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l’ASNL n’avait pas vraiment la faveur des pronostics. Tout au plus
promettait-on le maintien aux
Lorrains... On parle aujourd’hui
de Ligue des champions...
On comprend mieux dès lors
le sourire des joueurs à l’heure
d’entamer une séance d’entraînement physique en plein mois
d’octobre.
HADJI
LE RETOUR
DE L’ENFANT
PRODIGE
Lyon, Marseille ou PSG. Rien
de commun avec les grosses
cylindrées du championnat. En
Lorraine, tout le monde le sait
désormais : la star c’est l’équipe. Les starlettes sont priées de
passer leur chemin. On fait bloc
sur et en dehors du terrain... Les
maîtres mots sont : groupe, intensité, solidarité, récupération et
replacement quitte quelquefois à
sacrifier le spectacle.
Un état d’esprit qui permet en tout
cas au club, depuis le début de
saison, de truster les premières
places du championnat. Après
quasiment un tiers du championnat, le club fait honneur à son totem, le chardon et à son slogan :
qui s’y frotte s’y pique. Avec seulement 7 buts encaissés, le club
s’affiche comme la meilleure défense de Ligue 1 .
En début de saison pourtant,
Une réalité qui n’a pas échappée aux joueurs en salle de
presse au sortir de l’entraînement. «Tout donner pour ne rien
regretter.Surtout ne pas se relâcher». Des discours empreints
de réalisme, d’humilité et de
maturité «Il faut dire que cette
année on n’a pas la Coupe de
l’UEFA... donc si on se plante...
on n’aura pas d’excuses», souffle Youssouf Hadji. Le recrutement inexistant de l’intersaison
n’est jamais évoqué comme
excuse à une éventuelle future
baisse de régime en championnat... Pas même comme explication. «C’est vrai on a perdu un
joueur-clé à l’intersaison avec
le départ de Pape Diakhaté au
Dynamo Kiev, mais à part ça le
groupe est inchangé et c’est une
bonne chose pour nous ... On
n’a pas recruté mais on a perdu
personne d’autre...»
La stratégie (risquée) s’avère
payante, les recrues de janvier
explosent sous les couleurs lorraines. Youssouf Hadji 27 ans
en est le meilleur exemple. En
inscrivant 4 buts lors des dix
premières journées de championnat, le Marocain a d’ores-etdéjà amélioré ses statistiques de
la saison dernière (un but et une
passe décisive en 14 rencontres) justifiant ainsi la confiance
placée en lui par l’encadrement
nancéen : «Il a énormément
progressé devant le but cette
EN COUVERTURE
HADJI, BASSIR ET ZERKA :
LE TRIO GAGNANT DE NANCY
C’est la sensation de ce début de championnat de France de Ligue 1. Malgré un
recrutement réduit à néant à l’intersaison, Nancy a bouleversé l’ordre établi depuis le début du championnat. Seul l’ogre lyonnais a finalement pu lui contester
sur le tard la tête du championnat. A la base de ce début de saison tonitruant : un
trio de Marocains qui poursuit en Lorraine l’oeuvre débutée par Mouslim, Bennij,
Chiba, Hadji et Ouaddou.
Reportage à Nancy : Olivier BISSEY.
C
’est un matin d’octobre classique en forêt de Haye au
centre d’entraînement du club
en périphérie de Nancy.
Le groupe pro sort des vestiaires
en quasi file indienne derrière
Paul Fischer l’entraîneur adjoint.
Comme bien souvent le mer-
credi c’est lui qui est en charge
de l’entraînement. Au programme
donc comme tous les mercredis :
physique...
Ce qui n’empêche pas les joueurs
d’aborder la séance le sourire
aux lèvres. L’horaire pourtant
est matinal. Le programme n’a
Remerciements (crédit photo) : asnl.net, O.Bissey et R. Lallemand
par ailleurs rien de réjouissant :
un peu de ballon en toute fin de
séance... Auparavant, des tours
de terrain, intensité-vivacité. La
qualité athlétique a souvent été
une marque de fabrique nancéenne. «Ici on joue avec nos
qualités. C’est vrai, on demande
beaucoup au niveau physique»
explique Paul Fischer presque
en s’excusant... Nancy, on l’aura
compris est un club discret, à
des années lumière du foot-business. Ici, pas de déclarations
inconsidérées, pas de crise, pas
de recrutement tapageur type
belle carrière, une carrière exceptionnelle même... Il a fait toute
sa formation à Nancy. On savait
qu’il avait un potentiel.Mais on ne
pouvait pas vraiment le retenir»,
se souvient Fischer des regrets
dans la voix. En près de trente
ans passés au sein du club nancéen, l’entraîneur adjoint a tout
connu sous le maillot lorrain. Défenseur rugueux, il a cotoyé en
tant que joueur des Marocains
nommés Bennij, Chiba, Hadji,
PH : AFP
club on retiendra qu’on a eu les
deux et que le dernier est revenu
participer à l’évolution de Nancy,
ce qu’il fait en ce moment c’est
énorme!».
