Jeu d`écriture 1, insertion

Transcription

Jeu d`écriture 1, insertion
Mon rêve familier
Paul Verlaine
Je fais souvent ce rêve étrange et pénétrant
D'une femme inconnue, et que j'aime, et qui m'aime
(...)
Est-elle brune, blonde ou rousse ? - je l'ignore.
Son nom? je me souviens qu'il est doux et sonore
Comme ceux des aimés que la Vie exila.
Son regard est pareil au regard des statues,
Et, pour sa voix, lointaine, et calme, et grave, elle a
L'inflexion des voix chères qui se sont tues.
J’ai marché
Yves Jamait
(...) C’était il y a fort longtemps
Depuis j’ai d’autres souvenirs
Qui ont du gommer ces instants
En passe d’être mon avenir
Je ne sais plus qui tu étais
Étais-tu brune blonde ou rousse ?
Ainsi que Verlaine je ne sais
Et ta peau était elle douce ?
Ton nom était-il sonore
Pour moi que la vie exila
A jamais des charmes de ton corps
Je ne sais pas
Alors j’ai marché
J’ai marché j’ai marché
Plus qu’il ne fallait
Plus que j’ne pouvais
Sans jamais m’arrêter
Aux marches du palais
Aux marches du palais
Y a une tant belle fille lon la
Dans un grand lit carré
Couvert de taies blanches lon la
Elle a tant d’amoureux
Qu’elle ne sait lequel prendre lon la
Aux quatre coin du lit
Un bouquet de pervenche lon la
C’est un p’tit cordonnier
Qui a eu la préférence lon la
Au beau mitan du lit
La rivière est profonde lon la
Et c’est en la chaussant
Qu’il lui fit sa demande lon la
Tous les chevaux du roi
Pourraient y boire ensemble lon la
La belle si tu voulais
Nous dormirions ensemble lon la
Nous y pourrions dormir
Jusqu’à la fin du monde lon la.
D’un texte à l’autre :
A partir de « Aux marches du palais » (trad.), d'un poème "Mon rêve familier" (Verlaine) pour aboutir à
"Ne ferme pas les yeux" (Michèle Bernard) ou "J'ai marché" (Yves Jamait)... proposition de jeu d'écriture,
soit :
- Création à partir de « Au clair de la lune » (faire une chanson érotique, ballade amoureuse, rupture
– fermeture d’usine par exemple ou licenciement (ce qui expliquerait pourquoi Lubin à froid ?!?...-)
- Création engagée à partir de « Un oranger »(1) sur le conflit nord irlandais, sur les conflits
ethniques ou coloniaux en général (Les oranges ont goût amer…).
(1) : texte en lui-même déjà engagé, les « orangistes » sont les colons écossais « unionistes » en Irlande du nord qui ne
peuvent pas pousser sur le sol irlandais.
Au clair de la lune*
Anonyme 17è.
Au clair de la lune,
Mon ami Pierrot,
Prête-moi ta plume
Pour écrire un mot.
Ma chandelle est morte,
Je n'ai plus de feu,
Ouvre-moi ta porte,
Pour l'amour de Dieu.
Au clair de la lune
L'aimable lubin
Frappe chez la brune,
Elle répond soudain,
Qui frappe de la sorte ?
Il dit à son tour :
Ouvrez-moi la porte
Pour l'amour de Dieu.
Au clair de la lune
Pierrot répondit :
"Je n'ai pas de plume,
Je suis dans mon lit.
Va chez la voisine,
Je crois qu'elle y est,
Car dans sa cuisine
On bat le briquet.
Au clair de la lune,
On n'y voit qu'un peu :
On chercha la plume,
On chercha le feu.
En cherchant d'la sorte
Je n'sais c'qu'on trouva,
Mais j'sais que la porte
Sur eux se ferma
Ecoutez ou lisez "La dame brune"* de Moustaki écrite
pour Barbara et "L'oranger" **de Renaud
nb : "Ne ferme pas les yeux" peut aussi être considéré
comme la réponse de Michèle Bernard à Bourvil !
Ballade irlandaise**
Bourvil 1958
Un oranger sur le sol irlandais,
On ne le verra jamais.
Un jour de neige embaumé de lilas,
Jamais on ne le verra.
Qu'est ce que ça peut faire ?
Qu'est ce que ça peut faire ?
Tu dors auprès de moi,
Près de la rivière,
Où notre chaumière
Bat comme un coeur plein de joie.
Un oranger sur le sol irlandais,
On ne le verra jamais.
Mais dans mes bras, quelqu'un d'autre que toi,
Jamais on ne le verra.
Qu'est ce que ça peut faire ?
Qu'est ce que ça peut faire ?
Tu dors auprès de moi.
L'eau de la rivière,
Fleure la bruyère,
Et ton sommeil est à moi.
Un oranger sur le sol irlandais,
On ne le verra jamais.
Un jour de neige embaumé de lilas,
Jamais on ne le verra.
Qu'est ce que ça peut faire ?
Qu'est ce que ça peut faire ?
Toi, mon enfant, tu es là !