La Hune de mai et juin 2016

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La Hune de mai et juin 2016
Mai – juin 2016
LA HUNE DU CESM
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LA HUNE DU CESM
ÉDITO
Look east, go west …
À Djibouti, la construction d'une base chinoise permanente a commencé. Elle pourra servir en
soutien des forces armées chinoises agissant dans la zone ou de support à l'action économique
de la Chine en Afrique. Ces premiers parpaings sont en fait de bons indicateurs
géostratégiques, à plusieurs titres.
Dans sa prise en compte de la mondialisation et donc de la maritimisation, la Chine
« s'occidentalise ». Doublement. Avec cette nouvelle implantation, elle achève, très à l'ouest,
son « collier de perles » de points d'ancrage déployé à travers tout l'océan Indien, dans une
sorte de contre-manœuvre de la politique du pivot vers l'Asie des États-Unis ou du « regard
vers l'est » de l'Inde. Et elle manifeste sa volonté de s'insérer dans le concert « à l'occidentale »
des nations, en participant de plus en plus à des opérations sous l'égide de l'ONU, opérations
de maintien de la paix en Afrique ou de lutte contre la piraterie dans les eaux somaliennes, à
terme facilitées par la disposition d'un tel point d'appui.
Si les côtes du golfe d'Oman, du golfe Persique accueillent elles-aussi des bases étrangères,
Djibouti semble être la place forte où il convient de s'implanter. Outre les facilités accordées à
l'Espagne, l'Italie, la Turquie ou l'OTAN par exemple, s'y trouvent des bases permanentes
française, américaine, japonaise, européenne et donc chinoise, dans une proximité
géographique qui peut surprendre. Manque la Russie…
Les grandes puissances considèrent que l'ouest de l'océan Indien restera, pour un temps
justifiant une installation, une zone stratégique vitale tant maritime (ouverture du canal de Suez,
golfe d'Aden, bassin de Somalie, canal du Mozambique) que terrestre (point d'entrée pour
l'Afrique de l'Est et proximité du Moyen-Orient).
La France a choisi de disposer de deux points d’appui permanents dans cette région : à Djibouti
et aux Émirats arabes unis. Elle complète ce dispositif par le déploiement périodique de son
groupe aéronaval formé autour du Charles de Gaulle qui permet d'allier force et mobilité. Vous
pourrez lire dans ce numéro de La Hune le détail, justement, des opérations récemment
menées par le CDG, présenté par une revue britannique. Et puis d'autres choses sur les grands
navires, le développement des garde-côtes, l'énergie éolienne …
Bonne lecture.
Capitaine de frégate Bernard RICHELET
Chef du pôle Études du CESM
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LA HUNE DU CESM
TABLE DES MATIÈRES
DÉFENSE ET STRATÉGIE ........................................................................6
AMÉRIQUES ............................................................................................................... 6
L’histoire de deux mers : les revendications navales chinoises et leurs implications pour le
Canada ............................................................................................................................................. 6
AFRIQUE .................................................................................................................... 7
La marine sud-africaine renforce ses capacités clefs ...................................................................... 7
ASIE-PACIFIQUE........................................................................................................ 8
L’expansion des « coques blanches » : les garde-côtes régionaux s’attaquent aux nouvelles
menaces ........................................................................................................................................... 8
Projection de forces : l’intérêt stratégique de la Chine dans son son engagement maritime .......... 8
OCÉAN INDIEN .......................................................................................................... 9
Expansion maritime chinoise : de la mer Jaune à la mer Rouge ..................................................... 9
EUROPE – EURASIE ................................................................................................. 9
La marine « Potemkine-plus » de Poutine........................................................................................ 9
FRANCE.................................................................................................................... 10
Le porte-avions français : un acteur exceptionnel sur les théâtres d’opérations ........................... 10
MARINES DE GUERRE ...........................................................................11
FLOTTE DE SURFACE ............................................................................................ 11
Pourquoi la taille compte ................................................................................................................ 11
AÉRONAUTIQUE NAVALE....................................................................................... 12
L’utilité opérationnelle de la flotte américaine de porte-avions dans la période post-seconde
guerre mondiale .............................................................................................................................. 12
