Cambodge - Instinct Voyageur

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Cambodge - Instinct Voyageur
Cambodge
Le sourire khmer
Editions Instinct Voyageur
Fabrice Dubesset
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Cambodge
Le sourire Khmer
Textes et Photographies de Fabrice Dubesset
Illustrations d’Aude Charrière
Editions Instinct Voyageur
Copyright © 2010 Instinct Voyageur - Fabrice Dubesset. Tous droits réservés
http://www.instinct-voyageur.fr
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À mes parents...et à Laura.
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Le Cambodge est un pays qui ne laisse pas le visiteur indifférent. Ce petit pays d‟Asie du Sud-Est, ouvert depuis peu,
possède encore des régions sauvages et reculées, des bouts du monde qui ont véritablement un goût d‟aventure. Le
voyageur de passage est souvent marqué par le sourire de ses habitants et la beauté des fabuleux temples d‟Angkor.
Le Cambodge, pays du sourire oui, mais terre de paradoxes aussi. Un pays qui survit grâce à l‟aide internationale, dans
lequel la corruption gangrène une démocratie qui n‟est qu‟une façade. Un pays qui a donné un des pires génocides du
siècle dernier et qui restera associé à jamais au terrible régime des Khmers Rouges.
Au-delà de la beauté du pays et de la richesse de ses habitants, j‟ai voulu mettre l‟accent sur ces contradictions. Mon
regard est bien sur subjectif et partiel, loin d‟une réalité et d‟une culture que je n‟ai fait qu‟effleurer.
J‟ai voulu dans cet ouvrage donner la part belle à l‟image. Une image vaut mille mots disait Confucius. J‟espère que ces
images et ces mots vous donneront envie de découvrir ce pays attachant. Ou vous donnera envie de le redécouvrir,
pourquoi pas….C‟est ici la seule prétention de l‟ouvrage que vous tenez entre les mains.
Fabrice Dubesset
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Prologue
Mr Chan est dans le retraitement des déchets. Il les expédie au Cambodge où ils sont traités, main d‟œuvre bon marche
oblige. Voilà un secteur qui ne connaît pas la crise. Ce chinois natif du Cambodge vit en France depuis la prise du pouvoir par les Khmers Rouges en 1975. Sa famille a alors fuit en Thaïlande, deux jours avant la fermeture des frontières
par les nouveaux maîtres du pays. Deux jours seulement...Mr Chan se rend fréquemment au Cambodge pour affaire.
Mr Chan a le rire facile, hormis lorsqu‟il lit les pages économiques du Bangkok Post. Mr Chan est mon voisin sur ce vol
de la Thai à destination de Phnom Penh. De la famille l‟attend à l‟aéroport et il me propose de me déposer au centre
ville.
Sua s‟dei! Bienvenue en langue khmer!
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Le lac rose
Première soirée, premier coucher de soleil sur le lac Boeng Kak. Cette grande étendue d‟eau est située au cœur de la
capitale. Le quartier local des routards borde ses rives et offre des terrasses panoramiques occupées par des voyageurs attablés devant une bière fraîche. Quelques pêcheurs s‟activent encore sur les eaux roses du lac. Un bel endroit
qui est pourtant condamné à bientôt disparaître. En effet, des investisseurs coréens entendent bien assécher cette vaste retenue d‟eau à des fins immobilières. Les riverains sont déplacés de force, l‟Etat approuve.
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Killing fields
Des os et des vêtements affleurent du sol. Des fosses béantes parsèment ce champ à la périphérie de Phnom Phen.
Un lieu de massacre parmi tant d‟autres dans le pays. Des montagnes de crânes vous accueillent. Plus que ces débris
humains, ce sont les vêtements en lambeaux de ces victimes qui me touchent le plus. A demi encore enterrés dans le
sol, faisant corps avec cette terre de sang, ils ont la force de rappeler que le génocide de ces deux millions de personnes est encore tout près de nous dans le temps.
Entre 1975 et 1979, l‟Etat Khmer Rouge a mis en coupe réglée le pays. Répressions, meurtres et travaux forces provoquèrent un génocide. Au milieu de la capitale, la prison S-21 offre un aperçu effroyable des sévices infligés aux ennemis
de la révolution. Des chambres grises, des barreaux, des épaves de lits rouillés, des murs sur lesquels ont été reproduites les photos des victimes prises à leur arrivée. Pol Pot et sa clique n‟ont pas à rougir de la comparaison avec les nazis. Dans cet ancien lycée où les salles de classe servaient de chambres des horreurs, la règle numéro 6 du
« règlement des agents de sécurité » fait froid dans le dos : « Pendant la bastonnade ou l‟électrochoc, il est interdit de
crier fort ».
Afin de construire « l‟homme nouveau », avec l‟ambition de surpasser les Chinois, les Khmers Rouges ont saccagé le
pays, l‟affamant en vendant le riz à la Chine afin d‟acheter des armes pour la guerre contre les Vietnamiens, l‟ennemi
héréditaire.
