95 e Régiment d`Infanterie Campagne 1914

Transcription

95 e Régiment d`Infanterie Campagne 1914
Transcription
du Journal des Marches et Opérations
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95 Régiment d’Infanterie
Campagne 1914 - 1919
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1er livret : 6 août 1914 - 4 février 1915
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En encadré, l’insigne du 95e Régiment d’Infanterie de Bourges (Cher) avec pour devise : « Debout
les Morts ! ». Origine admise de la devise : 8 avril 1915 – Saillant de Saint-Mihiel, sur une redoute
du Bois-Brûlé commune d’Apremont (Meuse).
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Sommaire
1er livre : 6 août 1914 au 4 février 1915



Avant-propos sur l’origine de l’expression : « Debout les Morts » …………………………
Préambule ……………………………………………………………………………………………
Modalités de transcription
1.
Le Journal des Marches et Opérations
1.1.1.
Présentation …………………………………………………………………………………
e
1.1.2.
Le Journal du 95 R.I …………….…………………………………………………….……
2.
Les préparations de Guerre
2.1.1.
Antagonismes entre puissances européennes – les systèmes d’alliance ……………
2.1.2.
Les plans d’invasion allemand et français à l’entrée en guerre …………….…………..
2.1.2.1. Le plan « Schlieffen »
2.1.2.2. Le plan XVII …………………………………………………………….……..………
2.1.2.2.1. Le plan XVII présentait des faiblesses majeures
2.1.3.
La course aux armements ……………………………………………..…………..………
2.1.3.1. Sur l’effort de la France ……………………………………………………………….
2.1.4.
Mondialisation de la guerre et de l’humanitaire 3.
Organisation des armées françaises
3.1.1.
Recrutement – active – réserve en 1914 …………………………………………………
3.1.2.
Effectifs mobilisés tout au long du conflit
3.1.2.1. L’apport des engagés volontaires …………………………………………………
3.1.3.
3.1.4.
3.1.5.
L’armée de terre en 1914
3.1.3.1. L’infanterie …………………………….……………………………………………….
3.1.3.2. La territoriale ………………………….……………………………………………..…
3.1.3.3. La cavalerie ………………………….…………………………………………………
3.1.3.3.1. Groupes de Chasseurs Cycliste
3.1.3.4. L’artillerie ………………………….……………………………………………………
3.1.3.5. L’artillerie d’assaut ……………………………………………………….……………
3.1.3.6. L’armée coloniale ……………………………………………………………………
3.1.3.6.1. Le régiment d'infanterie coloniale du Maroc (RICM)
3.1.3.6.2. Sur les pertes enregistrées …………………………………………………
3.1.3.7. Le génie …………………………………………………………………..……………
3.1.3.8. Le train des équipages ………………………………………………………………
3.1.3.8.1. Service automobile des armées
3.1.3.9. L’intendance militaire …………….……………………………………………….…
3.1.3.9.1. Les sections de commis et ouvriers d'administration
3.1.3.9.2. Le ravitaillement
3.1.3.10. Les volontaires étrangers ……….……………………………………………………
3.1.3.10.1. La Légion Etrangère
L’aéronautique militaire
3.1.4.1. Organisation …………………………………………………………….……………
3.1.4.2. Vers une armée autonome ………………………………………..…………………
3.1.4.2.1. Ecoles, missions, moyens
3.1.4.3. Dans le Berry ……………………..…….……………………….……………………
L’armée navale française
3.1.5.1. L’aviation maritime …………………….………………………….…………………
3.1.5.2. La brigade de fusiliers marins
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3.1.6.
Le renseignement militaire ………………………………………………..…………………
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3.1.7.
La prévôté aux armées ……………………………………………………..………………
3.1.7.1. En temps de guerre
3.1.7.2. Rôle de la Gendarmerie à l’intérieur …………………………………..……………
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4.
5.
6.
7.
3.1.8.
La justice militaire ……………………………………………………………………………
3.1.8.1. La justice militaire avant la guerre
3.1.8.2. L’organisation en temps de guerre
3.1.8.3. Une justice d’exception
3.1.9.
L’organisation des secours dans l’armée de Terre
3.1.9.1. Le service de santé ……………………………………………………………………
3.1.9.1.1. Les sections d’infirmiers militaires
3.1.9.2. Les postes de secours de Corps d’armée et divisionnaires ………….…………
3.1.9.3. Les ambulances divisionnaires
3.1.9.4. Les brancardiers divisionnaires
3.1.9.5. Les brancardiers régimentaires
3.1.9.6. Les brancardiers musiciens
3.1.9.7. Modifications apportées durant le conflit ………………………….………………
3.1.9.8. Marie Curie et la radiologie ………………………….…………….…………………
3.1.9.9. La première guerre et ses conséquences pour la chirurgie dentaire
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3.1.10.
Les équipes d’ambulanciers américains ………………………………….………………
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3.1.11.
Les aumôniers militaires ……………………………………………..………………………
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3.1.12.
La Poste aux Armées …………………………………………….…………..………………
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Place du 95 R.I au sein de l’armée de Terre
4.1.1.
Origine – Rattachement ………………………………………….…………………..………
4.1.2.
Composition à la mobilisation d’un régiment d’infanterie
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4.1.3.
Composition de la 31 brigade d’infanterie ………………………..………..……………
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4.1.4.
Composition de la 16 division d’infanterie
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4.1.5.
Composition du 8 Corps d’armée en 1914 ………………………………………………
4.1.6.
Composition de la 1ère Armée à l’entrée en guerre ……………………………………
La mobilisation
5.1.1.
Les déclarations de guerre
5.1.1.1. En France ………………………………………………………………………………
5.1.1.2. 2 août 1914 : les armées du général Joffre ……..……………………….…………
5.1.2.
L’armée britannique ………………………….………………………………..…..…………
5.1.3.
L’armée allemande en quelques lignes
5.1.3.1. Recrutement dans le Reich allemand ……………………………….………….…
5.1.3.2. Service actif
L’entrée en guerre
6.1.1.
Dans le Cher ……………………………………………………………..……………..……
6.1.2.
Le Cher, département à vocation militaire
6.1.2.1. Bourges et ses environs durant le conflit …………………………………………
e
6.1.3.
Pour le 95 R.I …………………………………………..……………………………….……
6.1.4.
Pour le fantassin allemand ………………………………………….………………………
6.1.5.
Le début des offensives
6.1.5.1. L’offensive allemande ………………………………………..……………………..
6.1.5.2. L’offensive française 6.1.5.3. La contre-offensive allemande
6.1.6.
Invasion – Exode ………………………………….…………………………………………
6.1.6.1. L’exode des Belges vers la France 6.1.6.2. L’exode des Belges et des Français
Transcription
Quelques repères :
L’effectif et les cadres du régiment à la date du 6 août ……………………………………………
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Encadrement du 95 à la date du 5 septembre ……………………………………….……………
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Au 85 R.I : « Les allemands fêtent Noël, crient et chantent dans leurs tranchées », au cours
de la nuit du 25 au 26 décembre ……………………………………………………..………………
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Situation au 31 décembre 1914 : pertes humaines enregistrées, par le 95 R.I, depuis le début
de la campagne ………………………………………………………………………….………………
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Avant-propos sur l’origine de « Debout les Morts ! »
Par rapport à l’expression qui fait toujours débat, quant à ses origines exactes, notamment qu’elle puisse ne pas résulter de Jacques Péricard (ancien combattant du 95e R.I), reportons-nous à ses
écrits :
a) un premier récit, en sa qualité de « journaliste », adressé à l’agence Havas, paru le 16 mai 1915
dans le n° 1.664 « Les Annales », soit six semaines après la date supposée des faits.
« Un lieutenant, blessé dans un récent combat, a fait à un collaborateur de l'Agence Havas le récit
qu'on va lire d'un épisode héroïque et émouvant de ce combat : ………………………………………
… Nous étions en train d'aménager une tranchée conquise. Au barrage de sacs qui fermait son extrémité, deux guetteurs faisaient bonne garde. Nous pouvions travailler en toute sécurité.
Soudain, partie d'un boyau que dissimule un repli de terrain, une avalanche de bombes se
précipite sur nos têtes. Avant que nos hommes puissent se ressaisir, dix sont couchés à terre,
morts et blessés pêle-mêle. J'ouvre la bouche pour les pousser en avant de nouveau, quand un
caillou du parapet, déchaussé par un projectile, me frappe à la tête. Je tombe sans connaissance.
Mon étourdissement ne dure qu'une seconde. Un éclat de bombe me déchire la main gauche et la
douleur me réveille.
Comme j'ouvre les yeux, affaibli encore et l'esprit engourdi, je vois les Boches sauter par-dessus le
barrage de sacs et envahir la tranchée. Ils sont une vingtaine. Ils n'ont pas de fusils, mais ils
portent par-devant une sorte de panier d'osier rempli de bombes. Je regarde à gauche: tous les
nôtres sont partis, la tranchée est vide. Et les Boches avancent ; quelques pas encore et ils sont
sur moi.....
A ce moment, un de mes hommes, étendu, une blessure au front, une blessure au menton, et dont
tout le visage est un ruissellement de sang, se met sur son séant, empoigne un sac de grenades
placé près de lui et s'écrie: — Debout, les morts!
Il s'agenouille et, puisant dans le sac, il lance ses grenades dans le tas des assaillants. A son
appel, trois autres blessés se redressent. Deux qui ont la jambe brisée prennent un fusil et,
ouvrant le magasin, commencent un feu rapide dont chaque coup porte. Le troisième, dont le bras
gauche pend, inerte, arrache de la main droite une baïonnette.
Quand je me relève, revenu à moi tout à fait, du groupe ennemi, la moitié environ est abattue.
L'autre moitié s'est repliée en désordre.
Il ne reste plus, adossé au barrage et protégé par un bouclier de fer, qu'un sous- officier énorme,
suant, congestionné de rage, qui, fort bravement, ma foi, tire dans notre direction des coups de
revolver.
L'homme qui le premier a organisé la défense, le héros du « Debout, les morts! » reçoit un coup en
pleine mâchoire. Il s'abat ... Tout à coup, celui qui tient la baïonnette et qui, depuis quelques
instants, rampait de cadavre en cadavre, se dresse à quatre pas du barrage, essuie deux balles
qui ne l'atteignent pas et plonge son arme dans la gorge de l'Allemand. La position était sauvée.
Le mot sublime avait ressuscité les morts… »
http://www.greatwardifferent.com/Great_War/France_at_War/Debout_01.htm
b) son livre : Face à Face - Souvenirs et impressions d'un soldat de la Grande guerre, Jacques
Péricard - Dédicace adressée à M. Henri Houssaye - Directeur de l'Agence Havas - En
témoignage de respectueuse gratitude. Son modeste collaborateur. J. P. Avec une préface de M.
Maurice Barrès datée du 18 novembre 1915. Éditeur : Payot et Cie (Paris). Paru en 1916.
Après avoir recueilli le témoignage de l’auteur, Maurice Barrès (président de la ligue des patriotes) rédige la préface qui suit du livre « Face à Face » de l’adjudant Jacques Péricard du 95e (paru en
1916 chez Payot).
Extraits : « ... La tranchée est pleine de cadavres français. Du sang partout. Tout d'abord, je
marche avec circonspection, peu rassuré. Moi seul avec tous ces morts! ... Puis, peu à peu, je
m'enhardis. J'ose regarder ces corps, et il me semble qu'ils me regardent ...
… La colère me saisit. De mes gestes, de mes paroles exactes, je n’ai plus souvenance. Je sais seulement que j’ai crié à peu près ceci : Oh ! là, debout les morts ! Qu’est-ce que vous f… par terre ? Levez-vous et allons f… ces c…-là dehors ! … Debout, les morts! ... Coup de folie? Non.
Car les morts me répondirent: Ils me dirent: «Nous te suivons». Et se levant à mon appel, leurs
âmes se mêlèrent à mon âme et en firent une masse de feu, un large fleuve de métal en fusion.
Didier Linard – Tous droits réservés – août 2013
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Rien ne pouvait plus m'étonner, m'arrêter. J'avais la foi qui soulève les montagnes. Ma voix
éraillée et usée à crier des ordres, pendant ces deux jours et cette nuit, m'était revenue, claire et
forte. »
http://www.archive.org/stream/facefacesouven00pruoft/facefacesouven00pruoft_djvu.txt
c) son livre : Debout les morts !... Pâques rouges : Souvenirs et impressions d'un soldat de la
Grande guerre. Jacques Péricard - dessins de M. Paul Thiriot – livre terminé en avril 1918. Éditeur:
Payot et Cie (Paris) Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire,
sciences de l'homme, 8-LH4-2916 (B).
Dans son livre « Debout les morts ! », l'auteur retranscrit le récit qu'il a adressé (voir § supra), en
sa qualité de journaliste, en mai 1915, à l'agence Havas (Cf. page 173).
Si vous êtes intéressé, vous pouvez consulter ce livre sur le site :
http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k5627333k.r=.langFR
N.D.R : Dans ses écrits de 1918, l'auteur justifie cette version de 1915 au prétexte qu'il souhaitait
rester dans l’anonymat préférant attribuer ces mots à quelqu’un d’autre, par rapport à ses camarades tués au combat. A cet égard, on note dans son ouvrage qu’il a souhaité que les citations envisagées par le commandement ne soient attribuées qu’aux hommes de sa section.
Quand bien même que l’expression « Debout les morts !» ne releverait pas exclusivement du fait
de Jacques Péricard du 95e, cela n’enlève rien à la gloire de cet homme ni à ses campagnons d’armes. Par rapport à ce qu’elle représentait hier pour le régiment Berruyer et encore aujourd’hui pour ce qu’elle représente, la devise est belle et patriotique. Qu’elle qu’en soit l’origine, elle mérite d’être partagée et transmise aux générations futures.
http://crid1418.org/espace_scientifique/textes/bdd_almanach.html
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L’ami de Jacques Péricard :
Gustave Durassié (1887-1986), adjudant puis lieutenant au 95ème R.I., blessé le 26 juillet 1916,
maître imprimeur à Malakoff, président national de l’association « Ceux de Verdun » de 1951 à
1974, commandeur de la Légion d’honneur.
Après la guerre, Gustave Durassié créé avec Jacques Péricard l’Almanach du Combattant, qui
devient une publication maîtresse du monde du combattant. Cette revue existera entre 1922 et
1993 et publiera des milliers d’articles sur des batailles de la Première Guerre mondiale, des récits, des carnets de bord, des biographies de combattants, mais aussi des contes, des poésies et des
pièces de théâtre.
---o0o--Pour celles et ceux qui s’étonneraient de la relation de jacques Péricard avec l’agence Havas :
« Fondée le 22 octobre 1835, elle est la plus ancienne agence de presse au monde. En 1904,
l'Agence Havas fait valoir qu'elle dispose de plus de 500 correspondants en France.
Lorsque la France est envahie par l'Allemagne en 1940, l'agence perd son indépendance. La
branche publicité reste dans le privé, sous le nom de Havas, et la branche information passe dans
le giron du régime de Vichy sous le nom d’Office français d'information (OFI).
Lors de la Libération de Paris, le 20 août 1944, des journalistes membres de la Résistance
s'emparent de l'OFI. Ils émettent la première dépêche d'une agence libre qui prendra le nom
d'agence France-Presse (AFP) le 30 septembre 1944. »
Cf : Agence Havas. (2012, septembre 23). Wikipédia, l'encyclopédie libre. Page consultée le 26
septembre 2012 à partir de
http://fr.wikipedia.org/w/index.php?title=Agence_Havas&oldid=83312912.
---o0o--« Debout les Morts » c’est aussi la devise du 3e régiment d’infanterie coloniale (devenu depuis le 3e Régiment d'Infanterie Marine). Elle est prêtée, là aussi, à un adjudant Péricard (3e RIC) qui
l'aurait prononcée le 27 février 1915, pour stimuler ses hommes, lors de la reprise du fortin de
Beauséjour.
Notons que le combat acharné dont il est question et finalement victorieux coûta aux Ier et 2e
bataillons du 3e RIC : 189 tués, 575 blessés et 250 disparus.
Insignes régimentaires du 3e R.I.C devenu le 3e R.I.Ma
Modèle 1939
Modèle 1948
Cf : 3e régiment d'infanterie de marine. (2012, septembre 23). Wikipédia, l'encyclopédie libre. Page
consultée le 26 septembre 2012 à partir de
http://fr.wikipedia.org/w/index.php?title=3e_r%C3%A9giment_d%27infanterie_de_marine&oldid=8
3309824.
Didier Linard – Tous droits réservés – août 2013
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Préambule
Mes recherches sur la campagne du 95e régiment d’infanterie de Bourges durant la grande guerre de 1914 1918 m’ont amené à découvrir l’existence de journaux des marches et opérations.
Consultables sur le site Internet du Secrétariat Général pour l’Administration, ces documents, tenus au quotidien par les unités durant tout le conflit, riches de détails, constituent, selon moi, une
approche différente des écrits des témoins ou des historiens sur les conditions de cette guerre.
Considérant l’intérêt que je porte au 95e en raison de mes origines berrichonnes et la difficulté
parfois à lire ces archives, par devoir de mémoire, j’ai eu envie de les transcrire dans leur intégralité.
Aux lecteurs qui découvriraient, pour la première fois, de tels écrits, j’explique pourquoi et comment ils étaient rédigés. Après une présentation rapide des causes du conflit, des plans
d’entrée en guerre allemand et français, j’aborde l’organisation de l’armée française à la mobilisation. Puis, je situe le régiment à travers son rattachement aux grandes unités.
Tout en respectant la chronologie de ces faits tragiques, sans dénaturer ces écrits, je les ai utilisés
comme « fil conducteur » pour effectuer un voyage dans le temps. J’évoque ainsi certains événements historiques et faits de société concomitants mais aussi certaines décisions
gouvernementales et avancées technologiques, sachant qu’ils ont eu plus ou moins une incidence sur le quotidien des combattants, mais qu’ils ont aussi hypothéqué leur avenir, le nôtre et peut être celui de nos descendants.
Je les transmets donc ainsi pour toutes personnes qui désireraient en prendre connaissance
enrichis d’informations, d’anecdotes qui ont fait la petite comme la grande Histoire. Pour autant, il
ne s’agit pas d’un travail académique tant sur le fond que sur la forme. L’essentiel étant le 95e et ses combattants, à dessein, vous ne trouverez pas beaucoup de photos.
Certains sites en sont très riches et méritent que l’on prenne le temps de les consulter. Par contre, j’ai joint, aux présentes transcriptions, tous les documents et témoignages relatifs au 95e auxquels
j’ai pu accéder sur Internet. In fine, j’espère que vous aurez plaisir à lire cette présentation
modernisée, personnalisée et à découvrir certains faits peu connus.
Modalités de transcription
Tout en essayant d’imaginer les conditions dans lesquelles ces comptes-rendus ont été rédigés,
cette « ré-écriture », se veut la plus fidèle possible, notamment en respectant leur présentation
originale (y compris les espaces non renseignés), l’orthographe de certains mots et noms patronymiques (reportée parfois différemment), les nombreuses abréviations, ponctuations, mots
rayés et expressions usitées à cette époque. Les quelques mots illisibles sont remplacés par des
pointillés. Du fait, parfois, des difficultés à lire certains noms patronymiques que les descendants
veulent bien me pardonner.
Les originaux de ces journaux (J.M.O) sont consultables sur le site SGA/Mémoire des hommes :
http://www.memoiredeshommes.sga.defense.gouv.fr à partir de la côte 26 N 670.
Pour réduire l’importance du présent fichier, je n’ai pas joint systématiquement les copies des
ordres de relève ou de mission lesquels n’apportent pas d’autres éléments que ceux transcrits dans les journaux. Toutes les mentions en italiques ont été ajoutées, par moi, aux écrits originaux,
afin de les compléter modestement par quelques informations parfois succinctes écartant
volontairement les offensives et batailles qui se déroulaient sur les fronts de l’Est puis Italien ainsi que sur mer, mais aussi et pour la première fois dans les airs.
Bien que les combattants ne devaient pas disposer de beaucoup d’informations compte-tenu des
moyens de communication de l’époque, mais aussi et surtout du fait de la censure, on peut imaginer que l’évolution des offensives notamment sur le sol de France ne devait pas les laisser insensibles quant à l’avenir de la Nation et de leurs proches. Didier Linard – Tous droits réservés – août 2013
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A partir des indications mentionnées dans les manuscrits, j’ai additionné puis ajouté, au fur et à mesure, les chiffres relatifs aux pertes et aux renforts du Régiment. Les résultats sont
impressionnants. J’ai apporté aussi quelques renseignements sur les unités évoquées par les
rédacteurs.
---o0o--L’origine des informations, le nom des auteurs des documents utilisés sont précisés. A cet égard, je tiens à remercier tous les passionnés désintéressés qui mettent leurs documentations et leurs
travaux à la disposition du grand public sur Internet.
Parmi les sites que j’ai consultés, outre Wikipedia (et ses nombreuses pages de données), vous
pouvez utilement vous rendre sur http://www.servicehistorique.sga.defense.gouv.fr ainsi que sur
celui-ci: http://www.chtimiste.com/. Ce site (non institutionnel) est actuellement le plus complet et le
plus fiable en ce qui concerne l’histoire et les combats des régiments français de l’armée de Terre
pendant la Grande Guerre. On y trouve également de nombreuses informations complémentaires,
tels que des historiques, des photographies et des carnets ou témoignages de combattants.
Remerciements particuliers
A Michel Saint-Loup, passionné par l’histoire du 95e R.I de Bourges, qui par ses remarques
pertinentes a fait progresser la présente démarche.
A découvrir le site qu’il a dédié à son grand-père Joseph Saint-Loup et à son frère aîné Pierre
(Français vivant au Québec) qui sont venus se battre en Europe. Le 1er avril 1916, Pierre SaintLoup intégra le 95e. Il y réalisa des croquis et des dessins dont certains sont parus sur la
gazette du Régiment : « Les boyaux du 95e ».
Michel Saint-Loup a numérisé et mis aussi en ligne plusieurs collections dont des photographies
aériennes, des cartes géographiques et bien d’autres documents exceptionnels voire inédits de
cette époque.
Mémorial Pierre et Joseph Saint-Loup – La Grande Guerre
http://michelsl.com/memorial/01-009_table.html
Avertissement
Les différentes sources accessibles sur Internet ne permettent pas toujours de recueillir des
données concordantes (écart de dates, de chiffres, etc.). Dès lors, bien des informations collectées
doivent toujours être considérées avec circonspection. Pour autant, elles sont, selon moi, le reflet
d’une époque avec ses codes, d’où leurs intérêts. En outre, les documents officiels peuvent apporter, eux-aussi, de bonne foi, des éléments erronés
voire divergents. Nous le verrons notamment avec les rapports établis au lendemain de la guerre
par différents élus pour déterminer le nombre de soldats mobilisés et les pertes subies par notre
Nation.
Il ne m’appartient pas de porter publiquement un jugement. Comme moi, vous constaterez que parfois la vérité est ailleurs. Je souhaite que cette quête de vérité vous donne envie d’effectuer vos propres recherches y compris sur d’autres supports. Didier Linard
Didier Linard – Tous droits réservés – août 2013
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I ° - Le Journal des Marches et Opérations
1.1.1 - Présentation
Instaurés au sein des armées par l’Instruction Ministérielle du 5 décembre 1874, ils avaient pour but de servir à l’établissement d’un travail d’ensemble. Les rédacteurs devaient donc s’abstenir de tous commentaires ou appréciations sur l’origine et les causes de la campagne entreprise. Ils relatent les événements vécus, au quotidien, par chaque état-major et corps de troupe. Ils sont
établis par le commandement sur le terrain pour rendre compte notamment des ordres reçus mais
aussi de leur exécution. Ils sont accompagnés :
 Pour les reconnaissances et les combats
 des buts recherchés ;
 de la position des troupes ;
 de la composition du corps en mouvement ;
 des résultats obtenus ;
 d’un rapport ;
 des pertes subies.
 On y trouve également
 La composition du corps ;
 Les itinéraires suivis ;
 Les emplacements des camps et des cantonnements ;
 Les emplacements sur le front.
 Et parfois au fil des pages
 Des cartes ;
 Des croquis ;
 Des croquis d’observation ;
 Des photographies ;
 Les citations ;
 Les promotions ;
 Les mutations ;
 Les renforts.
Cf: http://www.memoiredeshommes.sga.defense.gouv.fr/jmo/ead.html?id=SHDGR__GR_26_N_I
Il en résulte que le Journal des Marches et des Opérations est un témoignage historique, militaire,
comptable, froid, des activités d’une grande unité ou d’un régiment engagé au cours de la Grande Guerre. Récit aussi objectif et précis que possible des ordres reçus et de leurs exécutions, il n'offre
pas toujours une vue d’ensemble des batailles et combats auxquels participent les hommes. Par contre, il constitue une source précieuse sur le contexte dans lequel ils évoluaient.
De même, en fonction du rédacteur de l’époque (généralement un officier), il ne rend pas
compte des souffrances, des privations, de la fatigue, des angoisses endurées par les
combattants, etc. Il n’apporte pas non plus la diversité des points de vue et la richesse en termes de témoignages individuels des poilus à travers leurs carnets de guerre personnels. Tels que les
cahiers d'écolier remplis par Louis Barthas qui restent la référence pour une connaissance de la
(sur)vie quotidienne des poilus. En effet, ce tonnelier connut presque tous les fronts du Nord à la
bataille de Verdun, et ce, de la mobilisation à l'armistice. Son témoignage n'a rien de ponctuel ni
d'anecdotique. Il relate jour après jour, les horreurs et les malheurs vécus par un "simple" caporal.
Enfin, vous n’y trouverez pas forcément les noms de vos ancêtres, a fortiori, si ceux-ci n'étaient
que de simples sous-officiers et soldats, à moins d'un acte d'héroïsme ayant fait l’objet d’une citation ou de l’attribution de la médaille militaire. Seuls les officiers étaient mentionnés (affectation au Régt, mutation, maladie avec évacuation, blessure, décès, etc.). Les quelques photographies
relatives aux hommes du Régiment ayant été retrouvées sur Internet sont insérées aux
documents.
Didier Linard – Tous droits réservés – août 2013
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Durant tout le conflit, s’agissant des sous-officiers et des soldats leurs noms étaient listés sur des
annexes qui ne sont pas archivés avec les J.M.O du 95e. Ce n’est qu’à partir du 25 mai 1917 que l’on voit apparaître exceptionnellement le nom de soldats blessés ou tués. A contrario, dans le J.M.O du régiment « frère » le 85e R.I, au fur et à mesure des combats, les
militaires tués, blessés et disparus sont cités nominativement avec leur compagnie de
rattachement et ce quel que soit leur grade.
1.1.2 - Le J.M.O du 95e R.I
La transcription dactylographiée du J.M.O du 95e porte sur les cinq « manuscrits » rédigés par
différents hommes (probablement officiers) du régiment au cours de la première guerre mondiale.
Ils couvrent la période du 6 août 1914 au 27 avril 1919. Elle fait l’objet de cinq fichiers informatiques distincts. A la lecture de ces documents, vous constaterez tout l’engagement du 95e,
notamment au cours des batailles et combats suivants :
 1914 Sarrebourg, la Mortagne, Apremont, Bois d'Ailly ;
 1915 Saint-Mihiel ;
 1916 Verdun : Tavannes ;
 1917 Champagne : Bois de la Grille ;
 1918 Main-de-Massiges, Vesle, Hundling-Stellung.
C’est aussi l’engagement du 85e R.I de Cosne-Cours-sur-Loire. A maintes reprises, on peut
constater que les bataillons des deux régiments se relèvent et se remplacent régulièrement dans
les tranchées. Leurs compagnies respectives sont parfois côte à côte lors des bombardements ou
dans la tenue des tranchées. A cet égard, les annotations portées à la mi-novembre 1915, sur le
JMO du 95e, font état de l’emploi simultané des 1ers bataillons des 95e et 85e. Il y est en outre
précisé que « le commandement de la Tranche Tête à Vache est toujours assuré par le
Commandant Sallé du 85e (en l’absence du Colonel de Bélenet Ct le 95e toujours à l’Hôpital à Commercy). Le Capitaine adjoint du 95e assiste le Ct Sallé ». En outre, selon le rédacteur, le
nombre de victimes du 85e est répertorié avec celui du 95e.
C’est aussi l’engagement du 1er R.A.C (Régiment d’artillerie de campagne) de Bourges qui va les accompagner durant toute la campagne. S’intéresser à l’histoire de ce régiment, c’est recueillir grâce aux regards des artilleurs d’autres informations sur les combats des 85e et 95e R.I.
---o0o--Dans les J.M.O du 95e RI, ce n’est qu’à partir du 1er mars 1915 que sont mentionnés des
renseignements sur la situation générale, l’emploi de l’artillerie (amie ou ennemie), les travaux en cours, la boue et la neige, etc. Au début du mois de décembre 1915, dérogeant à la règle édictée,
on peut même y lire quelques annotations quant aux conditions effroyables rencontrées dans les
tranchées :
« Le mauvais temps continue occasionnant encore des dégâts à nos ouvrages : Tranchées,
boyaux, parapets, abris … tout se désagrège et s’écroule. Les travaux de réfection demandent au moins 8 jours d’un travail intensif si le mauvais temps cesse. S’il continue, nos ouvrages sont menacés. L’eau s’infiltre et ruisselle partout, tranchées et boyaux sont plus qu’un amas d’eau et de boue. »
---o0o--Pour les passionnés de l’histoire du 95e R.I, je vous invite à consulter un historique rare mais
réaliste et détaillé intitulé :
« Les Régiments du Centre au feu » - « La Campagne du 95e Régiment d’Infanterie – Guerre 1914
– 1918 » (168 pages) rédigé par Charles Sainmont, Paul Delarue et Albert Veyrenc Ce document
paru chez X. Desquand – Editeur – 3 rue de la Monnais, Bourges – 1920 – a été numérisé et mis
en ligne à l’été 2013 par Michel Saint-loup. Ce document a été complété par Michel Saint-Loup à
l’aide de croquis effectués par son oncle Pierre Saint-Loup (ancien combttant au sein du 95e R.I.).
http://www.michelsl.com/95eRI_14-18/Table.html
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En 1918 :
 le Lieutenant Charles Sainmont était officier Porte-Drapeau. Alors qu’il est sergent-major,
son nom apparaît pour la 1ère fois au JMO du Régiment le 22 mars 1916 pour sa nomination
au grade de Sous-Lieutenant de l’armée territoriale à titre temporaire ;
 le Commandant Paul Delarue, après avoir été adjoint au chef de coprs, commanda le 3ème
Bataillon. Son nom apparaît pour la 1ère fois au JMO du Régiment le 6 février 1915 lorsqu’il
est nommé Lieutenant de réserve. Il est alors à la tête de la compagnie de mitrailleuses ;
 le Lieutenant Albert Veyrenc faisait partie de la 11e Compagnie – 3ème Bataillon.
---o0o-Sur le parcours des régiments, vous pouvez aussi vous reporter aux :
 Historiques des 85ème Régiment d'Infanterie et 95ème Régiment d'Infanterie - Les régiments
Suisses et Grisons au service de la France ;
 Historiques des 85e et 95e régiment d’infanterie (Anonyme, Chapelot, sans date) numérisés par Jérôme Charraud. Il s’agit de résumés de la campagne 14-18 de chaque régiment ;
 Historique du 1er Régiment d’Artillerie de Campagne (anonyme, librairie A. Depouilly, Bourges, sans date, numérisé par Anthony Vérove. Il s’agit d’un résumé de sa campagne 1914-1919.
Cf: http://amicale95eriet85eri.fr
Cf: www.pages14-18.com/B_PAGES_HISTOIRE/HISTORIQUES_FRANÇAIS/INFANTERIE/
RI095_Histo.pdf
Cf: www.pages14-18.com/B_PAGES_HISTOIRE/HISTORIQUES_FRANCAIS/INFANTERIE/RI085
_Histo.pdf
Cf: www.pages1418.com/B_PAGES_HISTOIRE/HISTORIQUES_FRANCAIS/ARTILLERIE/RAC001_Histo.pdf
Dès le début, la lecture concernant le 95e donne une autre image du départ à la guerre.
Extrait : « … Les préparatifs commencent immédiatement, les réservistes arrivent joyeux et
confiants. Le 5 août, a lieu la revue de départ, et le 6 au soir, après un passage triomphal dans les
rues de Bourges, le régiment s’embarque à Port-Sec, dans des trains pavoisés… ».
N.D.R : S’agissant des soldats joyeux et confiants (idée reçue pendant longtemps), aujourd’hui les historiens s’accordent à dire qu’en dehors d’une minorité d’individus enflammés ayant soif de
revanche, la plus part des hommes (issus du milieu rural) étaient beaucoup plus préoccupés du
sort de leurs proches qu’ils laissaient derrière eux, des récoltes en cours et à venir. Comment allaient-ils pouvoir vivre en leur absence ? Enfin comment ignorer le sentiment d’angoisse, de crainte voire de peur qui devaient les tenailler pour des lendemains bien incertains.
A la fin de ces documents, vous y trouverez la liste de leurs « Morts pour la France ». Sauf erreur
ou omission de ma part, j’ai comptabilisé ainsi :
- 79 officiers, 174 sous-officiers et 1.439 caporaux et hommes du rang, soit 1.692 hommes pour le
95e R.I ;
- 56 officiers, 1.507 sous-officiers, caporaux et soldats soit 1.563 hommes pour le 85e R.I.
L’historique du 1er R.A.C indique :
- 22 officiers, 58 sous-officiers, 48 brigadiers et 459 canonniers « Morts au champ d’honneur » soit
587 hommes.
Cette mention « Mort pour la France » a été instituée par la loi du 2 juillet 1915 et modifiée par la
loi du 22 février 1922. Elle est accordée, suivant certaines conditions, en vertu des articles L488 à
L492bis du code des pensions militaires d’invalidité et des victimes de la guerre.
Sur les tués à l’ennemi ou les décès enregistrés dans les ambulances et hôpitaux, bien que les chiffres soient considérables, ils ne reflètent pas encore toute l’ampleur des pertes subies par chaque régiment. Nous verrons ainsi, tout au long de la lecture du journal du 95e s’additionner le nombre des disparus, des blessés et des évacués.
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II° - Les préparations de Guerre
2.1.1 - Antagonismes entre puissances européennes
Les systèmes d’alliances
« 28 juin 1914 : assassinat de l’archiduc héritier du trône d’Autriche-Hongrie, François Ferdinand,
et de son épouse, à Sarajevo (Bosnie-Herzégovine) par Gavrilo Prinzip. Cet événement sert de
prétexte à un ultimatum de l’Autriche-Hongrie à la Serbie, accusée d’être le commanditaire du crime. C’est la première étape vers le déclenchement de la Première Guerre Mondiale. C'est le détonateur d'une guerre préparée de longue date, aux origines plus profondes.
On compte parmi les raisons structurelles un nationalisme fort, la montée des impérialismes, et les
volontés expansionnistes ou qui y sont associées, comme l'irrédentisme italien (ayant pour
objectif la libération des régions de langue italienne encore soumises à la domination de
l’empire austro-hongrois), des conflits précédents non résolus (perte de l'Alsace-Lorraine par la
France, guerres balkaniques), auxquelles s'ajoutent des rivalités économiques, un système
d'alliances militaires complexe développé entre les différents pays européens au cours du
XIXe siècle après la défaite napoléonienne de 1815. Le Congrès de Vienne qui s'en est suivi en
1815 et l'indépendance belge de 1830 entraînant la France et l'Angleterre à se porter garantes de
celle-ci. Des malentendus diplomatiques s'en suivirent, l'Allemagne croyant notamment que le
Royaume-Uni resterait neutre devant l'invasion de la Belgique. Le climat de tension régnant avait
poussé les grandes puissances européennes à une course aux armements et chaque état-major
s'était activement préparé au conflit. »

En France, au-delà des systèmes d’alliances, parmi bien d’autres actions, c’est aussi la préparation des esprits :
Entre autres exemples, dictée donnée à une classe de « Cours Moyen ».
Extrait de la Revue de l’enseignement primaire supérieur n° 23, datée du 30 mars 1913, numérisée – Chapitre : La Question sociale du mois – signé Paul Louis – Article intitulé : La Crise
de l’armement.
— Nécessité des exercices physiques :
« Dans une nation animée de l’esprit militaire, le jeune homme s’accoutume de bonne heure, presque au sortir de l’enfance, à l’idée d’être soldat un jour. Et, pénétré de cette pensée qu’il doit
offrir à la patrie un vigoureux et vaillant défenseur, il assouplit, il fortifie son corps par des
exercices répétés. Il y trouvera, tout d’abord cet avantage de rendre sa santé plus robuste. Il est tout naturel que la maladie ait moins de prise sur un corps vigoureux que sur un corps débile. De
plus, le jeune homme habitué aux exercices du corps dès l’enfance a de la souplesse et de l’agilité, et quand il s’agit pour lui d’apprendre au régiment le maniement des armes, il fait des progrès bien plus rapides que ce gros garçon lourd et maladroit qui sait à peine, au bout de six
mois, mettre en joue et croiser la baïonnette. L’éducation physique n’est plus maintenant négligée, comme elle le fut trop longtemps… »
http://www.inrp.fr/numerisations/revue-de-l-enseignementprimaire/Fascicules/1913/INRP_REP_19130330_FA .Pdf
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2.1.2 – Les plans d’invasion allemand et français à l’entrée en guerre
Plans des états-majors allemand (plan Schlieffen) et français (plan XVII).
N.B : S’agissant de la place du 95e R.I à l’entrée en guerre, se référer à la position de la 1ère Armée
dite armée « Dubail » du nom de son commandant en chef.
2.1.2.1
- Le plan « Schlieffen »
« Le plan Schlieffen est le plan d'attaque de la France par les forces armées allemandes lors de la
Première Guerre mondiale. Il doit son nom au maréchal-comte Alfred von Schlieffen (1833-1913)
qui fut attaché militaire à Paris de 1867 à 1869 et commandant de l'armée allemande jusqu'en
1906.
Il part de la préoccupation d'éviter à l'Allemagne une guerre sur deux fronts et propose d'éliminer
la France en concentrant d'abord les forces à l'ouest puis dans un second temps reporter ces
troupes contre la Russie à l'est. Il préconise un débordement, jouant sur la rapidité d'exécution du
plan, à travers le flanc gauche de l'armée française par le Luxembourg et la Belgique dans les
Ardennes avec pivotement à l'est de Paris et refoulement des troupes sur le Jura et la Suisse. Ce
plan implique l'obtention d'un droit de passage par la Belgique ou, à défaut, le passage en force
avec violation de la neutralité belge. »
Cf: Plan Schlieffen. (2012, avril 21). Wikipédia, l'encyclopédie libre. Page consultée le 24 juin 2012
à partir de http://fr.wikipedia.org/w/index.php?title=Plan_Schlieffen&oldid=77892087
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Dans les faits, les dirigeants allemands ne se soucient pas de la Belgique. Le chancelier
Bethmann-Hollweg qualifie de «chiffon de papier» le protocole de 1831 qui garantit la neutralité
belge tandis que ses troupes entrent en force en Belgique.
2.1.2.2 - Le
plan « XVII »
« De nature purement offensive, le Plan XVII (mis sur pied à partir de 1913) reposait en grande
partie sur l’« élan vital » et l’esprit combatif de l'armée française : un état d’esprit capable de repousser tout ennemi quel qu’il soit par la force brute. Les diverses armées françaises se déploieraient le long de la frontière nord depuis la Suisse jusqu'à la Belgique, et lanceraient une
attaque rapide et dévastatrice en Alsace et en Moselle. Joffre pensait que les Allemands
pourraient violer la neutralité de la Belgique dans le but d'attaquer la France, mais il estimait qu'ils
ne pourraient pas avancer le long de la Meuse, dans le nord de la France, sans se déployer
dangereusement.
Le plan comprenait l’avancée de quatre armées en « Alsace - Moselle » de chaque côté des
forteresses de Metz et de Thionville, occupées par les Allemands depuis 1871. L’aile sud des forces d’invasion capturerait l’Alsace puis la Moselle, alors que l’aile nord, tout dépendant des mouvements allemands, avancerait en Allemagne par la forêt des Ardennes, ou encore en passant
par le Luxembourg et la Belgique. Une seule armée serait stationnée sur le front belge pour
défendre d’un possible passage des Allemands en Belgique, ce qui sera une erreur. En effet, les
planificateurs français considéraient cette possibilité comme impossible puisqu’une telle action des
Allemands ferait entrer en guerre le Royaume-Uni, selon les clauses du traité de Londres, qui
garantissait la neutralité belge. »
2.1.2.2.1 -
Le plan XVII présentait deux faiblesses majeures
« Tout d'abord, Joffre sous-estimait la puissance de l'armée allemande et la vitesse avec laquelle
elle pouvait être mobilisée et se déplacer. Dans l'éventualité d'une guerre, cela donnerait aux
Allemands l'avantage d'avoir une ligne de front plus grande et leur permettrait de traverser la
Belgique sans devoir trop se déployer.
La deuxième faiblesse de la stratégie de Joffre était que les Français adhéraient à la doctrine de
l'attaque constante. Ils pensaient qu'une attaque déterminée pouvait vaincre n'importe quelle
défense. Il ne suffisait que la volonté du soldat ordinaire pour appliquer « l'offense jusqu'à
l'outrance ». Par conséquent, l'entraînement militaire se concentrait sur l'attaque et négligeait la
défense. De leur côté, les Allemands s'entraînaient à l'attaque comme à la défense et leurs unités
d'infanterie étaient équipées avec davantage de mitrailleuses. Comme les Français le découvrirent
en 1914, les attaques résolues face à des mitrailleuses pouvaient causer de lourdes pertes. »
Cf: Plan XVII. (2012, mai 31). Wikipédia, l'encyclopédie libre. Page consultée le 24 juin 2012 à
partir de http://fr.wikipedia.org/w/index.php?title=Plan_XVII&oldid=79274310.
Extrait des mémoires du Mal Joffre :
« Une manœuvre allemande enveloppant la gauche de notre dispositif assez faiblement garnie,
tout notre système se trouvait en danger. Cette hypothèse n'avait manifestement pas été
envisagée. Le plan XVII était basé sur la conviction que les Allemands dirigeraient contre nous un
coup droit dans la région Metz-Toul-Verdun. »
Cf : Mémoires du Maréchal Joffre Paris Librairie Plon Les Petits-Fils de Plon et Nourrit ImprimeursÉditeurs - 8 Rue Garancière, 6e - Copyright 1932 by Librairie Plon.
Soumis à des discussions sans fin lorsque les événements eurent parlé, le plan XVII repose
pourtant sur des principes sains. Aucune des dispositions relatives à la mobilisation, à
l’acheminement des troupes vers leurs points de concentration, aux divisions de réserve, au développement de l’artillerie lourde, à l’augmentation des approvisionnements en munitions d’artillerie, à l’emploi de matériels modernes (avions, dirigeables, postes de T.S.F.) ne s’est révélée fausse. Le seul défaut de ces prévisions est de rester très en-dessous des nécessités que
démontrera l’expérience.
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2.1.3 - La course aux armements
Extrait : « Dans les deux camps, la course aux armements s’accélère et il y a surenchère dans la préparation de la guerre. Les dépenses consacrées aux armées s’envolent. Les fortifications frontalières (du moins à la fin du XIXe siècle), l’artillerie (le canon de 75 de l’armée française) et les flottes de guerre (notamment les Dreadnought britanniques et les cuirassés allemands) absorbent
une bonne partie des budgets des États. Le matériel est modernisé et la durée du service militaire
allongée dans plusieurs pays : en France, la durée du service militaire passe à 3 ans en août
1913, pour pallier (dans une certaine mesure) l’infériorité numérique de la France face à l’Allemagne. En effet, en 1914, l’Allemagne comprend une population de 67 millions d’individus, tandis que la France, ayant à peine comblé la perte de l’Alsace-Lorraine, est peuplée d'environ 40
millions d’habitants.
La course aux armements est souvent évoquée pour expliquer les origines de la Première Guerre
mondiale. Dans ce contexte, précisons qu'à une époque où les nations européennes (sauf
l'Angleterre) firent le choix d'entretenir de larges armées composées en partie de conscrits, les
besoins de les doter d'équipements en quantités suffisantes allaient de soi. »
Cf : Première Guerre mondiale. (2012, juin 24). Wikipédia, l'encyclopédie libre. Page consultée le
25 juin 2012 à partir de :
http://fr.wikipedia.org/w/index.php?title=Premi%C3%A8re_Guerre_mondiale&oldid=80117555.
2.1.3.1 - Sur l’effort de la France
Extraits des Mémoires rédigées par le Maréchal Joffre (parues en 1932) :
« En réalité, la France avait cru, dans ce début du vingtième siècle, à la chimère de la paix
universelle. Elle se réveilla à demi en 1906 après l'alerte de Tanger ; elle ne sortit définitivement
de son rêve qu'après Agadir. Pendant cette période de somnolence de la France, nos éternels
ennemis se préparaient, et rien n'est plus instructif que de comparer avec la notre la moyenne des
dépenses qu'ils firent pendant cette même période, pour leurs différents services. De 1901 à 1905,
tandis que nous dépensions 47 millions en moyenne, comme on l'a vu au tableau de la page
précédente, les Allemands en dépensaient 115 ; de 1906 à 1910, tandis que notre moyenne
s'élevait à 95 millions par an, celle des Allemands atteignit 190 millions. Quoi d'étonnant, dans de
telles conditions, que nous eussions en 1911 un redoutable retard à rattraper dans le domaine du
matériel ? …
Je savais donc fort bien, en août 1911, par l'expérience que j'avais acquise, toutes les difficultés
qu'il y aurait à vaincre pour obtenir les crédits nécessaires à l'équipement de l'armée et du pays en
vue de la guerre…
Quelle était la situation de l'armée au point de vue matériel lorsque je fus nommé chef d'état-major
général ?
Prenons d'abord la question de l'armement de l'infanterie. Le bruit courait que notre fusil n'était
plus à hauteur des circonstances, et qu'un certain nombre d'armes portatives étaient en mauvais
état, ce qui avait amené à les classer dans les approvisionnements de l'armée territoriale. Des
articles des généraux Bonnal et Langlois s'étaient faits l'écho de ces inquiétudes. La vérité était
moins critique. En réalité un classement général de tous les fusils avait révélé 42.000 armes un
peu fatiguées, et 40.000 seulement hors d'usage. C'était peu de chose sur l'approvisionnement
total d'environ 3 millions de fusils. Les armes en parfait état, soit 2 millions et demi, étaient seules
affectées aux formations de première ligne. Il était donc exagéré de conclure que notre armement
avait un urgent besoin d'être remplacé. Sans doute il ne réalisait pas les derniers perfectionnements comme arme portative, mais il était encore suffisant et son infériorité sur le fusil
allemand ne justifiait pas les 465 millions qu'aurait coûtés la mise en service d'un nouveau fusil.
Si maintenant nous considérons l'armement de l'artillerie, nous constatons que notre artillerie de
campagne était au complet et en bon état. Mais l'approvisionnement en munitions était insuffisant :
depuis 1906, il avait été progressivement augmenté jusqu'au chiffre de 1.280 cartouches par
pièce. Il fallait au moins arriver à 1.500 ; il fallait, en outre, prendre des mesures pour préparer la
mobilisation des établissements industriels susceptibles d'alimenter en temps de guerre cet
approvisionnement par une production intensive.
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La plupart de nos établissements étaient hors d'état de réaliser cette condition, et d'importants
crédits étaient nécessaires pour cela. Il en faudrait d'autres pour la constitution de notre artillerie
lourde. Les Allemands disposaient, en effet, de pièces de gros calibre dans chacun de leurs corps
d'armée ; ils avaient, en outre, des équipages légers de siège.
En France, nous n'avions fait que peu d'efforts pour les suivre, et notre situation à cet égard était
inquiétante.
Le Rimailho (155 T. R.) n'existait qu'en faible proportion : le nombre des batteries prévues était
seulement de quarante-deux, chaque batterie n'ayant que deux pièces. Il me parut que les progrès
à réaliser pour améliorer cet état de choses devraient s'effectuer en deux périodes.
Pendant la première, il faudrait recourir à des moyens de fortune, en utilisant les pièces de 120 et
220 comprises dans les équipages de siège ou l'armement des places. Dans la seconde, il s'agirait
de substituer progressivement à ce matériel provisoire une artillerie lourde composée uniquement
de pièces à tir rapide et répondant aux nécessités de la guerre future. Il faudrait du temps et des
dépenses considérables pour aboutir…
Il y avait un autre problème qui pour être moins important n'en méritait pas moins l'attention, celui
des cuisines roulantes. Les premiers essais remontaient en 1905, sans que les directions
intéressées fussent parvenues à aboutir dans le choix d'un type ; à chaque période de grandes
manœuvres, ces essais étaient poursuivis, sans qu'on n’aboutît jamais à une conclusion. Or toutes
les armées étrangères étaient déjà dotées de cuisines roulantes.
L'allégement du fantassin était également une question pendante ; la nécessité de voitures
destinées à porter une partie de la charge du soldat, celle de remplacer dans le campement la tôle
par l'aluminium étaient toujours discutées; l'habillement de la troupe avec des couleurs moins
voyantes, la transformation des ponts métalliques pour les rendre aptes à supporter les lourds
véhicules utilisés par l'armée, les équipages de ponts : autant de questions non résolues….
Il est juste de dire qu'une des causes de cette incapacité à réaliser des réformes résidait dans le
fait que l'état-major de l'armée n'avait pas exercé jusqu'ici sur l'ensemble des directions du
ministère le rôle d'impulsion et de coordination qui est le propre du commandement. »
Cf : Mémoires du Maréchal Joffre Paris Librairie Plon Les Petits-Fils de Plon et Nourrit ImprimeursÉditeurs - 8 Rue Garancière, 6e - Copyright 1932 by Librairie Plon.
En d'autres termes le niveau scientifique et technique comme la puissance industrielle vont
prendre une importance qu'ils n'avaient jamais connue : la valeur d'une armée ne se mesurera
plus seulement à ses effectifs, son courage et sa discipline, et les talents de ses chefs. Mais tout
ceci implique l'utilisation optimale de moyens nouveaux.
---o0o--Extrait de la Revue de l’enseignement primaire supérieur n° 23, datée du 30 mars 1913, numérisée – Chapitre : La Question sociale du mois - signé Paul Louis – Article intitulé : La Crise
de l’armement.
« … L'Allemagne, en 1898, consacrait 800 millions à son armée, 165 à sa marine, soit 965 au total ; elle comptait d'une part 581.000 hommes, de l'autre une flotte de 325.000 tonnes, armée par
28.000 marins. En 1912-1913, les budgets militaires chiffraient par 1.060 et 575 millions, soit en
tout 1.635 millions. L'armée atteint maintenant 730.000 hommes et la flotte compte 893.000 tonnes
et 66.000 matelots.
L'Angleterre, en 1898, dépense 1.200 millions pour ses régiments et ses escadres, évalués les
premiers à 258.000 hommes et une flotte à 1.625.000 tonnes, avec 116.000 marins. En 1912, la
dépense est de 1.760 millions; l'armée n'a pas augmenté son contingent; les escadres poussent le
leur à 2.300.000 tonnes et 196.000 marins.
La France donne, en 1898, 650 millions à son armée et 299 à sa marine. En 1912, ce total saute
de 949 à 1.340 millions.
L'Italie affectait au militarisme 380 millions en 1898 et 646 en 1913; l'Autriche-Hongrie, 412 millions
en 1898 et 479 en 1912 ; la Russie, 965 en 1898 et 1.630 en 1912. »
http://www.inrp.fr/numerisations/revue-de-l-enseignementprimaire/Fascicules/1913/INRP_REP_19130330_FA .Pdf
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2.1.4 - Mondialisation de la guerre et de l’humanitaire
« Par l’étendue du théâtre des opérations (Europe surtout, mais aussi Moyen-Orient, ExtrêmeOrient et Afrique), par le nombre de belligérants (44 États et leurs colonies en 1918), par la
mobilisation des colonies et par l’implication dans l’effort de guerre des populations civiles, la Grande Guerre a lourdement pesé sur le monde et son histoire. Au total, 65 millions d’hommes vont servir sous les drapeaux, neuf millions d’entre eux vont mourir au combat.
Le 21 août 1914, le Comité international de la Croix-Rouge crée à Genève l’Agence internationale des prisonniers de guerre (AIPG). Son rôle : rétablir les liens familiaux entre personnes séparées
par la guerre, et ce, dans le cas des prisonniers de guerre, des internés civils et des civils des
régions occupées. Les archives de l’AIPG témoigneront de l’ampleur des souffrances endurées à l’échelle mondiale. Sept millions de militaires seront faits prisonniers (dont 506.500 français). Les
civils présents sur le sol ennemi sont massivement internés, et des millions d’autres subissent l’occupation militaire ou fuient les zones de combat et les territoires occupés. »
http://www.icrc.org/fre/assets/files/other/icrc_001_0937.pdf
Vous pouvez aussi consulter un chapitre consacré : « aux geôles allemandes » inséré dans le
livre : La grande guerre vécue, racontée, illustrée par les Combattants, en 2 tomes Aristide Quillet,
1922 », sur le site :
http://archive.org/stream/19141918iedixneu02chriuoft#page/402/mode/2up
Les souffrances endurées par les populations civiles, les réquisitions, le travail forcé, les
déportations et les prisonniers de guerre, vont multiplier les interventions humanitaires du C.I.C.R
qui cherchera à les protéger. La Grande Guerre ne fut pas seulement la guerre des tranchées
mettant aux prises les combattants du front, mais elle fut bien une guerre totale, pesant en
profondeur sur les sociétés et enrôlant des populations entières.
S’agissant de la Croix Rouge, une pensée pour Henry Dunant (1828-1910) humaniste et homme
d'affaires Suisse, l'un des fondateurs.
Cf : Henri Dunant. (2012, septembre 29). Wikipédia, l'encyclopédie libre. Page consultée le 30
septembre 2012 à partir de
http://fr.wikipedia.org/w/index.php?title=Henri_Dunant&oldid=83530446.
---o0o---
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III ° - Organisation des armées françaises
3.1.1 - Recrutement – Active - Réserve en 1914
Suite aux Lois de 1905 ayant supprimé le système de dispense et celle du 7 août 1913 dite Loi de
3 ans (en préparation de la guerre), selon son âge, chaque homme doit s’acquitter de ses
obligations militaires (portées de 25 à 28 ans) et passe par trois armées réglementaires
différentes :

l’armée active :
Sont mobilisés les régiments d’active : numérotés de 1 à 173.
Elle est composée des hommes âgés de 21 à 23 ans c’est-à-dire nés en 1891, 1892, 1893 et au
delà. La durée du service est de 3 ans. En 1915 puis en 1916 seront créés les régiments
numérotés 174 à 176 puis les 401 à 421.

l’armée de réserve :
Sont mobilisés les régiments de réserve : numérotés de 201 à 373.
Elle est composée d’environ 2.200.000 hommes âgés de 24 à 33 ans c’est-à-dire nés entre 1881
et 1890. La durée de réserve est de 11 ans. En principe chaque régiment d’active a son régiment de réserve.

l’armée territoriale :
Sont mobilisés au début et tout au long du conflit les régiments de la territoriale et de la réserve
territoriale, soit environ 700.000 hommes. L’armée territoriale est composée des hommes âgés de
34 à 39 ans c’est-à-dire nés entre 1875 et 1880. La durée est de 7 ans. Il n’y a pas systématiquement un R.I.T par rapport à un régiment d’active. Les territoriaux sont familièrement surnommés les « Pépères ».

