MOTO VERTE – Sicile – Aout 2014

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Par Mathias Br
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///ÉVASION/// LA SICILE
Les paysages sont
tous plus surprenants
les uns que les autres et le plaisir
est au rendez-vous.
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3
5 degrés au moment de retirer le
casque, le soleil nous écrase, mais
comme dirait Léo, dentiste suisse à
la retraite, « nous ne sommes pas
venus ici pour le froid ». Devant
nous, un paysage somptueux se
dévoile. Mélange de champs de blé grillé aux
pieds de montagnes de calcaires le tout
surplombé par le mont Etna. Ce dernier
crache une fumée blanche, preuve d’une
activité volcanique au cœur de ses entrailles.
Ce paysage se trouve Sicile à deux heures et
demie d’avion de Paris. Philippe Perrenoud,
le boss de Trail Rando a récemment ouvert
une balade entre Messine et Syracuse.
L’occasion était trop belle pour en faire la
découverte. Le séjour se déroule en six jours
avec cinq jours de moto, cinq étapes autour
de l’Etna et des paysages aussi somptueux
que variés.
À la descente de l’avion, c’est Gaetano dit
Tano, notre guide local, qui nous accueille
dans un français parfait dont seul l’accent
sicilien trahit ses origines. Direction l’hôtel à
Paterno, petit village à 30 minutes de
Catane. En cette fin de mois de juin, les
températures sont estivales et les pluies trop
rares rendent le paysage jaune et aride.
Sur les traces des
civilisations
Il me tarde de partir à la découverte de ces
provinces. La Sicile présente, de par sa
situation de verrou au centre de la mer
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Méditerranée, une incroyable diversité
culturelle. De nombreuses populations s’y
sont succédées depuis l’antiquité et ont
marqué de leur architecture l’histoire du
pays. Durant toute la randonnée, nous allons
découvrir ce patrimoine laissé par les
envahisseurs. Au départ de Paterno vers
8h30, nous prenons le cap du sud de l’ile
avec déjà les premiers hectomètres sur les
« regie trazzere », des routes pavées datant
du XVIIe siècle et qui servaient à la
Transumanza, la migration des troupeaux de
vaches et de moutons. Derrière Gaetano,
nous traversons les plaines et les collines de
champs de blé ou de chaume brulé. Le guide
connaît ses sentiers par cœur et n’hésite pas à
entrouvrir des dizaines de portes servant aux
parcs à bêtes. « Ca va que nous sommes en
été et il n’y a pas trop de bêtes, mais en hiver,
j’ouvre des milliers de portes. » Il ne sera pas
rare en effet de rouler à travers un troupeau
de moutons, de vaches, des cochons noirs de
Nebrodi ou des Chevaux Sanfratellani qui
sont élevés en état de semi-liberté dans les
bois. Allez, on poursuit notre route sur la
montagne de Castel di Judica afin de profiter
d’un panorama magnifique sur la Sicile
Orientale. Après un passage devant les
Monts Iblei, des montagnes de calcaire
propres aux provinces de Syracuse et Raguse.
Il est temps de faire une première halte dans
un village où l’estomac en alerte découvre les
spécialités locales. Les « arancini », des
boules de riz frits avec sauce tomate et
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///ÉVASION/// LA SICILE
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viande. Les « cartocciate », des pains roulés
au four avec tomate, jambon et fromage. Les
glaces et le Granite, des sorbets au citron ou
amandes ou autres fruits faits selon des
recettes arabes utilisant autrefois la neige de
l’Etna. Le voyage dans le temps se fait même
durant la pause de midi et se poursuit
l’après-midi avec la découvert de la ville de
Vizzini et son quartier abandonné la «
Cunziria », mis à l’écart du village ou l’on
travaillait les peaux de bête. Dans ce paysage
aride, les « caves », sortes de canyons creusés
par les rivières offrent une végétation
luxuriante où se mêlent parfum d’anis et de
fenouil. La vue des parcs d’orangers non
cultivés, de nombreuses terres d’agricultures
abonnées, de même pour des maisons et
autres villas nous rappelle que la Sicile est
une région certes autonome, mais encore
trop dirigée par la mafia. L’économie y est
faible comparé au nord de l’Italie et nous en
serons souvent témoins durant le séjour.