«Le plus impressionnant chez
lui c’est sa simplicité, ajoute
Bracigliano, le gardien de but .Il
a une grande maturité depuis le
début... Il n’a pas changé. Je l’ai
vu arriver on partageait la même
chambre lui et moi quand il était
à l’essai. Il est toujours aussi
Youssouf Hadji auteur d’un début de saison d’exception avec l’ASNL
simple et abordable... Ce qui a
changé c’est son physique en
fait il s’est étoffé... Pour le reste
c’est le même... Il ressemblait
déjà à son frère... c’était saisissant.»
Longtemps comme en sélection,
Youssouf Hadji a grandi à Nancy
dans l’ombre de son frère, formé
comme lui en Lorraine... Loin
d’être un poids pour lui l’éternelle comparaison avec son aîné
semble l’amuser ... et le flatter.
«J’ai toujours été son premier
supporter, je l’ai toujours pris
pour exemple. Je trouve que les
gens se rappellent de ce qu’il a
fait ici ou au Maroc. C’est bon signe. Depuis quelque temps c’est
marrant oui, on commence à LUI
parler de moi...»
«C’est vrai que Mouss a eu une
Ouaddou... parti lui aussi tenter
sa chance loin de Nancy.
Et les souvenirs de revenir à la
surface... quelques regrets aussi
quelquefois... ceux de ne pas
avoir pu retenir des joueurs pétris
de talent à une époque où le club
connaissait des moments moins
faciles. L’occasion aussi d’évaluer le chemin parcouru. «Quand
je suis parti (en 2003) le club était
plutôt instable se rappelle Youssouf Hadji. Là, j’ai tout de suite vu
que le club avait grandi et même
les gens autour. L’engouement
autour de l’ASNL est là désormais ... Disons que maintenant
on sent vraiment que dans la rue
les gens sont vraiment passionnés», analyse Youssouf.
Résultat peu de départs. Une
progression régulière. Témoin la
masse salariale du club qui a été
multipliée par trois depuis que
l’équipe est arrivée en Ligue 1, à
l’issue de la saison 2005-2006.
Les joueurs ont tous été contactés depuis par des dirigeants
soucieux de devancer l’appel et
de signer des prolongations de
contrat (avec hausse de salaire
à effet immédiat) avant même
l’arrivée de sollicitations extérieures. Une gestion rigoureuse
et novatrice qui, alliée à une ferveur grandissante, a tendance à
pousser les joueurs à rester. Le
salut ne passe plus par l’exode.
Cet engouement populaire est
né d’un parcours impressionnant
en Coupe de la Ligue lors de la
saison 2006. Jusqu’ici, à Nancy,
lorsqu’on parlait palmarès, on
évoquait forcément la Coupe de
France remportée par la génération Platini en 1978. 2006 restera comme un rendez-vous clé
dans la progression du club. La
victoire en Coupe de la Ligue offre aux Lorrains l’opportunité de
disputer la Coupe de l’UEFA et
de changer de statut.
UNE DOUBLE
INFLUENCE
FRANCO-MAROCAINE
En cette période d’apprentissage accéléré, deux autres Marocains encore présents au club
ont en effet joué un rôle essentiel : Moncef Zerka et Mickaël
Bassir plus connu en Lorraine
sous le patronyme de Chrétien :
«Mes parents n’étaient pas mariés. Ma mère est française d’où
mon nom : Chrétien. Mon père
est marocain, sa famille est de
Casa, mon deuxième nom c’est
Bassir. Mais tout ça pour moi ça
n’est qu’une histoire de nom. Je
me sens à la fois 100% Français
et 100% Marocain»
Mickaël a grandi dans la banlieue nancéenne à Vandoeuvre.