FLOTTE SOUS-MARINE .......................................................................................... 13
Les sous-marins doivent apprendre à jouer la défense de zone ................................................... 13
ARMES ET SYSTÈMES NAVALS ............................................................................ 13
Évaluer la menace émergente des missiles balistiques antinavires chinois .................................. 13
INDUSTRIE NAVALE ET DOMAINE MARITIME .....................................15
INDUSTRIE NAVALE ................................................................................................ 15
Doutes autour des cargos : les constructeurs de porte-conteneurs à nouveau dans l’incertitude
face à la situation économique mondiale ....................................................................................... 15
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LA HUNE DU CESM
CRIMINALITÉ MARITIME ......................................................................................... 16
La piraterie maritime n’existe pas ! ................................................................................................. 16
ENVIRONNEMENT MARITIME ................................................................................ 17
L'énergie éolienne : plus qu'un simple « coup de vent » ................................................................ 17
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DÉFENSE ET STRATÉGIE
Le ravitalleur Drakensberg et le sous-marin Charlotte Maxeke (S102),
bâtiments de la marine sud-africaine. (© South African Navy)
AMÉRIQUES
L’histoire de deux mers : les revendications navales chinoises et leurs
implications pour le Canada
(A tale of two seas: Chinese naval disputes and what it means for Canada)
Si les revendications chinoises en mer de Chine méridionale sont bien connues, les ambitions
du géant asiatique pour l’Arctique le sont moins. Or, cet océan présente pour la Chine des
perspectives attrayantes, avec notamment l’ouverture de nouvelles routes maritimes plus
courtes. Pékin ne cache d'ailleurs pas ses intentions d’envoyer des navires marchands à
travers le passage du Nord-Ouest, dont la souveraineté est revendiquée par le Canada.
Si la Chine n’est pas un pays arctique, elle y renforce cependant sa présence, ayant même
acquis le statut d’observateur au Conseil de l’Arctique. Sa politique de poldérisation en mer de
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LA HUNE DU CESM
Chine méridionale laisse envisager qu’elle pourrait ignorer la Convention du droit de la mer en
Arctique et remettre ainsi en cause le contrôle que le Canada veut effectuer sur le passage.
Le Canada ne possède pas les moyens matériels pour appuyer ses revendications dans la
zone. Contrairement aux autres pays arctiques, et malgré des politiques d’affirmation de
souveraineté débutées sous le mandat de Stephen Harper, la présence effective des
Canadiens dans la région reste très faible. La marine royale canadienne ne peut ainsi toujours
pas jouer un rôle permanent et crédible dans le Grand Nord. D’un point de vue canadien, la
situation actuelle en mer de Chine méridionale pourrait ainsi devenir un aperçu de celle
prochaine dans l’Arctique : au bénéfice de l’expansionnisme chinois.
Julia Peng
Natoassociation.ca, 16 mai 2016
AFRIQUE
La marine sud-africaine renforce ses capacités clefs
(South African Navy enhances key capabilities)
La marine sud-africaine a longtemps été la seule marine « équilibrée » d’Afrique
subsaharienne. Seule à disposer de sous-marins, elle possède également, avec le Nigéria,
une capacité côtière reconnue dans la région. Et l’expansion et la modernisation des autres
flottes locales ne changeront pas la donne au moyen, voire au long-terme.
Dans l’immédiat, le défi de la marine sud-africaine est triple : assurer la surveillance des eaux
nationales et de vastes zones d'intérêt régionales avec une flotte manifestement trop réduite,
maintenir ses bâtiments les plus récents et remplacer ses navires vieillissants ; le tout avec un
budget largement insuffisant. Pour continuer à jouer un rôle grandissant dans la sauvegarde
de la sécurité régionale, la marine sud-africaine devra donc faire avec les moyens dont elle
dispose et optimiser l’emploi de sa flotte.
D’un point de vue organisationnel, la volonté est ainsi d’évoluer vers un système d’escadrons
pour les frégates, sous-marins, patrouilleurs et dragueurs de mines. De nouveaux projets de
modernisation de la flotte sont également en cours, parmi lesquels les plans de
renouvellement des frégates et des sous-marins. Les premières ont d’ailleurs déjà vu leurs
systèmes de communication renforcés et se sont vues dotées de canons téléopérés, tandis
que les seconds devraient bientôt être équipés de torpilles lourdes modernes.
Helmoed-Römer Heitman
Naval Forces III/2016
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LA HUNE DU CESM
ASIE-PACIFIQUE
L’expansion des « coques blanches » : les garde-côtes régionaux s’attaquent
aux nouvelles menaces
(White hull expansion: regional coastguards tackle new threats)
Face à la montée des tensions en Asie-Pacifique, les pays de la région – Chine, Japon, Corée
du sud, Vietnam, Malaisie, Philippines, Indonésie – développent leurs corps de garde-côtes.