Lors de mon passage, le procès du sanguinaire directeur du camp S-21 s‟est ouvert à Phnom Phen. Duch, responsable
de la mort de 16 000 personnes ne reconnaît n‟avoir donné que quelques gifles… La majeure partie de la population est
née après le génocide, le sujet est tabou, voir méconnu pour les plus jeunes. Dans un pays frappé d‟amnésie collective,
le terme de génocide n‟est apparu que cette année dans les manuels scolaires. Ainsi, seul 3% des cambodgiens peuvent citer le nom des cinq accusés…
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Royauté
A côté, la visite du Palais Royal paraît superficiel... Avec ses toits khmers classiques et ses dorures, ses jardins luxuriants, l‟impression d‟un tout autre univers. La pagode d‟argent, qui doit son nom à son sol constitué de 5 000 dalles
d‟argent, en est le joyaux.
Le Cambodge reste un royaume, l‟un des rares encore présent en Asie. Le populaire roi Sihanouk en fut longtemps l‟incarnation. Il survécut à l‟épisode des Khmers Rouges pour revenir ensuite reprendre les rênes de son pays. Norodom
Sihanouk, artiste féru de cinéma fut roi, président puis à nouveau roi jusqu‟en 2004 où il abdiqua en faveur de son fils.
Un destin peu ordinaire.
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Kampot
Le charme de cette petite ville tient à ses vieilles maisons coloniales défraîchies. Ces façades colorées transpirent un
passé pas si lointain que cela. Une époque où le mot Indochine faisait partie des manuels de géographie français. La
campagne environnante est riche de rencontres. Des grottes dans lesquelles des enfants se pressent pour vous montrer des bouddhas cachés, des champs de poivre, des rizières…Au hasard de la route, des enfants vous invitent à des
parties de volley-ball. Parfois, juste de simples sourires échangés. J‟apprends quelques mots de khmers en échange de
cours de français, spécialité tourisme. Sur une petite moto de location, je laisse sur ma droite l‟océan et de l‟autre côte
les champs et les vertes collines. La vitesse transforme la chaleur en une agréable caresse tropicale. Un massage clôture cette éprouvante journée... La liberté me grise. Je crois que le démon de l‟aventure vient à nouveau de faire son
apparition...Une vieille connaissance…Qui a dit que les démons sont forcément maléfiques?
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La femme du pêcheur et le crabe
Un autre Cambodge. Loin de l‟agitation bruyante de la capitale. Sur la côte sud, le long de l‟Océan, la tranquillité paisible du Cambodge se savoure ici pleinement. Une sensuelle femme dénudée semble se reposer face à l‟océan. Un des
symboles de Kep, petite et paisible station balnéaire. Le crabe est l‟autre symbole de la localité, réputée pour ses fruits
de mer et très appréciée des classes aisées et des expatriés de la capitale.
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L’écolière
Des enfants rentrent de l‟école dans une rue des faubourgs de Kampot. Parmi les uniformes blancs, le regard curieux
d‟une jeune fille retient l‟attention. La lumière déclinante de cette fin de journée éclaire un visage, à la fois doux et grave.
Paume ouverte, ma main se rapproche d‟elle. Elle, hésitante, avance la sienne. Le contact se noue, sans paroles.
Photos pages suivantes, de gauche à droite:
- Vieille dame, Kampot
- Commerçante, Krong Koh Kong
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L'île de la tentation‫‏‏‬
Imaginez une île aux plages vierges, sans béton ni touristes. Imaginez une eau si chaude que vous y rentrez sans la
moindre hésitation. Imaginez des plages de sables fins, une eau limpide. Imaginez une ile recouverte d‟un manteau vert
luxuriant et dominée par des montagnes aux promesses inexplorées. De petits crabes jouent à cache-cache sur la plage déserte. Assurément, l‟ile de Koh Kong serait une bonne représentation du paradis. A deux heures en bateau de
Krong Koh Kong, à l‟extrême sud-ouest du Cambodge près de la frontière thaïlandaise, cette île est, pour l‟heure, à
l'abri du tourisme de masse qui a gagné les autres îles du Golfe de Siam. Pour combien de temps encore ?
Photos pages suivantes, de gauche à droite:
- Une plage sur l‟île de Ko Kong
- Coucher de soleil sur la mangrove près de la ville de Krong Koh Kong
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Cardamones
Non loin de l‟océan, le massif montagneux des Cardamones. J'aime ce nom. Il a un goût d‟aventure et de bout du monde. Plusieurs réserves naturelles font de cette région l‟un des écosystèmes les plus préservés d‟Asie. Les Cardamones
ou la deuxième forêt tropicale vierge d‟Asie du Sud-Est. Ses pics, qui culminent à 1 800 mètres, abritent encore quelques tigres et éléphants d‟Asie. La jungle est encore ici peu marquée par l‟homme, et les Cardamomes restent encore
l‟une des zones les plus sauvages du pays. Tout près, la réserve naturelle de Peam Krasaop abrite des mangroves de
toute beauté.
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Son nom est Asia
Asia et sa famille tiennent un petit commerce, comme on en trouve tant le long des routes en Asie. Sous un abri de fortune, à l‟ombre de ce dur soleil de mi-journée, je ne peux qu‟échanger quelques mots et sourires avec elle. Asia accepte
la photo. Derrière, l‟un de ses petits fils se berce dans un hamac et sourit devant la scène. Un de ces moments qui rendent la photographie magique à mes yeux, un échange, une scène figée pour toujours.
