RAPPORT DE STAGE

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RAPPORT DE STAGE
Université Joseph Fourier
Département Licence Sciences et Technologie
RAPPORT DE STAGE
Etude des processus inconscients impliqués dans la
régulation des comportements de santé
MALTAGLIATI Silvio
Organisme d’accueil : Laboratoire Sport et Environnement Social
Directeur du Laboratoire : SARRAZIN Philippe
Responsable du stage : FAURE Sylvie
L1 Mention STAPS-Parcours STAPS (Valence)
Année universitaire 2014-2015
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Remerciements :
Je tiens tout d’abord à remercier vivement Monsieur Philippe Sarrazin de m’avoir offert la
chance de participer à ce stage et de m’avoir accompagné tout au long de celui-ci.
Je remercie également Boris Cheval de sa proximité et de ses conseils qui m’ont permis de
véritablement saisir les exigences du domaine de la recherche scientifique.
J’adresse enfin mes remerciements à l’ensemble de l’équipe du Laboratoire SENS pour leur
accueil chaleureux et notamment Sandrine Haegy qui m’a guidé dans mes démarches administratives.
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Sommaire :
I) Introduction ………………………………………………………… 4
II) Présentation organisationnelle du laboratoire SENS …..…….… 5
1) Localisation et rattachement
2) Organigramme
3) Champs d’étude abordés
III) Déroulement du stage
1) Première rencontre avec Boris Cheval ………………………. 6
2) Collecte de données ………………………………………… 7
3) Utilisation et analyse de ces données ………………………… 9
IV) Conclusion …………………………………………………......... .10
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I) Introduction
Au mois d’avril 2015, j’ai été contacté par Madame Sylvie Faure pour participer à un stage
d’excellence. Après m’être renseigné sur les modalités de celui-ci, j’ai rapidement été séduit par la
possibilité qui m’était offerte de faire mes premiers pas dans le monde de la recherche scientifique.
Qui plus est, Monsieur Philippe Sarrazin m’a proposé d’effectuer mon stage au sein du Laboratoire
Sport et Environnement Social dont il est le directeur. J’ai bien évidemment accepté cette proposition
dans la mesure où j’ai été particulièrement intéressé par les cours en Psychologie du Sport dispensés
lors du premier semestre et je voyais donc dans ce stage l’occasion d’aller plus loin dans la
découverte de cette discipline.
Ainsi, après avoir effectué les démarches administratives relatives, j’ai pu véritablement
démarrer mon stage. Au cours de ce dernier, j’ai pu tout d’abord découvrir le laboratoire SENS de
Grenoble et son fonctionnement. A mon arrivée dans le cursus STAPS, je ne soupçonnais pas
l’existence de telles structures de recherche. Ainsi, découvrir le fonctionnement et les objectifs
poursuivis par le laboratoire a représenté une première étape enrichissante que je détaillerai dans la
première partie de ce rapport.
Néanmoins, lors de ce stage, l’essentiel de mon travail a résidé dans ma contribution aux
recherches menées par Boris Cheval. Ce dernier fait aujourd’hui partie du groupe « méthodologie et
analyse de données » au sein de l’université de Genève et a obtenu son doctorat en STAPS après avoir
mené son projet de thèse au sein du laboratoire SENS. J’ai donc été mis en relation avec lui par
l’intermédiaire de Monsieur Sarrazin et je décrirai, dans un second temps de ce rapport, l’objectif des
recherches de Boris Cheval, mon rôle dans sa démarche de recherche et les résultats obtenus.
Enfin, dans le dernier temps de ce rapport de stage, il s’agira de tirer les conclusions de cette
expérience en tentant de déterminer ce que j’ai pu apprendre durant ce mois de travail et en
m’interrogeant sur l’évolution de mon regard sur la recherche scientifique.
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II) Présentation organisationnelle du laboratoire SENS
1) Localisation et rattachement
Le Laboratoire Sport et Environnement Social se situe dans la Rue de la Piscine sur le
domaine universitaire de Saint-Martin d’Hères. Cette structure est en réalité au cœur de l’UFR APS de
Grenoble ce qui illustre la synergie entre recherche et enseignement pour les membres du laboratoire.
2) Organigramme
Le directeur de ce Laboratoire est Philippe Sarrazin qui dispose du diplôme de Professeur
d’Université en Psychologie. Il a pour rôle de définir, de piloter et de valider les différents travaux
menés par les membres de son équipe. Il est assisté dans sa mission par Michel Raspaud, directeur
adjoint. Au niveau administratif et financier, c’est Sandrine Haegy qui s’occupe de la gestion de la
structure.
Le laboratoire se structure selon deux axes de recherche : Sport, Acteur, Développement
(SAP) et Motivation pour les Activités Physiques et Sportives (MAP). Au sein de chaque axe, on
retrouve des enseignants-chercheurs, des doctorants et des chercheurs-associés dont la mission est de
contribuer au développement de la recherche dans leur domaine de prédilection.
