CIB3000Interface n°99 Karol Wojtyla

Interface n° e-99 Juin 2005
Karol Wojtyla, le Jean-Paul II qu’a connu Informatique et Bible
(1978-2005)
“Quand Karol Wojtyla devient pape le 16 octobre 1978, la toute première phase de travaux
pionniers d’application de l’Informatique au domaine biblique à partir de Maredsous est en
train de se clôturer. La Table Pastorale de la Bible avait paru en 1974. Un grand projet de
Concordance Polyglotte avait été commencé, en contrat avec les Éditions Brepols en 1976.
Mais la confiance des Éditeurs et de l’Abbaye de Maredsous dans l’avenir de tels travaux
commençait à fléchir. Le Fr. Ferdinand Poswick, un des initiateurs du projet était parti se
reposer à l’abbaye de St-Meinrad (USA), il ne reviendra qu’en Mars 1979 pour relancer la
dynamique du projet en obtenant, notamment, l’installation, à Maredsous, du premier
ordinateur, l’IBM-Series-1.
C’est de cette époque que date un projet de Société ou Congrégation religieuse de type
nouveau, qui regrouperait avant tout des professionnels de l’informatique désireux de mettre
leur “charisme” au service de l’évangile. Ce projet, adressé au Pape Jean-Paul II, ne reçut
jamais d’écho.
Il me faudra attendre la réception des membres du Comité de Direction de la W.C.F.B.A.
(Fédération Biblique Catholique) dont j’étais devenu membre en 1984, pour avoir une
première occasion de saluer le Pape Jean-Paul II.
M ais c’est en 1990 que le contact sera le plus concret et qu’il impliquera directement le
Centre Informatique et Bible et ses activités.
En effet, cette année-là, pour la Journée Catholique des médias, célébrée à Rome et dans
presque tous les pays en fin Mai, le Pape avait signé un texte sur Message chrétien et
culture informatique (24 janvier 1990). Le Centre Informatique et Bible proposera alors que
le pape joigne le geste à la parole en acceptant de recevoir les promoteurs catholiques d’une
initiative pionnière dans ce domaine, de mettre ses doigts au clavier d’un ordinateur portable
et accepte celui-ci en cadeau avec les différents produits bibliques proposés déjà à cette
époque par Informatique et Bible.
Ce fut un parcours du combattant que d’obtenir cette audience.
Dialogue de sourd avec l’entourage du Pape et même, finalement, la Secrétairerie d’État.
Après de longues négociations: “Vous serez accueillis lors de l’audience générale, sur la
place St-Pierre. Vous pourrez donner là l’ordinateur portable au Saint-Père”! Comment
présenter des produits électroniques sur un portable au milieu d’une foule, place St-Pierre?
Impossible.
M ais aucun argument ne peut faire changer le Vatican! Finalement, du Canada où nous
étions pour travailler à des programmes bibliques, je me suis souvenu que l’année
précédente, le sheik Ben-Tounès, avec lequel nous avions organisé à Maredsous deux
journées de travaux et de réflexion en vue de la mise du Coran sur ordinateur, m’avait
envoyé, très fier, une photo de lui-même avec le Pape Jean-Paul II auquel il avait remis,
lors d’une audience privée, un exemplaire de son Coran, sur disquettes. L’argument était là,
immédiatement faxé à la Secrétairerie d’État: “Nous craignons que si le Saint-Père
n’accorde pas une audience privée aux membres du Centre Informatique et Bible, leur
permettant de donner au Pape l’ordinateur portable fourni par Olivetti et de démontrer
l’usage des produits bibliques électroniques déjà développés, beaucoup se demanderont
pourquoi le Saint-Père favorise le Coran plutôt que la Bible…! – Réponse immédiate: “Vous
aurez une audience privée, le 27 mai, Journée Catholique Mondiale des Médias, après
l’audience générale”. Ouf!
Ce fut alors l’expédition aventureuse: faire un aller-retour vers Rome sur trois jours;
récupérer un ordinateur Olivetti, en arrivant à Rome à 10h00 du soir et, sans l’avoir
antérieurement testé, installer dessus les différents produits bibliques disponibles; être prêt
dès 8h30 du matin le 27 mai dans une salle proche de la grande aula des audiences
pontificales; attendre jusqu’à la fin de l’audience générale… et encore une demi-heure en
plus car il y avait prestation de serment de quelques nouveaux Gardes Suisses avant notre
audience! Enfin, le Pape entre; et notre délégation – (Georges Lurquin, Président de l’asbl
ProBi; Jean Bajard; Yolande Juste; fr. R.-F. Poswick – accompagnés de Doug Lowry, un
presbytérien avec lequel nous développions alors nos programmes) – lui est présentée par
Mgr Foley, Président du Conseil Pontifical pour les Communications sociales.
Tout de suite, après nous avoir salué et en se dirigeant vers la table où l’ordinateur portable
est ouvert, branché, prêt à l’usage, le Pape s’exclame: “Je suis trop vieux pour tout cela. Ce
sera pour mon successeur!” À ce moment, Georges Lurquin lui dit: “Très Saint Père, savezvous que votre collègue Mgr Romaniuk de Varsovie s’intéresse beaucoup à tout cela et que
nous tentons de créer un projet avec la Pologne et le monastère de Tyniec?” – Jean-Paul II,
d’un peu las qu’il semblait être en cette fin de matinée d’audiences, se redresse alors, l’œil vif
et le torse un peu bombé: “Ah! Si Romaniuk peut le faire, alors moi aussi!” Grand éclat de
rire de tous et le Saint-Père approche ses doigts du clavier et tape le mot “Pierre” avec un
doigt. Surprise: la liste des versets où l’on trouve le nom de l’Apôtre apparaît.
Divers propos sont alors échangés sur les différentes productions d’Informatique et Bible et
sur les personnes présentes. Le Pape bénit toute la délégation et lui fait remettre des
chapelets. Plus de vingt minutes d’audience au total… appréciable!
L ’ordinateur portable finira sur le bureau de Mgr Foley!
Si nous n’avons plus eu d’autre occasion de rencontrer le Pape polonais, nous avons eu le
plaisir et l’honneur de voir l’ensemble des productions d’Informatique et Bible offertes en
cadeau à Jean-Paul II par le roi Albert II et la reine Paola à l’occasion de la visite officielle
qu’ils firent au Pape le vendredi 15 mai 1998
Informatique & Bible sera également la cheville ouvrière des derniers préparatifs de la
Béatification de Dom Columba Marmion, 3ième abbé de Maredsous. Plusieurs collaborateurs
d’I&B participeront à l’organisation et à la célébration, avec Jean-Paul II, de cette
Béatification qui eût lieu le 3 septembre 2000 à Rome.
Personnellement, j’aurai une dernière fois l’occasion de serrer la main ( baccia mano ) au
Pape, déjà malade, lors de l’Audience aux membres de la première Assemblée Générale de
SIGNIS, lors de la fusion d’OCIC et UNDA à Rome en novembre 2001.
L a suite, ce sera à Dieu – c’est là que nous pourrons mesurer l'interaction réelle de ces
contacts sur tous ceux qui y furent impliqués!
Fr. R.-F. Poswick, osb
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