Le déploiement des navires à « coque blanche », comme les appelle l’auteur, leur permettrait
d’appuyer des revendications maritimes sans pour autant risquer l’escalade que pourrait
provoquer une confrontation entre bâtiments de guerre.
Ainsi, en Chine, les garde-côtes connaissent une augmentation rapide du nombre de leurs
navires et de leurs capacités. D’anciennes frégates de type 053H2G ont été ainsi
transformées en navires garde-côtes, incluant le retrait de la plupart de leurs armements.
La Malaisie, elle, ne dispose pas de garde-côtes. Elle a toutefois créé la Malaysian maritime
enforcement agency (MMEA), qui est dotée de vieux navires donnés par d’autres pays, et a
entamé une modernisation de sa flotte de patrouilleurs.
Le Japon, quant à lui, a toujours possédé une flotte plus importante que ses voisins. Face à
l’expansion chinoise, le pays a lancé un vaste programme de renforcement de ses capacités
de garde-côtes, notamment via de nouvelles acquisitions. À l’horizon 2017, neuf patrouilleurs
hauturiers de classe Taketomi, devraient intégrer sa flotte.
Ridzwan Rahmat
Jane’s Navy International, avril 2016
Projection de forces : l’intérêt stratégique de la Chine dans son son
engagement maritime
(Projecting power: China sees strategic benefit in maritime engagement)
La flotte chinoise a longtemps été importante mais peu sophistiquée. En moins de 15 ans, à
force d'achats de bâtiments russes et de constructions locales, elle s'est dotée de bâtiments
plus modernes. Ce processus s'est accompagné d'une réflexion doctrinale et d’une réforme
de l'entraînement de ses équipages, afin d'assurer la dynamique opérationnelle de la marine.
Jusqu'en 2007, la marine chinoise se contentait d'entraînements bilatéraux centrés autour de
manœuvres basiques et d'exercices de secours en mer. Désormais, elle participe aux
opérations de lutte contre la piraterie dans le golfe d'Aden et à de nombreux exercices
maritimes tels que RIMPAC, en 2014 et 2016. La Chine met également l'accent sur les
entraînements d'évacuation de civils et d'assistance en cas de catastrophe humanitaire ou
naturelle.
La multiplication de ces opérations non militaires s’explique par les différents intérêts chinois
(économiques et ressortissants à l'étranger), mais aussi par la politique de non-ingérence
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LA HUNE DU CESM
qu’elle prône. Cette posture lui permet également de contrer les allégations selon lesquelles
sa montée en puissance militaire serait agressive.
Andrew Tate
Jane's Navy International, mai 2016
OCÉAN INDIEN
Expansion maritime chinoise : de la mer Jaune à la mer Rouge
(Chinese maritime expansion: from yellow sea to red sea)
La Chine a débuté la construction d’un port à Doraleh, dans le sud de Djibouti. Premier point
d’appui militaire chinois en Afrique, cette base sera un moyen pour le pays d’affirmer sa
présence dans une des zones maritimes les plus fréquentées du monde.
L’objectif est d’assurer la sécurité des navires nationaux empruntant le détroit de Bab-elMandeb tout en préservant la liberté de navigation dans la zone. Le but est également de
lutter contre la piraterie, de faciliter les missions humanitaires et de montrer que la Chine a
une stratégie globale, qui porte ses intérêts au-delà du Pacifique.
D’autres pays sont déjà présents à Djibouti. Devant la France ou le Japon, les États-Unis ont
sur place de nombreux effectifs et s’inquiètent de la forte croissance de l’activité chinoise dans
la région.
Vijay Sakhuja
South Asia & Strategic Review, avril 2016
EUROPE – EURASIE
La marine « Potemkine-plus » de Poutine
(Putin’s “Potemkin-plus” Navy)
A fin de la guerre froide, la marine russe s’est effondrée et est longtemps restée absente des
mers du globe. De profondes réformes ont depuis été engagées et, pour l’auteur, les forces
navales russes font aujourd’hui office de vitrine d’un pays de retour sur la scène mondiale.
Ainsi, la nouvelle Doctrine Maritime de la Fédération de Russie met l’accent sur une présence
russe renforcée dans les nombreuses mers et océans bordant la fédération, jusqu’en
Méditerranée. Une hausse globale du temps en mer des flottes russes et du nombre des
manœuvres est également prévue. Autre signe positif : la construction navale est en pleine
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LA HUNE DU CESM
effervescence, avec toujours une priorité aux sous-marins et des commandes imposantes
pour l’horizon 2030.