la réserve de l’armée territoriale :
Elle est composée des hommes âgés de 40 à 45 ans c’est-à-dire nés entre 1868 et 1874. La
durée est de 7 ans. Rapidement la réserve de l’armée territoriale incorpore les hommes âgés de 46 à 49 ans c’est-à-dire nés entre 1868 et 1865.
3.1.2 - Effectifs mobilisés tout au long du conflit
Au cours du conflit, selon les sources :
- la France va mobiliser 8.194.500 hommes entre 18 et 45 ans (soit 20 % de la population), voire
8.410.000 selon le rapport Marin - Cf : J.O. Documents parlementaires, 1920, t. 2, annexe 633, p.
32 et suivantes. Ils ont été repris dans les Archives de la Grande Guerre, 3e année (1921), t. VII,
page 41 et suivantes. Cf. bibliographie n° 844. Se répartissant comme suit :
 157.000 officiers dans les armes combattantes et 37.500 dans les services soit 195.000
officiers (dont 104.000 promus au cours de la guerre) ;
 6.830.000 hommes de troupe et 910.000 dans les services soit 7.740.000 ;
 260.000 hommes en Afrique du Nord et 215.000 hommes dans les colonies, soit 475.000
hommes.
A ces chiffres, il faut ajouter les effectifs mobilisables employés hors des armées.
Au 1er Novembre 1918, ils étaient 1.387.000 hommes travaillant en usines, en milieu agricole,
sursitaires, etc.
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19
Cf : Organisation de l’armée française par le Colonel Pierre Guinard, Jean-Claude Devos et Jean
Nicot Conservateurs au Service historique de l'Armée _ Imprimerie La Renaissance – Troyes 1975
http://www.servicehistorique.sga.defense.gouv.fr/contenu/functions/dc/attached/FRSHD_PUB_000
00008_0001_dc/FRSHD_PUB_00000008_0001_dc_att-FRSHD_PUB_00000008_0001.pdf
- selon le rapport sur le Bilan des Pertes en Morts et en Blessés des Nations Belligérantes, Journal
Officiel, documents parlementaires, 1924, établi quatre ans après le rapport Marin, par le député
du département de la Somme Henri des Lyons de Feuchin – les chiffres des mobilisés seraient
de : 7.932.000 européens, 293.756 nord-africains, 275.289 autres coloniaux, 29.796 étrangers
engagés volontaires soit au total 8.530.841 hommes.
- s’agissant des non-métropolitains, tous ne sont pas venus sur le sol de France.
N.D.R : Entre les rapports Marin et des Lyons de Feuchin, bien que ces hommes ont
vraisemblablement dû travailler avec des documents officiels, on constate une différence de
120.000 hommes dans les résultats obtenus. A priori, cet écart résulte d’un comptage différent dans la classification des hommes (nord-africains, coloniaux et étrangers engagés volontaires).
3.1.2.1 - L’apport des engagements volontaires
Extrait : « Le nombre d’engagements volontaires ordinaires contractés pour une durée de trois,
quatre ou cinq ans connaît des variations importantes selon les années et présente trois
tendances majeures. Une première tendance de baisse des effectifs est enregistrée de 1914 à
1915. De 26.673 engagements en 1914, leur nombre chute brutalement à 10.921 hommes en
1915.
Une deuxième tendance se révèle à partir de 1915 jusqu’à la fin de la guerre. Elle se caractérise par une reprise progressive du recrutement volontaire. De 10.921 en 1915, elle atteint 19.685
hommes en 1917 pour culminer à 31.197 hommes en 1918, soit trois fois le niveau de 1915. Au
lendemain de la guerre, une nouvelle tendance se dessine. De 1919 à 1922, les effectifs fluctuent
entre 12.400 et 21.000 engagements.
…/…
Les engagements pour la durée de la guerre suivent en grande partie la même tendance que pour
celle des engagements volontaires ordinaires. En 1914, le nombre des engagements de cette
catégorie atteint le niveau le plus élevé de toute la guerre. 45.775 sont incorporés sous ce statut,
soit 35,4 % du total de 1914 à 1918. Une période de décroissance progressive apparaît dès 1915
où sont comptabilisés 25.817 engagements. En 1916 et 1917, leur nombre continue de fléchir
dans des proportions importantes. En 1917, 14.051 engagements spéciaux sont acceptés, soit
10,8 % du total. En 1918, s’amorce cependant une reprise qui atteint 25.817 hommes, soit le
niveau enregistré pour 1915…
L’effort volontaire pour la durée de la guerre est donc supporté en grande partie par des adolescents. 101.390 sur 129.602 appartiennent à des classes non encore appelées de 1914 à
1918, 24.570 à des classes sous les drapeaux et 3.642 à des classes de l’armée de réserve et plus…»
Cf : Philippe Boulanger - Université Paris-Sorbonne Institut de géographie 191, rue Saint-Jacques
75005 Paris - Philippe. Boulanger@ paris4. sorbonne. Fr
http://franckdeleyrollgenea.free.fr/cariboost2/cariboost_files/l_e2_80_99engagement_20volontaire
_201.pdf
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3.1.2.1.1 - Le
plus âgé ayant survécu.
Extrait : Le plus âgé des combattants doit être Charles Surugue, né le 16 janvier 1839 à
Coulanges-sur-Yonne. En 1870, il fit la campagne avec rang de capitaine du génie dans l'armée
de Faidherbe.
Le 26 mars 1915, âgé de 76 ans, il s’engage comme simple soldat au 6e Génie. En juin 1915, il est
envoyé au front. Il est nommé caporal en octobre 1915 puis sergent en décembre. On le trouve en
Artois, sur la Somme, à Verdun, toujours à des postes périlleux. A partir de juillet 1916, il est
constamment à la division de première ligne du 3e Corps pour travaux à exécuter de jour et de
nuit, reconstruction de routes et de ponts, rétablissement de voies ferrées. Il est nommé lieutenant
le 12 août 1918. Ce doyen de toutes les armées alliées, qui fut très probablement le doyen de tous
les combattants de la grande guerre, a fait toute la guerre, sans jamais solliciter un jour de
permission.
Il a à son actif trois citations, la première comme caporal en Artois, le 14 octobre 1915; la
deuxième comme sergent à Royaumeix, au nord de Toul, le 3 mai 1916, avec croix de Chevalier
de la Légion d’honneur ; la troisième comme sous-lieutenant, le 13 septembre 1917, après la
bataille de Verdun.
Les trois citations font connaître que Charles Surugue a toujours décliné les offres d’emplois en rapport avec son grand âge et qu’il a constamment sollicité l’honneur d’être le plus exposé,
donnant sans cesse à tous ceux au milieu desquels il vivait le plus bel exemple des vertus
militaires. De retour dans son pays, George Surugue fut réélu maire d’Auxerre le 10 décembre
1919 et mourut le 24 avril 1921. »
Source : Rutilius posté le 02/10/2010 – Je vous invite à lire cet article, très documenté, sur des
combattants âgés, grands patriotes, qui furent des exemples pour leurs contemporains.
http://pages14-18.mesdiscussions.net/pages1418/forum-pages-histoire/doyen-poilussujet_10405_1.htm
Charles Surugue
http://media.notrefamille.com/cartes-postales-photos/cartes-postales-photos-Charles-SURUGUE1839-1921
Soldat volontaire plus âgé n’ayant pas survécu : Au fichier des Morts pour la France, on trouve la
fiche du soldat Germain Dalliès-Herrère, né le 2 janvier 1838 à Orthez (Pyrénées-Atlantiques – à
l’époque Basses Pyrénées) matricule 4331 au Corps - Cl 1858/1917 au recrutement de Marseille.
Le 9 mars 1917, est décédé à l’âge de 79 ans, des suites d’une maladie contractée en service.
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3.1.3 - L’armée de terre en 1914
3.1.3.1 -
L’infanterie
Avant la mobilisation, les formations actives de l’infanterie métropolitaine s’élèveront à 173
régiments, 31 bataillons de chasseurs à pieds (dont 12 alpins) et dix groupes cyclistes (chacun à 3
pelotons) de divisions de cavalerie rattachés chacun administrativement à un bataillon de
chasseurs, 12 régiments d’infanterie coloniale et 4 bataillons de zouaves (un par régiment d’Afrique du Nord) rassemblés par groupes de deux dans les gouvernements militaires de Paris et
de Lyon, avec en plus, à côté de chacun, une compagnie de dépôt, élément mobilisateur.
En Afrique du Nord, elles sont de 4 régiments de zouaves (de 4 à 6 bataillons), 9 régiments de
tirailleurs (7 Algériens et 2 Tunisiens), 2 régiments étrangers (soit 9 bataillons non compris 3
bataillons détachés au Tonkin), 5 bataillons d’infanterie légère d’Afrique, 3 compagnies sahariennes, 5 bataillons de tirailleurs marocains (troupes auxiliaires marocaines), 1 bataillon de
marche d’infanterie coloniale (au Maroc), 6 régiments mixtes de marche coloniaux à trois bataillons (un français, deux sénégalais) soit au total 6 bataillons français et 12 bataillons sénégalais (au
Maroc) et 2 bataillons de tirailleurs sénégalais (en Algérie).
De fait, l’infanterie est mesure d’aligner 44 divisions (numérotées de 1 à 36 et de 39 à 43)
auxquelles viennent s’ajouter 3 divisons d’infanterie coloniale (numérotées de 1 à 3) réparties en
21 Corps d’armée (vingt correspondant chacun à une région et numérotés 1 à 18, 20 et 21 (le 19e
corps d’armée situé en Algérie n’entre pas en tant que corps d’armée mobilisé dans la composition des corps d’armée actifs) et un corps d’armée colonial réparti dans les ports et les gouvernements
militaires de Paris et de Lyon, soit : 736.000 hommes dont 49.000 du service auxiliaire.
A côté de ces grandes unités existent des régiments et bataillons affectés à la défense des places
fortes du nord-est et de la frontière des Alpes, représentant la valeur d’environ cinq divisions.
A la mobilisation, l’infanterie aligne 173 régiments d’active, 173 régiments de réserve, 145 régiments territoriaux, 72 bataillons de chasseurs à pied ou alpins répartis en 83 divisions, à
savoir :
- 46 divisions actives ;
- 25 divisions de réserve numérotées de 51 à 75 (vingt et une de campagne et quatre pour la
défense des grandes places fortes) ;
- 12 divisions d’infanterie territoriale, numérotées de 81 à 92, affectées en particulier à la défense
de Paris, des Alpes et des côtes. Ni les divisions de réserve, ni les divisions territoriales ne sont
affectées aux corps d’armée.
Avec l’artillerie, la cavalerie et le génie, il a été ainsi formé 8 armées dont les éphémères armées
d’Alsace, des Vosges et de Lorraine.
Cf : "Les Armées Françaises dans la Grande Guerre" Tome Premier - Premier volume, page 30 et
suivantes, ce document est reproduit avec l'autorisation du Service Historique de l'Armée de Terre
N° 24/03/2000*004130) - http://1914ancien.free.fr/mengnrlt.htm
Les chiffres énoncés ci-dessus ne vont pas rester figés. Au cours du conflit, l’infanterie voit son action accrue par la restructuration de son organisation divisionnaire. Entre 1914 et 1918, douze
nouveaux corps d’armée dont un colonial seront créés par regroupement de divisions, transformation de certains groupes de divisions de réserve et création de divisions nouvelles. Deux
d’entre eux et un corps de cavalerie sont dissous au cours des hostilités.
Fin 1916, on décompte 107 divisions d’active ou de réserve et 7 territoriales. En novembre 1918, l’armée française regroupe 109 divisions d’infanterie (dont sept coloniales, deux marocaines, une polonaise) et 1 territoriale défendant Paris.
http://www.atf40.fr/ATF40/documents/chapitre%201.pdf
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Au cours du conflit, ont été « numérotés » 719 Régiments d’infanterie et de cavaleries, 114 Divisions d’Infanterie, 25 Divisions d’Infanterie territoriales, 7 Divisions d’Infanterie Coloniales, 2 Divisions d’Infanterie Marocaines, 10 Divisions Cavaleries, 2 Divisions Cavaleries Polonaises soit 160 divisions.
La division d’infanterie « active » mobilisée comprend :

deux brigades d’infanterie, chacune à 2 régiments de 3 bataillons (soit au total 12 bataillons) ;
 un escadron de cavalerie légère (réservistes) portant le numéro du régiment de corps
d’armée ;
 un régiment d’artillerie à trois groupes de 75 (soit neuf batteries, c’est-à-dire trente-six
pièces) ;
 une compagnie de sapeurs-mineurs ;
 des éléments des services (un groupe d’exploitation de l’intendance, un groupe de brancardiers divisionnaires).
Il est à noter que la division d’active étant affectée ou rattachée à un corps d’armée, c’est à ce dernier échelon que se trouve la majeure partie des services chargés de pourvoir à ses besoins.
A partir de 1915, les divisions reçoivent une deuxième compagnie de sapeurs-mineurs et
ultérieurement une compagnie de parc et un détachement.
Entre 1915 et 1917, les divisions d’active sont dotées progressivement de sections de munitions (infanterie et artillerie) et d’éléments mobiles de réparation.
Au cours de l’année 1916, suivant les formations et sauf exception, les divisions reçoivent chacune
une batterie d’artillerie de tranchée (matériel de 58) ; cette batterie leur sera retirée à toutes en avril 1918 pour passer à la Réserve générale d’artillerie. Enfin, à partir de juillet 1918, la majeure partie des divisions dispose d’un groupe d’artillerie de 155 court.
De même, à partir de 1916, les services divisionnaires de santé et de l’intendance prennent une importance accrue. Cette augmentation de moyens correspond à la réduction de ceux du corps
d’armée.
La division d’infanterie de réserve comprend :

