La Hune de mai et juin 2016
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La Hune de mai et juin 2016
Mai – juin 2016 LA HUNE DU CESM 2 LA HUNE DU CESM ÉDITO Look east, go west … À Djibouti, la construction d'une base chinoise permanente a commencé. Elle pourra servir en soutien des forces armées chinoises agissant dans la zone ou de support à l'action économique de la Chine en Afrique. Ces premiers parpaings sont en fait de bons indicateurs géostratégiques, à plusieurs titres. Dans sa prise en compte de la mondialisation et donc de la maritimisation, la Chine « s'occidentalise ». Doublement. Avec cette nouvelle implantation, elle achève, très à l'ouest, son « collier de perles » de points d'ancrage déployé à travers tout l'océan Indien, dans une sorte de contre-manœuvre de la politique du pivot vers l'Asie des États-Unis ou du « regard vers l'est » de l'Inde. Et elle manifeste sa volonté de s'insérer dans le concert « à l'occidentale » des nations, en participant de plus en plus à des opérations sous l'égide de l'ONU, opérations de maintien de la paix en Afrique ou de lutte contre la piraterie dans les eaux somaliennes, à terme facilitées par la disposition d'un tel point d'appui. Si les côtes du golfe d'Oman, du golfe Persique accueillent elles-aussi des bases étrangères, Djibouti semble être la place forte où il convient de s'implanter. Outre les facilités accordées à l'Espagne, l'Italie, la Turquie ou l'OTAN par exemple, s'y trouvent des bases permanentes française, américaine, japonaise, européenne et donc chinoise, dans une proximité géographique qui peut surprendre. Manque la Russie… Les grandes puissances considèrent que l'ouest de l'océan Indien restera, pour un temps justifiant une installation, une zone stratégique vitale tant maritime (ouverture du canal de Suez, golfe d'Aden, bassin de Somalie, canal du Mozambique) que terrestre (point d'entrée pour l'Afrique de l'Est et proximité du Moyen-Orient). La France a choisi de disposer de deux points d’appui permanents dans cette région : à Djibouti et aux Émirats arabes unis. Elle complète ce dispositif par le déploiement périodique de son groupe aéronaval formé autour du Charles de Gaulle qui permet d'allier force et mobilité. Vous pourrez lire dans ce numéro de La Hune le détail, justement, des opérations récemment menées par le CDG, présenté par une revue britannique. Et puis d'autres choses sur les grands navires, le développement des garde-côtes, l'énergie éolienne … Bonne lecture. Capitaine de frégate Bernard RICHELET Chef du pôle Études du CESM 3 LA HUNE DU CESM TABLE DES MATIÈRES DÉFENSE ET STRATÉGIE ........................................................................6 AMÉRIQUES ............................................................................................................... 6 L’histoire de deux mers : les revendications navales chinoises et leurs implications pour le Canada ............................................................................................................................................. 6 AFRIQUE .................................................................................................................... 7 La marine sud-africaine renforce ses capacités clefs ...................................................................... 7 ASIE-PACIFIQUE........................................................................................................ 8 L’expansion des « coques blanches » : les garde-côtes régionaux s’attaquent aux nouvelles menaces ........................................................................................................................................... 8 Projection de forces : l’intérêt stratégique de la Chine dans son son engagement maritime .......... 8 OCÉAN INDIEN .......................................................................................................... 9 Expansion maritime chinoise : de la mer Jaune à la mer Rouge ..................................................... 9 EUROPE – EURASIE ................................................................................................. 9 La marine « Potemkine-plus » de Poutine........................................................................................ 9 FRANCE.................................................................................................................... 10 Le porte-avions français : un acteur exceptionnel sur les théâtres d’opérations ........................... 