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Mékong
Au milieu du majestueux Mékong qui a tant nourri les rêves des aventuriers de naguère, l‟île de la soie. Ici, chaque maison a son métier à tisser. Une plage vous permet avec ses paillotes lacustres d‟avoir les pieds dans l‟eau tout en savourant un délicieux poulet riz que l‟on vous amène. Boissons fraîches, quelques brasses dans le Mékong…un havre de
paix à quelques pas de Phnom Penh. Des vendeuses viennent nous proposer leur Kromas. Cette pièce de tissu à carreaux est traditionnellement utilisée pour servir de protection contre le soleil, la poussière ou...de serviette. A deux pas
de la capitale, un Mékong resté hors de la modernité, un Mékong envoûtant.
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Le pays du sourire
Jamais sans doute un pays n‟a aussi bien mérité son surnom. Tout ici n‟est que sourire. Les cambodgiens le portent
comme une seconde peau. Et le sourire appelle le sourire! Sur qui que se soit que se porte votre regard, il y a fort à parier qu‟il rencontrera un sourire... Une sensation agréable à laquelle on se fait… très vite.
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La perle de l’Asie
Phnom Penh est, à l‟échelle de l‟Asie, une petite ville. Deux millions d‟habitants au carrefour du Mékong et du Tonlé
Sap. Il ne faut pas beaucoup de temps pour se repérer dans la ville, entre les grandes artères et les principaux monuments. Il est d‟ailleurs tout à fait possible de traverser le centre ville à pied. La “perle de l‟Asie” d‟avant la révolution
khmère est en pleine essor.
La moto-dop est le moyen le plus pratique et le plus économique pour se déplacer en ville. Le plus dangereux aussi.
Ces motos taxis sont légions dans les rues. Beaucoup ne parlent pas anglais et ne savent pas lire. Ce sont souvent des
paysans qui viennent dans la capitale pour quelques mois avant de repartir pour travailler dans les champs. Ils vous répondent toujours qu‟ils connaissent l‟adresse même s‟ils n‟en ont aucune idée! Et ce qui n'arrange rien, l'attribution des
numéros des maisons est ici complètement farfelue. Ainsi, la rue 63 possède…trois numéros 45 à différents endroits!
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Combats
Des perles de sueurs roulent sur des corps secs et musclés. Tendus, ils se font face, guettant le moment opportun pour
attaquer. Leur jeu de jambe est saisissant, tant au niveau de la vitesse que du mouvement, en rythme avec la musique.
En un éclair, ils ont projeté leur pieds et leur poings accompagnés par la clameur de la foule. Le kick boxing, aussi appelé boxe thaï. Mais attention! N‟utilisez jamais ce terme devant un cambodgien, il en perdrait son sourire! Non ici, on
parle de boxe khmère car c‟est parait-il la contrée d‟origine de ce sport de combat. Dans le public, certains spectateurs
passent leur temps la bouche collée à des téléphones portables assemblés par des élastiques sur une planche de carton. Ceux-ci prennent des paris sur les combats avec des clients qui n‟ont pu se déplacer. Le sport le plus populaire du
pays.
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Phnom Penh show‫‏‬
Autre lieu, autre ambiance. Nous voici au Chili‟s bar, l‟un des repaires de la communauté gay de la ville. Cambodgiens
et étrangers s‟y entremêlent. Ce soir, c‟est le show des Lady boy. Le bar est bondé. Ambiance libertine à des années
lumières du Cambodge officiel. Si la culture cambodgienne tolère l‟homosexualité, il n‟en reste pas moins que cette
communauté est plus discrète par rapport à d‟autres pays en Asie.
Photo page 40:
- Vu de Phnom Penh de la terrasse du Capitol Guest House.
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Pérégrination nocturne‫‏‬
La rue 104, tout près des quais du Tonlé Sep. « Hey, honey ! », des balcons, les filles de la nuit vous saluent mielleusement. Plus bas, des moto-dop attendent.
Bars à touristes et salons de massage en tout genre prolifèrent. Des restaurants au nom francophone comme “La Croisette” témoignent encore d‟une influence aujourd‟hui révolue. Des enfants vendent des copies bon marché de livres ou
de guides tandis que le harcèlement des “‟Sir, tuk-tuk?” ne se tarit jamais. Lorsque vous êtes un homme seul, l‟une des
propositions récurrentes des moto-dop porte sur les filles: „‟girls boum-boum” comme ils disent. La prostitution est certes
moins visible qu‟en Thaïlande mais elle est bien présente. Sans parler de la pédophilie, une des plaies de ce pays.
Le Martini. Un autre de ces lieux ou certains hommes viennent afin d'échapper un peu a leur solitude, venant y chercher
un semblant de contact féminin et d'échanges. Quitte à se mentir.
Le Martini n‟a rien à envier aux tripots d‟Afrique Noire. Les hommes y sont tous blancs et pour la grande majorité, ils approchent de l‟âge de la retraite ou l‟ont dépassé. Face à eux, des jeunes filles proposent des plaisirs tarifés. Sur la piste,
des barangs, des blancs en khmers, dansent collé serré avec de jeunes filles.
Le Heart of Darkness est une boîte qui attire les fils de khmères aisés et les étrangers. Preuve en est, dans la rue, la
rangée impressionnante de Lexus et autres Land Cruiser. Et ici, les gros bras ne prennent même pas la peine de mettre
une plaque d'immatriculation face à une police corrompue.