deux brigades d’infanterie, chacune à 3 régiments de deux bataillons (soit au total 12 bataillons) ;
 deux escadrons de cavalerie portant le numéro de régiments des divisions de cavalerie
indépendantes ;
 trois groupes d’artillerie (soit neuf batteries de 75, c’est-à-dire trente-six pièces) ;
 cinq sections de munitions dont deux pour l’infanterie et trois pour l’artillerie et une équipe mobile de réparations ;
 trois compagnies du génie : une de sapeurs-mineurs, une de pont et une de parc ;
 un détachement télégraphique ;
 des services assez importants (un groupe d’exploitation et un convoi administratif de l’intendance; un groupe de brancardiers divisionnaires, trois ambulances, deux sections d’hospitalisation, une section sanitaire automobile).
Les moyens de la division de réserve apparaissent ainsi comme plus étoffés que ceux de la
division d’active, ce qui peut s’expliquer par le fait que la première n’entre pas dans la composition d’un corps d’armée. ---o0o---
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3.1.3.2 - La
territoriale
Constituée à la mobilisation, elle comprend théoriquement (sources parfois divergentes) :
 145 régiments d'infanterie constituant 8 divisions territoriales, 4 divisions de places (affectées
au camp retranché de Paris) et 2 brigades;
 10 bataillons de zouaves ;
 07 bataillons de chasseurs ;
 19 régiments d'artillerie à pied (+7 batteries d'artillerie en Algérie) ;
 20 bataillons du génie ;
 20 escadrons du train des équipages ;
 43 escadrons de dragons non montés ;
 30 escadrons de cavalerie légère ;
 06 escadrons de chasseurs d'Afrique.
Les régiments territoriaux sont initialement prévus pour assurer un service de garde et de police
dans les gares, les villes, les frontières, sur les voies de communication, à l’occupation et à la défense des forts, des places fortes, des ponts et autres lieux sensibles. Ils se trouvèrent par suite
des circonstances, engagés dans la bataille, avec une participation indirecte dans les combats,
voire directe en venant compléter les effectifs des régiments décimés (ex : le 61e R.I.T de Cosne
sur Loire fournira notamment des renforts aux 95e, 285e et 295e R.I).
Les territoriaux effectuent de la même manière divers travaux de terrassement, de fortification, de
défense, entretien des routes et voies ferrées, creusement et réfection de tranchées et boyaux.
Ils forment, avec les gendarmes, chasseurs forestiers, etc., des détachements chargé de suivre
l’armée en marche pour explorer et nettoyer le champ de bataille. Il récupèrent ainsi un important
matériel composé d’effets en tout genre, notamment des armes, arrêtent et escortent des soldats allemands isolés ou blessés, ramassent, identifient et ensevelissent des cadavres, construisent et
gardent des camps de prisonniers, ils saisissent également du bétail égaré.
Ils sont également chargés de missions de ravitaillement et autres missions de soutien aux troupes
de première ligne, sous les bombardements et les gaz. Un nombre important de territoriaux
perdent la vie dans ces actions méconnues et difficiles mais indispensables.
Chaque région militaire fournissait un nombre plus ou moins important de régiments territoriaux
voire de divisions territoriales. Ainsi, douze divisions d’infanterie territoriales ont été formées à la
mobilisation.
Pour la 8e Région militaire (dont le siège était à Bourges), seuls 7 régiments d'infanterie territoriale
étaient prévus. A savoir les : 57e RIT (Auxonne), 58e RIT (Dijon), 59e RIT (Châlon-sur-Saône), 60e
RIT (Mâcon), 61e RIT (Cosne sur Loire), 62e RIT (Bourges), 63e RIT (Autun), 64e RIT (Nevers).
La division d’infanterie territoriale comprend :
 deux brigades de deux régiments d’infanterie ;
 deux escadrons de cavalerie ;
 un ou deux groupes d’artillerie ;
 une ou deux compagnies du génie (parfois aucune) ;
 des éléments de l’intendance et du service de santé en quantité variable.
Cf : Organisation de l’armée française par le Colonel Pierre Guinard, Jean-Claude Devos, Jean
Nicot, Conservateurs au Service historique de l'Armée _ Imprimerie La Renaissance – Troyes
1975
http://www.servicehistorique.sga.defense.gouv.fr/contenu/functions/dc/attached/FRSHD_PUB_000
00008_0001_dc/FRSHD_PUB_00000008_0001_dc_att-FRSHD_PUB_00000008_0001.pdf
Au fil des mois, alors même que la distinction dans l’emploi entre les régiments d’active et les régiments de réserve va s’estomper, la spécificité de la territoriale cède la place à une utilisation commune à toutes les formations. De fait, les régiments territoriaux sont engagés en première
ligne. Le 1er août 1918, tous les régiments territoriaux existants sont officiellement dissous et les
hommes dispersés parmi les régiments d’active et de réserve.
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3.1.3.3 - La
cavalerie
Suite à la Loi du 31 mars 1913, à l’entrée en guerre, elle devait comprendre :
 12 régiments de cuirassiers ;
 32 régiments de dragons ;
 21 régiments de chasseurs à cheval ;
 14 régiments de hussards ;
chacun à quatre escadrons actifs de quatre pelotons.
En Afrique du Nord :
 06 régiments de chasseurs d'Afrique à quatre escadrons chacun (exception pour le 1er qui
en a 5) ;
 05 régiments de spahis à cinq escadrons ;
 04 compagnies de cavaliers de remonte ;
 02 escadrons de spahis (1 sénégalais et 1 saharien) ;
A la mobilisation, sur les 79 régiments de métropole, 58 entrent dans la composition des dix
divisions alignées par la cavalerie (soit 3 Corps). Chaque division est composée de 3 brigades
composées chacune de 2 régiments. Ces trois brigades se répartissent généralement en 1 brigade
de cuirassiers (cavalerie lourde), 1 brigade de dragons et 1 brigade de cavalerie légère. En outre,
22 régiments de cavalerie sont rattachés directement aux Corps d’armée. Les autres unités sont
affectées en Afrique.
La cavalerie c’est au total 35.000 cavaliers, 40.000 chevaux et 120 pièces d’artillerie.
La division de cavalerie qui va souvent combattre à pied lors du conflit dans les tranchées,
retrouvera ses chevaux à la fin du conflit lors des grandes offensives de 1918.
Sur les 10 divisions de 1914, seules 6 divisions sont encore en selles, 2 divisions montées sont
transformées en divisions de cavalerie à pied (sur le même type que la division d’infanterie), deux autres sont dissoutes.
http://chtimiste.com/regiments/divisioncavaleriecestquoi.htm
3.1.3.3.1 - Groupes
de Chasseurs Cycliste
« Avant octobre 1913, il existait cinq compagnies de cyclistes, chacune affectée à un bataillon de
chasseurs à pied. Un décret, du 4 avril 1913, prévoit la constitution de Groupes de Chasseurs
Cyclistes (GCC).
Appliqué en octobre 1913, les compagnies de cyclistes sont transformées en dix groupes de
chasseurs cyclistes qui sont subordonnés aux dix divisions de cavalerie de l'armée française.
Ces GCC sont des corps indépendants placés au centre des Divisions de Cavalerie et devant
travailler constamment avec les cavaliers. Les GCC sont équipés de la bicyclette pliante modèle
Gérard d'un poids de 13 kg. Ces militaires d’active portent l'écusson d'un Bataillon de Chasseurs à
Pied sur le képi et sur le col de la veste. Ces GCC sont des groupes de Chasseurs (dont
l'emblème est le cor de chasse) et ne doivent pas être confondus avec les cyclistes qui servent
d'estafette dans les Régiments d'Infanterie et qui portent sur le col l'emblème du vélo brodé en
rouge. »
http://www.bataillonsdechasseurs.fr/hgcc.htm
« A la mobilisation d’août 1914, chaque groupe comprend 2 capitaines, 1 médecin, 1 officier des détails, un état-major de 17 hommes, trois pelotons à 2 officiers et 8 sous-officiers, 121 caporaux
et chasseurs. Chaque peloton est divisé en 3 escouades. Soit au total 417 hommes, 18 chevaux et
7 voitures.
Le Groupe de Chasseurs cyclistes est un groupe de combat. Quoique montés sur des bicyclettes
pliantes, les Cyclistes sont aptes aux assauts à pied. Ce sont avant tout des Chasseurs chose
qu’ils ne peuvent et ne tiennent pas à oublier. Leur rôle est de soutenir la cavalerie amie et de lui apporter des capacités de combat d'infanterie
contre la cavalerie et l'infanterie adverse. Ces groupes seront utilisés lors de la bataille des
frontières et la bataille de la Marne, mais leur activité s'arrête avec la guerre de mouvement. Elle
reprend lors des phases de mouvement de 1916 à 1918.»
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3.1.3.4 -
L’artillerie
Peu avant la mobilisation l'Artillerie française disposait de 112.317 hommes dont 5.378 hors
métropole. A la mobilisation, ses effectifs sont de 10.650 officiers et 428.000 hommes.
Au 15e jour de la mobilisation, équipée notamment de canon de 75 (mle 1897), elle est ainsi
constituée :
 09 régiments d’artillerie à pied numérotés de 1 à 11 ;
 42 régiments d’artillerie divisionnaire (à trois groupes) appelés aussi régiments d’artillerie de campagne (à la mobilisation). Artillerie légère, elle était dédiée à l’appui de l’infanterie notamment lors des attaques. Les groupes, tous hippomobiles, sont à trois batteries de quatre pièces. En
outre, dix régiments divisionnaires ont un IV° groupe dit " à cheval " affecté à une division de
cavalerie, dans l'ordre des numéros des divisions. Soit près de 1.600 canons. Ces groupes sont
rattachés aux régiments suivants : 13°, 8°, 42°, 40°, 61°, 54°, 30°, 4, 33° et 14° R.A.C.
 20 régiments de corps d’armée (à quatre groupes). Les groupes, tous hippomobiles, sont à
trois batteries de quatre pièces. Soit près de 960 canons.
 10 régiments d’artillerie de cavalerie ;
 03 régiments d’artillerie coloniale chacun à six batteries montées et cinq batteries à pied (au 1er Mai 1914) ;
 02 régiments d’artillerie de montagne à 7 batteries équipés de 65 mm (120 canons modèle
1906) ;
 05 régiments d’artillerie lourde (dissous en 1915) dotés de 104 canons de 155 mm court
(Rimalho – modèle 1904), d’obusiers de 120 courts modèle 1890 Baquet et de 120 longs modèle 1878 de Bange, soit au total 308 pièces. Ils laissent la place à 20 régiments d’artillerie lourde hippomobiles à trois groupements, 10 régiments d’artillerie lourde à tracteurs, dotés de nouveaux
canons de gros calibres et à (très) longue portée.
L’artillerie de campagne mobilisée comprend au total :
 Artilleries de corps : 252 batteries montées
 Artilleries des divisions actives : 417 batteries montées
 Artilleries des divisions de cavalerie : 30 batteries à cheval
 Artilleries des divisions de réserve : 201 batteries montées
 Artilleries des divisions territoriales : 68 batteries montées
 Batteries de sortie des places : 41 batteries montées
Soit au total 1.019 batteries de 75. La batterie est l'unité élémentaire de l'artillerie française.
L'adoption du modèle 1897, provoque sa diminution, du fait de la cadence de tir, de six à quatre
pièces de tir. Son effectif total est de trois officiers et de cent soixante et onze hommes. Le
matériel comprend seize voitures, dont quatre canons, douze caissons, auxquels s'ajoutent une
forge et quatre fourgons. Cent soixante-huit chevaux, dont trente-six de selle, assurent sa mobilité.
A la mobilisation, l’artillerie met en oeuvre aux armées :
 4.076 pièces de 75 (la plupart du modèle 1897, quelques batteries de 75 Schneider mle
1912) ;
 120 pièces de 65 de montagne ;
 104 pièces de 155 C T R (Rimailho) ;
 84 pièces de 120 C Baquet ;
 120 pièces de 120 L de Bange.
Il existe en outre 666 pièces de 75 en réserve de matériel. Dans les places et les arsenaux
existent en nombre considérable des pièces de Bange et Lahitolle ; environ 7.500 pièces au total :
 500 pièces de 80 de campagne ;
 3.000 pièces de 90 ;
 1.000 pièces de 95 Lahitolle ;
 1.500 pièces de 120 long ;
 1.000 pièces de 155 long ;
 300 pièces de 155 court ;
 200 mortiers de 220 ;
 30 mortiers de 270.
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On dispose aussi de 48 pièces de 75 équipées pour le tir antiaérien.
3.1.3.4.1 -
Situation des stocks de munitions
Extraits :
- les pièces de 75 auraient dû être approvisionnées à 1.300 coups : en fait il n’a été réalisé que 1.190 coups par pièce (690 à balles, 500 explosifs). Au total on dispose de 4.860.000 coups ; la
fabrication de nouvelles munitions n’est prévue qu’à partir du 50e jour à raison de 25.000 coups
par jour (un stock important des premiers éléments de montage existe à Bourges) soit 8 coups par
pièce et par jour !
- les 65 de montagne disposent de 500 coups ;
- les pièces lourdes des armées, de 400 à 540 coups suivant le calibre ;
Il existe l.280.000 coups de 120, 1.400.000 de 155 de Bange, 78.000 de 155 Rimailho. Pour ce
dernier matériel, on prévoit la fabrication de 460 coups par jour à partir du 50e jour. Pour les
matériels des places et des arsenaux, il existe à peu près 330 coups par pièce de 95 et de 120,
560 par pièce de 155. Le 90, mieux partagé, dispose d’environ 1.200 coups par pièce ... »
L’Artillerie verra, elle aussi, son organisation évoluée avec l’arrivée de nouveaux armements d’où la création de 20 régiments d’artillerie lourde hippomobile (R.A.L.H), de 10 régiments d’artillerie lourde à tracteurs (R.A.L.T). On parlera ainsi d’artillerie lourde à grande puissance (A.L.G.P),
d’artillerie lourde sur voie ferrée (A.L.V.F) puis de l’artillerie d’assaut du général Estienne (A.S). A
cela, il faut ajouter les 5 régiments d’artillerie de tranchée qui se sont constitués progressivement.
Les matériels sont d’abord des crapouillots, puis des mortiers de 51mm (fin 1914), de 150mm (1917) et enfin de 240mm.
En novembre 1918, l’artillerie française aligne :
 105 régiments d’artillerie de campagne hippomobiles ;
 33 régiments d’artillerie de campagne portés ;
 3 régiments d’artillerie de montagne ;
 6 groupes d’artillerie à cheval ;
 64 régiments d’artillerie lourde hippomobile ;
 20 régiments d’artillerie lourde à tracteurs ;
 3 régiments d’artillerie lourde à grande puissance ;
 5 régiments d’artillerie lourde sur voie ferrée ;
 5 régiments d’artillerie de tranchée ;
 13 régiments d’artillerie à pied ;
 6 régiments d’artillerie antiaérienne ;
 9 régiments et 7 groupements d’artillerie d’assaut.
En outre, en Afrique du Nord, 9 groupes d’Afrique et 5 batteries coloniales.
Cf : Organisation de l’armée française par le Colonel Pierre Guinard, Jean-Claude Devos et Jean
Nicot, Conservateurs au Service historique de l'Armée _ Imprimerie La Renaissance – Troyes
1975
http://www.servicehistorique.sga.defense.gouv.fr/contenu/functions/dc/attached/FRSHD_PUB_000
00008_0001_dc/FRSHD
Peu avant l’armistice, l’ensemble de l’artillerie comporte 26.000 officiers et 1.093.000 hommes (intérieur compris). Il y a comme matériels en service aux armées :
 4.968 pièces de 75 ;
 112 pièces de montagne ;
 5.128 pièces lourdes ;
 750 pièces d’artillerie lourde de grande puissance (ALGP) ;
 environ 900 pièces contre avions, y compris la D.C.A. de l’intérieur ;
 1.680 mortiers de tranchée et 2.300 chars d’assaut.
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La Première Guerre mondiale a transformé le rapport d’action entre artillerie et infanterie. En 1914, l’artillerie accompagne l’action de l’infanterie ; à partir de 1915, l’artillerie prépare et l’infanterie conquiert ; vers 1917, l’artillerie conquiert et l’infanterie occupe ; en 1918, l’artillerie prépare l’assaut et l’accompagne avec le barrage roulant et le char.
http://basart.artillerie.asso.fr/article.php3?id_article=431et 480
Cf : Canon de 75 Modèle 1897. (2012, juin 2). Wikipédia, l'encyclopédie libre. Page consultée le 26
juin 2012 à partir de
http://fr.wikipedia.org/w/index.php?title=Canon_de_75_Mod%C3%A8le_1897&oldid=79352369.
N.B : Avec l’évolution des technologies, de la montée en puissance de l’armement, dès l’année 1915, il est créé, au niveau de l’artillerie du corps d’armée et de l’armée, le Service des
Renseignements de l’artillerie (S.R.A.) qui comprendra des Sections de repérage par observation
terrestre (S.R.O.T.) et des Sections de repérage par le son (S.R.S.). Ces formations trient,
centralisent, exploitent et diffusent les renseignements sur les objectifs recueillis par toutes les
unités d’artillerie, par l’aéronautique (avions, ballons, photographie aérienne) et par des organismes spécialisés des SRA.
Au total plus de 27.000 pièces de 75 et 3.000 de 155 court ont été fabriquées pendant la guerre.
Au point de vue munitions, partie de 13.600 coups de 75 par jour en octobre 1914, la production a
atteint et dépassé 200.000 coups par jour. Les fabrications des autres calibres ont été à l’avenant.
Au total il a été fabriqué pendant toute la guerre 210 millions de coups de 75 et 32 millions de
coups en 155. Si l’essentiel de ces quantités a été consommé sur le sol français, une partie de cette production a été livrée aux armées Russes, Italiennes, etc.
A la fin des hostilités, 1.700.000 ingénieurs et ouvriers travaillent aux fabrications d’armement.
---o0o--Si vous vous intéressez à l’artillerie dans la première guerre mondiale, vous pouvez notamment consulter le site suivant :
http://www.passioncompassion1418.com/decouvertes/fusees_artillerie.html
Un site dédié aux canons (hors du commun) connus ou peu connus qui à travers les âges ont
fasciné les hommes. Repoussant chaque fois un peu plus loin les lois de la balistique, ces canons
sont la quintessence du génie militaire de leur époque.
http://html2.free.fr/canons/index.htm
Si vous vous intéressez à l’artillerie lourde, je vous invite à lire aussi : « Le rôle de l’artillerie lourde à grande puissance dans la bataille du 20 août 1917 à Verdun - Etude écrite par le Général Guy
François.
http://albindenis.free.fr/Site_escadrille/ALGP_Guy_Francois.htm
Si vous vous intéressez au canon de 75, vous pouvez notamment consulter le site suivant :
http://canonde75.free.fr/index.htm
---o0o---
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3.1.3.5 - L’Artillerie d’Assaut
Bien que le présent sujet puisse apparaître comme venant trop tôt, par rapport au début du conflit,
par commodité de lecture, je présente les chars de combat, dès maintenant.
Extraits : « En octobre 1916, pour l’artillerie d’assaut, l’unité tactique et administrative est la «division de tracteurs », composée de seize tracteurs et d’un train de combat, et affectée à une division d’infanterie.
Dès novembre 1916, les chars moyens (Schneider et Saint-Chamond) sont répartis en groupes (le
groupe comprend quatre batteries de quatre chars, soit au total seize chars), attribués à des corps
d’armée lors de l’offensive de l’Aisne.
A partir du 29 mars 1917, ces groupes sont réunis en groupements (de quatre groupes pour les
chars Schneider, de trois pour les chars Saint-Chamond) dotés chacun d’une section de réparations et de ravitaillement (S.R.R.). A la date du 18 septembre 1917, le commandement
dispose de :
 quatre groupements de chars Schneider, numérotés de 1 à IV, soit seize groupes
dénommés groupes A.S. numérotés de 1 à 16.
 quatre groupements de chars Saint-Chamond, numérotés de X à XIII, soit douze groupes
dénommés également groupes A.S. et numérotés de 31 à 42.
A partir de 1918, avec la mise en service des chars légers, deux organisations différentes
apparaissent d’abord. Les chars moyens demeurent réunis en groupements, dont quatre sont à la disposition des groupes d’armées du Nord et de l’Est (à raison d’un groupement de matériel Schneider et d’un groupement du type Saint-Chamond pour chacun) et les quatre autres
constituent la réserve générale d’artillerie d’assaut (R.G.A.S.). En revanche, les chars légers sont constitués en compagnies de chacune trois sections de cinq chars, plus dix chars de
remplacement, soit au total vingt-cinq chars; trois compagnies forment un bataillon, en principe
affecté à une division de façon à assurer à chaque bataillon d’infanterie sa section de chars.
Au printemps de 1918, l’utilisation simultanée dans un même secteur de chars légers et de chars
moyens entraîne la création, le 20 avril 1918, de huit régiments d’A.S., comprenant chacun un groupement de chars moyens et trois bataillons de chars légers, et numérotés de 501 à 508; un
509e régiment est formé en novembre 1918…
… Le 21 mars 1918, à la veille de l’offensive allemande, le commandement dispose de deux cent quarante-cinq chars Schneider répartis en seize groupes et deux cent vingt-deux du type SaintChamond formant douze groupes. Ces chars sont soumis à un emploi intensif, notamment en juin
et juillet. Aussi, à la date du 1er septembre, le nombre de chars Schneider en état de marche est-il
réduit à quarante et celui des chars Saint-Chamond à trente-six, nombre porté au 1er octobre,
grâce aux réparations effectuées, à cinquante et un appareils Schneider et cinquante-quatre du
type Saint-Chamond. Dans les derniers mois de la guerre, le matériel moyen d’artillerie d’assaut, fortement réduit, tend vers une disparition totale…
… A la date du 1er octobre 1918, et d’après le ministère de l’Armement, le nombre des chars
légers livrés durant le conflit est de 2.653... »
Cf : Organisation de l’armée française par le Colonel Pierre Guinard, Jean-Claude Devos, Jean
Nicot, Conservateurs au Service historique de l'Armée _ Imprimerie La Renaissance – Troyes
1975
http://www.servicehistorique.sga.defense.gouv.fr/contenu/functions/dc/attached/FRSHD_PUB_000
00008_0001_dc/FRSHD
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3.1.3.6 - L’armée coloniale
A l’époque coloniale, les forces françaises sont réparties en trois grands ensembles distincts :
l’armée métropolitaine, les troupes coloniales (la Coloniale) et l’armée d’Afrique qui dépendent d’un seul état-major général.
L’armée d’Afrique est créée par la monarchie de Juillet après le débarquement en Algérie le
14 juin 1830 du corps expéditionnaire commandé par le général de Bourmont. Par la suite le terme
« Armée d’Afrique » a continué à s’appliquer aux troupes qui ont conquis, occupé et pacifié la « Régence d’Alger » et après la conquête de l’Algérie, il s’est étendu aux troupes de Tunisie, du Maroc et du Sahara. En 1873, lors de la réorganisation de l’armée, l’armée d’Afrique forme un corps d’armée constitué, le 19e corps d’armée. Toutefois l’appellation « Armée d’Afrique » reste en
usage jusqu’à la fin de l’ère coloniale. Les unités de zouaves sont créées en 1830, les chasseurs
d’Afrique en 1831, les tirailleurs algériens en 1841, le corps des spahis en 1843 et les compagnies
méharistes sahariennes en 1894. Des « bureaux arabes » sont également créés afin d’administrer les territoires militaires dès 1844. Au Maroc, les goums sont créés par le général Lyautey en 1908.
La conscription est finalement instituée en Algérie en 1912.
L’armée coloniale était chargée de l'occupation et de la défense des colonies. Elle devait prendre part aux expéditions militaires hors du territoire français et coopérer le cas échéant à la défense de
la métropole. Les commandants supérieurs des troupes étaient sous les ordres du gouverneur
général ou du gouverneur de la colonie principale.
En 1914, à la veille de la Grande Guerre, l’armée coloniale comprenait 102 bataillons et 39
batteries, dont 36 bataillons et 12 batteries en métropole et 21 bataillons en Afrique du Nord. Dans
ce total de 102 bataillons, la « Force Noire » (les troupes issues de l'Afrique noire) représentait le
quart. Ces unités étaient réparties en un corps d'armée en métropole (19e Corps d'Armée) et six
groupes dans les colonies auxquels il faut ajouter quelques unités en Afrique du Nord.
Après le début de la guerre, les troupes coloniales vont s'organiser en deux corps d'armée qui
regroupent sept divisions qui vont être engagées sur tous les fronts.
http://www.troupesdemarine.org/traditions/histoire/hist007.htm
Cf : Armée d'Afrique (France). (2012, avril 25). Wikipédia, l'encyclopédie libre. Page consultée le
25 juin 2012 à partir de :
http://fr.wikipedia.org/w/index.php?title=Arm%C3%A9e_d%27Afrique_(France)&oldid=78019764.
« Les premiers bataillons de tirailleurs sénégalais ont été créés à partir de 1857 par le général
Faidherbe, gouverneur du Sénégal. Au fur et à mesure de la conquête des colonies françaises
d’Afrique, de nouveaux bataillons sont constitués. Ceux qu’on appelle les « tirailleurs sénégalais »
pendant la guerre de 14-18 sont donc originaires de toute l’ancienne Afrique-Occidentale
Française, c’est-à-dire des Etats actuels suivants : Sénégal, Côte-d’Ivoire, Bénin, Guinée, Mali, Burkina-Faso, Niger et Mauritanie. La plupart de ces territoires de l’AOF sont soumis à l’autorité coloniale française depuis moins de 30 ans. La conquête de Dahomey (actuel Bénin) ne remonte
par exemple qu’à 1892-1893.
A quelques rares exceptions, ces hommes venus d’Afrique pour défendre la République ne jouissent pas des droits civiques et ils comprennent à peine le français.
Au total de 1914 à 1918, 165.000 tirailleurs ont été recrutés en Afrique-Occidentale Française.
Citoyens français, les 7.109 mobilisés des Quatre Communes du Sénégal ne sont pas compris
dans ce chiffre. 17.000 tirailleurs ont été par ailleurs recrutés en Afrique-Equatoriale Française.
Parmi eux 135.000 servirent en Europe. »
Source : Eric Deroo/Antoine Champeaux, La Force noire, Editions Tallandier, 2006
Selon les statistiques officielles, 29.000 tirailleurs ont été tués et 36.000 ont été blessés au cours
du conflit.
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« Au cours de la Première Guerre mondiale, l’Armée d’Afrique envoie 190.000 Maghrébins et 110.000 Européens combattre en Europe. Les unités d’Afrique du Nord participeront à toutes les
grandes opérations.
Les tirailleurs algériens et tunisiens, appelés aussi Turcos, étaient des unités d’infanterie appartenant à l'Armée d'Afrique qui dépendait de l’armée de terre française. Ces unités à
recrutement majoritairement « indigène » (70-90 % selon les époques) venues d'Algérie française
et du Protectorat de Tunisie ont existé de 1842 à 1964.
Ils se distinguent particulièrement lors de la Première Guerre mondiale, au cours de laquelle les 14
régiments ayant combattu obtiennent 55 citations à l'ordre de l'Armée, 4 régiments recevant la
fourragère aux couleurs de la Légion d'honneur.
Les régiments de tirailleurs algériens et tunisiens sont avec les Zouaves (recrutement
principalement métropolitain) parmi les plus décorés de l'armée française et viennent juste après le
régiment d'infanterie coloniale du Maroc (RICM), appartenant aux troupes coloniales et le
Régiment de marche de la Légion étrangère (RMLE), appartenant à l'Armée d'Afrique.
Selon Gilbert Meynier, 155.221 algériens et tunisiens ont combattu au front. 35.900 furent tués soit
un taux de pertes de 23 %. »
Nombre de tués par année : 1914 : 6 500 , 1915 : 8 350, 1916 : 6 100, 1917 : 5 200, 1918 : 8 450,
1919 : 1 300. Gilbert Meynier, L'Algérie révélée, Droz, 1981, p. 174
Cf : Tirailleurs algériens. (2012, avril 23). Wikipédia, l'encyclopédie libre. Page consultée le 25 juin
2012 à partir de
http://fr.wikipedia.org/w/index.php?title=Tirailleurs_alg%C3%A9riens&oldid=77970736.
3.1.3.6.1 - Le
régiment d'infanterie coloniale du Maroc (RICM)
« Jeune régiment, il naît à Rabat au Maroc au début du mois d'août 1914 sous l'appellation de 1er
régiment mixte d'infanterie coloniale. En décembre, il devient le 1er régiment de marche d'infanterie
coloniale. Le 17 août 1914, il débarque, puis est aussitôt engagé sur le front français au tout début
de la Première Guerre mondiale. Le RICM, régiment d'infanterie coloniale du Maroc, est
officiellement créé le 9 juin 1915.
Au cours de la Grande Guerre le RICM aura perdu 15.000 marsouins (tués ou blessés) dont 257
officiers. Son drapeau ne portera pas moins de 10 palmes sur la croix de guerre 14-18, la Légion
d'honneur (pour un fait similaire à la prise d'un emblème de haute lutte à l'ennemi qui sera la
conquête du fort de Douaumont le 24 octobre 1916), la Médaille militaire (le 5 juillet 1919), l'Ordre
Portugais de la Tour et de l'Épée. Il est le régiment le plus décoré de l'armée française. En mai
1956, par changement d'appellation il devient le régiment d'infanterie chars de marine. Depuis
septembre 1996 il est basé à Poitiers. »
Cf : Armée d'Afrique (France). (2012, avril 25). Wikipédia, l'encyclopédie libre. Page consultée le
25 juin 2012 à partir de
http://fr.wikipedia.org/w/index.php?title=Arm%C3%A9e_d%27Afrique_(France)&oldid=78019764.
3.1.3.6.2 – Sur
les pertes enregistrées
Durant le conflit, ce sont donc près de 450.000 hommes venant de continent Africain qui serviront
en Europe. Environ, 90.000 d’entre eux seront tués (dont 35.900 maghrébins, 29.000 tirailleurs
« Sénégalais » et 22.000 européens.) Le chiffre des décès consécutifs aux maladies contractées
dans les tranchées, dans les camps, ne semble pas avoir été arrêté.
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Enfin, s’agissant des troupes coloniales, n’oublions pas, non plus, les 41.000 Malgaches (dont
2.500 furent tués ou disparus) et les 49.000 Indochinois (dont 1.600 furent tués ou disparus) qui se
sont battus pour la France.
3.1.3.7 - Le
Génie
Extrait : « Son rôle était de faciliter le mouvement de l'infanterie (destruction d'obstacles, etc.), de
contribuer à la mise en état de défense de certaines zones et la construction d'ouvrages de
fortification passagère. L'unité d'arme est la compagnie. Outre deux compagnies divisionnaires
affectées aux régiments d'infanterie, une troisième compagnie était à la disposition du chef de
corps.
Le Génie s’appuyait sur la constitution de :
 8 régiments de sapeurs dont 6 de sapeurs mineurs ;
 1 régiment de sapeurs de chemins de fers ;
 1 régiment de sapeurs télégraphistes.
A la mobilisation, le Génie se répartissait en :
 150 compagnies de sapeurs mineurs de campagne ;
 140 compagnies de sapeurs mineurs de place et de parcs ;
 54 compagnies d’équipages de ponts ;
 38 compagnies de sapeurs de chemins de fer ;
 23 sections de projecteurs ;
 une cinquantaine d’unités de télégraphistes (compagnies ou détachements) ;
au total plus de 450 unités comprenant un effectif de 94.000 hommes.
Entre 1914 et 1917, de nouvelles unités furent créées :
 39 compagnies de cantonniers ;
 10 compagnies de puisatiers ;
 16 compagnies de sapeurs forestiers ou bûcherons ;
 5 compagnies du génie maritime pour la construction de ponts spéciaux ;
 8 compagnies de lance-flammes équipés notamment d’appareils Schilt;
 8 compagnies spéciales pour l’emploi des gaz asphyxiants ;
 27 compagnies M.D pour la construction d’abris à l’épreuve en galerie de mines ( M.D =
Mascart ingénieur et Dessoliers entrepreneur de travaux publics qui mirent au point un
éjecteur de terre pour le creusement des tranchées puis un extracteur pour le percement
de sapes) ;
 6 compagnies d’électriciens ;
 15 compagnies de monteurs de baraques ;
 7 compagnies de cimentiers pour travaux spéciaux de bétonnage.
En fin de campagne, le Génie disposera de 1.200 unités avec un effectif de 185.000 hommes. »
Cf : Revue du génie – Avril 1923
http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k57483966/f332.image.langFR
En temps de paix, il existait déjà 3.900 sapeurs du chemin de fer comprenant des cadres de
régulation et un gros régiment spécialisé dans la réparation de voies et d'ouvrages d'art.
Sur les sapeurs de chemins de fer du 5e régiment du Génie, vous pouvez notamment consulter la
page : http://fr.wikipedia.org/wiki/Chemin_de_fer_militaire_%28France%29
« Le régiment "télégraphiste" avec 3.660 hommes en temps de paix se divisait en multiples petites
formations de poseurs de lignes et de manipulateurs au service de l’Etat-Major. Le Régiment a
reçu la responsabilité du "téléphone de campagne" quand ce nouveau moyen de liaison s'est
banalisé; et peu avant la guerre les premiers postes émetteurs - récepteurs de télégraphie sans fil,
technique perfectionnée et diffusée par le (futur) général Ferrier (grand physicien et grand
ingénieur).
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Les unités de télégraphie militaire de métropole sont regroupées au sein d'un seul régiment, créé
le 1er janvier 1913 au Mont-Valérien, qui prend l'appellation de 8e Régiment du Génie. En 1914, il
est chargé de mettre sur pied un effectif d'environ 7.000 hommes qui se répartit en 73
détachements. Le régiment se transforme ensuite en un dépôt de guerre articulé en 6 compagnies
puis il est transféré à Angoulême le 1er septembre 1914. En 1918, l'effectif du régiment atteint
55.000 hommes. »
Sur les sapeurs télégraphistes, vous pouvez notamment consulter la page :
http://fr.wikipedia.org/wiki/18e_r%C3%A9giment_de_transmissions
N.B : Au début de la grande guerre, l'aéronautique militaire relevait administrativement du
Génie.
3.1.3.8 - Le
train des équipages
Extrait : « Il assure en campagne la conduite des équipages des quartiers généraux, des dépôts,
de remonte mobile; les convois de l'intendance, des ambulances, des hôpitaux, des convois
d'évacuation, du service de santé ; les transports de la trésorerie, des postes et du service de
l’arrière ;
Il comprend 20 escadrons à trois compagnies. Chaque escadron porte en principe le numéro du
corps auquel il est affecté. Il comptait au déclenchement du conflit 50.000 voitures hippomobiles,
150.000 chevaux et plus de 10.000 hommes.
Durant le mois d'août 1914, les armées françaises récupèrent 730.000 chevaux en métropole,
20.000 en Algérie, et 30.000 par l'importation, les réquisitions représentant un cinquième du
cheptel total du pays. Entre août 1914 et décembre 1918, les Français mobilisent environ
1.880.000 équidés, dont 150.000 mulets. Un dixième du million de chevaux présents en août 1914
est destiné à la cavalerie, le reste au support logistique. Ce nombre ne fait que diminuer au fil des
quatre années suivantes, à cause des pertes et de la motorisation progressive. »
Cf : Cheval durant la Première Guerre mondiale. (2012, mai 30). Wikipédia, l'encyclopédie libre.
Page consultée le 25 juin 25 2012 à partir de :
http://fr.wikipedia.org/w/index.php?title=Cheval_durant_la_Premi%C3%A8re_Guerre_mondiale&ol
did=79263752.
Extrait : « L’armée française n'envisageait pas de transports militaires importants par voie routière. A cette époque presque tous les déplacements s'effectuaient encore à cheval et ou en trains.
Le 2 août 1914, est créé le service automobile des armées. Dès sa création, le service automobile
est organisé en unités appelées "sections automobiles".
 sections de transport de matériel ™, principalement le ravitaillement des unités en vivres ou en munitions ;
 sections de transport de personnel (TP) ;
 sections de ravitaillement en viande fraîche (RVF) ;
 sections sanitaires (SS) ;
 sections de transport de matériel routier (TMR) ;
 sections de transport de personnel télégraphique (TPT) ;
 sections de parc (SP), pour l'entretien des véhicules.
Les sections sont réunies par quatre pour constituer un groupe, rassemblant de 70 à 80 véhicules,
commandé par un capitaine. Un groupement se compose de cinq à six groupes.
- 1915 : 1 groupement (avril) / 5 groupements (décembre), etc. »
http://traindesequipages.blogspot.fr/
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3.1.3.8.1 - Service
automobile des armées
Au 1er août 1914, l'Armée française compte seulement :
- 26 voitures de liaison ;
- 12 auto-mitrailleuses dont 5 légères non blindées au Maroc;
- 31 ambulances automobiles;
- 91 camions (dont 8 au Maroc);
- 50 tracteurs de canons, ou de chariots de parc
- 1 "auto-canon" antiaérien - tube de 75 mm monté sur camionnette et son "auto-caisson" de
munitions.
Toutefois les plans de mobilisation prévoyaient la réquisition de plusieurs dizaines de milliers de
véhicules automobiles, voitures et camions : soit la quasi totalité du parc civil, y compris de
nombreux autobus. C’est ainsi que furent réquisitionnés 6.000 camions, 1.045 autobus et 2.500
voitures particulières avec 25.000 chauffeurs et mécaniciens.
http://www.stratisc.org/act_bru_hisguerre_Ch8.htm
Il comprend en novembre 1918, 45.000 véhicules (non compris ceux de l’artillerie et de l’aviation, 25.000 environ) et 110.000 hommes.
En 1919, le service automobile fusionne avec le train des équipages militaires. Devenu le « train »
en 1928, il est alors jumelé à la cavalerie.
Vous pouvez aussi consulter un chapitre consacré aux « Transports automobiles » inséré dans le
livre : La grande guerre vécue, racontée, illustrée par les Combattants, en 2 tomes Aristide Quillet,
1922 », sur le site :
http://archive.org/stream/19141918iedixneu02chriuoft#page/364/mode/2up
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3.1.3.9 - L’intendance militaire
Extraits :
« Service de l'armée de terre métropolitaine française, actif entre 1817 et 1984, elle est chargée de
l'administration générale de cette armée. Il existait aussi, jusqu'en 1969, un service de l'intendance
coloniale, ou intendance des troupes de marine.
Créé en 1817, le corps de l'Intendance militaire comprend, en 1856, un total de 264
« fonctionnaires » (en fait des militaires), dont huit intendants généraux inspecteurs, 26 intendants
militaires, 150 sous-intendants et 80 adjoints. Il est profondément réformé après la défaite de
Sedan, en 1870. En 1984, le service disparaît en prenant le nom de commissariat de l'armée de
terre.
L'intendance était dirigée par des intendants généraux (officiers généraux) et des intendants
militaires (officiers). Il s'agissait du service chargé de tout ce qui concerne l'administration, le
ravitaillement, l'habillement et le soutien des armées (et plus précisément les services de la solde,
des subsistances, de l'habillement, du campement, des harnachements, des marches, des
transports et des lits militaires).
Il ordonnait et vérifiait également les dépenses des corps de troupe.
En matière de ravitaillement, le personnel comptait des cantiniers et cantinières gérant les
cantines. Au même titre que d'autres fournisseurs, ils étaient des entrepreneurs privés autorisés à
exercer leurs activités auprès des troupes. »
Cf : Intendance militaire. (2011, novembre 10). Wikipédia, l'encyclopédie libre. Page consultée le
25 juin 2012 à partir de
http://fr.wikipedia.org/w/index.php?title=Intendance_militaire&oldid=71974870.
3.1.3.9.1 - Les
sections de commis et ouvriers d'administration
Extrait : « Elles font partie des principaux organes d'exécutions propres à l'organisation de
l'Intendance militaire en collaboration avec les officiers d'administrations et les détachements du
train des équipages. Tous ces services ont en charge la boulangerie d'armée , le convoi
administratif et le parc de bétail d'armée.
Par Décret en date du 2 août 1874, 25 sections de commis et ouvriers militaires d'administration
(21 en métropole, 3 en Algérie et 1 en Tunisie) sont créées. Elles remplacent les 14 sections
existantes composées de commis aux écritures et ouvriers.
Il existe également un personnel de l’intendance des troupes coloniales (fonctionnaires et officiers d’administration) ainsi qu’une section de commis et ouvriers militaires d’administration des troupes coloniales.
Elles sont commandées par des officiers de l'administration de l'intendance, des adjudants
appartenant à la section, ainsi que par des sous officiers et caporaux.
Chaque section de C.O.A est affectée à un Corps d'armée dont elle portera le numéro. Des
sections supplémentaires sont également mises sur pied, affectées au gouvernement militaire de
Paris et aux principales places fortes. »
http://franckdeleyrollgenea.free.fr/cariboost2/cariboost_files/coa.pdf
En ce début de 20e siècle, la guerre ne pouvant se faire sans les hommes, au-delà des armes et
munitions, encore faut-il les nourrir et les ravitailler en toutes sortes de produits et d’effets.
3.1.3.9.2 - Le
ravitaillement en vivres
« La guerre provoque une rupture d'équilibre entre la consommation et la production vite
déficitaire, rupture aggravée par la longueur du conflit et l'amputation d'une partie des ressources
du pays; d'où la nécessité d'organiser la production nationale et d'importer le complément
indispensable, notamment pour la viande et les céréales. Les transports jouent en outre un rôle
considérable pour l'importation des marchandises et leur distribution au front.
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35
a) La viande - Elle est fournie par les troupeaux d'armée et de corps d'armée, complétés par la
viande congelée. Dès 1915, on doit recourir aux importations.
b) Les céréales, le foin, la paille, l'avoine - Les stocks en 1914 sont importants, les récoltes de
1912 et 1913 ayant été bonnes et celles de 1914 étant en partie intactes. Cependant les besoins
sont énormes et, dès 1915, il faut faire appel à l'étranger. On estime que le blé, la farine de blé,
l'avoine, le maïs et l'orge représentent 80 % de nos importations.
c) Le pain - Les boulangeries d'armée, puis les boulangeries de campagne (une par corps
d'armée) fournissent la ration de pain, fixée en juin 1917 à six cents grammes. Le ravitaillement en
farine subit une crise grave en 1917.
d) Légumes et denrées d'ordinaire - En 1915, pour les légumes, et en 1916 pour les denrées,
on organise deux centres d'approvisionnements à Paris et à Lyon. En outre, sont créés des
potagers d'unités. En 1918, la situation est critique en raison de la difficulté des transports et des
besoins considérables des Américains. Au lieu de neuf cents tonnes de pommes de terre prévues,
six cents seulement parviennent aux armées chaque jour.
e) Le vin - La ration quotidienne est d'abord d'un quart de litre puis, en août 1916, elle de
passe à un demi-litre. Les transports nécessaires sont énormes : plus deux cents wagons par jour
(quinze mille hectolitres).
f) Le tabac - Les stations magasins sont progressivement alimentées au taux de quinze
grammes par homme et par jour. A partir d'août 1915, la ration de tabac est portée de quinze à
vingt grammes pour les troupes de l'avant. »
3.1.3.9.3 - Le
ravitaillement en effets
« L'occupation des régions de Lille et de Reims nous prive de 80 % de notre production lainière et
de 30 % de notre production cotonnière. L'importation est nécessaire, d'autant plus que la tenue
garance est remplacée en 1915 par l'uniforme bleu horizon – couleur moins voyante, et aussi plus
facile à obtenir, l'Allemagne étant avant la guerre notre principal fournisseur en matières
colorantes. La guerre devait être courte : on avait prévu peu de vêtements d'hiver. Lors des
premiers froids en 1914 tout manque : chandails, gants, cache-nez, imperméables, chaussures de
tranchée. L'initiative privée seconde de son mieux les efforts du service de l'intendance, mais il
n'en reste pas moins que les combattants ont beaucoup à souffrir du froid, d'autant qu'ils ne
disposent encore que d'abris précaires : le nombre de pieds gelés sera considérable. Ce n'est qu'à
partir de novembre 1914, que les effets chauds commencent à arriver en quantité au front. Lors du
deuxième hiver, les approvisionnements sont satisfaisants dans l'ensemble. »
3.1.3.9.4 - Autres
ravitaillements
« En ce qui concerne les autres approvisionnements, il faut noter le problème résultant de la
croissance des besoins en essence provoquée par le développement du service automobile. La
situation à cet égard est parfois difficile. En février 1917, par exemple, alors que les besoins sont
estimés à trois cent mille hectolitres, le déficit est de cent cinquante mille hectolitres.
Des mesures sont prises pour réduire au minimum la consommation et on fait appel à l'aide
américaine. Il y a lieu de noter également que la vie quotidienne des soldats a été
considérablement améliorée par l'institution des camions bazars et des coopératives, destinés tout
à la fois à lutter contre la hausse des prix et la prolifération des mercantis, et à suppléer, dans la
zone des armées, à l'absence ou l'insuffisance du commerce local. »
Cf : Organisation de l’armée française par le Colonel Pierre Guinard, Jean-Claude Devos et Jean
Nicot, Conservateurs au Service historique de l'Armée _ Imprimerie La Renaissance – Troyes
1975
http://www.servicehistorique.sga.defense.gouv.fr/contenu/functions/dc/attached/FRSHD_PUB_000
00008_0001_dc/FRSHD_PUB_00000008_0001_dc_att-FRSHD_PUB_00000008_0001.pdf
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3.1.3.10 - Les
volontaires étrangers
Extraits : « Comme en 1870, de nombreux étrangers déjà sur le territoire ou d’autres venus de toute l’Europe et d’Amérique rejoignent l’armée française dès 1914. Jusqu’à la fin de la guerre, seront incorporés, avec des motivations diverses, des Italiens, des Russes, des Grecs, des
Belges, des Suisses, des Espagnols en grand nombre, un contingent albanais (Essad Pacha), un
bataillon monténégrin, une armée polonaise, des chasseurs tchécoslovaques, une légion russe (à
quatre brigades), un bataillon de marche étranger d’Orient (composé de volontaires provenant de l’Empire ottoman d’Asie Mineure non musulmans), etc.
Le 1er janvier 1915, la presse évalue officiellement le nombre d’étrangers dans l’armée française à 11.854 individus.
Les historiens s’appuient beaucoup sur le rapport sur les pertes en morts et blessés des nations belligérantes établi par le député de la Somme Henri des Lyons de Feuchin (1868-1950) en 1924.
29.935 volontaires étrangers se seraient engagés dans l’armée française et pas seulement dans la Légion Etrangère même si celle-ci reçoit la majeure partie d’entre eux. »
Cf : Extraits de l’article de Michaël Bourlet, « Les volontaires latino-américains dans l’armée française pendant la Première Guerre mondiale », Revue historique des armées, 255 | 2009, [En
ligne], mis en ligne le 15 mai 2009. http://rha.revues.org/index6759.html.
3.1.3.10.1 - La
Légion Etrangère
« Dès août 1914, des milliers d'étrangers, présents en métropole ou dans les colonies, rejoignent
les rangs de la Légion, afin de prouver leur attachement et leur reconnaissance à la France.
Devant l’afflux de volontaires étrangers, le 1er régiment étranger de Sidi Bel-Abbès et le 2e
régiment étranger de Saida, cantonnés en Algérie, mettent sur pied quatre demi-bataillons
destinés à constituer l’ossature des futurs régiments :
 2e régiment de marche du 1er étranger ;
 3e régiment de marche du 1er étranger ;
 4e régiment de marche du 1er étranger ;
 2e régiment de marche du 2e étranger.
Différents dépôts sont créés (Toulouse, Montélimar, Paris, Nîmes, Lyon, Avignon, Bayonne et
Orléans) Ils accueillent et regroupent 51 nationalités différentes. Le plus fort contingent est italien
et permet de constituer un régiment entier (3e de marche du 1er étranger), néanmoins d’autres nationalités: russe, suisse, belge, tchèque, espagnole, allemande, turc, luxembourgeoise et
anglaise sont également très représentées.
Ces quatre régiments seront présents sur le front de fin 1914 à fin 1915 et s'illustreront notamment
en Argonne (déc. 1914), dans la Somme et à Craonne (hiver 1914-1915), en Artois (mai 1915) et
enfin en Champagne (septembre 1915). Après des pertes énormes, le 11 novembre 1915, les
deux régiments rescapés, le 2e de marche du 1er étranger et le 2e de marche du 2e étranger
fusionnent et deviennent le régiment de marche de la Légion étrangère.»
http://patrianostra.forum-actif.eu/t459-regiment-de-marche-de-la-legion-etrangere-rmle
N.D.R : S’agissant des engagements dans la Légion Etrangère pour la durée de la guerre, il ne
faut pas oublier, non lieu, la présence d’Alsaciens et de Lorrains qui ont déserté le Reich allemand
pour venir se battre dans l’Armée française. Ils seraient estimés à environ 3.000 hommes.
De même, l’apport des juifs étrangers résidant en France ayant répondu à l’appel de leur communauté au volontariat pour défendre la France est estimé à environ 4.000 hommes dont
plusieurs centaines d'universitaires et d'étudiants. 1.200 juifs immigrés sont tombés au cours de la
Première Guerre Mondiale sur le sol français.
Didier Linard – Tous droits réservés – août 2013
37
Extraits du récit officiel (débat du 1er mai 1915) tiré du livre du Général Palat « Les batailles
d'Artois et de Champagne en 1915 » paru en 1920.
http://combattantvolontairejuif.org/79.html
Le régiment de marche de la légion étrangère sera engagé en Artois, dans la Somme et à Verdun.
Avec le RICM, le RMLE sera le régiment le plus décoré de France.
La Légion fournira en outre un bataillon qui, avec deux autres bataillons de zouaves et de
tirailleurs algériens, constituera le RMA, régiment de marche d'Afrique, qui combattra à Gallipoli
(1915) et rejoindra l'armée d'Orient sur le front de Salonique (1916-1918).
Au total, plus de 6.000 légionnaires trouvent la mort sur les champs de bataille de France ou des
Balkans.
Le 20 juin 1922, le RMLE devient le 3e régiment étranger d'infanterie (3e REI).
Le 3e R.E.I est décoré de :
 la Croix de Chevalier de la Légion d'honneur (27 septembre 1917) ;
 la Médaille militaire (30 août 1919) ;
 la Croix de guerre 1914-1918 avec 9 palmes reçues le 13 septembre 1915 (neuf citations à
l'ordre de l'armée) ;
 la Croix de guerre 1939-1945 avec 3 palmes ;
 la Croix de guerre de l'ordre Portugais de la Tour et de l'Épée (Chevalier et Grand - Croix) ;
 la Médaille des volontaires Catalans (Espagne) ;
 la Cravate bleue de la "Distinguished Unit Citation", avec inscription "Rhine-Bavarian Alps"
décernée le 6 mai 1946 (États-Unis).
Les officiers, sous-officiers et légionnaires du 3e R.E.I portent :
 la fourragère aux couleurs de la Légion d'honneur ;
 la fourragère aux couleurs de la Médaille militaire ;
 la fourragère aux couleurs de la Croix de guerre 1914-1918.
Cf : Légion étrangère. (2012, juin 19). Wikipédia, l'encyclopédie libre. Page consultée le 25 juin
2012 à partir de
http://fr.wikipedia.org/w/index.php?title=L%C3%A9gion_%C3%A9trang%C3%A8re&oldid=799541
66.
Personnalités ayant servi au sein du régiment :
 Le poète américain Alan Seeger.
 Le poète français Blaise Cendrars (Frédéric-Louis Sauser).
 Le Prince Aage de Danemark.
---o0o---
Didier Linard – Tous droits réservés – août 2013
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3.1.4 - L’aéronautique militaire
3.1.4.1 -
Organisation
« Placées sous l’autorité de l’armée de Terre, aérostation et aviation sont les deux composantes
de ce qui est désigné sous le terme générique d’« aéronautique militaire » dont la longue marche
vers l’institutionnalisation s’ouvre quelques années avant que le premier conflit mondial n’éclate. Si c’est au cours de celui-ci que l’aéronautique gagne ses lettres de noblesse, il lui faudra attendre
1922 pour devenir une arme à part entière, puis 1933 pour être considérée comme une armée
autonome.
Avec les compagnies d’aérostiers, les escadrilles sont les unités de base de l’aéronautique
militaire durant la Grande Guerre ; elles dépendent, hiérarchiquement et sur le plan opérationnel,
d’une armée, voire d’un corps d’armée, d’une division ou d’un régiment. Progressivement, cette subordination se double d’un autre lien fonctionnel : certaines escadrilles de bombardement dès
novembre 1914 sont réunies en groupes de bombardement, des escadrilles de chasse forment
dès octobre 1916 des groupes de combat. Commandées par un officier du grade de capitaine ou
de lieutenant, les escadrilles comptent 60 à 150 personnes, selon la période ou la mission, et
disposent d’un parc aérien numériquement très variable. Le type d’avion dont est dotée l’escadrille détermine par ailleurs pour partie sa dénomination : les premières lettres du nom de son
constructeur (ex: N pour Nieuport, SPA pour SPAD) précèdent en effet le numéro de l’escadrille, qui traduit le rang chronologique de création de l’unité au sein de l’armée. A côté de ces unités d’aviation, l’aéronautique militaire compte des unités d’aérostation ou compagnies d’aérostiers. Chargée de missions d’observation qui dès la fin de 1914 prennent le pas sur les missions initiales de bombardement, chaque compagnie sert un aérostat. »
http://www.memoiredeshommes.sga.defense.gouv.fr/jmo/pages/air_intro.html
Extraits : « Sur le plan de l’organisation (Loi du 29 mars, Décret et Arrêté du 28 août 1912), les forces aériennes françaises étaient divisées en trois groupes, basées à Versailles, à Reims et à
Lyon. Ces groupes étaient eux mêmes subdivisés en centres aéronautiques principaux et
secondaires soit sept compagnies (quatre d’aérostation et trois d’aviation).
Par une loi du 31 décembre 1913, la Direction de l’aéronautique, ou 12e Direction du ministère de
la Guerre, est créée, tandis que le 20 janvier 1914 voit la mise en place d’un Conseil supérieur chargé de coordonner les efforts des militaires et des civils en matière d’aéronautique. Un décret du 21 février 1914 supprime par ailleurs la Direction du Matériel aéronautique, créée quatre ans
plus tôt, accordant l’autonomie aux différents services qui la composaient, placés sous la tutelle du général Bernard, et qui deviennent ainsi :
 Établissement central du matériel d’aérostation ;
 Service des fabrications de l’aviation militaire (assurant les achats d’avions et la réparation
des moteurs) ;
 Laboratoire d’aéronautique à Chalais ;
 Laboratoire d’aviation à Vincennes ;
 Section technique de l’aviation militaire ;
 Inspection du matériel d’aviation.
… C’est le général Bernard qui assume, à l’été, la mobilisation des 23 escadrilles – dont 21 dites
d’armée à 6 avions et 2 dites de cavalerie à 4 appareils - affectées aux cinq armées en ligne, qui
vont se trouver engagées aux premières heures de la Grande Guerre.
A ces appareils, il faut ajouter un nombre équivalent en attente dans la Réserve générale
d’aviation. Dans les jours qui suivent, les 3, 6 et 15 août, quatre nouvelles escadrilles voient le jour: 3 dites d’armée et 1 dite de cavalerie, grâce à du matériel récupéré auprès des constructeurs et des écoles, ou issu de dons ou de réquisitions auprès de propriétaires civils. Par ailleurs, la
production des premiers mois de guerre permet à la France de disposer, dès octobre, d’un total de 31 escadrilles…
… Dès les premiers jours d’août, les compagnies d’aérostiers doivent affronter de graves incidents
tandis qu’a contrario l’aviation apporte la preuve de son efficacité sur le champ de bataille. Didier Linard – Tous droits réservés – août 2013
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Les aéroplanes du camp retranché de Paris, rattachés à la 6e armée du général Maunoury,
parviennent ainsi à déceler, dès le 2 septembre, l’infléchissement vers l’Est des armées allemandes en marche, jouant un rôle certain dans la manœuvre de la Marne. De même, le 8 septembre, dans la région de Triaucourt, l’artillerie française, aidée par l’aviation dans le réglage de ses tirs, détruit la moitié des canons d’un corps d’armée allemand. Le général
Joffre, commandant en chef des armées du Nord et du Nord-Est, vivement impressionné par ces
deux faits, décide dès lors de développer le champ d’action de l’aviation militaire sur le front…. »
Pour les passionnés du sujet, vous pouvez consulter sur le site indiqué ci-après, les Archives de
l’aéronautique militaire de la Première Guerre mondiale - Répertoire numérique détaillé de la série
a (1914-1919) et guide des sources par Francine de Auer-Véran Documentaliste sous la direction
de Pascal Gallien chargé d’études documentaires, Georges Rech et Agnès Chablat-Beylot Conservateurs du patrimoine.
http://www.servicehistorique.sga.defense.gouv.fr/contenu/functions/dc/attached/FRSHD_PUB_000
00170_dc/FRSHD_PUB_00000170_dc_att-FRSHD_PUB_00000170.pdf
Extraits : « Le rôle des ballons d’observation, au moins dans les trois premières années de la guerre 1914-18, fut très important. Le nombre de compagnies d’aérostiers s’accroît pour atteindre 75 en 1916. Par téléphone depuis la nacelle, les observateurs font procéder aux réglages
d’artillerie et exercent une surveillance générale du champ de bataille. Ils permirent le repérage des trains de munitions et des renforts ennemis…
… Au cours de la bataille de Verdun, les ballons ont fait pencher la balance en faveur des alliés :
le 21 mars 1916, le Lieutenant Tourtay put donner au commandement toutes précisions sur
l’avance allemande ; il voit l’ennemi descendre les pentes de Hardaumont, avancer sur le ravin de
Bazil et prendre pied sur la voie du chemin de fer ; ce renseignement surprend profondément le
Général Nudant, qui n’a plus de liaison avec l’infanterie ; seule, de la nacelle, une paire d’yeux a vu ; mais le commandement est perplexe : doit-il faire confiance aveugle à l’observateur ? De toute
manière, l’urgence d’une réaction s’impose ; faudra-t-il déclencher un tir de barrage au risque de
massacrer nos troupes ? Le général Nudant convoque alors de toute urgence Tourtay ; l’entrevue est dramatique :
« Êtes-vous sûr de votre observation ? »
« Sur mon honneur d’officier, je jure que j’ai bien vu et n’ai pas pu commettre d’erreur ; je sais trop
quelles pourraient en être les terribles conséquences ».
Connaissant les antécédents de Tourtay et les soins minutieux apportés au recrutement et à la
sélection des observateurs, le tir est alors déclenché, avant une contre-attaque ; nous reprenons
une partie du terrain perdu, ramenons des prisonniers. Ils nous apprennent que notre tir a jonché
de cadavres allemands la voie ferrée, à l’endroit exact indiqué par Tourtay, qui, avec conscience et précision, a su prendre de lourdes responsabilités, ayant eu entre ses mains le sort
d’innombrables combattants.
… Dans une période de six jours (cet exemple est pris au hasard), du 17 au 22 août 1917, devant
Verdun, les aérostiers disposant de vingt-deux ballons, n’effectuèrent pas moins de 1.078 observations de tir…
… Un ballon Caquot (du nom de son inventeur et ingénieur français) utilisé par l’armée anglaise tomba aux mains des allemands ; ceux-ci vont le reproduire sous l’appellation Ae 800 (Achthundert english 800), le chiffre 800 étant la capacité du ballon en mètres cubes : ils remplaceront
désormais les Drachen et les Français utilisèrent à partir de 1917 des balles incendiaires tirées
d’avions pour les détruire en mettant le feu à l’hydrogène…
…. En bref, comme l’écrit Maurice Roy, toutes les connaissances techniques acquises par Albert
Caquot, notamment dans l’emploi de métaux et alliages en mécanique industrielle de ce temps,
son talent affirmé pour concevoir et faire produire une organisation réaliste, son ardeur
contagieuse enfin, furent décisives pour assurer en 1918 et en nombre énorme aux armées
françaises et à l’armée américaine qui ne parvenait pas encore à être équipée de moteurs
d’aviation adéquats par son industrie nationale, les excellents avions de types variés et notamment de chasse qui contribuèrent si largement à la victoire finale des Alliés…
Didier Linard – Tous droits réservés – août 2013
40
… La revue Pégase (Revue trimestrielle des Amis du Musée de l’Air), sous la signature de Michel
Thouin, dans son numéro d’avril 1999, a rappelé qu’Albert Caquot est le « Père du Musée de
l’Air ». Créé en 1919, il est sans doute le plus ancien musée aéronautique du monde. D’abord implanté à Issy-les-Moulineaux, puis transféré à Chalais-Meudon en 1921 et au Bourget en 1975, il
est devenu Musée de l’Air et de l’Espace… »
Cf : Jean Kerisel (X 1928) et Thierry Kerisel (X 1961), « La guerre 1914-18. Le constructeur
aéronautique », Bulletin de la Sabix [En ligne], 28 | 2001, mis en ligne le 05 novembre 2010,
consulté le 02 août 2012. URL : http://sabix.revues.org/369
3.1.4.2 -Vers
une armée autonome
3.1.4.2.1 -
Les écoles d’aviation
… En janvier 1917, date à laquelle Girod se trouve confronté à un nouveau défi, celui de doubler le
nombre d’élèves formés en une année, alors qu’il doit céder aux troupes américaines, à peine débarquées, l’école de Tours et aux Belges, Juvisy. Il crée à cet effet deux nouveaux établissements à Istres et Biscarosse. La nouvelle organisation, qui perdure jusqu’à l’Armistice, se répartit comme suit :
 une école préparatoire à Dijon ;
 cinq écoles de pilotage à Ambérieu, Chartres, Châteauroux, Étampes et Istres ;
 trois écoles de transformation à Avord, Châteauroux et Istres ;
 trois écoles de perfectionnement pour la chasse à Pau et les vols de nuit à Avord et Istres ;
 deux écoles d’application à Biscarosse pour la chasse et le Crotoy pour le bombardement ;
 une école de tir aérien à Cazaux ;
 trois écoles de mécaniciens et conducteurs à Bordeaux, Dijon et Lyon où se trouvent
d’ailleurs les dépôts…
http://www.servicehistorique.sga.defense.gouv.fr/contenu/functions/dc/attached/FRSHD_PUB_000
00170_dc/FRSHD_PUB_00000170_dc_att-FRSHD_PUB_00000170.pdf
3.1.4.2.2 -
Les missions
D’abord conçue comme un moyen privilégié de renseignement, l’aviation va devoir assumer rapidement trois catégories de missions :
 observation : reconnaissance, réglage d’artillerie et liaison avec l’infanterie ;
 chasse: attaque de l’aviation ennemie, protection des avions d’observation et de
bombardement ;
 bombardement des arrières de l’ennemi situés hors de portée de canon.
a) L’aéronautique d’observation - Ses missions sont au nombre de trois :
 la recherche de renseignements (reconnaissance), dont l’auxiliaire le plus précieux est la
photographie ;
 l’observation du tir (réglage), longtemps contrariée par des difficultés de liaison, jusqu’à ce que la T.S.F. permette aisément la conversation de l’observateur avec la batterie ;
 la liaison avec l’infanterie et avec le commandement supérieur :
b) L’aviation de combat (chasse)
En 1916 un premier groupe de combat (de quatre escadrilles) est constitué sous la pression des
échecs subis à Verdun dans les rencontres individuelles avec les aviateurs allemands. Il est
destiné avant tout à protéger nos avions de reconnaissance en attaquant la chasse ennemie par
patrouilles de plusieurs avions, parfois loin à l’arrière du front. Notre aviation de chasse reprend le dessus et assure ainsi son autonomie d’action.
A partir de mai 1917, la chasse doit accompagner l’observation, afin d’en assurer la protection immédiate par une liaison plus étroite. Lors des offensives et contre-offensives de 1918, on revient
au principe de l’autonomie de l’aviation de chasse. Didier Linard – Tous droits réservés – août 2013
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Avec la division aérienne est créée une « aviation réservée », groupée dans la main du
commandement et constituant une force de combat redoutable, dont le poids se fait efficacement
sentir dans la bataille.
c) L’aviation de bombardement
L’année 1915 est marquée par un essor éphémère du bombardement de jour. C’est la période des raids sur les centres industriels allemands (Ludwigshafen, Karlsruhe), auxquels met fin le
développement de la chasse allemande.
Les années 1916-1917 sont, en revanche, celles de l’organisation, puis de l’essor du bombardement de nuit. La priorité est donnée à l’emploi tactique du bombardement sur le champ de bataille ou ses arrières immédiats : attaques des lignes de chemin de fer, dépôts de munitions,
bivouacs. Les opérations stratégiques se limitent aux objectifs industriels de l’est (bassin de Brièy, vallées de la Moselle, de la Sarre), alors que les Anglais effectuent des bombardements de
représailles sur les villes allemandes (Deux-Ponts, Karlsruhe, Trèves, Mayence).
L'année 1918 est caractérisée par des actions massives de bombardement. Les groupes de
bombardement sont concentrés en formations plus vastes : escadres, puis division aérienne. Le
bombardement de jour reprend avec l'apparition d'un avion excellent, le Bréguet XIV. L'aviation de
bombardement contribue par une action de masse à enrayer l’avance allemande, puis, suivant les directions prises par les poussées alliées, prolonge leur effort.
3.1.4.2.3 -
Les moyens
Au 1er mars 1918, le G.Q.G. dispose de dix groupes de combat (aviation de chasse) dont quatre
détachés aux armées.
 cinq groupes de bombardement de jour ;
 cinq groupes de bombardement de nuit.
Chaque groupe comprend trois escadrilles. Deux groupes supplémentaires de chasse et deux
groupes de bombardement de nuit sont créés avant l’armistice.
Ces groupes sont réunis en :
 deux escadres de combat (n° 1 et 2) ;
 une escadre de bombardement de nuit (n° 11) ;
 deux escadres de bombardement de jour (n° 12 et 13).
Le 7 mars 1918, ces escadres sont elles-mêmes réunies en deux groupements mixtes,
comprenant chacun chasse et bombardement de jour ; le bombardement de nuit reste
indépendant.
Le 14 mai 1918, ces groupements sont à leur tour réunis en une division aérienne et prennent le
15 juin suivant le nom de brigades :
 1ère brigade, 1ère escadre de combat ;
 12e escadre de bombardement de jour ;
 2e brigade, 2ème escadre de combat ;
 l3e escadre de bombardement de jour.
A la date du 1er octobre 1918, la France aligne 2.639 avions de combat en ligne, répartit comme
suit :
- 1.096 appareils de chasse, 1.186 appareils d’observation et 357 appareils de bombardement.
Cf : Organisation de l’armée française par le Colonel Pierre Guinard, Jean-Claude Devos et Jean
Nicot, Conservateurs au Service historique de l'Armée _ Imprimerie La Renaissance – Troyes
1975
http://www.servicehistorique.sga.defense.gouv.fr/contenu/functions/dc/attached/FRSHD_PUB_000
00008_0001_dc/FRSHD_PUB_00000008_0001_dc_att-FRSHD_PUB_00000008_0001.pdf
Le jour de l’armistice, l’aviation militaire disposait de 6.417 pilotes et de 1.682 observateurs, avec un effectif de plus de 90.000 hommes. A cette date, 17.297 brevets de pilotes militaires avaient été
délivrés.
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L’industrie française avait produit 67.987 avions de tous types y compris pour l’aviation navale. 52.640 appareils de tous types avaient été perdus.
Cf : Enzo Angelucci auteur de l’encyclopédie des avions militaires du monde parue en 2003 aux ©
Editions Hermé, Paris http://www.editionsdelamartiniere.fr/
A titre comparatif :
- la Grande Bretagne avait produit 58.144 appareils de tous types, 35.973 appareils avaient été
détruits ;
- l’Allemagne avait produit 48.537 appareils de tous types, 27.637 appareils avaient été détruits. Le 11 Novembre 1918, elle disposait d’environ 2.000 avions opérationnels.
Peu avant l’armistice, après quatre ans de guerre, les avionneurs livraient chaque jour près de 100 avions fabriqués en série, pendant qu’ils construisaient et essayaient plus de soixante prototypes d’avions nouveaux. Chaque jour, la supériorité des Alliés décourageait l’adversaire.
---o0o--3.1.4.3 -
Dans le Berry
Dans le Cher, au camp d’Avord dont l’école d’aviation avait ouvert en septembre 1914 et sur les terrains annexes où sont passés les plus grands as de l’aviation (Fonck, Guynemer et Madon)
ainsi qu’une partie des militaires de l’armée américaine (à partir de l’automne 1917), on trouvait près de 1.300 avions « école ».
http://asoublies1418.cosadgip.com/default.asp?382333D3741663E62693387331D36D47261333233D166E623623
3D077462328331233DE6
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43
3.1.4.3.1 - Parmi
ces pilotes
Capitaine Georges Félix Madon
Georges Madon (28 juillet 1892 - 11 novembre 1924) fut un des dix premiers affectés à Avord.
Devenu pilote de chasse, titulaire de 41 victoires homologuées, de 64 autres probables et, fait
exceptionnellement rare en quatre ans d'affrontements, tout comme cet autre as français qu'est
René Fonck, il ne reçut jamais aucune balle dans son appareil. Il se classe quatrième sur la liste
des as français.
Photo : La vie aérienne illustrée. http://commando-air.fr/215.html
Le 30 juillet 1982, la base aérienne 702 d'Avord reçoit son nom de baptême
"Capitaine Georges Madon".
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44
Jean-Corentin Carré
http://jmpicquart.pagesperso-orange.fr/JeanCorentinCarre.htm
Le 9 septembre 1917, à Avord, fut breveté Jean-Corentin Carré, celui qui fut vraisemblablement le
plus jeune des pilotes de la Grande Guerre.
Né le 9 février 1900 à Faouet dans le Morbihan dans une famille de 9 enfants, le 27 avril 1915, il
s’engage sous la fausse identité d’Auguste Duthoy. Il est incorporé au 41e R.I de Rennes. Le 25
février 1916, il est nommé caporal. Il est blessé le 11 juin et élevé au grade de sergent le 19 juin
1916. En novembre, après plusieurs faits d’armes, il est cité à l’ordre du corps d’armée et reçoit la Croix de guerre. Après plusieurs péripéties, le 20 juin 1917, il reçoit une réponse favorable à sa
demande de mutation dans l’aviation.
Le 19 mars 1918, effectuant une mission d’observation avec le mitrailleur Perrin, selon la version officielle, il est attaqué par trois avions ennemis. Abattu, il est transporté grièvement blessé à
l’hôpital de campagne de Souilly, où il décède le 22 mars. Didier Linard – Tous droits réservés – août 2013
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Georges Carpentier
En juin 1915, le célèbre boxeur Georges Carpentier (engagé volontaire à l’été 1914), obtient son
brevet de pilote militaire au centre de formation et de pilotage d'Avord.
https://www.facebook.com/pages/Les-Ailes-fran%C3%A7aises/258967037582633
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Dans le département de l’Indre, des implantations moins connues ayant été réalisées bien après
l’entrée en guerre :
Près de Châteauroux : La base militaire de La Martinerie créée le 25 octobre 1915, pour la durée
de la guerre, comme Ecole de Perfectionnement des élèves pilotes. L’Ecole d’aviation de Châteauroux-La Martinerie était alors réputée comme Centre de Formation des pilotes de liaison
et d’observation. On y enseignait le maniement de la T.S.F. et celui des appareils photographiques. De 1916 à 1918, 2.450 brevets furent attribués à l’Ecole d’Aviation militaire de Châteauroux dont 297 à des cadets Américains.)
http://www.anciens-aerodromes.com/?p=2243
A Issoudun :
Les terrains du Third Aviation Instruction Center 1917-1919
(3ème centre d’instruction pour l’Aviation américaine)
Extraits : « A la différence d’autres Centres d’Instruction de l’Air Service (nom donné à l’époque à l’armée de l’air américaine) qui prirent la suite d’installations déjà créées par les Français, comme ce fut le cas à Tours en Indre-et-Loire (Second Aviation Instruction Center), le Third Aviation
Instruction Center à Issoudun fut une création exclusivement d’origine américaine, en France, en
Bas Berry, sur des emplacements ne comportant à l’époque que quelques rares bâtiments agricoles et des terres cultivées.
Source Gorrell – History of the American Expeditionary Forces Air Service 1917-1919 National
Archives Serie G volume 9, p. 7.
« Le Troisième A.I.C… se composait d’un camp Principal où se trouvaient le Quartier Général, l’hôpital, les bâtiments d’instruction, les magasins attachés, les entrepôts d’approvisionnement aéronautique, les ateliers de réparation, des casernements … Nous y avions plus d’un millier d’avions ce qui permettait d’accueillir environ le même nombre d’élèves. S’y trouvaient au début 5.000 hommes de troupe, un nombre qui fut rapidement augmenté jusqu’à un total d’environ 8.000 personnes : si l’on inclut les officiers, les hommes de
troupe, les ouvriers chinois et les prisonniers allemands, tous occupés à maintenir cette école
opérationnelle, …
Plus de 2.000 pilotes furent diplômés sur place. »
(BINGHAM (Hiram) – An explorer in the Air Service. Formerly Lieutenant-Colonel, Air Service,
U.S.A. New Haven. Yale University Press. London I. Humphrey Milford, Oxford University Press
1920. Copyright, 1920, by Yale University Press, p. 118).
Didier Dubant, membre 2A, juillet 2012. Copyright © 2012 ANCIENS AERODROMES. All Rights
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http://www.anciens-aerodromes.com/?p=5901
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3.1.5 - L’armée navale française
Extraits : « Le territoire français était divisé en cinq arrondissements maritimes: Cherbourg, Brest,
Lorient, Rochefort, Toulon. Les grands ports ont au moins un régiment d'infanterie coloniale, et
pour certains, une ou plusieurs batteries d'artillerie coloniale. A la veille de la guerre, la France à la
tête de la 5ème Marine mondiale, possède hormis 8 cuirassés modernes, une flotte d’un âge assez avancé et d’une conception généralement obsolète. Au début d’août 1914, l’Armée de Mer composée des 2 escadres de ligne, d’une division de complément et des divisions légères se concentre à Toulon. La 2eme escadre légère, comprenant les croiseurs du Nord, opère dans la
Manche et en Mer du Nord.
Au mois d’août 1914, la Marine dispose d’environ 200 bâtiments de guerre dont 55 sous-marins.
Au cours du conflit, 56 bâtiments dont 11 destroyers grecs saisis sont venus renforcer cette force.
Durant le conflit, 37 navires seront perdus.
A titre indicatif, au 1er août 1914, les effectifs embarqués de la flotte française s'élevaient à 60.153
hommes… »
http://www.naval-history.net/WW1NavyFrench.htm
3.1.5.1 - L'aviation
maritime française
L’année 1910, année fondatrice de l'aviation maritime. Le rapport d’une commission affirme la primauté de l'aviation sur l'aérostation et envisage la réalisation d'un navire, base d'aviation,
comportant une aire de lancement par rail à l'avant et une plate-forme d'atterrissage à l'arrière,
complété par un hangar abritant les avions. Le décret du 10 juillet 1914 fixe l'organisation du
service de l'aéronautique maritime. Celle-ci comprend un service central de l'aéronautique, des
centres d'aérostation, un centre principal et des centres d'escadrilles d'avions. Le chef du Service
central de l'aéronautique est un officier supérieur qui relève directement du ministre de la Marine.
Jusqu'à fin 1914, 24 pilotes sont formés pour l'aviation maritime. La Marine nationale française
dispose alors en tout et pour tout de 14 pilotes et de 14 hydravions.
A l'armistice de 1918, l'aviation maritime française future Aéronavale dispose de 1.264 avions dont
870 de 1ère ligne, 58 dirigeables, 198 ballons. Son effectif global est alors de 11.000 membres,
4.000 hommes dans l’aérostation et les dirigeables, 7.000 hommes dans l’aviation, encadrés par de nombreux officiers, environ 700 observateurs aériens, 800 mécaniciens d’aviation au sol et environ 600 à 700 pilotes opérationnels répartis sur 32 bases terrestres.
3.1.5.2 - Brigade
de fusiliers marins
Lorsque la guerre est déclarée en août 1914, la Marine française dispose de fusiliers marins
inemployés à bord de ses bâtiments, car les principaux combats sont terrestres.
Pour utiliser ces hommes, il est décidé, le 7 août 1914, de créer une brigade forte de 6.000
hommes organisée en deux régiments qui seront les 1er et 2e régiments de fusiliers marins. Le
commandement de la brigade est confié à Pierre Alexis Ronarc'h qui vient d'être nommé contreamiral.
La brigade est constituée d'un état-major, des deux régiments et d'une compagnie de mitrailleuses
de 15 sections. Chaque régiment est commandé par un capitaine de vaisseau et composé luimême d'un état-major et de 3 bataillons. L'organisation est calquée sur celle des régiments
d'infanterie de 1914, à l'exception des sections de mitrailleuses qui sont indépendantes des
régiments.
Dans les effectifs on remarque 700 apprentis fusiliers marins très jeunes (jeunes engagés ayant à
peine seize ans et demi), et des réservistes du dépôt de Lorient, anciens chauffeurs ou
mécaniciens de la flotte. L’extrême jeunesse des apprentis surprend les Parisiens qui leur donnent
le surnom de « Demoiselles de la Marine » ou de « Demoiselles aux pompons rouges ».
Du 24 octobre au 10 novembre 1914, la brigade avec des pertes effroyables va s’illustrer au cours de la bataille de Dixmude.
http://fr.wikipedia.org/wiki/Brigade_de_fusiliers_marins
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Pierre-Alexis Ronarc'h
Pierre-Alexis Ronarc'h est né le 22 novembre 1865 à Quimper et décédé le 1er avril 1940 à Paris.
A 15 ans et demi il est admis à l'Ecole Navale. Il est Lieutenant de vaisseau à 24 ans et il participe
à la campagne de Chine en 1900 en tant que commandant en second d'un détachement français
de 160 marins qui résiste à la révolte des boxers.
A 42 ans, il est le plus jeune Capitaine de vaisseau de la marine française. En juin 1914, il accède
au grade de contre-amiral et il est désigné comme commandant de la Brigade de fusiliers marins
en cours de formation à Lorient. Il dirigera la Brigade jusqu'à sa dissolution le 6 novembre 1915. Il
est promu vice-amiral, puis chef d'état-major de la marine en 1919.
http://fr.academic.ru/dic.nsf/frwiki/1330974
Vous pouvez aussi consulter un chapitre consacré au « Rôle de la Marine pendant la Guerre »
inséré dans le livre : La Grande Guerre vécue, racontée, illustrée par les Combattants, en 2 tomes,
Aristide Quillet, 1922 », sur le site :
http://archive.org/stream/19141918iedixneu02chriuoft#page/344/mode/2up
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3.1.6 - Le renseignement militaire
Extraits :
« Près de 400 officiers français, de carrière ou réservistes, ont servi dans les services de
renseignement du ministère de la Guerre pendant la Première Guerre mondiale. »
« Dès le début de la Première Guerre mondiale, les services de renseignement du ministère de la
Guerre – le fameux 2e bureau de l’état-major de l’armée (EMA) – entrent dans une longue phase
de mutations. Celle-ci se caractérise d’abord, en décembre 1915, par la création, aux côtés du
2e bureau, organisme de renseignement exclusivement militaire, d’un 5e bureau de l’EMA. Censure, blocus économique, listes noires, propagande, contrôles télégraphique et postal,
espionnage et contre-espionnage représentent le travail des diverses sections du 5e bureau. »
Cf : Michaël Bourlet, « Des normaliens dans les services de renseignement du ministère de la
guerre (1914-1918) », Revue historique des armées, 247 | 2007, mis en ligne le 21 juillet 2008.
http://rha.revues.org/index1823.html.
« Les services de renseignements français ont pris du retard et ne sont pas encore à leur meilleur
niveau en août 1914. Après la bataille de la Marne, le Grand Quartier général, sur ordre du général
Joffre crée le 2e bureau du service de renseignement (SR) qui existe en parallèle avec le 2e bureau
de l’EMA (état-major des armées), il s’adjoindra plus tard un 5e bureau. Coexistent avec ces
services, ceux de la Sûreté générale, du ministère de l’Intérieur et de la préfecture de Police de
Paris. Cette abondance de services souvent cloisonnés, leur sera reprochée à l’occasion de l’envoi tardif des renseignements portant sur les effectifs militaires allemands à Verdun et pour le Chemin
des Dames.
Plusieurs centres de renseignements fonctionnent : Paris, pour l’espionnage et le contreespionnage ; Folkestone, pour le recrutement d’espions du nord de la France et des passagers sur les navires ; Belfort, pour la surveillance et le recrutement d’espions parmi les réfugiés alsaciens et la population cosmopolite implantée à Genève avec le colonel Porchet et la police des frontières ;
la Hollande, avec les villes de Flessingue et Maastricht sous la direction du général Boulabeille.
Les alliés français, anglais et belges unissent leurs efforts pour surveiller les frontières et recruter
des espions particulièrement en Belgique et dans le nord de la France, territoires envahis sous
autorité militaire allemande. Les services de renseignement britanniques sont nombreux comme
en France. Le GQG est en concurrence avec les services secrets du ministère de la Guerre, le
War Office, de qui dépend l’Intelligence service créé en 1909, lors de la guerre des Bœrs. L’Amirauté possède également ses propres sections d’informations à Folkestone…. »
Cf : Extrait d’un article sur le thème « Espionnage et espionnes de la Grande Guerre », Revue
historique des armées, 247 | 2007, [En ligne], mis en ligne le 01 septembre 2008.
Chantal Antier, Docteur en histoire, travaille sur l’évolution de la société et des femmes dans la Grande Guerre ; membre du Conseil scientifique de l’IHCC, elle est l’auteure d’un livre et de plusieurs articles dans des revues spécialisées. © Revue historique des armées
http://rha.revues.org/index1963.html.
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3.1.7 - La prévôté aux Armées
3.1.7.1 - En
temps de guerre
La gendarmerie exerce ses missions de police militaire générale et de police judiciaire militaire par
l’intermédiaire d’une organisation spéciale, la prévôté. Elle a pour but d’exercer le maintien de l’ordre et de contrôler l’exécution des ordres, consignes et règlements émanant du commandement sur le théâtre des opérations. De façon plus concrète, les missions peuvent être
divisées en trois catégories :
une mission ponctuelle directement liée au combat, la police du champ de bataille, qui consiste à
assurer la cohésion des troupes en opération; la sécurité des lignes de communication afin
d’assurer la préservation des circuits logistiques et une mission continue de surveillance, afin
d’assurer le maintien de la discipline aussi bien au cantonnement que pendant les déplacements. Cf : Extraits du colloque du 21 octobre 2005 : La gendarmerie et la guerre, entre police militaire et
unités combattantes Société Nationale de l’Histoire et du patrimoine de la Gendarmerie.
http://www.forcepublique.org/medias/pdf/actescolloque.pdf
Si le décret organique du 20 mai 1903 prévoit explicitement, en temps de guerre, la constitution
d’unités combattantes au sein de la gendarmerie, il n’est finalement pas fait recours à cette disposition en 1914. Accusant dès le temps de paix un réel sous-effectif, l’Arme, aux yeux des pouvoirs publics, ne peut courir le risque d’être davantage dégarnie à l’heure où sa présence est nécessaire, tant à l’intérieur, pour mobiliser et lutter contre les réfractaires, qu’à la suite des armées, pour y maintenir l’ordre. Pourtant, à compter du 26 septembre 1914, et jusqu’en 1918, des détachements de gendarmes sont autorisés, à titre individuel, pour fournir des cadres de
complément aux unités combattantes. C’est ainsi qu’un total de quarante-six officiers et 804
hommes obtiennent d’être détachés dans l’ensemble des formations combattantes (plus de 200 hommes deviendront officiers). Si la mesure ne satisfait pas totalement les gendarmes, qui
préféraient combattre sous leur propre uniforme, et en nombre plus important, elle permet
néanmoins de sauver l’honneur d’un corps de militaires de carrière, autrement exclu de la participation aux opérations. C’est pourquoi, après-guerre, de nombreuses légendes se
développent autour du cas de ces 850 détachés.
Cf : Les Gendarmes ont-ils fait la guerre de Quatorze ? La Gendarmerie Nationale et la carte du
combattant : Histoire d’un malentendu. Aspirant Louis N. Panel - Doctorant à l’Université Paris IV (Centre d’histoire du XIXe siècle) – La Société Nationale de l’Histoire et du Patrimoine de la Gendarmerie
http://www.forcepublique.org/02histoire/publications/ouvragenligne/forcepublic/gendarmeguerre14.
htm
Extraits de « La gendarmerie dans la bataille de Verdun » Louis Panel
« … L’instruction sur le service en campagne du 31 juillet 1911 prévoit d’adjoindre une prévôté à chaque division ainsi qu’au quartier général de chaque Corps d’armée, d’armée et de direction des étapes et des services (DES). Ainsi compte-t-on au niveau de la division, sous les ordres d’un capitaine de gendarmerie, 2 maréchaux des logis, 2 brigadiers et 18 gendarmes, répartis entre
l’arme à pied et à cheval. Le gradé à pied fait en principe office de gardien-chef de la prison
prévôtale, tandis que le sous-officier à pied est greffier, c’est-à-dire secrétaire du capitaine.
Toutefois, cet effectif théorique est sensiblement augmenté en février 1915, trois gendarmes de
chaque composante venant renforcer les prévôtés de division. Pour son administration autant que
pour emploi, ce petit détachement dépend à la fois de l’état-major de l’unité qu’il dessert et du prévôt de l’unité supérieure. Celle-ci est généralement un corps d’armée, disposant d’une cinquantaine de gendarmes, commandés par un chef d’escadron, assisté de deux officiers subalternes et six sous-officiers. Enfin, la prévôté de l’armée compte plusieurs détachements de gendarmerie comprenant chacun un officier et trente gendarmes.
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Elle est dirigée par un colonel, responsable du maintien de l’ordre auprès du général et remplissant vis-à-vis de l’ensemble des gendarmes de ses formations les fonctions traditionnelles du chef de corps, telles que l’avancement ou l’exercice de la discipline. C’est en outre de ce dernier que dépend la prévôté de la DES, de même qu’un dernier type d’unité, les détachements mobiles, destinés aux missions spéciales de barrage, de police ou de surveillance.
En conséquence de cette organisation morcelée à l’extrême, la gendarmerie aux armées ne
dispose pas d’un commandement centralisé : la prévôté du GQG n’a reçu d’autre mission que celle de desservir Chantilly, et l’inspection générale de la gendarmerie aux armées n’est encore qu’un organe de contrôle et de conception, dépourvu d’autorité.
Les vrais chefs du service prévôtal restent donc, en définitive, les généraux commandants de
grande unité, et plus encore leurs chefs d’état-major « sous les ordres desquels la gendarmerie est
placée ». En outre, quoique situés au plus près des troupes, les gendarmes restent très rares : le
ratio est d’un pour mille hommes au niveau de la division, mais il apparaît plus faible encore sur la ligne des combats, si bien que l’on « peut estimer à une présence moyenne de cinq cents
prévôtaux, au gré des relèves, sur les champs de bataille entre Montfaucon et le fort de Troyon » .
De là vient l’idée reçue sans doute la plus tenace de la guerre : qu’il n’y avait pas de gendarmes à l’avant…
Dès le 27 février 1916, une note de la 2e armée stipule qu’il est indispensable que la police de la
route soit assurée « de la façon la plus rigoureuse et que l’ordre absolu soit imposé à toute circulation de voiture, de convoi automobile, de troupes et d’isolés ». Les prévôtés, pourtant
largement sur-sollicitées par ailleurs, se voient alors investies d’une mission accablante. Responsables de l’écoulement du trafic, elles doivent imposer le respect de règles de circulation très strictes. Seules les ambulances et les voitures d’état-major sont autorisées à doubler, tous les
autres véhicules devant circuler en convois. Par ailleurs, pour la première fois, la gendarmerie
impose des limitations de vitesse : quatre km/h pour les tracteurs de l’artillerie, quinze pour les camions de ravitaillement, vingt-cinq pour les camionnettes. Les autorisations délivrées aux
conducteurs d’automobile de tourisme, autant que l’état des phares de tous les véhicules, font l’objet de contrôles rigoureux. Outre qu’il est formellement interdit de stationner sur la voie, tout engin en panne susceptible de gêner la circulation est impitoyablement basculé sur le côté de la
route, que bordent par endroits de véritables amoncellements.
Intrus dans la société du feu, le gendarme est la figure honnie des cantonnements : il y
pourchasse l’alcoolisme, faisant consigner les débits qui contreviennent aux règles édictées par le
commandement, il verbalise voire écroue les hommes dont l’ébriété cause du scandale ; il est
dépêché dans les villages où la troupe, plutôt que de retourner au combat, se soulève ; il repousse
les femmes qui, sous divers prétextes, tentent de forcer les postes de contrôle pour se rendre à
des rendez-vous aussi clandestins que convenus ; il exerce un contrôle sévère sur les prostituées
et les commerçants de toutes sortes qui fleurissent à la suite des unités. Dans certains cas même,
le rôle des gendarmes n’a d’autres limites que l’imagination du commandement qui, par défaut de main-d’œuvre, leur prescrit de faire tondre les soldats, ou de dessiner les plans des abris.
En outre, la tâche des gendarmes dans les cantonnements se poursuit encore après le départ des
divisions. Ratisser le matériel abandonné, diriger les territoriaux dans leurs corvées de nettoyage
et d’enfouissement des ordures, veiller à la salubrité des cuisines et des latrines sont encore de
leur domaine. Pour le reste, la mission d’assainir le champ de bataille et de superviser l’établissement des sépultures, relève bien souvent, à Verdun, de la gageure… »
Cf : Louis Panel, extrait de « La gendarmerie dans la bataille de Verdun (février-octobre 1916) »,
Revue historique des armées, 242 | 2006, [En ligne], mis en ligne le 26 novembre 2008.
http://rha.revues.org/index4182.html.
Pour la Gendarmerie, la prévôté aux armées s’est aussi son engagement dès août 1914 par la
constitution notamment d’une force spéciale composée de 183 officiers, sous-officiers et
gendarmes réunis à Amiens dès le 5e jour de la Mobilisation. Par la suite seront mis en place des
détachements auprès du G.Q.G ainsi que des 1ère et 2ème armée britannique.
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On remarquera qu’un détachement spécial de la 17e légion de gendarmerie mis à la disposition de
l'armée britannique deviendra prévôté des étapes, puis section de réserve (de gendarmerie) de la
Ière armée britannique.
Au cours du conflit, la Gendarmerie fournira aussi des détachements auprès des grandes unités
américaines ainsi qu’auprès des armées serbes et albanaises.
http://www.memoiredeshommes.sga.defense.gouv.fr/jmo/ead.html?id=SHDGR__GR_26_N_I
La gendarmerie a fourni aux prévôtés un effectif maxima de 371 officiers et 10.500 gradés ou
gendarmes. A ces chiffres, il faudrait ajouter les personnels des brigades des territoires situés
dans les zones avancées à proximité immédiate de l’ennemi et situés sous son feu et qui sont
restés à leurs postes durant toute la durée de la guerre.
Durant tout le conflit, tant dans les unités combattantes que dans les prévôtés, 78 officiers et 898
gradés ou gendarmes ont été tués soit 9% des effectifs engagés. 55 officiers et 708 gradés ou
gendarmes ont été blessés.
C’est la 8e Légion de Gendarmerie de Bourges qui fournira des personnels et des moyens
provenant des départements du Cher, de la Nièvre, de la Côte-d’Or et de Saône-et-Loire, pour le
8e Corps d’Armée, à savoir rattachés au Quartier Général : 2 officiers (1 chef d’escadron et un capitaine vaguemestre), 6 sous-officiers et 45 brigadiers ainsi que 54 chevaux. À partir du 20
novembre 1914, le journal des marches et opérations du 8e C.A concerne aussi les forces
publiques des 15e et 16e D.I.
Bien que les manuscrits du JMO de la Prévôté du 8e C.A soient peu détaillés, ils permettent de se
rendre compte de l’emploi des gendarmes. Outre ses missions traditionnelles listées supra, y compris l’escorte de prisonniers allemands, on y relève aussi des missions d’escorte du Général commandant le 8e Corps lorsqu’il se rend sur le champ de bataille. S’agissant de la Prévôté de la 16e Division, elle est composée au départ de Bourges, le 5 août
1914, d’un officier, de deux sous-officiers, de 20 brigadiers et gendarmes.
3.1.7.2 - Rôle de la Gendarmerie à l’intérieur
Il est permis d'affirmer, sans exagération, que la gendarmerie fut, pendant la guerre, l'un des
organes essentiels de la vie nationale. Sa tâche lourde, complexe, du temps de paix, fut
augmentée considérablement par les services extraordinaires qu'exigèrent d'elle les diverses
autorités. Elle seconda l'autorité militaire dans ses opérations de recrutement, de réquisitions de
moyens de transport, de ravitaillement. Elle fut chargée du contrôle des hommes en sursis, des
ouvriers d'usines, des détachés agricoles. Elle fît d'innombrables enquêtes concernant les
demandes de secours ou d'allocations, les réfugiés des pays envahis, l'état de santé des hommes
mobilisés avant leur incorporation, etc. La paperasserie du temps de guerre absorba, chaque jour,
une trop grande partie du temps … Les chefs de certains postes furent même chargés de censurer la presse locale !
Elle procéda à l’interpellation de près 100.000 malfaiteurs ou suspects de tous ordres.
Cf : Historique de la Gendarmerie Guerre de 1914 1918 Paris Henri Charles Lavauzelle Editeur
militaire - Numérisé par Marc Terraillon 31 octobre 2004
http://www.pages14-18.com/B_PAGES_HISTOIRE/HISTORIQUES_FRANCAIS/GENDARMERIE/
Gendarmerie_L_V2.pdf
3.1.7.2.1 - Insoumission
En août 1914, l'état-major de l'armée française escomptait 13 % de réfractaires ; il n'y en eut que
1,5 %. Pendant la campagne, la gendarmerie a arrêté 16.000 insoumis et 7.200 prisonniers de
guerre évadés.
Cf : Chiffres extraits de Histoire de la maréchaussée et de la gendarmerie - Louis Larrieu
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3.1.7.2.2 - Désertion
Auraient été répertoriés 15.600 cas de désertions à l'intérieur en 1916 et 25.579 en 1917.
En 1920, la gendarmerie publie le chiffre de 66.678 arrestations de déserteurs à l'intérieur entre
1914 et 1918. Certes, elle n'a pu totalement arrêter le flot ; tout juste l'a-t-elle endigué. Mais,
quelque ait été la faiblesse de ses moyens, la " peur du gendarme " a fonctionné, dissuadant
souvent le passage à l'acte.
Cf : La gendarmerie face aux déserteurs - Aspirant Louis Panel -14-18 : le magazine de la Grande
Guerre, n° 22, octobre 2004 http://genealogie44.skyrock.com/2123112019-La-gendarmerie-faceaux-deserteurs.html
3.1.8 - La justice militaire
Le maintien de l'obéissance et de la discipline au sein des troupes a constitué un enjeu majeur
pour les autorités militaires tout au long de la guerre.
3.1.8.1 - La
justice militaire avant la première guerre mondiale
Lorsque commence le premier conflit mondial, les principes de la justice militaire sont ceux du
code de justice militaire du 9 juin 1857, modifié par la loi du 18 mai 1875, et de manière plus
limitée par une série de lois portant sur des modifications de détail. Le code définit les délits et les
peines et régit le fonctionnement des conseils de guerre en temps de paix comme en temps de
guerre. Ainsi dotée de ses règles propres, la justice militaire est indépendante de la justice civile,
et reste considérée comme un prolongement de l'action disciplinaire. En temps de paix,
l'organisation de la justice militaire repose sur des bases géographiques: un tribunal militaire
permanent exerce sa juridiction dans chacune des circonscriptions territoriales qui couvrent la
métropole, les régions militaires. Au même échelon sont prévus des conseils de révision, qui, en
cas de recours, peuvent examiner sur la forme des jugements rendus par les conseils de guerre.
3.1.8.2 - L’organisation en temps de guerre
Groupe d'armées :
- un conseil de guerre rattaché à la direction des étapes (D.E., à partir de 1917).
Armée :
- un conseil de guerre rattaché au Q.G ;
- un conseil de guerre rattaché à la direction des étapes et des services (D.E.S.) ;
- un conseil de révision (à partir de juin 1916).
Corps d'armée :
- un conseil de guerre rattaché au Q.G. (facultatif, rare après 1916).
Division :
- un conseil de guerre.
Régiment et toute unité constituée :
- un conseil de guerre spécial (facultatif, du 6 septembre 1914 au 27 avril 1916).
Places fortes, bases, commandement de troupes d'occupation, missions militaires :
- un conseil.
http://www.servicehistorique.sga.defense.gouv.fr/contenu/functions/dc/attached/FRSHD_PUB_000
00202_dc/FRSHD_PUB_00000202_dc_att-FRSHD_PUB_00000202.pdf
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3.1.8.3 - Une
justice d'exception
« Au tout début de la guerre, les militaires ont obtenu du gouvernement la présentation des
prévenus devant le conseil de guerre sans instruction préalable. Début septembre 1914, le
ministre de la guerre abolissait les possibilités de recours en grâce et en révision.
De plus, Joffre réussit à imposer aux politiques, la constitution de cours martiales dénommées
« les conseils de guerre spéciaux », qui devaient juger rapidement et durement pour l'exemple.
Les prévenus étaient jugés par une « cour » composée en général du commandant de régiment
assisté de deux officiers.
Ils votaient et la majorité scellait le sort du soldat. En cas de condamnation à mort la sentence était
applicable dans les 24h selon les préconisations de Joffre.
Ainsi les principes d'indépendance des juges, de débats contradictoires et enfin de recours ont été
abolis. Au cours des deux premières années de la guerre, les exécutions sont nombreuses,
environ 200 en 1914 et 260 en 1915.
Devant les abus révélés par la presse et les associations, le parlement tenta d'atténuer cette
justice expéditive. À la fin de l'année 1915, les conseils de guerre spéciaux sont supprimés.
Enfin le 27 avril 1916, une loi permet d'atténuer et de contrôler cette justice militaire. »
Cf : Soldat fusillé pour l'exemple. (2012, juillet 24). Wikipédia, l'encyclopédie libre. Page consultée
le 24 juillet 2012 à partir de
http://fr.wikipedia.org/w/index.php?title=Soldat_fusill%C3%A9_pour_l%27exemple&oldid=8119046
8.
« En avril 1916, des conseils de guerre ordinaires remplacent les conseils de guerre spéciaux. Les
accusés bénéficient à nouveau d'un minimum de garanties, ils sont défendus, ils peuvent déposer
un recours en révision et un recours en grâce auprès du président de la République.
Lors de la répression des mouvements de revendication voire des événements qualifiés de
mutineries au printemps et à l’été 1917, ces garanties minimales sont maintenues. Le parlement et le Ministre de la Guerre Painlevé ont pu veiller à ce que le nombre de victimes soit limité.
Les soldats arrêtés ont été sélectionnés par leurs propres officiers et sous-officiers, avec le
consentement implicite de leur pairs. 3.427 conseils de guerre (ou cour martiale) ont été mis en
place. 23.385 hommes ont été condamnés pour « refus d'obéissance, mutilations volontaires,
désertion, lâcheté ou mutinerie ».
En 1983, les recherches effectuées par Pedroncini listent (au titre de l’année 1917) 2.878 condamnations aux travaux forcés et 629 peines de mort. Selon l’intéressé, seulement 43
exécutions ont eu lieu et peuvent être solidement documentées. Une autre source liste 554
condamnations à mort prononcées et 49 soldats exécutés. »
http://www.bdic.fr/index.php?option=com_content&view=article&id=239&Itemid=154
« Pour autant, la justice militaire a voulu faire des exemples pour dissuader les soldats de basculer
dans la désobéissance et l'indiscipline. Des soldats français ont donc été fusillés «pour l'exemple»
sans que leur culpabilité soit prouvée ou sans qu'ils soient plus coupables que leurs camarades.
De plus, il y a lieu de remarquer que le manque de rigueur dans la répression des mutineries a
provoqué des réactions défavorables chez certains des commandants de division de l'armée
française. »
Cf : Bibliothèque de Documentation Internationale Contemporaine 92001 Nanterre
http://www.bdic.fr/index.php?option=com_content&view=article&id=240&Itemid=415
Enfin, ces estimations de fusillés pour l'exemple, non concordantes, ne prennent pas en compte
les exécutions sommaires. Celles-ci sont relatées ou évoquées dans certains carnets de guerre
des soldats. Les chiffres précis ne seront jamais connus.
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3.1.9 - L’organisation des secours dans l’Armée de Terre
Extraits : « Quand s'engagea le premier conflit mondial pour la première fois de son histoire
militaire la France avait organisé un Service de Santé préparé et efficace. L'armée de temps de
paix comptait 1.600 médecins et chirurgiens secondés par 7.500 infirmiers qualifiés. Chaque
régiment d'Infanterie, d'Artillerie ou du Génie comptait 4 médecins; chaque régiment de cavalerie
et bataillon de chasseurs, 2. S'ajoutaient, toujours en temps de paix, quelques 400 médecinsaspirants faisant leur service militaire. En cas de guerre la très grande majorité de ces praticiens,
(sauf spécialistes rares), accompagnaient leurs unités ; par ailleurs la mobilisation rappelait 800
médecins et chirurgiens civils réservistes; les plus jeunes dans les services médicaux du front régiments de réservistes, ambulances et hôpitaux de campagne; les plus âgés à l'arrière en
hôpitaux d'évacuation et de territoire. (L'ambulance de campagne est un bon exemple d'une
organisation mûrement pensée : 6 médecins-chirurgiens, 3 officiers de l'administration médicale,
125 infirmiers. Pour ses matériels des véhicules permettant le déplacement en un seul transport;
des tentes, lits, moyens de chauffage, etc. Les hôpitaux de l'arrière furent démultipliés par la
réquisition et l'aménagement de grands hôtels de stations balnéaires et thermales. L'essentiel du
personnel infirmier de ces hôpitaux de l'arrière était composé de femmes : professionnelles civiles
et religieuses, volontaires formées. »
http://www.stratisc.org/act_bru_hisguerre_Ch8.htm
Un autre regard : article paru dans le Supplément au bulletin n°42 (2008) de l’Association des Amis du Musée de l’Artillerie : BP 400 83007 Draguignan Cedex – Intitulé : 1918 La victoire des
femmes - Les changements de société du XXè siècle naissent au cours de la Première Guerre
mondiale.
Extrait : « … les chirurgiens estiment que les nouvelles munitions de petit calibre propulsé à très
grande vitesse par les nouvelles poudres ne feront que traverser les corps. Lorsque la guerre
éclate, on n’envisage que peu d'infections et pas de tétanos. Dès le 4 août 1914, les médecins
sont dépassés par le grand nombre et la gravité des blessures. Les ambulances chirurgicales de
l'avant, situées au niveau des divisions et des corps d'armée, ne sont prévues que pour la mise en
condition d'évacuation des blessés, en dehors de tout traitement. Les blessés sont souvent
abandonnés à leur sort, la lenteur des évacuations impose de trop nombreuses amputations. A la
fin août, 140.000 hommes sont perdus.
Dès le 13 octobre 1914, le fonctionnement du Service de santé va s'adapter : accélération de la
relève des blessés et de leur évacuation (l'automobile remplace les chevaux) et réorganisation des
hospitalisations. Une nouvelle disposition des hôpitaux de l'avant va rapidement être appliquée.
Les chirurgiens les plus expérimentés doivent se trouver au plus près du front, afin de traiter le
maximum de blessés, le plus vite possible dans des structures hospitalières correctes. Un effort
particulier est consacré à l’approvisionnement du front en matériels médico-chirurgicaux
performants…
Lieutenant Xavier Tabbagh
Conservateur du Musée du Service de santé des armées – Val de Grâce - Paris
http://musee.artillerie.asso.fr/Victoire-pdf/Petit%20journal.pdf
3.1.9.1 - Le
service de Santé
Comprend :
- un personnel médical (médecins et pharmaciens) chargé de la direction des établissements et
des soins aux malades et blessés ;
- des officiers d’administration gestionnaires ;
- des sections d’infirmiers militaires qui fournissent le personnel sous officiers et hommes de
troupe nécessaire au fonctionnement des établissements du temps de paix et à la mise sur pied
des formations du temps de guerre.
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3.1.9.1.1 - Les sections d’infirmiers militaires
« En principe une par Corps d’armée sont commandées par des officiers d’administration déjà pourvus d’autres fonctions dans un organisme du service. Leur personnel est réparti entre les divers établissements du Corps d’armée. Confirmant le décret du 2 août 1874, qui remplaçait les neuf sections d’infirmiers militaires existant auparavant par vingt-cinq « sections d’infirmiers militaires », la loi du 16 mars 1882 sur l’administration de l’armée maintient leur nombre à vingtcinq : elles existent effectivement à la veille de la guerre à raison de : une par Corps d’armée de métropole, une pour le gouvernement militaire de Paris, une par division d’Algérie et une pour la Tunisie.
Il existe en outre des médecins et pharmaciens, officiers d’administration du service de santé des troupes coloniales, ainsi qu’une section d’infirmiers militaires des troupes coloniales. »
Cf : Organisation de l’armée française par le Colonel Pierre Guinard, Jean-Claude Devos - Jean
Nicot, Conservateurs au Service historique de l'Armée - Imprimerie La Renaissance – Troyes 1975
http://www.servicehistorique.sga.defense.gouv.fr/contenu/functions/dc/attached/FRSHD_PUB_000
00008_0001_dc/FRSHD_PUB_00000008_0001_dc_att-FRSHD_PUB_00000008_0001.pdf
3.1.9.2 - Les postes de secours de Corps d’Armée
et Divisionnaires
« Chaque Corps d’armée et Division dispose d’effectifs propres en personnel médical et des moyens propres pour mettre en œuvre des postes de secours pour les interventions chirurgicales les plus urgentes, les premiers soins avant l’acheminement des blessés vers les hôpitaux de
campagne. »
http://hobbiesdejp.free.fr/Collections/14_18/Sanitaire/14_18_Service_sante_a_za.pdf
3.1.9.3 - Les
ambulances divisionnaires
2 par division en 1914 (ex : les ambulances numérotées 3 et 4 pour la 16e D.I de Bourges), puis 1
seule en 1916, opèrent en arrière des Groupes de Brancardiers Divisionnaires. Leur composition
est identique, aussi sont-elles interchangeables et peuvent se remplacer les unes les autres. Ces
ambulances peuvent aussi recevoir ponctuellement le renfort des ambulances de corps d’armée.
3.1.9.4 - Les
brancardiers divisionnaires
Rattachés directement à la division, ils font partie du « Groupe de Brancardiers Divisionnaires »
lequel est composé de 2 médecins, 2 officiers d’administration, 4 médecins auxiliaires, 140 infirmiers ou brancardiers, 62 conducteurs, 20 voitures et 100 brancards. Ils sont aux ordres du
médecin divisionnaire.
3.1.9.5 - Les
brancardiers régimentaires
Chaque régiment d’infanterie assure par lui-même le premier niveau du service de santé, afin de
fournir les premiers soins et éventuellement l’acheminement vers les ambulances divisionnaires. Afin de réaliser cette tâche essentielle, on retrouve ainsi au niveau régimentaire : 1 médecin chef
du grade de Médecin-major (Commandant), 3 médecins aides-majors (Lieutenant ou Souslieutenant), un pharmacien aide-major et un dentiste auxiliaire, 12 infirmiers et 48 brancardiers, un
nombre variable de mulets de cacolets pour le transport sur " chaise " de deux blessés et plusieurs
voitures d'ambulance hippomobiles à 4 ou 6 roues. De plus, le médecin-chef dispose des effectifs
de la Musique du régiment (38 musiciens) et peut puiser dans les tambours et clairons, les
cordonniers et tailleurs du régiment.
http://indre1418.canalblog.com/archives/2009/05/31/13915319.html
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Trois types de brancardiers exerçaient sur le champ de bataille. Les brancardiers affectés à une
compagnie, les brancardiers musiciens (affectés à un régiment) et les brancardiers divisionnaires.
« Attendus par les blessés, ils étaient souvent le dernier espoir des mourants. Ils sortaient la nuit
pour ramener les blessés ou les morts. Leur travail était dangereux et harassant. Ils ramenaient les
blessés ou les morts à l’arrière le plus souvent au poste de secours. »
Les brancardiers affectés à une compagnie
Au nombre de quatre dans chacune des compagnies d’un régiment d’infanterie, ils étaient souvent en première ligne au poste de secours de la compagnie. Ils portaient le brassard à croix rouge. Ce
qui leur permettait, théoriquement, s’ils étaient pris d’être rapatriés.
3.1.9.6 - Les
brancardiers musiciens (ou brancardiers régimentaires)
Ils ne montaient en première ligne qu’en cas d’attaques ou de besoins du poste de secours. Outre
les activités musicales, ils étaient souvent amenés à effectuer d’autres missions suivant les besoins de la hiérarchie militaire. Ils pouvaient se retrouver plantons, agents de liaisons
occasionnels, fossoyeurs, manutentionnaires.
Le rôle musical des brancardiers musiciens
Extrait : « Durant les périodes de paix, les journées des musiciens étaient rythmées entre
répétitions, prises d’armes, parades et concerts pour la troupe mais également pour les civils. La Musique animait les différentes cérémonies officielles de la ville où était située la garnison.
Lorsque la guerre a commencé, ces soldats ont continué leurs activités musicales : ils animaient
toujours des concerts pour les soldats et les habitants des villages où stationnait le régiment.
C’était un dérivatif, qui était très apprécié tant par les militaires que par les civils…
Il semble même qu’au début de la guerre, certaines musiques jouaient lors des assauts comme le précise le lieutenant Schmidt dans « Verdun » de Jacques Péricard (attaque de Verdun de mars
1915) :
« Les musiques du 31ème et du 76ème, sous la direction de M. Chomel, massés en pleine vue de
l’ennemi, lancent onze fois de suite, pendant la charge, le rythme entraînant de la Marseillaise et
continuent à jouer malgré les vides sans cesse creusés parmi les exécutants.»
http://nicocaro41.perso.sfr.fr/Musiciens.pdf
3.1.9.7 - Modifications
apportées durant le conflit
a) à l’échelon du régiment :
Le service de santé régimentaire est renforcé au cours de la guerre par suite des demandes
incessantes des chefs de corps ; finalement ceux-ci disposent, en plus des éléments existant à la
mobilisation, d’un pharmacien aide-major, d’un dentiste auxiliaire et d’un important renfort de brancardiers.
b) à l’échelon de la division :
Le service de santé divisionnaire se développe dès 1915 par prélèvement sur les éléments de
corps d’armée. Il comprend très vite organiquement, en plus du groupe de brancardiers
divisionnaires (G.B.D.), deux ambulances, l’une médicale, l’autre chirurgicale, et une section d’hospitalisation, ultérieurement une section - sanitaire automobile ; enfin il est procédé à un
renforcement sensible du groupe de brancardiers divisionnaires, renforcement qui sera encore
accentué par la suite.
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A partir du 28 juillet 1918, avec la reprise de la guerre de mouvement, qui entraîne de fréquents
déplacements, l’ambulance chirurgicale divisionnaire ne peut plus rendre les mêmes services qu’en période de stabilisation : elle est donc supprimée, et la division ne conserve plus qu’une ambulance médicale pour les malades et gazés.
c) à l’échelon du corps d’armée :
Il y a lieu de constater une évolution en sens contraire. En 1915, le corps d’armée passe en propre
à chacune de ses divisions deux ambulances et une section d’hospitalisation ; les moyens dont il continue à disposer sont réduits à :
 un groupe de brancardiers de corps (G.B.C.) destiné à renforcer éventuellement les G.B.D.
et à procéder aux aménagements sanitaires du corps d’armée ;
 deux ambulances (la première dite chirurgicale, la seconde dite « ambulance Z »), pour
blessés ou gazés intransportables, formations parfois renforcées par des groupes
complémentaires de chirurgie ;
 deux sections d’hospitalisation ;
 des sections sanitaires automobiles (S.S.A.) qui, à quelques exceptions près, sont retirées
en janvier 1917 pour être affectées aux divisions ;
 des laboratoires de toxicologie (à partir de mai 1915).
d) à l’échelon de l’armée :
Pendant les batailles de Verdun et de la Somme et pour renforcer les moyens sanitaires des corps
d’armée, sont créés des « groupements avancés d’ambulances », officialisés en 1917 . Après la bataille de la Somme, de grands hôpitaux d’évacuation sont construits auprès de certaines stations
de chemin de fer. En outre les H.O.E. existants sont renforcés, en 1917, par des équipes
chirurgicales mobiles : soit deux ambulances chirurgicales automobiles comprenant huit équipes et
huit équipes de complément, spécialisées dans la chirurgie d’urgence de grands blessés et dotées d’un matériel se déplaçant sur camions ; en 1918, ces H.O.E. sont dédoublés : les hôpitaux primaires près du front trient les petits blessés, opèrent les intransportables ; les hôpitaux
secondaires placés à une centaine de kilomètres traitent les blessés transportables. De plus les
moyens de chaque armée sont développés par l’affectation de sections sanitaires automobiles supplémentaires, et celle d’un service d’hygiène confié au médecin consultant, adjoint technique
du médecin d’armée, ayant sous ses ordres des équipes sanitaires pour l’hygiène des cantonnements.
e) L’évacuation, hors de la zone des armées, est régie autant par le commandement que par le service de santé. Le commandement dispose en effet de sections automobiles de réserve, de
trains sanitaires et de péniches. L’emploi de ces moyens est arrêté avant une offensive au cours d’entretiens entre les représentants du commandement et ceux du service de santé. En ce qui concerne les trains sanitaires, le début de la guerre est d’abord marqué par l’improvisation. Le commandement ne dispose au 1er août 1914 que de 5 trains permanents (760 blessés couchés),
pour 115 trains improvisés (45.540 places couchées) et 30 trains ordinaires (45.000 places
assises). Un effort considérable est fait par la création de trains semi-permanents et la réduction
des convois improvisés. C’est ainsi que les statistiques font apparaître en octobre 1918, 6 trains permanents, 142 semi-permanents et 36 improvisés.
Cf : Organisation de l’armée française par le Colonel Pierre Guinard, Jean-Claude Devos et Jean
Nicot, Conservateurs au Service historique de l'Armée _ Imprimerie La Renaissance – Troyes
1975
http://www.servicehistorique.sga.defense.gouv.fr/contenu/functions/dc/attached/FRSHD_PUB_000
00008_0001_dc/FRSHD_PUB_00000008_0001_dc_att-FRSHD_PUB_00000008_0001.pdf
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3.1.9.8 - Marie
Curie et la radiologie
Extraits : « Lorsque la Première Guerre mondiale éclate, Marie Curie, souhaite mettre ses travaux
sur la radioactivité et ses effets en médecine au service du secours des blessés du front. C’est pourquoi elle organise le premier service de radiologie mobile.
Aux côtés d’Antoine Béclère, directeur du service radiologique des armées, elle développe
l'utilisation de la radiologie médicale et participe notamment à la conception d’unités chirurgicales mobiles, 18 voitures (achetées grâce à des fonds américains) sont équipées en unités mobiles de
radiographie, surnommées les « petites Curie », elles sont envoyées sur le front.
Plus de 200 salles de radiologie sont installées dans les hôpitaux des armées, qui ont secouru
ainsi plus d'un million de blessés. Enfin, plus de 150 spécialistes, dont une vingtaine d'Américains,
sont formés par Marie Curie, sa fille Irène et leur équipe, aux techniques de radiologie à l’Institut du Radium (qui deviendra plus tard l’Institut Curie). »
Cf : États-Unis pendant la Première Guerre mondiale. (2012, août 10). Wikipédia, l'encyclopédie
libre. Page consultée le 14 août 2012 à partir de
http://fr.wikipedia.org/w/index.php?title=%C3%89tatsUnis_pendant_la_Premi%C3%A8re_Guerre_mondiale & oldid=81781876.
La première guerre mondiale et ses conséquences pour la
chirurgie dentaire
3.1.9.9 -
Marguerite Zimmer
Extraits : « ... L’entrée en guerre, l’enchaînement des évènements et la situation politique catastrophique allaient rapidement contraindre les autorités à mobiliser l’ensemble des praticiens. En France, un millier de dentistes sont affectés au service de santé militaire. Sur l’initiative du Bureau de l’Ecole dentaire de Paris se constitue très rapidement une " Commission sur les
services dentaires militaires pendant la guerre ". Le 21 décembre 1914, à la suite d’une circulaire ministérielle, un dentiste-prothésiste est affecté à chaque hôpital d’évacuation. Ce praticien est chargé d’appliquer pansements spéciaux et appareils provisoires de contention aux blessés
atteints de mutilations de la face et des mâchoires. Par cette mesure d’urgence, les soldats pourront être évacués dans de meilleures conditions vers les centres de soins qui, faut-il le
rappeler, avaient déjà été mis en place en novembre 1914. On assiste alors à une multiplication
incroyable du nombre d’appareils de contention, et a fortiori, au développement de nouvelles méthodes de traitement des fractures du maxillaire inférieur… … Le 31 juillet 1915, Justin Godart, Sous-Secrétaire d’Etat au Ministère de la Guerre, inspecte les nouvelles voitures automobiles destinées aux divers services militaires sanitaires. L’une d’elles, dont le modèle avait été imaginé par le chirurgien-dentiste Gaumerais, est aménagée en cabinet
de chirurgie et de prothèses dentaires. A partir du milieu de l’année 1917, ce véhicule, destiné à une division d’infanterie, sera conduit de cantonnement en cantonnement d’infanterie par le dentiste militaire du régiment. Il servira aux opérations dentaires les plus variées…
… Entre le 15 octobre 1916 et le 15 avril 1917, le point de stationnement du cabinet dentaire de la Division se rapprochera des lignes de combat. Il se trouve généralement dans un village qui sert
de cantonnement aux troupes au repos. Les combats s’intensifiant, les pertes humaines seront de plus en plus importantes, les blessés de guerre affluent et le nombre de véhicules sanitaires
s’avère rapidement insuffisant ; les lignes de chemin de fer sont trop peu nombreuses, les routes
sont impraticables suite aux mauvaises conditions climatiques de l’hiver, les commandes de matériel dentaire ne suivent plus. Pour le transport des blessés du front vers les hôpitaux de
l’arrière, on utilise maintenant des voitures légères à ressort, des systèmes de brancards portés
par des chevaux ou, dans les régions montagneuses, des traîneaux ou des lits de fûts de pins
juxtaposés. Les roulottes dentaires, dont la première fut inaugurée le 31 mars 1916, sont encore
tirées par les chevaux, mais à partir de mai 1918, face à l’intensification des bombardements, il ne reste plus que la brouette pour déplacer d’une tranchée à l’autre pansements et instruments chirurgicaux médicaux ...
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… à la fin de l’année 1916, la pénurie en ouvriers mécaniciens dentistes est si grande qu’on pense
à confier à une main-d’œuvre féminine la coulée des modules en plâtre, la confection des cires, les mises en articulation, la finition et le polissage des prothèses. L’aide apportée par ces femmes va permettre de doubler le nombre de prothèses réalisées par les dentistes qui auront survécus aux
bombardements… »
Service informatique de la Bibliothèque Interuniversitaire de Santé de Paris.
http://www.bium.univ-paris5.fr/sfhad/hist_1910-1920.htm
3.1.10 - Les équipes d'ambulanciers américains
Extraits : « Au départ, le gouvernement français s'est méfié de ces américains qui proposaient un
service d'ambulanciers. Comme il n'était pas question d'avoir des étrangers au front, dans les six
premiers mois de la guerre, on a défendu aux Américains de servir dans des postes de secours. Ils
ne pouvaient seulement que transporter des blessés entre les hôpitaux, ou des trains sanitaires à
l'hôpital.
Environ 3.500 volontaires américains ont conduit des véhicules pour trois organismes de secours
avant l'entrée des Etats-Unis dans la guerre. Le plus important, l'American Field Service, a dirigé
en 1917 plus de 1.000 ambulances, un important siège à Paris, un poste de réparation, un poste
d'entraînement pour les conducteurs, et son propre hôpital. Des 2.437 conducteurs pour le AFS,
127 sont morts.
Au delà de leurs actions directes pour les alliés, ou bien comme ambulanciers pour l'humanité en
général, les volontaires américains avaient également une importance dans la propagande.
Comme hommes et un nombre très faible de femmes bien cultivés, ont comblé leurs temps libres
avec la plume. Les autorités militaires ont interdit les journalistes professionnels au front.
Les volontaires américains ont pris leurs places. Ils ont écrit des articles pour toutes sortes de
publications américaines influentes. Leurs articles ont directement parlé d'aventure, de l'héroïsme,
de la justice, et de la bataille ultime contre la barbarie et pour la civilisation. Andrew, directeur de
l'AFS, est convaincu que les efforts des volontaires ont joué un rôle dans le changement d'opinion
aux Etats-Unis en faveur des alliés. »
Cf : Extraits de l’exposé présenté au colloque "L'Armée américaine en guerre," Verdun, France,
septembre 2008. http://www.ndsu.edu/pubweb/~rcollins/scholarship/lesvoluntairesamericains.html
Voir aussi pour plus d’informations le site http://www.ourstory.info/library/2ww1/Hervier/volontaires4.html
Sur ce sujet, vous pouvez aussi consulter un article détaillé sur les ambulanciers américains dans
l’Est de la France 1915 – 1917, sur le site:
http://www.memorial-genweb.org/html/documents/amb_americaines.pdf
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3.1.11 - Les aumôniers militaires
« Il y a, durant toute la guerre, chez tous les belligérants, des aumôniers dans les armées. Pour la
France, à la mobilisation, une centaine de prêtres rejoignent les formations sanitaires. Ils sont
affectés dans les groupes de brancardiers de division et de Corps d'armée. Parallèlement, il y a
25.000 ecclésiastiques mobilisés qui sont affectés au service de santé mais aussi dans les unités
combattantes.
Le rôle principal des ecclésiastiques (pour la plupart catholiques) est de secourir les blessés sur le
terrain, les amener aux abris, prodiguer des soins, mais aussi pratiquer leur sacerdoce
(bénédictions, sacrements.) et assister les mourants. Au delà de leur rôle de confident et/ou de
confesseur, ils exaltent bien souvent le patriotisme, le civisme du combattant, l'obligation
d'accomplir son devoir, le préparant au sacrifice suprême. Certains accompagnent même les
vagues d'assaut ». Ils seront nombreux à être cités.
A cet égard, vous pouvez utilement vous reporter aux lignes écrites sur l’aumônier militaire Pirot
suite aux combats du 26 au 28 février 1916 (page 20 de l’Historique du 85e R.I). Le 1er mars 1916,
il rejoindra le caporal brancardier Mage resté, auprès des blessés du 85e laissés entre les lignes
françaises et allemandes, en sa qualité de prêtre afin de pourvoir aux besoins religieux et
physiques de ces infortunés. Ils les sauveront d’une mort certaine voire d’une capture.
http://www.pages14-18.com/B_PAGES_ HISTOIRE/HISTORIQUES_FRANCAIS/INFANTERIE
/RI085_Histo
« Une circulaire du 28 mars 1918 définira la nature et le partage des missions : un titulaire se
trouve affecté aux ambulances et aux services, deux-trois volontaires visitent les corps de troupe.
Dans un corps d'armée, deux titulaires se consacrent aux formations sanitaires et aux éléments
non endivisionnés.
Les bénévoles, non reconnus par le ministère, ne font l'objet d'aucun commentaire mais
assureront leurs fonctions appuyés par les officiers du régiment. De manière générale, dans
chaque division, un aumônier titulaire assure un service religieux dans chaque régiment. Un prêtre
soldat, aumônier bénévole se trouve dans chaque bataillon aidé par deux confrères volontaires.
Les aumôniers officiels relèvent de l'autorité administrative du médecin-chef. Sur le plan canonique
ils relèvent de l'évêque de leur diocèse.
En juin 1918, ministres du culte titulaires et aumôniers volontaires sont au nombre de 500, soit un
ecclésiastique pour 4.000 à 5.000 hommes. Il y a un pasteur pour 20.000 soldats et un rabbin pour
40.000 soldats. »
http://lagrandeguerre.cultureforum.net/t16356-les-aumoniers-militaires-francais
Vous pouvez utilement consulter le Livre d'or du clergé de Bourges d'après le livre Annuaire des
oeuvres catholiques et institutions sociales du Berry, sur le site :
http://www.memorial-genweb.org/~memorial2/html/fr/resultcommune.php?idsource=59209
vous y découvrirez seize noms de prêtres morts durant le conflit.
Tel celui du père Zanck Jean-Baptiste, né le 31 mai 1888 à Bourges, Lieutenant au 29e R.I,
décédé des suites de ses blessures le 5 avril 1915 à Gerbéviller. Citation : "Sous un feu violent de
mitrailleuses et une très forte canonnade, a dirigé sa compagnie à l'attaque d'un village avec un
calme et un sang-froid remarquables. A été mortellement frappé." (tué à la tête de sa compagnie à
l'attaque d'un village en Lorraine, d'un obus en pleine poitrine). Il était Chevalier de la Légion
d’Honneur et titulaire de la Croix de Guerre.
Rameau Léon, Auguste, né le 15 juin 1869 à Avallon (Yonne), aumonier militaire volontaire, ayant
le grade de capitaine, qui accompagne le 95e R.I lors de son départ en campagne. Fait prisonnier
le 22 août 1914, interné à Ingolstadt (Allemagne) pendant 10 mois, est rentré en France en août
1915 puis a demandé à repartir au front. Il est décédé des suites de ses blessures à l’Hôpital complémentaire 83, Hospice de vieillards de la Charité, 40 rue de Valbenoite à Saint-Etienne
(Loire). Il était Chevalier de la Légion d’Honneur et titulaire de la Croix de Guerre.
http://www.memorialgenweb.org/~memorial2/html/fr/complementter.php?id=3197011&largeur=1280&hauteur=720
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3.1.12 - La Poste aux Armées
Trésor et Postes : Le bureau du trésor et des postes d'une division, sous la direction d'un
payeur particulier, comprend : 4 officiers, 12 hommes de troupe et dispose de 3 voitures.
Jamais les Français ne se sont autant écrit que pendant la Première Guerre mondiale. Tous les
soldats écrivent … et presque tout le temps … Pour beaucoup, écrire va devenir une habitude, presque une manie. Un tel volume de correspondance n’a pas manqué de poser de sérieux problèmes d’organisation. D’un autre côté, un bon acheminement du courrier s’est vite avéré vital pour maintenir le moral des combattants, comme celui de l’arrière. Voilà pourquoi l’armée a déployé des moyens à la hauteur de l’enjeu. Cette correspondance, il faut aussi le dire, était gratuite. La « franchise militaire » n’étant en fait que l’extension généralisée de l’affranchissement réduit à un timbre par semaine en temps de paix.
La guerre venue, le « Trésor et Postes », administration militaire unique, oblitéra sans frais les
correspondances des soldats et la gigantesque masse du courrier qui leur était adressé.
Le bureau central de la Poste militaire, installé au Conservatoire National de Musique de Paris,
triait cette marée par secteurs postaux. Ainsi, la correspondance suivait (plus ou moins facilement)
sans que l’on puisse identifier clairement le secteur du front où se trouvait le régiment du destinataire. À chaque numéro correspondait une division, un grand état-major ou un Q.G. Les
sacs étaient dirigés ensuite sur des « bureaux frontières », à la limite de la zone des armées,
étaient transportés par des « ambulants d’armée » vers les « vaguemestres d’étapes » qui les
répartissaient ensuite entre les « bureaux divisionnaires » où s’effectuait le tri par régiment. Les enveloppes étaient remises enfin aux vaguemestres des compagnies qui s’efforçaient, quelle que soit la situation, de les faire parvenir et assuraient, le cas échéant, la triste mission de renvoyer le
courrier avec la mention : « le destinataire n’a pu être touché à temps » (ce qui, en termes choisis,
signifiait qu’il était mort, blessé, disparu ou prisonnier).
© Anovi - http://grande-guerre.org/?p=336
 Une carte-lettre pour la correspondance des soldats
Le haut-commandement de l’armée française a très vite compris tout l’intérêt de la correspondance pour le maintien du moral des troupes. A l’inverse, en permettant aux familles de recevoir régulièrement des nouvelles de leur père, frère, fils, neveu ou cousin mobilisé, c’est le moral de l’arrière que l’on soutenait. Pendant toute la guerre, la Poste aux Armées a accompli des
miracles pour permettre un acheminement rapide et régulier du courrier. Avec une organisation
complexe, fondée sur les secteurs postaux, elle a permis à des millions de soldats de conserver un
lien vital avec les leurs.
Toujours en vue de rationaliser le traitement du courrier, l’administration militaire a créé un formulaire spécialement destiné à la correspondance des armées en campagne. Celui-ci affecte la
forme d’une carte postale, ce qui permet aux commissions de censure d’effectuer des sondages
sans difficulté : pas d’enveloppes à ouvrir.
Le recto possède toutes les informations nécessaires à la distribution :
 Nom, grade, corps de troupe et secteur postal de l’expéditeur.
 Cadre ligné pour l’adresse du destinataire.
 Mentions officielles précisant la nature du document (« Correspondance des Armées de la
République« ) et la nature de son affranchissement (« Carte en franchise« )
Enfin, dans l’angle supérieur droit, le timbre-poste est remplacé par un cartouche patriotique
représentant les drapeaux des nations alliées.
Didier Linard – Tous droits réservés – août 2013
63
Le verso est réservé à la correspondance. Un avertissement sur le devoir de réserve de tout
militaire figure en tête.
Cette carte-lettre, distribuée par l’administration militaire, était le moyen le plus simple et le plus
pratique pour correspondre avec l’arrière. Il s’agit donc aujourd’hui d’un document très courant. Très précieux également, car il est souvent riche de renseignements sur l’état d’esprit des Poilus. Si la brièveté des textes du verso ne permet pas d’y trouver de longues descriptions, pas plus que des envolées lyriques ou littéraires, elle n’interdit pas, en effet, de glisser un petit commentaire plein de significations.
© Anovi - http://grande-guerre.org/?p=1111
Extraits : « En avril 1915, ce sont plus de 4.500.000 lettres ordinaires, 320.000 paquets-poste,
70.000 journaux et 11.000 mandats-cartes et mandats télégraphiques qui arrivent chaque jour sur
le front. Quant aux poilus, ils expédient plus de 5.000.000 de correspondances à l’arrière. En
moyenne, les hommes envoient ou reçoivent une lettre par jour. Les délais d’acheminement deviennent raisonnables, de trois à quatre jours pour une lettre entre Marseille et la zone du front.
Mais en 1916 et en 1917, les grandes offensives meurtrières, la fatigue du poilu et les rumeurs
sans lendemain entraînent le renforcement de la censure postale, lecture aléatoire des courriers et
contrôle du moral des soldats mais aussi des populations. Sur les courriers ; les mots ou les
expressions indésirables sont masqués à l’encre noire, grattés ou découpés.
À l’arrière, la situation des Postes et des Télégraphes est délicate, le manque de matériel roulant entraîne des réquisitions. Le départ de la plupart des hommes en âge de travailler a littéralement
vidé certains secteurs économiques vitaux de la vie quotidienne. Les administrations postales ne
sont pas épargnées, plus de 15.000 agents et sous-agents ont été mobilisés. »
http ://www.histoire-en-questions.fr/metiers/guerre-poste.html
1
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IV° - Place du 95e R.I au sein de l’Armée de Terre
4.1.1 - Origine – Rattachement
Créé en 1734, appelé régiment de Travers puis régiment de Salis, il prend part à toutes les
guerres de l’Ancien régime, guerre de succession de Pologne (1726-1741), guerre de succession
d’Autriche (1741-1748) et la guerre de Sept-Ans (1756-1763). Il est aussi présent à Austerlitz et
participe à plusieurs campagnes et batailles Napoléoniennes. Dans le cadre de la réorganisation
de 1814, il deviendra temporairement le 79e régiment dʼinfanterie de ligne (26 août 1814 - 25 mai
1815).
Il est aussi l’héritier des traditions du 20e d’infanterie légère. Par décret du 24 août 1854, le 20e
léger prend le numéro 95 de l'infanterie de ligne. Le 1er janvier 1855, pendant le siège de
Sébastopol, a lieu la cérémonie officielle du changement d’appellation.
http://amicale95eriet85eri.fr/cariboost_files/hist_2085_20et_2095_20RI_20r_C3_A9duit_20d_C3_
A9f.pdf
En 1914, le régiment occupe les casernes Condé, Auger et Vieil Castel. Il est, majoritairement,
formé avec de jeunes hommes venant de la subdivision de : Bourges, Cosne-cours-sur-Loire,
Nevers et Autun.
D’août 1914 à novembre 1918, le 95e RI dépend de la 31e Brigade relevant elle-même de la 16e
Division d’infanterie. De fait, selon la doctrine d’emploi de l’époque, le régiment d’infanterie se déplace et combat, pour l’essentiel, au sein de sa division qui est l’élément tactique de base. La 16e Division est subordonnée au 8e Corps d’armée (implanté dans la 8e région militaire) qui
comprend les départements du Cher, de la Côte d’Or, de la Nièvre et de la Saône-et-Loire.
Au début du conflit, le 8e C.A est rattaché à la 1ère Armée.
4.1.2 - Composition à la mobilisation d’un Régiment d’Infanterie, en métropole
Les unités du temps de paix passent sur le pied de guerre. Pour le régiment d'infanterie, cette
transformation se traduit en particulier par l'adjonction d'un groupe d'éclaireurs montés (douze
hommes, gradés compris, réservistes de la cavalerie), la constitution des sections de mitrailleuses
et surtout l'augmentation du volume des compagnies, grâce à l’apport des réservistes (quatre escouades au lieu de deux ou trois pour la section, qui s'articule alors en deux demi-sections de
deux escouades chacune) ; l'ordre de grandeur des effectifs du régiment passe de mille huit cents
ou deux mille cinq cents hommes, dont soixante officiers, à trois mille quatre cents dont soixantedix ; la compagnie passe de cent quarante ou deux cents hommes et trois officiers à deux cent
cinquante hommes et quatre officiers; mais, dans le domaine de l'armement, seul le nombre de
fusils augmente, celui des mitrailleuses reste de six par régiment.
En outre, chaque régiment d'infanterie actif donne naissance à un régiment de réserve fort
seulement de deux bataillons à quatre compagnies chacun, et de deux sections de mitrailleuses;
ce régiment porte le numéro du corps majoré de deux cents, ses bataillons sont numérotés 5e et
6e, ses compagnies de 17e à 24e. 173 régiments de réserve numérotés de 201 à 373 sont ainsi
créés. Enfin, le régiment laisse dans sa garnison les éléments d'un dépôt commun aux deux
régiments actif et de réserve.
En l’absence de données précises sur le 95e, il est permis de se référer à l’effectif réglementaire
des régiments d’infanterie de l’époque, à savoir : 113 officiers, 3.226 hommes de troupes et 187
chevaux. Le régiment se compose de la façon suivante : 3 ou 4 bataillons (9 régiments de
forteresse disposent ainsi de 4 bataillons) ; un état-major ; une section hors rang* ; 2 sections de
mitrailleuses ; 12 éclaireurs montés.
Chaque bataillon est commandé par un chef de bataillon (avec le grade de commandant), secondé
d’un officier appelé « adjudant-major » et d’un médecin. Il est divisé en 4 compagnies.
Une compagnie est commandée par un capitaine. Elle comprend le capitaine, 3 lieutenants, un
sous-lieutenant ou un adjudant-chef, 1 adjudant, 1 sergent-major, 8 sergents et 1 sergent fourrier,
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16 caporaux et 1 caporal fourrier, 1 infirmier et 4 brancardiers, 2 clairons et 2 tambours, 1 tailleur
et 1 cordonnier, 3 conducteurs, 1 cycliste et 210 soldats. Elle est divisée en 4 sections.
La section est commandée par un lieutenant, un sous-lieutenant ou un adjudant. Elle est
composée de 2 demi-sections d’environ 65 hommes qui forment 4 escouades. L’escouade qui est commandée par un caporal est formée d’un groupe de 15 hommes.
(*) La section hors-rang regroupe quant à elle les artificiers, les armuriers, les sous-officiers
d’approvisionnement, les secrétaires, les ordonnances, les maréchaux-ferrants, les bouchers et 21
conducteurs.
Le régiment est suivi d'un train régimentaire comprenant : 13 fourgons à vivres, 2 voitures légères
d'outils et 1 forge. Il y avait autrefois 3 voitures à viande qui seront remplacées par la suite par des
autobus.
http://www.pages14-18.com/C_PAGES_DOCUMENTS/unites_1914.htm
Durant la guerre, l’organisation des régiments évoluera d’une part en raison des effectifs disponibles mais aussi et surtout avec l’arrivée de nouveaux armements en nombres importants telles que les mitrailleuses, fusils mitrailleurs et l’artillerie de tranchée ainsi qu’avec de nouveaux moyens de transport qui vont changer les doctrines d’emploi et de combat.
A cet égard, à partir de juillet 1915, les pertes subies entraînent la réduction de l'effectif théorique
de la compagnie d'infanterie à deux cents hommes au lieu de deux cent cinquante et la dissolution
de six régiments dont quatre de réserve et deux de marche de la Légion.
e
4.1.3 - Composition de la 31 Brigade d’infanterie
Le quartier général de la 36e Brigade était situé à Bourges. A la mobilisation, elle est commandée
par un Colonel. Elle comprend les :
 85e régiment d’infanterie d’août 1914 à novembre 1918 (Cosne-cours-sur-Loire) ;
 95e régiment d’infanterie d’août 1914 à novembre 1918 (Bourges).
e
4.1.4 - Composition de la 16 Division d’infanterie
Le quartier général de la 16e Division est situé au 26 rue de Paradis, avec le bureau de garnison,
de Bourges. Elle est commandée par un Général. Elle comprend les unités suivantes:
 31e brigade (dont le commandement est installé à Bourges) :
 85e régiment d’infanterie d’août 1914 à novembre 1918 (Cosne-cours-sur-Loire) ;
 95e régiment d’infanterie d’août 1914 à novembre 1918 (Bourges).
 32e brigade :




