PROG`SUD : DIX ANS DE BONHEUR EN PARTAGE

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PROG`SUD : DIX ANS DE BONHEUR EN PARTAGE
PROG’SUD : DIX ANS DE BONHEUR EN PARTAGE
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Le festival Prog’Sud vient de fêter en beauté dix années de longévité, dans son lieu
désormais légendaire du Jas’Rod aux Pennes Mirabeau (près de Marseille) et cela n’est que
justice !
En effet, voici une décennie que des bénévoles dévoués donnent tout leur cœur à une cause
qui semblait au départ perdue d’avance : un festival de Rock Progressif dans le grand Sud.
Le problème ne venait pas tant du style de musique proposé mais d’une région saturée de
grands rendez-vous en tous genres et de festivals multiples à en donner le tournis. La partie
s’annonçait ardue : fidéliser le public restreint d’un style musical absent de tous les médias
importants, élargir le cercle de ces mélomanes, leur donner le goût de la découverte et l’envie
de partager cette quête musicale et cette curiosité artistique toujours en mouvement.
La première année, en 2000, il y eut deux soirs de festival. Dès 2003, le festival passa à trois
soirées puis à quatre soirées à partir de 2006. Tous les styles de rock progressif furent
représentés durant cette décennie festivalière et les temps forts innombrables. Parmi tant
d’autres, il y eut les découvertes nombreuses : Sylvan qui débutait, Cast qui vint confirmer
son grand talent, Odessa qui enflamma le Jas'Rod, Lazuli qui fit ses premières armes …, les
grands ténors historiques du mouvement :Caravan. Soft Machine, Ange, . les formations de
néo prog ou vintage dans toute leur splendeur :Flamborough Head, Landmarq, RPWL,
Quidam…, la grande classe des groupes italiens :Mangala Vallis, Il Castello di Atlante, Il
Balletto di Bronzo, La Maschera di Cera … les styles divers des groupes sud-américains
Tryo, Akineton Retard, Iconoclasta, Ashtar… la montée en puissance de Eclat devenu
aujourd’hui l’un des groupes incontournables de notre hexagone, les groupes expérimentaux
qui illuminèrent le Jas’Rod : Kotebel, Oxygène 8, Mats and Morgan, After Crying, DFA…
la présence de groupes japonais de grand talent : KBB, Asturias, Baraka, Rough&Ready …
La fête fut constante et la programmation riche et variée. Mais cette réussite réside aussi
dans une facette unique qui ne se retrouve qu’au Prog’Sud. Les organisateurs : Eliane
Armansa, cheville ouvrière du festival et organisatrice hors pair, Alain Chiarazzo, le
mythique guitariste du groupe de prog marseillais Eclat, Cathy, Nicole, Thierry et tous les
amis participant à l’aventure... ont depuis dix ans développé une qualité que vous ne trouverez
nulle part ailleurs : la chaleur humaine. Et comme cette qualité leur est naturelle, peu à peu,
chacun se sent comme en famille dans ces soirées musicales où la convivialité est de mise.
Alors, n’allez pas imaginer que l’auteur de ces lignes distribue les images d’Epinal comme
bon lui semble.Le Prog’Sud est vraiment l’histoire d’une poignée de personnes
authentiques qui développent un humanisme réel et un respect des autres constant. Il n’est
qu’à voir l’étonnement des musiciens accueillis avec tant de chaleur. Bien souvent, ceux-ci
n’en ont pas l’habitude. Le cher Marco Fabbri, batteur d’Eclat, d'Odessa, de The Watch et d'
Alex Carpani qui a traversé pas mal de pays au fil de diverses tournées ces derniers mois, le
dit à l’italienne avec un tremolo dans la voix « je n ai jamais vu cela nulle part ». Et nous lui
répondons en chœur « Nous, non plus ».
Chapeau bas, donc, organisateurs du Prog’Sud, pour cette longévité hors du commun, cette
authenticité, cet enthousiasme, cette soif de découverte jamais assouvie. Et ... merci pour ces
dix ans de bonheur en partage !!!