Près de la piste, plusieurs couples de blancs boivent leur bière. Les filles semblent toiser ces jeunes et jolies cambodgiennes au corps mince. Elles ne lâchent pas leur copain d'un fil, comme voulant ainsi bien marquer leur territoire. Ce
qui n'empêche pas leur gars de zieuter les gazelles dans leur dos. L'une d'elle au bar me fait les yeux doux. L'un de ses
bras laisse voir une cicatrice en forme de cœur, un ancien tatouage qu'elle a voulu effacer après que le départ de son
petit ami anglais. Au bout de deux minutes, elle me déclare qu‟elle couche pour de l‟argent. Tandis que le playboy latino
chante "la vida loca", je me dirige vers la sortie.
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Angkor
Il est de ces lieux qui hantent votre imaginaire depuis qu‟enfant vous les avez découvert dans des magazines. Ces images m‟ont tout de suite captivé page après page. On dit que le subconscient de l‟adulte est marqué à jamais des rêves
et désirs de l‟enfant que l‟ont a été. Ils restent là, tapis dans un coin. Ces quelques jours à Seam Reap m‟ont permis
d‟en exorciser un: les mythiques temples d‟Angkor.
Depuis sa redécouverte au 19ème siècle par un explorateur français, l‟ancienne capitale du puissant Empire Khmer n‟a
eu de cesse de fasciner les occidentaux. Le premier lever de soleil derrière Angkor Vat est un grand moment. Le reflet
du temple apparait peu à peu dans l‟eau du bassin. Angkor Vat ou le plus grand édifice religieux du monde. Sur 10km2,
bien d‟autres temples témoignent de l‟ancien faste des Dieux-rois, réincarnation de Vishnou. Dans sa période dorée,
l‟Empire Khmer régnait alors sur la majeure partie de l‟Indochine.
Photos page 47 :
- Le Bayon et ses énigmatiques visages
Photos page 48 :
- Le Ta Som envahi par les racines
- Angkor Vat
Photos page 49 et 50 :
- Preah Khan
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Encore…
Je me souviendrai longtemps des 216 visages du Bayon et de leurs sourires énigmatiques lorsque le soleil doré du matin extirpe ces visages de la pénombre l‟un après l‟autre. Envoutant. Je me rappellerai à jamais du Ta Prohm et de ces
arbres cyclopéens dont les racines embrassent les murs, pénétrant avec force entre les pierres. Fascinant. On se surprend à imaginer l‟état et l‟émotion des premiers explorateurs lorsqu‟ils arrivèrent en ces lieux envahis par la jungle. Ce
temple doit depuis peupler les rêves de bien des visiteurs. Je conserverai pour un moment l‟image des fines sculptures
du temple de Banteay Srei. Surprenant. Et que dire des temples d‟Angkor Thom bâti par Jayavarman VII, le plus puissant de ces anciens monarques absolus. De nombreuses créatures peuplent les bas-reliefs de ces temples dont des
Nagas et autres géants qui en gardent l‟entrée. Des apsaras, ces êtres célestes dansant, accompagnent le visiteur dans
ses pérégrinations. Pierres usées par le temps et l‟humidité, alors que le nom de bien de ces souverains s‟est perdu
dans les limbes de l‟Histoire, leurs temples ont survécu à la force du temps. A se presser pour voir ces merveilles, on en
oublie les milliers de vies humaines qui furent sacrifiés pour élever ces orgueilleux édifices. Le nombre de temple est
bien en deçà des 4000 édifices de Bagan, “l‟autre Angkor” des rois de Birmanie. Néanmoins, le style des temples d‟Angkor est si particulier, certains de ces temples sont si étonnants qu‟il existe bien une magie Angkor. Pendant trois jours,
j‟y déambule, encore et encore.
Seam Reap, porte d‟entrée des temples, attire la grande majorité des 1.5 millions de touristes qui viennent au Cambodge. La plupart arrivent de Bangkok et repartent illico presto. Le balai des touristes est incessant, visiteurs aisés, routards
désargentés, en indépendant, en famille, en organisé, en bande, ils semblent plus nombreux que les habitants euxmêmes! La tenue vestimentaire de certaines touristes, jupes courtes et décolletées plongeant, me surprend toujours, à
croire qu‟elles ont oublié qu‟elles ne sont plus aux Etats-Unis ou en Angleterre mais dans une société bien plus traditionnelle. Dans les rues du centre éclairées par les enseignes des nombreux bars et resto, les touristes sont attablés aux
terrasses, dans la rue des enfants jouent, les conducteurs de tuk-tuk et de moto-dop attendent le client, et tout ce beau
monde est surveillé par des policiers nonchalants. Sans oublier les rabatteurs de prostituées chassant le male occidental en mal de plaisir de la chair. Les marchands du temple sont partout. A côté de leur glacière rouge à boissons, c‟est à
celle qui, à la limite de l‟hystérie, crie le plus fort “Sir, a cold drink?” Reste que le site est suffisamment vaste pour que le
visiteur se perde dans ses pensées angkoriennes.