13e régiment d’infanterie d’août 1914 à janvier 1917 (Nevers- Decize) ;
27e régiment d’infanterie de janvier 1917 à novembre 1918 (Dijon) ;
29e régiment d’infanterie d’août 1914 à janvier 1917 (Autun – Le Creuzot) ;
24e Régiment d’Infanterie Territoriale de août à novembre 1918 (Le Havre).
 Cavalerie :
 6e escadron du 16e régiment de Chasseurs (Beaune).
 Artillerie :
 1er régiment d’artillerie de campagne à trois groupes de 75 (Bourges).
 Génie :
 4e régiment du génie (compagnies 8/2 : sapeurs-mineurs de campagne) – (Grenoble).
soit au total un effectif théorique de 16.000 hommes.
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Les chefs successifs de la 16e Division d’Infanterie au cours de la guerre





24 juillet 1914 - 4 septembre 1914 : Général Maud'Huy
10 septembre 1914 : Général Piarron de Montdésir
12 octobre 1914 : Général Vandenberg
07 janvier 1915 : Général Rouquerol
09 août 1916 - 11 mars 1922 : Général Le Gallais
---o0o--e
4.1.5 - Composition du 8 Corps d’armée en 1914
Dans le cadre d’une armée, le corps d’armée est un organe d’exécution tactique (décret du 28 octobre 1913 portant règlement sur la conduite des grandes unités, chapitre VII). Avant la
mobilisation, il est constitué :
 d’un état-major et des directions de services ;
 de deux divisions d’infanterie (chacune à deux brigades de deux régiments à trois bataillons) ;
 d’un régiment d’artillerie divisionnaire affecté dès le temps de paix mais rattaché jusqu’à la mobilisation à la brigade d’artillerie.
 d’une brigade d’artillerie, dont le chef est commandant de l’artillerie du corps d’armée, avec sous ses ordres, en temps de paix, le régiment d’artillerie de corps d’armée à quatre groupes (douze batteries) et les deux régiments divisionnaires, chacun à trois groupes
(neuf batteries) ;
 d’un bataillon du génie rattaché à un régiment du génie, lui-même hors corps d’armée ;
 d’un escadron du train ;
 d’un parc d’artillerie ;
 d’une section de secrétaires d’état-major et du recrutement ;
 d’une section de commis et ouvriers militaires d’administration desservant des établissements du service de l’intendance ;
 d’une section d’infirmiers militaires desservant également des établissements du service de
santé.
A la mobilisation, le corps d’armée se complète. Il met sur pied à partir de son infanterie, une
réserve d’infanterie du corps d’armée en principe, deux régiments de réserve ; à partir de l’escadron du train des équipages et des troupes et établissements des services, des formations
de campagne des services.
Il reçoit un régiment de cavalerie légère augmenté de deux escadrons de réserve destinés aux
divisions ; un détachement télégraphique ainsi qu’un détachement de gendarmes prévôtaux
relevant de la légion de gendarmerie rattachée administrativement au lieu d’implantation (exemple : Bourges avec la 8e Région militaire, le 8e C.A et la 8e Légion de Gendarmerie).
Il répartit son artillerie et son génie : la brigade d’artillerie disparaît, son général devient
commandant de l’artillerie du corps d’armée et ne garde sous ses ordres directs que le régiment de corps d’armée; les régiments d’artillerie divisionnaire rejoignent leurs divisions ; le bataillon du
génie éclate, donne une compagnie de sapeurs-mineurs à chaque division et se transforme.
Le corps d’armée comprend environ 38.000 hommes dont 30.000 combattants, 13.000 chevaux
ainsi que 120 canons de 75.
A la mobilisation, le 8e C.A est composé de :
 15e division d’infanterie (Dijon)
 29e brigade d’infanterie (Mâcon)
56e régiment d’infanterie (Chalon-sur-Saône)
134e régiment d’infanterie (Mâcon)
 30e brigade d’infanterie (Dijon)
10e régiment d’infanterie (Auxonne)
27e régiment d’infanterie (Dijon)
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67

Éléments organiques divisionnaires :
Cavalerie : 5e escadron du 16e régiment de chasseurs à cheval (Beaune)
A.D. 15 : 48e régiment d’Artillerie de campagne (Dijon)
Génie : Compagnie 8/1 du 4e régiment du génie (Grenoble)
 16e division d’infanterie (pour mémoire)
 Éléments non endivisionnés (ENE)
 210e régiment d’infanterie (Auxonne)
 227e régiment d’infanterie (Dijon)
 16e régiment de chasseurs à cheval (Beaune)
 37e régiment d’artillerie de campagne (Bourges)
 Compagnies 8/3, 8/4, 8/16 et 8/21 du 4e régiment du génie (Grenoble)
 Éléments organiques de corps d’armée






État-major du 8e corps d’armée (Dijon)
8e section du train des équipages (Dijon)
8e section de secrétaires d’état-major et de recrutement (Bourges)
8e section de commis et d’ouvriers militaires d’administration (Dijon)
8e section d’infirmiers militaires (Dijon)
8e légion de gendarmerie (Bourges)
Cf : 8e corps d'armée (France). (2012, avril 8). Wikipédia, l'encyclopédie libre. Page consultée le 3
octobre 2012 à partir de
http://fr.wikipedia.org/w/index.php?title=8e_corps_d%27arm%C3%A9e_(France)&oldid=77446749.
A la fin du conflit, la 8e Région militaire (correspondant au 8e C.A) aura mobilisé 287.663 hommes.
Elle enregistre 55.435 tués et disparus (soit 19,27% des mobilisés). 17.261 hommes auront été
fait prisonniers (soit 6% des mobilisés). Le nombre des blessés n’a pas été retrouvé comme celui du chiffre exact des combattants.
http://vestiges.1914.1918.free.fr/Pertes.htm
Durant le conflit, la structure des corps d’armée va se modifier. En particulier :
- le nombre de leurs divisions varie, passe souvent de deux à trois ou quatre divisions ; à
l’armistice, sur trente et un corps d’armée existant, douze ont quatre divisions, deux en comptent trois, quinze en ont deux, un n’en a plus qu’une seule affectée organiquement, un n’a que des divisions rattachées provisoirement ;
- la réserve d’infanterie disparaît progressivement les régiments de réserve qui la constituaient lui
sont retirés, en juin-juillet 1915, pour être endivisionnés ; ils sont remplacés par un ou deux
régiments territoriaux, jusqu’en juillet 1918 ; à cette date, ceux-ci font place eux-mêmes à un seul
bataillon territorial de mitrailleuses ;
- l’artillerie de corps, à l’origine composée uniquement de matériel de 75, reçoit à partir de dates échelonnées entre décembre 1914 et juillet 1915, suivant les formations, des éléments d’artillerie lourde. En revanche son matériel de 75 lui est retiré en juin 1918 pour être affecté à la Réserve
générale d’artillerie ;
- le détachement de télégraphistes devient compagnie en 1915 ;
- les formations des services, initialement beaucoup plus importantes que celles des divisions, sont
réduites au profit de ces dernières, à partir de 1915 pour le service de santé, et de 1916 pour
l’intendance.
Cf : Organisation de l’armée française par le Colonel Pierre Guinard, Jean-Claude Devos et Jean
Nicot, Conservateurs au Service historique de l'Armée _ Imprimerie La Renaissance – Troyes
1975
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http://www.servicehistorique.sga.defense.gouv.fr/contenu/functions/dc/attached/FRSHD_PUB_000
00008_0001_dc/FRSHD_PUB_00000008_0001_dc_att-FRSHD_PUB_00000008_0001.pdf
N.B : Le maréchal Foch (alors général) a commandé le 8e CA du 17 décembre 1912 jusqu’au 10 août 1913 dont l’Etat-Major était installé à Bourges.
Les chefs du 8e corps d’armée durant la grande Guerre :

général de Castelli : 24 avril 1914 - 11 octobre 1914 (mis en disponibilité) ;

général Piarron de Mondésir : 12 octobre 1914 – 8 mai 1915 : (a commandé la 16e D.I. du
10 septembre au 11 octobre comme général de division à titre temporaire). En mai 1915, le
général de Mondésir faisait les frais d’un revers tactique infligé par l’adversaire. Sanctionné, il prenait la tête de la 52e D.I., devant Reims. Cette rétrogradation prit fin avant la fin de l’année, lorsque, le 10 décembre 1915, il quittait le front de France, avec la fonction de chef de la mission
militaire en Albanie. A ce poste de confiance, il participa activement au recueil des débris de
l’armée serbe, puis à leur réorganisation. Le 23 décembre, il était titularisé dans son grade de
général de division et poursuivit sa carrière.
http://www.bulgarianartillery.it/Bulgarian%20Artillery%201/Testi/T_Serbian%20Strenght.htm
-----
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69

général Cordonnier (venant de la 3e D.I) : 8 mai 1915 au 3 août 1916
Le Général Cordonnier est à l’origine de la création du Poilu’s Park à Commercy (Meuse).
http://www.sambre-marne-yser.be/article=7.php3?id_article=96
-----
général Hély d'Oissel (venant du 36e C.A) : 3 août 1916 au 11 novembre 1918
http://www.military-photos.com/helydoissel.htm
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4.1.6 - Composition de la 1
ère
Armée à l’entrée en guerre
L’armée est l’unité fondamentale de la manœuvre stratégique ; son chef combine et dirige les opérations de plusieurs corps d’armée (quatre à cinq) et grandes unités de cavalerie dans le cadre
d’une même mission d’ensemble. L’armée a une existence temporaire. Elle est essentiellement un organe de commandement et d’encadrement, sans compter de corps d’armée organiques : ceux-ci
ne lui sont rattachés que pour une durée variable.
A la mobilisation, l’ordre de bataille de la 1ère Armée intègre les 7e (Belfort), 8e (Bourges), 13e
(Clermont-Ferrand), 14e (Lyon), 21e (Epinal) Corps d’armée, deux divisions de cavalerie et une division de réserve d’infanterie. A cela, viennent s’ajouter des éléments organiques d’Armée, à savoir :
Artillerie lourde d’armée :
 4 groupes du 5e régiment d’artillerie lourde (R.A.L.) – (Valence) ;
 2 groupes (6 batteries) de 120 Baquet ;
 2 groupes (6 batteries) de 155 C.T.R.
Génie :
 Cie sapeurs télégraphistes N°1 (Mont-Valérien) ;
 Cie de pontonniers 23/1 du 7e régiment du génie (Avignon).
Aéronautique :
 Blériot : BL3, BL9, BL10, BL11
 Bréguet : Br.17
 Farman : MF5
Les unités et les effectifs de la 1ère Armée sont de :






134 bataillons ;
78 escadrons ;
171 batteries (dont 12 d’artillerie lourde d’armée) ;
7.588 officiers ;
258.864 hommes ;
92.016 chevaux.
C’est l’Armée « Dubail » du nom de son commandant en chef à l’entrée en guerre lequel est réputé comme un géographe éminent et comme un technicien pour qui la topographie des Vosges
n’avait aucun secret. Elle est massée entre Belfort et la ligne générale Mirecourt-Lunéville, son
Quartier Général se trouvant à Épinal. Le Gal Auguste Dubail, commandera la 1ère armée de la
mobilisation au 5 Janvier 1915. En février 1915, il est nommé pour diriger le groupe d’armée de l’Est dans le secteur de Verdun.
Pour envahir les provinces perdues, la 1ère Armée a été renforcée :
 par le 21e Corps d’Armée et une brigade coloniale ;
 par les 57e, 58e, 63e, 66e divisions de réserve.
Mais bientôt une partie de cette armée servira à constituer, sous le commandement du général
Pau, l’Armée d’Alsace (la 1ère Armée perdra ainsi un groupe de divisions de réserve, le 7e C.A et
sa division de cavalerie).
Au début d’août, le gros de la 1ère Armée va se concentrer dans la région d’Epinal, la droite vers Belfort, la gauche vers Lunéville.
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Général Augustin Dubail
Augustin Dubail est né à Belfort le 15 avril 1851.
Il s'engage dans l'armée pendant la guerre franco-prussienne de 1870, au cours de laquelle il
combat à Sarrebruck, Spicheren, Borny avant d'être fait prisonnier à Metz. Libéré, il devient
professeur d'art militaire à Saint-Cyr en 1888. Il sert sur la frontière est puis en Algérie où, en
1901, il est colonel du 1er Zouaves.
En 1904-1905 il est deux fois chef de cabinet de Maurice Berteaux, ministre de la Guerre.
Nommé général de brigade, il dirige l'école de 1906 à 1908 puis fait partie du comité technique
de l'infanterie. Chef d'État-major de l'armée en 1911, il est chargé de mission en Russie.
Membre du Conseil supérieur de la guerre en 1914, après avoir commandé, à Tours, le 9e Corps
d'Armée, il part en campagne au sud-est de la Lorraine à la tête de la Ire Armée avec laquelle il
s'oppose, en août, à l'attaque allemande lors de la bataille de Sarrebourg. Contraint de se replier,
il parvient à stopper l'avancée allemande dans la bataille de la trouée de Charmes, au point de
jonction avec la IIe Armée de Castelnau. Il remporte ensuite un succès dans la bataille de la
Haute Meurthe qui met définitivement fin à l'offensive allemande sur les Vosges.
Promu commandant du secteur de Saint-Mihiel, il y dirige les attaques sur la Woëvre.
En février 1915, Dubail est nommé pour diriger le groupe d'armée de l'Est dans le secteur de
Verdun. Dès le mois de juillet, il signale l'insuffisance des défenses en artillerie des forts, mais
ses avertissements seront toujours ignorés par le haut-commandement. Un an plus tard,
l'offensive allemande lui donnera raison, ce qui ne l'empêchera pas d'être relevé de ses fonctions
et mis à la retraite, en mars 1916.
Il devient gouverneur militaire du camp retranché de Paris, poste qu'il occupe jusqu'au printemps
1918.
Grand chancelier de la Légion d'honneur de 1918 à sa mort, Dubail crée en 1921 la société et,
en 1925, le musée de la Légion d'honneur.
Après la guerre, il se retire de la vie publique et meurt à Paris le 7 janvier 1934.
Cf : Auguste Dubail. (2013, juillet 21). Wikipédia, l'encyclopédie libre. Page consultée le 11 août
2013 à partir de http://fr.wikipedia.org/w/index.php?title=Auguste_Dubail&oldid=95157735.
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V° - La Mobilisation
5.1.1 - Les déclarations de guerre
Le 1er août, dans le cadre des alliances, suite aux différends entre l’Autriche-Hongrie et la Serbie,
l’Allemagne mobilise et déclare la guerre à la Russie. En France, le gouvernement décrète la
mobilisation générale le même jour. Le lendemain, l’Allemagne envahit le Luxembourg, un pays
neutre et adresse un ultimatum à la Belgique, elle aussi neutre, pour réclamer le libre passage de
ses troupes. Au même moment, l’Allemagne et l’Empire ottoman signent une alliance contre la
Russie. Le 3 août, la Belgique rejette l’ultimatum allemand. L’Allemagne, qui entend prendre l’initiative militaire selon le « plan Schlieffen », déclare la guerre à la France qui, à l'ultimatum
allemand, avait répondu que « la France agirait conformément à ses intérêts ». L'Allemagne
déclare ensuite la guerre à la Belgique. Le Royaume-Uni déclare qu’elle garantit la neutralité
belge, et réclame le lendemain que les armées allemandes, qui viennent de pénétrer en Belgique,
soient immédiatement retirées. Le gouvernement de Londres ne reçoit aucune réponse, et déclare
donc la guerre à l’Allemagne. Le 6 août, l’Autriche-Hongrie déclare la guerre à la Russie aux côtés
de l’Allemagne. Le 11, la France déclare la guerre à l’Autriche-Hongrie, suivie par l’Angleterre le 13.
5.1.1.1 - En France
Le 1er août 1914, vers 16 heures, la France décrète la mobilisation générale fixant le 1er jour au
Dimanche 2 août. Dès le premier jour, les troupes de couverture sont en mesure d'effectuer leur
concentration pour protéger la mobilisation et livrer les premiers combats. Les deux dernières
classes libérées du service rejoignent, individuellement, dans les 48 heures, les régiments d'active
qui se trouvent ainsi portés à leur effectif de guerre. Ces régiments perçoivent un équipement neuf
et leur matériel avant d'être embarqués pour leur destination initiale fixée par le plan de
concentration. L'évacuation de leurs quartiers permet de recevoir les hommes des unités de
réserve puis de la territoriale selon un calendrier et un horaire minutieusement établis dans les
journaux de mobilisation. Les unités de réserve sont destinées à renforcer l'armée de campagne.
En revanche, les hommes de la territoriale, âgés de 34 ans et plus, sont affectés à la défense des
places fortes, des côtes et des points stratégiques. Elles ne sont pas, en principe, destinées à
entrer en campagne. La mobilisation concerne aussi les propriétaires d'animaux de trait et de
certaines voitures attelées. Ils sont tenus de les déclarer à la mairie et reçoivent des indemnités
en cas de réquisition.
Les chemins de fer jouent un rôle capital dans la réussite des opérations : la mobilisation nécessite
10.000 trains, du 1er au 15 août. Pour la concentration, 5.000 « trains types », définis selon les
spécificités des unités de combat et de leur matériel, transportent sans les séparer troupes et
matériel.
Le réseau ferroviaire français couvre, en 1913, au total 50.232 kms (dont 40.428 d'intérêt général).
Ce n’est pas le plus important, celui de l’Allemagne s’étire sur 61.936 kms.
Les unités seront prêtes à embarquer selon le plan suivant :
 du 4e au 9e jour pour les corps d'armée normaux;
 du 9e au 12e jour pour les divisions de réserve (du 5e au 10e jour pour les 2 Divisons de
réserve du camp retranché de Paris);
 du 5e au 15e jour pour les divisions territoriales;
 le 3e jour à 18 heures pour les divisions de cavalerie.
Le 18 août, à la fin de la concentration, 3.580.000 hommes sont prêts ou se préparent à entrer en
campagne, à savoir :
 1.868.600 hommes sont incorporés dans les différentes divisions d’infanterie (940.000 dans active, 504.000 dans la réserve et 184.600 en territoriale), de cavalerie (52.500) et
dans les éléments d’armées (187.500) ;
 821.400 soldats sont en garnison dans les places fortes ;
 210.000 territoriaux assurent la garde des voies de communication ;
 680.000 hommes sont dans les dépôts en cours de préparation ;

65.000 hommes sont embarqués sur les différents bâtiments de la Marine.
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5.1.1.2 - 2 août 1914 : Les armées du Général Joffre
Lorsque, après quarante-trois ans de préparation, l’armée française se trouve à nouveau face à l’armée allemande, elle se présente à la bataille avec un commandement organisé, de grandes
unités constituées bien que manquant d’artillerie lourde, une doctrine nettement tournée vers l’offensive, une mobilisation et un plan de concentration soigneusement préparés .
L’armée de terre, à l’entrée en guerre, est structurée en cinq grands ensembles de
commandement combinés de manière hiérarchique et pyramidale.
Les trois premiers ensembles sont mis sur pied à la déclaration de guerre ou lorsque le besoin
s’en fait sentir, cependant ils sont prévus dès le temps de paix :
 le Grand Quartier Général (c’est l’état-major du généralissime, commandant les armées
françaises et autres troupes étrangères sous commandement français). Le G.Q.G c’est l’outil de commandement du général commandant en chef les armées, sitôt la mobilisation annoncée. Son autorité s’étend sur la zone des armées, sur le service des armées en campagne (décret du 2 décembre 1913), la zone de l’intérieur restant sous l’autorité du ministre de la Guerre. Au gré de l’évolution et de l’avancée du front, le G.Q.G. connaîtra plusieurs emplacements successifs : Vitry-le-François à partir du 5 août 1914, Bar-surAube (31 août 1914), Châtillon-sur-Seine (6 septembre 1914), Romilly-sur-Seine (28
septembre 1914), Chantilly (29 novembre 1914), Beauvais (10 janvier 1917), Compiègne (4
avril 1917), Provins (26 mars 1918), Metz (1er décembre 1918) puis à nouveau Chantilly
(29 janvier 1919). Dans tous les cas, la proximité de Paris restera primordiale car la liaison
avec le gouvernement est nécessaire et fréquente ;
 les groupes d’armées qui ne sont que des organes de commandement et de décision. Ils
ne comptent pas de troupes combattantes en leur sein mais possèdent des moyens de
transmissions pour diriger les échelons subalternes et des services divers ;
 les armées.
Les deux derniers échelons existent de manière permanente :
 les corps d’armées et corps de cavalerie ;
 les divisions d’infanterie et divisions de cavalerie (montées ou à pied).

Positions des armées durant les premiers mois du conflit





1e armée Gal Auguste Dubail (Vosges : 2 août 1914 - 5 janvier 1915)
2e armée Gal Édouard de Castelnau (Lorraine orientale : 2 août 1914 - 21 juin 1915)
3e armée Gal Pierre Xavier Emmanuel Ruffey (Lorraine occidentale : 2 août 1914 - 30 août
1914)
4e armée Gal Fernand de Langle de Cary (Aisne-Ardennes : 2 août 1914 - 11 décembre
1915)
e
5 armée Gal Charles Lanrezac (Ardennes-Belgique : 2 août 1914 - 3 septembre 1914)
A ces grandes cinq armées, il faut ajouter :
1) Armée des Alpes Gal Albert d'Amade appelée aussi « armée de Lyon » - 2 août 1914 - 17
août 1914 (date dissolution).
2) Armée de Lorraine – 17 août 1914 – 27 août 1914 (date de dissolution). Avec l’armée des Alpes, elle deviendra la 6e Armée.
3) Armée d’Alsace Gal Paul - 10 août 1914 - 28 août 1914 (date de dissolution) pour devenir le
Groupement des Vosges (dont fait partie le 295e R.I au sein de la 116e Brigade) rattaché à
la 1ère Armée puis le 8 décembre 1914 détachement d'armée des Vosges ou détachement
d'armée Putz qui deviendra le 4 avril 1915 la 7e armée.
http://www.atf40.fr/ATF40/documents/chapitre%201.pdf
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
Formations supplémentaires à la disposition du Général en Chef
La 44e division d'infanterie ;
Le 1er groupe de division de réserve comprenant les 58e, 63e et 66e divisions de réserve ;
Le 4e groupe de division de réserve comprenant les 51e, 53e et 69e divisions de réserve.
A cela viennent s’ajouter les 57e, 64e, 65e, 71 à 75e division de réserve affectées à la défense
Mobile des Places du Nord-Est.
N.B : La présentation ci-dessus du nombre d’armées et de leurs positions se veut qu’une simple « photographie » n’ayant de valeur que pour l’entrée en guerre. A cet égard, on peut évoquer la constitution des 6e et 9e armée commandées respectivement par les généraux Maunoury et Foch,
du 6 au 14 septembre 1914. Vous pouvez utilement consulter la page suivante :
Cf : L’ordre de bataille de l’armée française au début de la Première Guerre mondiale le 1er août
1914. (2012, août 19). Wikipédia, l’encyclopédie libre. Page consultée le 4 octobre 2012 à partir de
http://fr.wikipedia.org/w/index.php?title=Ordre_de_bataille_de_l%27arm%C3%A9e_fran%C3%A7a
ise_au_d%C3%A9but_de_la_Premi%C3%A8re_Guerre_mondiale_le_1er_ao%C3%BBt_1914&ol
did=82104786.
Tout au long du conflit, bien des Corps d’armée et/ou des divisions passeront ainsi d’une armée à une autre parfois que pour quelques jours. Des armées et des groupements d’armées seront créés
puis dissous selon les besoins du G.Q.G.
A titre d’exemple, considérant la 16e D.I (et donc le 95e R.I) rattachée organiquement au 8e C.A
lequel fait partie de la Ie Armée, il suffit de lister ses détachements du 2 août 1914 au 11 novembre
1918, pour se faire une idée plus précise sur l’ampleur des mouvements au sein de l’organisation des armées.
Ire Armée
 2 août – 15 septembre 1914
 24 septembre 1914 – 19 février 1916
IIe Armée
 16 – 18 septembre 1914
 26 février – 19 septembre 1916
 22 – 31 mars 1917
 26 avril – 26 juin 1917
IIIe Armée
 19 septembre 1914
 23 septembre 1914
IVe Armée
 20 – 22 septembre 1914
 19 janvier – 21 mars 1917
 1er – 25 avril 1917
Ve Armée
 27 juin 1917 – 26 juillet 1918
 27 juillet – 11 novembre 1918
Xe Armée
 28 novembre 1916 – 18 janvier 1917
D.A.L.
 20 septembre – 27 novembre 1916
Région Fortifiée de Verdun
 20 – 25 février 1916
http://fr.wikipedia.org/wiki/16e_division_d%27infanterie_%28France%29
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5.1.2 - L’armée britannique

Avant le déclenchement du conflit
Pour le recrutement de ses armées, l'Angleterre s'en tenait toujours au principe des enrôlements
volontaires. Les ressources en hommes militairement instruits dont disposait l'Empire britannique
étaient donc beaucoup plus restreintes que celles des grandes nations continentales.
Les effectifs auxquels cette puissance pouvait faire appel en cas de conflit s'élevaient en 1913 à
800.000 hommes environ, ainsi répartis :
 Armée régulière : 167.000 hommes;
 Armée des Indes: 76.000 hommes;
 Réserve régulière : 145.000 hommes dont 64.000 dans la milice;
 Armée territoriale: 315.000 hommes;
 Réserve spéciale : 78.000 hommes.
Cf : Ordre de bataille de la Force expéditionnaire britannique en 1914. (2012, juillet 22). Wikipédia,
l'encyclopédie libre. Page consultée le 25 juillet 2012 à partir de
http://fr.wikipedia.org/w/index.php?title=Ordre_de_bataille_de_la_Force_exp%C3%A9ditionnaire_b
ritannique_en_1914&oldid=81114956.
« L'armée britannique n'a eu recours à la conscription qu'en moments de crise. Entre août 1914 et
janvier 1916, en grande partie grâce à la propagande, les campagnes de recrutement ont incité
plus de 2.600.000 hommes à s'engager dans l'armée britannique mais les lourdes pertes ont
imposé l'instauration du service militaire obligatoire le 4 mai 1916. »
http://www.emilangues.education.fr/ressources-pedagogiques/sequences/disciplines-nonlinguistiques /lenrolement-des-jeunes-hommes-dans-l
« L’expression « armée britannique » englobe bien sûr les combattants issus du Royaume-Uni,
mais également ceux qui viennent des territoires britanniques d’outre-mer : Canada, Australie,
Nouvelle-Zélande, Afrique du Sud en particulier. Ces soldats ont rapidement acquis auprès des
états-majors, une réputation d’endurance et d’ardeur, ce qui explique leur implication dans nombre d’offensives, en première vague d’assaut. »
http://www.cheminsdememoire-nordpasdecalais.fr/comprendre-et-approfondir/armees/la-monteeen-puissance-de-larmee-britannique.html
« La puissance anglaise, c'était naturellement sa marine. Passée en revue par Georges V à
Spitehead le 18 juillet 1914, ce jour-là, elle aligne 24 dreadnoughts, 35 pré-dreadnoughts, 18
croiseurs cuirassiers et 100 autres navires. Quelques jours après, elle aura pour mission de
défendre les côtes françaises et britanniques et de poursuivre les escadres allemandes. »
http://rosalielebel75.franceserv.com/armee-britannique.html

L'armée anglaise est désignée dans le plan XVII sous l'appellation armée W
Extraits : « Sur ces disponibilités, le War Office avait prévu la formation d'un corps expéditionnaire
susceptible d'intervenir sur le continent. Les principales dispositions arrêtées, dès le temps de
paix, entre les états-majors, au sujet du corps expéditionnaire anglais, peuvent se résumer ainsi :
Trois ports ont été retenus : le Havre, Rouen, Boulogne, bases où doivent s'installer pendant toute
la durée des opérations les services de l'arrière de l'armée anglaise.
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Les éléments du corps expéditionnaire débarquant dans les ports y séjournent 36 heures; enlevés
en chemin de fer dans les gares qui desservent ces ports, ils suivent une ligne de transport
passant par Amiens et Busigny et débarquent en principe dans la zone Maubeuge, Busigny,
Hirson.
La zone de concentration a été déterminée de manière que chacune des grandes unités se trouve
à proximité de ses chantiers de débarquement et puisse prendre un dispositif de rassemblement
convenablement orienté dans la direction probable des opérations.
C'est ainsi que le grand quartier général cantonne au Cateau, les divisions d'infanterie stationnent
dans les régions de Fourmies, Sains, Avesnes, le Nouvion, Prisches, Wassigny, la division de
cavalerie autour de Maubeuge.
Ce rassemblement est couvert au nord par la place de Maubeuge, sur les flancs par la forêt de
Mormal et la région boisée de Trelon.
La force expéditionnaire devait être organisée avec les unités de l'armée régulière du RoyaumeUni, avec un effectif de 6 divisions d'Infanterie et une division de Cavalerie (soit 72 bataillons
d'infanterie et 14 régiments de cavalerie), avec des unités de soutien soit environ 70.000 militaires.
Les 7 divisions étaient commandées de façon centralisée par le Grand Quartier Général.
Au moment de la mobilisation, les Anglais pensaient qu'un débarquement allemand sur la côte Est
de l'Angleterre était possible. Ils ont donc décidé de retenir 2 divisions pour la défense de leur
territoire, et n'ont envoyé en France, début août 1914, que 4 divisions d'infanterie et une division
de cavalerie. Une cinquième division d'infanterie a finalement été envoyée à la fin du mois d'août
et la sixième au début de septembre.
Le terme British Expeditionary Force ou (BEF) est souvent utilisé pour faire référence, seulement,
aux forces présentes en France en 1914. Mais ce terme s'applique également aux troupes de
renforts qui composèrent les Première et Deuxième armées (puis les troisième, quatrième et
cinquième plus tard en cours de création dans la guerre). Toutefois, le nom est resté la désignation
officielle de l'armée britannique en France et plus particulièrement dans les batailles des Flandres
tout au long de la Première Guerre mondiale.»
Cf : Corps expéditionnaire britannique. (2012, juillet 21). Wikipédia, l'encyclopédie libre. Page
consultée le 25 juillet 2012 à partir de
http://fr.wikipedia.org/w/index.php?title=Corps_exp%C3%A9ditionnaire_britannique&oldid=810790
75.
Chaque division d'infanterie était composée de 3 brigades de 4 bataillons chacune (12 bataillons
au total). Chaque division d'infanterie était constituée de 18.073 hommes, tous grades confondus,
5.592 chevaux, 76 canons et 24 mitrailleuses.
La Division de cavalerie était composée de 12 régiments de cavalerie à 4 brigades. La Division de
cavalerie (sans compter la 5e brigade de cavalerie) avait 9.269 hommes, tous grades confondus,
9.815 chevaux, 24 canons de 13 livres et 24 mitrailleuses.
Un régiment de cavalerie contenait quatre escadrons et était doté de deux mitrailleuses, de même,
un bataillon d'infanterie figurant quatre compagnies et deux mitrailleuses.
Une batterie d’artillerie du Royal Horse (artillerie à cheval) comprenait 6 canons de 13 pouces, tandis qu’une batterie d’artillerie du Royal Field (artillerie de campagne) comprenait soit 6 canons
de 18 livres, soit 6 obusiers de 4,5 pouces . Une batterie lourde de la Royal Garnison comprenait 4
canons de 60 livres.
Chaque batterie avait deux wagons de munitions par canons, et chaque brigade d'artillerie, avec
ses propres colonnes munitions.
Chaque division reçue, par la suite, une Défense Antiaérienne (DCA) qui fut rattachée à la division
d'artillerie.
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
Force A
« La Force A était l'ensemble des troupes venant des Indes intégrées au C.E.B, les troupes
arrivèrent le 30 septembre 1914 à Marseille. Elle était formée de quatre divisions qui furent
regroupées en un Corps d'armée indienne, deux divisions d'infanterie et un Corps de cavalerie
indienne aussi à deux divisions. Elles étaient commandées par James Willcocks. Le corps de
Lahore fut en tête lors de la Bataille de La Bassée. La Force A fut démantelée et son infanterie
envoyée en Égypte en octobre 1915, la perte des officiers parlant et étant habitués aux troupes se
fit cruellement sentir, presque autant que le froid. La force A n'avait pas d'artillerie régimentaire,
manquait d'entraînement sur le matériel moderne. Seules les deux divisions de cavalerie restèrent
en France et servirent en soutient de troupes anglaises, servirent aussi démontées. Elles furent
retirées en mars 1918 pour aller aussi en Égypte.
Il y avait les Troupes du service impérial qui provenaient des états-princiers et regroupaient
principalement des soldats du Punjab, Rajputana, ou encore des Sikhs. Les troupes de l'Armée
des Indes étaient des volontaires plus spécialement recrutés dans les régions gouvernées par
l'Empire.
La Force A comptait plus de 130.000 soldats qui servirent en France et en Belgique.
1.300.000 indiens servirent dans l'Armée des Indes et plus de 9.000 y laissèrent la vie sur le front
occidental. »
Cf : Corps expéditionnaire britannique. (2012, juillet 21). Wikipédia, l'encyclopédie libre. Page
consultée le 25 juillet 2012 à partir de
http://fr.wikipedia.org/w/index.php?title=Corps_exp%C3%A9ditionnaire_britannique&oldid=810790
75.
Présentes en Flandre française depuis l’automne 1914, les troupes britanniques relèvent les
Français en Artois, au début de 1916, et assurent désormais la défense d’une large zone de front, qui s’étend d’Ypres, au nord, à la Somme, au sud ; alors qu’elles ne couvraient que 36 km du front ouest en avril 1915, elles en contrôlent 75 en septembre 1915, en prenant en charge la Gohelle,
jusqu’à Vimy, puis 85 au printemps 1916. Les Britanniques alignaient 10 divisions à la fin de 1914, ils en auront 59 à la fin 1916. De
secondaire, l’appui britannique à l’effort français devient déterminant pour la sauvegarde du front
ouest, à partir de l’été 1916.
http://www.cheminsdememoire-nordpasdecalais.fr/comprendre-et-approfondir/armees/la-monteeen-puissance-de-larmee-britannique.html
N’oublions pas le rôle de la Royal Navy lequel a été déterminant sur mer et notamment dans la
mise en place du blocus envers l’Allemagne, ni l’engagement des aviateurs anglais au-dessus du
sol français.