Raymond Sérini
Prochaines dates pour 2010 : du mercredi 12 au samedi 15 mai (WE de l'Ascension)
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PROG’SUD 2009 : UN CRU VARIE ET PASSIONNANT DE BOUT EN BOUT
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La tradition est maintenant bien ancrée : le week end de l’Ascension est consacré rituellement
à notre transhumance vers Marseille et les Pennes Mirabeau pour quatre soirées musicales
toujours très riches. Et comme à l’habitude, la tradition d’éclectisme et de découvertes en tous
genres a été respectée. Durant les quatre soirs, la salle du Jas'Rod était bien remplie. Le public
venu nombreux, qui progresse à chaque édition ...est bien le signe de la belle renommée du
Prog'Sud !
Ouverture le mercredi 20 mai avec Hélène Brunet (du groupe Sylbàt dont nous
reparlerons). Celle-ci officie au "laud", un luth espagnol à 12 cordes et va nous proposer un
voyage à travers différentes cultures avec des airs traditionnels irlandais, suédois, turc, cajun,
écossais ou breton. Une mise en jambe de qualité, particulièrement variée et très agréable.
Premier changement de registre avec SAW, super –groupe formé de trois personnalités au
talent sûr, à savoir : Sam de Agostini, batteur marseillais inventif qui a joué avec Léda
Atomica, Dupain, SOS, Alain Chiarazzo, guitariste talentueux, bien connu de la scène
marseillaise pour sa participation au groupe Quartiers Nord mais aussi de la scène progressive
internationale avec Eclat ( tournées au Japon, Brésil, Mexique, USA …) et William
Kopecky, bassiste américain original, très actif dans le circuit progressif international et
membre de Pär Lindh Project, Yeti Rain, Far Corner. Ce concert sera un festival de
mélanges de styles avec entre autre un prog très élaboré, influencé par Deep Purple et presque
hard-rock (All the colours of No) un jazz rock-fiévreux, tendu très crimsonien avec des
nombreux breaks (The Lost), des atmosphères fortes et de plus en plus soutenues jouées avec
une grande maitrise technique (Bedroom Ninja) ou, point fort du concert, un exercice de style
« à tiroirs » grandiose qui commence dans le calme pour se transformer en univers musical
quasi indou, subir une accélération foudroyante avant de s’apaiser (Invisible Océan) . Le trio a
démontré une véritable osmose et a captivé le public du fait de la variété des thèmes abordés
et de la dextérité des musiciens qui le composent.
Pour finir cette première soirée, nous avons eu l’honneur d’avoir sur la scène du Jas’Rod une
star internationale, à savoir Tony Levin, le légendaire bassiste de Peter Gabriel et son groupe
Stick Men. Tony joue du Chapman stick et est accompagné de Pat Mastelotto à la batterie et
Michael Bernier, également au Chapman stick. Le groupe va nous jouer un répertoire très
aventureux, insolite ... un univers à part entière. Dans cet univers, il y a un peu de mélodies et
beaucoup de rythmes. La musique est sauvage, quasi hypnotique, parfois tribale avec les
Chapman sticks qui se répondent. Ce style très particulier va ravir les fans présents du King
Crimson de la dernière heure et le groupe va d’ailleurs reprendre Red et Elephant Talk du
même King Crimson. Inutile de préciser que Stick Men va rencontrer un succès mérité, du fait
de la maîtrise impeccable des musiciens et d’un univers très original qui s’avère fascinant
lorsque l’on a la chance d’en goûter toutes les richesses .
Jeudi 21 mai, le Prog’Sud continue de tracer sa route vers l'éclectisme avec Sylbàt.
Ce groupe breton, que peu d’entre nous connaissait, a conquis le public. Il est vrai que la
musique de Sylbàt, emmenée par le luth espagnol et la guitare électrique d’Hélène Brunet, la
harpe de Clothilde Trouillaud, sans oublier Hilaire Rama à la basse et Patrick Boileau à la
batterie, est un enchantement. Tantôt très progressive (Bulle machine), tantôt symphonique
(Valse des loups avec un solo magique de harpe), tantôt très énergique (Gigue hantesque) ou
carrément mélodique (Androïde) mais le plus souvent de couleur celtique, elle enveloppe
l’auditeur et l’envoûte peu à peu. Sylbàt est une des belles surprises que le Prog’Sud nous
réserve chaque année. Notons que le groupe a sorti en 2008 un album studio de toute beauté
« Mara » qui regroupe la plupart des compositions jouées ce soir là.
Notre soirée a continué avec D.Project, groupe canadien qui présenta un rock progressif
énergique avec de belles mélodies. Symphonique avec un côté Kansas (le violon), ou plus
énergique, l’univers de D. Project oscille entre prog soutenu, ambiances Pink Floyd –
Genesis et des passages jazz rock qui pimentent le tout. Les temps forts furent les morceaux
Radio Sherpa et High for the sun tirés de leur dernier opus The Sagarmatha Dilemma.