Une enfance passée à l’ombre
des barres d’immeubles dans
une ambiance cosmopolite : «Il
y avait beaucoup de jeunes dont
les parents étaient originaires
de Tunisie, d’Algérie et bien sûr
du Maroc. Alors je vous laisse
imaginer. Quand il y avait des
matches c’était un peu la guerre.
On se chambrait tous quand
«notre» équipe nationale jouait
et gagnait. Quand le Maroc
jouait c’était la folie. Aujourd’hui
je sais que dans les quartiers où
j’ai grandi, il y a une vraie fierté
à me voir jouer pour les Lions»,
glisse-t-il les yeux brillants.
Une double influence franco-marocaine avec la Coupe du monde
98 en France comme évènement
fondateur : «J’avais 13 ans je
suivais ça d’ici et pour moi c’était
que du bonheur. J’étais content
et fier de ce que cette équipe
montrait face aux meilleures
équipes de la planète. On a vécu
un grand moment même si la
fin nous a déçus. Hadji, Bassir,
Chipo, Chiba , c’était une sacrée
génération j’étais à fond derière
eux, j’étais fier d’eux.»
C’est donc dans cette ambiance
et avec les Lions comme modèles que Mickaël étoffe son
bagage de footballeur. Résultat
depuis ses débuts sous les couleurs nancéennes, le Marocain
impressionne par sa polyvalence. Milieu de terrain, défenseur
central ou latéral (son poste de
prédilection).
«Contrairement à l’image du
footballeur marocain plutôt dribbleur, Mickey (Mickaël) lui, est un
joueur très concret, très efficace.
S’il est doué de réelles qualités
techniques, il sait ne pas en abuser pour faire le show. Il met ses
qualités au service de l’équipe
et puis c’est quelqu’un qui se
fait rarement déstabiliser en un
contre un, souligne le gardien
Bracigliano. En fait on a toujours
évolué ensemble, du coup c’est
vrai qu’on se connaît par coeur.
Un peu comme avec Youssouf
d’ailleurs ou avec Moncef (Ze-
EN COUVERTURE
C’est avec le sourire que le trio marocain de Nancy entame la séance d’entraînement matinal
année, c’est vrai souligne Paul
Fischer... S’il pouvait continuer à
marquer à ce rythme-là, c’est sûr
que ça serait un sacré coup de
pouce et que ça nous aiderait à
grandir... Pour tout vous dire on
connaissait ses qualités, ce qui
me surprenait, c’est qu’il n’aie
pas plus réussi que cela à Rennes... Là je ne sais pas si c’est
le fait de retrouver le club où il
a commencé, qu’il se soit rapproché de sa famille... Quoiqu’il
en soit ... C’est sûr, il a franchi
un cap et ça fait plaisir quand un
joueur comme lui réalise de telles performances.»
Pas la peine de chercher de
commentaire négatif, toutes les
analyses lorraines sont au diapason... Les performances du
Marocain font la fierté de ses
coéquipiers. Le retour du joueur
au bercail (il a été formé au club)
est accueilli comme une bénédiction par les supporters. «On
se connaît trop bien, lâche dans
un sourire Gennaro Bracigliano,
le capitaine.On est arrivés à 17
ans au centre de formation en
même temps, j’ai pu voir son
évolution... Je ne suis pas vraiment surpris... En matière de
football, il a des qualités exceptionnelles : il a un super jeu de
tête, il est capable d’éliminer
n’importe quel adversaire sur
son côté ou dans l’axe... Il peut
vraiment jouer à tous les postes
offensifs...Sa progression, elle
est logique.»
Après Bastia et Rennes, Hadji a
donc décidé de revenir en Lorraine... Lui qui n’avait joué que
cinq matches de Ligue 1 sous
les couleurs nancéennes (entre
1999 et 2000) fait désormais
figure de joueur-cadre. Après
avoir disputé le maintien en Corse puis le milieu de tableau en
Bretagne, le voilà désormais à la
lutte pour faire figurer le club lorrain aux avant-postes. «Quand
j’ai dit que je voulais retourner à
Nancy, se souvient l’ancien Rennais, certains ont pris ça pour un
manque d’ambition... Un retour
en arrière puisque je revenais
dans mon club formateur. Mais
moi je savais ce que je faisais.
