La Fantasy française A
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La Fantasy française A
La Fantasy française A- Historique Elle est récente, comparée à celle de son voisin britannique. Elle ne débarque chez nous que dans les années 1980. L’intérêt pour cette dernière provient de deux sources : le jeu de rôle et la littérature de Fantasy anglophone. Depuis le début des années 1970 apparaissent en France Les livres dont vous êtes le héros, des romans interactifs dans lesquels le déroulement de l’histoire dépend des choix du lecteur. Ce lectorat va connaître une révolution dans les années 1980, avec l’arrivée d’un nouveau concept, les jeux de rôle, et plus précisément Donjons & Dragons. Très vite de nombreux clubs de JDR vont se former en France et on va voir grandir une passion pour ce jeu et pour la Fantasy dont il est tiré. Un problème se pose quand les rolistes veulent assouvir leur besoins de savoir sur la culture Fantasy. Comme il n’existe rien ou quasiment sur ce domaine en France, les amateurs du genre vont se tourner vers la Fantasy anglo-saxonne. Il faut attendre 15 ans et l’arrivée de Stéphane Marsin au sein de la maison d’édition Mnémos, pour voir une collection spécialisée dans la Fantasy : « Légendaire ». Stéphane Marsin va ainsi débusquer, dans des maisons d’édition de jeux de rôle, pour la plupart, un nombre important d’auteurs français qui aujourd’hui font partie du paysage de Fantasy international. On peut citer plusieurs auteurs comme Matthieu Gaborit, Pierre Pevel, Laurent Kloetzer ou Fabrice Colin. D’autres maisons d’édition suivent le chemin tracé par Mnémos, Nestiveqnen (celle qui dort sous l’eau). Cet éditeur existait déjà auparavant puisqu’il a été fondé en 1994, mais se concentre sur les jeux de rôle. En 1999, il va changer de cap et s’orienter vers le roman mais également éditer la première revue française consacrée à la Fantasy : Faeries. Cette revue fut arrêtée en mai 2007 après 24 numéros. Cela correspond au moment où l’éditeur arrête sa collection Fantasy. Les éditions de l’Oxymore sont fondées en 1999 et publient des auteurs comme Jérôme Noirez et Mélanie Fazi, elles se caractérisaient par le soin apporté à ses éditions, mais également comme l’une des premières à faires des anthologies consacrées à la Fantasy. Le 1er avril 2000, naît l’éditeur qui va devenir le premier éditeur de Fantasy en France : Bragelonne. Il est né du départ de Stéphane Marsan de chez Mnémos. Il décide de fonder les éditions Bragelonne avec Alain Névant. Ils choisissent le nom en référence à l’œuvre d’Alexandre Dumas, Le vicomte de Bragelonne, pour montrer l’idée d’une ligne éditoriale tournée vers la littérature d’aventure populaire. Au départ, l’éditeur ne publie que des livres en grand format. Stéphane Marsan récupère des auteurs du catalogue de Mnémos comme Mathieu Gaborit mais avec Bragelonne découvre également de nouveaux auteurs à succès comme Henri Loevenbruck ou Magali Segura. L’éditeur se concentre sur les œuvres anglophones qu’il traduit, il rencontre de grands succès avec les œuvres de David Gemmell, Raymond E. Feist, Stan Nicholls ou Terry Goodkind. En juin 2008, il republie ses romans sous petit format dans la collection Milady, essentiellement tournée vers la bit-lit. Depuis l’année 2010, l’éditeur propose une grande variété de livres numériques sans DRM (sans gestion des droits numériques), qui est un véritable succès. Depuis quelques années, de nombreux éditeurs créent des collections consacrées à la Fantasy : Pygmalion qui va connaître le succès avec les traductions de George R.R. Martin et de Robin Hobb (parus fin des années 1990), Pocket Fantasy, Atalante, Rivage…. Au départ, assez calquée sur la Fantasy anglophone, la Fantasy française va se démarquer de plus en plus en puisant dans son propre folklore et dans son vivier historique. Dans un premier temps concentrée sur des héros chevaleresques comme dans les romans de Magali Ségura ou de Mathieu Gaborit, la Fantasy française se tourne aujourd’hui vers des œuvres plus sombres aux personnages plus recherchés. La littérature anglophone reste sous l’emprise de Tolkien, elle va continuer à exploiter ses codes. La littérature française apporte un souffle nouveau à la Fantasy. On va voir se