Un écrivain acteur de son temps, Beaumarchais
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Un écrivain acteur de son temps, Beaumarchais
ITINERAIRES ET DEMARCHES HISTOIRE DES ARTS Un écrivain acteur de son temps, Beaumarchais Éléments pour l’étude de l’œuvre dans sa diversité, en interdisciplinarité. 1. Contextualisation Pierre-Augustin Caron est né en 1732 à Paris dans une famille de la petite bourgeoisie. Son ressentiment envers les inégalités sociales est grand dans cette société d’ordres : il est en cela assez proche de son héros Figaro dans sa critique des privilèges de la noblesse. Néanmoins, ce dernier n’a de cesse de s’élever dans la société et de se rapprocher des milieux du pouvoir : maître de musique des filles de Louis XV (beaucoup de philosophes et de savants des Lumières sont passionnés par la musique comme Diderot, D’Alembert, Rousseau, etc.) assidu des milieux de la Cour. À partir de 1757, il se fait appeler Caron de Beaumarchais et en 1761, achète une charge de secrétaire du roi qui lui confère la noblesse. D’autre part, c’est aussi un aventurier, chargé par exemple à plusieurs reprises de missions secrètes (transferts d’argent, d’armes, etc.) par le roi notamment au moment de la guerre d’indépendance de l’Amérique. C’est dans ce contexte, qu’il commence à écrire en 1762. Il est à l’origine de la défense des droits d’auteurs et commence en 1779 à éditer les œuvres complètes de Voltaire (éditions Kehl) auquel il voue une grande admiration (voir acte V, scène XIX). 2. Significations Le Mariage de Figaro : un défi à l’autorité La pièce fourmille de critiques contre « la foule d’abus qui désolent la société » (Beaumarchais, Préface au Mariage), elle a joué un rôle fondamental dans la diffusion des idées des Lumières dans l’opinion publique, faisant dire à Danton en 1789 que « Figaro a tué la noblesse ». La chronologie du combat pour la représentation et la diffusion de la pièce témoigne à la fois de la volonté limitée de réforme de la monarchie comme de la mise en place de nouveaux vecteurs de diffusion : • Entre 1778 et 1784, la pièce passe six fois devant la censure. • Beaumarchais organise des lectures privées dans les salons de l’aristocratie éclairée, la curiosité de l’opinion est attisée. • La pièce est enfin jouée le 27 avril 1784 au Théâtre Français. La foule l’attend avec impatience et elle connaît un immense succès (en 1787, on donnera la 100e, ce qui est exceptionnel). • La censure ne désarme pas : en mars 1785, l’auteur sur le point d’éditer sa pièce est emprisonné à Saint-Lazare sur lettre de cachet (cinq jours). • L’édition est enfin autorisée le mois suivant. La pièce a été un immense succès, jouée dans toute la France mais aussi traduite dans plusieurs langues et représentée à l’étranger. 3. Formes et techniques − Une nouvelle façon de faire du théâtre (à mettre en œuvre avec les professeurs de lettres, d’arts plastiques et d’éducation musicale). Beaumarchais rejoint ici Diderot (Entretien sur le Fils naturel) qui entend mettre en scène des conditions sociales et non plus des caractères psychologiques (à la manière de Molière). L’influence de la peinture : voir ses remarques sur la disposition des acteurs dans la scène IV, acte II, à partir de la gravure de Beauvarlet (d’après le tableau de Carle Van Loo), par ailleurs évoquée par Diderot dans le Salon de 1765. Un travail à faire sur la mise en scène, le jeu des acteurs, la réunion des arts (danses, chants, dans la filiation des parades de foire). − Le rayonnement européen à travers la musique : Les Noces de Figaro (à mettre en œuvre avec le professeur d’éducation musicale, usages). Dès juillet 1784, le librettiste Da Ponte propose à Mozart un livret d’opéra tiré de la pièce. Il doit être édulcoré pour avoir le droit d’être représenté mais l’œuvre garde toute sa subversivité et sa portée revendicative (voir la cavatine de l’acte I), Mozart a lui aussi souffert de la morgue des Grands. Sur l’histoire de l’écriture de l’opéra : http://mediatheque.cite-musique.fr/masc/ Ressources PETITFRÈRE (C.), Le Scandale du « Mariage de Figaro ». Prélude à la Révolution française ? Éditions Complexe, Bruxelles, 1989. BEAUMARCHAIS (J.-P. de), Beaumarchais : le voltigeur des Lumières, Gallimard, coll. « Découvertes », 1996. Mémoires de Madame Campan. Première femme de chambre de Marie-Antoinette, Mercure de France, Paris, 1999. Et des éditions de l’œuvre de Beaumarchais (Pocket, Bordas, Flammarion), riches en informations et en iconographie.