C’est de la stratégie, j’ai réfléchi
beaucoup avant et je savais où
j’allais, j’avais joué Nancy quand
j’étais en Bretagne et j’ai vite vu
que cette équipe avait une âme,
et une marge de progression. Je
savais que j’avais besoin de me
relancer et de franchir un pallier.
J’avais totalement confiance
dans cette équipe et dans son
président. Je sais que j’ai fait le
bon choix. Là je sens que je progresse.»
L’HÉRITAGE
DE MUSTAPHA
HADJI
«On avait déjà essayé de le
faire venir l’année d’avant mais
ça n’avait pas collé, admet Paul
Fischer. Là, c’était possible, on
a profité de l’occasion, il s’avère
que c’est une bonne pioche...
même si, il y a eu aussi, trois
mois difficiles au début... Mais il
a une grosse capacité de travail,
vous savez...». Paul Fischer sait
de quoi il parle. Joueur, il a vu
arriver Hadji dans le groupe pro
nancéen en 98, il a même été
son capitaine. Devenu son entraîneur il jete un oeil complice
sur l’explosion du natif d’Ifrane :
«Peu de gens le croyaient encore capable d’atteindre ce niveau
il y a six mois. C’est une belle
revanche sportive.»
Que ce soit au Thirty, un café
nancéen qui retransmet les
rencontres de l’ASNL, ou au
bord du terrain d’entraînement,
le Marocain fait d’ailleurs l’unanimité en ce début de saison :
«C’est difficile de sortir un joueur
du groupe, admet Nicolas, un
supporter du club lorrain...Tout
le monde est au top en ce moment mais Hadji c’est un tout
bon... Avant Hadji c’était Moustapha, son frère... Maintenant au
EN COUVERTURE
Chrétien Bassir parmi la sélection du siècle de Nancy avec le très prestigieux Platini
PH : AFP
Dans l’intimité des vestiaires, les inséparables Hadji et Chrétien Bassir
rka) l’autre Marocain du groupe.
Ces trois-là sont super drôles et
avec eux on peut aller à la guerre
comme avec Mouss Hadji ou Abdes Ouaddou», ajoute-t-il pour
conclure. Ce sont des gars pas
compliqués. Avec eux c’est facile
de s’entendre. Ils ne sont jamais
négatifs, toujours souriants...
Ce sont des gars importants du
groupe...»
Et ce n’est pas fini. Derrière, en
CFA (l’équipe réserve), il y a un
autre Marocain. Amine Tighazaoui. «Franchement on est allés
le voir, souligne Youssouf Hadji
et franchement, techniquement il
est impressionnant. On va entendre parler de lui.» Peut-être un
quatrième membre marocain, un
nouveau complice?
LES TROIS
MOUSQUETAIRES
«Tous les trois en tout cas c’est
sûr. On est un peu inséparables
c’est vrai, reconnaît Moncef
Zerka, l’autre membre du trio.
De retour de blessure, il apprécie à sa juste valeur la complicité qui le lie à Youssouf Hadji et
Mickaël Bassir. Avec Youss on
a joué quatre ans ensemble.
Après, les années où Youssouf
est parti, c’est Mickey qui a pris
le relais. C’est sympa de se retrouver ensemble d’autant qu’on
se rapproche sur et en dehors
du terrain. Avec le temps s’est
installée une vraie complicité.
On essaie d’être le plus souvent
ensemble d’ailleurs dans les vestiaires, on essaie d’être côte à
côte. On est complices, ça a un
côté trois mousquetaires... ou
trois petits diables (rires) ... Non,
on va rester sur l’image des trois
mousquetaires c’est plus sage»,
rectifie Zerka dans un sourire.
La triplette de talent aime pourtant jouer les animateurs sur et
en dehors du terrain. «On est
marocains, on aime chambrer.
Youssouf généralement c’est le
chauffeur on va dire, explique
Moncef Zerka amusé... Dès qu’il
faut faire monter la température,
c’est le premier à la faire monter... Moi je suis un peu le naïf,
j’emboîte le pas sans vraiment
calculer. Je termine le travail
on va dire. Le trio se complète
bien. Mickey est un peu plus discret mais redoutable. C’est celui
qu’on surnomme la fouine. Sur le
terrain c’est un peu pareil.»