L’essence y est très chère et il est souvent
difficile de trouver une station ouverte en
pleine journée. En revanche, la culture
sicilienne pour faire la fête est belle est bien
présente. Que ce soit à travers les mariages
ou les anniversaires, il existe une véritable
course à la débauche financière. Les familles
s’endettent toute une vie parfois pour
organiser le mariage le plus cher du village
afin de ne pas faire honte au patronyme.
Des auberges idylliques
Pourquoi je vous raconte ça ? Parce que les
hébergements à chaque étape sont de
véritables palaces perdus au beau milieu des
collines. Des établissements qui ne
connaissent pas le ralentissement du pays et
dont nous profitons tous les soirs. Au style
varié et de caractère, ces étapes de nuit sont
l’un des points forts de cette randonnée.
Après 10h de moto, on profite de la piscine
entre deux bières locales avant de gouter
sans aucune modération à la cuisine
traditionnelle. Entrée, hors-d’œuvre, plats
principaux et desserts, les Italiens ont pour
habitude de ne pas manger, ou très peu, le
midi afin de se préserver pour le soir. Quel
régal ! Risoto aux fromages et filets de
dorade cuits dans son papier d’alu, poivron,
fleurs de courgette, fromage et confiture de
figue. On retrouve les saveurs d’Anis et de
fenouil que nous avions humées durant la
journée. Inutile de préciser que le sommeil
sera placé sous le signe de la digestion et de
la récupération. Sous son casque blanc et
derrière ses Ray-Ban – style italien oblige
même en enduro – notre guide apporte sa
touche personnelle suivant les parcours et ne
semble jamais faiblir malgré les nombreuses
barrières ouvertes et refermées. Mieux
encore, il n’hésite pas au péril de sa propre
vie à tester les passages délicats pour la
bonne sécurité du groupe. Comme cette
L’Etna fait partie du patrimoine
de la Sicile au même titre que ses
nombreux vestiges.
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descente abrupte où il finira dans un trou de
deux mètres creusé par la pluie. Très vite en
selle, il nous fait part de sa conclusion, « la
route n’est pas possible ». Ancien enduriste
de talent, Tano n’a rien perdu de sa fougue
malgré son âge que je me tiens de taire. Plus
sérieusement, il connaît très bien l’histoire de
son pays et ne manque pas d’explication par
exemple lorsque nous traversons la ville
Noto, cette capitale du style baroque fut
entièrement reconstruite en 1700 quelques
centaines de mètres en contrebas de
l’ancienne entièrement détruite par le
tremblement de terre de janvier 1693 (150
000 morts).
L’Etna en bouquet final
Le paysage aride laisse peu à peu place aux
montagnes de sable alors que nous nous
dirigeons vers l’est. Le rythme de la rando est
plutôt cool avec en moyenne 160 à 200 km
LA MOTO DE LA RANDO
Yamaha 250 WR-R
Digne successeur de la 250 TT-R, la Yamaha 250 WR-R n’est
malheureusement plus importée en France. Trail Rando la propose
désormais à la location sur ses multiples virées. Sur des terrains sicilien
aussi variés que l’argile, les rochers, le calcaire, le sable ou encore la lave à
travers des montées et des descentes, la bleue a parfaitement tiré son
épingle du jeu. Son châssis à la fois léger et compact, se montre très
confortable sur les nombreux reliefs. Les suspensions sont souples et
absorbent avec douceur les chocs. J’ai apprécié également le triangle
selle/guidon/repose-pied qui malgré mon mètre 83, ne m’a pas déstabilisé
après 10h de moto que ce soit en position assise ou debout. Le moteur
250cc est à l’image de ce que l’on attend d’un trail. À la fois souple et facile
d’utilisation. La boite de vitesse 6 rapports est bien étagée et permet des
longues traversées sans tirer sur le moteur. Ce dernier manque en revanche
de force et de coffre au moment d’aborder les grosses montées. On se cherche entre le premier et le deuxième rapport et il est souvent préférable
de tirer sur le premier au risque de caler. La 250 WR-R reste un trail et son utilisation en enduro pure s’avère limitée, logique. Pour le reste, c’est
tout bon. On apprécie certains équipements utiles comme la sangle de selle en cas de situation critique, son radiateur équipé d’un ventilateur qui
maintient le niveau de refroidissement, même à bas régime. Le compteur bien pensé ainsi que le coupe-circuit en cas de béquille sortie. Une moto
fiable et conçue pour la rando plaisir.