10 MARINES DE GUERRE ...........................................................................11 FLOTTE DE SURFACE ............................................................................................ 11 Pourquoi la taille compte ................................................................................................................ 11 AÉRONAUTIQUE NAVALE....................................................................................... 12 L’utilité opérationnelle de la flotte américaine de porte-avions dans la période post-seconde guerre mondiale .............................................................................................................................. 12 FLOTTE SOUS-MARINE .......................................................................................... 13 Les sous-marins doivent apprendre à jouer la défense de zone ................................................... 13 ARMES ET SYSTÈMES NAVALS ............................................................................ 13 Évaluer la menace émergente des missiles balistiques antinavires chinois .................................. 13 INDUSTRIE NAVALE ET DOMAINE MARITIME .....................................15 INDUSTRIE NAVALE ................................................................................................ 15 Doutes autour des cargos : les constructeurs de porte-conteneurs à nouveau dans l’incertitude face à la situation économique mondiale ....................................................................................... 15 4 LA HUNE DU CESM CRIMINALITÉ MARITIME ......................................................................................... 16 La piraterie maritime n’existe pas ! ................................................................................................. 16 ENVIRONNEMENT MARITIME ................................................................................ 17 L'énergie éolienne : plus qu'un simple « coup de vent » ................................................................ 17 5 LA HUNE DU CESM DÉFENSE ET STRATÉGIE Le ravitalleur Drakensberg et le sous-marin Charlotte Maxeke (S102), bâtiments de la marine sud-africaine. (© South African Navy) AMÉRIQUES L’histoire de deux mers : les revendications navales chinoises et leurs implications pour le Canada (A tale of two seas: Chinese naval disputes and what it means for Canada) Si les revendications chinoises en mer de Chine méridionale sont bien connues, les ambitions du géant asiatique pour l’Arctique le sont moins. Or, cet océan présente pour la Chine des perspectives attrayantes, avec notamment l’ouverture de nouvelles routes maritimes plus courtes. Pékin ne cache d'ailleurs pas ses intentions d’envoyer des navires marchands à travers le passage du Nord-Ouest, dont la souveraineté est revendiquée par le Canada. Si la Chine n’est pas un pays arctique, elle y renforce cependant sa présence, ayant même acquis le statut d’observateur au Conseil de l’Arctique. Sa politique de poldérisation en mer de 6 LA HUNE DU CESM Chine méridionale laisse envisager qu’elle pourrait ignorer la Convention du droit de la mer en Arctique et remettre ainsi en cause le contrôle que le Canada veut effectuer sur le passage. Le Canada ne possède pas les moyens matériels pour appuyer ses revendications dans la zone. Contrairement aux autres pays arctiques, et malgré des politiques d’affirmation de souveraineté débutées sous le mandat de Stephen Harper, la présence effective des Canadiens dans la région reste très faible. La marine royale canadienne ne peut ainsi toujours pas jouer un rôle permanent et crédible dans le Grand Nord. D’un point de vue canadien, la situation actuelle en mer de Chine méridionale pourrait ainsi devenir un aperçu de celle prochaine dans l’Arctique : au bénéfice de l’expansionnisme chinois. Julia Peng Natoassociation.ca, 16 mai 2016 AFRIQUE La marine sud-africaine renforce ses capacités clefs (South African Navy enhances key capabilities) La marine sud-africaine a longtemps été la seule marine « équilibrée » d’Afrique subsaharienne. Seule à disposer de sous-marins, elle possède également, avec le Nigéria, une capacité côtière reconnue dans la région. Et l’expansion et la modernisation des autres flottes locales ne changeront pas la donne au moyen, voire au long-terme. Dans l’immédiat, le défi de la marine sud-africaine est triple : assurer la surveillance des eaux nationales et de vastes zones d'intérêt régionales avec une flotte manifestement trop réduite, maintenir ses bâtiments les plus récents et remplacer ses navires vieillissants ; le tout avec un budget largement