Néanmoins, l’auteur considère que l’évaluation des capacités navales russes est aujourd’hui
e
problématique. À l’image des trompe-l’œil du ministre russe Potemkine de la fin du XVIII
siècle, la flotte pourrait ne pas avoir les capacités dont elle se vante : une manière de tromper
les Occidentaux. Là où des leaders « traditionnels » reconnaîtraient la faiblesse de leurs
cartes, le président russe les surutilise. Tout est fait pour que la marine russe soit vue partout
et participe à des opérations menées comme des démonstrations de force.
Capitaine Thomas R. Fedyszyn
Proceedings, mai 2016
FRANCE
Le porte-avions français : un acteur exceptionnel sur les théâtres d’opérations
(French carrier was star player accross theatres of war)
Le 18 novembre 2015, le groupe aéronaval (GAN) mené par le porte-avions Charles de
Gaulle est déployé pour quatre mois en Méditerranée orientale et en océan Indien, afin de
prendre part aux opérations de la coalition contre Daesh. Le bâtiment embarque alors une
vingtaine d’avions de combat. Escorté par plusieurs bâtiments français, il est également
accompagné par des navires alliés, comme la frégate belge Leopold I, le destroyer
britannique Defender ou encore la frégate allemande Augsburg.
Au cours de sa mission, le GAN a conduit près de 400 sorties opérationnelles, dédiées à la
reconnaissance, à la surveillance et aux frappes contre les positions de Daesh en Syrie et en
Irak.
Avant son retour à Toulon, le GAN a fait escale en Égypte pour participer à l’exercice Ramses
2016 aux côtés de la marine locale et de la FREMM Tahya Misr, récemment livrée par les
chantiers français de DCNS. Cet entraînement a ainsi permis de démontrer la capacité
opérationnelle des deux marines à mener une intervention armée conjointe en Libye.
Jose Matos
Warships International, mai 2016
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MARINES DE GUERRE
Le sous-marin nucléaire d’attaque, John Warner, de classe Virginia (SSN 785) conduit des essais dans l’Océan
Atlantique. (U.S. Navy photo courtesy of Huntington Ingalls Industries by Chris Oxley/Released)
FLOTTE DE SURFACE
Pourquoi la taille compte
(Why size matters)
La construction de grands bâtiments serait aujourd’hui à privilégier. La taille du navire, en
effet, n’influerait pas réellement sur le coût total du bâtiment : ce dernier serait davantage
défini par les équipements contenus que par la structure, qui ne représenterait que 5% du
montant final.
•
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L’auteur recommande ainsi que la Royal Navy cesse de construire de nouveaux navires à
chaque évolution technologique majeure. La création de bâtiments suffisamment spacieux et
LA HUNE DU CESM
adaptables permettrait d’accueillir deux générations de technologie successives et
d’augmenter ainsi la durée de vie des bâtiments.
Pour argumenter son propos, l’auteur s’appuie sur l’exemple américain, qui utilise un modèle
de coque adaptable à plusieurs classes de bâtiments. Il pointe au contraire du doigt l’industrie
navale anglaise, qui, dans une logique industrielle de production, n’aurait pas intérêt à
augmenter la durée de vie de ses navires.
David Gregory
Warships Internationals, mai 2016
AÉRONAUTIQUE NAVALE
L’utilité opérationnelle de la flotte américaine de porte-avions dans la période
post-seconde guerre mondiale
(The combat utility of the US fleet aircraft carrier in the post-war period)
Les porte-avions forment le socle de la puissance navale et aéronavale des États-Unis. Outils
très performants dans la gestion des conflits post-seconde guerre mondiale, ils ont été
impliqués dans les deux tiers des crises où des forces américaines étaient engagées.