Ils sont nombreux dans les
rangs nancéens à en avoir fait
les frais...» C’est vrai qu’on est
toujours en train de rigoler, de
chambrer et de se couvrir, de se
défendre les uns les autres. On
se trouve les yeux fermés. Et
quand on fait un coup à trois...
ça peut être discret et efficace
aussi...»
«C’est une bonne chose qu’on
se retrouve tous les trois... ça faisait longtemps qu’on n’avait pas
été aussi nombreux. Il y a une
période -ça remonte à quoi, six
ans- c’était une vraie collection à
l’époque : il y a avait Saïd Chiba,
Abdeslam Ouaddou et moi, sans
oublier Mehdi Taouil qui jouait
avec la réserve...», se souvient
Zerka. «C’est une belle histoire,
analyse Youssouf Hadji... On
s’est vus tous les trois gravir un
à un les échelons... On a commencé tous les trois en bas de
l’échelle au centre de formation.
On savait qu’à la fin de l’année
on n’était pas sûrs d’être conservés. On en a vu des joueurs ressortir du bureau les larmes aux
yeux parce qu’ils n’étaient pas
gardés. Alors imaginez... Se retrouver tous les trois ensemble,
c’est exceptionnel, ça permet de
prendre conscience du chemin
parcouru. On rêvait de jouer en
pro et en sélection tous les trois
en même temps. C’est vrai qu’on
a un peu des destins croisés...
C’est une belle histoire...»
Z COMME ZORRO
Une histoire faite de grands bonheurs donc et de coups du sort
également. A l’image de la carrière de Zerka sous les couleurs
nancéennes. Barbe de trois
jours, sourire aux lèvres, le Marocain est foncièrement attaché
au club lorrain avec lequel il aura
finalement tout connu : «c’est ce
club qui m’a permis de connaître le haut niveau et sous tous
ses aspects d’ailleurs, souffle le
joueur formé à Orléans avant de
rejoindre le centre de formation
lorrain.
Le meilleur, c’est cette montée
en Ligue 1 en 2005, la victoire
en Coupe de la Ligue en 2006
à laquelle il participe pleinement
en devenant le leader et le héros
de toute une équipe. «Je crois
que personne n’oubliera jamais
ce qu’il a fait pour le club cette
EN COUVERTURE
année-là. A l’époque Moncef
était arrière latéral en sélection
et milieu de terrain chez nous...
On avait de gros soucis en attaque, en clair on n’avait plus d’attaquants... On lui a demandé de
passer devant... il ne s’est pas
posé de questions ... et il a réussi avec une rare efficacité...», se
souvient Gennaro Bracigliano.
Ainsi repositionné en pointe, Zerka joue un rôle moteur dans le
parcours des Lorrains en Coupe
de la Ligue. Quatre buts en quatre matches, le défenseur devient
définitivement attaquant et y gagne un surnom : celui de Zorro.
De cette période, Moncef garde
un souvenir à chaque oreille.
Le fameux Z à l’oreille droite «Z
comme Zorro et comme Zerka
et le N°11 à l’oreille gauche. Ce
surnom de Zorro il le validera
définitivement à la 21ème minute de la finale de Coupe de
la Ligue. Un but en deux temps
qui donne l’avantage à Nancy et
met les Lorrains sur orbite. A l’arrivée, Nancy l’emporte deux buts
à un. Nancy remporte la reconnaissance, Zerka y gagne ses
galons de sauveur : «Sa grande
qualité c’est aussi son défaut,
constate Bracigliano : c’est son
grand coeur. On peut lui demander n’importe quoi. C’est
quelqu’un de généreux. Tu peux
compter sur lui à tout moment
sur le terrain comme dans la vie.
Il ne se pose jamais de question.
C’est un fonceur, il a une grande
confiance en lui...»
Des qualités qui lui permettent
de gagner durablement sa place
en pointe de l’attaque nancéenne et de participer à l’aventure
des Lorrains en Coupe d’Europe... jusqu’au 6 janvier 2007
tout du moins. Ce jour-là, Nancy
affronte Lens... Moncef ne jouera que quelques minutes avant
de quitter le terrain. Bilan : une
fracture tibia-péroné qui l’éloi-
PH : AFP
Retour gagnant pour Zerka auteur d’un but en Coupe de la Ligue
mais il est capable de surmonter tout ça... En plus il vient de
retrouver la sélection, il le mérite...»