insuffisant. Pour continuer à jouer un rôle grandissant dans la sauvegarde de la sécurité régionale, la marine sud-africaine devra donc faire avec les moyens dont elle dispose et optimiser l’emploi de sa flotte. D’un point de vue organisationnel, la volonté est ainsi d’évoluer vers un système d’escadrons pour les frégates, sous-marins, patrouilleurs et dragueurs de mines. De nouveaux projets de modernisation de la flotte sont également en cours, parmi lesquels les plans de renouvellement des frégates et des sous-marins. Les premières ont d’ailleurs déjà vu leurs systèmes de communication renforcés et se sont vues dotées de canons téléopérés, tandis que les seconds devraient bientôt être équipés de torpilles lourdes modernes. Helmoed-Römer Heitman Naval Forces III/2016 7 LA HUNE DU CESM ASIE-PACIFIQUE L’expansion des « coques blanches » : les garde-côtes régionaux s’attaquent aux nouvelles menaces (White hull expansion: regional coastguards tackle new threats) Face à la montée des tensions en Asie-Pacifique, les pays de la région – Chine, Japon, Corée du sud, Vietnam, Malaisie, Philippines, Indonésie – développent leurs corps de garde-côtes. Le déploiement des navires à « coque blanche », comme les appelle l’auteur, leur permettrait d’appuyer des revendications maritimes sans pour autant risquer l’escalade que pourrait provoquer une confrontation entre bâtiments de guerre. Ainsi, en Chine, les garde-côtes connaissent une augmentation rapide du nombre de leurs navires et de leurs capacités. D’anciennes frégates de type 053H2G ont été ainsi transformées en navires garde-côtes, incluant le retrait de la plupart de leurs armements. La Malaisie, elle, ne dispose pas de garde-côtes. Elle a toutefois créé la Malaysian maritime enforcement agency (MMEA), qui est dotée de vieux navires donnés par d’autres pays, et a entamé une modernisation de sa flotte de patrouilleurs. Le Japon, quant à lui, a toujours possédé une flotte plus importante que ses voisins. Face à l’expansion chinoise, le pays a lancé un vaste programme de renforcement de ses capacités de garde-côtes, notamment via de nouvelles acquisitions. À l’horizon 2017, neuf patrouilleurs hauturiers de classe Taketomi, devraient intégrer sa flotte. Ridzwan Rahmat Jane’s Navy International, avril 2016 Projection de forces : l’intérêt stratégique de la Chine dans son son engagement maritime (Projecting power: China sees strategic benefit in maritime engagement) La flotte chinoise a longtemps été importante mais peu sophistiquée. En moins de 15 ans, à force d'achats de bâtiments russes et de constructions locales, elle s'est dotée de bâtiments plus modernes. Ce processus s'est accompagné d'une réflexion doctrinale et d’une réforme de l'entraînement de ses équipages, afin d'assurer la dynamique opérationnelle de la marine. Jusqu'en 2007, la marine chinoise se contentait d'entraînements bilatéraux centrés autour de manœuvres basiques et d'exercices de secours en mer. Désormais, elle participe aux opérations de lutte contre la piraterie dans le golfe d'Aden et à de nombreux exercices maritimes tels que RIMPAC, en 2014 et 2016. La Chine met également l'accent sur les entraînements d'évacuation de civils et d'assistance en cas de catastrophe humanitaire ou naturelle. La multiplication de ces opérations non militaires s’explique par les différents intérêts chinois (économiques et ressortissants à l'étranger), mais aussi par la politique de non-ingérence 8 LA HUNE DU CESM qu’elle prône. Cette posture lui permet également de contrer les allégations selon lesquelles sa montée en puissance militaire serait agressive. Andrew Tate Jane's Navy International, mai 2016 OCÉAN INDIEN Expansion maritime chinoise : de la mer Jaune à la mer Rouge (Chinese maritime expansion: from yellow sea to red sea) La Chine a débuté la construction d’un port à Doraleh, dans le sud de Djibouti. Premier point d’appui militaire chinois en Afrique, cette base sera un moyen pour le pays d’affirmer sa présence dans une des zones maritimes les plus fréquentées du monde. L’objectif est d’assurer la sécurité des navires nationaux empruntant le détroit de Bab-elMandeb tout en préservant la liberté de navigation dans la zone. Le but est également de lutter contre la piraterie, de faciliter les missions humanitaires et de montrer que la Chine a une stratégie globale, qui porte ses intérêts au-delà du Pacifique. D’autres pays sont déjà présents à Djibouti. Devant la France ou le Japon, les États-Unis ont sur place de nombreux effectifs et s’inquiètent de la forte croissance de l’activité chinoise