Un porte-avions offre d’importants atouts comme l’indépendance territoriale, qui permet la
projection de puissance sans l’accord des alliés en contournant les problèmes de survol de
territoires. Grâce à sa mobilité et sa rapidité de déploiement, il est souvent le premier présent
sur un point chaud. Sa grande souplesse d’emploi, notamment du fait des différents types
d’avions pouvant être embarqués, lui permet de conduire une grande variété d’opérations.
e
Depuis le milieu du XX siècle, les porte-avions interviennent dans des environnements
relativement peu menaçants. Désormais cependant, lors de conflits majeurs, les armes
antinavires modernes sont de véritables épées de Damoclès pour un groupe aéronaval : les
missiles balistiques antinavires peuvent représenter un danger mortel ; les sous-marins
diesel-électriques, grâce à leur très grande discrétion associée à l’efficacité de leurs torpilles,
remettent également en question la sûreté des porte-avions ;enfin les missiles antinavires de
croisière, même s’ils sont moins souvent fatals, restent une menace sérieuse pour ce type de
bâtiment.
Ben Ho Wang Beng
Centre of Military and Strategic Studies, 2016
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LA HUNE DU CESM
FLOTTE SOUS-MARINE
Les sous-marins doivent apprendre à jouer la défense de zone
(Submarine must learn to play zone defense)
L'US Navy dispose actuellement de 53 sous-marins. Si ce chiffre est supérieur au minimum
de 48 bâtiments préconisé par les documents officiels depuis 10 ans, il semble aujourd’hui en
dessous des besoins opérationnels. Le problème ? Un contexte stratégique qui a évolué, avec
le développement des flottes étrangères – notamment chinoise et russe –, et une flotte de
sous-marins nucléaires d'attaque (SNA) américains sur le déclin, avec le retrait de la classe
Los Angeles et le remplacement de la classe Ohio.
•
Afin de rester opérationnel malgré un rythme de retraits plus rapide que les remplacements
prévus par les programmes, plusieurs stratégies de défense sont envisageables. La première
est la « man-to-man defense » : lorsqu'un sous-marin ennemi est détecté, un sous-marin
américain le suit. Cette stratégie, à la fois dynamique et offensive, exige de mobiliser un sousmarin par bâtiment ennemi. La seconde est la « zone defense », qui consiste à attribuer à
chaque SNA un secteur de patrouille dans une zone stratégique (aux abords des détroits par
exemple), avec le soutien de systèmes acoustiques fixes pour repérer les bâtiments ennemis.
Cette stratégie est passive et strictement défensive. Mais l'ennemi peut facilement passer
entre les mailles du filet sans être repéré…
La diminution du nombre de bâtiments pourrait inciter l'US Navy à opter pour la seconde
option. L’auteur préconise néanmoins, de son côté, de conserver une stratégie hybride,
mêlant composante passive (organisation type « zone de défense ») et composante plus
active (incarnée par des sous-marins capables de pister au large).
James Holmes
Nationalinterest.org, 11 mai 2016
ARMES ET SYSTÈMES NAVALS
Évaluer la menace émergente des missiles balistiques antinavires chinois
(Raining down: assessing the emergent ASBM threat)
Le développement et le déploiement par la Chine de deux types de missiles balistiques
antinavires (ASBM), le DF-21D et le DF-26, attirent l’attention depuis quelques années.
Intégrée à sa capacité Anti-access/ area denial (A2/AD) depuis le milieu des années 90, cette
technologie a vocation à donner au pays le contrôle de mers régionales (mer Jaune, mer de
Chine méridionale et mer de Chine orientale) pour y exercer sa dissuasion. Désormais, ce
système d’armes menace la supériorité du groupe aéronaval sur les théâtres maritimes.
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LA HUNE DU CESM
•
En effet, le missile balistique antinavires (ASBM) serait capable de détruire un navire ennemi
en mouvement comme le porte-avions. La technologie développée par le géant asiatique
pourrait alors changer l’équilibre existant, surpassant les contre-mesures mises en place par
les États-Unis.
Mais la réalité de cette menace dépendra notamment du développement des systèmes
associés et des capacités du traitement de l’information par le pays. Car pour utiliser de
manière efficace ces armements, la Chine devra posséder une capacité C4ISR – command,
control, communications, computers, intelligence, surveillance and reconnaissance –, à la
hauteur du ciblage nécessaire pour les mettre en œuvre.