Etaples Military Cemetery
Extraits : « Le plus grand cimetière du Commonwealth en France domine l’estuaire de la Canche. Dans un enclos de six hectares, il abrite les restes de près de 11.500 soldats, issus de tout
l’Empire britannique, majoritairement décédés des suites de blessures ou de maladie au cours de la Première Guerre Mondiale.
C’est en effet là, sur une étroite bande de terrain à la sortie du port de pêche, que l’armée britannique crée à partir de 1915 ce qui deviendra le plus important complexe hospitalier de
l’époque. Au plus fort de ses activités, celui-ci rassemble une vingtaine d’hôpitaux totalisant 20.000
lits. Ces établissements se spécialisent : celui-ci traite les maladies infectieuses; cet autre reçoit
exclusivement les prisonniers allemands travaillant dans les bases arrière britanniques; un
troisième est réservé aux infirmières volontaires venues porter secours aux combattants blessés.
En 1917, l’ensemble hospitalier admet, chaque mois, jusqu’à 40.000 blessés ou malades acheminés par une douzaine de trains-ambulances quotidiens. »
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
Etaples : camp d’entraînement de l’armée britannique
« Dans le vaste ensemble logistique britannique qui s’organise sur le Littoral, les terrains disponibles au nord d’Etaples et situés à proximité d’une voie ferrée et de la route de Boulogne offrent des conditions idéales à l’établissement du plus grand camp d’entraînement de l’armée impériale en dehors de Grande-Bretagne. A peine débarqués à Boulogne, les soldats venant de
tout l’Empire sont regroupés dans ce camp pour subir un dernier entraînement avant de partir pour le front, en Flandres, en Artois ou dans la Somme. Le poète Wilfred Owen en parlera comme «
d’une sorte d’enclos où l’on parque les animaux quelques jours avant l’abattoir ». La dureté de l’entraînement et la brutalité des instructeurs créeront un climat de tensions entre les soldats et les autorités du camp qui aboutira au déclenchement d’une mutinerie le 9 septembre 1917. »
http://www.cheminsdememoire-nordpasdecalais.fr/visiter-les-sites/le-littoral-base-arriere-desarmees-alliees/etaples-military-cemetery.html
Étaples aurait aussi été, à partir d'un point de vue scientifique britannique, au centre de la
pandémie de grippe de 1918.
Le virologue britannique John Oxford, et d'autres chercheurs, ont suggéré que le camp d'Étaples
était au centre de la pandémie de grippe de 1918 (ou du moins d’un virus précurseur important). En effet, au cours de l'hiver 1915-16, il y avait une infection respiratoire mystérieuse à la base
militaire.