La soirée se termina en apothéose avec nos amis marseillais d’Eclat qui, comme à l’habitude,
enthousiasmèrent l’auditoire. La soirée était d’autant plus spéciale que plusieurs anniversaires
étaient fêtés en même temps : dix ans de Prog’Sud et vingt ans de carrière d’Eclat. Il est à
souligner que le groupe joue très peu durant l’année. Pourtant, à chaque concert, Eclat passe
un palier. La formation actuelle est d’une solidité à toute épreuve : Thierry Massé (claviers),
Marco Fabbri (batterie), Fred Schneider (basse) et notre guitare-héros Alain Chiarazzo
ont trouvé l’alchimie idéale qui fait les grands groupes. Leur dernier opus Le Cri de la Terre
était une merveille. Les compositions jouées ce 21 mai ont encore pris une puissance
supplémentaire. La musique d’Eclat est complexe mais reste malgré tout très mélodique. Très
technique, elle demeure surtout chargée d’émotions et c’est cela qui en fait la force
intrinsèque. La qualifier est difficile : elle oscille entre un jazz rock envoûtant et énergique
accouplé à des univers à la Frank Zappa. Elle se teinte parfois de rares moments métal-prog
et de passages prog symphoniques merveilleux. Les morceaux Le cri de la terre, La
Machine, Circus, Tri Un ont embrasé la soirée et confirmé que Eclat est bel et bien l’une des
toutes meilleures formations de l’hexagone. Eclat vient d’ailleurs de sortir chez Musea un
nouvel opus « Live au Roucas » enregistré en public à Vitrolles en septembre 2007 qui
restitue la force des compositions et l’osmose des musiciens entre eux, telle que nous l’avons
vécue au Prog’Sud.
Et déjà, nous voici le vendredi 22 mai, entamant la troisième soirée de ce festival.
Pour commencer, les Requins Marteaux, un jeune groupe originaire de Toulon. Ces jeunes
gens, forts justement de leur jeunesse insolente, nous ont proposé une musique dynamique et
très variée. Leur rock progressif enthousiaste et finalement bien maîtrisé est une fusion de
plusieurs styles (hard, néo, symphonique, atmosphérique avec par ci, par là des teintes jazzy).
Signalons qu’un public de leur âge, venu pour eux et complètement acquis à leur cause se
déplaça pour l’occasion ; Et avec le recul, il est vrai que les musiciens ont proposé un set
court mais plein d’énergie avec une attitude d’ouverture de bon aloi et des possibilités en
friche qui devraient éclore avec les années.
Les Allemands de Sylvan étaient attendus avec impatience. Eux qui avaient impressionné le
public du Prog’Sud en 2001 nous revenaient huit ans plus tard avec une maturité décuplée,
une discographie riche de six albums en dix ans d’existence et une réputation unanime de très
bon groupe. La musique de Sylvan a toujours été un neo-prog inspiré et généreux, à laquelle
se sont ajoutés, au fil des ans, des zestes de métal prog. Les membres du groupe interprétèrent
en majorité les titres de leurs deux derniers opus Presets et Posthemous silence, alternant les
morceaux de bravoure. Mais le grand moment de leur show fût la longue suite de vingt
minutes Artificial paradise, tirée de leur album éponyme, un grand moment durant lequel le
temps s’arrêta et Sylvan toucha à la perfection. Les spectateurs furent conquis par ce néo-prog
de haute volée, parmi ce qui se fait de mieux en Europe actuellement.
