’avoir pris le temps de vous pencher sur moi et sur mon histoire.
Ça fait peut-être un peu pompeux mais je tiens quand même à remercier
toute la communauté des plumes argentées pour leur intérêt, leur soutien et
leur chaleur ! Ça m’aide énormément de pouvoir échanger avec vous tous.
Alors longue vie à PA !
Ainsi s’achève cette interview. Je remercie Neila pour sa très sympathique
collaboration ainsi que pour le temps qu’elle m’a accordé. J’ai conscience
qu’elle est présente depuis pas mal de temps sur PA et beaucoup d’entre vous
la connaissent sans doute bien, mais c’était important pour moi de pouvoir
réaliser cette interview. Alors j’espère que vous aurez eu autant de plaisir à la
lire que j’en ai eu à la mettre sur pied !
A toi Neila, je souhaite le meilleur pour les nombreux projets qui t’attendent
ainsi qu’une excellente continuation avec ton texte qui continuera certainement à nous faire rêver encore longtemps !
Je remercie tous les lecteurs pour leur attention et vous dis à la prochaine !
Gardez vos plumes affutées,
Slyth
Citation :
« Le tapis moelleux étouffait ses
pas rapides et cette sensation
la ravissait : impossible pour
les autres de savoir quand
elle allait leur fondre dessus
! Ses premières victimes : les
immanquables fainéants du
dortoir des serviteurs. Ces
profiteurs que, dès son plus
jeune âge, Ayleen avait pris
plaisir à réveiller à grand renfort
d’eau glacée, contenue dans les
seaux de chacun d’eux. Cela
faisait partie de ses meilleurs
souvenirs d’enfance et, rien qu’à
l’idée d’imaginer leurs cris de
surprise montant dans les aigus,
elle s’en délectait d’avance ! »
Par Slyth dans Une vie de
château sur Fictions Plume
d’Argent.
La galerie des Plumes :
Elka
(Illustration
de END)
Site web :
http://www.
werewolfstudios.net/
fictions/
dawn/
Saïph (Illustration de Irïan) réalisé sous Photoshop
CS6.
Site web : http://saiphriguel.blogspot.fr/
Keina (Illustration de «une Silfine»)
Site web : http://silfine.free.fr/
Citation :
Les nouvelles pérégrination culinaire :
Solenne de Barjac est une jeune femme vive et observatrice. Parfois emportée
et enthousiaste, parfois recentrée sur elle-même, elle voit le sens du vivant
dans la nourriture.
Avant d’hériter d’un château en Bourgogne avec son frère, Solenne voyageait
énormément. Elle découvrait mille et une façons de se nourrir ainsi que des
recettes étonnantes. Elle apprenait petit à petit l’importance de l’amour et de
la nourriture. Toutes ces expériences vécues lui ont permis de construire et
de mettre en forme un livre de cuisine qui bouleversa sa vie. Il a pour titre :
«Manger, un acte d’amour ?»
Ce livre, dont nous suivrons la création, est donc le résultat de toutes ses pérégrinations culinaires glanées de par le monde. Une plongée vertigineuse dans
une vision atypique du Bien Manger.
L’Empire des Sens
À lire en écoutant ces musiques locales :
http://www.deezer.com/fr/track/14010601
Voyage en Indonésie
- riz dans une feuille de bananier, laurier, noix de
cajou, sauce soja
- brochettes de poulet sauce satay
Bali. L’antichambre du paradis. Une île aux mille sourires,
luxuriante, verdoyante, un charme unique dominé d’un
volcan noir et vibrant, avec ses temples par milliers et
ses rizières fertiles et sculpturales. Une île où Solenne,
dès son arrivée, reçut comme un cadeau du ciel sa
chaleureuse atmosphère ainsi que l’accueil si prévenant
des insulaires. Emprunt d’un mélange d’humilité et de
solennité, les mains jointes sur leur poitrine en signe de
salut, ceints dans des tenues soyeuses et toujours très
colorées, les hommes et les femmes de cette île savaient
recevoir et mettre à l’aise le touriste de passage. Fiers
et ouverts, ils se faisaient un point d’honneur de faire
partager leur culture. Une culture riche et unique.