Bilan humain, pour tout le conflit, pour les forces britanniques
Par commodité de lecture, j’indique ici le bilan humain. Il est estimé à 885.138 tués et 1.663.435 blessés pour les forces britanniques dont 624.000 morts
aux combats et de 74.187 tués et 69.214 blessés dans les rangs de l'armée des Indes.
Cf : Forces armées britanniques. (2012, juin 17). Wikipédia, l'encyclopédie libre. Page consultée le
25 juillet 2012 à partir de
http://fr.wikipedia.org/w/index.php?title=Forces_arm%C3%A9es_britanniques&oldid=79875951.
N.B : Selon les sources, ces chiffres sont parfois différents.
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5.1.3 - L’armée allemande en quelques lignes
5.1.3.1 - Recrutement
dans le Reich Allemand
Extraits : « En temps de paix tout allemand était en devoir de service militaire depuis son 17e
jusqu’à son 45e anniversaire. Bien que le service dans l’armée en temps de paix ne débutait qu’à l’âge de 20 ans, lors de son 17e anniversaire le jeune allemand devient automatiquement
redevable de servir dans les Landsturm (défense du territoire). Tout homme de 17 à 20 ans
appartient au Landsturm 1ère classe.
Le service militaire dans l’armée commence pour la nouvelle recrue à son 20e anniversaire et
consiste en deux ans de service actif (trois ans pour la cavalerie et l’artillerie à cheval). A sa sortie, la recrue passe dans l’effectif de réserve (4 ou 5 ans), puis il est Landwehr (11 ans) et enfin
Landsturm 2e classe (7 ans). Chaque homme passe au Landsturm 2e classe le 1er avril de l’année de ses 39 ans.
En temps de paix, après le service militaire tout homme était en général appelé pour 2 périodes
d’entraînement par année durant la période de réserve. Après le Landwehr 2e classe, les hommes
étaient libérés de toute obligation militaire.
5.1.3.2 - Service
actif
Le contingent annuel ou “classe” comprend tous les hommes ayant leur 20e anniversaire durant
l’année en question. En temps de paix l’enrôlement préliminaire (“Musterung”) a lieu au printemps de chaque année. Les hommes y passent une visite médicale où ils sont déclarés aptes, inaptes
ou Ersatz-Reserve.
Ersatz Reserve: (Réserve supplémentaire) hommes déclarés aptes mais excusés pour raisons
familiales ou économiques. La création des Ersatz Reserve en temps de paix est due au nombre
important de jeunes conscrits dans les années d’avant-guerre, largement en excès des 200.000 à
300.000 recrues nécessaires chaque année pour le fonctionnement normal de l’armée et de la marine.
Pour les conscrits déclarés aptes à la visite médicale, l’enrôlement proprement dit a lieu le 1er
octobre de chaque année. Les hommes sont alors appelés à se présenter dans les “dépôts” (centres de recrutement) militaires de l’armée du Reich. »
Cf : Réalisé par Bertrand Jost et achevé le 19 novembre 2001.
Source d’informations principale: “German Army Handbook, April 1918”, introduction by David
Nash, published by Arms and Armour Press, London, 1977
http://bertrandjost.chez-alice.fr/Francais/Soldats_oublies/knobloch.htm
Extraits : « Au début de 1914, l'effectif total de l'armée allemande sur le pied de paix était de
870.000 officiers, sous-officiers et soldats. L’armée de terre, forte de 794.000 hommes, est
constituée de 25 Corps d'armée : le corps de la Garde, 21 corps d'armée numérotés de 1 à 21
(dont 19 prussiens et de Saxons) et 3 corps d'armée Bavarois qui englobent 48 divisions (dont 10
à 3 brigades d'infanterie au lieu de 2), soit :
669 bataillons d'infanterie, 547 escadrons de cavalerie, 663 batteries de campagne, 48 bataillons
d'artillerie à pied, 35 bataillons de pionniers, 29 bataillons de troupes de communication, 25
bataillons du train, plus des formations spéciales aux forteresses et des unités d'instruction. Par
suite du renforcement des effectifs du temps de paix, aucune unité de l'armée active ne
comprendrait, à la mobilisation, plus d'un tiers de réservistes appartenant, pour la plupart, à la
dernière classe libérée. En outre, le grand nombre de réservistes instruits permettait de mettre sur
pied de nombreuses formations de réserve solidement encadrées à l'aide d'officiers du cadre
complémentaire et réunies en grandes unités prévues dès le temps de paix, dont le
commandement devait être assuré par les officiers généraux du cadre actif employés dans les
inspections d'armes et de subdivisions d'armes.
Elle passe à 3.750.000 hommes après la mobilisation.
Didier Linard – Tous droits réservés – août 2013
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Contrairement à la France, les unités de réserve et de la Landwehr sont intégrées dans l'ordre
initial de combat. Groupées en «corps d'armée de réserve», elles sont mobilisées et concentrées
en même temps que les autres. La Landwehr correspond à la territoriale, elle se compose
d'hommes entre 32 et 50 ans. »
http://www.invalides.org/images/14-18-light%20fiches%20DRHAP/affiche%20mobilisation.pdf
Sur le front Ouest, l’armée allemande aligne 7 armées composées de :
 22 Corps d’armée active soit 44 D.I ;
 13 Corps d’armée de réserve et 2 divisions de réserve soit 28 divisions ;
 10 Divisions de cavalerie indépendantes ;
 6 Divisions d’ersatz (entrées en ligne à partir du 19 et 20 août) soit 17 Brigades.
 Bilan humain, pour tout le conflit, pour l’empire allemand
« Les chiffres des pertes militaires officielles allemandes durant la Première Guerre mondiale sont
de 1.900.876 dans l'armée, 34.836 dans la marine impériale allemande, 1.185 dans les troupes
coloniales. Il faut ajouter à ces chiffres 100.000 disparus ou présumés morts soit un total de
2.039.897 morts. On trouve d'autres estimations des pertes allemandes : Le War Office en 1922
indique 1.808.545 sans compter 14.000 conscrits africains de l'empire colonial allemand tués. »
Cf : Deutsches Heer. (2012, septembre 16). Wikipédia, l'encyclopédie libre. Page consultée le 18
septembre 2012 à partir de
http://fr.wikipedia.org/w/index.php?title=Deutsches_Heer&oldid=83065970.
4.247.143 militaires blessés sont comptabilisés.
L’empire allemand enregistre aussi 426.000 civils tués.
Cf : Pertes humaines de la Première Guerre mondiale. (2012, août 8). Wikipédia, l'encyclopédie
libre. Page consultée le 18 septembre 2012 à partir de
http://fr.wikipedia.org/w/index.php?title=Pertes_humaines_de_la_Premi%C3%A8re_Guerre_mondi
ale&oldid=81697226.
---o0o---
Didier Linard – Tous droits réservés – août 2013
81
VI ° - L’entrée en Guerre
6.1.1 - Dans le Cher
Extraits : Le titre de la "Dépêche du Berry", en date du 4 août, est des plus optimistes. Il est écrit :
« calme et confiante notre population se prépare à la guerre », avant un chapitre très cocardier
avec ces mots : « L'armée est enthousiaste et croit au succès de la France ».
« La soirée du samedi est fébrile à Bourges, la population se rend en masse à l'Hôtel des Postes
pour avoir des nouvelles sur l'ordre de mobilisation. Celui-ci arrive et "la confiance règne et un
esprit de décision remarquable est à signaler" écrit un journaliste. Au Grand Café, les officiers et
soldats, après le dîner, entonnèrent des chants patriotiques, avec l'aide de l'orchestre de
l'établissement. Le dimanche, alors que le temps est radieux, Bourges se transforme peu à peu en
véritable camp retranché, les militaires se rendent dans leur cantonnement, ils prennent tous les
établissements publics, la troupe occupe le cinéma, les garages automobiles et même le cercle
littéraire de la rue Moyenne, « toute la journée, c'est dans les rues de Bourges une animation sans
exemple ».
Bourges cité de l'armement et siège du 95e Régiment d'Infanterie va commencer à vivre, de
l'arrière, la première guerre mondiale. »
Cf : La guerre de 1914 – 1918 à Bourges par Roland Narboux
http://www.encyclopedie-bourges.com/ guerre14-18.htm
N’oublions pas que parallèlement à la mise en route du 95e R.I, la garnison de Bourges verra partir
aussi le 1er R.A.C (régiment d’artillerie de campagne) subordonné à la 16e Division d’infanterie et le
37e R.A.C (à 4 groupes de 75) régiment non endivisionné rattaché au 8e Corps d’armée.
Le Chef de Corps du 1er R.A.C.
http://jeanluc.dron.free.fr
Le département du Cher fournira, par ailleurs, à la mobilisation, une partie des effectifs du 295e R.I
(régiment de réserve du 95e), du 62e R.I.T (régiment d’infanterie territoriale) mais aussi de
plusieurs régiments (active et réserve) relevant du 8e Corps d’Armée. Didier Linard – Tous droits réservés – août 2013
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Pour le département de la Nièvre relevant, lui aussi, de la 8e région militaire, pensons aux 85e,
285e R.I et 61e R.I.T formés à Cosne-cours-sur-Loire et aux 13e R.I, 213e R.I et 64e R.I.T formés à
Nevers.
N’oublions pas non plus d’autres régiments Berrichons, les 68e, 90e, 268e et 290e R.I d’Issoudun, de Châteauroux et de Le Blanc (Indre) lesquels relèvent, à cette époque, de la 9e région militaire.
Si l’on tient compte simplement de nos deux départements du Haut et du Bas-Berry, ce sont donc
9 régiments qui ont été mis sur pieds, à la mobilisation, soit plus 26.000 hommes qui partent au
front dans la première quinzaine du mois d’août. D’autres attendent dans les dépôts et vont très rapidement les rejoindrent.
---o0o--Autant il est peu aisé de trouver des informations sur les R.I.T, autant sur les régiments de
réserve, il est possible de retracer un tant soit peu leur parcours. C’est ainsi que les 213e, 285e et
295e R.I formaient la 116e brigade d’infanterie laquelle était rattachée à la 58e Division constituée
dans la 8e région militaire à Dijon dès le 2 août 1914 à partir d'éléments provenant de Bourges,
Nevers, Chalon-sur-Saône, Mâcon, Autun, Cosne et Dijon. A la mobilisation, la 58e D.I faisait
partie du 1er Groupe de Réserve. En Juin 1917, elle sera rattachée au 8e Corps d’Armée.
Sur les parcours des 285e et 295e R.I, vous pouvez notamment vous reporter au site :
http://www.chtimiste.com/regiments/ligne251-300.htm
Globalement, ce qu’il faut retenir :
- ces régiments de réserve étaient constitués, à la mobilisation, à deux bataillons (numérotés 5 et
6) avec pour effectifs (exemple du 295e) : 37 officiers - 175 sous-officiers et 2.050 hommes de
troupe soit 2.262 militaires. Ils disposaient de 114 chevaux ;
- les 285e et 295e ne suivront pas le parcours des 85e et 95e ;
- en décembre 1915, le 285e R.I est dissous (Cf: l’attaque du 16 juin 1915 où le 285e enregistre la
perte de 652 hommes). Le 5e bataillon passe au 256e R.I, le 6e bataillon passe au 295e R.I. En
septembre 1917, le 213e sera lui aussi dissous.
Cf : Historique du 285e R.I., auteur anonyme – imprimerie Bourra, Boulevard de la République
Cosne - numérisé par Gilles Roland - http://www.pages14-18.com/
Le 9 juin 1918, lors de la Bataille du Matz (Oise), durant une attaque allemande (avec utilisation
des tanks, lance-flammes et gaz), par un épais brouillard, le 295e R.I (à trois bataillons) sera en
partie détruit. Il perd 46 officiers, 121 sous-officiers, 1.546 soldats. L’ordre n° 15.704 du GQG en date du 13 juin 1918 prononce la dissolution du régiment à la date du 18 juin 1918. Les survivants
sont ré-affectés dans les Corps des 131e et 151 Division d’Infanterie. Aucune cérémonie officielle n’est ordonnée (Cf : JMO du 295e).
---o0o--L’absence de certains manuscrits du JMO du 62e R.I.T, ne permet pas de reconstituer pleinement
les campagnes de ses 3 bataillons. Il est, un régiment de passage(s) notamment au sein du 1er
Bataillon pour soldats en attente de réaffectation après blessures, etc, de soldats déserteurs en
attente de condamnations voire d’exécution de peine !
Pour mémoire, Jacques Péricard est mobilisé, le 2 août 1914, au sein du 62e R.I.T lequel quitte
Bourges pour Gray cinq jours après le départ du 95e. Volontaire pour servir au 95e, il rejoint le
Régiment, le 22 septembre 1914, et est incorporé à la 6e Cie (Cf : Face à Face Jacques Péricard Corbeil, Imprimerie Crété). Evacué le 1er mai 1917 (motif non précisé), alors que le régiment est au
repos à Rembercourt et Sommaisme, de retour le 25 mai 1918, il quitte le 95e le 24 juin 1918 pour
la 16e D.I.
Il est titulaire de la Croix de guerre avec deux citations (en date des 10 août 1915 et 12 mai 1916).
Chevalier de la Légion d'honneur le 16 juin 1920, il est aussi titulaire de la Croix du combattant
volontaire et de la Médaille de Verdun.
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6.1.1.1 - Le
Cher, département à vocation militaire
Il me paraît utile, par souci de regroupement, là encore, de préciser dès maintenant que le
département du Cher, outre sa place prépondérante en matière d’aéronautique, a vu notamment, en 1915, la formation de 5 régiments d’infanterie. A savoir :
Le 408e R.I
Le 1er avril 1915, le Régiment (à trois bataillons) est constitué avec des éléments venus des
dépôts de la 8e Région Militaire. Il occupe les cantonnements suivants : Mehun sur Yèvre (Etatmajor et 1er Bataillon), Quincy et Preuilly (2ème Bataillon) ; Marmagne et Berry Bouy (3ème Bataillon).
Ses effectifs sont de : 43 officiers, 159 sous-officiers, 3.123 hommes de troupe.
Le régiment relève, avec le 409e R.I, de la 303e Brigade, de la 152e Division d’Infanterie, du 13e
Corps, d’avril à juin 1915 puis de la 120e Division d’Infanterie (qui vient de se constituer) de juin
1915 à novembre 1918.
Le 12 avril 1915, il rejoint son point de concentration Tricot (Oise) avant de rejoindre le front.
Le parcours du 408e R.I est lui aussi particulièrement riche en événements. Notons entre autres,
que le 2 mars 1916, le régiment, après relève du 44e R.I.T, occupe des positions autour du fort de
Vaux. Jusqu’au 12 mars, il va connaître de dures épreuves. Près d’un millier d’hommes sont mis hors de combat (Cf : Jmo du 408e R.I).
Principaux combats du 408e R.I. :
1916 Vaux Tavannes Eix (8-11 mars) Vermandovillers (17 août)
1917 Cote 304 (juillet-août) - bois le Chaume (Octobre- décembre)
1918 Janvier – mai : Vauquois, La Chapelle Hurlay - Chatillon-sur-Marne (30 mai) Bois de Courton
(15-18 juillet) Marfaux (20 juillet) Plateau de Soudans (29 septembre) Vouziers (13 octobre)
Plateau des Alleux (3 novembre)
Son Drapeau porte, brodées en lettres d'or dans ses plis, les inscriptions: Verdun 1916 - L'Aisne
1917 - Reims 1918 - Le Chesne 1918. Le 2 août 1918, il obtient la fourragère aux couleurs de la
Croix de guerre 1914-1918.
Vous pouvez utilement consulter l’historique du 408e R.I - Librairie Chapelot – Paris - numérisation:
P. Chagnoux – 2010, sur le site :
http://tableaudhonneur.free.fr/408eRI.pdf
Sur l’historique, l’état récapitulatif des pertes répertorie : 27 officiers, 85 sous-officiers, 112
caporaux et 978 soldats, soit 1.202 « Morts pour la France ».
Il existe un deuxième historique relatif au 408e R.I rédigé « en vers » par M. Alfred DAÜER
Instituteur à Aloxe-Corton (21) numérisé par Jean-Claude Poncet. Vous pouvez le consulter sur le
site :
http://ddata.over-blog.com/xxxyyy/0/06/55/53/408-ri/ri-408.pdf
Le 406e R.I
Par Circulaire Ministérielle n° 10160 1/11 du 16 juillet 1915, il est créé une nouvelle division active
de campagne à 4 régiments d’infanterie qui portera le n° 158. Les régiments sont numérotés 406,
419, 420 et 421.
En Août 1915, le 406e Régiment d'infanterie (à trois bataillons) se forme dans les régions de
Rouen, Orléans et Chartres avec des éléments venus des dépôts des 3e, 4e et 5e Région militaire.
Il est rattaché administrativement au dépôt du 150e R.I (Régiment originaire de Saint Mihiel replié à
Chartres).
Les compagnies sont à 2 officiers et 200 hommes de troupe. Les compagnies hors rang sont
uniquement composées d’hommes venant de la Territoriale. Enfin, il n’y a pas de musique.
Le 18 août, il arrive au camp d’Avord (Cher). Le 1er bataillon, la C.H.R, la Cie de mitrailleuses
cantonnent à Baugy. Les 2e et 3e Bataillon sont respectivement cantonnés à Saligny le Vif et
Villequiers.
Les bataillons des 3 autres régiments cantonnent dans les communes avoisinantes le camp
d’Avord. Le général Blanc est nommé à la tête de la 158e Division.
D'août 1915 à août 1916, le régiment formera, avec le 419e R.I, la 315e Brigade d’Infanterie commandée par le Général Ravenez. Le 406e R.I est commandé par le Lieutenant Colonel Renard
venant du 111e R.I.
Didier Linard – Tous droits réservés – août 2013
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Durant le séjour dans le Cher, les hommes du 406e R.I, pour parfaire leur instruction, vont créer un
champ de tir de « circonstance », à 2 km de Baugy, des travaux dits de campagne seront
effectués. En fait, chaque bataillon organise défensivement une position, creuse des lignes
successives de tranchées avec boyaux et postes d’écoute, abris de mitrailleuses, réseaux de fil de fer. Ils quittent le Cher le 15 février 1916.
Du 17 février au 29 mars, la 158e Div stationne dans le département de la Seine et Oise (région du
Vexin).
Du 6 avril au 16 juin, il est dans le département de l’Oise, région de Beauvais (Est de la ville), occupé à des travaux d’organisation d’une ligne de défense près de communes de Rémirangles, Bulles et de Fay Saint Quentin.
Du 20 juin au 15 août 1916, le 406e R.I cantonne notamment dans les communes, Arcy Sainte
Restitute, Beugneux (Sud est de la ville de Soissons), occupé à des travaux d’organisation d’une ligne de défense près de la localité de Maast et Vilaine (Aisne).
Par décision du G.Q.G n° 11029 en date du 14 août 1916, le régiment est dissous. Sans avoir
combattu (au sein du régiment) la majeure partie de l’encadrement et des hommes de troupe rejoindront les 24e et 205e R.I. (Cf : Jmo du 406e R.I).
Le 24e R.I est originaire de Paris et Aubervilliers (les 1er et 3e bataillon y sont casernés), le 2e
bataillon est à Bernay (Eure). Le 205e R.I est originaire de Falaise.
Les 419e, 420e et 421e R.I.
Les JMO des 419 et 420e R.I ne sont pas archivés. Sur le 419e R.I, en dehors des indications
portées au JMO du 406e, aucune autre information n’a été retrouvée. Pour autant, on peut
considérer que leur parcours, après formation, ont été identiques.
Le 420e a été créé en mars 1915 au dépôt de Hautefort en Dordogne avec des éléments venant
de Avesnes.
Le 421e est lui aussi rattaché administrativement au dépôt du 84e d’infanterie (originaire
d’Avesnes-sur- Helpe) replié à Hautefort en Dordogne. Il a été formé, à la date du 15 août 1915,
avec les éléments suivants :
e
 l’état-major du régiment et la compagnies hors rang, par la 12 région (siège à Limoges);
e
 la compagnie de mitrailleuses par la 9 région (siège à Tours) ;
e
 les éclaireurs montés (17 chasseurs) par la 9 région ;
er
e
 le 1 bataillon par la 12 région ;
e
e
 le 2 bataillon par la 9 région ;
e
e
 le 3 bataillon par la 17 région (siège à Toulouse).
e
Sur le JMO du 421 , on peut y lire les mêmes renseignements que ceux portés sur celui du 406e
(voir supra).
Le 20 août 1915, les hommes du 421e R.I arrivent (en 3 trains) en gare d’Avord. Les cantonnements sont les suivants : Etat-major, C.H.R et compagnie de mitrailleuses à Jussy
Champagne, 1er bataillon à Raymond, 2e Bataillon à Bengy et 3e Bataillon à Crosses et Vornay.
L’Etat-major de la 316e Brigade est à Savigny en Septaine. Celui de la 158e Division est installé à
Avord (Grand Aubilly).
Les 16 et 17 Février 1916, le régiment quitte ses cantonnements et s’embarque en cinq trains à
destination de Chars (Seine et Oise)
Les 419, 420 et 421e R.I sont dissous le 19 août 1916 en exécution de l’ordre no 11029 du général
en chef en date du 14 août 1916 et de la note de service no 647 c/4 du général commandant la
158e division d’infanterie en date du 22 août 1916.
Les troupes du 419e sont transférées aux 236e et 319e R.I pour former le 3e bataillon.
Les troupes du 420e sont transférées au 29e régiment d'infanterie d'Autun.
Le 19 août 1916, le 3e Bataillon du 421e R.I est dirigé sur Tricot pour être incorporé au 164e R.I.
Le 26 août 1916, les 1er et 2e bataillon du 421e R.I passent comme 4e bataillon respectivement au
228e et au 224e d’infanterie. La compagnie hors-rang du 421e fournit pour compléter celles des
224e et 228e régiments.
Les hommes n’ayant pas reçu d’affectation sont rattachés au dépôt du 84e à Hautefort.
N.D.R : Le 164e R.I est originaire de Verdun. A cette époque, il est subordonné à la 72e Division.
Les 224e de Paris, 228e de Evreux, 236e R.I de Caen et 319e R.I de Lisieux sont subordonnés à la
53e Division laquelle a durement été éprouvée au mois de Juillet dans la bataille de la Somme.
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6.1.1.2 - Bourges
et ses environs durant le conflit
Extraits : « Après la mobilisation, comme ailleurs, l’inquiétude des populations faute d’informations va grandissante. Les plus fortunés vont à la banque pour obtenir de l’or à la place des billets. Les
plus pauvres se plaignent de la hausse des prix, la cherté de la vie. Puis viendront les griefs sur
l’insubordination de la main-d’œuvre, sur les profiteurs et les nouveaux riches. Les réfugiés sont rapidement considérés comme encombrants.
Ville arsenal, Bourges voit sa population considérablement augmenter durant le conflit (de 46.000
en 1911 à 110.000 en 1918).
Parmi les nouveau venus, travailleurs étrangers (espagnols, portugais, etc) et travailleurs
coloniaux (Kabyles, marocains, tunisiens) sont nombreux. 1.200 travailleurs musulmans sont
présents à Bourges et travaillent dans les arsenaux. Des chinois travaillent au chemin de fer et
sont cantonnés à Mehun sur Yèvre. Leur présence sera émaillée d’incidents.
Des prisonniers de guerre polonais (venant de Galicie) ont préféré le travail aux champs dans les
campagnes environnantes au camp de prisonnier d’Hennebont (Morbihan).»
http://halshs.archives-ouvertes.fr/docs/00/12/52/29/PDF/ORLEANS99.pdf
Extraits des carnets de guerre de F. Lanoizelez (1915-1919)
Chroniques et témoignage d’un employé civil de la Fonderie de Bourges pendant le premier conflit mondial :
« C’est en 1860 qu’en raison de la position stratégique de Bourges, éloignée des frontières, est
prise la décision d’y implanter les Établissements militaires, avec une fonderie de canons et une fabrique d’explosifs. Cette vocation est confirmée après la défaite de 1870 ; au début du XXe siècle, on parle de «l’ABS» (Atelier de construction de Bourges).
Vers 1870, venant de Metz, est implantée l’École de Pyrotechnie (la « Pyro »).
Pendant la première guerre, le personnel augmente notablement dans les fabriques de canons et
d’obus de Bourges : d’un peu plus de 4.000 en 1914, il s’élève à 25.000 (dont 5.200 femmes) à la fin du conflit. A l’ABS, on édifie à la hâte des ateliers d’usinage, des quais et même une usine d’alimentation en eau ; les surfaces occupées sont multipliées par trois (par cinq à la Pyrotechnie).
L’électricité est fournie par l’usine de Mazières…
Pendant la guerre, les canons sortent à grande cadence ; on travaille vingt-quatre heures sur
vingt-quatre, souvent les jours de fête et le dimanche matin. Il sort de Bourges chaque jour 40
canons de 75 – il en sera produit au total plus de 3.000 exemplaires. La fonderie produit aussi le
65mm de montagne, le 155 de Rimailho, le 155 GPF du colonel Filloux, le 240 TR et le 370… Après la guerre sera entreprise la fabrication du 220 du colonel Tournier...
… Le canon de 75 revient souvent dans les carnets. Le 7 février 1915 a lieu « la journée du 75 » ;
on vend de petits drapeaux dans les rues, les journaux – comme Excelsior – lui consacrent de
nombreux articles. »
http://www.areteya.com/index.php?option=com_content&view=article&id=58&Itemid=63&9b256ce
9886f906453f521ecc5594455=fd78dbd9723b9cf80bb1d3c0a3473e6f
En outre, en 1918, quatre divisions américaines s'installèrent dans la périphérie de Bourges. Dès
lors, la ville devint le siège du "Central Record Office", (CRO), c'est à dire du centre chargé de
tenir à jour l'ensemble des dossiers du corps expéditionnaire américain. Le Central Post Office
(CPO) était associé au CRO et ce furent 6.000 militaires (plus 500 auxiliaires féminines anglaises)
qui séjournèrent dans la ville de Bourges pour ce qui fut appelé avec humour "la Bataille de
Bourges". Ils se sont installés à Marmagne (très exactement à Beauvoir) et Foëcy. Des journaux
paraissent alors pour les américains, comme le "Mehun News" qui est un périodique.
http://www.encyclopedie-bourges.com/guerre14-18.htm
Didier Linard – Tous droits réservés – août 2013
86
e
6.1.2 - Pour le 95 R.I
Comme nous l’avons vu supra, le 95e fait partie de la 1ere Armée « Dubail ». De fait, parti au 5e jour
de la mobilisation, le 7 août, il arrive à Châtel sur Moselle (région d’Epinal), base de concentration
qui lui a été préalablement désignée. Il y retrouve notamment les états-majors de la 16e Division et
de la 31e brigade ainsi que son régiment « frère » le 85e R.I parti de Cosne-cours-sur-Loire. Ils sont
rejoints par les 1er et 37e Régiment d’artillerie de campagne de Bourges. Sept jours plus tard, au sein du 8e Corps d’armée, ils participent, côte à côte, à la bataille de Lorraine. Elle est l'une des premières batailles de la Première Guerre mondiale qui oppose les
troupes françaises et allemandes. Elle fait partie de la phase connue sous le nom de "bataille des
frontières".
N’oublions jamais qu’ils partirent en guerre, durant l’été, ainsi vêtus et équipés !
Représentation type d’un fantassin de l’époque en l’occurrence du 103e RI (Paris) avec son sac à
dos havresac (as de carreau - modèle de 1893) :
Cf : Armée de terre française sur le front occidental en 1914. (2011, septembre 13). Wikipédia,
l'encyclopédie libre. Page consultée le 26 juin 2012 à partir de :
http://fr.wikipedia.org/w/index.php?title=Arm%C3%A9e_de_terre_fran%C3%A7aise_sur_le_front_
occidental_en_1914&oldid=69567238.
Pour découvrir en détail les équipements et effets des fantassins, l'artisanat de tranchée,
autrement appelé "l'Art du Poilu", facette moins connue de la vie quotidienne des Poilus, vous
pouvez notamment consulter le site :
www.lesfrancaisaverdun-1916.fr/uniforme-equipement.htm
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armés … du fusil d'infanterie 1886-93 dit Lebel
Ce fusil a une capacité de 8 cartouches de calibre 8mm qui se chargeaient une par une. Selon les
spécialistes, la France va entrer en guerre avec une arme périmée.
http://lepoiludelamarne.forumactif.fr/t125-les-armes-d-epaule-dans-l-armee-francaise
Extraits :
« Au 1er août 1914, il existait :
 2.880.000 fusils modèle 1886-93 ;
 220.000 carabines modèle 1890 ;
 384.000 mousquetons modèle 1892 ;
 772 fusils modèle 1907.
En plus, la France disposait de 1.260.000 fusils modèle 1874 et d’environ 100.000 fusils Kropatchek à répétition achetés en 1886… L'armée mobilisée comprenant 1.100.000 combattants
d'infanterie, il restait donc environ 1.700.000 fusils à l'intérieur…
… Au mois d'avril 1915, les pertes des huit premiers mois de la guerre étaient estimées à 700.000 fusils, chiffre assez difficile à évaluer exactement, car il y avait un incessant et double courant
d'armes évacuées vers l'intérieur pour réparations, et d'armes arrivant au front avec les renforts… Dès le début de 1916, la réserve en fusils atteignait 450 000 en avril… … D'autre part, nous avions été amenés à céder à des armées alliées, russes, serbes et belges un
nombre important de fusils. Ces cessions ont principalement porté sur les fusils Kropatchek
(80.000 fin 1915) et les fusils modèle 1874. »
Cf : Mémoires du Maréchal Joffre (1910-1917) – Tome second - Paris Librairie Plon Les Petits-Fils
de Plon et Nourrit Imprimeurs - Éditeurs - 8, rue Garancière, 6e - Copyright 1932 by Librairie Plon.
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appuyés … par le canon de 75 Modèle 1897
Caractéristiques principales : Longueur du canon 2.475 mm - Cadence de tir 20 coups/min (Max
28 coups/min) - Vitesse à la bouche 500 m/s - Portée pratique 6.500 m (tir fusant) Portée
maximale 8.500 m.
_____________
« C’est une pièce d'artillerie de campagne de l'armée française, qui est l'un des canons les plus
célèbres de tous les temps. D'une conception révolutionnaire pour son époque, il regroupe, en
effet, tous les derniers perfectionnements intervenus dans l'artillerie à la fin du XIXe siècle, à
savoir : l'utilisation de la poudre sans fumée, de la munition encartouchée, de l'obus fusant, d'un
chargement par la culasse selon le procédé Nordenfelt, et d'un frein de recul hydropneumatique.
Cette synthèse, en éliminant les dépointages lors des tirs, rendait enfin possible un vieux rêve des
artilleurs, le tir rapide. C'est grâce à ses caractéristiques qu'il fut surnommé le « canon roi ».
Devenu un emblème de la puissance militaire française, connu bientôt comme le soixante quinze,
voire notre glorieux soixante-quinze, il fait l'objet d'un culte de la part des militaires et patriotes
français, qui voient en lui une solution miracle à tout problème. Cet enthousiasme conduira à
négliger entre autres la modernisation de l'artillerie lourde, erreur qui sera durement payée lors de
la Première Guerre mondiale. En effet si le 75 est le meilleur canon de campagne de l'époque, il
est beaucoup moins à l'aise et utile dans une guerre de position, où l'on a besoin d'artillerie lourde,
pour atteindre les troupes retranchées. Il se distinguera néanmoins, en grande partie grâce à ses
servants qui paieront un lourd tribut.
La production de chaque élément du 75, est réalisée dans deux manufactures associées, mesure
prônée par Deville, pour favoriser une meilleure interchangeabilité des pièces de rechange. Les
canons sont fabriqués à Bourges et Tarbes, les affûts à Tarbes et à Tulle, les caissons à SaintÉtienne et à Châtellerault, et les glissières et freins, à Puteaux et Saint-Étienne. »
Cf : Photo ci-dessus : Modèle présenté aux Invalides : World Imaging{{Information
|Description={{en|1=Canon_de_75_front}} |Source=Own work by uploader |Author=PHGCOM,
photographed at the Musée de l'Armee |Date=2008 |Permission= |other_versions= }} <!-{{ImageUpload|full}}--> [[Category:Artillery of France http://fr.wikipedia.org/wiki/Canon_de_75_Mod%C3%A8le_1897
Pour celles et ceux qui s’intéressent à l’artillerie de l’époque, vous pouvez notamment consulter le site :
http://www.passioncompassion1418.com/Fichiers/Fiches_France.pdf
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N.D.R : Les mouvements de troupes sur routes et dans les gares, la venue de civils réfugiés des
zones de combat, la fabrication de l’armement avec de la main-d’œuvre extérieure, les transports de toutes sortes pour ravitailler tous ces hommes devaient générer une activité extraordinaire dans
le département du Cher. Il est difficile d’imaginer ce que pouvait être la perception de nos aïeux, par rapport à tous ces facteurs qui allaient modifier durablement leurs conditions de vie.
6.1.3 - Pour le fantassin allemand
Uniforme de sous-officier (Unteroffizier) du Régiment d'infanterie Nr. 13
http://www.ir23.org/kit/1-1914_ausmarch.html&usg=ALkJrhhGXtEmYpFaiaQB29NaEGtD_i6CQ#feldbluse
Extraits : « Bien qu'il ait été récemment équipé d'un uniforme moderne feldgrau, certains éléments
ont été transmis à travers une longue tradition militaire. Notamment le casque à pointe et les
bottes de marche au genou qui avait été en usage depuis des générations dans la Preußen
(Prusse).
La vareuse (M.1907/10 Feldbluse), avec une seule rangée de huit boutons dont le type de métal et
de la conception varie selon le régiment. La plupart des régiments d'infanterie avait le col rabattu,
le bord avant et les volets simulés de poche à trois boutons dans les queues ont été passepoilé de
rouge.
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Le pantalon (M.1907/10 Hosen), avec passepoil rouge pour dissimuler les coutures extérieures.
Le casque à pointe (M.1895), le dernier d'une série de casques similaires remontant à 1842.
Fabriqué en forme, en cuir bouilli, avec du laiton et des raccords pic, le Pickelhaube n'offraient
guère de protection. En campagne, la couverture du casque pouvait être un simple chiffon pour
cacher la plaque frontale qui varie selon le régiment et de l'Etat.
Les bottes de marche (M.1886 Marschstiefel) en cuir tanné, à côté chair.
La ceinture (M.1895 Koppel), en couleur naturelle du cuir, le Koppelschloß (boucle) varie en
fonction des origines ; dans le cas présent la Prusse, en laiton avec un cartouche métallique
portant la devise "Gott Mit Uns" (Dieu est avec nous).
Les cartouchières (M.1909 Patronentaschen) finition cuir brun. Le poids est distribué au moyen
d'un anneau monté derrière chaque poche triple, d'accrochage à l'avant de bretelles de
l'emballage Tornister.
Le sac à dos ou pack (M.1895 Tornister) était fabriqué à partir de peau de vache. Il avait a une
structure interne en bois. Il était conçu pour emporter notamment une tenue de travail, des
chaussures, des rations, des munitions de réserve supplémentaire, etc. L'arrimage externe était
composé du steingrau (M.1907 Mantel) (capote) et de la partie Tente / abri-trimestre (M.1892
Zeltbahn) en toile de couleur ocre.
La gamelle (M.1910 Kochgeschirr) en aluminium peinte en noir a été fixée au volet Tornister par
deux sangles messkit brunes (Kochgeschirrriemen).
La musette (M.1887 Brotbeutel) en tissu de couleur ocre. Elle est attachée à la ceinture par deux
sangles (en tissu) boutonnées et d'un crochet métallique central. Dans la musette sont rangés les
rations et les ustensiles de cuisine ainsi que de petits effets personnels.
La gourde (M.1907 Feldflasche) en aluminium est recouverte de tissu. Elle est accrochée à la
musette.
La pelle-bêche (M.1887 Schanzzeug), est fixée à l’aide d’une boucle et par un support de cuir; les sangles inférieures servent également au maintien du fourreau à baïonnette - ce fourreau est le
M.1898 en acier renforcé par du cuir. »
Armé … de son Gewehr 98 ou Mauser modèle 1898
http://www.armeetpassion.com/g98.html
« Le modèle 1898 de la firme Mauser, est le dernier descendant d'une lignée commencée au
début des années 1890. C'est un fusil à chargement par culasse, qui possède un magasin interne
de cinq coups, qu'on alimente par des lames chargeur. Il mesure un mètre vingt-cinq de long et
pèse 4,09 kilogrammes, chargé. L'arme a hérité du mécanisme de culasse, mis au point
progressivement par Mauser, ce mécanisme sera apprécié pour sa sûreté de fonctionnement et sa
robustesse. Il comprend une sécurité à trois positions à l'arrière de la culasse, à droite le percuteur
et la culasse sont bloqués, au milieu la culasse est libérée, mais pas le percuteur, ce qui permet
d'introduire une lame-chargeur en toute sûreté, enfin à gauche l'arme est prête à faire feu. En cas
de rupture de l'étui d'une cartouche, de larges évents ont été prévus pour évacuer les gaz, sans
risquer de blesser le tireur. Le levier de culasse est droit et l'extraction des étuis se fait avec peu
d'incidents grâce à un extracteur non rotatif sur le côté de la culasse. La munition utilisée est la
7,92 x 57 mm Mauser. »
http://fr.wikipedia.org/wiki/Gewehr_98
Luc Guillou, Mauser : fusils et carabines militaires, 2 tomes, Éditions du Portail, 1997 et 2004
Jean Huon, Le Mauser 98 et ses dérivés, Crépin Leblond, 2003
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Remarque : En France, nous aurons l'équivalent du Mauser 98 qu'avec le M.A.S. 1936 qui comme
l’année l’indique viendra beaucoup plus tard. Bien qu’ayant été progressivement remplacé par le fusil semi automatique MAS 49/56, le MAS 36, comme le fusil mitrailleur Mac. 29, était encore
présent, 50 ans plus tard, dans l’armement dit de Mobilisation. Ce n’est qu’avec l’arrivée du fusil d’assaut (Fa-Mas) que ces armes anciennes disparaîtront.
Appuyé … par son canon de 77
« Fabriqué par Krupp et RheinMetall à partir de 1904, ce canon de campagne constituait la grosse
partie de l'artillerie légère dans l'Armée Allemande, et c'est avec environ 5000 de c'est canons que
l'Allemagne entra en guerre. Un peu plus de 3.500 canons de campagne 77 FK 96 n/A étaient
encore en service a la fin de la guerre.
C'est une pièce moderne et performante, difficilement de la comparer avec sa rivale Française, la
seule différence était la portée inférieure d'environ 500 m avec les munitions classiques.
Toute une génération de canons dérivés de cette pièce d'artillerie fut commercialisée par l'industrie
Allemande, et exportée vers de nombreux pays avant le début des hostilités. Au début de la
guerre, les Turcs et les Bulgares reçurent beaucoup de ces pièces.
Les Allemands disposèrent pendant toute la durée de la guerre de leur bon canon de campagne
de 77 mm, au tube allongé pour une plus grande portée en 1916. Mais d'autres calibres furent
aussi utilisés en nombre pour leur artillerie de campagne, dont les fameux 100 et 105 mm. En
1914, ils disposaient en plus de 1934 canons de 76.5 mm (Autriche), 1260 canons de 105 mm et
de 420 canons de 104 mm (Autriche). »
http://armesettechnologie.hautetfort.com/tag/canon%20de%2077mm
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Sans oublier la …. Maschinengewehr 08 La MG08 est une mitrailleuse allemande du début du XXe siècle. Emblématique de la Grande
Guerre, elle reste la plus célèbre des Maxim. Elle fut inventée par l'Américain Hiram Stevens
Maxim et produite par les Arsenaux impériaux allemands. Elle fut l'une des principales
mitrailleuses utilisées par les Allemands pendant la Première Guerre mondiale. Lorsque la guerre
a commencé en Août 1914, environ 12.000 MG08 étaient disponibles dans les unités du champ
de bataille.
Côté français 5.000 mitrailleuses étaient en service de huit types différents.
Utilisant des munitions de calibre 7,92 mm Mauser montées bandes souples ou métalliques de
100/250 cartouches. Sa cadence de tir était de 500 coups par min. D’une longueur de 129 cm, son poids non chargé était de 22 kg et 68 kg (chargé).
Cf : Maschinengewehr 08. (2012, mai 27). Wikipédia, l'encyclopédie libre. Page consultée le 25
juin 2012 à partir de
http://fr.wikipedia.org/w/index.php?title=Maschinengewehr_08&oldid=79141723.
Bibliographie :
Mitrailleuses Bruce, Robert (1997). De la Première Guerre mondiale. Andain et Greene Ltd ISBN
1-85915-078-0 . Goldsmith, Dolf L. (1989) Paintbrush Le Diable : Gun Sir Hiram Maxim.
Publications de grade Collector. ISBN 0-88935-282-8 . Woodman, Harry (1997). Spandau Guns,
Windsock Mini-Datafile n ° 10. Albatros Publications Ltd ISBN 0-948414-90-1.
L'apparition des mitrailleuses modifie complètement le déroulement des opérations militaires, car
cette arme rend difficile, voire impossible, de se déplacer à découvert à sa portée. Paul Valéry
décrit ainsi en 1931 l'action de l'engin :
« Quatre hommes résolus tiennent mille hommes en respect, couchent morts ou vifs tous ceux qui
se montrent. On arrive à la conclusion surprenante que la puissance de l'arme, son rendement,
augmente comme le nombre même de ses adversaires. Plus il y en a, plus elle tue. C'est pourquoi
elle a eu raison du mouvement, elle a enterré le combat, embarrassé la manœuvre, paralysé en quelque sorte toute stratégie ».
Son usage pendant la Première Guerre mondiale participa à l'enlisement de la guerre des
tranchées. Les Allemands disposaient leurs mitrailleuses par paire, une de chaque côté de la
tranchée à défendre et visant une zone proche du milieu de cette tranchée. Ce tir croisé par le côté
provoquait un mur de balles très efficace contre les assauts d'infanterie en lignes et se révéla plus
efficace que le tir de face.
En outre, de par sa tenue moins visible et son Mauser avec un magasin interne de cinq coups
qu'on alimente par des lames chargeur, le fantassin Allemand possédait des avantages certains
sur le fantassin français.
La discipline de fer de l'armée du Kaiser et son excellent équipement décimera une partie de
l'armée française dans les champs de blé de l’été 1914. Ce qui rapidement dissipera toute illusion
sur la préparation de l'Allemagne à la guerre.
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6.1.4 - Le début des offensives
6.1.4.1 - L'offensive
allemande
Extrait : « Le chef d’état-major allemand Helmut von Moltke applique le plan Schlieffen. Le 4 août,
l’Allemagne envahit la Belgique et le Luxembourg. L'attaque éclair en Belgique, au début du mois
d’août, rencontre une résistance acharnée de l'armée belge de campagne et des forts autour de Liège, les Allemands pénétrant en Belgique à partir d’Aix-la-Chapelle. Le roi Albert Ier lance un
appel à la France et au Royaume-Uni. L'opinion publique accuse les Allemands de se livrer à des
atrocités, d'exécuter des civils et de couper les mains des prisonniers pour qu'ils ne puissent plus
se battre.
L'Angleterre, qui s'était jusque-là tenue à l'écart et considérait n'avoir rien à faire d'un conflit entre
continentaux, ne tolère pas l'invasion d'un pays (la Belgique) auquel la lient d'étroites relations
politiques et économiques. Le jour même, L'Angleterre déclare donc à son tour la guerre à
l'Allemagne. C'est une amère surprise pour l'empereur d'Allemagne, petit-fils de la défunte reine
Victoria, qui avait espéré que Londres resterait à l'écart du conflit. »
http://www.herodote.net/histoire/evenement.php?jour=19140803
6.1.4.2 - L'offensive
française
Extrait : « Lorsque la Première Guerre mondiale éclate en 1914, le plan XVII est mis en pratique et
donne rapidement lieu à un échec cuisant. La défense de l’Alsace Moselle par l'armée allemande
s’avère de bien meilleure qualité que l’envisageaient les généraux. Après quelques semaines, les Français se retrouvent à leur position de départ pendant que les
Allemands avancent en Belgique et en France en suivant le plan Schlieffen.
Le retrait de troupes allemandes du front occidental pour aller supporter le front oriental contre les
Russes permet aux Alliés d’arrêter les Allemands devant Paris à la première bataille de la Marne.
La principale offensive française au sud, connue sous le nom de bataille de Lorraine, commence le
14 août lorsque la Ie Armée du général Auguste Dubail marche sur Sarrebourg alors que la IIe
Armée du général de Castelnau se dirige vers Morhange. Les Français y sont attendus par les VIe
et VIIe Armées allemandes réunies sous le commandement du Kronprinz Rupprecht. Le Kronprinz
doit engager le combat avec les forces françaises pour les fixer au centre, pendant que l'aile droite
de l'armée allemande, dans le cadre du plan Schlieffen encercle ses adversaires. Les troupes
allemandes qui ont une doctrine d'emploi des mitrailleuses beaucoup plus efficace que celle de
l'adversaire, infligent de lourdes pertes à l'infanterie française. Après quelques succès initiaux qui
permettent aux deux armées françaises de pénétrer d'une vingtaine de kilomètres à l'intérieur du
territoire allemand, l'offensive française s'arrête.
6.1.4.3 - La
contre-offensive allemande
Le Kronprinz Rupprecht, déçu par le rôle uniquement défensif qui lui a été assigné, demande à
ses supérieurs la permission de contre-attaquer. Le 20 août, la contre-offensive débute. Elle
contraint Castelnau à ordonner à ses troupes de se retirer de Morhange et force la Ie Armée à
évacuer Sarrebourg. Les Allemands ne s'arrêtent pas à la frontière et continuent leur progression
pour essayer de prendre Nancy. Le 20e Corps de Ferdinand Foch parvient à défendre Nancy sur
le Grand Couronné avec succès, mettant fin à l'offensive allemande. L'issue de la bataille est
incertaine jusqu'au 24 août, jour où la bataille de la trouée de Charmes, une offensive allemande
d'ampleur réduite est lancée. Les Français ont cependant été alertés par des observations
aériennes et la progression allemande est négligeable. Le jour suivant, une contre-attaque
française récupère ce qui a été perdu la veille. Les combats continuent avec les batailles du Grand
Couronné et de la Haute Meurthe jusqu'à la mi-septembre, lorsque les premières tranchées sont
creusées. »
Cf : Bataille de Morhange (1914). (2012, juin 16). Wikipédia, l'encyclopédie libre. Page consultée le
27 juin 2012 à partir de
http://fr.wikipedia.org/w/index.php?title=Bataille_de_Morhange_(1914)&oldid=79849079.
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6.1.5 - Invasion - Exode
6.1.5.1 -
L'exode des Belges vers la France
Extrait : « Pour les civils, l'invasion constitue un moment de particulière vulnérabilité. Lorsque les
mesures d'évacuation n'ont pas été anticipées ou n'ont pu être mises en œuvre, les civils, leurs
espaces de vie et leurs biens sont exposés aux effets directs et indirects des opérations militaires.
Ils deviennent la cible de violences délibérées exercées par les troupes d'invasion. Exécutions,
viols, prises d'otages s'accompagnent de pillages et de saccages, les atteintes aux personnes et
aux objets s'inscrivant dans une étroite continuité. Sur tous les fronts de la Grande Guerre, les
populations civiles se sont vues exposées à cette violence d'invasion. Sur le front Ouest, les
troupes allemandes pénètrent dans les territoires envahis, avec la certitude de devoir affronter une
résistance armée des populations belges et françaises : dans les représentations des soldats et
officiers allemands, le mythe du franc-tireur alimente l'image d'une population civile conduisant une
guérilla cruelle contre les troupes allemandes aux moments de plus grande vulnérabilité.
Dès le 8 août 1914, les treize régiments allemands ayant participé à l'attaque de Liège font preuve
d'une violence à la mesure de leur appréhension. Dans la petite localité belge de Dinant, les
exécutions de masse et l'emploi des civils comme boucliers humains entraînent le décès de 674
personnes, soit 10% de la population totale. La destruction des bâtiments publics, des archives et
des richesses artistiques accompagne l'anéantissement presque total de la ville. Ces violences
d'invasion conjuguent, d'une part, l'expérience de vulnérabilité physique éprouvée par les
combattants et une représentation profondément anxiogène des populations ennemies et, d'autre
part, un vécu de puissance, lié au port des armes, et d'impunité, induit par l'effondrement des
normes ordinaires de contention de la violence. Effroi et violence sont alors retournés contre les
civils désarmés.
Au total, entre août et octobre 1914, 6.500 civils belges et français sont exécutés et 20.000
immeubles détruits. »
http://www.ladocumentationfrancaise.fr/dossiers/premiere-guerre-mondiale/sort-civils.shtml
Extrait : « Ces exactions sont commises sur ordre de la hiérarchie militaire, qui conserve le
souvenir des francs-tireurs de la guerre franco-prussienne de 1870 ! Dès avant l'invasion, les
troupes ont été préparées à faire face à ce danger qui, dans les faits, s'avèrera inexistant.
Les crimes inqualifiables qui en résulteront vont à leur tour se graver dans la mémoire des Belges
et des habitants du nord de la France. Lorsque, 26 ans plus tard, la Wehrmacht envahira à
nouveau leur pays, ils s'enfuiront vers le sud, poussant devant eux les autres populations dans un
exode sans issue. »
http://www.herodote.net/histoire/evenement.php?jour=19140803
6.1.5.2 - L'exode
des belges et des français
Extraits : « Entre août 1914 et le printemps 1915, quelques 684.000 Français auraient fui devant
l’ennemi. Au total, ce sont plusieurs millions de Français et de Belges qui ont été déplacés pendant le conflit. Ces chiffres ne concernent toutefois que le front occidental. D’autres civils en Italie ou sur le front Est ont également dû fuir les zones de combat… Les flux les plus nombreux partent des communes proches des combats ou situées sur les
grandes routes et sont dirigés vers les grands ports de la Mer du Nord. A Dunkerque, plus de
10.000 réfugiés quittent la ville par bateau. 50.000 personnes quittent Calais. Beaucoup
d’habitants des régions envahies se dirigent également vers Paris d’où ils repartent vers la moitié ouest de la France…
En 1918, en France, ce sont encore 2 millions de réfugiés, essentiellement originaires du Nord et
de l’Est, qui vivent loin de chez eux… »
http://expositionvirtuelle.memoire1418.org/explorer/les-deplacements-de-civils/exode-14/lexodedes-belges-et-des-francais.html
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Prises d’otages, exécutions, exactions, emploi des civils comme boucliers humains, déportations
ont été pratiquées sur le territoire français par les troupes allemandes. De nombreux récits
témoignent des faits. Un quart de siècle plus tard, l’armée allemande récidevera partout en Europe.
« Effaçons la haine mais conservons le souvenir »
(Inscription sur la plaque à l’entrée de la Citadelle de Sedan où ont été enfermés et exterminés
des patriotes français)
---o0o---
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96
En hommage aux combattants du 95e R.I
Ils n’étaient pas tous originaires du Cher.
« Aux 12.912* hommes ayant servi au sein du Régiment durant le conflit dont 8.617* furent tués,
blessés, portés disparus ou faits prisonniers. N’oublions pas non plus les combattants évacués du
front, pour avoir été gazés, pour maladie(s) qui fragilisés décéderont prématurement. Autant de
vies écourtées pour lesquelles ne nous possédons aucune donnée ».
e
(* Chiffres comptabilisés à partir du Jmo du 95 R.I - sauf erreurs ou omissions dans les enregistrements)
Vue de la couverture du 1er livret du Journal des Marches et Opérations du 95e R.I
http://www.memoiredeshommes.sga.defense.gouv.fr/jmo/ead.html?id=SHDGR__GR_26_N_II
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97
Instruction dactylographie insérée au JMO pour la rédaction des historiques
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VII° - TRANSCRIPTION
6 août 1914
Le 95e Rgt d’Infanterie fourni à 3 Batons quitte Bourges le 5e jour de la mobilisation et est
enlevé par trois trains pour être amené sur la base de concentration :
1° - Etat Maj. CHR. 1e Btn à 20 h 25’
2° - 2e Bataillon
à 23 h 59
3° - 3e Bataillon
à 3 h 59 (7 Août)
L’effectif et les cadres du régiment sont donnés par les tableaux suivants :
Effectif du régiment
Officiers (active & réserve) : 55 (sur les 113 officiers de l’effectif réglementaire)
Troupe (active & réserve) : 3328
Chevaux (de selle, de trait, de bât) : 190
Etat nominatif des officiers
Etat-major
M. M. Tourret, Colonel, Commandant le régiment
De Chaunac de Lanzac, Lieut-Colonel
Ollivier, Capitaine adjoint au Colonel
Vidal, sous-lieutenant, officier de détails
Raimbault, lieutenant, officier d’approvisionnement
Galtier, sous-lieut de réserve, stagiaire d’un an chargé du service téléphonique
Dessaux, Lieut- de réserve, porte-drapeau
Mangenot, médecin major de 1e cl. Chef de service
Brault, sous-chef de musique, comt la musique (le chef de musique malade est
maintenu au dépôt).
Potier, Lieutenant, chef de la 1e son de mitr.
Liévin, Lieutenant, chef de la 2e son de mitr.
Baumann, Lieutenant, chef de la 3e son de mitr.
1e Bataillon
de Bibal, chef de bataillon,
de la Hosseraye, S/Lt de cavalerie, adjoint
Séchan, médecin A.M* de 1e classe
(* A.M : abréviation de aide-major)
1e compagnie
De la Ferrière, capitaine
Rayel, S/Lt
Fonteneau, S/Lt de R.
3e compagnie
Charpenet, Capitaine
Lépineux, Lieut
Guiotat, S/Lt de R. (des mines)
2e compagnie
Cournot, Capitaine
Lamande, Lieut.
Blanchot, S/Lt (St Maixent nouveau promu)
4e compagnie
Fouré, Capitaine
De Fressiniat, S/Lt
Thomas, S/Lt (St Cyr nouveau promu)
2e Bataillon
Blavet, Chef de bataillon
Lévy, médecin A.M de 2e Cl de réserve
Badoz, Sous-officier de cavalerie adjoint
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5e compagnie
7e compagnie
De Méru, Capitaine
Audebert, S/Lt
Dumont, Lieutenant de R. stag.
De la Source, Capitaine
Quinquet, Lieutenant
Eucharis, S/Lt (St Cyr nouveau promu)
6e compagnie
Bouvier, Capitaine
Fuchs, Lieut.
Allegrini, S/Lt (St Cyr nouveau promu)
Descolas, S/Lt de R. (mines)
8e compagnie
Bourne, Capitaine
Jallas, S/Lt de R. (Mines)
Mignardot, S/Lt de R.
3e Bataillon
Varay, chef de bataillon,
Eschbach, médecin A.M. de 1ère classe de réserve
Rosette, sous-officier de cavalerie adjoint
9e compagnie
du Couëdic, capitaine
Rolin, S/Lt
Bouchonnet, S/Lt de R.
10e compagnie
Sallé, Capitaine
Raulin, Lieut
11e compagnie
Barat, Capitaine
De la Hosseraye, Lieut
Bajard, S/Lt (St Cyr nouveau promu)
12e compagnie
Giot, Capitaine
Condaminat, S/Lt (St Cyr nouveau promu)
Merlin, S/Lt de réserve
7 Août
20h20
L’Etat-Major, CHR, le 1e Bataillon débarquent à la gare de Châtel – Noméxy. Ils cantonnent
à Noméxy.
8 Août
6h
L’Etat-Maj du Regt. CHR, le 1e Bataillon (Etat-Major, 1e et 2e Cies) quittent leurs
cantonnements de Noméxy pour se poster sur Hadigny-les-Verrières, les 3e et 4e Cies sur
Châtel s/Moselle où ils cantonnent. Le 2e Bataillon débarque à la gare de Chatel-Noxemy et
h
12 arrivent à 12 h à Hadigny-les-Verrières où il cantonne.
Situation générale
Prise de Mulhouse par le 7e corps d’armée français.
9 Août
6h
Le 3e Bataillon débarque à la même gare et va cantonner à Pallegney (Et. Maj. 3 Cies) et à
Vaxoncourt (1e Cie). Le Régiment couvre ses cantonnements par trois postes sur la ligne
349 – Bois de Domèvre – Domèvre s/ Durbion. La 2e Cie fournit les postes 349 et Bois de
Domèvre. La 9 Cie le poste de Domèvre sur Durbion.
Le Régiment stationne dans les mêmes cantonnements que le 8 Août. La 7 Cie relève la 2
Cie dans ses postes, la … Cie relève la 9 Cie
h
14 Le Régiment reçoit l’ordre d’opération ….. la 16e Division se portera dans la nuit de ses
cantonnements sur la Moselle, à la Meurthe ; direction générale Chatel, Moriville,
Haillainville, Deinvillers, Domptail, pour atteindre la Meurthe sur le front Flin – Glonville. Le
Régiment avec 1 peloton de cavalerie et la compagnie 8/2 du génie formera un flanc-garde
sur la droite de la Dion suivant la ligne Hadigny – Ortoncourt – St Maurice s/M – Fontenoy la
Joûte pour atteindre la Meurthe à Glonville.
23h à 23h30 Passage des différents éléments du régiment à 370 PI de la ………
Situation générale
Contre-offensive allemande en Alsace. Repli français.
Didier Linard – Tous droits réservés – août 2013
100
10 Août
Le Régiment reçoit l’ordre n° 1, ordre préparatoire de la 16e division.
h
15
L’ordre d’opérations pour la journée du 10 prescrit le mouvement en avant sur la Meurthe, la
h
17 16e division à droite du corps d’armée atteindra la ligne Glonville – Flin. Le 95e sera en
flanc-garde de la division (ordre n° 2 de la 31e brigade).
19h30 Toutes les heures prescrites sont avancées de 6 heures.
5h Stationnement en halte gardée à Xaffévillers (3e, 1e Btns) Ménarmont (2e btn)
8h Reprise du mouvement en avant.
h
11 50 - 13h Arrivée du régiment à Glonville – Installation du cantonnement.
Le 2e classe Chambraud (3e Cie du 95e R.I) évoque avec précision dans son récit, la
pénibilité de la marche que sa compagnie effectue pour atteindre le cantonnement prévu, et
avant de connaître le baptême du feu. (Almanach du combattant 1973).
Extraits : « Parti de Bourges le 5 août 1914, après deux jours de chemin de fer, le 95e R.I.
débarque à la petite gare de Châtel-Nomexy dans les Vosges, à environ 15 km au nord
d’Épinal. La 3e compagnie cantonne dans une usine pendant deux nuits.
Le 9, sac au dos, vers 22 heures nous démarrons, destination inconnue. Nous marchons
toute la nuit et, après une trentaine de kilomètres, à la pointe du jour, le 10, pause café.
Nous n’avons pas de cuisines roulantes, chaque escouade fait son « jus ». La pause se prolonge et, tout en somnolant au bord de la route, nous pensons que les fourriers
préparent les cantonnements. Déception…ils apportent l’ordre de repartir.
On avance, mais à la fatigue de la nuit, à la surcharge de cartouches que nous venons de
recevoir (128 chacun en plus des 96 de notre dotation réglementaire) s’ajoute une chaleur accablante qui s’emmagasine sous nos képis, sous nos pantalons rouges et sous nos
capotes bleues de bon drap neuf, bien épais. Vers 10 ou 11 heures, grande halte ; on
mange sans appétit ; les jambes sont raides, les pieds font mal, les épaules sont meurtries
par les courroies du « barda » (sacs, cartouchières, musettes, bidon, fusil) ; tombant de
sommeil, on reste inertes, allongés le long du talus. Cependant, lorsque arrive l’ordre de repartir, chacun reprend sa charge sans trop récriminer, d’autant moins que nous arrivons bientôt au cantonnement, nous dit-on. En effet, après 7 ou 8 kilomètres, dans un petit
village dont j’ai oublié le nom, nous formons les faisceaux ; des granges nous sont
affectées. Enfin, nous allons pouvoir nous reposer !…Sans plus attendre, torses nus, nous nous précipitons sous la pompe-abreuvoir du village ; quelle est bonne cette eau fraîche
des Vosges !… Déjà nous nous sentons mieux et chaque escouade se met en devoir de faire sa popote ; sur des foyers improvisés entre deux pierres, celle-ci commence à cuire
lorsque vers 13 heures, le colonel Tourret, commandant le 95e R.I., passe à cheval dans les
rues en disant : « Pressez-vous, nous repartons à 16 heures ! » Le bruit court qu’entre les Allemands et nous il n’y a qu’un faible rideau du 17e bataillon de chasseurs à pied, qui
luttent pour retarder leur avance, mais qu’ils sont débordés et que nous pourrions bien avoir à nous battre avant le soir. Nous allons les renforcer et les relever.
La marche reprend, irrégulière, saccadée, tantôt sur route, tantôt dans les champs, tantôt
en colonne de route, tantôt en marche d’approche. Avec mes camarades d’active, fortement entraînés, nous tenons encore le coup, mais les réservistes qui ont rejoint le régiment à la
mobilisation, ayant quitté du jour au lendemain leurs labours, leurs bureaux, leurs magasins,
alimentés ou trop ou trop peu, tombent épuisés les uns après les autres ; ceux qui,
soutenus, encouragés par leurs camarades, font un effort surhumain pour garder leurs fusils
et pousser leurs pieds l’un devant l’autre, jettent au bord de la route ou dans les champs les
sacs qu’ils ne peuvent plus porter.
S’il nous fallait nous battre dans de telles conditions, nous lutterions jusqu’à la dernière cartouche et nous nous ferions tuer sur place ; ce ne serait pas du courage, nous n’aurions
pas la force de reculer, pas plus d’ailleurs que de poursuivre, le cas échéant ; mais
personne ne songerait à se rendre, telle était alors la mentalité générale.
Enfin, vers 20 heures, à bout de forces, sans avoir rencontré d’Allemands, sans avoir reçu ni coup de fusil, ni obus, nous arrivons au petit village d’Hablainville, à environ 10 kilomètres au nord de Baccarat. Cette fois, c’est le cantonnement. Depuis le départ de Châtel, en 22 heures, nous avions parcouru environ 65 kilomètres. »
http://jadier.canalblog.com/archives/2010/02/16/16939875.html
Didier Linard – Tous droits réservés – août 2013
101
Situation générale
Du 10 au 13 août, incursion de la 7e Armée allemande en Lorraine et occupation de la
région de Blâmont et Badonviller. Les premiers avions allemands survolent les troupes
françaises.
11 Août
6h50
10h50
11h
14h10
Reçu du Colonel Ct la 31e Bde l’ordre n° 1 pour le ravitaillement.
Renseignement n°3 du Colonel Ct par intérim la Bde pour l’engagement
Ordre n° 1 envoyé d’Hablainville. Ordre d’engagement n°1 envoyé au Colonel Ct la 31e Bde.
Ordre envoyé à la 2e Cie d’envoyer une section comme soutien d’artillerie.
Renseignement n° 1 envoyé par le Lieutenant chargé du téléphone.
Situation au 95e
Les premiers coups de feu avec l’ennemi sont échangés dans la matinée, entre un poste de
la 11e Cie (Barat), à Ogevillers et des patrouilles allemandes. Le sergent Néron abat luimême un uhlan d’un coup de fusil. Situation générale
La France déclare la guerre à l’Autriche-Hongrie.
En Lorraine, l’armée française (15e C.A. et 2e D.C.) subit un échec sanglant.
12 Août
6h10
6h30
6h35
6h40
8h20
9h10
9h40
10h
12h10
13h10
Reçu l’ordre général de la division pour le ravitaillement en viande.
Reçu l’ordre n° 1 du Colonel Ct la Brigade.
Ordre n° 2 au 1er Btn.
Ordre n° 3 au Colonel du 95e.
Renseignement n° 1 du Comt du 2e btn
Renseignement n° 2 du Colonel Ct la brigade
Ordre n° 5 du colonel au Lt Colonel du 95e.
Ordre du Colonel Ct la brigade au colonel Ct le 95e.
Ordre n° 6 du Col Ct la brigade
Renseignements reçus de la brigade pour les cantonnements.
Renseignement n° 3 du Ct Varay au Colonel
Situation internationale
Mobilisation générale en Russie.
13 Août
6h00
6h20 Ordre n° 1 relatif à l’A.G de la 16e div reçu à Hablainville.
6h35 Renseignement n° 1 suivant reçu à Hablainville et envoyé par le Ct Varay du 3e Btn
Ordres donnés par le Colonel aux chefs de btn et chefs de service à la suite de l’ordre 16h45 envoyé par la brigade.
Le 1er btn est aux avant-postes et envoie des renseignements du Ct de la 4e Cie sur
h
18 35 l’installation de grandes gardes et sur la reconnaissance des gués de la Verdurette.
Le 2e btn passe aux avants-postes à Ogévillier et le commandant envoie le compte-rendu n°
h
18 40 2 d’installation de ces A.P.
Le régiment reçoit l’ordre préparatoire de la brigade ordonnant l’offensive pour demain.
Bataille des frontières (14 au 25 août 1914)
14 Août
4h30
4h40
5h
5h40
6h30
Le Commandant du 2e btn envoie le renseignement (a) au colonel Ct le régiment sur la
situation à la suite de la nuit passée aux A.P et sur la blessure de M. le Capne de Méru Ct la
5 Cie et signale la belle conduite de l’adjudant Jacquet qui, sous le feu de l’ennemi, est allé relever le corps d’un homme de sa Cie qui venait d’être tué.
Le Colonel envoie au commt du 2e btn l’ordre n° 2 annulant son premier ordre d’opérations.
Ordre n° 1 de la brigade transmis au Ct Varay qui doit garder la gauche de l’A.P/16 vers la côte 307 au N. d’Hablainville.
Le Ct du 2e btn envoie le renseignement n° 3 annonçant l’engagement du 3e btn contre la
cavalerie ennemie.
Le Ct du 2e btn se dirige sur le point de rassemblement du régiment.
Didier Linard – Tous droits réservés – août 2013
102
8h30 Le Colonel donne l’ordre au Lt Colonel de porter la tête du rassemblement à hauteur de la
route Ogévillier – Montigny.
h
8 50 Le Ct Varay (3e btn) rejoindra le régiment dès qu’il sera rejoint par le 227e (N.D.R : Il s’agit du régiment de réserve du 27e de Dijon - rattaché au 8è C.A)
9h30 Le Colonel donne au Lt Colonel de Chaunac l’ordre de suivre le mouvement du 85e, d’être à la disposition du général de division et de ne s’engager qu’en cas de nécessité absolue.
17h30 Le Colonel donne aux Cts des 1er et 2e btn l’ordre n° 2 –
1er) attaque du bois de Trion, S. de Blamont
2e) 2 Cies à la lisière E. de Domevre, direction Blamont
2 Cies rassemblées place de l’église.
20h20 Ordre de stationnement pour la journée du 14 Août : 95e – 2 btns à Domevre et état-major
Pertes : 1 tué – 4 blessés – 3 disparus.
Situation au 95e
Dans la nuit du 13 au 14, sur la commune de Herbevillers, une dizaine de uhlans,
embusqués dans les avoines, se précipitent sur le soldat Prot, le tuent à bout portant. C’est le premier tué du Régiment. Ils blessent le capitaine de Méru.
Le soldat Prot Jean, Alphonse (recrutement Châteauroux), était né le 17 avril 1893 à Ly
Saint-Georges (Indre). C’est dans cette journée du 14 que le régiment reçoit les premiers
obus, le 1er Bataillon près de Migneville, le 2e aux abords de Domèvre, le 3e devat la lisière
des Clairs-Bois.
Situation générale
Début de la deuxième offensive française en Alsace.
Début de l’offensive française en Lorraine et sur les Vosges (1ère Armée du Gal Dubail et de
la 2e Armée du Gal de Castelnau). La 16e Division a devant elle des éléments du Ie
Bavarois et le XIII e C. – 7ème D.C Prusienne et D.C Bavaroise.
Direction de l’offensive française
C/ Michelin d’après guide édition 1919 - autorisation n° 06-B-05
http://www.sambre-marne-yser.be/article.php3 ?id_article=99
Situation locale
Les 1er et 37e R.A.C appuient de leurs feux la 31e brigade dans ses attaques sur Domèvre
et Blâmont. Par la suite une partie des groupes du 37e R.A.C sera affectée à l’appui de la 15e Division.
Didier Linard – Tous droits réservés – août 2013
103
15 Août
7h35
8h
h
13 30
16h30
Dans la nuit du 14 au 15 le 2e btn reçoit l’ordre de faire sous le commt du Colonel une
attaque de nuit sur Blamont. Le btn engage une action très violente et enlève à la
baïonnette la position.
Ont été tués à ce combat :
M.M le Lt Quinquet (7e Cie)
Les S/Lieut Allégrini
et Eucharis
Le régiment reçoit l’ordre d’opération n° 1
Le 1er btn traverse Blamont
Le régiment est maître de la côte 371
Le régiment ayant poursuivi sa marche en avant rentre dans Hattigny et se couvre par des
avant-postes.
Pertes : Tués : 7 - Blessés : 16 – Disparus : 46 (Parmi ces disparus, se trouvent un assez
grand nombre d’hommes qui ont été évacués et sur le sort desquels on sera fixé plus tard).
Gabriel Hanotaux (« Histoire illustrée de la Grande-Guerre ») complète ces informations :
Extrait : « le 14 août, de bonne heure, la 16e division (général de Maudhuy) se porte en
avant avec ordre d'attaquer par brigades accolées sur les deux rives de la Vezouse, dans la
direction de Domèvre. L'après-midi, Domèvre est enlevé, et une compagnie se porte en
reconnaissance sur Blamont. Vers le soir, le général apprend que cette compagnie a
rencontré l'ennemi et qu'elle a besoin de renfort pour se maintenir.
Il dispose d'un bataillon du 95e avec le colonel, le lieutenant-colonel, le drapeau, une ou
deux sections de mitrailleuses : on marchera sur Blamont à 10 heures du soir. La distance
qui sépare Domèvre de Blamont est rapidement franchie; sur la route, on remarque un fil
téléphonique suspect. Bientôt sur la hauteur qui domine le bourg au nord-est, s'engage un
combat de nuit qui arrête la vigoureuse offensive des Français. Après une mêlée où tout se
confond, le général fait sonner le ralliement par cinq ou six clairons qu'il a sous la main;
effet surprenant : la fusillade cesse.
On regagne Domèvre. Le lendemain 15, au jour, la division occupe Blamont, où l'on
apprend que l'infanterie allemande et une batterie d'artillerie se sont repliées en désordre…
Mais lors de cette attaque de nuit, à la baïonnette, sur les avants postes de Blâmont
défendus par le 2ème Bavarois, les 6e et 7e compagnies du 95e régiment d'infanterie furent
décimées. »
http://blamont.info/textes192.html
N.D.R : Sur le même site, vous pourrez lire un récit sur l’attaque et la mort du Lieutenant Quinquet écrit par le lieutenant Raimbault - officier d’approvisionnement. Cf : Capitaine
Rimbault. Journal de campagne d'un officier de ligne Sarrebourg, la Mortagne, forêt
d'Apremont août 1914-février 1915... Avec une lettre de Maurice Barrès… ).
16 Août
7 h Reçu à Hattigny l’ordre d’opérations pour la journée du 16 Août
7h ? Envoyé d’Hattigny au Col Ct la Brigade et aux chefs des 2e et 3e btns l’ordre n° 2 au Colonel Ct le 95e.
h
9 52 Ordre n° 3 envoyé aux Cts des 2e et 3e btns .
Les 2e et 3e btns prennent les A.P ; un btn du 85e est mis à la disposition du 95e ; il cantonne
à Hattigny.
(N.D.R : Six hommes inculpés d’espionnage sont conduits à Frémonville au Q.G de la 16e
Div. Source : Jmo de la Prévôté du 8e C.A.)
17 Août
5h
Reçu l’ordre préparatoire n° 1 du Colonel Ct la brigade. Le 95e avec 2 btns occupera
Laneuveville les Lorquin côte 350 au N du bois de la Mimière.
5h5 Ordre d’opérations n° 1 pour la journée du 17 adressé au Colonel Ct la brigade, à la sortie
de Lorquin, le régiment organise les 2 crêtes N et NE.
17h Le régiment est en entier à Lorquin en cantonnement d’alerte.
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104
Les combats pour Sarrebourg – 18, 19 et 20 août 1914 - Le 8e C. A. arrive devant
Sarrebourg : il sera appuyé à droite par le 13e Corps, à gauche par le 16e de la 2e Armée. Il
est opposé aux Bavarois du 1er C.A de la VIe Armée allemande – général von Xylander.
