Époque - Crazy-evG

Transcription

Époque - Crazy-evG
Époque
I
De plus en plus de jeunes Français choisissent l'Europe de l'Est pour enterra
Jusqu'au bout de la nuit
A l'intérieurdelaplus grande
limousine du monde,
Mathieu, 27 ans (troisième à dr.),
profite de ses derniers
instants de célibatairedurant
un week-end.
leur vie de garçon. "VSD" a suivi un groupe de fêtards sur les bords du Danube.
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"Les seules consignes que je lui avais données :
ne pas revenir tatoué et m'envoyer un SMS pour me
dire que tout allait bien" Marion, la fiancée de Mathieu
ur les hauteurs de Budapest, le
bunker transform é en stand
de tir vous plonge directement
dans un film d'espionnage.
Tous les ingrédients sont là :
mur d'enceinte, fils barbelés,
long tunnel sombre... AjoutezI y les rafales de kalachnikov
et les deux colosses au crâne
rasé qui vous accueillent, vous
n'avez plus qu'à vous prendre pour James Bond.
« Vous croyez qu'on va ressortir vivants d'ici ? »
lâche Mathieu, 27 ans, un médecin anesthésiste
originaire de N a n q ' qui s'engouffi-e à l'intérieur
du blockhaus. Avec ses seize amis, i l est venu
fêter, le temps d'un week-end, son enterrement
de vie de garçon dans la capitale hongroise. Affublé d'une salopette de Tyrolien, le futur marié
n'en m è n e pas large devant de si gros calibres.
Pistolet Glock ou AK-47, le fusil d'assaut russe,
il est maintenant temps de faire parier la poudre.
« On n'est pas du tout fascinés par les armes,
précise Clément, le témoin du marié. Personne
n'a jamais tiré avant aujourd'hui. Mais comme
voient débarquer, chaque week-end de mai à
août, des fiancés prêts à écumer bars et discothèques. Une tendance largement inspirée de
la comédie américaine Very Bad Trip. « C'est
devenu un vrai p h é n o m è n e de mode, confie
Alexandre Martucci, fondateur de CrazyVoyages, une société spécialisée dans les enterrements de vie de célibataire. En trois ans, le
nombre de groupes que nous avons envoyés faire
la fête à l'étranger a été multiplié par dix. »
Célèbre pour ses croisières sur le Danube et pour
son tourisme dentaire (cent trente mille Français
au total chaque année), la Hongrie a aussi fait de
ses nuits un paradis pour joyeux bringueurs.
Entre fêtes décadentes, boîtes à strip-tease et
bière coulant à flots, Budapest est « en ce moment la capitale européenne de la nuit, renchérit
Alexandre Martucci. L'an dernier, on a pris en
charge plus de deux mille cinq cents personnes.
À partirde 200 euros par personne [sans les vols
A-R, NDLR], tout y est possible : séances de tir,
détente dans les bains, stiirées arrosées ou balades
en limousine, il y en a pour tous les goûts. Quant
aux clubs de strip-tease que l'on conseille
en France c'est très réglementé,
aux groupes, on s est assure
A partir de
c'était plus facile d'essayer ici. >> gQQ gurOS par perSOnnC,
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« Il y a une telle puissance de
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prostitution
pour
e\nter les
sans les vols A-R
feu, c'est impressionnant. Dedérapages », précise-t-il.
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main, on risque d'avoir des courbatures », plai.santent certains, bien loin d'imaginer ce que leur
réservent les nuits hongroises.
Attirés par la promesse de fêtes jusqu'au petit
matin, par l'alcool bon marché et par les charmes
de .ses habitantes, de plus en plus de Français
choisissent l'Europe de l'Est pour enterrer leur
^^e de garçon. Budapest mais aussi Prague, Bratislava, Cracovie ou Bucarest, ces destinations
"
T
Cet après-midi-là, le soleil tape fort sur les
thermes Széchenyi, parmi les plus connus de
Budapest. Étendu sur sa serviette, Mathieu rembobine le film de sa soirée. Le regard vitreux d û