dans la région. Vijay Sakhuja South Asia & Strategic Review, avril 2016 EUROPE – EURASIE La marine « Potemkine-plus » de Poutine (Putin’s “Potemkin-plus” Navy) A fin de la guerre froide, la marine russe s’est effondrée et est longtemps restée absente des mers du globe. De profondes réformes ont depuis été engagées et, pour l’auteur, les forces navales russes font aujourd’hui office de vitrine d’un pays de retour sur la scène mondiale. Ainsi, la nouvelle Doctrine Maritime de la Fédération de Russie met l’accent sur une présence russe renforcée dans les nombreuses mers et océans bordant la fédération, jusqu’en Méditerranée. Une hausse globale du temps en mer des flottes russes et du nombre des manœuvres est également prévue. Autre signe positif : la construction navale est en pleine 9 LA HUNE DU CESM effervescence, avec toujours une priorité aux sous-marins et des commandes imposantes pour l’horizon 2030. Néanmoins, l’auteur considère que l’évaluation des capacités navales russes est aujourd’hui e problématique. À l’image des trompe-l’œil du ministre russe Potemkine de la fin du XVIII siècle, la flotte pourrait ne pas avoir les capacités dont elle se vante : une manière de tromper les Occidentaux. Là où des leaders « traditionnels » reconnaîtraient la faiblesse de leurs cartes, le président russe les surutilise. Tout est fait pour que la marine russe soit vue partout et participe à des opérations menées comme des démonstrations de force. Capitaine Thomas R. Fedyszyn Proceedings, mai 2016 FRANCE Le porte-avions français : un acteur exceptionnel sur les théâtres d’opérations (French carrier was star player accross theatres of war) Le 18 novembre 2015, le groupe aéronaval (GAN) mené par le porte-avions Charles de Gaulle est déployé pour quatre mois en Méditerranée orientale et en océan Indien, afin de prendre part aux opérations de la coalition contre Daesh. Le bâtiment embarque alors une vingtaine d’avions de combat. Escorté par plusieurs bâtiments français, il est également accompagné par des navires alliés, comme la frégate belge Leopold I, le destroyer britannique Defender ou encore la frégate allemande Augsburg. Au cours de sa mission, le GAN a conduit près de 400 sorties opérationnelles, dédiées à la reconnaissance, à la surveillance et aux frappes contre les positions de Daesh en Syrie et en Irak. Avant son retour à Toulon, le GAN a fait escale en Égypte pour participer à l’exercice Ramses 2016 aux côtés de la marine locale et de la FREMM Tahya Misr, récemment livrée par les chantiers français de DCNS. Cet entraînement a ainsi permis de démontrer la capacité opérationnelle des deux marines à mener une intervention armée conjointe en Libye. Jose Matos Warships International, mai 2016 10 LA HUNE DU CESM MARINES DE GUERRE Le sous-marin nucléaire d’attaque, John Warner, de classe Virginia (SSN 785) conduit des essais dans l’Océan Atlantique. (U.S. Navy photo courtesy of Huntington Ingalls Industries by Chris Oxley/Released) FLOTTE DE SURFACE Pourquoi la taille compte (Why size matters) La construction de grands bâtiments serait aujourd’hui à privilégier. La taille du navire, en effet, n’influerait pas réellement sur le coût total du bâtiment : ce dernier serait davantage défini par les équipements contenus que par la structure, qui ne représenterait que 5% du montant final. • 11 L’auteur recommande ainsi que la Royal Navy cesse de construire de nouveaux navires à chaque évolution technologique majeure. La création de bâtiments suffisamment spacieux et LA HUNE DU CESM adaptables permettrait d’accueillir deux générations de technologie successives et d’augmenter ainsi la durée de vie des bâtiments. Pour argumenter son propos, l’auteur s’appuie sur l’exemple américain, qui utilise un modèle de coque adaptable à plusieurs classes de bâtiments. Il pointe au contraire du doigt l’industrie navale anglaise, qui, dans une logique industrielle de production, n’aurait pas intérêt à augmenter la durée de vie de ses navires. David Gregory Warships Internationals, mai 2016 AÉRONAUTIQUE NAVALE L’utilité opérationnelle de la flotte américaine de porte-avions dans la période post-seconde guerre mondiale (The combat utility of the US fleet aircraft carrier in the post-war period) Les porte-avions forment le socle de la puissance navale et aéronavale des États-Unis. Outils très performants dans la gestion des conflits post-seconde guerre mondiale, ils ont été impliqués dans les deux tiers des crises où des forces américaines étaient engagées. Un porte-avions offre d’importants atouts comme l’indépendance