LA CAN EN
POINT DE MIRE
gnera durablement des terrains.
La saison 2006-2007 est pour lui
terminée. Elle sera synonyme
de rééducation. Pour le club, il
s’agit là d’un coup d’arrêt. «Les
problèmes de Nancy, notre baisse de régime la saison dernière,
est intervenue exactement à ce
moment-là, rappelle Bracigliano.
«Cette blessure ça nous a mis
un gros coup au moral et c’est
à partir de là qu’on a commencé
à ne plus gagner. Nous aussi ça
nous a touchés», analyse Bassir.
ZERKA,
LE RETOUR
Ses efforts à l’entraînement, Zerka ne les ménage pas depuis
la reprise du championnat. Ses
rares apparitions sous le maillot
lorrain sont pour lui l’occasion de
retrouver le haut niveau. Titulaire en Coupe de la Ligue contre
Amiens début novembre, le Marocain y retrouve son statut de
sauveur en inscrivant le but de
la victoire...
«Aujourd’hui je me sens bien...
J’ai bien repris, bien récupéré.
J’attends juste qu’on me fasse
jouer. J’ai retrouvé mes sensations, voilà. Je reviens de blessure donc il faut que je retrouve
le rythme de la compétition il
faut juste enchaîner les matches
pour bien retrouver le rythme de
la compétition. Les appréhensions au niveau des contacts
et tout. Je n’en ai plus du tout.
Maintenant il faut faire le plus de
matches possible histoire d’améliorer ma condition physique»,
reconnaît le principal intéressé.
«Moncef a vécu une période difficile c’est sûr. Cinq mois d’arrêt
mentalement c’est difficile, on se
sent un peu à l’écart, c’est inévitable... Il revient c’est bien...
Mais le niveau de l’équipe étant
ce qu’il est, il sait que c’est un
peu plus difficile d’autant que
devant on a des joueurs de très
haut niveau... ça ne sera pas du
tout cuit, reconnaît Paul Fischer,
mais j’ai confiance en lui.»
A l’entraînement Moncef ne chôme pas. Comme son entraîneur
adjoint, l’international marocain
déteste la défaite. La moindre
partie de foot-volley devient un
challenge. Défaite interdite... «Il
travaille beaucoup pour revenir ... C’est vrai que le coach a
sous la main des joueurs qui à
chaque match font la différence
donc c’est difficile pour lui de
faire des changements mais je
ne m’inquiète pas pour Moncef.
Il a tout pour surmonter cette
épreuve et retrouver une place»,
encourage Bassir.
De titulaire indiscutable le voilà
en concurrence directe avec
Hadji, Dia, Curbelo ou Fortuné
qui sont efficaces en ce moment
Les «Lions de l’Atlas», c’est le
rêve secret de Moncef... L’année 2008 sera celle de la CAN
au Ghana. Retrouver une place
de titulaire en club et en équipe
nationale voilà les nouveaux
chantiers de Zerka. «Ce maillot
celui de ma sélection a une signification particulière. C’est le
rêve pour tout Marocain et puis
pour la famille. Quand vous
voyez la lumière dans les yeux
des parents de vous savoir en
équipe nationale, quand on voit
un peuple entier vous soutenir,
c’est magnifique. Quand vous
vivez ça en club c’est exceptionnel mais avec la sélection, c’est
tout un peuple qui est derrière,
qui vous pousse. C’est quelquechose d’immense, comme un
rêve qui se réalise .Je n’y renoncerai pour rien au monde. Je me
donnerai à 200% ...»
Histoire de reformer ce trio «qui
se trouve les yeux fermés sur
et en dehors du terrain. Histoire
d’offrir au nouveau sélectionneur
Henri Michel des performances
dignes de celui qu’on surnommait Zorro. Histoire aussi de réaliser son rêve : «le plus beau? ce
serait peut-être de marquer en
finale de la CAN, le seul but de
la finale. Tout le monde rêve de
ça... Mais en fait le plus beau ce
serait de dribbler tout le monde
et de donner le ballon à quelqu’un qui est mieux placé que
moi et qu’il marque... Une passe
décisive qui permettrait au pays
de gagner ce serait top... Si la
passe est pour Youssouf ou Mickey alors c’est sur ce sera encore mieux!!!»