entre autres aux tournées de kalinka, l'eau-dewe locale, le jeune homme n'a rien oublié de son
escapade sur le Danube, vin à volonté compris,
ni du carré VIP de cette discothèque partagé avec
ses meilleurs amis ou encore de l'eftèuillage de
38-VSD-
N°
1879
cette blonde dans les .salons feutrés d'un club
privé. C r è me chantilly étalée sur son corps en
prime. « Je ne m'attendais pas à vivre tout ça,
dit-il. La surprise est totale. Je me marie en
septembre, et avoir tous mes copains réunis
avec moi avant mes noces, c'est génial. On ne
fait qu'un seul enterrement de vie de garçon, cela
aurait été dommage de le rater », confesse-t-iL
Si les excès de la veille ont laissé des traces chez
Délire en bande organisée Mathieu et .m copains
goûtent aux plaisirs de Budapest avec ses hcdns, ici aux thermes
Széchenyi (1), ses clubs d'cffeidlleuses (2), ses stmuls de tir _
à la kalachnikov (3). Un périple alcoolisé cju'ih accomplissent à
bord d'u7ie limousine très spéciale (4).
tous en couple. » Cependant, de l'aveu d'Olga,
leur guide francophone, des groupes ne .seraient
pas aussi sages et céderaient à la tentation. « Les
Français sont plutôt charmeurs, reconnaît-elle.
Parfois, certains fiancés n'hésitent pas à draguer,
en pen.sant à tort que les Hongroises .sont des
filles faciles. Mais pourquoi font-ils ça alors qu'ils
vont .se marier ? » s'interroge la jeune femme.
d'aucuns, pas question de gâcher l'ambiance. Au
bord de la piscine, c'est bière ]X)ur tout le monde
et blagues potaches. « Cela faisait des mois qu'on
ne s'était pas \ais, avec A'iathieu, avoue Benoît,
27 ans, un copain de lycée. On est tous partis avec
l'intention de délirer ensemble et de profiter au
maximum des actiwtés. » Interne en cardiologie
à Nancy, Marc, 25 ans, a essuyé les bancs de la
fac de médecine avec le futur marié. Ce séjour
« entre mecs » et « sans nos copines », il ne l'aurait raté pour rien au monde : « Je travaille entre
70 et 80 heures par semaine. C'était l'occasion
de décompresser, de relâcher la pression de
l'hôpital et de m'amuser. C'est une \'raie bulle
d'o.xygène », explique-t-il. « Mais attention,
rectifie Clément, on ne veut pas d'amalgame. On
est venus à Budapest pour la réputation des bars
et des soirées, pas pour les filles. D'ailleurs, on est
N°
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La nuit tombe sur Budapest. Elle sera courte,
enivrante et extravagante. T o u t droit sortie
d'un clip de rap, la plus grande limousine du
monde (16 m è t r e s de long) parade dans les
rues de la capitale, musique à fond. À son
bord, les Français fanfaronnent, une coupe de
Champagne à la main, interpellant des pa.ssants
m é d u s é s . « C'est c o m p l è t e m e n t dingue. le
n'aurais jamais imagin é faire ça un jour ! »,
s'exclame encore Mathieu, qui verra .soudain
monter une pulpeuse « auto-stoppeu.se », dont
les charmes, la dextérité de masseuse et l'ext r ê m e souplesse feront fondre toute la bande.
« U n .strip-tease dans un enterrement de vie
de garçon ? C'est obligatoire, c'est comme une
tradition », remarque C l é m e n t . À Nancy,
pendant ce temps-là, Marion, 25 ans, voudrait
bien savoir comment se comporte son futur
mari : « Je suis un peu inquiète car je connais
.ses copains et ce qu'ils sont capables de faire.
Mais ça va, j ' a i confiance en l u i . Les seules
consignes que je lui avais d o n n é e s, c'était de
ne pas revenir tatoué et de m'envoyer un SMS
pour me dire que tout allait bien. » Parole
tenue. I l est p r è s de 1 heure du m a t i n . La
limousine s'arrête devant une d i s c o t h è q u e .
Tout le monde descend. « Et si on prenait un
dernier verre ? » propose Mathieu, gri.sé par la
soirée. La fête est loin d'être t e r m i n é e . . . •

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