Situation générale
La main-d’œuvre industrielle est réquisitionnée en France (loi Dalbiez).
18 Août
6h20
6h25
10h10
13h30
13h45
15h
Le colonel reçoit l’ordre d’opérations pour la journée du 18 Août du corps d’armée. Le 8e
corps se porte sur le front Kerprich-aux-bois, N. du bois de Rinting, St Hubert.
La 16e division a sa zone limitée à l’O par la route Hertzing, Barchain, lisière O du bois de
Rinking et l’E par la Jarré. Le 95e en réserve passera par Xouaxange à 7 h et se formera sur la hauteur du Peuplier
seul.
Ordre du Colonel et départ immédiat.
Ordre du corps d’armée (2) à la 31e brigade d’attaquer Sarrebourg, le 95e en avant-garde.
Le régiment passera (ordre n° 1 de la division) par le ruisseau de Bebin et le moulin de
Xarixing d’où il ne devra pas déboucher avant 12 h 30. Il cherchera à s’emparer de l’entrée S de Sarrebourg (brigade n°1)
Le 7e Cie entre dans Sarrebourg par la lisière SE. Cette Cie est à l’hôpital militaire, à 600 m de la lisière de la ville sur la route de Strasbourg.
Ordre d’organisation de l’occupation provisoire de Sarrebourg.
Mr Fouteneau, sous-Lieutt est tué.
Mr Rayel, s/Lieutt blessé continue son service.
Pertes :
4 tués – 48 blessés – 8 disparus.
Prise de Sarrebourg par le 8e C.A.
Les premiers assauts et la pénétration du régiment dans Sarrebourg.
Récits du 2e classe Chambraud :
« Le 11 août, nous échangeons les premiers coups de feu et essuyons les premiers coups
de canons des 77, vite réduits au silence par les 75 du 1er R.A., qui nous suit pas à pas et
réagit avec une efficacité qui font notre admiration et nous donnent une impression de
sécurité et de confiance qui ne se démentira pas de toute la guerre.
Dans la nuit du 14 au 15, une unité du 85e R.I. et le 2e bataillon du 95e doivent attaquer
Blâmont. Nous sommes en réserve dans les bois au sud de la ville. Vers minuit, nous
entendons les cris de « En avant, à la baïonnette ! », le clairon sonne la charge et une
violente fusillade éclate.
Nous sommes aux aguets dans une nuit opaque. Après un temps qui nous paraît long, le
silence le plus complet est revenu.
Vers 3 heures nous ignorons le résultat ; un obus tombe dans la 4e compagnie tuant un
caporal et blessant plusieurs hommes.
A la pointe du jour, le 15 août, nous apprenons que le 2e bataillon a atteint son objectif,
mais qu’il a été très éprouvé ; nous le dépassons, traversons Blâmont sans nous arrêter et
continuons la marche vers la frontière, que nous franchissons dans la journée, sans
résistance ; les Allemands se replient. Le soir, sous un violent orage, vers 21 heures, nous
arrivons à Hattigny. Là, se situe un curieux incident : Le 1er bataillon a formé les faisceaux
aux abords du village ; nous attendons patiemment sous l’averse qu’on nous fasse connaître les cantonnements qui nous seront assignés. Brusquement éclate une intense
fusillade venant de la direction du village ; des balles nous sifflent aux oreilles ; puis une
immense gerbe de flammes s’élève dans le ciel et sur ce fond lumineux le pays se détache au premier plan comme un décor de théâtre ; c’est féerique. Nous nous sommes précipités aux faisceaux ; un léger sentiment de panique nous assaille : « Est-ce une contre-attaque
allemande ? Ne serions-nous pas couverts en avant ? » Nous attendons des ordres qui ne
viennent pas ; puis brusquement le silence se rétablit ; seules quelques flammes rougeoient
encore à l’horizon. Les fourriers sont revenus ; ils nous conduisent vers les granges qui
nous sont affectées. Rien ne s’est passé dans le village ; ce sont nos troupes qui ont
attaqué et pris un convoi allemand ; nous n’en demandons pas plus et prenons possession Didier Linard – Tous droits réservés – août 2013
105
du foin nouveau qui nous est attribué ; qu’il fait bon s’y enfuir, et dormir, dans cette couche
moelleuse, dont depuis plusieurs nuits nous ne connaissons plus la douceur, et à l’abri de la pluie, sans souci de ce qui se passe au dehors ; d’autres veillent sur nous !
Lorsque les Allemands ont été repoussés de Blâmont, ils sont partis si précipitamment qu’ils n’ont pas songé à couper la ligne téléphonique.
Le colonel du 85e a capté une communication de leur intendance, annonçant l’envoi d’un convoi de ravitaillement pour Blâmont, par Hattigny, pour la nuit du 15 au 16. Il dresse
immédiatement une embuscade au nord du village et lorsque les camions arrivent sans
méfiance, ils sont accueillis par la fusillade que nous avons entendue ; l’un d’eux prend feu, quelques convoyeurs qui résistent sont tués ou blessés, les autres faits prisonniers et le
ravitaillement recueilli.
Le 16 août, nous dépassons Hattigny, puis sommes mis en réserve de la 16e division.
Arrêtés au bord de la route qui va vers Sarrebourg, nous nous reposons en voyant défiler
devant nous d’autres unités, dont les Chasseurs cyclistes, des Chasseurs à cheval, des
Dragons. La vue de cette cavalerie imposante nous donne une impression de force et nous
laisse supposer que les Allemands sont en pleine défaite et que ces cavaliers arrivent pour
transformer leur retraite en déroute. En pleine euphorie, nous nous voyons déjà sur les
bords du Rhin ; nos fatigues des jours précédents sont oubliées.
Le 17 août, Lorquin est pris.
Le 18, le 95e R.I. reprend la tête de l’offensive en avant-garde du 8e corps d’armée ; nous
progressons lentement sous un violent tir de barrage. Nous faisons connaissance avec
l’artillerie lourde allemande. Les « gros noirs », toute la journée, joignent leurs coups de tonnerre à la musique du 77, causant des pertes sévères dans le régiment ; au bord de la
route où nous progressons, les bas-côtés sont rouges du sang des chevaux et des cavaliers
que nous avons vu défiler l’avant-veille. De nombreux cavaliers sont encore là. Vision
d’horreur qui refroidit notre bel enthousiasme d’il y a deux jours. Malgré tout nous n’avons pas le temps de nous apitoyer et, le soir même, nous pénétrons dans Sarrebourg ; les Allemands se sont repliés au nord de la ville que nous occupons
immédiatement. »
http://jadier.canalblog.com/archives/2010/02/20/16977891.html
Extraits de l’historique intitulé « Les Régiments du Centre au feu » - « La Campagne du 95e
Régiment d’Infanterie – Guerre 1914 – 1918 » rédigé par Charles Sainmont, Paul Delarue
et Albert Veyrenc paru chez X. Desquand – Editeur – 3 rue de la Monnais, Bourges – 1920.
Document numérisé et mis en ligne par Michel Saint-loup.
« Sarrebourg, siège de la 42e division allemande, était occupée avant la guerre, par une
nombreuse garnison. Les casernes sont vastes, spacieuses, bien aménagées et font
l’admiration de nos soldats qui les visitent en détail. Les caves, les mess, les cantines sont
bien pourvues en vins, bières, liqueurs, victuailles de toutes sortes et les cuisines
composent un repas de choix.
Volontiers, les hommes auraient passé la nuit dans les casernes, où chacun pouvait avoir
un lit, mais ordre est donné de bivouaquer dehors à proximité des emplacements de
combat.
Les compagnies du 2e bataillon passent la nuit devant la caserne, dans des éléments de
tranchées creusées dès l’arrivée. Le 3e bataillon et la 8e compagnie, ramenés à l’intérieur de
la ville, couchent dans les rues mêmes, sur le trottoir recouvert de paille, ou sur des matelas
emportés des casernes. Seule, la 10e, plus favorisée, couche à l’abri dans une salle de
bal… »
http://www.michelsl.com/95eRI_14-18/Table.html
19 Août
4h30
Ordre d’opérations pour la journée du 19.
La 16e division attaquera les hauteurs de la rive droite de la Sarre entre Sarralthroff et
Réding.
Le 95e continuera à tenir Sarrebourg.
Situation générale
Les troupes Allemandes entrent à Bruxelles.
Prise de Mulhouse par l’Armée d’Alsace du général Pau.
Didier Linard – Tous droits réservés – août 2013
106
20 Août
Défense de Sarrebourg.
Le régiment reçoit l’ordre d’opérations n° 1 pour la journée du 20 Août.
Ordre n° 1 : L’offensive sera reprise dès le point du jour sur tout le front par les 15e et 16e
divisions
32e brigade à Sarraltrof et au S.
31e brigade sur le front Eich – Reding et ultérieurt cote 316 ou franchira la ligne des
casernes à 4 h du matin par bataillons successifs : 3e puis 1er, 2e btn à la disposition du Lt
Colonel à la mairie.
Le régiment se heurte à des forces supérieures et est obligé de battre en retraite malgré la
défense héroïque de la ville Sarrebourg de nos soldats, Sarrebourg doit être évacué.
Dans cette défense, le régiment perd
1 officier : M du Couédic de Kergoualer, capne Ct la 9e Cie, tué
33 sous-officiers, caporaux et soldats tués
8 officiers blessés :
M.M le Lt Colonel de Chaunac
Capne de la Ferrière et sous-lieutenant Guistout
Prisonniers : Bourne, capitaine
Giot, capitaine
Dumont, Lieutenant
Fuchs, Lieutenant
Jallas, ss lieutenant
331 sous-officiers, caporaux et soldats blessés
702 sous-officiers, caporaux et soldats disparus.
A la suite de cette épreuve, le régiment épuisé se replie sur Lorquin où il cantonne.
En outre tout le service médical est resté prisonnier.
Mangenot M.M 1ere cl
Séchan M.A.M 1ere cl
Esbach M.A.M 2e cl R
Lévy
M.A.M 2e cl R
N.B : Dans ces pertes sont compris les pertes du 19 celles-ci n’ayant pu être … le j…
(N.D.R : Parmi les 702 disparus, nombreux d’entre eux ont pu être blessés et sont restés
soit sur le terrain ou dans les formations sanitaires de Sarrebourg ou ont pu être capturés).
Si vous désirez en savoir plus sur les combats de Sarrebourg, la contre-offensive allemande
et le repli de l’armée française du 20 au 24 août, vous pouvez notamment vous rendre sur :
http://www.sambre-marne-yser.be/article.php3 ?id_article=99
Consulter l’historique intitulé « Les Régiments du Centre au feu » - « La Campagne du 95e
Régiment d’Infanterie – Guerre 1914 – 1918 » rédigé par Charles Sainmont, Paul Delarue
et Albert Veyrenc paru chez X. Desquand – Editeur – 3 rue de la Monnais, Bourges – 1920.
Document
numérisé
et
mis
en
ligne
par
Michel
Saint-loup.
http://www.michelsl.com/95eRI_14-18/Table.html
Voir aussi « Les combats pour Sarrebourg, 18, 19 et 20 août 1914 » décrits par Jacques
Péricard qui, à ces dates, est encore incorporé au 64e R.I.T de Bourges et ce jusqu’au 22 septembre : http://chtimiste.com/batailles1418/combats/sarrebourg.htm
Sur l’engagement des 85 et 95e dans les combats de Sarrebourg, vous pouvez enfin
consulter le livre : « 1914 1918 raconté par les combattants – Edition Quillet – pages 48 à
50 - sur le site :
http://archive.org/stream/19141918iedixneu01chriuoft/19141918iedixneu01chriuoft_djvu.txt
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107
Situation générale
Contre-offensive allemande en Alsace. Repli de la 7e Armée française.
Contre-offensive allemande en Lorraine. Batailles de Dieuze et de Morhange.
Au terme de la journée, le Gal Dubail se rend compte que le front français est menacé vers
son centre par le fléchissement des 15e, 16e et 8e C.A. Dans le courant de la nuit, il fait
savoir qu’il y a lieu de ramener les convois derrière la Meurthe. Il transmet à son armée un
ordre de retraite générale. La retraite de l’armée s’effectue dans la nuit du 20 au 21.
A ce moment, la Ie armée s’est consolidée sur le front général : canal de la Marne au Rhin.
(Source Internet)
N.D.R : Ci-après photographie du Capitaine du Couëdic de Kergoualer retrouvée sur le site
de Jean-Luc Druon qui a réalisé un travail considérable pour présenter sur son site : « Le
Tableau d'Honneur paru dans le Journal L'Illustration ». Quelques milliers de photos sont
consultables sur les 16.486 portraits et textes des citations de personnages ayant été "cités
à l'ordre de l'armée, nommés ou promus dans l'ordre de la Légion d'honneur ou décorés de
la médaille militaire".
Ce site permet, entre autres, de découvrir les quelques photographies disponibles sur les
hommes des 85e, 95e, 408e R.I et des 1er et 37e R.A.C.
http://jeanluc.dron.free.fr
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108
21 Août
Le régiment reçoit l’ordre de soutenir l’artillerie sur les hauteurs de Lorquin puis l’ordre de se retirer sur Blamont. Le Colonel donne l’ordre de stationnement n° 1 – 1 btn aux avantpostes (1er) – 2 btns cantonnés dans le bourg.
Le régiment reçoit l’ordre d’opérations n° 1 : la 31e bde tiendra et fortifiera solidement dès 5
h du matin la hauteur 348 N-E de Blamont en liaison au bois de Trion avec le 13e C. d’A., à gauche avec la 32e bde qui fortifie les hauteurs de Ste Marie le Château.
Le 95e et la Cie divisionnaire du génie 8/2 fortifieront la position de la cote 348 entre la
nouvelle route et l’ancienne route de Strasbourg. Tout le monde en place pour 5h. En conséquence le 1er btn avec l’aide de la Cie 8/2 fortifiera le mamelon 348 face au N et au
NE, le 3e btn fortifiera une position de repli sur le mouvement de terrain à 1 km. Plus au S.E,
le 2e btn une 3e position dans l’étranglement du plateau à hauteur de l’extrémité N.E du parc. Les 3 sections de mitrailleuses seront portées sur le 1e ligne pour 5 heures.
Le régiment reçoit l’ordre verbal du général de division de se replier sur Domesvre où il sera
5h30 à sa disposition.
Le 3e btn couvre la retraite du régiment sur les mouvements de terrain.
h
8 L’ennemi tente un mouvement débordant par le N. Le 1er btn va prendre une position de
barrage aux N. de Domesvre ; Compte-rendu est adressé au Colonel Ct la bde. Le Ss Lt
Bajard est tué.
19h Le régiment se replie sur Flin où il arrive à 19 heures : il y cantonne.
Pertes :
Tués : 8 dont le Ss Lt Bajard – Blessés : 14 – Disparus : 9
22 Août
3h45
Situation générale
Il est communément admis que le 22 août 1914 serait la journée la plus meurtrière de toute
la guerre. On estime à plus de 22.000 morts, les pertes françaises, ce jour là, en France et
en Belgique.
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109
Situation locale
Le Colonel Rabier commandant le 85e R.I, à Verdenal, après avoir été blessé au pied, est
blessé pour la deuxième fois d’un shrapnel dans les reins. Il est évacué (Cf : Jmo du 85e
R.I). Il sera tué le 24 septembre 1914 (Historique du 85e R.I).
23 Août
2h30
Le Colonel reçoit l’ordre de rassemblement n° 1. Les 16e et 8e corps d’armée se retireront d’une étape en arrière pour se refaire. Le mouvement du 8e Corps se fera en 2 colonnes 16e division – colonne de l’Est
Itinéraire – Ft de Mervaville, Domptail, St Pierremont, Deinvillers, Haillainville.
16h Le régiment arrive à Ortoncourt où il stationne.
Situation générale
Du 23 au 25 août 1914 - bataille de la trouée de Charmes.
Bataille de la Mortagne.
Le 24/08 : massacres de 50 civils à Gerbéviller par les hommes placés sous les ordres du
général Clauss, commandant le 60e régiment d'infanterie de Baviére.
24 Août
15h Le régiment est à Ortoncourt
16h A 15 heures, il reçoit l’ordre de se porter sur Clézentaine.
Il quitte Ortoncourt à 16 heures. A 16 h 30 le Colonel Tourret Ct le régiment le devance
pour faire une reconnaissance au N d’Ortoncourt – à 17 h. il reçoit à la tête un éclat d’obus qui l’atteint mortellement. Il est transporté sur un brancard à Ortoncourt et de là à
Moyemont sur une voiture de réquisition. Il meurt pendant ce trajet.
Le régiment se porte en avant sous le commandement du chef de Btn Varay.
A 19h30, il occupe Clézentaine : 1 btn est installé en avant-postes de combat sur la crête au
N du village ; les 2 autres btns sont en cantonnement d’alerte au village même.
(N.D.R : Dans le Jmo du 85e R.I, le rédacteur fait état de la perte, pour la troupe, de 1.150
tués, blessés et disparus. Les pertes dans l’encadrement sont considérables mais ne sont pas chiffrées. Le service médical a disparu dans son entier (médecins et infirmiers restés
dans le lazaret de Sarrebourg). La Musique a disparu pour les 2/3. Outre son chef de corps
blessé (évacué), le 85e a perdu ses 2 Cdts de bataillon. Ce sont des capitaines qui
commandent.)
L’unique photo du Colonel Tourret retrouvée sur Internet
http://jeanluc.dron.free.fr
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110
C Michelin, d’après guide édition 1919 - autorisation n° 06-B-05
http://www.sambre-marne-yser.be/article.php3 ?id_article=99)
Engagement de la 16e D.I dans la Bataille de la Mortagne
du 25 août au 13 septembre 1914
25 Août
4h30
Le Colonel Ct la Bde donne au Ct du régiment l’ordre verbal de se porter à l’attaque de Mattexey ; il est en liaison à droite avec le 13e corps, à gauche avec la 15e division.
Les 1er et 3e btns sont en 1e ligne et reçoivent l’ordre d’attaquer Mattexey ; le 2e btn est en
réserve à Clézentaine à la disposition du régiment.
L’attaque se fait progressivement à la sortie du bois, les btns sont accueillis par le feu de l’artillerie lourde ennemie qui fait de grands ravages dans nos rangs. Le régiment enlève à la baïonnette Mattexey ; mais il n’est soutenu ni par l’artillerie, ni par d’autres troupes et devant des forces bien supérieures, il est obligé de battre en retraite.
Il est 11 h 30, le Régiment est décimé tant en officiers qu’en soldats.
M .M Varay, chef de btn, Ct le régiment
Sallé, capitaine (10e Cie)
Fouré, capitaine (4e Cie)
Baumann, Lieut (3e section de mitr.)
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111
Raulin, Lieutt (Ct la 12e Cie)
Thomas, Ss Lieutt
Mignardot, Ss Lieutt
Sont blessés, M.M Fouré et Raulin continuent à commander leurs Cies.
M.M. le Ct de Bibal (1er btn) est tué
Desseaux, lieutt porte-drapeau est blessé et fait prisonnier à l’assaut du village de Mattexey.
Le régiment est dispersé et les débris se reforment à Rehaincourt.
Le général Ct le Corps d’armée donne l’ordre d’aller cantonner à Ortoncourt.
Le régiment y arrive à 16 h 30.
A 22h, l’ordre de reprendre l’offensive sur tout le front arrive. La 31e brigade sera en
réserve, le 95e à Ortoncourt pour se reformer. Tout le monde prêt à partir à 5h demain.
Pertes : Tués : 23 – Blessés : 261 – Disparus : 393
(N.D.R : Au sein du 1er R.A.C, les pertes en hommes, en chevaux et en matériels sont
importantes. Sur la commune de Mattexey sera érigé un monument en souvenir des morts
du 95e en cette journée du 25 août 1914. En juin 2010, le monument a été restauré.)
Situation générale
La VIIe Armée allemande (général von Heeringen) se trouve face à la 1ère Armée française,
tandis que la VIe Armée (Kronprinz Rupprecht de Bavière) fait face à la 2ème Armée. Le XVe
AK (général Von Deimling) fonce sur Raon-L’Étape (88) et Thiaville (54), tandis que le Ier
AK (général attaque sur Baccarat (54) en direction de Rambervillers, (les trois premiers
bourgs sont situés sur la Meurthe). La « bataille des ponts » est acharnée dans toutes ces
communes. Dès le matin Raon-L’Étape est incendiée notamment par le 99e IR qui se livre à
d’autres sévices. Les chasseurs des 20e et 21e BCP défendent les ponts de Raon, et de La
Neuveville-lès-Raon1 ; le 17e RI celui de Thiaville. Les ponts et passerelles de Raon
défendus par les chasseurs tiennent. A Thiaville les Allemands réussissant à franchir la
Meurthe, à Baccarat également, tentent de déborder par Sainte-Barbe (88) les défenseurs
de Raon-L’Étape. Les 20e et 21e bataillons de chasseurs retraitent en combattant par la
Haute-Neuveville sur le Col de la Chipotte.
La situation est critique
La Ie Armée est obligée d’opérer un léger repli de son centre (ligne Hardancourt-Bois
d’Anglemont-Saint-Benoît) mais les ordres sont formels : tenir ! La 13e DI venant de RaonL’Étape occupent le col et les bois environnants, tandis que la seconde division d’infanterie (43e DI) du 21e Corps d’Armée, ainsi que la 44e DI, se replient par les bois qui couvrent les
pentes nord-ouest depuis le col jusqu’aux villages de Sainte-Barbe, Ménil-sur-Belvitte,
poursuivie par les « 105 » allemands. L’artillerie française ne peut guère agir étant prise à partie par les « 105 » ennemis.
Les Français creusent rapidement des tranchées peu profondes. Dans ces secteurs très
boisés, où la visibilité est très limitée, où les attaques et contre-attaques, mélangent les
assaillants, l’artillerie de campagne ne sera pas d’une grande utilité, en revanche l’artillerie lourde allemande causera des ravages sanglants. Ce sont essentiellement des combats
d’infanterie et les affrontements à l’arme blanche seront nombreux. La nuit fait cesser quasiment les combats et chaque adversaire aménage comme il le peut ses positions et
recherche, ses blessés ; les morts restant pour la plupart sur le terrain.
26 Août
5h
Le régiment est à Ortoncourt, se rassemble, s’organise et est prêt à partir.
h
11 40 Le commandant du régiment reçoit l’ordre n° 2 :
Le 95e se porte en extrême réserve à l’ouest d’Ortoncourt, parallèlement au chemin d’Haillainville à Ortoncourt
20h Il rentre à Ortoncourt où il cantonne.
Situation générale
Démission du gouvernement Viviani qui forme un ministère de Défense nationale. L'Union
sacrée se concrétise.
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112
Bataille du Cateau. Le corps de gauche de la B.E.F. est bousculé par la 1ère Armée
allemande (Von Kluck).
27 Août
5h40 Le régiment reçoit l’ordre n° 1 : il est chargé d’assurer la police dans Ortoncourt, rassembler les isolés de la 16e division et les diriger sur leurs régiments respectifs. Ceux de la 15e
division seront rassemblés et envoyés à Damas.
La police est assurée par ½ Cie. Le reste du régiment se porte à 800 m N. d’Ortoncourt en réserve.
8h30 Le Commt du 95e donne l’ordre au régiment de rentrer à Ortoncourt – cantonnement d’alerte en raison de la violence de la pluie.
Le Lt Colonel de Chaunac rejoint le régt et en prend le Commt
Reçu un renfort de 1.000 hommes – M. Tinson S/Lt de rés.
(N.D.R : Au Jmo du 85e R.I, il est inscrit un groupe de remplacement de 3 officiers et 1.028
hommes.
Au Jmo de la 31e Brigade, il est enregistré entre autres la mention suivante : « le 227e Rgt
d’Infie, est affecté à la Bde ainsi que les 46e et 52e Btns de chasseurs.».
A la lecture des JMO de ces unités, on constate que le 52e B.A.C.P était sur Clézentaine
mais en renfort de la 32e Brigade.
Le 46e Bataillon Alpin de Chasseurs à Pied, est présenté, le 26 août 1914, au Gal Maud’huy lequel donne des ordres verbaux transmis par le Colonel Reibell, de se porter sur
Clézentaine pour occuper et dépasser ce lieu. Il combattra ainsi à Clézentaine en appui de
divers bataillons d’infanterie sans pour autant qu’il soit préciser lesquels. Le 3 septembre 1914, les 46e et 52e B.A.C.P quittent le secteur appelés à d’autres missions.
Le 46e B.A.C.P a été mobilisé, le 23 août 1914 à Nice. C’est le bataillon de réserve du 6e
Bataillon de Chasseurs Alpins. A l’effectif de 19 officiers, 2 médecins et 1.153 sous-officiers,
caporaux et chasseurs, il était organisé en 4 compagnies numérotées 7e, 8e, 9e et 10e.)
28 Août
2h
L’ordre n° 1 de la division (n° 44). L’offensive sera reprise.
La 16e division continuera le mouvement sur Pierremont en se reliant au 13e Corps d’armée 4h40 La 31e brigade se rassemblera en formations très articulées, le 95e au SO de Clézentaine.
19h30 Le Colonel Ct le 95e donne l’ordre n° 1.
Le régiment bivouaque sur les emplacements qu’il occupait à la fin de l’après-midi.
(N.D.R : le 13e C.A était composé d’Auvergnats, le 105e R.I de Riom était l’un de ses plus solides régiments).
29 Août
5h
Le Colonel reçoit l’ordre n° 1 du Colonel Ct la 31e brigade.
h
5 30 Le Colonel Ct le 95e envoie aux chefs de btns l’ordre n° 1 leur fixant les positions
respectives à occuper.
1er btn, la lisière NE du bois de Corbes,
2e btn, le bois du Haut de Corbes,
3e btn, la lisière E du village de Clézentaine.
Le renseignement est transmis au Colonel Ct la 31e bde. Le régiment est à Deinvillers (1
btn) et aux avant-postes (2 btns). M. Condaminas S/Lt évacué pour maladie.
Pertes : 1 blessé
Situation générale
Bataille de Guise. Le général Lanrezac porte un coup d’arrêt provisoire à l’avance allemande dans le nord de la France.
30 Août
22h
Le régiment reçoit l’ordre n° 1 du Corps d’Armée. Il reste sur ses positions à Deinvillers.
11h Le Colonel Ct la 31e bde donne l’ordre de porter 2 Cies à la cote 300 pour soutenir l’artillerie. Le régiment bivouaque sur ses positions.
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113
Pertes : 2 tués, 1 blessés.
Situation générale
Joffre donne l’ordre de repli général vers la Seine.
Premier bombardement de Paris par des Tauben.
31 Août
1h
Le régiment reçoit l’ordre n° 1 du 8e Corps d’A (n° 52). Il reste sur ses positions et bivouaque sur ses emplacements.
Pertes : 7 blessés – 2 disparus.
Situation générale
Les troupes franco-britanniques franchissent la Marne. Les Allemands entrent à Senlis. Les
Allemands n’attaquent plus et se retranchent. Des troupes de réserve remplacent certaines d’actives qui partent également pour la Marne où va se jouer à présent le tournant de la
guerre.
Le général Dubail communique aux troupes la note du généralissime Joffre qui « exprime
aux Ie et IIe armées la satisfaction, l’exemple de courage et d’endurance qu’elles ont donné ».
La 1ère Armée allemande (Von Kluck) incline sa marche vers le sud-est.
Du 29 août au 2 septembre : Le gouvernement français quitte Paris menacée par
l'avancée allemande et s'installe à Bordeaux laissant la capitale sous le gouvernement
militaire du général Gallieni.
Situation locale
Au Jmo du 1er R.A.C, on peut lire que suite aux déplacements répétés des journées du 24
au 31 août, de nombreux chevaux sont dans un état de fatigue tel qu’ils meurent d’épuisement.
(N.D.R : Sur les 3.383 hommes partis le 6 août 1914 de Bourges, au soir du 31 août,
d’après les enregistrements au JMO, 1.932 hommes sont hors de combat, se répartissant
comme suit :
 79 tués à l’ennemi dont 7 officiers;
 691 blessés dont 17 officiers,
 1.163 disparus.
Ces pertes ont été, en partie, compensées par l’arrivée de 1.000 nouveaux hommes.)
95 années plus tard – le 14 avril 2010
Deux dépouilles de soldats français ont été découvertes lors des travaux de la future ligne
LGV-Est européenne au niveau de la commune de Sarraltroff en Moselle (57) située prêt de
Sarrebourg.
Entreprises par la Conservation départementale d’Archéologique de la Moselle pour le compte de Réseau Ferré de France; ces fouilles ont ainsi donné lieu à la mise un jour de ce
qui semble être un trou d’obus où fut enterré deux soldats, tête-bêche.
Les éléments découverts autour de ces derniers (capote à deux rangées de boutons ornés
de la grenade enflammée, pantalon garance, pipe, couteau pliant, etc ) ont permis d’en déduire qu’il s’agissait de soldats français du premier conflit mondial, très certainement un fantassin et un sous-officier, même si aucun objet nominatif nous en dira plus sur leur
identité.
Une étude des journaux de marches, des cartes d’Etat Major et d’autres documents ont permis d’en déduire que ces soldats appartenaient à la 16e Division d’infanterie (comprenant les 13e, 29e, 85e et 95e RI) et que ces derniers auraient trouvés la mort au
tout début du conflit, entre le 18 et le 20 Août de l’année 1914; même si le 20 semble le jour le plus probable.
http://humanbonb.free.fr/indexNews.html
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114
1er septembre L’ordre (N° 53) N° 1 du Corps d’armée prescrit au 8e corps la même mission. Le 95e se
maintient dans ses retranchements et y bivouaque.
Pertes : 1 blessé
Nominations Les sous-officiers de réserve : Giron et Girard sergents au 95e sont nommés sousLieutenant de réserve à la date du 1er septembre
Sont nommés à la date du 1er septembre sous lieutenant à titre provisoire les sous-officiers
dont les noms suivent :
Daval, sergent major au 95e, Bodin, sergent fourrier, Caillat, sergent, Genevet, sergent,
Pineau, adjudant au 95e, Dubourgdieu, adjudant, Desjourneaux, adjudant, Duplaix,
adjudant, Paulet, sergent, Valude, sergent au 95e.
Situation générale
Le Grand Quartier Général français se replie à Bar-sur-Aube.
2 septembre Aucune modification aux ordres des journées précédentes
14h50 La 32e brigade relèvera ce soir la 31e aux avant-postes. Le 29e relèvera le 95e. Le
mouvement aura lieu à 2 h demain.
Nominations Sont nommés à la date du 2 septembre 1914, à titre temporaire, les officiers dont les noms
suivent :
1°) au grade de Capitaine :
Raulin, Lieut. au 95e Rgt d’infie
Lépineux
Baumann
Lamandé
Liévin
Potier
Rimbault
2°) au grade de Lieutenant :
Audebert, s/Lieutt au 95e d’infie
Vidal
Rayel
Malevergne de Fressinial
Rolin Edouard
Blanchot Emile
Situation générale
Le général Von Moltke donne l’ordre à l’armée allemande de « pousser les Français loin de
Paris, en direction du sud-ouest.»
Situation locale
La 44e DI relève le 21e CA et vient occuper ses positions. Les Allemands s’aperçoivent de
ce mouvement et en profite pour attaquer. La 44e DI se replie légèrement vers l’ouest et avec l’aide du 13e CA se maintient. La 1ère armée française, après le prélèvement du 21e
CA ne peut plus prendre une attitude offensive, le général Dubail ordonne d’organiser les positions et retranchements. Le terrain est aménagé avec une défense en profondeur.
L’ennemi tente toujours des attaques, surtout par l’ouest du col.
3 septembre Le régiment est remplacé et rassemblé, il se dirige sur Fauconcourt où il arrive vers 5h1/2. Il
2h cantonne dans cette localité. 1er btn et état-major. Le 2e et le 3e btn cantonnent à St
Genest.
17h30 Le colonel reçoit l’ordre n° 1 de la 16e division transmis par la brigade annonçant la
possibilité d’une attaque allemande venant de Raon l’Etape et Baccarat donnant sur le 13e
C.A.
La 31e brigade appuierait le cas échéant le 13e C.A.
Le 95e occuperait en 1ere ligne le bois de Marieuprey, la cote 341 et le bois Chenot.
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4 septembre Reçu l’ordre n° 1 du Corps d’armée. La mission des troupes de la 1e armée est de contenir
1h30 les forces adverses qu’elles ont devant elles. Elles complèteront et perfectionneront l’organisation défensive de leur front. La 16e division continuera à occuper les bois de Feing
des Aulnes. Elle organisera une 2e ligne de défense sur la position Damas-aux-Bois exclus,
Ortoncourt inclus.
Le 95e à la disposition du Général de division aura 1 bataillon chargé d’organiser la lisière du bois de Marieuprey, face au bois du Fays et de perfectionner la défense du bois Chenot
au N de Fauconcourt. Il aura 1 btn prêt à marcher à Fauconcourt et 1 à Saint-Genest.
h
1 45 Le Colonel envoie l’ordre n° 1 aux btns et le même renseignement est transmis au général de Brigade. Les 1er et 2e btns sont prêts à marcher à Fauconcourt et St Genest. Le 3e btn
remplit la mission qui lui a été confiée.
Situation générale
Offensive allemande sur le Grand Couronné de Nancy.
L'armée allemande occupe Reims.
Des attaques allemandes sporadiques continuent, gains et pertes de terrain, de chaque
côté, se succèdent ne pouvant plus rien apporter de décisif sur ce front mais causant des
pertes parfois importantes.
Sur ordre du général Gallieni (Gouverneur militaire de Paris), mise en marche de la 6e
Armée française (général Maunoury), pour agir sur le flanc de la 1ère Armée allemande
(entre Meaux et Senlis). Le commandant en chef allemand, Von Moltke, se rend compte
des mouvements de rocade réalisés par l’armée française, en vue d’opérer la manœuvre de la Marne. Il est trop tard.
A Lunéville
Extrait du rapport officiel sur les atrocités de l’armée allemande commises en France. Ces écrits reprennent le contenu d’une publication allemande.
« Le 25 août 1914, des habitants de Lunéville ont fait une attaque par embuscade contre les
colonnes et trains allemands. Le même jour, des habitants ont tiré sur des formations
sanitaires marquées par la Croix-Rouge. De plus, on a tiré sur des blessés allemands et sur
l'hôpital militaire, contenant une ambulance allemande. A cause de ces actes d'hostilité, une
contribution de six cent cinquante mille francs est imposée à la commune de Lunéville.
Ordre est donné à M. le maire de verser cette somme en or (et en argent jusqu'à 50.000
francs) le 6 septembre, à 9 heures du matin, entre les mains du représentant de l'autorité
militaire allemande. Toute réclamation sera considérée comme nulle et non arrivée. On
n'accordera pas de délai. Si la commune n'exécute pas ponctuellement l'ordre de payer la
somme de 650.000 fr., on saisira tous les biens exigibles.
En cas de non-payement, des perquisitions domiciliaires auront lieu et tous les habitants
seront fouillés. Quiconque aura dissimulé sciemment de l'argent ou essayé de soustraire
des biens à la saisie de l'autorité militaire, ou qui cherche à quitter la ville, sera fusillé. Le
maire et les otages pris par l'autorité militaire seront rendus responsables d'exécuter
exactement les ordres sus-indiqués.
Ordre est donné à la mairie de publier de suite ces dispositions à la commune. »
Hénaménil, le 3 septembre 1914. Le commandant en chef, Von Fosbender.
http://blamont.info/textes46.html
Première Bataille de la Marne (5 au 10 septembre 1914)
5 septembre
1h5 Reçu du Corps d’armée par la division, l’ordre d’opération n° 1 (n° 57).
17h Le régiment a la même mission et reprendra les mêmes positions qu’hier.
Le 3e btn après avoir exécuté les travaux prescrits dans l’ordre général n° 1 quitte son emplacement pour rejoindre son cantonnement de St Genest à 18h30.
Situation générale - 5 et 6 septembre 1914
Côté allemand, le XVe AK quitte le secteur vosgien pour la bataille de la Marne. Les troupes
de réserves remplacent de plus en plus celles d’actives. Peu à peu le front devient plus calme tout au long de la Meurthe, mais les unités allemandes se maintiennent toujours en
rive gauche de cette rivière.
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116
Le G.Q.G. français se transporte à Châtillon-sur-Seine, où Joffre rédige son célèbre ordre
du jour.
Citations
septembre 1914
1e Armée
Etat-major
1er Bureau
N° 1271
du 2g.a. le 4
Ordre Général n° 24 (Extrait)
Le Général Ct la 1e Armée cite à l’ordre de l’armée les officiers, sous-officiers, caporaux
et soldats qui se sont particulièrement distingués dans différents combats livrés :
1°) -------------------------------------------------------------------------------------------------------2°) dans la région Blamont, Sarrebourg, du 15 au 21 Août :
le Colonel Tourret, Ct le 95e
« A eu une admirable attitude au feu, à l’attaque de nuit de Blamont, le 15 Août, au combat de Sarrebourg le 18 Août, le 24 Août à l’est d’Haillainville où il a été tué. »
les chefs de bataillon Blavet et Varay du 95e
les capitaines de la Ferrière, Bouvier, de Méru du 95e
le Lieutenant Lépineux du 95e
Le Général Ct la 1e armée
Signé : Dubail
Encadrement du 95e à la date du 5 septembre
Etat-major du Régiment
t
t
Lieut Colonel de Chaunac, C le régiment
Capitaine Ollivier, Cne adjt au chef de corps
Médecin major de 2e cl de rés. Marie, chef de service
Lieutt Audebert, Off. D’appt
Lieutenant Tindon, Porte drapeau
Lieutt Vidal, Off. De détails
1er Bataillon
Etat-major du bataillon
Cne de la Ferrière, Ct le 1er
btn
S/Lt de la Hosseraye, adjoint
1e Cie
Lieutenant Rayel
S/Lieutt Desfourneaux
S/Lieutt Valude
2e Cie
Capitaine Cournot
S/Lieutt Duplaix
3e Cie
Capitaine Lépineux
S/Lieutt Massacri
2e Bataillon
Etat-major du bataillon
Commt Blavet, chef de Btn
3e Bataillon
Etat-major du bataillon
Cne Barat, Ct le 3e Btn
M. Malet, mécin AM de 2e cl
5e Cie
Capitaine Lamandé
S/Lieutt Girard
Mcin auxre Jacquet
9e Cie
Lieutenant Rolin
S/Lieutt Dubourgdieu
6e Cie
Capitaine Bouvier
S/Lieutt Pineau
7e Cie
Capitaine de la Source
S/Lieutt Genevet
S/Lieutt Giron
8e Cie
Capitaine Liévin
S/Lieutt Bodin
10e Cie
Capitaine Rimbault
S/Lieutt Merlin
11e Cie
Capitaine Potier
S/Lieutt Daval
S/Lieutt Paulet
12e Cie
Capitaine Raulin
S/Lieutt Blanchot
4e Cie
Capitaine Touvé
Lieutenant de Fressiniat
S/Lieutt Caillat
Par ordre du Ct de la 16e Division, le capitaine Fouré passe à l’Etat-Major de la 31e brigade
à la date du 5 septembre.
6 septembre
1h Le Colonel reçoit l’ordre n° 1 du Corps d’Armée complété par les ordres de la division.
Mêmes missions et mêmes dispositions pour le 95e.
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117
A 18h30, le 3e btn rentre cantonner à Saint Genest sans incident après avoir exécutés les
travaux prescrits.
Situation générale
Bataille générale sur tout le front.
Première bataille de la Marne, les Français contiennent l'avancée allemande (6-9
septembre). Joseph Gallieni réquisitionne les taxis parisiens pour le transport des troupes.
Les Allemands (von Klück et von Bülow) reculent jusqu’à l’Aisne.
Bataille des marais de Saint-Gond : recul de la 9e Armée française (Foch).
Bataille de Maurupt.
Bataille de la trouée de Revigny : prise de Revigny par les Allemands.
L’armée française rétablit les cours martiales.
7 septembre
0h5 Reçu l’ordre d’opérations n° 1 (n° 59) du Corps d’armée. Le 95e reste sur ses positions (3e
btn) et continue à construire les retranchements. Les autres btns prêts à marcher à
Fauconcourt et St Genest.
12h Le Colonel reçoit à 12h la note de service n° 1 de la 16e division. Cette note fixe les
conditions dans lesquelles la relève de la 32e bde par la 31e aura lieu aux A.P.
Le 95e remplacera en 1ère ligne le 29e dans la région Bois de Feing, bois des Aulnes, bois
de Labau et arrivera au moulin de Deinvillers à 22 heures.
Le Colonel envoie aux btns l’ordre n° 1 et transmet le même renseignement à la brigade.
22h La relève s’effectue en bon ordre à partir de 22 heures.
Situation générale :
Cinq bataillons de la 7e D.I. sont acheminés en taxis parisiens (réquisitionnés la veille), de
Paris jusque sur le front de la 6e Armée française (Maunoury), sur l’Ourcq.
Bataille des marais de Saint-Gond : prise de Fère-Champenoise par les Allemands.
Arrêt de l’avance allemande dans le Grand Couronné de Nancy.
Chute de la place de Maubeuge.
8 septembre
1h Reçu l’ordre n° 1 (n° 60) du corps d’armée
La 16e division continue à tenir et à renforcer son secteur, chaque régiment dans la partie
qui lui a été affectée.
6h Compte rendu (1) du capitaine Ct le 1er btn sur la nuit et sur les observations qui peuvent
être faites.
13h Reçu du Colonel Ct la 16e division l’ordre N° 2 qui prescrit de manifester notre activité par des travaux et des reconnaissances.
h
14 Le Lt Colonel Ct pt la brigade envoie au Colonel une série d’observations qu’il a pu faire sur
la ligne de contact à la suite d’une visite.
Le Colonel Ct la 16e division envoie l’ordre de faire des reconnaissances sur St Pierremont,
Magnières et le bois du Grand Bras.
15h En exécution de ces ordres des patrouilles sont envoyées sur ces différents points et
essuient le feu de l’ennemi retranché dans les maisons dont les murs ont été crénelés. Les pertes sont de plusieurs tués et quelques blessés. On n’a pu évaluer les forces de l’ennemi dissimulé dans les maisons.
Situation locale
(N.D.R : Au Jmo du 1er R.A.C, il est indiqué que les 2e et 3e groupe préparent l’attaque sur Saint Pierremont en tirant une énorme quantité d’obus.) Situation générale :
Offensive des troupes britanniques et de la 5e Armée française entre les 1ère et 2e Armées
allemandes qui manquent d’être disloquées.
9 septembre
0h15 Le Colonel reçoit l’ordre N° 1 (n° 60) du 8e corps d’armée.
La 1e armée prend l’offensive.
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Le 8e corps attaquera dans la direction générale de Domptail en partant du pont Bois du
Feing, station de Magnières.
Le 95e doit attaquer St Pierremont à 2h30. En conséquence le Lt Colonel donne N° 1 et
transmet pour renseignement cet ordre au Colonel Ct la 31e Brigade. Les 1er et 3e btns
attaqueront le village et le 2e btn soutiendra par son feu l’attaque des 2 autres btns.
L’attaque ne réussit pas ; l’ennemi fortement retranché dans les maisons aux murs crénelés et dans les tranchées très bien abritées fait sur nos troupes un feu meurtrier en même
temps que l’artillerie ennemie bat les bois où se trouvent les réserves. Notre infanterie peu appuyée par notre artillerie est obligée de se retirer en subissant des
pertes assez sérieuses.
Nouvel ordre : une seconde attaque de St Pierremont aura lieu à 8h, les 3 btns du 95e
agissant ensemble. 2 btns du 85e seront en soutien et occuperont le bois de Feing et le bois
des Aulnes. Jusqu’à 8h l’artillerie va tirer à démolir et cessera le feu au moment où l’attaque sera renouvelée.
7h5 Compte-rendu (a) au colonel Ct le 95e : l’artie n’a encore rien fait. L’attaque a lieu, mais ne réussit pas davantage.
Nous avons perdu cette journée :
Officiers tués M.M le Cne Lamandé
Le Ss/Lt Caillat
Blessés  Le s/Lt Valude
 Le Cne Cournot (très légèrement continue son service)
troupe  tués : 30 – blessés 129 – disparus 33
17h10 Reçu l’ordre préparatoire de stationnement. Le 95e reprend ses positions.
Situation générale :
Bataille des marais de Saint-Gond : dernier effort allemand contre la 9ème Armée française.
Autre guerre : Le massacre de Domptail ... la sombre journée du jeudi 20 juin 1940.
Quelques vingt cinq années plus-tard, de nombreux régiments se replient et se dirigent vers
les Vosges où se regroupent le reliquat des IIIe, Ve et VIIIe Armées françaises, alors très
éprouvées et en pleine réorganisation.
A Domptail, 33 soldats français après s’être rendus ont été assassinés. L'unité responsable du massacre dépendait du 2e bataillon (II.Abteilung) du 305 Infanterie Regiment de la 198
Infanterie Division. Un lieutenant allemand commandant l'une des compagnies impliquées,
a été retrouvé en 1950 et accusé de crime de guerre.
Parmi les victimes, le soldat Roger Rougelot qui portait une plaque d'identité du 95e RI
(motorisé).
Vous pouvez lire les détails de cette histoire émouvante, sur le site :
http://www.kerfent.com/domptail.htm
23h Le Colonel reçoit l’ordre n° 1 (N° 62) du 8e corps d’armée. Les régiments se 10 septembre maintiendront sur les positions respectives en continuant les travaux de défense.
0h30 Le Général de Mondésir, Ct la 16e division à partir d’aujourd’hui, verra dans leurs secteurs les régiments de la division (ordre (a) de la division).
La relève des 85e et 95e aux A.P aura lieu dans la nuit du 11 au 12, le 95e étant relevé par
le 13e.
h
1 Le Colonel donne l’ordre N° 1 pour l’exécution des mesures prescrites par les ordres d’opérations du Corps d’armée et de la division : 2 btns (n° 1 et 2) restent sur leurs
positions, 1 btn envoie 1 peloton à la station de Deinvillers et 1 Cie ½ à Deinvillers.
Reçu de M. le Capne Barat Ct le 3e btn le compte-rendu des évènements des 9 et 10 Sbre
Tués  Off- néant – S-O- néant – Soldats- 3 – Blessés  Off. Cne Raulin, Ct la 12e Cie –
S.O : néant – S : 2 – Disparus : Off – S.O – S : néant
Situation générale
Bataille de la Marne : ordre de repli général des troupes allemandes.
Bataille de l’Ourcq: la 6e Armée française ne rencontre plus de résistance sérieuse et
progresse de 15 kilomètres. Paris est dégagée.
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11 septembre Même mission, mêmes emplacements pour le 95e (ordre N° 1 du 8e C.A)
0h45 Le colonel reçoit également l’ordre relatif à la relève des avant-postes, relève prévue pour la
nuit du 11 au 12. Le 13e relèvera le 95e. Le 95e viendra cantonner à Haillainville.
h
1 15 Le Colonel donne l’ordre N° 1 où sont consignées les mesures pour la relève des Régt.
13h Le régiment doit coopérer par le feu à l’attaque du 29e sur le bois du Grand Bras. En
conséquence le Colonel donne l’ordre n° 2. Les ordres donnés pour la relève sont retardés de 24 heures.
16h L’attaque du 29e nous donne le bois du grand Bras.
Pendant la nuit des reconnaissances allemandes sont envoyées sur la ligne des A.P
Tués : néant – Blessés : O-1 M. le Ss Lieutt Massacri – S.O-1 – S-2 – Disparus :O-0 – S.O –
1 - S-1
12 septembre Le Colonel reçoit l’ordre N° 1 du Corps d’armée. L’ennemi ayant commencé un mouvement e
1h45 de retraite devant le front de la 1 armée, l’offensive est reprise sur tout le front.
e
La 16 division attaquera sur le front Xaffévillers, St Pierremont. Premiers objectifs : Bois de
la Horne, Bois du grand Bras, Hauteurs 307, St Pierremont.
Les attaques seront menées par le 56e (R.I de Chalon sur Saône) sur Magnières soutenu
par le btn du 95e qui est au bois de Laleau ; - sur Xaffévillers par le 29e (Autun) ; sur St
Pierremont par le 95e.
L’ordre N° 1 du Colonel est envoyé à chaque chef de btn.
er
t
e
h
3 35 Le 1 btn enverra des reconnaissances sur S Pierremont ; - le 2 btn soutiendra l’attaque e
e
e
du 29 sur Xaffevillers et le 3 btn celle du 56 sur Magnières.
L’attaque montre que l’ennemi avait évacué dans la nuit la région et s’était porté plus en arrière. Il bat en retraite poursuivi par nos régiments.
Le 95e reçoit l’ordre d’avancer. Rassemblement sur la route du Bois des Aulnes en colonne par 4 – Direction Domptail. Le régiment cantonne à Domptail.
Reçu en communication l’ordre du corps d’A !
Situation générale
3 – 13 septembre 1914
Le gros des armées allemandes envahit la Belgique pour pénétrer en France.
Le 12 septembre, l’armée française arrête les Allemands sur les bords de la Marne, à quelques dizaines de kilomètres de Paris. Victoire française à la bataille du Grand
Couronné. Libération de Reims. Les armées française et allemande reprennent contact.
13 septembre
5h20 La division envoie l’ordre N° 1 (N° 71)
Le 95e est maintenu à Domptail.
Le Colonel envoie aux btns la Note N° 1 donnant les ordres de détails pour la journée de
repos.
7h Ordre verbal de la brigade : le régiment part à 11 heures.
t
8h40 Le Colonel donne l’ordre N° 2. Le Rég suit l’itinéraire St. Pierremont, bois de Feind, h
9 Deinvillers.
er
e
17h Le Régiment arrive à Domptail. Rehaincourt. 2 btns (1 et 2 ) cantonnent à Rehaincourt. Le
e
3 cantonne à Moriville.
Situation générale
Du 13 au 28 septembre Bataille de l'Aisne.
14 septembre
21h Le régiment cantonne à Rehaincourt.
Le Colonel reçoit l’ordre de mouvement et donne l’ordre N° 1, accompagnt de la notice pour
22h30 la répartition des trains.
Le Régt se met en marche sur Charmes par Morille où il prend le 3e btn. Le régiment doit
s’embarquer en 3 trains à la gare de Charmes.
Situation générale
Le front se stabilise entre l’Oise et l’Argonne. La victoire française n’est pas décisive, faute d’avoir pu être exploitée.
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120
Le général von Moltke est remplacé par le général von Falkenhayn à la tête des armées
allemandes.
15 septembre Le régiment s’embarque en 3 trains :
1er train – Etat major et 3e btn – 5 h 38
2e train – 1er btn 6 h 38
3e train – 2e btn 7 h 58
Le 95e débarque à St Mihiel
1er train à 17 h 30
2e train à 18 h 30
3e train à 19 h 58
L’Etat-major et le 3e btn cantonnent à Han s/ Meuse ; le 2e et le 3e btn cantonnent à Saint
Mihiel (2e) et Ailly (1er).
(N.D.R : après avoir débarqué à Lérouville et Sampigny, le 1er R.A.C. cantonne à SaintMihiel.)
16 septembre 6h30 – Le 95e est dans ses cantonnements et à 6 h 30 le Colonel reçoit l’ordre d’opérations N° 1. Le régiment doit se transporter à Rouvrois s/ Meuse. Le mouvement commencera à
11 h 30.
8h30 Le Colonel reçoit l’ordre N° 2 : le régiment part à 11 heures mais 2 btns (2e) seulement
cantonnent à Rouvrois (3e et le 1er). Le 2e btn cantonne à Spada.
h
15 Le régiment reçoit l’ordre de stationnement (N° 3) indiquant les emplacements des divers
corps de la division.
h
22 Le régiment reçoit l’ordre d’opérations pour la journée du 17 : il reste sur ses
emplacements.
17 septembre Le régiment reste dans ses cantonnements (Ordre général N° 1 (23h le 16).
18 septembre
1h15 Reçu l’ordre général N° 1 (N° 79) de la 16e division pour la journée du 18, complété par
l’ordre N° 1 de la 31e brigade. La 16e division se porte vers le N.E en 2 colonnes colonne
de droite : 31e brigade
h
Avant garde sous les ordres du colonel Ct le 95e formée par 2 btns du 95e
2
Le 3e btn est au gros de la colonne.
En exécution des prescriptions des ordres précédents le Colonel donne l’ordre N° 1 aux chefs de btn. Itinéraire : Spada, Lamorville, Lavigneville, Deuxnouds-aux-Bois, St Maurice.
16h Cantonnement probable : St Maurice – Avillers – Woël.
16h30 L’exécution de ces ordres est différée jusqu’au reçu d’un nouvel ordre envoyé ultérieurement.
Reçu l’ordre préparatoire N° 3 de la 16e division : toutes les troupes sous les armes prêtes à
partir.
L’ordre particulier N° 1 (N° 4) du 8e Corps d’armée donne les prescriptions pour l’exécution du mouvement.
17h30 Le Général Ct la 16e division donne l’ordre N° 4. La 16e division se porte sur les côtes de
Meuse en 2 colonnes.
Colonne de gauche : 31e Bde – Itinéraire : Lacroix, Seuzey, Dompierre, Deuxnouds, St
Maurice
Le Colonel donne aux chefs de btn l’ordre N° 1.
Le mouvement s’exécute à partir de 17h45 à 21h45, le régiment arrive à St Maurice.
1 btn ½ est à Saint-Maurice (1er btn et 2 Cies du 2e) .
2 Cies du 2e sont à Deuxnouds. 1 bataillon (3e) est à Billy sous les Côtes.
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121
Citations
au q.g.a. 12
septembre 1914
1e Armée
Etat-major
Ordre Général n° 40 (Extrait)
1er Bureau
______________
N° 1838
Le Général Commt la 1e Armée cite à l’ordre de l’armée les officiers, sousofficiers, caporaux et soldats dont les noms suivent « pour leur sang froid et leur belle
conduite au feu »
les capitaines de la Source et Barat du 95e
le sous-Lieutenant Rayel du 95e
le soldat Normand du 95e
Le Général Ct la 1e armée
Signé : Dubail
Nominations Sont nommés à titre temporaire (ordre général N° 6) à la date du 4 septembre 1914
Au grade de lieutenant de réserve :
Merlin Jean, sous-Lieutenant au 95e
Brière de la Hosseraye, s/Lieutt adjoint au chef de btn 95e
Citations
1e Armée
____
au q.g.a. 19 septembre 1914
Ordre Général n° 47 (Extrait)
______________
Le Général Ct la 1e Armée cite à l’ordre de l’armée :
Le soldat Valeix du 95e d’infanterie
« a relevé le drapeau au moment où le Lieutenant qui le portait a été tué lors
de la contre attaque de Mattexey »
et en outre les officiers, sous-officiers, caporaux et soldats dont les noms
suivent qui se sont distingués par leur brillante conduite et leur belle attitude au feu dans les
combats du 14 au 26 Août »
l’adjudant Bouvier du 95e
le caporal Lhuillier du 95e
Signé : Dubail
Nominations A la date du 12 septembre 1914, sont nommés au grade de Chef de bataillon à titre
temporaire (Ordre N° 38)
Gaultier de la Ferrière, Georges, Adolphe, capitaine au 95e (affecté au 1er bataillon)
Barat Albert, Aimé, Georges, capitaine breveté au 95e (affecté au 3e bataillon).
Citations
Citations
au q.g.a. 8
septembre 1914
1e Armée
Etat-major
Ordre Général n° 32 (Extrait)
1er Bureau
Le Général Ct la 1e Armée cite à l’ordre de l’armée :
Les adjudants Dubourgdieu (9e) Desjourneaux (1e) Dussault (3e ) du 95e
les soldats Rabot (2e) Marcel (8e) Bardin (11e) Lafond (C.H.R) du 95e
« Belle conduite aux combats de Blâmont, Sarrebourg et Mattexey ».
Le Général Ct la 1e armée
Signé : Dubail
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Situation générale
Bataille de Picardie : la 2e Armée française est transférée de Lorraine vers la Somme.
19 septembre
0h1 Le Colonel donne l’ordre N° 1 pour la garde des cantonnements.
5h Reçu l’ordre N° 1 (N° 76) du 8e Corps d’armée et l’ordre N° 1 (N° 83) de la 16e division. La
mission de la division est de reconnaître les forces ennemies qui se trouvent dans la région.
La 31e brigade a pour objectif Woël et Doncourt.
h
6 45 Le Colonel donne l’ordre N° 2. Le 95e tiendra fortement les points de Billy, St Maurice et
Thillot et se retranchera en utilisant les travaux déjà existants sur la ligne de défense du
8h50 pied des côtes.
9h40 Rapport du Ct Barat Ct le 3e btn sur la situation de ce bataillon.
10h10 Les 2 Cies de Deuxnouds sont remises à la disposition de leur btn.
19h30 Rapport du Chef de btn Ct le 1er baton
Le Colonel reçoit l’ordre général N° 1 de la 31e brigade. Le 8e C.A est appelé à faire partie
d’une autre armée. Les troupes de la 16e division seront embarquées le 21 à Lérouville –
Sampigny, St Mihiel. La 16e division rompra le contact dès la nuit.
Le 95e ira cantonner à Varvinay et Senonville.
h
21 30 Le colonel donne l’ordre N° 3 pour l’exécution du mouvement. 23h Le régiment quitte St Maurice pour aller cantonner à Varvinay (E.M 1er et 2e btn) et
Senonville (3e).
(N.D.R : Le 8e C.A est rattaché à la 3e Armée du général Sarrail).
20 septembre
3h Le régiment arrive dans ses cantonnements.
h
6 30 Reçu l’ordre N° 1 (N° 85) de la 16e division donnant les ordres de détail pour
l’embarquement.
Le 95e s’embarque en 3 trains à Sampigny et Lérouville.
Le Colonel donne l’ordre N° 1 pour l’embarquement. Le 95e forme 3 trains
1er btn s’embarque à Sampigny à 16h31
2e btn
Lérouville 17h38
e
et 3 btn, E.M
Lérouville 18h38
Les heures de départ des cantonnements sont les suivants :
1er btn 10h31
2e btn 9h38
3e btn 10h38
Le régiment s’embarque et passe la nuit en chemin de fer.
Situation générale
Offensive de l’armée du Kronprinz au nord de Verdun et en Woëvre.
21 septembre Le régiment arrive à Ste Menehould où les btns débarquent aux heures ci-après
2e btn – 1h30
3e btn – 2h
Le 1er btn débarque à Villers Daucourt à 1h30
Les btns rejoignent le cantonnement de Braux St Rémy à 7h.
Le régiment passe la journée dans son cantonnement.
A 20 heures, le régiment reçoit un renfort venu du dépôt du 27e. Ce renfort se compose de :
1 Lieutenant – Lt Heluin
1 adjudant-chef – 16 caporaux et 310 hommes.
Ce renfort porte l’effectif du régiment à 2.565 hommes
(N.D.R : Le 1er R.A.C signale, dans son Jmo, alors qu’il fait route sur Vieil Dampierre, que Amblaincourt, Rambercourt, Lisle en Barrois, Layeycourt, Sommeilles sont incendiés par les
Allemands).
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22 septembre Le régiment ne fait aucun mouvement.
18h Il reçoit un renfort de :
2 capitaines M.M Lenotte et Sallé (5e Cie)
1 Lieutenant ou S/Lt Laneyre, Delarue, Bouzigue et …
et 460 S/officiers, caporaux et soldats venus des dépôts des 95e, 85e et 134e (Macon-Dijon)
Situation générale
Bombardement de Tahiti et Papeete par l’escadre allemande du Pacifique (Von Spee).
23 septembre Reçu de la 16e division l’ordre préparatoire pour la journée du 23 septembre. La 16e division
9h15 doit se préparer a être embarquée à Villers Daucourt et Ste Menehould.
11h15 Reçu l’ordre d’embarquement. Le 95e s’embarque en 3 trains à Villers Daucourt :
1 btn (1er) à 11h06 (a été prévenu par o/venu directement du C.1 par l’off d’E.M)
1 btn (2e) à 14h06
1 btn (3e) à 17h06
L’embarquement a lieu aux heures indiquées et le régiment débarque à Sampigny aux heures ci-après :
16h30 – 19h30 – 22h30
17h30 Reçu un ordre du C.A donnant les prescriptions suivantes :
Le 1er btn est aux avant-postes. Le 2e btn cantonne à Lérouville, le 3e à Mécrin.
Contaminas S.O / Rentre au régiment.
24 septembre
4h Le Colonel Ct la 31e Brigade donne communication au Lt Colonel du 95e de l’ordre N° 1 de la 16e Division. Reçu de la 31e Brigade l’ordre N° 1.
h
4 15 En exécution de cet ordre les mesures de la Note N° 1 sont prescrites. Le 1er btn va se
porter sur Marbotte, le 3e btn reste sur sa position et le 2e va quitter Lérouville pour se
rendre par Mont s/Meuse à Mécrin.
Ordre destiné au 2e btn est annulé par le Colonel Ct la 31e Brigade au passage à Sampigny
à 4h45.
6h30 Reçu un compte-rendu du Commt du 2e btn.
6h30 Le Colonel Ct la 31e Brigade envoie l’ordre N° 2. Le 95e renforcé par 1 btn du 85e doit être
poussé par Marbotte sur le débouché du défilé de St Agnant en laissant une garnison à
Mécrin – 1 btn sera d’abord poussé sur Marbotte puis à l’arrivée de l’A.D 16 le btn de tête ira à St Agnant et les 2 autres à Marbotte.
12h15 Le Colonel Ct la 31e Brigade donne l’ordre N° 3. La mission de la division est de tenir le passage de la Meuse.
15h Reçu du Ct du 2e btn un rapport sur sa mission et sur son emplacement.
16h30 Reçu le C.R du Ct du 1er btn.
16h30 Le Colonel envoie aux chefs de btn et au colonel Ct la 31e Brigade comme renseignement
l’ordre de stationnement du régiment qui est approuvé.
17h45 L’ordre de stationnement N° 3 est envoyé par la Brigade.
18h Reçu un rapport du Cne Baldin du 85e transmis par le Cne Bouvier
Situation générale
Bataille de Picardie : violents combats dans la Somme.
Stabilisation du front à l’ouest de Péronne.
Le saillant de Saint-Mihiel – L’engagement de la 16e Division d’Infanterie
Les allemands ayant observé par voie aérienne le dégarnissement de ce secteur en
profitent pour lancer une violente attaque, qui débouche de Thiaucourt en direction des
Hauts de Meuse et de la plaine de la Woëvre située entre St-Mihiel et Pont-à-Mousson.
Dans l’après-midi du 24 septembre ils s’emparent de Saint-Mihiel et le 25 au matin, du fort
du camp des Romains, verrouillant ainsi la vallée de la Meuse. La 73° division française du
général Lebocq (division de Toul) cantonnée sur le plateau de Haye contre-attaque l’ennemi dans son flanc. Mais le XIV° corps d’armée badois repousse dans un premier temps les fantassins français sur la ligne Martincourt-Bernécourt. Malgré des pertes conséquentes, les
français s’accrochent au terrain et organisent des contre-attaques. Du 22 au 25 septembre,
la 73° DI reconquiert à grandes pertes le terrain perdu sur une profondeur de six kilomètres
obligeant les Allemands à reculer en certains endroits pour s’appuyer … Didier Linard – Tous droits réservés – août 2013
124
… sur les lisières forestières et les positions dominantes. Ces actions permettent de
reprendre les villages de Flirey, Limey, Lironville, Mamey qui étaient tombés aux mains de
l’ennemi. Mais ces journées de combat coûtent 3.500 tués et blessés pour cette seule
division. Le front se stabilise à la fin du mois de septembre. Les belligérants s’enterrent sur leurs positions respectives. Les français tentent alors à maintes reprises de réduire cette
hernie en lançant de nombreuses attaques localisées. La plupart du temps ces dernières se
limitent à la conquête d’une tranchée, d’un ouvrage, quand elles ne se concluent pas par un échec total au prix de lourdes pertes.
http://www.alhimic.fr/?page_id=1494
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25 septembre Reçu les renseignements du Cmmt du 1er btn (2 rapports du Chef de btn – 6 h et 8h05)
Les bataillons ont repris leurs positions de la veille sur lesquelles ils se maintiennent.
15h30 Reçu un compte-rendu du Capitaine Lépineux transmis par le Ct du 1er btn
20h Le Colonel reçoit du Ct de la Brigade l’ordre N° 1.
23h50 Les 2 btns du 95e sont rentrés à Marbotte où ils restent en cantonnement d’alerte. Les distributions n’ayant pu avoir lieu il est prescrit qu’une journée de vins de réserve serait consommée le lendemain.
M. Condaminas, s/Lt ; évacué pour maladie.
Pertes : 1 tué
Situation locale
Combats vers Apremont et le bois d’Ailly ; puis stabilisation et occupation d’un secteur dans cette région : vives actions locales répétées. C’est le début de la guerre des tranchées.
Le 95e R.I quittera ce secteur le 21 janvier 1916. Durant ces 17 mois, près de 3.200
hommes du régiment seront mis hors de combat, sans compter les évacuations pour
maladie.
Le secteur du bois brulé – Croix des Redoutes
Dans le cadre de la fortification de la nouvelle frontière, une redoute est construite en
bordure du plateau dominant le village d’Apremont-la-Forêt. Cette localisation est
stratégique puisqu’elle permet de contrôler en tenant sous son feu la route sur le plateau menant à Saint-Mihiel, ainsi que la vallée allant en direction de Sampigny et de la Meuse,
d’où l’acharnement des Allemands pour s’en emparer. La construction de cet ouvrage est
typique des premières fortifications légères construites à partir de 1875 et non modernisées.
Cet ouvrage comprend deux bastions reliés entre eux par une courtine d’environ 200 mètres.
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Les bastions sont constitués par un rang de casemates semi-enterrées, recouvertes de
terre et de troncs d’arbres. La partie sommitale est parcourue par un chemin de ronde protégé par un parapet de tir. L’avant de l’ouvrage est protégé par un épais réseau de fils barbelés. A 200 mètres en arrière existaient d’autres ouvrages connus sous le nom de « vieux abris ». Le bois Brûlé est situé en périphérie de la forêt d’Apremont. Il commande le carrefour des routes sur lequel est bâti le village. De nombreux régiments participent aux
combats de ce secteur et y subissent de nombreuses pertes, car chaque adversaire veut
s’emparer puis conserver cette position stratégique. Ainsi, pour les seuls combattants français, les pertes s’élèvent à 7.629 hommes, tués, blessés ou disparus entre le 25 septembre et le 31 décembre 1914. Pour le 95e R.I, ce sont 1.215 hommes mis hors de
combat (Source : Jmo).
Les combats pour s’emparer de la courtine vont se succéder entre le mois d’octobre 1914 et la fin mars 1915.
Carte présentant la première ligne française et le réseau défensif allemand sur le secteur de
la tranchée de Roffignac et de la Croix des Redoutes.
La première attaque allemande sur le bois Brûlé et le bois Jurat a lieu le 6 octobre 1914.
Les 10 et 11 octobre 1914, les allemands poursuivent leur offensive en direction de la
redoute et du bois Brûlé, mais sans remporter de succès. Du 3 au 8 puis le 15 novembre,
les allemands reprennent leurs attaques sur la redoute. Le 25 novembre l’attaque se généralise à l’ensemble du bois Brûlé. Le 27 novembre, ils arrivent à atteindre la tranchée située devant la gorge de la redoute et
le 5 décembre s’emparent du bastion nord, celui au sud restant en possession des troupes françaises.
Le 11 décembre, c’est au tour des troupes françaises d’attaquer pour reprendre les positions perdues, mais sans succès. La pression allemande est de plus en plus forte et le
18 décembre, c’est au tour de la courtine de tomber aux mains ennemies. Le 27 décembre, la moitié du bastion sud est perdue et à la fin décembre, les Bavarois de la
5ème division réussiront à prendre l’ensemble de la redoute. Il leur aura fallu trois mois pour progresser de 300 mètres au prix de lourdes pertes puisque ces dernières s’établissent à 10.000 combattants français et autant du côté allemand. Ces dernières se décomposent du
côté français de la manière suivante : 1.565 tués, 7.657 blessés, 845 disparus. Les combats
vont alors se poursuivre intensivement durant la première moitié de l’année 1915.
Les positions allemandes du bois Brûlé donnent un bon aperçu du système fortifié puisque
s’y côtoient les premières lignes, boyaux, positions de guetteurs … . Le secteur d’Apremont sera tenu par le 8ème Corps pendant deux ans. Les objectifs ne seront jamais atteints.
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126
A peu de choses près, la ligne de front du 28 septembre 1914 sera inchangée jusqu’à l’offensive franco-américaine du 12 septembre 1918. Les premières lignes françaises et
allemandes du bois Brûlé se prolongent vers le secteur de la « Tranchée de Roffignac » et
même au-delà jusqu’à la « Tête à Vache », soit au moins 5 kilomètres de tranchées
bétonnées allemandes et de no man’s land.
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26 septembre
3h30 Reçu de l’Etat-major de la 16e division l’ordre d’opérations (N° 95) N° 1. L’offensive sera reprise, la 16e division visera d’abord à atteindre et à dégager la route St Mihiel – Apremont
puis la route St Mihiel – Woinville.
Reçu également l’ordre de la 31e Brigade. Le 95e est chargé de l’attaque du bois Brûlé et de la côte 362.
12h40 Reçu le rapport du Capne Ct la 10e Cie.
12h45 Reçu le rapport du Lt Ct la 1ère section de mitrailleuses.
13h Reçu le rapport du Cne Lépineux Ct la 3e Cie
13h15 Reçu, le rapport du Lt Rayel Ct la 1ère Cie.
Les 1er et 3e btn bivouaquent sur place.
Le 2e btn est détaché toujours à la disposition du Général Ct la 16e Division.
Le régiment est obligé de consommer 1 jour de vivres de réserve pour raison majeure.
20h Reçu l’ordre de stationnement du Colonel Ct la 32e brigade sous le commandement duquel
est momentanément le 95e.
Pertes : Tués : 3 soldats – Blessés : 2 S/O – 27 soldats – Disparus : 7 soldats
Situation locale
Les 1ère, 2ème et 3ème batterie du 1er R.A.C appuient le 95e R.I. Les 4e et 6e batteries se
portent à Mécrin pour appuyer le 85e R.I.
Situation générale
Offensive générale allemande entre Oise et Meuse. C’est un échec.
Le G.Q.G. français est transféré à Romilly-sur-Seine.
27 septembre
1h Le Colonel reçoit l’ordre de la Division N° 1 (N° 97). L’offensive continuera dans les directions précédemment indiquées.
13h15 Le Colonel Ct la 31e Brigade envoie le renseignement N° 1 et prescrit d’accentuer le mouvement en avant sur tout le front. On ne peut gagner du terrain et les 1er et 3e btn
restent sur leurs positions.
Le 2e btn est toujours détaché.
Le régiment reçoit : 4 lieutenants de réserve – 5 sergents-majors et 4 ordonnances.
Pertes :
Tués : 3 soldats
Blessés : 2 S/O – 26 soldats – Disparus : 4 soldats – Le capitaine Lenotte est évacué.
28 septembre
3h45 Reçu de M. le Colonel Frontil Ct le 13e le renseignement n° 1. Reprise de l’attaque à 4h45. Ordre d’attaque annulé : il faut résister sur place.
10h Le Colonel Ct la 31e Brigade envoie la note N° 1.
11h Reçu du Général Ct la 16e Division une note indiquant que jusqu’à nouvel ordre c’est le Colonel Ct la 32e brigade qui a sous ses ordres les forces qui attaquent Apremont et que
c’est à lui que doivent être adressés demandes et compte-rendus.
11h30 Reçu du Lt Rayel Ct la 1e Cie le renseignement sur la 1e section de mitrailleuses et sur la
direction du feu de l’ennemi.
19h Compte-rendu du Ct Barat Ct le 3e btn au Lt Colonel
Mr le Capitaine Cournot Ct la 2e Cie grièvement blessé par une balle de shrapnel évacué le
28.
La 2e Cie est sous les ordres de Ss Lt Duplaix.
Pertes :
Tués : 1 S.O – 10 soldats
Blessés : 5 S/O – 65 soldats – Disparus : 4 soldats
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127
Situation générale
Le Grand Quartier Général des Armées Françaises du Gal Joffre s’installe à Romilly-surSeine.
29 septembre Reçu un rapport du Lt Rollin
5h Le Lt colonel envoie au Colonel Ct la 31e brigade le compte-rendu des évènements qui se
sont déroulés dans la soirée du 28 et dans la nuit du 28 au 29.
14h Le Lt Colonel Frontil, Ct le 13e envoie au Lt Colonel Ct le 95e le renseignement sur les
attaques qui vont se produire et l’avertit de l’arrivée du 171e qui doit collaborer au
mouvement.
20h Reçu un compte-rendu du Commt du 2e btn sur la mission qui lui a été confiée et sur la
situation actuelle du btn.
Pertes :
Tués : 10 soldats
Blessés : 4 S/O – 82 soldats
Disparus : 0
30 septembre Le Colonel reçoit de la 16e Division l’ordre général d’opérations N° 1 (N° 101) .
1h Reçu divers rapports sur la situation des régiments par rapport à celle du 95e (171e, 227e).
Le Colonel Ct la 31e Brigade demande au Lt Colonel Ct le régiment un rapport sur les
travaux exécutés en vue de conserver le terrain conquis.
h
h
.. 45 – 5 Reçu 2 rapports du chef de btn Maire du 171e sur ses emplacements et sa mission.
9h 45 Le Colonel reçoit du Colonel Ct la 31e Bde une note le renseignant sur le commandement
sous lequel il se trouve momentanément placé.
11h Reçu en communication pour renseignement un ordre du général Rouquerol Ct les attaques
sur les bois d’Ailly.
17h et 21h Le Colonel reçoit 2 rapports du chef de Btn Maire Ct le 2e btn du 171e.
Le régiment reste sur ses positions d’A.P
Pertes :
Tués : 0
Blessés : 1 S/O – 5 soldats
Disparus : 0
(N.D.R : Depuis le début du conflit, le régiment enregistre près de 2.400 militaires mis
hors de combat, pertes en partie compensées par l’arrivée de plus de 1.800 hommes. A titre indicatif, au cours de la bataille dite des frontières à la Marne (6 août 1914 – 13
septembre 1914), ont été comptabilisés sur tous les secteurs du front :