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Bamboo train
Je vous écris ces lignes depuis le bar d‟un village, au pied des Cardamones. Il y a de l‟ambiance ici, et pour cause, une
vingtaine de villageois regardent des matches de kick boxing dans ce bar. Mais voilà que l‟on me fait signe au-dehors, le
dernier train pour Pursat est en train de partir! Il roule encore au pas. Arrivé à sa hauteur, je jette mon sac par dessus la
plateforme de l‟unique wagon, avant de m‟y jeter d‟un seul bond. Je suis cette fois l‟unique passager du train. A l‟aller, il
était bondé de paysannes revenant de la ville avec leurs provisions, leurs kromas à carreaux autour de la tête pour se
protéger du soleil. Ce sont cette fois des sacs de charbons de bois qui les ont remplacés. Le conducteur, un tout jeune
adolescent, a la main sur un levier en bois, contrôlant ainsi la vitesse. Une plateforme en bois posée sur deux essieux
entraînés par un moteur, voilà à quoi ressemble ce train, surnommé le bamboo train.
A près de 50km/h, la campagne cambodgienne défile alors que la lumière décline. De simples maisons en bois sur pilotis, quelques buffles ou cochons dans la cour, des champs de riz autour, l‟habitation du paysan cambodgien est spartiate. Les rails du chemin de fer sont loin d‟être parfaitement droites et semblent avoir été déformés par quelque force. Les
poutres métalliques sont de plus grossièrement soudées entre elles, faisant ainsi sautiller notre fragile engin. Pas étonnant que la ligne Battambang Phnom Penh appartienne au passé! Nous traversons quelques villages au ralentit, traversant quelque cours d‟eau sur d‟antiques ponts. La nuit se jette vite sur nous. Au loin, le ciel est assiégé par les éclairs
d‟un orage menaçant. La voie est éclairée par une simple lampe de poche, histoire de ne pas entrer en collision avec
un buffle insomniaque. Parfois, une lumière s‟agite en tout sens, signe qu‟un bamboo train arrive en sens inverse. La
règle est alors que le moins chargé laisse passer l‟autre. On décharge alors et on soulève l‟engin afin de le poser sur le
bas-côté!
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M.Long
Pursat. Les gens sont ici particulièrement souriants et accueillants. Je passe pas mal de temps à discuter avec un couple de cambodgien parlant le français. Cette commerçante tient une pharmacie dans la rue principale à quelques pas de
ma Guest House. A 62 ans, cette ex- enseignante de français a trouvé ce moyen afin de compléter sa maigre retraite.
Avec 15 dollars par mois, son pécule est loin d‟être suffisant pour vivre. Cette affaire lui permet de gagner 2.5 dollars
par jour en plus. Dire que je dépense autour de 20 dollars par jour....Son mari, M.Long est un ancien docteur. Petit et
sec, tout sourire, il a un visage qui inspire l‟empathie. Le seul moment où son sourire s‟efface, c‟est lorsqu‟il évoque la
période khmer rouge sous mes questions. “L‟enfer” comme il dit. Pendant 5 ans, lui et sa femme ont abandonné maison et métier pour travailler de force dans les champs, de 4h du matin a 22h…Des journées harassantes contre deux
grands verres de potage chaque jour. Encore ont-ils eu de la chance d‟en sortir vivant car les intellectuelles étaient alors
une des cibles du nouveau régime. Le procès? Il ne le juge visiblement pas très important car ce ne sont pas les responsables qui sont jugés. Alors que le gouvernement compte dans ses rangs plusieurs anciens Khmers rouges dont le
premier ministre lui-même…
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Kampong Cham
Kampong en khmer veut dire campagne. Cette petite ville au nord de Phnom Penh borde le Mékong. Un étonnant pont
en bambou relie la ville à une île sur le fleuve. Des villages de cultivateurs. C‟est surtout la récolte de tabac qui est en
ce moment à l‟honneur. Des familles enfilent les feuilles récoltées afin de les sécher. La curiosité locale est un temple
préangkorien, théâtre en cette fin de semaine d‟une fête du calendrier bouddhiste. De nombreux stands attirent la foule.
Des manèges, une ambiance de fête foraine au milieu d'un temple millénaire.
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La mer intérieure
Après le village flottant de Kompong Chhnang, voici un autre de ces villages construit sur le Tonlé Sap, la mer intérieure
du Cambodge. A Kompong Luong, ce sont surtout des vietnamiens qui vivent dans ces habitations qui possèdent néanmoins un certain confort. Tous les commerces sont représentés dans ces “rues” ou se croisent des embarcations les
plus diverses. Etonnant. On trouve même une église catholique qui dénote dans le paysage. A côté, un poste de police
dont l‟unique officier fait la sieste dans un hamac attaché devant l‟entrée. Notre barque croise des stations services flottantes qui ravitaillent parfois au large, les navires traversant l‟un des plus grands lacs d‟Asie.
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Les dauphins
Une barque glisse silencieusement sur les eaux calmes du Mékong. Le soleil commence tout juste à apparaître timidement derrière le rideau encore sombre des arbres peuplant les berges du fleuve. Le lit, pourtant déjà imposant du fleuve, laisse deviner son ampleur lors de la saison des pluies. “Look!” nous murmure notre guide planté debout à l‟arrière
de notre frêle embarcation. Nous suivons la direction de son bras pour apercevoir fugitivement la nageoire d‟un dauphin. Leur population se chiffre à environ 150 individus. Ils font désormais l‟objet d‟une protection du gouvernement et
d‟ONG comme WWF. Il faut dire que ces sympathiques cétacés sont parmi les derniers spécimens peuplant les fleuves
d‟Asie. Ceux-ci différent des dauphins que nous connaissons tous. Leur tête est en effet ronde, sans bec. Ils sont tous
autour de nous, les apercevoir est donc facile. Les cétacés restent à quelques dizaines de mètres de notre barque et
effleurent souvent tout juste la surface pour reprendre de l‟air. Pas facile de les photographier.