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Une végétation luxuriante
où se mêlent parfum d’anis
et de fenouil.
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par jour. Quelques difficultés par ci par là
mais rien de très compliqué. Philippe de
Lyon, habitué à sa Super Ténéré, découvre
les plaisirs de l’enduro au guidon de la 250
WR-R. Visite de l’ancienne gare de Palazzolo
Acreide et la ligne de chemin de fer
aujourd’hui sentier qui desservi l’ile de 1800
à 1950. Le paysage change peu à peu
d’identité et c’est maintenant les immenses
SICILE
PRATIQUE
Où : Départ et arrivée au
nord-est de Paterno. Village
situé 30 minutes à l’est de
Catane
Quand : du 28 septembre au
samedi 5 octobre 2014. Du
24 au 30 mai 2015 et du 14
au 20 juin 2015. Possibilité de
rajouter des sessions privées
sur demande.
Comment : Boucle circulaire
avec départ et arrivée
différent chaque jour.
Durée : 7 jours/ 6 nuits pour
cinq jours de randonnée du
dimanche au samedi
Nombre d’étapes : 5
Kms : Environ 800 pour cinq
jours de rando.
Difficultés : Tous niveaux.
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Itinéraire selon la
maitrise des pilotes.
Restauration : Toutes
les spécialités culinaires
de la Sicile. Midi dans les
bars et enseignes
typiques et le soir dans
les restaurants.
Déboutonnez votre
pantalon, car les
Siciliens sont très
généreux en soirée. Mais que
c’est bon !
Équipement requis : Tenue
de rando. Prévoyez deux
tenues au minimum. Casque
et masque. Appareil photo et
maillot de bain obligatoire.
Hébergement : Hôtels et
auberges de charme
sélectionnés avec goût au
cœur de la nature sicilienne.
C’est l’un des nombreux
points forts de cette
excursion.
Tarif : 1595 euros/personne
hors transport machine,
carburant et boissons.
Comptez de 200 à 400 euros
pour l’avion AR suivant les
périodes. Possibilité de louer
une moto sur place pour 600
euros et un l’équipement
pour 30 euros.
Contact : Trail Rando, Mas
du Gecko, 1300 chemin de
Chibron. 83 870 Signes
04 94 32 63 02
et www.trail-rando.com
bois de conifères à plus de 1600 mètres qui
accompagnent le voyage. Il est très facile de
se perdre dans ce « Disney Land » pour
enduriste et la dorsale de Nebrodi nous
amène directement sur Floresta, la
commune la plus haute de la Sicile.
Dégustation de fromage et de charcuterie
locale dans une petite boutique. Les
assiettes fusent et il est bien difficile de
résister à la sieste après ces pauses de midi.
La descente dans la vallée de l’Alcantara
dans la région où s’est déroulée une
épreuve du championnat du monde
d’Enduro en 2011 suffira à réveiller nos
réflexes. La poursuite de la descente se fait
le long de la rivière pour terminer sur la
ville touristique de Giardini Naxos. La
soirée se termine à Taormina, la localité
sicilienne la plus connue et mondaine avec
ses palaces, boutiques et tourisme
international. Depuis Taormina et son
ancien théâtre grec, la vue est magnifique
sur les plages et l’Etna. Ces cinq jours se
terminent en beauté avec la visite de l’Etna
et ses 3300 mètres d’altitude. Nous
découvrons de nombreux fleuves de lave
dont le dernier en 2001 a détruit le
téléférique menant au sommet du volcan.
L’Etna fait partie du patrimoine de la Sicile
au même titre que ses nombreux vestiges
Romains et Grecs. Les paysages sont tous
plus surprenants les uns que les autres et le
plaisir est au rendez-vous. Cette virée est
une réussite ! Complimenti e grazie ! ❚