territoriale, qui permet la projection de puissance sans l’accord des alliés en contournant les problèmes de survol de territoires. Grâce à sa mobilité et sa rapidité de déploiement, il est souvent le premier présent sur un point chaud. Sa grande souplesse d’emploi, notamment du fait des différents types d’avions pouvant être embarqués, lui permet de conduire une grande variété d’opérations. e Depuis le milieu du XX siècle, les porte-avions interviennent dans des environnements relativement peu menaçants. Désormais cependant, lors de conflits majeurs, les armes antinavires modernes sont de véritables épées de Damoclès pour un groupe aéronaval : les missiles balistiques antinavires peuvent représenter un danger mortel ; les sous-marins diesel-électriques, grâce à leur très grande discrétion associée à l’efficacité de leurs torpilles, remettent également en question la sûreté des porte-avions ;enfin les missiles antinavires de croisière, même s’ils sont moins souvent fatals, restent une menace sérieuse pour ce type de bâtiment. Ben Ho Wang Beng Centre of Military and Strategic Studies, 2016 12 LA HUNE DU CESM FLOTTE SOUS-MARINE Les sous-marins doivent apprendre à jouer la défense de zone (Submarine must learn to play zone defense) L'US Navy dispose actuellement de 53 sous-marins. Si ce chiffre est supérieur au minimum de 48 bâtiments préconisé par les documents officiels depuis 10 ans, il semble aujourd’hui en dessous des besoins opérationnels. Le problème ? Un contexte stratégique qui a évolué, avec le développement des flottes étrangères – notamment chinoise et russe –, et une flotte de sous-marins nucléaires d'attaque (SNA) américains sur le déclin, avec le retrait de la classe Los Angeles et le remplacement de la classe Ohio. • Afin de rester opérationnel malgré un rythme de retraits plus rapide que les remplacements prévus par les programmes, plusieurs stratégies de défense sont envisageables. La première est la « man-to-man defense » : lorsqu'un sous-marin ennemi est détecté, un sous-marin américain le suit. Cette stratégie, à la fois dynamique et offensive, exige de mobiliser un sousmarin par bâtiment ennemi. La seconde est la « zone defense », qui consiste à attribuer à chaque SNA un secteur de patrouille dans une zone stratégique (aux abords des détroits par exemple), avec le soutien de systèmes acoustiques fixes pour repérer les bâtiments ennemis. Cette stratégie est passive et strictement défensive. Mais l'ennemi peut facilement passer entre les mailles du filet sans être repéré… La diminution du nombre de bâtiments pourrait inciter l'US Navy à opter pour la seconde option. L’auteur préconise néanmoins, de son côté, de conserver une stratégie hybride, mêlant composante passive (organisation type « zone de défense ») et composante plus active (incarnée par des sous-marins capables de pister au large). James Holmes Nationalinterest.org, 11 mai 2016 ARMES ET SYSTÈMES NAVALS Évaluer la menace émergente des missiles balistiques antinavires chinois (Raining down: assessing the emergent ASBM threat) Le développement et le déploiement par la Chine de deux types de missiles balistiques antinavires (ASBM), le DF-21D et le DF-26, attirent l’attention depuis quelques années. Intégrée à sa capacité Anti-access/ area denial (A2/AD) depuis le milieu des années 90, cette technologie a vocation à donner au pays le contrôle de mers régionales (mer Jaune, mer de Chine méridionale et mer de Chine orientale) pour y exercer sa dissuasion. Désormais, ce système d’armes menace la supériorité du groupe aéronaval sur les théâtres maritimes. 13 LA HUNE DU CESM • En effet, le missile balistique antinavires (ASBM) serait capable de détruire un navire ennemi en mouvement comme le porte-avions. La technologie développée par le géant asiatique pourrait alors changer l’équilibre existant, surpassant les contre-mesures mises en place par les États-Unis. Mais la réalité de cette menace dépendra notamment du développement des systèmes associés et des capacités du traitement de l’information par le pays. Car pour utiliser de manière efficace ces armements, la Chine devra posséder une capacité C4ISR – command, control, communications, computers, intelligence, surveillance and reconnaissance –, à la hauteur du ciblage nécessaire pour les mettre en œuvre. Professor Andrew E. Erikson IHS Jane’s Navy International, avril 2016 14 LA HUNE DU CESM INDUSTRIE NAVALE ET DOMAINE MARITIME Dans le cadre de la Mission Jeanne d'Arc 2012, le Bâtiment de Projection et de Commandement (BPC) Dixmude et son personnel, ont pour mission de lutter