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La colline aux joyaux
Peu à peu, un paysage de culture cède la place à un horizon de forêts, le relief se fait plus accidenté, puis le bitume capitule devant une piste de terres ocre. Depuis deux heures, une pleine lune rousse s‟est élevée au-dessus des terres du
Ratanakiri. Cette province de l‟extrême nord-est du Cambodge est une des plus isolées du pays. Tandis qu‟une chaleur
écrasante de fin de saison sèche a pris possession du reste du pays, l‟air frais de ces collines est le bienvenue. Ban
Lung, simple petite ville, à la prétention d‟être la capitale de la province. La région a longtemps abrité le QG des
Khmers rouges et a aussi subi, comme tout l‟est du pays, les bombardements aveugles et criminels des américains. La
piste Ho Chi Minh avait en effet le malheur de passer sur ces terres. Quelques 200 000 personnes moururent. Certaines
mines de pierres précieuses (d‟où son nom) sont encore en activités.
Un lac de cratère, qui selon certains aurait été causé par une météorite. Une imposante chute d‟eau. Et surtout la jungle, un lieu bruyant. Le bruit des cigales géantes est presque assourdissant, c‟est le battement de cœur de la jungle.
Souvent, un cri fort et répétitif se fait entendre, “Gecko! Gecko! Gecko!” C‟est aussi le nom désignant cette espèce de
gros lézard emblématique des forêts tropicales. Il est considéré comme un porte bonheur. Il paraîtrait qu'en comptant le
nombre de ses cris, on peut savoir si dans l‟année vous serez marié à une jeune fille, une veuve ou rester célibataire.
Allez, je compte...
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Télévision
La nuit venue, les bruits se font heureusement plus rares. Le ciel étoilé est embrasé par les éclairs d‟un orage proche.
Notre guide nous conte ses déboires avec les parents de sa petite amie. Impossible de l‟épouser sans l‟accord des parents respectifs. Le problème, de taille, est que les parents n‟aiment pas leur futur gendre…Nous arrivons en fin de journée dans le village d‟une minorité, en l‟occurrence un village Lao. Peu de monde parle le khmère ici. Les villageois, les
enfants surtout, se pressent à notre rencontre, curieux de voir quelle tête ont ces étrangers. Ils nous observent, captivés
par nos faits et gestes. Nous avons l‟impression d‟être en quelque sorte le poste de télévision du coin! Les enfants sont
tous adorables, leur minois ont des traits réguliers, doux et rieurs. La nuit, le village est entièrement plongé dans le noir.
Devant la faible lueur d‟une lampe à pétrole, nous buvons, avec notre guide, une imposante bouteille d‟alcool de riz.
Photos pages suivantes, de gauche à droite :
- Un village khmer du Ratanakiri
- Un vieil homme, Voen Sai
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Le cimetière dans la foret.
Le cimetière dans la forêt
Lao, Chinois, Kreung, Chunchiet, le nord du Ratanakiri est peuplé de minorités. Sur les rives du Tonle San, le charmant
village de Voen Sai abrite nombre d‟entre elles. Le cimetière Tompuon est situé dans la jungle à une heure de bateau de
Voen Sai. La barque à moteur file bon train et nous laissons derrière nous, pécheurs, troupeaux de buffle et enfants barbotant joyeusement dans l‟eau. Des maisons en bois se dessinent bientôt au-dessus de la crête des arbres. Le cimetière est situé derrière. Au milieu des bananiers, manguiers, frangipaniers, de curieuses tombes parsèment le lieu. Des
statues en bois peintes semblent en garder l'entrée. Les Chunchiet ont en effet l‟habitude d‟enterrer leurs morts dans la
forêt en sculptant des statuts représentant les défunts. J'aime ces cimetières du monde parfois si particuliers. Ils démontrent la place de la mort dans la vie. Dans les pays du Sud, la mort fait partie du quotidien, de ce fait on la craint moins,
contrairement à nos sociétés dans lesquelles nous essayons de la repousser et de l'ignorer.
De retour au village, voici une curieuse scène. Des groupes de villageois se tiennent assis autour de jarre en terre cuite
d'ou ils aspirent un liquide à l'aide d'une paille. De beaux visages ridés m'invitent, tout sourire, à me joindre à eux. L'alcool passe bien. Comme personne ne parle un traître mot d'anglais, impossible de savoir les tenants de ce rassemblement...Sur le chemin du retour, le cri des Gecko m‟accompagne.
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Amour
Elle travaillait au Phnom Penh Hôtel, du moins c'est ce qu'elle me dit. Elle a le regard triste. "Je n'aime pas que les
clients me touchent" me confit-elle. Bopha est venue de Seam Reap le cœur brisé. Elle devait se marier mais son copain, lui, a préféré une guide coréenne rencontrée parmi les temples d'Angkor."Elle a de l'argent, tu comprends" lui a t-il
fourni comme explication. Il l'aimait pourtant mais pas autant que l'argent et l'envie d'une autre vie.