Chaque village, chaque contrée ont toutes sortes de
motifs à faire des fêtes, des cérémonies hautes en
couleurs. Il n’était pas rare, voire même quotidien, de
croiser une procession joyeuse et musicale. Hommes
« Lise essaye de suivre tant
bien que mal mais à vrai dire,
elle a du mal à se concentrer
sur autre chose que le relevage
systématique des tommettes
du carrelage : le nombre,
le pourcentage de carreaux
rouges vraiment rouges – et
les critères qui définissent
un carreau rouge – la surface
moyenne… Elle y voit davantage de poésie que dans
les rêves tarabiscotés du vieil
homme qui ne se lasse pas
de parler des miettes de pain
qu’il distribuait à des kiwis
affamés qui mendiaient devant
sa fenêtre vers deux heures du
matin. »
Par Mimi dans Ciseaux sur
aux
tambourins,
Fictions Plume d’Argent.
femmes
aux
offrandes
fraîches
et ouvragées sur la
tête et enfants aux bras chargés de corbeilles, tous en
grands habits flamboyants et ombrelles à pampilles
se dirigeaient, le sourire éternel aux lèvres, vers leur
temple. Il n’était pas rare que l’on puisse les suivre
jusqu’à leur cérémonie. Il suffisait de se couvrir les
jambes par respect pour leur religion, se mettre dans un
coin et observer en silence. Peu farouches, ils posaient
volontiers devant un objectif. Un bonheur et une
délectation pour le touriste friand d’authenticité.
Solenne, notre cuisinière touriste, se promenait les
narines en avant et les prunelles écarquillées, cherchant
à découvrir autant qu’à faire honneur à la cuisine locale.
Parfumée et savoureuse, les mets indonésiens ne savaient
pas être tristes ni fades. À l’image de leurs créateurs, ils
étaient beaux et toujours raffinés tout en restant simples
et modestes. Quand, au détour d’une ruelle, les parfums
des épices et des feux de bois se frayaient un chemin
jusqu’à ses sens aiguisés, la jeune femme ne résistait pas
à parcourir le petit marché coloré qu’elle trouvait alors.
Posés là, à même les trottoirs arpentés par les passants
et les chiens, on zigzaguait entre les étals de légumes,
de viandes en train de cuire sur des braséros, de fleurs
luxuriantes posées sur des nattes de bambou. On rasait
des pieds les offrandes du matin disposés ça et là, qui
pour conjurer le mauvais sort, qui pour demander les
faveurs des dieux. Tout cela se mélangeait allègrement
dans des volutes improbables d’odeurs, de fumées et de
poussière sous un soleil de plomb. La jeune femme
allait, sans trop savoir où la mènerait son intuition et tout
en faisant confiance à son odorat assailli d’improbables
fragrances.
Un peu plus loin, sous un appentis donnant une
ombre vaine à quelques petits marchands, attirée
par un fumet délectable de viande grillée et de sauce
pimentée, Solenne s’approcha de l’étal d’un marmiton
typiquement local. C’était un jeune homme, plutôt petit
comme la plupart de la gent indonésienne, d’un âge
indéfinissable, très mince, le teint mat, la peau épaisse
et le sourire aux yeux rieurs qu’ils arborent presque
tous sur cette île. Sous des cheveux noirs et soyeux, son
regard brun venait d’apercevoir la jeune occidentale qui
s’approchait, curieuse. Fascinée par ses gestes rapides
et précis, répétés sans cesse, elle observait la confection
d’un plat commun d’ici. Redoublant de maîtrise sous le
regard attentif de la jeune femme, il s’appliquait dans
sa préparation. La viande, qui semblait être du poulet,
était piquée torsadée en lanières en petites brochettes
sur des bâtonnets de bois et chantait joyeusement sur
un grand brasero portatif monté sur roulettes. Elle lui
avait dit «bonjour» en indonésien et il avait esquissé un
salut de la tête, comme intimidé. Une femme blanche
à cheveux roux qui s’intéressait à vous, c’était tout de
suite valorisant surtout quand elle regardait vos gestes
avec autant d’attention. Avec un grand sourire, elle
lui avait demandé en anglais si c’était bien la viande
qu’elle supposait et quelle était cette sauce qui mijotait
à côté. Il bafouilla quelques mots maladroits dans la
même langue. Elle comprit le mot «satay» prononcé si
savoureusement avec l’accent si particulier des balinais.
Des fines lanières de viandes étaient trempées dans un
liquide brun crémeux. Le jeune marmiton lui énonça
la liste d’épices et d’ingrédients qu’il avait mit dedans
: cumin, curcuma, coriandre, sucre et lait de coco.
L’indonésien tendit deux doigts en «v» devant lui pour
préciser qu’il fallait deux heures pour mariner la viande.
Il lui montrait ensuite sa dextérité à ficher les morceaux
de poulet sur un pic en bois, une lanière enfoncée en
zigzag, et il les déposait rapidement sur la grille brûlante
du brasero. La viande chantait son jus parfumé sur les
braises. Un avant goût du délice que Solenne envisageait
déjà. Pour la sauce, il lui fit une démonstration de
son pilon de pierre dans lequel il broya les cacahuètes
grillées pour les réduire en poudre fine. Là, la jeune
femme sut que sa gourmandise allait être mise à la
torture car, à la vue des grains gémellaires et croquants,
son estomac se mit à chantonner et sa bouche à saliver à
plein régime. Sa faim prit soudain des allures d’urgence.