contre la piraterie. (© S.Ghesquiere/Marine nationale) INDUSTRIE NAVALE Doutes autour des cargos : les constructeurs de porte-conteneurs à nouveau dans l’incertitude face à la situation économique mondiale (Struggling to find cargo: Container shipping industry once again faces strong current of uncertainty due to the global economy) Le ralentissement de la croissance mondiale a entraîné une baisse générale du commerce international. Cette chute a impacté directement les commandes de porte-conteneurs de grande taille auprès des constructeurs… 15 LA HUNE DU CESM S’ajoute, à ce contexte économique peu encourageant pour les armateurs, un constat pratique : la folie des grandeurs, en termes de porte-conteneurs, est souvent inadaptée à la réalité portuaire. Aux États-Unis par exemple, seuls cinq ports sont en mesure d’accueillir les plus grands navires. Le canal du Panama, lui, a dû faire l’objet de travaux d’élargissement pour les faire circuler et plusieurs ports dans le monde ont de la même façon lancé des projets d’agrandissement pour faire face à la demande. Plusieurs constructeurs connaissent déjà des situations financières économiques alarmantes, voire des banqueroutes. Or, le contexte dans lequel ils évoluent aujourd’hui est plus préoccupant que celui connu lors de la crise financière de 2008… ce qui ne laisse rien présager de bon. John C. Marcario Seapower magazine, mai 2016 CRIMINALITÉ MARITIME La piraterie maritime n’existe pas ! Pour l’auteur, le terme de « piraterie » n’est rien d’autre qu’une astuce juridique permettant de corriger les « effets trop négatifs » de la liberté des mers via une compétence juridictionnelle universelle des États. Le seul intérêt du terme serait de contourner l’exclusivité de la loi du pavillon afin de réprimer un certain nombre d’infractions en haute mer. Aujourd’hui, il y a cependant un décalage entre les moyens déployés pour réprimer pénalement la piraterie et les résultats obtenus. Peu adaptée, la répression pénale ne couvre en effet pas toutes les possibilités d’action des pirates, alors même que l’efficacité des sanctions prononcées laisse à désirer. Pour l’auteur, il serait donc plus intéressant de privilégier l’investissement dans des moyens de résistance à l’activité criminelle – comme la saisie ou la destruction de matériels et d’embarcations – que d’aller automatiquement vers le procès pénal. Benoît Le Goaziou Revue Maritime, n°505, avril 2016 16 LA HUNE DU CESM ENVIRONNEMENT MARITIME L'énergie éolienne : plus qu'un simple « coup de vent » (Air power : more than just a wind up) Les accords de Paris, négociés dans le cadre de la COP 21, ont permis d’adopter un objectif d’émission nulle CO2 d’ici 2050. Ce seuil sera d’autant plus difficile à atteindre pour les armateurs que les émissions provenant des transports maritimes devraient augmenter de 50 à 250%. À la suite de cette annonce, l'International Chamber of Shipping a demandé à l'Organisation maritime internationale – qui dépend des Nations-unies – de transposer cette limite d’émission au secteur du transport maritime. Dans l'attente de cette feuille de route, des initiatives locales se font jour : les armateurs danois vont notamment rédiger leur propre plan, tandis que les armateurs suédois s’imposent à eux-mêmes un seuil d’émission nul. Dans les années à venir, les architectes navals auront un rôle important à jouer pour relever ce défi, qui passera nécessairement par la conception de navires plus propres. Les énergies renouvelables – éolienne et solaire –, abondantes et gratuites, présentent également un grand potentiel dans cette recherche, au détriment des énergies fossiles, non renouvelables et soumises à des prix volatiles. Diane Gilpin The Naval Architect, mai 2016 17 LA HUNE DU CESM LES ÉDITIONS DU CESM Centre de réflexion stratégique, le CESM diffuse cinq publications régulières sur la stratégie navale et les principaux enjeux maritimes : Études marines : revue semestrielle, véritable plongée au cœur du monde maritime (géopolitique, juridique, historique, économique…). Cargo Marine : études diverses et salées réalisées par le pôle Études et ses partenaires pour un point précis sur des sujets navals et maritimes. La Hune du CESM : tour du monde bimestriel des enjeux navals et maritimes vus par la presse et le net. Brèves marines : chaque mois, un éclairage synthétique sur des thèmes historiques, géopolitiques et maritimes. Les @mers du CESM : veille maritime bihebdomadaire de la presse et du net. Rendez-vous sur notre site internet : cesm.marine.defense.gouv.fr Rejoignez le CESM sur : 18