3 vélos pour l`histoire

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3 vélos pour l`histoire
Yves Blanchin
Fiche patrimoine - Albertville
Né le 1er janvier 1928 à Tournon (Savoie)
Yves Blanchin avoue facilement sa passion pour
la petite reine : « Je suis un fou de vélo ! ». Derrière
cette exclamation se cache un drame et des
années de labeur.
Pendant de nombreuses années, il exerce le
difficile métier de mineur de fond et participe
ainsi au creusement des 12,6 km de la conduite
forcée du barrage de Roselend à la centrale hydroélectrique de La Bâthie, de la fin des années 1950
au début des années 1960.
Veuf à 42 ans, d’une femme médecin à
Paris, père de trois enfants, il trouve dans la
pratique de la bicyclette un exutoire à sa peine
incommensurable. Il se lance, pendant ses loisirs,
à corps perdu dans d’interminables chevauchées
à vélo. Il participe en 1956 à un Paris-Brest-Paris
de 1 200 km et termine 26e, ou prend part en
1992 au raid Albertville-Barcelone, à l’âge de 64
ans.
Il rassemble au gré de ses découvertes, et parfois achète, divers modèles de bicyclettes
constituant au fil du temps une collection hétéroclite dont un grand bi, qu’il se fera
malheureusement voler. Début 2012, il prend contact avec la Ville d’Albertville pour faire don
des 21 pièces de sa collection et éviter ainsi sa dispersion. La Ville l’accepte le 18 mai 2012 et
fait expertiser l’ensemble par Anne Henry, régisseur de la collection cycles du Musée d’art et
d’industrie de Saint-Etienne.
Issus de la collection Blanchin, remis en état bénévolement par des membres de l’association
Cyclotouristes Albertvillois (CTA), ces « Trois vélos pour l’histoire » vous sont présentés comme
les témoins de la passion d’une vie et comme une fenêtre vers le passé.
Écorché d’une bicyclette – principaux éléments et termes techniques
@Al2
Musée d’art et d’histoire d’Albertville
18 Grande Place - Conflans • 73200 Albertville • Tél. : 04 79 37 86 86 • www.albertville.fr
Bicyclette MF rétro-directe
Fiche patrimoine - Albertville
Collection Blanchin - Trois vélos pour l’histoire
Après 1920
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Fabricant : manufacture française d’armes et de cycles de Saint-Étienne
Date : modèle des années 1920
Dimensions (en cm) : longueur 170 - largeur 50 - hauteur 106 - Hauteur du cadre 55 diamètre des roues 65
Description : modèle pour homme, cadre et éléments en acier, selle en cuir avec ressorts
(plusieurs éléments ne sont pas d’origine : éclairage, poignées, peinture, système de roue libre)
Pour l’histoire :
Depuis 1887, la manufacture française d’armes et de cycles de Saint-Étienne (devenue
Manufrance en 1947) fabrique et vend des cycles de la marque « Hirondelle ».
La question du changement de vitesse reste un problème constant nécessitant de stopper et
changer de pignon ou de choisir une machine à double chaîne pesante.
En 1902, le Touring-Club, association française créée en 1890 et dont le but principal était
de « développer le tourisme sous toutes ses formes », organise un concours de bicyclette.
A cette occasion, la manufacture présente son mécanisme rétro-direct. En pédalant en
avant, on obtient le grand développement pour le plat.
En pédalant en arrière, le pignon de montée est activé
grâce à un enroulement spécial de la chaîne autour de
deux roues libres.
Lauréat du concours en 1905, ce système rétro-direct
restera le plus employé.
« Ce qui fait le succès du rétropédalage, c’est qu’il présente trois
avantages principaux bien marqués : la suppression absolue du
point mort, l’utilisation meilleure et plus complète des muscles
moteurs, le changement de vitesses d’une simplicité idéale.»
©www.BM-St-Etienne.fr
Vieille bécane de Michel Cartier-Moulin
C’est une très vieille bécane posée contre un muret,
Si elle pouvait parler, peut-être qu’elle dirait,
La splendeur du grand col qu’elle a franchi naguère,
Il y a bien longtemps, on pense avant la guerre...
Pourtant, en ce beau jour, elle fut en pleine gloire,
Sur ce très grand passage, on a peine à le croire,
L’étoile de l’avant scène, admirée par beaucoup
Et son nom : L’HIRONDELLE, gravée sur le long cou.
En ces temps reculés, la route n’était pas bonne,
Les pierres sur le chemin se comptaient bien par tonnes,
Et les gros nids de poules s’ajoutaient aux cahots
De cette voie défoncée que l’on trouvait là-haut.
A fait sourire un môme descendu d’une auto
Qu’elle avait, au sommet coiffée sur le poteau...
C’est une très vieille bécane posée contre un muret,
Délaissée d’puis longtemps, sans vous, elle se mourait
Et c’est votre regard qui l’a soudain fait vivre...
Elle peut alors sortir des pages du grand livre.