Morts sur le terrain, disparus et prisonniers : 313.000 français ;

Morts dans les formations sanitaires du front : 7.000 français ;

Morts dans les hôpitaux de l’intérieur : 9.000 français.
Contexte de la bataille de Saint Mihiel
Devant Saint-Mihiel en septembre-octobre :
La reprise de Saint-Mihiel était un objectif stratégique de l’état-major du 8e corps d’armée. Il fallait empêcher les allemands d’enfoncer le front au sud de Saint-Mihiel pour encercler
Verdun.
Ce qui se passe à côté du 95e
Combats du 28 septembre :
Deux bataillons du 171e R.I de Belfort reçoivent l’ordre de s’emparer du bois Brûlé et du bois d’Ailly. Cette attaque ne fait l’objet d’aucune préparation d’artillerie et s’effectue sur un
terrain découvert qui ne laisse aucune chance aux assaillants. À la fin de la journée, le
terrain conquis ne peut être conservé, et les pertes s’élèvent à plus d’un millier d’hommes.
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Attaque sur le bois d’Ailly le 1er Octobre
Deux compagnies du 1er bataillon du 171e s’avancent sur la route de Marbotte à Ailly et parviennent à s’emparer des premières tranchées allemandes mais le mouvement ne peut être poursuivi car la liaison avec les autres unités ne peut s’établir.
Toutes les attaques suivantes seront des échecs au cours desquels des milliers d’hommes seront tués ou blessés. À la fin du mois d’octobre, les attaques sont suspendues.
Première bataille d’Artois (1er au 26 octobre 1914)
1er Octobre
A partir de 0h. le Régiment est relevé par le 134e. Il quitte ses positions et les 2 btns vont
cantonner à Mécrin.
Du 23 septembre au 1er octobre, après avoir conquis du terrain, le 95e, malgré des attaques
nombreuses de jour et de nuit d’une violence extrême, résiste sur des positions et conserve le terrain conquis.
A 3h le régiment reçoit l’ordre d’aller prendre position au carrefour à 1 km S.O de Marbotte comme réserve du C.A.
L’attaque générale prévue étant suspendue, à 18h (2 bataillons (1er et 3e) cantonnent à Pont
s/Meuse). Le 2e btn est à St Julien.
Le Ss Lieutt Duplaix a été tué pendant la relève.
Pertes : Tués : 0 – Blessés : 5 soldats – Disparus : 0
Situation générale
Du 1er au 4 octobre, c’est la bataille indécise d’Arras.
Le 134e R.I est originaire de Macon – Dijon affecté à la 15e D.I d'août 1914 à novembre
1918, 8e corps d'armée.
Citations
au q.g.a. 1er octobre 1914
e
1 Armée
____
Ordre Général n° 57
______________
Le 2e bataillon du 95 Régt d’infie (Commt Blavet) mis provisoirement le 26
septembre à la disposition de la 2e division de cavalerie a reçu mission avec 2 escadrons à
pied d’enlever les localités de Xivray et Marvoisin. Le bataillon s’est acquitté de cette tâche avec le plus bel entrain et la plus grand bravoure.
Retranché dans ces deux localités sous un feu d’artillerie lourde des plus intenses, il a tenu trois jours et trois nuits avec un calme parfait donnant par sa superbe
attitude l’exemple des plus hautes vertus militaires.
Le 2e btn du 95e est une troupe d’élites. Il vient d’accomplir un fait d’armes qui l’honore grandement.
Sont en outre cités à l’ordre de la 1ere Armée :
le Chef de bataillon Blavet Ct le 2e btn du 95e
« Chargé le 26 septembre d’enlever avec son bataillon et 2 escadrons à pied les localités de Xivray et Marvoisin, s’est acquitté de sa mission avec le plus brillant courage.
« Grâce à son sang froid et à son énergie a maintenu pendant 3 jours et 3
nuits son bataillon retranché dans ces localités sous un feu d’artillerie lourde extrêmement violent. A montré en cette circonstance les plus belles qualités de chef. »
les Capitaines Sallé et Hoarau de la Source du 95e
« ont largement contribué par leur bravoure, leur belle attitude et leur
intelligente activité à obtenir de leur bataillon un superbe acte de d’héroïsme qui lui a valu
d’être cité à l’ordre de l’armée. »
le sergent Fraise, du 95e
« a fait preuve du plus grand sang froid sous un bombardement violent et a
constamment maintenu sa section à sa place et en ordre. »
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129
le sergent Forest, du 95e
« s’est présenté le premier comme volontaire pour exécuter une
reconnaissance qu’il a dirigée sous le feu de l’ennemi avec beaucoup de courage et d’entrain. »
le caporal rengagé Menguy, du 95e
« a fait preuve à Xivray d’un calme et d’un sang froid remarquables sous le
feu d’artillerie le plus violent. S’était déjà signalé le 25 Août par sa belle tenue au feu au combat de Mattexey où il était resté dans le rang bien que blessé. Evacué à la suite de sa
blessure a rejoint avant guérison complète. »
le soldat de 2e classe Gauthier du 95e
« Blessé à Xivray d’un éclat d’obus, alors que simple soldat il exerçait avec un calme habituel le commandement d’une escouade sous le feu d’artillerie le plus violent. »
Signé : Dubail
Mutations
Par ordre N° 2 en date du 21 7bre, le Général Ct le 8e C.A décide que le capitaine Bouvier du
95e prendra immédiatement le Commandement du 1er Baton du 85e en remplacement du Ct
Mingasson tué à l’ennemi ;
2 Octobre
0h45 Reçu l’ordre général N° 1 du Corps d’armée (n° 89). L’offensive est continuée sans interruption de nuit et de jour. La 31e Brigade est en réserve du Corps d’armée et se portera à 7h à la lisière O. du Bois de la Commanderie.
1h Le Colonel donne l’ordre au régiment de Pont-sur-Meuse à 6h pour prendre ses
8h35 emplacements.
Le Colonel Ct la 31e Bde donne l’ordre de porter 2 btns (1er et 3e) à la disposition du Général
h
9 40 Ct la 16e Division à Marbotte. Le 2e btn est remis sous les ordres du Lt Colonel et doit …. A
11h St Julien.
14h15 Le Lt Colonel envoie au Ct du 2e btn l’ordre de se tenir prêt à venir à Marbotte.
Ordre est donné de ramener les 1er et 3e btns à Pont sur Meuse et de laisser le 2e à
Marbotte.
Le Lt Colonel donne au Ct du 2e btn l’ordre de cantonner à St Julien et reçoit le C.R de ce chef de bataillon.
A 16 h. un ordre du C.A (N° 90) de 13h30 prescrit de mettre 2 btns à la disposition du
général de division à Marbotte et donne lieu à équivoque.
17h Un compte-rendu au Colonel Ct la 31 Bde est envoyé à …..
18h L’ordre d’envoyer un autre btn à Marbotte .
Le 1er btn se met en route pour être mis à la disposition du Général Ct la 16e Division.
Le 3e btn cantonne à Pont sur Meuse.
Pertes :
Tués : 0
Blessés : 1 S/0 – 2 soldats - Disparus : 0
3 Octobre
0h Reçu l’ordre du Corps d’armée n° 1 (N° 91).
Les attaques seront continuées dans les mêmes directives que celles indiquées dans les
ordres précédents. Le Colonel Ct la 31e Bde donne le commandement du groupe des 2 btns
(85e et 95e) qui constituent la réserve à la Commanderie cote 329.
h
16 Le Colonel Ct la brigade envoie l’ordre (probable) de stationnement.
20h Le général Ct la 16e division autorise le stationnement d’un btn de la réserve du C.A à Pont s/Meuse au lieu de Mécrin.
Le 1er à Marbotte, le 3e btn cantonne à Pont s/Meuse. Le 2e a relevé 1 btn du 171e aux
avant-postes.
Pas de pertes.
Situation générale
Début de la Course à la Mer : Création de la 10e Armée française du Gal de Maud’huy chargée de forcer la droite allemande au sud de Lille.
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4 Octobre
Le 3 à 21h40 le Colonel reçoit du Corps d’armée l’ordre général N° 1 (N° 92). Les attaques seront poursuivies dans les mêmes conditions que pour la journée du 3. Les 3 btns de la
31e Bde formant réserve du C.A seront rendus pour 6 heures :
2 btns à la lisière O du bois de la Commanderie
1 btn à Sampigny
A 21h50, le Lt Col envoie l’ordre N° 1. Le 3e btn quittera Pont s/Meuse pour occuper les
emplacements du 3 à 5 h.
Le Ct du 1er btn demande à ce que son btn soit relevé par le 3e btn ;
h
8 30 Le Lt Colonel demande au général Rouquerolle Ct le secteur de Marbotte l’autorisation de relever le 1er btn par le 3e.
10h30 Cette autorisation est accordée.
18h Reçu l’ordre N° 2 (93) du Général Ct le 8e C.A
Le 2e btn reçoit les ordres (a) et (b) du Général Rouquerol et du Lt Colonel Bénier Ct le 172e.
Il se porte à l’Y de Jaulny prêt à exécuter une contre-attaque face au Bois d’Ailly.
Le 95e cantonne : E.M et 1er Btn à Pont s/Meuse. Les 2e et 3e sont aux avant-postes 3e au
bois d’Ailly secteur sud.
Pertes :
Tués : 0
Blessés : 2 soldats
Disparus : 0
Reçu le 4 octobre à 20 heures l’ordre général d’opérations N° 1 (N°94) du 8e Corps. Le
régiment est toujours en réserve du C.A. Les 2 btns à la disposition de la Division (2e et 3e)
sont toujours aux A.P.
A 20h45 (le 4) le Colonel C² le régiment donne l’ordre n° 1. Le 1er Btn se rendra aux bois de
la Commanderie où il continuera les travaux qu’il a commencés.
8h40 Reçu le rapport du Commt du 3e btn sur sa situation.
Le 1er btn rentre à Pont s/meuse. Les 2 autres btns sont au N de Marbotte,
Le 3e dans le secteur S du bois d’Ailly
Le 2e au N du carrefour de la Croix St Jean.
Pertes : 4 blessés
5 Octobre
Situation générale
Première victoire aérienne pour l'équipage d'un Voisin, pourtant lent et peu maniable, sur un
Aviatik. (Pilote - sergent Franz; observateur-tireur au mousqueton - caporal Quinault.)
6 Octobre
Reçu le 5 octobre à 21 h l’ordre d’opérations N° 1 (N° 95) du 8e Corps d’armée pour la journée du 6 octobre. Mêmes dispositions que pour la journée précédente.
En conséquence le Colonel donne l’ordre au 1er btn de quitter Pont s/Meuse à 5 heures
pour se porter au Bois de la Commanderie où il se mettra en liaison avec les autres
éléments de la réserve.
A 18h30 le 1er Btn rentre cantonner à Pont s/Meuse ; les 2e et 3e btns à la dispson du
Général Ct la 16e Division restent sur leurs positions.
Pertes :
Tués : 3
Blessés : 9
Disparus : 2
7 Octobre
Reçu l’ordre n° 1 (N°96) du Corps d’armée le 6 octobre à 21 heures. Mêmes dispositions
que pour la journée précédente
14h Reçu l’ordre général n° 96.
15h Reçu le C.R du Ct du 1er Btn
Le 1er btn rentre à Pont s/meuse. Le 2e btn est relevé dans la nuit du 7 au 8 (par un 1 btn du
171e) et arrive à 2h. le 8 octobre à Pont s/meuse. Le 3e btn reste sur ses positions.
Pertes :
1 tué - 8 blessés
8 Octobre
Le 7 octobre, à 21 h. le Colonel reçoit l’ordre d’opérations N° 1 (N°99) du 8e C.A
6h La réserve du C.A formée par les éléments de la 31e Brigade se porte au bois de la
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Commanderie. Le 2e btn reste à Pont s/Meuse. Le 1er va exécuter des travaux à l’endroit 9 30 prescrit.
15h Reçu le compte-rendu du Commt du 3e btn sur sa situation. Il demande a être relevé.
Reçu pour avis l’ordre du Général Ct la 16e Division au Lt Colonel Ct le 227e et au Général
Rouquerol Ct la brigade mobile de Belfort. Le 3e btn du 95e sera relevé par un btn du 227e et
viendra cantonner à Pont s/Meuse. Le 1er btn sera rendu à St Julien (situé au NE de
Boncourt sur Meuse) à 20h où il formera la réserve du général de Division.
20h Le régiment est cantonné ainsi qu’il suit :
1er btn à St Julien
2e btn à Pont s/Meuse
Le 3e btn est relevé dans la nuit et se rend à Pont sur Meuse où il arrive le 9 à 6 heures.
Pertes : 1 tué, 4 blessés
h
Citation
6 octobre 1914
1e Armée
Ordre Général n° 64 (Extrait)
______________
Le Général Ct la 1e Armée cite à l’ordre de l’armée les Officiers ci-après qui se
sont particulièrement distingués par leur attitude et leur belle conduite au feu :
-------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------Malevergue de Fressinat, du 95e d’infie
Signé : Dubail
Ordre n° 148
D
Au g.q g. 8 octobre 1914
Décoration
En vertu des pouvoirs qui lui sont conférés par la décision mlle n° 12285 K du 8
Août 1914, le Général Ct en chef a fait à la date du 8 octobre 1914 dans l’Ordre de la Légion d’Honneur la nomination suivante :
Chevalier
M. Rolin, Edouard, Charles, Lieut au 95e Rt d’infie
« Grièvement blessé par un obus qui lui a coupé la jambe droite ».
Signé : Joffre
Mutation
A la date du 8 octobre 1914, le Général Ct le 8e C.A décide que le Capitaine Sallé du 95e
d’infie prendra immédiatement le commandement du 3e bataillon du 85e Régt d’infie en
remplacement du Ct Hannequin (blessé).
Nominations
Décoration
(Ordre particulier n° 4)
1) A la date du 10 Octobre, est nommé Sous-Lieutenant à titre provisoire
Dussault, adjudant au 95e d’inftie
(Ordre n° 20 de la 16e D.I)
2) A la date du 13 Octobre, est nommé Sous-Lieutenant de réserve à titre temporaire
Guiotat, Ange, Joseph, Léger, sergent au 95e d’inftie
(Ordre n° 22 de la 16e D.I)
3) M.M les médecins A. majors
Guille de l’ambulance n° 3 Aurès de l’ambulance n° 5
Passent au 95e d’infie à la date du 12 Octobre
(Ordre n° 50)
Au g.q g. 9 octobre 1914
Ordre n° 168 D
En vertu des pouvoirs qui lui sont conférés par la décision mlle n° 12285 K du 8
Août 1914, le Général Ct en chef a fait à la date du 8 octobre 1914 dans l’Ordre de la Légion d’Honneur les nominations suivantes :
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132
Chevalier
M. Valude, Sous-Lieutenant au 95e Rt d’infie
« Brillante conduite au combat – a été grièvement blessé ».
Signé : Joffre
9 Octobre
h
5
5h20
16h35
16h50
19h40
Le 8 octobre, à 22 h, reçu l’ordre N° 1 (N° 100) du 8e Corps. Le 95e est en réserve du C.1
Le Colonel donne l’ordre d’opérations N° 1. Le 2e btn se met en route pour Sampigny, le 1er
retourne au bois de la Commanderie et le 3e reste à Pont s/Meuse.
Compte-rendu de ces dispositions est envoyé au colonel Ct la 31e brigade.
Ordre du Colonel Reibell. Le 1er btn est appelé à la Croix St Jean pour aider à l’attaque du Bois d’Ailly. 2 Cies du 3e Btn se rendent immédiatement au carrefour du Tambois.
C.R du Ct du 1er Btn sur sa mission et sa situation.
Le Colonel Ct la 31e Bde donne l’ordre de faire rentrer le 3e Btn à Pont s/Meuse. Le Ct du 2e
Btn a reçu l’ordre du Gal Ct le 8e Corps de rentrer à Sampigny. Le 1er Btn reçoit également
l’ordre de venir cantonner à Pont s/Meuse où il arrive à 23h.
Pertes : 3 blessés.
Situation générale
L’Armée Britannique commandée par le maréchal French quitte le front de l’Aisne pour prendre place au nord de Béthune.
10 Octobre
Reçu à 4h45 l’ordre N° 1 (N°102) du C.A qui devient définitif après l’envoi à 4h40 du compte-rendu envoyé à la Brigade et donnant la réponse du Colonel Ct la 31e Brigade.
Les 1er et 2e btns se rendront au bois de la Commanderie de Marbotte et au Tombois.
Le 3e btn reste à Pont s/Meuse.
Les 1er et 3e btns cantonnent le soir à Pont s/Meuse, le 2e btn à Sampigny.
Première bataille d’Ypres (11 octobre au 30 novembre 1914)
Reçu le 10 à 22h. l’ordre général N° 1 (N°103) du 8e Corps. La réserve du C.A sera rendue
demain à 11h. dans le bois de la Commanderie pour y exécuter des travaux de fascinage,
de gabionnage.
1h Reçu l’ordre de la brigade : 2e btn rendu à 11 h. partie O. du bois de la Commanderie.
… 2 btns de Pont sur Meuse sera rendu à la lisière N. du bois de Marbottte restera à Pont.
h
5 30 Reçu l’ordre du général de Division l’ordre de tenir 1 btn prêt à partir pour St Agnan.
Reçu une note de service donnant les prescriptions du Colonel Ct la 31e Brigade
communiquée à tous les btns.
e
t
e
14h15 Reçu l’ordre particulier du 8 C.A complété par les O/ du Colonel C la 31 brigade..
e
Le 95 relève ce soir sur le front Bois Brûlé, Bois Jurat, Apremont, 1 btn du 134e, 1 btn du
13e et 1 btn du 29e.
Les 1er et 2e btns se rendent directement à Marbotte. Le 3e btn (à Pt s/Meuse) se rend à
Marbotte. De là les 3 btns se rendent à St Agnan où ils reçoivent l’ordre (a) du Colonel Ct la
32e brigade.
Le train de combat et la CHR restent à Marbotte. Les btns sont en seconde ligne sur le front
Bois Brûlé, Bois Jurat, Apremont. Le 2e btn relève dans la nuit le btn du 134e.
Etat-Major à St Agnan.
Le Lt Colonel de Chaunac est évacué pour maladie. Le Ct Blavet prend le Ct du régiment. Le
Ct de la Source prend le Ct du 2e btn.
11 Octobre
---o0o---
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133
http://jeanluc.dron.free.fr
N.D.R : Les trois bataillons, pendant dix jours, occupent les cantonnements de Marbotte,
Saint-Julien et Saint-Aignan, puis remontent en ligne. Le 3e bataillon occupe les redoutes
composées de deux bastions reliés par une courtine que les Allemands enlèveront en
Décembre, après de durs combats. Mais, pour arriver à ce résultat qu’ils veulent obtenir à tout prix, ils accumuleront, pendant les mois d’octobre et novembre, attaques sur attaques et exécuteront sur nos tranchées de furieux bombardements par obus de gros calibres,
notamment le 14 octobre, où ils enverront du 305. Le secteur est infernal. Cf : historique du
95e)
Sur les tranchées
Très tôt dans la guerre, la doctrine défensive recommandait un réseau de tranchées
composé de trois lignes parallèles reliées par des tranchées de communication. Les points
où les tranchées de communication intersectaient les lignes principales étaient d'une
importance vitale et étaient bien protégés. La première ligne de tranchée est la ligne la plus
exposée car c'était la première que devait franchir les fantassins ennemis, elle était donc
bien pourvue en postes de tir et possédait quelques abris sommaires. Environ 70 mètres à
l'arrière, la tranchée de seconde ligne servait de repli en cas de bombardement de la
tranchée de première ligne ou de zone de rassemblement lors d'une offensive. On y trouvait
des abris plus ou moins profonds et des stations médicales.
Il existait parfois une troisième ligne de tranchée (tranchée de réserve) située à 150 voire
2.000 mètres de la première ligne. Cette ligne servait de chemin de ravitaillement et de
zone de stockage pour les munitions, les provisions et le matériel. Les soldats pouvaient
également y prendre un peu de repos.
Les tranchées avaient généralement une profondeur de 3 mètres. Elles n'étaient jamais en
ligne droite mais étaient creusées en zigzag pour éviter les tirs en enfilade et réduire les
effets d'un obus tombant dans la tranchée. Cela signifiait qu'un soldat ne pouvait voir à plus
de 9 m.
La bande de terre sur le côté de la tranchée face à l'ennemi était appelée le parapet et
possédait des ouvertures destinées au tir. Le monticule de l'autre côté de la tranchée était
appelé le parados et protégeait la tranchée des obus tombant derrière elle.
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134
Le fascinage avait notamment pour vocation de relever de la terre pour faciliter une retenue
à l’endroit le plus propice à l’aide d’une quantité importante de matériaux récupérés ou coupés que l’on trouve dans les bois. Les murs de la tranchée étaient souvent renforcés par des sacs de sable, des planches de bois ou un grillage. Le gabionnage est une technique
qui consiste à empiler et lier des gabions remplis de pierres (cages métalliques en fils de
fer) les uns des autres dans le but de former une barrière filtrante des eaux de
ruissellement.
Le fond de la tranchée était communément recouvert de caillebotis pour éviter de marcher
dans la boue.
Les tranchées étaient cependant très différentes selon les circonstances. Lors de la bataille,
elles se réduisaient souvent à de simples fosses mais certaines tranchées pouvaient
recevoir des abris souterrains bétonnés ou des toits de terre.
Pour permettre au soldat de voir à l'extérieur de la tranchée sans s'exposer, des créneaux
étaient réalisés à l'aide de sacs de sables. Ils étaient parfois renforcés à l'aide d'une plaque
de métal. Une autre méthode était l'utilisation de périscopes.
Les Allemands, qui avaient basés leurs connaissances sur les études de la Guerre russojaponaise, élevèrent la construction de tranchées au rang de science. Ils construisaient des
abris ventilés en béton armé à plusieurs mètres sous terre ainsi que des points d'appuis très
fortifiés. Ils étaient plus enclins que leurs adversaires à réaliser une retraite stratégique vers
des positions mieux préparées. Ils furent également les premiers à appliquer le concept de
défense en profondeur avec une ligne de front large d'une centaine de mètres et composés
d'une série de redoutes au lieu d'une tranchée continue. Chaque redoute pouvait protégeait
ses voisines et, tandis que l'infanterie avançait, elle s'exposait à des tirs en enfilade.)
Cf : Guerre de tranchées. (2012, juin 11). Wikipédia, l'encyclopédie libre. Page consultée le
26 juin 2012 à partir de
http://fr.wikipedia.org/w/index.php?title=Guerre_de_tranch%C3%A9es&oldid=79688644.
12 Octobre
7h45 Compte-rendu du Ct du 3e btn sur sa situation et sa mission.
Compte-rendu du Ct du 1er btn.
Comptes-rendus du Ct du 2e btn sur la relève du btn du 134e par son btn, sur son installation
et sur se mission.
C.R d’installation des postes de secours du 95e
Pertes : 2 tués
7 blessés
Situation locale
(N.D.R : La 1ère batterie du 1er R.A.C ayant reçu du matériel de 90 passe ses canons de 75
à d’autres formations).
13 Octobre
Reçu l’ordre d’opérations N° 1 du C.A.
M. le S.Lt Desfourneaux, blessé dans la nuit du 12 au 13 d’une balle de shrapnell.
M. Girard, S/Lt blessé
Pertes : 13 tués – 68 blessés – 2 disparus
14 Octobre
Reçu l’ordre d’opérations pour la journée du 14 N° 1 du C.A (N°106)
Reçu également l’ordre N° 1 du Colonel Valentin Ct la 32e brigade, Ct de secteur.
C.R du Capitaine Ct le 2e baton
Le régiment reste sur ses positions.
Pertes : 5 tués – 30 blessés
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Soldat Maxime Larcheveque
Né le 15 Mai 1881 à Mehun sur Yèvre (Cher) – Tué à l’ennemi au Bois Brûlé (Marbotte) le
14 octobre 1914.
Maxime Larcheveque vers 1901, photo collection privée.
Ci-dessous document (recto-verso) conservé par ses descendants.
Mentions manuscrites signées du Lieutenant-Colonel commandant le 95e RI :
 au recto : "Maxime Larchevèque tombé au champ d'honneur le 14 10 1914"
 au verso : "Le soldat Larcheveque laisse d'unanimes regrets à son régiment et emporte
la sympathie et l'admiration de tous".
Ce document est intéressant à plus d’un titre. Outre les écrits du Chef de Corps pour réconforter la famille, on remarquera la carte pour situer le lieu de décès du défunt et
l’itinéraire à suivre pour se rendre « après la guerre » en pèlerinage.
http://gw.geneanet.org/fraleg?lang=fr&m=NOTES
15 Octobre
Ordre général d’opérations N° 1 du C.A. Même mission – mêmes emplacements
Le régiment reste sur ses positions.
Pertes : 13 tués – 39 blessés
16 Octobre
Sans changement. Le régiment reste sur ses positions.
M. le Capne Baumann rejoint le corps.
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Pertes : 1 tué – 3 blessés
17 Octobre
Sans changement
Pertes : 3 tués
L'action du Comité International de la Croix Rouge en faveur des civils
Extrait : « Grâce à son droit d'initiative, le CICR se charge également du sort des civils dès
le début de la guerre. Le 17 octobre 1914, il adresse une lettre aux comités centraux des
Sociétés nationales de la Croix-Rouge des États belligérants – et non aux États eux-mêmes
– pour leur demander s'ils accepteraient d'assimiler les internés civils des pays ennemis aux
prisonniers de guerre, bien que ni la Convention de Genève ni le Règlement de La Haye ne
leur soient directement applicables.
Pour remédier à cette lacune, le CICR ouvre une section des civils au sein de l'Agence
internationale des prisonniers de guerre. Cette section s'occupe de tous les civils
considérés comme victimes du conflit, aussi bien en pays ennemi qu'en territoire occupé.
Parmi ses principales activités, ce service transmet la correspondance envoyée aux civils
en territoire ennemi ou occupé, entreprend des démarches auprès des autorités pour
obtenir des documents officiels ou l’évacuation de civils gravement malades ou blessés en territoire ennemi ou occupé. Il leur envoie également des colis et les assiste pour des
recours en grâce. A la demande des familles, il recherche les disparus et fait suivre les
certificats de décès de civils en territoire ennemi ou occupé. Parfois, les délégués du CICR
ont pu visiter des internés civils détenus dans des camps spécifiques ou dans des camps
militaires. Après la guerre, la section civile poursuit ses activités en remettant à leurs
destinataires l'énorme correspondance restée en suspens entre 1914 et 1918. »
http://www.icrc.org/fre/resources/documents/misc/5fzggf.htm#2
18 Octobre
Sans changement.
Dans la nuit du 18 au 19 le 1er btn est relevé et va cantonner à Pont s/Meuse
Décorations
Ordre n° 137
D
Au g.q g. 8 octobre 1914
En vertu des pouvoirs qui lui sont conférés par la Don mlle n° 12285 K du 8
Août 1914, le Général Ct en chef a fait à la date du 8 octobre 1914 dans l’Ordre de la Légion d’Honneur les promotions et nominations suivantes :
Officier
M. Blavet, H.P.V. Chef de btn au 95e d’infie
« Chargé le 26 septembre d’enlever avec son bataillon et deux escadrons à pied deux localités, s’est acquitté de cette tâche avec le plus bel entrain et la plus grande bravoure. Grâce à son sang-froid et à son courage tout à fait remarquables, a maintenu son
bataillon retranché dans ces localités dans une attitude superbe et un calme parfait pendant
trois jours et trois nuits sous un feu d’artillerie lourde extrêmement violent. »
Chevalier
M.Hoarau de la Source (F.MA.) Capne au 95e d’infie
« A donné, au combat, une nouvelle preuve de son activité intelligente et de sens
tactique. Peut tout demander à sa compagnie qu’il a brillamment commandée au cours du fait d’armes qui a valu à tout son bataillon d’être cité à l’Ordre de l’Armée.»
M. Sallé (F.E.F.G) Capne au 95e d’infie
« A été blessé au combat. Evacué n’a du qu’à cette circonstance de ne pas être
nommé c chef de bataillon. Rentré au Corps le 23 septembre. Chargé avec 2 compagnies
d’organiser la défense d’une position, l’a fait avec un grand sens des nécessités tactiques et a maintenu son groupe pendant 3 jours et 3 nuits sous le feu d’artillerie le plus violent sans qu’une défaillance s’y produise. »
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A la même date, le Général Ct en chef a confié la médaille militaire au militaire
dont le nom suit :
Menguy, Georges, Hervé, Caporal rengagé au 95e d’infie
« A fait preuve au cours d’un combat d’un calme et d’un sang-froid remarquables
sous le feu d’artillerie le plus violent au cours d’un fait d’armes qui a valu au bataillon dont il fait partie d’être cité à l’Ordre de l’Armée. S’était déjà distingué le 25 août pour sa belle tenue au feu au cours d’un combat où il était resté dans le rang bien que blessé. »
Signé : Joffre
Nominations
Sont nommés, à la date du 16 octobre 1914, à titre temporaire :
Au grade de Capitaine (active)
Rayel, Edmond Charles, Lieut au 95e d’infie
De Fressinat, Régis Louis, Lieut au 95e d’infie
Signé : de Montdésir
(N.D.R : à la date du 18 octobre, trois groupements d’artillerie sont organisés. Le 1er à
Mécrin, le 2e avec notamment 2 batteries de 90 à l’Etang de Ronval et mortiers lisses de 15,
le 3e à Liouville qui comprend entre autres une batterie de 155L du bois St Julien et une
batterie de 155 C. 90 du bois des Blusses. Le réseau téléphonique est complété
progressivement - Cf. Jmo du 1er R.A.C)
19 Octobre
Est nommé Médecin A.Mr de 2e cl. De réserve à titre temporaire
le Médecin auxiliaire Clair, du 95e d’infie
Sans changement
Ordre général N° 111 du 8e C.A donnant l’organisation des secteurs et sous-secteurs du
front affecté au 8e Corps.
Le 1er btn cantonne à Pont s/Meuse, les 2 autres btns bivouaquent sur leurs positions.
Pertes : 1 tué – 1 blessé
Situation générale
C’est la course à la mer qui continue entre les armées allemande, française et britannique
(oct.-nov.). Les Allemands cherchent à atteindre Dunkerque, Boulogne et Calais.
20 Octobre
Sans changement
Le 1er btn cantonne à Pont s/Meuse et est employé à des travaux de fascinage.
Les 2 autres btns restent sur leurs emplacements. Etat-Major à St Agnan
Pertes : 2 blessés – 1 disparu
Situation générale
Du 20 au 28 octobre : Combats de la brigade des fusiliers-marins du général Ronarc’h autour de Dixmude.
28 Octobre
Sans changement
L’Etat-major et le 1er Btn viennent cantonner à Boncourt. 3e Btn à St Julien. Le 2e Btn sur
ses positions aux a.p
Pertes : 1 blessé
Situation générale
Création du 22e Bataillon (canadien-français), qui deviendra après la Première Guerre
mondiale le Royal 22e Régiment.
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22 Octobre
Sans changement
Mêmes emplacements
La 1e Cie est sortie le 22 octobre à 15h pour Commercy où elle assurera la garde de cette
localité et remplacera l’escadron du 16e chasseurs (ordre particulier n° 286/3 du 8e C.A du
22 Oct)
Pertes : 1 tué
23 Octobre
Sans changement
Mêmes cantonnements
M. le Lt de réserve Lefol de la 6e Cie tué le 23 octobre d’une balle
Pertes : 2 tués
24 Octobre
Sans changement
Mêmes cantonnements
Pertes : 4 blessés
25 Octobre
Sans changement
Mêmes emplacements
Pertes : 1 tué – 1 blessé
26 Octobre
Sans changement
Mêmes emplacements
Reçu un renfort de 3 officiers (M. le Cne Raulin affecté à la 5e Cie, Lieutt de réserve Germain
affecté à la 7e Cie, Lieutenant de réserve Clair affecté à la 10e Cie), 25 s/off, 35 capx et 341
soldats.
Pertes : 2 blessés
Situation générale
Sur le front Belge, les écluses de la région de Nieuport sont ouvertes, inondant la basse
vallée de l’Yser. L’offensive allemande est enrayée.
Vaste offensive allemande déclenchée au nord, à l’est et au sud d’Ypres.
Sortie du premier numéro de La Gazette des Ardennes, journal des régions occupées
publié à Rethel sous contrôle allemand.
Journal de propagande allemand publié en français deux fois par semaine en zone
occupée. Le succès de La Gazette fut très important.
A partir du printemps 1915, elle publia la liste des prisonniers français (soldats, sousofficiers et officiers) faits par les armées allemandes. Et cela, sur tous les fronts : le Nord et
l'Est de la France, mais aussi les fronts bulgares, autrichiens et pendant la bataille des
Dardanelles, sans oublier les listes des rapatriements pour cause sanitaire, les échanges de
prisonniers et les transferts en Suisse. Le total des noms de prisonniers publiés jusqu'au
mois d’août 1918 approchait les 400.000.
Vous pouvez consulter le site de l'Université d'Heidelberg qui a numérisé et mis en ligne
tous les numéros de La Gazette des Ardennes.
http://www.ub.uni-heidelberg.de/helios/digi/feldzeitungen.html
27 Octobre
Sans changement
Mêmes emplacements
Pertes : 2 blessés
Situation internationale
A Sarajevo, cinq conjurés de l’attentat du 28 juin sont condamnés à mort, pour l’assassinat de l’archiduc François-Ferdinand et de sa femme.
28 Octobre
Le 1er btn quitte Boncourt à 19h et se rend à St Agnant pour relever aux tranchées le 2e btn
du 29e. La 1e Cie qui était à Commercy rejoint son btn ; elle est remplacée par la 10e Cie. Le
3e btn qui est à St Julien vient à Boncourt avec l’E.M du régiment.
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Le Ct Blavet, Ct le 95e prend à 18h le commandement de la réserve générale du 8e Corps.
Pertes : 1 blessé.
29 Octobre
La 10e Cie laissée à St Julien le 28 Octobre pour passer les consignes au 2e btn du 29e
relevé est arrivée à Boncourt seulement le 29 à 8h30.
Pertes : 1 blessé
(N.D.R : La commune de Saint Aignan se situe à 2 km à vol d’oiseau dans le Sud-Ouest
d’Apremont la Forêt elle même située dans le Sud-est de Verdun et de Saint Mihiel. A vol
d’oiseau, elle est distante des villes précitées respectivement d’environ 40 kms et 8 kms. Cf : données Google Earth)
Nominations
1 ) A la date du 27 octobre 1914, sont nommés :
Sous-Lieutenant de réserve à titre temporaire
Prince Albert
1°) Course, ajt chef de réserve au 95e d’infie
Sous-Lieutenant de réserve à titre temporaire
2°) Acher, sergent-fourrier au 95e d’infie
2 ) A la date du 31 octobre 1914, sont nommés :
Sous-Lieutenant de réserve à titre temporaire
1°) Néron Thomas, Adjudant au 95e d’infie
Sous-Lieutenant de réserve à titre temporaire
2°) Ducrot Henri, Adjudant de réserve au 95e d’infie
3 ) A la date du 7 Novembre est nommé
Sous-Lieutenant de réserve à titre temporaire
Lamère André, Adjudant de réserve au 95e d’infie
4 ) Par Décret du 1er Novembre 1914 (J.O du 6 novembre) sont promus :
au grade de Capitaine
(ancienneté) M. Baumann, Lieutt au 95e
(choix)
M. Liévin,
- id° -
Ordre n° 250 D
Décoration
au g.q.g. le 22 octobre 1914
La médaille militaire a été conférée au militaire dont le militaire suit :
Liarsou Louis, soldat de 2e cl réserviste au 95e d’infie
« Blessé le 9 septembre, n’a pas interrompu son service. S’est distingué plusieurs fois sous le feu comme chef de patrouille et comme homme de liaison. A fortement
contribué par son courage, son sang-froid et son autorité réelle sur ses camarades à les
maintenir dans les moments les plus critiques. »
Signé : Joffre.
Nominations Sont nommés à titre temporaire à dater du 15 Octobre 1914
au grade de Lieutenant
a) active
Daval Paul Arthur
Pineau Louis Eugène
Dubourgdieu Oscar
Genevet Pierre Joseph
Soud-Lieutt au 95e d’infie
b) réserve
Bouchonnet François. Sous-Lieutt de réserve au 95e
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Nominations Les nominations au grade de Capitaine des lieutenants Rayel et de Fressinat sont
ajournées
ajournées, par ordre du général Ct en chef en date du 24 Octobre 1914 (manque
d’ancienneté).
30 Octobre
Reçu l’ordre de quitter Boncourt pour relever 1 btn du 29e. Situation générale sans
changement.
Cantonnements : L’état-major et le 3e btn quittent Boncourt à 19 heures.
Etat-major à St Agnant. Le 3e btn relève 1 btn du 29e et se rend aux tranchées.
La C.H.R et le train de combat restent à Boncourt.
Le 1er btn est aux tranchées.
Pertes : 2 blessés.
Situation générale
La bataille de l'Yser est finie.
L'ennemi a été arrêté. Mais les pertes de l'armée belge (180.000 hommes à la mobilisation)
ont été importantes: elles peuvent être estimées à 14.000 hommes tués et blessés.
L'infanterie est réduite de 48.000 à 32.000 fusils et plus de la moitié des pièces d'artillerie
est momentanément hors d'usage. Cette longue et héroïque résistance a brisé l'attaque de
sept divisions allemandes; elle leur a infligé des pertes considérables; elle les a rendues
pour longtemps incapables d'action; elle a, enfin, donné le temps de constituer solidement
le front franco-anglais vers le sud et de former ainsi une barrière contre laquelle viendront
se briser toutes les attaques allemandes, pendant la grande bataille qui se livre aux
environs d'Ypres à la fin d'octobre et pendant la première quinzaine de novembre.
Cf : La Croisade de l’Armée belge pour le Droit et l’Honneur 1914-1918 Etienne Gilbart
http://users.skynet.be/gilbart/inva14.pdf
Offensive d’un groupement de choc allemand sur Ypres et les monts des Flandres.
Prise du Quesnoy-en-Santerre (dans la Somme) par le 4e C.A.
31 Octobre
Sans changement
Mêmes emplacements
1er Novembre Sans changement
Un renfort de 1 off. (M. le Lt Narcy), 4 sergents, 16 caporaux, 298 hommes appartenant au
61e Territal est arrivé dans la journée du 1er novembre. Ils ont été répartis entre les btns et
ont rejoints leurs Cies dans les tranchées à 20 heures.
Pertes : 2 tués, 3 blessés
(N.D.R : Rappelons que le 61e R.I.T ou régiment d’infanterie territoriale a été formé à Cosne-cours-sur-Loire avec des hommes âgés entre 35 et 40 ans.)
Situation internationale
La Russie, la France et le Royaume-Uni déclarent la guerre à l’Empire Ottoman.
Première commercialisation de l’aspirine par les Usines du Rhône.
2 Novembre
Sans changement
Mêmes emplacements
Pertes : 1 tué, 7 blessés
(N.D.R : Reconnaissance, au bois de la Louvière, d’une position pour une section pour tir
sur drachen. Cf : Jmo du 1er R.A.C.
- Un drachen est un ballon captif de forme allongée et équipé d’un empennage, qui était
utilisé pendant la Première Guerre mondiale pour l'observation, par l’armée allemande. L'équivalent français est le mot « saucisse », bien que le mot allemand ait aussi été utilisé
par les poilus.)
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3 Novembre
Sans changement
Mêmes emplacements sauf l’Etat-Major qui se transporte de St Agnant à l’Etang à 19h. à la suite d’une attaque violente de l’ennemi.
5 Officiers du régiment ont été blessés :
Lieutt Rayel ; Lieutt Pinault, Ss/Lt Guiotat, s/Lt Acher
Lieutt Dubourgdieu (continue son service après s’être fait panser)
4 ont disparu : M. Raulin, Cne Ct la 5e Cie
Heluin, Lieutt de rés.
Narey, s/Lt de rés.
Chenet, s/Lt
Pertes : Tués 47, blessés 128, disparus 279 (100 – 5e Cie – 97 – 2e Cie)
(N.D.R : Les Allemands pénètrent dans les positions françaises après un violent
bombardement, avec du 210, prennent un saillant, font prisonnière la 5e Cie et détruisent
deux sections de la 3e Cie qui contre-attaque. Une nouvelle tranchée construite en une nuit
à l’arrière est opiniâtrement défendue. Les Allemands sont arrêtés. Cf : Historique du 95e)
Listes et fichiers de prisonniers
Durant le conflit, l’Agence internationale des prisonniers de guerre (AIPG) émanation du
Comité international de la Croix-Rouge négocie avec les États belligérants l’envoi de renseignements individuels sur les prisonniers : listes nominatives des prisonniers capturés
et des prisonniers ayant changé de camp, réponses aux demandes de renseignements en
provenance de proches de disparus. À partir des renseignements reçus sur les prisonniers
et des demandes de renseignements provenant des familles, l’Agence constitue pour chaque armée nationale un fichier d’index nominatif. L’ensemble de ces fichiers contient six millions de fiches permettant de suivre le sort de deux millions de prisonniers. Certains fichiers nationaux sont incomplets, comme le fichier
russe, dont la charge incombait à la Croix-Rouge danoise. De même, les fichiers italien et
austro-hongrois, car l’Italie et l’Autriche-Hongrie échangeaient leurs listes sans passer par
l’AIPG. Enfin, l’Agence a créé un fichier des internés civils. La base de données ainsi créée est considérable pour son époque et inspirera les méthodes de travail utilisées par le CICR
pour la Seconde Guerre mondiale, la guerre d’Algérie et le génocide du Rwanda, notamment.
http://www.icrc.org/fre/assets/files/other/icrc_001_0937.pdf
Situation générale
L’Amirauté britannique fait miner la mer du Nord déclarée « zone de guerre ». Le RoyaumeUni fait confiance en sa marine pour protéger le pays et établir un blocus économique.
4 Novembre
Sans changement
Mêmes emplacements
Pertes : 4 tués – 3 blessés – 1 disparus
5 Novembre
Sans changement
Mêmes emplacements
Pertes : 3 tués – 18 blessés
6 Novembre
Sans changement
Mêmes emplacements
Pertes : 1 tué
Situation générale
Début du blocus économique de l’Allemagne.
L’offensive allemande sur Ypres est enrayée. Le front franco-britannique des Flandres
s’organise défensivement.
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7 Novembre
Sans changement
Mêmes emplacements
Pertes : 3 blessés
8 Novembre
Sans changement
Mêmes emplacements
Pertes : 9 tués – 17 blessés
9 Novembre
Sans changement
Mêmes emplacements
Pertes : 3 tués – 9 blessés
M. Giron , s/Lieutt de réserve, est nommé au grade de Lieutt de rés. A t.t à dater du 9
novembre.
(N.D.R : la Prévôté fait évacuer les populations civiles des villages de Saint Agant, Marbotte
et Mécrin).
10 Novembre Sans changement
Le 2e btn et la 3e Cie ont été relevés de la 1ere ligne par le 134e (Macon-Dijon) ; ils sont en
réserve derrière les bois de Marbotte près l’Etang de Rouval.
Pertes : 6 blessés
11 Novembre Sans changement
Mêmes emplacements
Pertes : 3 tués
12 Novembre Sans changement
Mêmes emplacements
Pertes : 6 tués – 26 blessés
13 Novembre Sans changement
Mêmes emplacements
Pertes : 9 blessés
Le Lt Colonel Goybet (Chef d’E.M de la 66e Division de réserve) est affecté au 95e.
14 Novembre Sans changement
Mêmes emplacements
Pertes : 1 tué – 8 blessés
Situation générale
Les services secrets allemands tentent de déclencher le djihâd dans le monde arabe, contre
les puissances coloniales alliées.
Le général commandant en chef les armées interdit de la façon la plus formelle d’accorder des permissions, quelle qu’en soit la durée, aux officiers et hommes de troupe appartenant aux armées ainsi qu’aux états-majors, corps et services de la zone des armées.
15 Novembre Sans changement
Mêmes emplacements
Pertes : 1 tué – 15 blessés
Reçu un renfort composé de 294 jeunes soldats (cl. 1914) et 44 anciens soldats revenus de
convalescence.
Le Lt Colonel Goybet prend le commandement du 95e .
Situation générale
Victoire des armées françaises, britanniques et belge autour d’Ypres et de Dixmude.
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143
16 Novembre Sans changement
Mêmes emplacements
Pertes : 2 tués – 10 blessés
17 Novembre Sans changement
Mêmes emplacements
Pertes : 5 tués – 13 blessés
18 Novembre Sans changement
Mêmes emplacements
Pertes : 3 tués – 3 blessés
19 Novembre Sans changement
Mêmes emplacements
Reçu un renfort de 8 s/off, 3 cpx, 201 soldats
20 Novembre Sans changement
Mêmes emplacements
Pertes : 4 tués – 1 blessé
21 Novembre Sans changement
Mêmes emplacements
Pertes : 1 tué – 2 blessés
22 Novembre Sans changement
Mêmes emplacements
Les jeunes soldats arrivés avec le renfort du 15 Novembre 1914 sont allés aux tranchées le
22 au matin.
Pertes : 1 tué
23 Novembre Sans changement
Mêmes emplacements
Pertes : 4 blessés
Situation générale
Proclamation de la Guerre Sainte par les autorités politiques et religieuses de l’empire Ottoman qui appellent les musulmans du monde entier à massacrer les chrétiens.
24 Novembre Sans changement
Mêmes emplacements
Pertes : 2 tués – 1 blessé
25 Novembre Sans changement
Dans une attaque, le régiment a perdu
Tués : M.M le Ct Blavet Ct le 2e btn
Les Lts de réserve Giron et Clair
Blessés : Ss Lt de réserve Laneyrie
-id°- d’active Valey
Ss Lt de réserve Jeunet
Et
hommes tués, blessés et disparus
(N.D.R : le Commandant Blavet était né le 20 janvier 1868 à Etampes)
26 Novembre Sans changement
Blessé : Ss Lt Valéry (active)
Les 25 et 26 Novembre le régiment a perdu :
Tués : 8 – Blessés : 55 – Disparus : 64
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144
Combats des 25 et 26
Les premiers engins de tranchée de gros calibre apparaissent ainsi que les torpilles. Le 25,
les lignes françaises sont nivelées par un violent bombardement et enlevées sur 200 m
après un corps à corps terrible avec les survivants. Le 2e bataillon contre-attaque.
Le général, commandant le corps d’armée envoie l’ordre de contre-attaquer de nouveau
jusqu’à la reprise complète des positions perdues. Nouvelle contre-attaque jusqu’au crépuscule : grosse perte, pas de résultats. On la renouvelle inutilement à 1 h. Le 26, à 6
heures, nouvelle tentative sur le front du Bois Brûlé avec le 85e et le 95e. Elle échoue.
Tentative encore à 9 h. 30, conduite par le colonel en personne : grosses pertes. Le 26,
arrive enfin l’ordre d’abandonner ces coûteuses actions qui seront reprises les jours suivants par d’autres régiments. Les redoutes du Bois Brûlé, écrasées sous les bombardements quotidiens et sous les engins de tranchée qui manquent, tombent, parcelle
par parcelle, entre les mains de l’ennemi. La redoute Sud tient encore. Ce n’est qu’un vaste cimetière sans liaison avec l’arrière, inondé d’obus nuit et jours, On s’attend tous les jours à sa chute et une deuxième position est préparée mais elle résiste héroïquement et ne tombera qu’après la relève du 95e. Cf : Historique du 95e.
27 Novembre Sans changement
M. le médecin major Marie a été blessé
Pertes : Tués : 2 Blessés : 16
28 Novembre Reçu un renfort de 11s/off – 8 capx, 265 soldats
Pertes : Tués : 2 – Blessés : 13
29 Novembre Sans changement
M. le Capitaine Baumann blessé au bras gauche d’une balle
Pertes : 3 tués – 11 blessés
Photographie du Capitaine Baumann
(retrouvée sur le site de Jean-Luc Druon)
http://jeanluc.dron.free.fr
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Situation générale
Le Grand Quartier Général des Armées Françaises du Gal Joffre s’installe à Chantilly.
30 Novembre Sans changement
M. le S/Lt Portefaix blessé à la lèvre.
Pertes : 1 tué – 11 blessés
Décorations
Sont inscrit au tableau spécial de la médaille militaire pour prendre rang au 21 Novembre
les militaires dont les noms suivent :
Bouvier, Adjudant au 95e Régt d’infie
« A fait preuve de courage et d’entrain. S’est particulièrement distingué dans la défense d’un village en conduisant, sous un feu très violent avec beaucoup de sang-froid, sa section
à l’emplacement qui lui avait été indiqué. A été blessé. »
Valeix, soldat de 2e cl au 95e Régt d’infie
« A relevé le drapeau au moment où le Lieutenant porte-drapeau a été tué dans une contreattaque et l’a conservé sous le feu jusqu’au moment où il a pu le remettre à un sousofficier. »
(Journal Officiel du 25 novembre 1914)
1er Décembre Sans changement
Mêmes emplacements
Pertes : 11 blessés
Situation locale
(N.D.R : au Jmo du 1er R.A.C, on peut lire qu’il est fait mention de l’emploi de 2 canons de
37 de la Marine. En théorie, il doit s’agir du canon Hotchkiss de 37 mm Mle 1885 sur affût
conique ou de bord qui a été employé comme pièce de tranchée, en attendant l’arrivée d’armements plus sophistiqués.)
2 Décembre
Sans changement
Mêmes emplacements
Pertes : 1 tué – 10 blessés
3 Décembre
Sans changement
Mêmes emplacements
Pertes : 3 tués – 17 blessés
4 Décembre
Sans changement
Mêmes emplacements
M. Flach mcin mr de 2e cl, venu comme mcin chef de service (ordre n° 76 du 3 décembre)
Pertes : 3 tués – 8 blessés
Situation générale
Cinq hommes du 298e R.I sont fusillés « pour l’exemple » pour « abandon de poste devant
l’ennemi » à Vingré, près de Vic-sur-Aisne. Il s’agit du caporal Paul Henry Floch, des
soldats Jean Blanchard, Francisque Durantet, Pierre Gay, Claude Pettelet et Jean Quinault.
Ils ont été réhabilités par la Cour de Cassation le 29 janvier 1921.
Pour plus de détails sur l’affaire de Vingré, vous pouvez vous rendre sur le site :
http://www.chtimiste.com/
Le 298e R.I est originaire de Roanne. Il relève, à la mobilisation de la 125e Brigade
d'infanterie, 1er Groupe de réserve - 63e Division d'Infanterie en août 1914, puis de la 132e
Division d'Infanterie de juillet 1915 à novembre 1918.
5 Décembre
Sans changement
Mêmes emplacements
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Pertes : 3 blessés
6 Décembre
Sans changement
Mêmes emplacements
Pertes : 1 tué – 4 blessés
7 Décembre
Situation sans changement
Le 1er btn passe en réserve de sous-secteur vers l’Etang de Ronval
Le 2e btn va cantonner le soir à Pont sur Meuse
Le 3e btn va en réserve de sous secteur à St Julien où il cantonne
Pertes : 2 tués – 8 blessés
Situation générale
Les températures atteignent des niveaux exceptionnellement élevés.
Il fait plus de 15° sur toute la France (16° à Paris, 18° à Besançon, 19° à Clermont Ferrand).
http://www.meteo-paris.com/chronique/annee/1914
Nominations Sont nommés à la date du 7 Décembre 1914 :
1°) Sous-Lieutenant à titre temporaire.
Mazure, Adjudant au 95e Régt d’infie (affecté à la 4e Cie)
Roger, sergent-major, - id° -------------------------- 6e
Bouchaert, ------------ id° -------------------------- 8e
2°) Sous-Lieutenant de réserve à titre temporaire.
Delas Henri, sergent de réserve au 95e Régt d’infie (affecté à la 7e Cie)
8 Décembre
Sans changement
Mêmes emplacements
Le 2e btn et sa s. mitr va cantonner à Boncourt
Situation générale
Retour du gouvernement français à Paris.
9 Décembre
Sans changement
Le Mcin Mr Guilles (min a.m 2e cl) évacué pour hydarthose du genou
Le 3e btn et la 3e s. mit quitte St Julien et va cantonner à Vignot
Pertes : 1 blessé
(N.D.R : Deux espions allemands sont fusillés à Commercy. Source : Jmo de la Prévôté du
8e C.A).
Première bataille de Champagne (10 décembre 1914 au 17 mars 1915)
10 Décembre Sans changement
Le 1er et le 2e btn et 2 sections de mit. Vont cantonner à Vignot.
La musique et le service médical se rendent également à Vignot.
Le Colonel (Ct une tranche) et une partie de l’Etat-major restent à l’Etang de Ronval.
M. le Commandant de Bélenet du 29e est affecté au 95e et rejoint le régiment à Vignot.
11 Décembre Sans changement – Le régiment est à Vignot, au repos.
12 Décembre Sans changement
13 Décembre Sans changement
14 Décembre Sans changement
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Le Lt Colonel Goybet est blessé à la main droite d’une balle qui lui coupe deux doigts
(Evacué)
http://jeanluc.dron.free.fr
15 Décembre Le 3e bataillon du régt quitte Vignot le 15 Xbre à 14h15 pour se rendre à l’Etang de Ronval où il sera à la disposition du général Ct la 16e Don
Arrivée d’un renfort de 2 officiers (M.M Girardin (2e Cie) et Bourgeois (5e Cie) Ss/Lt de rés.)
6 s/off
13 capx
258 hommes
Envoyés à Sorcy les 189 jeunes soldats, 8 capx, 4 sergts
M. le Ss/Lt Benoit-Stein est évacué pour hémorroïdes.
M. le Commandant de Bélenet prend le commandement du régiment
Situation générale
La IVe armée française lance l’offensive en Champagne. Les tranchées courent dorénavant
sur 650 kms, de la mer du Nord à la Suisse.
16 Décembre Les 1er et 2e btn partent pour la Tête à vache.
Le Cap. Ollivier et la CHR restent à Boncourt.
Reçu un renfort de 225 hommes et un officier
M. Têtenoire affecté à la 11e Cie (envoyé à Sorcy)
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17 Décembre Sans changement
Pertes : 4 blessés
18 Décembre Sans changement
Le 1er Btn va cantonner à St Julien
19 Décembre Sans changement
M. le S/Lieutt Bouchaert évacué pour fatigue.
Reçu un renfort de 1 off. (s/Lt Delaître 8e Cie) et 280 gradés et soldats (envoyés à Sorcy au
petit dépôt).
Pertes : 1 blessé
Citations
Au g.q a. le 15 décembre 1914
Ordre Général n° 110 (Extrait)
Le Général Ct la 1e Armée cite à l’ordre de l’armée les Officiers, sous-officiers et
soldats du 8e Corps d’armée dont les noms suivent :
Le Chef de bataillon Blavet, du 95e régt d’infie
« Le 25 Novembre, ayant reçu l’ordre d’exécuter une contre attaque contre des retranchements ennemis, s’est mis à la tête d’une de ses compagnies et l’a entraîné avec son sang-froid et sa bravoure habituel ; est tombé blessé très grièvement. Avait été nommé
Officier de la légion d’honneur le 8 Octobre 1914 pour une action d’éclat. »
Le Capitaine Hoareau de la Source, du 95e régt d’infie
« Au cours d’une série d’actions offensives exécutées du 2 5au 26 Novembre par
le bataillon qu’il commande, a montré la plus grande bravoure et une rare énergie en se portant sous le feu le plus violent, auprès de toutes les unités sous ses ordres pour les
animer de son ardeur. Se fait remarquer en toutes circonstances par sa belle humeur et son
esprit d’entreprise. Déjà cité 2 fois à l’ordre de l’armée. »
le Lieutenant Rolin, Ct de Cie au 95e régt d’infie
« A fait preuve depuis le début de la campagne jusqu’au jour où une blessure grave l’a éloigné du front des plus belles qualités de chef. Brillante conduite dans différents
combats, en particulier le 26 septembre au bois de la Louvière où, débordé sur sa gauche, il
chassa l’ennemi par une vigoureuse contre-attaque à la baïonnette. A été grièvement
blessé, a eu la jambe droite broyée, a reçu, pour sa bravoure, la Croix de Chevalier de la
Légion d’Honneur. »
le sergent-major Barbé, 95e régt d’infie
« A entraîné ses hommes à la contre-attaque, debout, le sabre à la main, sur le
bord de la tranchée. Blessé une première fois, s’est relevé pour se reporter en avant,
mortellement atteint, est tombé face à l’ennemi. »
Décorations
Sont nommés au grade Chevalier de la Légion d’Honneur :
Barat, capitaine au 95e régt d’infie
« A brillamment conduit la Cie au combat et a pu la maintenir en place sus une grêle d’obus, malgré les pertes considérables. »
Chauveau, capitaine au 95e régt d’infie
(figurait au tableau de concours de 1914 sous le n° 292) (Journal Officiel du 22 Novembre
1914)
20 Décembre Sans changement
21 Décembre Sans changement
22 Décembre Sans changement
Le 1er btn qui était à St Julien vient le 22 Xbre au soir cantonner à Boncourt
M. le S/Lt Bousigues évacué
Pertes : 2 blessés
23 Décembre Sans changement
Le 1er Btn quitte Boncourt vers 15h30 pour aller à l’Etang de Ronval (2 Cies à l’Etang – 2
Cies à la Commanderie).
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149
Les jeunes soldats du 1er renfort du 1er Btn rejoignent à Boncourt leurs unités.
24 Décembre Situation sans changement
Pertes : 2 tués – 2 blessés
25 Décembre Sans changement
Les téléphonistes (CHR) quittent Boncourt pour se rendre à St Agnan.
Pertes : 1 tué – 2 blessés.
(N.D.R : A cette date, on relève les mentions suivantes dans les J.M.O :
- du 85e R.I : « Les allemands fêtent Noël, crient et chantent dans leurs tranchées. Au cours
de la nuit (celle du 25 au 26) cris et chants des allemands dans leurs tranchées» ;
- de la 31e Brigade : « Manifestation dans les tranchées allemandes d’hommes sans armes faisant à nos troupes des invites pacifiques qui sont refusées à coups de fusil » ;
- du 1er R.A.C : aucune annotation.
Le J.M.O de la 16e division, couvrant cette période, n’est pas archivé.
Les J.M.O du 8e C.A et de la 1ère armée ne comportent aucune mention sur ces faits.
Dans la région de Lille, à côté de l’armée anglaise, le rédacteur du J.M.O du 295e R.I ne
porte aucune annotation relative à de tels faits.
D’après la monographie du lieutenant Jacques Péricard « Face à Face - Souvenirs et
impressions d’un soldat de la grande guerre » - Extraits : « …Ce fut aux tranchées de la
Tête-à-Vache que se déroula, devant mes yeux, la plus fantastique aventure de cette
première année de campagne. Deux jours avant Noël, les Allemands placés devant nos
lignes nous firent savoir que « pour fêter la naissance de Jésus, ils demeureraient bien
tranquilles toute la journée de Noël ». Ils nous invitaient à faire de même. Ces propositions
n’engendrèrent que la méfiance. Nous sommes payés pour savoir ce que valent les
promesses de nos loyaux ennemis. La conclusion tirée par nous, fut que les Allemands
méditaient pour Noël une attaque en masse et que leur proposition avait pour but
d’endormir notre vigilance. Aussi les gardes furent-elles doublées. Nous avions tort. De
toute la nuit de Noël, pas un coup de feu ne fut tiré par les Allemands. Par contre, ils
alternèrent les cantiques et les chansons bachiques avec un rare souci de la neutralité.
Vers une heure du matin, j’allai porter à un des petits postes avancés de ma section, une grande gamelle de café brûlant (il gelait à pierre fendre) et c’est ainsi que je pus assister au concert en première loge. Cette mise en scène ne fit qu’augmenter notre méfiance. Chat échaudé…… Et nous étions prêts à parier que les Allemands nous préparaient pour le petit jour une surprise. Cette surprise se produisit, mais non telle que nous l’attendions. Dès les premières lueurs de l’aube, en effet, les Allemands sortirent de leurs tranchées,
sans armes, sans équipement, capotes déboutonnées, des bouteilles à la main,
abominablement ivres !
Les uns nous montraient leurs bouteilles et nous invitaient à aller trinquer avec eux !
D’autres se prenaient par la taille et dansaient. D’autres encore, sans plus se soucier de nous que des buissons des alentours,
s’asseyaient sur les talus, sur les rochers, sur les souches déracinées et, choquant leurs bouteilles, continuaient leurs beuveries et leurs chansons. …… Des messagers furent envoyés au commandant de la tranche (ensemble de tranchées
placé sous le commandement d’un officier supérieur), pour rendre compte des événements et demander des ordres.
Les ordres ne se firent pas attendre: aucune trêve légale n’existait entre les belligérants.
Il fallait, en conséquence, tirer immédiatement sur tout ennemi visible. Ces ordres eussent
été obéis, sans aucun doute, quoiqu’à contrecœur. Un événement providentiel vint nous enlever nos scrupules de conscience. Cinq minutes à peine avant le retour des messagers,
des officiers allemands sautèrent sur les parapets et, à grands coups de poings et de pieds,
firent rentrer les ivrognes dans les tranchées : en quelques secondes il ne restait plus
personne au dehors ! …….
Les Allemands disparus, nous pûmes terminer la fête en famille. On fredonna des Noëls
patois. De main en main passèrent les bouteilles de Champagne distribuées la veille. »
Didier Linard – Tous droits réservés – août 2013
150
N.D.R : Les faits racontés par le lieutenant Péricard semblent devoir être relativisés ou pour
le moins se limiter à son secteur immédiat. En effet, ce jour-là, le régiment enregistre un tué
sans aucune annotation quant aux circonstances de ce décès.
Or, à la date du 26 Novembre 1915, il est fait état, sur le JMO du 95e, de la citation à l’Ordre de l’Armée de l’adjudant Bonnet Georges (9e Cie) libellée comme suit :
« …. A été atteint mortellement le 25 Décembre 1914 en repoussant l’ennemi qui, sous prétexte de fraterniser, s’approchait de nos tranchées. »
Manifestemment, le rédacteur du Jmo du 95e R.I a fait le choix de ne porter aucune
annotation sur les faits évoqués ci-dessus.)
26 Décembre Sans changement
Les hommes de renfort du 2e btn rejoignent leurs unités.
Nominations Sont nommés
1°) Lieutenant (pour prendre rang au 23 décembre 1914)
Audebert, S/Lt au 95e régt d’infie
2°) Sous-Lieutenant de réserve à titre temporaire
(pour rendre rang du 14 décembre 1914)
au 95e régt d’infie Jamet Henri, Adjudant chef au corps
au 95e régt d’infie Baranger Claude, adjudant au corps
3°) Capitaine (à titre définitif pour prendre rang du 25 décembre) (choix)
Potier, au 95e régt d’infie
27 Décembre Sans changement
Pertes : 2 blessés
28 Décembre Sans changement
29 Décembre Sans changement
Le 1er btn est venu cantonner à Boncourt vers 22h
Pertes : 3 tués – 8 blessés
30 Décembre Le 1er btn quitte Boncourt et va relever en 1ère ligne 1 btn du 85e dans le bois Brûlé
Pertes : (non renseigné)
31 Décembre Sans changement
Pertes : 1 tué – 4 blessés
---o0o---
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151
Renseignements divers :
Pour l’année 1914, sauf erreur(s) ou omission(s), compte-tenu des conditions
d’enregistrement et des difficultés d’acheminement des renseignements, ont été enregistrés
sur le J.M.O du 95e :

319 tués à l’ennemi dont 12 officiers ;

1.732 blessés dont 27 officiers ;

1.562 disparus (regroupant à la fois des tués morts sans témoins, des blessés évacués
par d’autres unités ou partis d’eux-mêmes vers l’arrière, des prisonniers voire des déserteurs ;

d’ou un total de 3.610 militaires hors de combat.
A contrario, ce qui n’est pas précisé c’est le nombre de militaires évacués pour cause de maladie. La lecture du JMO du service de santé divisionnaire n’apporte pas ces détails. Les chiffres relatifs aux évacuations pour maladie sont globalisés au niveau de la division.
Parallèlement le régiment a reçu le renfort à titre temporaire ou définitif de 4.191 militaires
dont 21 officiers. La distinction par catégories sous-officiers, caporaux et soldats n’a pu être établie.
Le site Mémorail-genweb répertorie 723 noms d’officiers, sous-officiers et soldats du 95e
R.I. tués ou décédés dans les hôpitaux durant le conflit. Il donne parfois quelques
informations complémentaires. Ces informations sont intéressantes à plus d’un titre. Elles permettent de constater que bien des soldats ne sont pas originaires du Cher.
Elles indiquent parfois si l’intéressé est classé disparu.
Voir page : http://www.memorialgenweb.org/~memorial2/html/base1418/resultrgt.php?act=view&arme=Infanterie
&n=95&type=R.I.&AN=&M=&J=&tri=nom,prenom&debut=100
Situation locale
Retranscription du Jmo du 1er R.A.C à la date du 31 décembre 1914.
« Résumé : Pendant le mois de Décembre, l’activité allemande est localisée presque entièrement à la Redoute du Bois Brûlé par des tirs d’artillerie de gros calibre et de gros minenwerfer.
L’infanterie qui n’a que pour abri que les parapets de la Redoute sans boyaux d’accès souffre beaucoup.
Le groupe de Liouville doit soutenir le moral des défenseurs de la Redoute par des tirs
ininterrompus de jour et de nuit.
Le mois de Décembre a vu la généralisation de l’emploi de pièces isolées à moins de 100
mètres de leur objectif. Les services rendus par ces pièces sont insignifiants.»
Situation générale
Extraits : « Les plus jeunes députés ont été mobilisés ; certains, élus pour la première fois
aux législatives des 26 avril et 10 mai 1914, ont à peine eu le temps de siéger.
Les benjamins de la Chambre, à l’époque, descendent pour la plupart de véritables dynasties d’élus locaux et nationaux : démentant par l’exemple une certaine rhétorique aux relents démagogiques sur « les planqués » et « les pékins de l’arrière », ils font une guerre
active, dans les mêmes conditions que leurs concitoyens. Bientôt les rejoignent d’anciens officiers, devenus parlementaires, qui demandent à reprendre du service. D’autres députés, en acceptant des missions civiles de contrôle ou de secours, s’exposent courageusement aux côtés des poilus et des populations sinistrées du front.
Dix-sept députés sont tués à l’ennemi au cours de leur mandat : jusqu’à la fin de la législature, leurs sièges dans l’hémicycle demeurent voilés de crêpe noir et ornés de leur écharpe tricolore. Du duc de Rohan-Chabot au mineur de fond Sorriaux, conservateurs,
modérés, radicaux et socialistes mêlés, c’est la France de l’Union sacrée qu’on retrouve dans la liste des noms gravés sur le monument aux morts de la salle des QuatreColonnes. »
http://www.assemblee-nationale.fr/histoire/guerre_14-18/deputes_grande-guerre.asp
Le mois de décembre, c’est aussi un nouveau prêt français à la Russie (500 millions de
francs par an pendant 5 ans) pour le développement des chemins de fer stratégiques de
l’Ouest. Didier Linard – Tous droits réservés – août 2013
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1er Janvier
1915
Sans changement.
Le 3e détachement de renfort a quitté Boncourt pour rejoindre ses unités.
Tués : M. Guiotat, s/Lt de Rve mitrailleur (1e Sn)
M. Mazure, s/Lt à la 4e Cie
M. Girardin, s/Lt de rés. 2e Cie
Blessés : S/Lt Lamère 1e
Disparus : Lt Germain (1e) s/Lt Dussault (4e)
Troupe : 225 tués, blessés ou disparus
ci-joint compte-rendu sur l’attaque
Tués : 13 – Blessés : 69 – Disparus : 143 (110 à la 4e Cie – 26 à la 1e Cie)
Situation générale
Le 31 décembre une attaque allemande ayant eu lieu sur le Bois Brûlé dans le sous secteur
Est, le 1er janvier, le commandement français décide d’attaquer une sape allemande notamment à l’aide d’explosifs actionnés par le Génie. Malgré des tirs de notre artillerie et plusieurs attaques, les fantassins ne parviennent pas à atteindre leurs objectifs. Contreattaqués notamment avec de l’artillerie, fauchés par les tirs de mitrailleuses, les français
sont obligés de se replier enregistrant par la même des pertes sensibles.
La Banque de France rentre à Paris.
2 Janvier
Sans changement.
Reçu 2 s/off et 6 conducteurs des dépôts (Train des Equipages), 1 chasseur forestier –
Mercier (affecté à la 9e Cie – 1e cl)
Pertes : 5 blessés
3 Janvier
Sans changement.
Pertes : 3 blessés
4 Janvier
Sans changement.
Le Ss/Lt Delarue (3e Cie) évacué pour maladie.
Le 1er btn vient cantonner à Boncourt. 2 Cies (1e et 4e) arrivent le 4 au soir et les 2 autres
(2e et 3e) arrivent le 5 au matin.
Pertes : 4 blessés
(N.D.R : Au Jmo du 1er R.A.C, il est mentionné : « … installation d’une pièce de 65 marine à la Louvière pour enfiler la route stratégique… On décide d’installer un canon de 75 et deux
80 de M dans les tranchées mêmes ». Par « deux 80 de M », en théorie, il doit s’agir de deux canons de 80 de montagne.)
5 Janvier
Sans changement.
Pertes : 2 blessés
Situation générale
Le Général Pierre Roques, est nommé commandant de la 1ère armée à compter du 5
Janvier 1915. Il en restera le chef jusqu’au 16 Mars 1916. En tant que directeur du Génie, il
s’occupe à partir de 1906 de la gestion de l’aéronautique naissante. Il est le créateur et le
véritable organisateur de l’aviation militaire française.
En 1911, année où se déroule le concours d’aéroplanes militaires de Reims – une première
mondiale en la matière – qui permet à l’aéronautique française d’acheter « scientifiquement » ses premiers aéroplanes, il décide que les « établissements
d’aéronautique » porteraient dorénavant le nom d’« escadrilles » et que les « aéroplanes »
seraient désormais appelés « avions » d’après le nom choisi par Clément Ader pour son
propre appareil et en hommage à cet ingénieur visionnaire avec lequel il correspond
régulièrement. On lui doit également le « carnet d’emploi du temps des pilotes » devenu par
la suite le « carnet de vol » encore en usage aujourd’hui.
Didier Linard – Tous droits réservés – août 2013
153
Le général Foch prend le commandement du Groupe d’Armées du Nord.
6 Janvier
Sans changement.
Pertes : 1 tué – 4 blessés
7 Janvier
Sans changement
Les élèves du 2e peloton d’instruction rentrent dans leurs Cies. Ceux du 3e peloton vont à
Sorcy (1 sergent, 21 capx et soldats)
(N.D.R : le Général Rouquerol commandera la 16e D.I du 07/01/1915 au 08/08/1916.)
Situation générale
En publiant un sermon d’un prêtre belge appelant les femmes violées à avorter, le journal Le Matin lance un débat sur les viols de guerre.
8 Janvier
Sans changement
M. le S/Lt Tinson évacué pour blessure au-dessus de l’articulation du genou, face externe
51 hommes passent à la Cie 8/2 du génie.
Pertes : 1 blessé
Situation générale
Action offensive Allemande sur le front de l’Aisne (combats de Crouy).
En France, publication d’un rapport officiel qui dénonce les crimes de guerre et les
violations du droit commis par les Allemands depuis le début de la guerre. A l’origine : par
décret en date du 23 septembre, une commission composée de : MM. Georges Pagelle,
premier président de la Cour des comptes; Armand Mollard, ministre plénipotentiaire;
Georges Maringer, conseiller d'État; Edmond Paillot, conseiller à la Cour de cassation, fut
instituée en vue de constater les actes commis par l'ennemi en violation du droit des gens
(Journal officiel du 8 janvier 1915).
Extraits : « De même que la vie humaine, la liberté des gens est, de la part de l'autorité
militaire allemande, l'objet d'un absolu dédain. Presque partout, des citoyens de tout âge
ont été arrachés à leurs foyers et emmenés en captivité. Beaucoup sont morts ou ont été
tués en route. Plus encore que le meurtre, l'incendie est un des procédés usuels de nos
adversaires. Il est couramment employé par eux, soit comme élément de dévastation
systématique, soit comme moyen d'intimidation. L'armée allemande, pour y pourvoir,
possède un véritable matériel, qui comprend des torches, des grenades, des fusées, des
pompes à pétrole, des baguettes de matière fusante, enfin des sachets contenant des
pastilles composées d'une poudre comprimée très inflammable. Sa fureur incendiaire
s'affirme principalement contre les églises et contre les monuments qui présentent un
intérêt d'art ou de souvenir. Dans les départements que nous avons parcourus, des milliers
de maisons ont été brûlées. »
Le rapport (12 pages) présenté par la Commission à M. Viviani, président du conseil, est
consultable dans son entier sur le site : http://blamont.info/textes46.html
Sur le même sujet, un livre qui fait référence : 1914. Les atrocités allemandes. La vérité sur
les crimes de guerre en France et en Belgique", de John Horne et Alan Kramer : tueries,
viols et violences – paru en 2001.
Ces deux universitaires de Dublin ont travaillé dans les archives de huit pays, celles du
KGB comme celles du Vatican, sans compter les rencontres avec des chercheurs du
monde entier.
Dans leurs conclusions, on peut lire :
« … non, il n'y a pas eu un soulèvement de la part des civils belges et français contre les
envahisseurs, mais que, oui, les soldats allemands, en majorité, croyaient que c'était le cas.
Ainsi, la puissance de l'imaginaire pouvait avoir cette emprise concrète sur le "réel"." Et cet
imaginaire produit la violence…. »
Didier Linard – Tous droits réservés – août 2013
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http://jeguel25.free.fr/DIVERS/Guerres/Guerre%201914-1918.php
9 Janvier
Sans changement
M. le Cne de la Source, Ct le 2e btn est blessé à la jambe d’un shrapnell et évacué.
Pertes : 4 blessés
10 Janvier
Sans changement
Pertes : 1 tué – 3 blessés
Le Commt de Bélenet est nommé Lieutt Colonel à t.t.
Situation générale
Le général Von Moltke, chef d’état-major de l’Intérieur, remet au Kaiser un rapport sur la situation économique de l’Allemagne. Lancement des mesures de rationnement drastique.
11 Janvier
Sans changement
Pertes : 1 tué – 1 blessé
12 Janvier
Sans changement
Pertes : 2 blessés
13 Janvier
Sans changement
M. Duperray, élève de St Cyr est nommé s/Lieutt et affecté au régiment. Il rejoint la 10e Cie.
Pertes : 1 tué – 1 blessé
Situation internationale
Churchill obtient l’accord du comité de guerre impérial pour son projet de forcement naval du détroit des Dardanelles.
Situation générale
13 et 14 janvier - Bataille de Crouy. L’armée française subit un échec cuisant en tentant de dégager Soissons de l’étreinte allemande par la prise des hauteurs de Crouy.
14 Janvier
Sans changement
Pertes : 3 blessés
15 Janvier
Sans changement
Pertes : 6 blessés
16 Janvier
Sans changement
1 détachement de renfort comprenant
1 chef de btn,
10 S/Lts
1 adjt – 9 sergents – 197 capx et soldats est arrivé à Sorcy le 15 janvier
Pertes : 1 tué
Décorations
La médaille militaire a été conférée sur Ordre N° 83 de la 16e Division en date du 16 janvier
au sergent-major Combanaire Adolphe du 95e d’infie, 2e Cie
« A fait preuve des plus belles qualités militaires en entraînant sa section à l’attaque d’une tranchée allemande fortement défendue ; n’ayant pu y parvenir sous la violence du feu, a reformé sa troupe et l’a entraîné une seconde fois. Est tombé grièvement blessé. »
Ci-après photographie du sergent-major Combanaire Adolphe.
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http://jeanluc.dron.free.fr/th/C/slides/combanaire_adolphe.html
(N.D.R : En France, le grade sergent-major fut créé en 1776. Il était le bas-officier le plus
élevé dans la compagnie d’infanterie. Il était chargé de l’administration de la compagnie. Néanmoins, compte-tenu des différentes missions, des stages, etc. le sergent-major était
souvent l’adjoint du capitaine commandant la compagnie. Il était aussi le président des basofficiers et le comptable de l’unité. Il organisait le service intérieur de la compagnie, tant au quartier que sur le terrain.
Le sergent-major était alors un bas-officier d’élite et longtemps le corps s’est présenté comme un vivier pour le choix des officiers. Après les réformes qui suivirent la guerre de
1870, il devint plus difficile pour eux d’accéder au grade d’officier, compte tenu des restrictions d’âge. Avec la réforme des effectifs au sein des bataillons et l’ajout d’un sousofficier au grade d’adjudant par compagnie, le sergent-major était cantonné à des tâches
purement administratives. Il n’a plus été nommé de sergent-major depuis 1964 et le grade a
été définitivement supprimé en 1971.)
au q.g.a le 6 janvier 1915
Ordre Général N° 118 (Extrait)
Citations
17 Janvier
Le Général Ct la 1e Armée cité à l’ordre de l’Armée les officiers, sous-officiers et
soldats dont les noms suivent :
Gilbert, Adjudant de réserve au 95e d’infie, 8e Cie
« A entraîné sa section avec la plus grande énergie à une contre-attaque le 25
Novembre et a été blessé mortellement à la tête de sa troupe. »
Sans changement
Le Ct Frossard (2e btn) et 9 sous-Lts rejoignent leurs unités (renfort du 16 janvier)
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1e Cie
S/Lts Bournadet et Magnin
e
2
s/Lt Lemoine
e
3
s/Lt Cumuzat
e
4
s/Lt Acher (Ct de Cie)
5e
s/Lt Guillerand
e
6
s/Lt Jacquemot
e
9
s/Lt Jeannet
e
11
s/Lt Boiseau
e
12
s/Lt Terland
Pertes : 3 blessés
N.D.R : Au Jmo du 1er R.A.C., on peut lire : « Redoute du Bois Brûlé – Les travailleurs
allemands poussent très visiblement la tranchée à mi-distance entre le parapet Sud et notre
tranchée de 1ère ligne. Ces travaux se font à 10 mètres de nous ; il est impossible à
l’artillerie de chercher à intervenir. »
18 Janvier
Sans changement
M. le Ct Frossard blessé d’un éclat de balle au cou (évacué)
Pertes : 1 blessé
19 Janvier
Sans changement
20 Janvier
Le 3e btn (11e Cie, Cne Potier) fait une attaque sur les tranchés allemandes et s’empare de 80 m environ de ces tranchées (Tête à Vache : Forêt d’Apremont).
M. le Ss Lt de réserve Boiseau est tué
M. le Ss Lt res. Têtenoire est blessé à l’épaule d’une balle, mais continue son service.
Pertes : 9e Cie - T : 3 B : 7 D : 22
11e Cie - T : 26 B : 39 D : 18
12e Cie - T : 4 B : 26 D : 3
C.H.R - T : 2 mitrs
B : 10 mit.
(N.D.R : La 11e Cie s’empare de 80 mètres de tranchée à 40 mètres des lignes françaises,
après dix minutes, de préparation d’artillerie. Elle subit de lourdes pertes, mais résiste héroïquement et repousse à la grenade et à la baïonnette toutes les tentatives de contreattaque ennemies.
A la tombée de la nuit, la 11e compagnie est relevée par la 12e qui elle-même est
remplacée, avant le jour, par la 10e Cie. Mais les 80 mètres d’occupation ont déjà diminué. Les Allemands progressent à chaque extrémité à la grenade. Cet engin manque aux
français pour répondre. La garnison, se réduit, et bientôt obligée, après de lourdes pertes
d’abandonner le dernier élément de tranchée qui reste.
Le séjour en forêt d’Apremont se poursuit. On commence à construire des boyaux mieux défilés ; à avoir quelques notions de stabilisation prolongée qui nécessite des abris plus
sérieux et des tranchées mieux organisées. Cf : Historique du 95e
Le corps du Lieutenant Boiseau sera récupéré par une patrouille du 85e R.I le 23 août 1915
- Cf : Jmo du 85e)
21 Janvier
La 10e Cie qui occupe la tranchée conquise cède devant une contre-attaque allemande. La
tranchée est perdue.
Pertes : 10e Cie – T : 4 B : 38 D : 22
Les 3 bataillons vont cantonner à Boncourt en réserve de sous-secteur.
Ordre N° 792 D
En vertu des pouvoirs qui lui sont conférés par la décision mlle n° 12285 K du 8 Août
1914, le Général Ct en chef a conféré la médaille Mre aux militaires suivants :
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Aucopt, Louis, mle 13601, sergent au 95e
« Blessé à la tête de ses hommes à l’assaut d’une tranchée ennemie. Sous-Officier très
méritant. A été grièvement blessé et a subi l’amputation du bras gauche.
Laporte, E, soldat au 95e
« Bon soldat. Blessé grièvement d’un éclat d’obus a dû subir l’amputation de la cuisse gauche. »
Leguet, E, mle 14628, soldat au 95e
« Bon soldat. Blessé à la tête le 21 Novembre au cours d’un travail exécuté en 1ere ligne. A
perdu l’œil droit. »
Letavernier, Paul, mle 4135, soldat au 95e
« Soldat très méritant. Blessé au cours d’une attaque allemande. A perdu l’œil droit. »
Métois, Camille, mle 3494, soldat au 95e
« Excellent soldat. A été blessé comme sapeur accompagnant le drapeau du Régiment
dans une contre-attaque. A perdu l’œil gauche. »
Moreau, L, mle 1030, soldat au 95e
« Bon soldat. Blessé dans une tranchée de ère ligne le 25 Novembre 1914. A perdu un
œil. »
Ruby, J, mle 4207, soldat au 95e
« Bon soldat. Blessé au cours d’une contre-attaque allemande. A été amputé de la cuisse
droite. »
Taboulot, F, soldat au 95e
« Bon soldat. Blessé le 26 Septembre. A été amputé de la cuisse gauche. »
Au q.g de la 16e Div le 21 Avril
Le Général Ct la 16e Don
P.O Le Chef d’Etat-major
Signé : Pung.
N.D.R : Le feuillet relatif à l’attribution de 8 médailles militaires a été collé, à cet emplacement, semble t-il, par erreur dans le 1er JMO, car il est bien daté du 21 avril 1915.
22 Janvier
Le régiment est en cantonnement à Boncourt
M. Mallet, mcin A.M 1e cl, évacué pour maladie
M. Rimbault, Lieutt est nommé Capitaine par décret en date du 22 janvier
Le Ss/Lieutt Delarue est nommé Lieutt par décret en date du 22 janvier
Situation générale
Du 22 au 31 janvier 1915 : vague de froid - une véritable tempête de neige paralyse le midi il fait jusqu’à -14° à Toulouse.
http://www.meteo-paris.com/chronique/annee/1914
23 Janvier
Sans changement
Dans la nuit du 23 au 24, le régiment se rend aux tranchées.
1er et 3e btns, sous-secteurs Est, Tranché Est (devant Apremont)
24 Janvier
1 détachement de renfort comprenant :
1 Officier, 5 sergents-majors, 2 capx et 5 sergents et 186 hommes est arrivé à Sorcy le 22
janvier dans la soirée.
Pertes : 3 blessés
M. Vidal S/Lt est nommé Lieutenant à t.déf. à dater du 24 janvier.
25 Janvier
Sans changement
Pertes : 1 tué
Situation générale
Prise de la célèbre « Caverne du Dragon », sur le Chemin des Dames, par le 103e
Régiment d’Infanterie Saxon.
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Au départ, il s'agit d'une carrière souterraine creusée dans le calcaire du plateau du Chemin
des dames. Ces carrières, ou creutes, que l'on retrouve en Somme comme dans l'Aisne,
ont été utilisées comme abris, postes de secours, pour accueillir des états-majors ou bien,
comme c'est le cas ici, comme poste défensif avancé.
La Caverne du dragon est en effet située à proximité de l'isthme de l'Hurtebise, c'est-à-dire
là où le plateau est le plus étroit. En outre, sa position en rebord de plateau offre un large
panorama sur la vallée de l'Aisne.
C'est pour conforter leurs positions sur le plateau du Chemin des Dames que les Allemands
lancent une attaque victorieuse sur la caverne le 25 janvier 1915 : ils se trouvent désormais
à six-cents mètres de la première ligne française et quatre-vingt mètres au-dessus.
Ce poste avancé est alors protégé et aménagé : les Allemands y amènent l'électricité et le
téléphone, un puits y est creusé et une chapelle est même édifiée. Enfin, ils relient la
Caverne avec les lignes arrières par l'intermédiaire d'un tunnel. Ainsi, en cas d'attaque, les
renforts et les munitions arrivent rapidement et sans encombres tandis que les blessés sont
évacués.
Cf : Thierry Hardier, La Caverne du Dragon in N. Offenstadt, Le Chemin des Dames. De
l'évènement à la mémoire, Stock, 2004 http://fr.wikipedia.org/wiki/Caverne_du_dragon
26 Janvier
Sans changement
Une partie du détachement de renfort soit 2 sergents-majors, 3 sergents, 2 caporaux
fourriers, 92 soldats rejoint le front.
M. le St Lt de réserve Bourgeois, blessé d’un éclat d’obus sur la route stratégique au bois de la Louvière
Pertes : 13 blessés
27 Janvier
Sans changement
Le Ct Frossard du 2e btn rejoint le Corps et reprend le commandement de son btn à la cote
360, route de la Louvière
M.M Saury et Blavier nommés Sous-Lieutenant sont placés, le 1er à la 5e Cie, le 2e à la 10
Cie à dater du 23 janvier
Pertes : 2 blessés
28 Janvier
Sans changement
Pertes : 5 blessés
Situation générale
En Argonne, première utilisation du mortier de tranchée (« crapouillot ») Duquesne de 58
mm.
29 Janvier
Le 1er btn va cantonner à St Julien
Le 3e btn et l’E.M vont cantonner à Boncourt
Le 2e btn reste ½ aux abris de l’Etang de Ronval, ½ en 1e ligne (redoute du Bois Brûlé)
30 Janvier
Le régiment va en réserve d’armée
E.M, CHR, 2e et 3e btns à Cousances aux Bois
1er Btn à Dagonville
31 Janvier
Le régiment est en réserve d’armée
(N.D.R : Au cours du mois de Janvier, le régiment enregistre 58 tués et 255 blessés.)
Situation internationale
a) L’Allemagne est la première à lancer une attaque chimique de grande échelle sur le front
de l’Est. 18.000 obus contenant du gaz lacrymogène furent tirés sur les positions de l’armée
impériale russe le long de la Rawka à l’ouest de Varsovie lors de la bataille de Bolimov.
Cependant, le froid intense bloqua l’action du gaz et les russes ne remarquèrent pas sa présence. Le premier agent mortel employé par les militaires allemands fut le chlore.
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Il s’agit d’un puissant agent irritant qui peut infliger des dégâts aux yeux, au nez, à la gorge et aux poumons. A hautes concentrations, il peut causer la mort par asphyxie.
b) La France annonce sa participation aux futures opérations contre l’Empire Ottoman, avec quatre cuirassés, deux torpilleurs, des sous-marins et des mouilleurs de mines, sous le
commandement du contre-amiral Guepratte.
Situation générale
André Citroën obtient une commande d’un million d’obus de 75. Il installe ses usines Quai
de Javel à Paris.
Début de la parution de la gazette des tranchées du 95e R.I : « Les boyaux du 95e ». Il est
possible de découvrir quelques feuillets du n°2 (janvier 1916) sur le site Mémorial Pierre et
Joseph Saint Loup – La Grande Guerre - http://michelsl.com/memorial/04-002.html
1er Février
Sans changement
Un détachement de renfort de 1 Officier (M. Condaminas S/Lt ) et 214 hommes est arrivé le
31 janvier à Sorcy et a rejoint le régiment le 1er février au soir.
Situation générale
Bataille des Eparges
2 Février
Sans changement
Un détachement de renfort comprenant : 2 sergents – 9 caporaux – 96 soldats
Est arrivé à Cousances-aux-Bois le 2février.
3 Février
Sans changement
4 Février
Sans changement
Fin du 1er livret du J.M.O du 95e R.I
Campagne 1914 – 1919
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