développer un côté plus sombre et pessimiste avec la série Hordes de Laurent Genefort ou Le Cycle de l’agent des ombres de Robert Michel, des personnages plus violents, un dynamisme dans l’écriture et des personnages plus travaillés comme dans Chien du Heaume de Juliette Niogret (Prix Imaginale 2010), où l’auteure entreprend un roman minimaliste (200 pages) alors que le genre est connu pour ses longues séries. Laurent Poujois dans L’ange blond, place, lui, son intrigue au cœur de l’empire napoléonien. B- Les auteurs Pierre Grimbert publia le premier tome de sa quadrilogie Le secret de Ji en 1997 chez Mnémos. Le livre Six héritiers a obtenu les prix Julia Verlanger et Ozone la même année. Ces deux prix récompensent les meilleurs ouvrages de l’année ; internationaux pour l’un, français pour l’autre. Après une absence de la scène Fantasy pendant quelques années, il revient avec deux cycles qui sont la suite du Secret de Ji, il s’agit des Enfants de Ji (5 tomes entre 2004 et 2006) et des Gardiens de Ji, dont trois tomes sont déjà parus. L’auteur se lance dans l’epic Fantasy, avec quelques variantes face à la littérature anglophone : il n’est pas question de races ici, on parle d’un groupe de personnes, les « héritiers ». Pierre Grimbert apporte l’idée de secte, sujet que l’on trouve peu souvent dans les œuvres de Fantasy. Mathieu Gaborit est connu pour plusieurs cycles. Les chroniques du crépusculaire et Les chroniques des Féals sont deux trilogies de Fantasy épique traditionnelle. Son œuvre la plus marquante pour Jacques Baudou est le cycle Bohème, qui se déroule dans une Russie uchronique, en proie à une révolution opposant les militants des soviets aux partisans de la propagande. Pierre Pevel est un auteur qui provient de l’univers des rolistes. Il est un des auteurs français les plus intéressants de sa génération. Il travaille sur l’uchronie Fantasy notamment à travers deux cycles Wielstadt, où il retrace les aventures de deux sociétés secrètes en Allemagne pendant la guerre de Trente Ans, et Les Larmes du cardinal, où il place son intrigue en 1633, dans une France dominée par le cardinal de Richelieu et la sorcellerie. Ces deux cycles ont été récompensés par le Prix Imaginale. Fabrice Colin est connu pour deux cycles essentiellement Arcadia et Winterheim. Si le thème de ses romans est plus généraliste (l’Angleterre et le mythe scandinave), l’auteur se démarque par son style d’écriture. Dans l’œuvre d’heroic Fantasy : Vengeance, il renouvelle un genre en déclin par son travail et la profondeur qu’il apporte au personnage principal. Laurent Genefort est l’auteur d’une Fantasy orientale : les aventures d’Alaet. Trop souvent attribuée à la littérature jeunesse, cette œuvre possède un réel charisme, grâce au travail de description fait notamment par l’auteur. Son œuvre marquante est le cycle Hordes (l’Ascension du serpent ; Le vol de l’Aigle ; Les crocs du Tigre). Il réalise une Fantasy noire en jouant sur le destin des personnages et le manichéisme traditionnel de la Fantasy. De plus le personnage d’Audric est très bien trouvé. Charlotte Bousquet est une passionnée de l’univers imaginaire. En 2002, elle réalise une thèse sur « Les mondes imaginaires et le déplacement du réel : un questionnement de l’être humain ». Elle est l’auteure du cycle L’archipel des Numinée, dont le deuxième tome est récompensé en 2011 par le Prix Imaginale. La particularité de son roman est de mettre en avant l’idée de secte dans une société en déclin. C’est l’un des rares cycles où le personnage central est une femme. Justine Niogret est une jeune auteure qui partage une passion égale pour le Moyen-âge et la Fantasy. Son premier roman Le chien du Heaume, est un bijou de 200 pages. Récompensé du Prix Imaginale 2010, deux semaines après sa sortie, l’œuvre est saisissante par sa complexité, et le travail de ses personnages. Avec une écriture minimaliste qui change de la vision d’envergure habituelle de la Fantasy, elle arrive à nous emmener dans son univers sombre et violent. Ici pas de magie, ni lutte pour le pouvoir, ni bataille. Juste des personnages traumatisés par le souvenir des guerres, et qui cherchent à redonner un sens à leurs vies. Le deuxième volet Mordre le bouclier est sorti en juin 2011.