Professor Andrew E. Erikson
IHS Jane’s Navy International, avril 2016
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LA HUNE DU CESM
INDUSTRIE NAVALE ET DOMAINE MARITIME
Dans le cadre de la Mission Jeanne d'Arc 2012, le Bâtiment de Projection et de Commandement (BPC) Dixmude
et son personnel, ont pour mission de lutter contre la piraterie. (© S.Ghesquiere/Marine nationale)
INDUSTRIE NAVALE
Doutes autour des cargos : les constructeurs de porte-conteneurs à nouveau
dans l’incertitude face à la situation économique mondiale
(Struggling to find cargo: Container shipping industry once again faces strong current of
uncertainty due to the global economy)
Le ralentissement de la croissance mondiale a entraîné une baisse générale du commerce
international. Cette chute a impacté directement les commandes de porte-conteneurs de
grande taille auprès des constructeurs…
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LA HUNE DU CESM
S’ajoute, à ce contexte économique peu encourageant pour les armateurs, un constat
pratique : la folie des grandeurs, en termes de porte-conteneurs, est souvent inadaptée à la
réalité portuaire. Aux États-Unis par exemple, seuls cinq ports sont en mesure d’accueillir les
plus grands navires. Le canal du Panama, lui, a dû faire l’objet de travaux d’élargissement
pour les faire circuler et plusieurs ports dans le monde ont de la même façon lancé des projets
d’agrandissement pour faire face à la demande.
Plusieurs constructeurs connaissent déjà des situations financières économiques alarmantes,
voire des banqueroutes. Or, le contexte dans lequel ils évoluent aujourd’hui est plus
préoccupant que celui connu lors de la crise financière de 2008… ce qui ne laisse rien
présager de bon.
John C. Marcario
Seapower magazine, mai 2016
CRIMINALITÉ MARITIME
La piraterie maritime n’existe pas !
Pour l’auteur, le terme de « piraterie » n’est rien d’autre qu’une astuce juridique permettant de
corriger les « effets trop négatifs » de la liberté des mers via une compétence juridictionnelle
universelle des États.
Le seul intérêt du terme serait de contourner l’exclusivité de la loi du pavillon afin de réprimer
un certain nombre d’infractions en haute mer. Aujourd’hui, il y a cependant un décalage entre
les moyens déployés pour réprimer pénalement la piraterie et les résultats obtenus.
Peu adaptée, la répression pénale ne couvre en effet pas toutes les possibilités d’action des
pirates, alors même que l’efficacité des sanctions prononcées laisse à désirer. Pour l’auteur, il
serait donc plus intéressant de privilégier l’investissement dans des moyens de résistance à
l’activité criminelle – comme la saisie ou la destruction de matériels et d’embarcations – que
d’aller automatiquement vers le procès pénal.
Benoît Le Goaziou
Revue Maritime, n°505, avril 2016
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ENVIRONNEMENT MARITIME
L'énergie éolienne : plus qu'un simple « coup de vent »
(Air power : more than just a wind up)
Les accords de Paris, négociés dans le cadre de la COP 21, ont permis d’adopter un objectif
d’émission nulle CO2 d’ici 2050. Ce seuil sera d’autant plus difficile à atteindre pour les
armateurs que les émissions provenant des transports maritimes devraient augmenter de 50 à
250%.
À la suite de cette annonce, l'International Chamber of Shipping a demandé à l'Organisation
maritime internationale – qui dépend des Nations-unies – de transposer cette limite d’émission
au secteur du transport maritime. Dans l'attente de cette feuille de route, des initiatives locales
se font jour : les armateurs danois vont notamment rédiger leur propre plan, tandis que les
armateurs suédois s’imposent à eux-mêmes un seuil d’émission nul.
Dans les années à venir, les architectes navals auront un rôle important à jouer pour relever
ce défi, qui passera nécessairement par la conception de navires plus propres. Les énergies
renouvelables – éolienne et solaire –, abondantes et gratuites, présentent également un grand
potentiel dans cette recherche, au détriment des énergies fossiles, non renouvelables et
soumises à des prix volatiles.
Diane Gilpin
The Naval Architect, mai 2016
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LA HUNE DU CESM
LES ÉDITIONS DU CESM
Centre de réflexion stratégique, le CESM diffuse cinq publications régulières sur la stratégie navale et
les principaux enjeux maritimes :
Études marines :
revue semestrielle, véritable plongée au cœur du monde maritime (géopolitique, juridique, historique,
économique…).
Cargo Marine :
études diverses et salées réalisées par le pôle Études et ses partenaires pour un point précis sur des
sujets navals et maritimes.
La Hune du CESM :
tour du monde bimestriel des enjeux navals et maritimes vus par la presse et le net.
Brèves marines :
chaque mois, un éclairage synthétique sur des thèmes historiques, géopolitiques et maritimes.
Les @mers du CESM :
veille maritime bihebdomadaire de la presse et du net.
Rendez-vous sur notre site internet :
cesm.marine.defense.gouv.fr
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