Le cas de Bopha est loin d‟être unique. Si une fille n'est plus vierge avant le mariage, elle est souvent considérée alors
comme une mauvaise fille. Il y quelques années, seul 4% des Cambodgiens se disaient prêt à se marier avec une fille
non vierge!
D‟une relation consommée brisée au bordel, il n‟y a qu‟un pas. Et ces dernières sont légions, même dans la plus petite
ville. Marié, allez voir des prostituées est une pratique répandue chez les cambodgiens. Il est convenu que les hommes
aient une vie sexuelle plus intense. Ainsi, une femme trompée ne peut-elle rien faire contre son mari. Chaque classe
sociale a ses salons de massage-bordel avec les tarifs correspondants. Quel contraste avec le romantisme affiché dans
les productions musicales et télévisées…
Photos pages suivantes, de gauche à droite :
- Fête foraine, Kompong Cham
- Danseuse, Phom Penh
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Dépression
Commençons par les cadres dirigeants, en grand partie d‟anciens Khmers Rouges comme le premier ministre Hun Sen.
Son partie, le Partie du Peuple Cambodgien n‟est rien de moins que l‟ancien parti communiste. Qui pratique un libéralisme à outrance. Le pays est en train d‟être vendu aux étrangers, japonais, coréens, chinois qui en pillent les richesses.
Des milliers d'hectares de forêts sont en train de disparaître notamment dans le Ratanakiri. Ainsi, Hun Sen, avec un salaire officiel d'environ 1400 euros par mois, est un des hommes les plus riches d'Asie...Les généraux roulent ici en
Lexus et possèdent de somptueuses villas. Le Cambodge ou l'un des pays les plus corrompus au monde. Des milliers
de gens, pourtant propriétaires, sont expulsés de force par les pouvoirs publiques, ceux-ci ayant vendu leurs terres à
des entreprises. L'Etat de droit n'existe pas.
Et que dire du système de santé. Ou de l‟éducation ou il est possible d‟acheter son diplôme. Le Cambodge est un pays
assisté dont la moitié du budget vient de l'aide internationale. Si des progrès ont été constatés depuis les années 90, il
n'en reste pas moins que les gouvernants de cette fausse démocratie exploitent pour leur intérêt personnel les richesses du pays. Mais les cambodgiens semblent se satisfaire de ce système. Il faut dire que l'expérience Khmers Rouges
a refroidi bon nombre d‟entre eux à toute idée de changement...
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Bouddhisme
De nombreux temples parsèment le territoire cambodgien. Tôt le matin, les robes safran parcourent les rues des villes
et villages. Devant l‟entrée de chaque maison et boutique, les moines prient, tenant entre leurs mains leur bol à aumône. Religion d‟Etat, la grande majorité des Cambodgiens pratique le bouddhisme theravada.
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Battambang
La gare fantôme de Battambang. L'horloge de l'édifice s'est arrêtée à 8h02. On ne sait quel jour ni quelle année. Les
voies sont depuis envahies par les herbes. Comme à Pursat, le chemin de fer est toujours utilisé par les villageois grâce
au bamboo train.
Battambang, deuxième ville du pays. Difficile de le croire tant celle-ci est paisible. Un petit air de Kampot avec ses berges et ses maisons coloniales. Les ballades en moto dans les campagnes environnantes sont un pur plaisir. Deux temples du XIème siècle se visitent non loin de la ville. Ils ont inspiré paraît-il Angkor Wat.
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Pepsi&Co
Sa peau tannée est aussi ridée que du papier de riz, l'âge a creusé ses joues, il semble flotter dans ses vêtements
usés. Il nous ouvre les portes de cette usine Pepsi abandonnée. Il en est visiblement le gardien. Il veille sur des milliers
de bouteilles vides remplies de poussière. Un logo désuet de la marque sur chacune d'elles. Il ne parle pas un mot d'anglais mais j'arrive tout de même à comprendre que l'usine a migré vers le Vietnam il y a 4 ans. La chaîne d'embouteillage a été démontée, les bureaux vidés. Enfin presque. Des dossiers remplissent encore les casiers, ici et là des objets
ont été abandonnés, comme cette bouteille de Coca-Cola. L'ennemi jure trône au milieu de la pièce!
Autre lieu, autre boisson, autre personnage. Cette famille cambodgienne s'est lancée au tout début du siècle dans la
production de vin. Le seul établissement du pays. 100 000 bouteilles de rouges sont produites ici chaque année. Les
vignes entourent la modeste demeure. Madame Leng Chantol me fait visiter. Son mari s'est lancé en autodidacte en
lisant des livres et en fabriquant lui-même le matériel de vinification. Le vin reste cependant une boisson de luxe à la
différence de l‟alcool de riz ou de la bière.
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L’orphelinat
Tara Winkler est une jeune australienne, un petit bout de femme étonnante. A 21 ans, cette énergique brune a crée un
orphelinat il y a deux ans, après avoir été volontaire a Battambang. Elle fut choquée par les abus perpètrés sur des enfants par le directeur d‟un des orphelinats de la région. Aussi elle décida de soustraire ces 14 enfants de l‟établissement
et de fonder l'ONG «The Cambodian Children‟s Trust» (CCT). L'orphelinat abrite désormais 18 enfants. Le but n'est pas
l'adoption mais de leur donner le meilleur environnement au niveau de la santé, de l'éducation et du bien être.