Musée d’art et d’histoire d’Albertville
18 Grande Place - Conflans • 73200 Albertville • Tél. : 04 79 37 86 86 • www.albertville.fr
Vélo-porteur Royal Fabric
Fiche patrimoine - Albertville
Collection Blanchin - Trois vélos pour l’histoire
Après 1920
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Fabricant : JB Barbier
Date : modèle des années 1920
Dimensions (en cm) : longueur 181 - largeur 51 - hauteur 103 - hauteur du cadre 54 diamètre des roues 70
Description : modèle pour homme, cadre en acier, selle et sacoche en cuir, une vitesse.
Plusieurs éléments sont à la marque du fabricant : moyeux, plaque de marque sous le guidon,
lettres ajourées sur le plateau, couronne royale sur le carter.
Pour l’histoire :
La marque Royal Fabric est fondée en 1910 par l’entreprise JB BARBIER. Cette dernière était un
fabricant stéphanois réputé, spécialisé dans les vélos-porteurs et les cycles vendus sous les
marques JBB, Mecano et Royal Fabric. En 1926, elle obtient le 1er prix du salon du cycle à Paris
et compte parmi ses clients Zita, dernière impératrice d’Autriche.
Royal Fabric a équipé de nombreux coureurs comme Jacques Vivier, vainqueur de la première
édition de La Route de France en 1951 (course cyclistes amateurs par étape de 1951 à 1990,
considérée à sa création comme un « petit Tour de France »). Il remporte une étape du Tour en
1952, à Limoges, sur un vélo Royal Fabric. L’entreprise est vendue en 1931 mais la marque reste
commercialisée jusque dans les années 1960.
Le modèle présenté est typique d’un vélo de facteur comme l’indique la plaque de propriétaire
sous le guidon « Gardet facteur - Saint-Genix, Savoie » avec un solide porte-bagage à l’avant et
un gros phare.
Dès 1893, La Poste équipe ses facteurs de vélos.
Au sortir de la première guerre mondiale et tout au long
des années 20, le facteur devient un véritable héros
national, trait d’union entre les villes et les campagnes.
L’image d’Épinal du facteur et de son vélo est incarnée
par François, le préposé, joué par Jacques Tati dans
Jour de Fête, film de 1949.
1920 - Le facteur héros national
Musée d’art et d’histoire d’Albertville
18 Grande Place - Conflans • 73200 Albertville • Tél. : 04 79 37 86 86 • www.albertville.fr
Tricycle Velociman Mixte Type G
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Fabricant : Monet et Goyon
Date : 1922
Dimensions (en cm) : longueur 175 - largeur 76 - hauteur 98 - hauteur du cadre 50diamètre des roues 50
Description : modèle mixte, trois roues, roue avant directionnelle avec un guidon et frein,
siège en vannerie.
Pour l’histoire :
Célèbre et réputée à partir des années 1930 jusqu’à sa disparition en 1959 pour ses
motocyclettes, la marque Monet et Goyon reste l’une des quatre plus grandes marques de
motos françaises du siècle dernier. La firme de Mâcon, née le 2 avril 1917 de l’association entre
Joseph Monet, ingénieur, et Adrien Goyon, riche héritier d’une grande famille de la région,
n’avait pourtant pas cet objectif lors de sa création en plein conflit mondial.
La guerre de 1914-1918 est le premier conflit faisant 1,4 million de morts tombés sous
l’uniforme français mais aussi plus de 3 millions de blessés dont 1 million d’invalides.
Dès 1916, un office national des mutilés et
réformés est créé afin de « rendre hommage,
de reconnaître l’engagement, le sacrifice,
la souffrance de ces millions de soldats qui
combattaient pour la liberté de la France ».
Le retour à la vie civile de ces hommes, meurtris
dans leur chair est une terrible épreuve.
Ils doivent se battre pour trouver leur place au
sein de la société.
Le Velociman, premier engin fabriqué par la marque, tricycle mû par la force des bras, est
très vite adopté par le service de santé des armées. L’entreprise se spécialise alors dans
la fabrication de véhicules sans moteur pour malades, blessés et mutilés. Ces cycles dont
il existe de nombreuses variantes (dont le modèle Type G présenté) à pédalage assisté ou non,
permettaient de rendre de la mobilité aux nombreuses victimes de la Grande Guerre.
Si la signature de l’Armistice de 1918 risquait d’entraîner à terme la disparition d’une des raisons
d’être de la firme, Monet & Goyon avait déjà amorcé sa reconversion. Avant même la fin du
conflit, l’entreprise avait lancé la fabrication
de cycles et de tricycles motorisés (a priori
destinés aux handicapés) et de triporteurs.
Dès 1919, elle lance son premier moteur et
cessera la fabrication de Velociman dans les
années 1930.
Texte et images - www.monet-goyon.net
Fiche patrimoine - Albertville
Collection Blanchin - Trois vélos pour l’histoire
1922
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