Autre retour sur la scène du Prog’Sud avec les Italiens de Odessa qui, après leur grand
succès de 2003 et 2004, nous sont revenus avec une surprise dans leur bagage, leur second et
nouvel opus The final day paru chez Lizard records que nous attendions depuis dix ans. La
première partie du show fût consacrée à la découverte de ces nouvelles compositions. Odessa
nous livra tout ce qui fait sa singularité : un prog heavy tout en puissance et en chaleur avec
les breaks de Marco Fabbri, la force tranquille de Valerio de Angelis à la basse, le jeu précis
et énergique de Giulio Vampa à la guitare, la maîtrise aux claviers et le chant « à la Ian
Gillan » aigu et puissant de Lorenzo Giovagnoli. A ces atmosphères vintage seventies,
s’ajoutèrent un côté plus pop avec Piccolo mio sole, ballade calme et triste ou Taxi, morceau
rock différent de leurs titres habituels. Mais la dominante fut ce son seventies venu des
profondeurs et une énergie sans faille. L’émotion fût constante, le talent et la force des
compositions faisant le reste. Et en guise de cerise sur le gâteau, la suite The final day,
puissante et enthousiasmante, vint souligner à ceux qui ne le savaient pas combien Odessa est
un grand groupe de scène. Valerio assura le spectacle en faisant le tour de la salle avec sa
basse en bandoulière et son humour habituel. . La soirée ne pouvait se terminer sans les
reprises, cheval de bataille d’Odessa. Cette année encore, nous fumes gâtés avec Carry on,
Wayward son de Kansas, Child in time et Highway star de Deep Purple, Impressioni di
settembre de PFM chanté par Rock de Quartiers Nord et un final tonitruant avec Whole lotta
love de Led Zep et Black night de Deep Purple.
La dernière soirée ( samedi) est toujours celle où nous avons tant de difficultés à partir. Elle
fût tout autant passionnante avec les Japonais de Rough&Ready, eux aussi de retour après
leur passage en 2007. Emmené par la chanteuse Hidemi Miura, le groupe a proposé durant
quarante cinq minutes deux visages : une facette prog classisant, style symphonique pur et dur
avec un chant inspiré et le développement de climats romantiques très émouvants à la
Renaissance. L’autre facette durant la seconde partie du concert fut plus hard-rock, plus
énergique avec des claviers mis en avant et des compositions beaucoup plus rythmées dans
un style très seventies. Pour succéder à Rough&Ready, le groupe espagnol Psicotropia nous
fit partager une musique très crimsonienne, presque avant gardiste avec des influences très
variées (Tool, Primus). Une musique exigeante, difficile et qui exige du public une ouverture
à des climats très aventureux.
Enfin, pour terminer le festival, il fallait un groupe charismatique qui allie le panache, la
générosité et le talent. Nul doute que le choix de Lazuli était bien le meilleur ! Lazuli,
présent au Prog’Sud en 2005 et 2006, nous revenait avec, lui aussi, un nouvel opus sous le
bras: « Réponse incongrue à l’inéluctable » (voir rubrique chronique disques).Le groupe a
attendu ce 23 mai pour la sortie officielle de cet album afin de fêter les très chaudes
retrouvailles avec le Prog'Sud, ses organisateurs et son public ! Ce groupe d’Alès est un
cas à part dans le prog français. Le Prog’Sud a été un détonateur dans sa carrière et le groupe
n’a cessé depuis 2005 d’écumer salles de concerts et festivals prestigieux en tous genres
(Montreux, Baja Prog, divers festivals en Allemagne etc..) en ralliant à lui un public très
divers mais toujours enthousiaste. Cela est assez rare pour être signalé. De plus, Lazuli est un
groupe unique avec la léode, instrument imaginé par Claude Leonetti, suite à un accident de
moto qui l'a privé de l'usage du bras gauche. Lazuli développe une musique remarquable qui
allie rock et world music avec un univers totalement original, aux sonorités très diverses
(orient, latino, rock, classique, prog, variété,…), porté par la voix étonnante de Dominique
Leonetti et des textes sensibles, emprunts de nostalgie et de poésie. Nous assistâmes en ce
samedi 23 mai au triomphe de Lazuli qui nous présenta la quasi-totalité de son dernier opus
et quelques titres des anciens (Amnésie et En avant doute). Le show fut enivrant, exaltant et
très fort, avec cette sensibilité toute particulière et ce contact avec le public très personnel que
le groupe sait créer à chacun de ses concerts. Le retour du public fut un quasi-plébiscite.
Aucun doute n’est possible : avec Lazuli, nous avons affaire à du lourd, à du très lourd même.
Et ce groupe a encore un énorme potentiel devant lui. Nous souhaitons qu’il continue dans la
voie d’un succès toujours plus grand car sa générosité sur scène est immense.
Le Prog’Sud 2009 se termina donc de toute beauté. Cette dixième édition a été fêtée dans
la chaleur et l’amitié, avec une programmation éclectique de grande qualité. Nous pouvions
quitter les Pennes Mirabeau avec une fois encore plein d’étoiles dans les yeux. Vivement
l’année prochaine !!!!!
Raymond Sérini
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