Avec un coup de poignet habile, il écrasait les arachides
rapidement et les jetait ensuite dans le lait de coco en
train de chauffer dans un large récipient tout cabossé
sur un coin du brasero. Il ajouta une bonne cuillère de
pâte de curry rouge, du sucre, du jus de citron, du
concentré de tomate et il laissa mijoter un bon
moment. Elle lui indiqua avec quelques mots d’anglais
et quelques gestes qu’elle commandait une assiette de
dégustation. La jeune femme se pencha pour humer
les saveurs qui se dégageaient de la marmite en agitant
une main pour amener la vapeur jusqu’à ses narines. Le
jeune marmiton ne fut pas insensible à ses yeux brillants
de friandises. Solenne savait déjà que lui serait présentée
une promesse haute en saveur.
À côté, sur un autre brasero, était maintenu au chaud une
grosse gamelle d’où
s’échappait une grosse
vapeur
lorsqu’il
souleva le couvercle.
À l’intérieur, sur un
tamis, étaient rangés
des petits paquets de
feuilles de bananier
garnis. Il en prit un
avec une spatule et
le déposa sur une
assiette de service en
fer blanc. Il ouvrit
délicatement
la
feuille et apparut un
riz blanc dont le doux
parfum de laurier et
de noix de cajou se
mélangea à celui de
la sauce mijotée et de
la viande. Le jeune
homme versa une
grosse louche de satay
sur le riz fumant,
déposa délicatement
deux brochettes de
poulet grillés sur
le tout et tendit le
résultat à Solenne
avec un sourire
satisfait. Elle s’en saisi
en inclinant la tête
avec respect. Ses yeux
pétillaient d’appétit.
Il lui tendit une
fourchette. Il savait à
qui il avait à faire, lui
! Normalement, ils
mangent tous avec les
doigts. Mais pas les
occidentaux. Solenne
le remercia d’un
immense sourire et
partit s’installer non
loin, sur un bord
de trottoir.
Oh, les saveurs douces, subtiles et puissantes de ce plat !!
La première sensation, c’était une texture veloutée dans
la sauce, alliée au fondant des grains de riz parfumés.
Peu après, c’était la force du piment qui envahissait la
bouche. Vraiment très fort. Mais ce goût de cacahuète
si particulier tenait si bien tête au curry que Solenne
ne put s’empêcher de soupirer de plaisir. Ses yeux
roulaient d’excitation sous l’effet de sensations fortes et
elle agitait sa fourchette sous l’air hilare du marmiton.
Elle prit de deux doigts une brochette qu’elle
trempa généreusement dans la sauce et croqua un
morceau de viande en la faisant glisser de son pic. Le
poulet était bien grillé, presque croquant en surface et
fondant à cœur. Parfumé à souhait dans sa marinade,
il s’était transformé en texture tendre et douce sous la
puissance de la sauce. Elle se dit que si elle reproduisait
cette recette de retour en France, elle adoucirait la sauce,
car elle était décidément trop forte. D’ailleurs, elle fit un
petit signe au marmiton pour lui démontrer que c’était
vraiment très fort et vraiment très bon aussi. Et puis
ces cacahuètes étaient vraiment une idée sublime. Si
elle n’avait dû venir à Bali que pour une chose c’était au
moins pour une tel délice. Oh oui !
posé sur un superbe gazon vert, au bord d’une
pièce d’eau emplie de nénuphars et de lotus. Il lisait un
livre, un cocktail posé à côté de lui sur une petite table
basse.
Tu ne devineras jamais ce que je viens de découvrir,
lui dit Solenne en s’agenouillant tout près de lui dans le
gazon.
Vefree
Quand elle eut fini son assiette, elle se leva, rapporta sa
vaisselle au marmiton affichant son sourire persistant.
Elle le paya, le remercia encore, s’inclina les mains
jointes et s’en alla. Un peu plus loin, après le marché, se
trouvait le parc arboré et tropical d’un bar à touristes.
Là, l’attendait Paul, son mari, allongé sur un transat
L’équipe :
Rédactrices en chef : Cristal et Saïph
Correction des textes : La Ptite Clo
Mise en page : Saïph
Rédactrices : Cristal, Dragonwing, Saïph,
Shaoran, Slyth, Vefree.
Jeux : Charade
Solution dans le prochain numéro
Mon premier est une au masculin.
On marche sur mon deuxième.
Mon troisième est le contraire de mort.
Mon quatrième est une plante qui a des boules rouges et qui pique.
Mon tout, les journalistes le font.
Je suis ...
Solution du sudoku du N°2