D'après l'ONG Friends International, environ 20 000 enfants vivent dans la rue à Phom Penh. Mendicité, trafics, violences et abus sexuels sont leur quotidien. 35% des "sex workers" de la région on entre 12 et 17 ans…
Les enfants ont bien souvent une fonction économique, apportant de l‟argent à leur famille.
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Le paradoxe cambodgien
Quel paradoxe que ce peuple tout sourire qui a produit les merveilles d‟Angkor et l‟un des plus sanglants génocides du
siècle dernier.
Le Cambodge est réputé être le pays du sourire, à juste titre. C‟est souvent ce qui émerveille et retient d'emblé le voyageur. Cependant derrière ce sourire qu‟affiche les cambodgiens se cache une réalité moins rose. Ainsi, d‟après l‟étude
d‟une ONG, 40% d‟entre eux souffrent de dépression. Le traumatisme Khmer Rouge est encore lourd de conséquence
dans la vie de millions de familles. La violence est quelque chose d‟assez banal, les enfants en sont victimes tout comme les femmes dont 60% d‟entre elles sont battues par leur maris. Le sourire et la bonne humeur sont avant tout une
façade En effet, dans les derniers moments j‟ai pu percevoir plusieurs fois cette tension qu‟un sourire essaie de cacher.
C‟est particulièrement vrai chez les personnes d‟un certain âge et aussi sans doute à Phnom Penh. Le sourire est comme un réflexe nerveux. Une façade, un peu comme ces sourires sur les visages du temple Bayon à Angkor. Face à l‟étranger, le sourire permet de mettre une distance, de cacher ses sentiments Ceci fait partie, d‟une façon générale, de la
culture asiatique. Du Japon au Cambodge, montrer ses sentiments et surtout ses faiblesses ne se fait pas, ou si peu.
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Marchés et pyjamas
Les marchés. Du Psar Thmei au centre de la capitale avec son édifice art déco au Psar Tuol Tom Pong (surnommé le
marché russe) au sud, en passant par le Psar O Russei, ces labyrinthes de centaines d'échoppes sont de véritable caverne d'Ali Baba. Contrefaçons de grandes marques internationales, produits électroniques chinois, artisanat, vêtements bon marché, produits frais, le choix est vaste! Le marchandage est de rigueur. Une discussion animée est souvent ponctuée de longues exclamations marquant la surprise: "haaaaaaa!", "hoooooheeeeeee".Beaucoup de femmes
khmères sont vêtus d‟un pyjama coloré, au marché ou dans la rue. Une mode surprenante.
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Stay another day…
Dernier jour au Cambodge. “Stay another day” dit le slogan du bureau du Tourisme. Au minuscule aéroport de Phnom
Penh, en rejoignant ma porte d‟embarquement, je passe devant la baie vitrée des départs. Des cambodgiens attendent
au dehors. Sans doute font-ils un dernier salut à des proches en partance. Sur l‟escalator, je me retourne et leur fait un
signe de la main en souriant. Aussitôt j‟ai droit en réponse à une cascade de sourires et de saluts. Voila une dernière
image qui résume bien mon séjour ici. Plus loin, un douanier curieux me demande si j‟ai une copine khmère, ce qui expliquerait à ses yeux, les deux visas sur mon passeport. Je lui réponds en m‟amusant de sa question que je n‟ai nul besoin de cela pour apprécier son pays. Un peu interloqué, il me rend mon passeport accompagné d‟un éclat de rire. Je
reviendrai…
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Carte d’identité Cambodge
- Superficie : 181 035 km².
- Population : environ 15 millions d’habitants
- Capitale : Phnom Penh
- Religion : bouddhisme
- Régime politique : monarchie constitutionnelle à tendance autoritaire
- Roi : Norodom Sihamoni (depuis 2005)
- Monnaie: riel
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Fabrice Dubesset
Comme beaucoup, le voyage l‟a amené à la photographie. Ces deux passions se sont depuis mariées en Europe de
l‟Est, en Afrique et en Asie. Au cours d‟un récent voyage de 6 mois en Asie du sud-est, il est tombé sous le charme du
Cambodge.
Retrouvez sa galerie photo sur :
http://www.flickr.com/people/travelspics/
Remerciements:
Un grand merci à Aude Charrière qui m‟a gentiment permis d‟utiliser ses illustrations. De même un grand merci à William Domingo pour son agréable accueil. Merci également à Bernard Semour et Emmanuel Pezard. Ainsi qu‟à…Julien
Valat !
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Cambodge
Le sourire Khmer
Textes et Photographies de Fabrice Dubesset
Illustrations d‟Aude Charrière
Editions Instinct Voyageur
Copyright © 2010 Instinct Voyageur - Fabrice Dubesset. Tous droits réservés
http://www.instinct-voyageur.fr
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Cambodge
le sourire khmer
Des mythiques temples d’Angkor aux collines sauvages du Ratanakiri, de la frénésie de Phnom Penh au
calme de la côte du Golf de Siam, le Cambodge offre de belles découvertes aux voyageurs. L’auteur nous
emmène à la découverte de ce pays charmeur.
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Instinct Voyageur - Fabrice Dubesset

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