3) Champs d’étude abordés
Tout d’abord, le laboratoire SENS se concentre à la recherche dans le domaine de la
motivation des individus pour l’activité physique et sportive. En effet, à partir d’études réalisées au
préalable sur les effets bénéfiques de l’activité physique pour les individus (diminution de la mortalité,
amélioration de la santé mentale, prévention contre certaines pathologies chroniques…), comprendre
les mécanismes qui poussent les gens à commencer ou à persister dans l’accomplissement d’activité
physique représente un défi de taille pour les membres du laboratoire. Ainsi, les 3 objectifs prioritaires
de l’axe MAP seront : « de mieux comprendre les déterminants psychologiques, sociaux et
environnementaux qui sous tendent l’adoption initiale, le maintien et le retrait d’une activité physique
améliorant la santé, de mettre en place et de suivre des programmes d’éducation / intervention destinés
à nourrir la motivation pour ces activités, et de mesurer leurs effets sur la motivation des pratiquants
d’une part, et leur bien-être psychologique d’autre part.» Pour répondre à ces objectifs, 4 secteurs
d’intervention ont été fixés pour l’axe MAP : « motivation pour l’Activité Physique Favorable à la
santé (APFS) et maladie chronique », « motivation pour l’Activité Physique et pratique associative »,
« Motivation pour l’Education Physique et Sportive et développement d’un style de vie actif »,
« Messages persuasifs et motivation pour l’APFS. ».
Les recherches menées par l’axe SAD du laboratoire sont quant à elles tournées vers
l’implantation et l’appropriation du mouvement sportif dans la société française. Ainsi, l’activité
physique est abordée sous un regard à la fois historique et sociologique ce qui permet de s’interroger
sur l’insertion dans l’espace et dans le temps de ce phénomène social majeur.
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III) Déroulement du stage
1) Première rencontre avec Boris Cheval
Cette première entrevue a véritablement marqué le début de mon stage. En effet, après une
première visite des locaux du laboratoire, Monsieur Sarrazin et Boris m’ont expliqué ce qu’ils
attendaient de moi. Tout d’abord, il a fallu que je saisisse l’enjeu des travaux de Boris ce qui n’a pas
forcément été évident compte-tenu de la complexité de ses recherches. Celles-ci reposent de manière
générale sur l’étude des processus inconscients impliqués dans la régulation des comportements de
santé. L’hypothèse de départ est donc que notre façon d’agir est partiellement influencée par des
facteurs dont nous n’avons pas conscience.
De plus, notre comportement serait guidé par des buts comme par exemple « réussir à l’école »
ou « faire de l’activité physique ». Or des tentations nous détournent de l’accomplissement de ces buts
comme par exemple : « fête », « télévision », etc. Il s’avère alors que certains individus sont capables
de rester concentrés sur l’accomplissement de leur but malgré la présentation d’une tentation. On parle
alors d’autorégulation. Certains individus sont donc dits en réussite et d’autres en échec dans la
poursuite de leur but. En s’inspirant des recherches déjà menées à ce sujet, Boris souhaitait montrer
que l’activation du but « être actif physiquement » après la présentation d’une tentation associée de
manière subliminale et donc inconsciente jouait sur le comportement des individus et notamment sur
leur temps de réaction. Néanmoins, cet effet n’est censé apparaître que chez les individus pour qui
l’activité physique est intégrée dans le mode de vie. En effet, par présentation d’une tentation,
l’autorégulation se met en place et entraîne l’activation du but.
Ainsi, la nature de la tâche proposée consistait en la présentation d’un mot sur un écran
d’ordinateur et le sujet devait déterminer si ce mot existait ou non en appuyant sur la touche Y ou sur
la touche N du clavier. Le logiciel utilisé E-Prime calculait alors les temps de réaction pour chacune
des 256 propositions soumises au participant. Avant l’apparition de ce mot-cible, un message
subliminal, aussi appelé « prime », apparaissait durant 50 millisecondes et ne devait donc pas être lu
par le sujet. Ainsi, lorsque ce message subliminal était relié à une tentation censée détourner du but
« être actif physiquement » et que le mot-cible était corrélé à l’activité physique (exemple : actif,
musclé, sportif…), le temps de réaction des individus dits « sportifs » était censé chuter. Dans les
autres conditions, c'est-à-dire lorsque le message subliminal était relié au but était un mot neutre
(exemple : France, église…) ou lorsque le mot-cible était une tentation ou un mot neutre, aucun effet
sur le temps de réaction ne devait apparaître. Cet effet sur le temps de réaction serait dû à l’activation
de réseaux neuronaux qui permettent à l’individu de réagir plus vite lorsque celui-ci est préparé, même
inconsciemment, à recevoir un stimulus faisant écho au message subliminal présenté au préalable
(«Why most dieters fail but some succeed: a goal conflict model of eating behavior », Stroebe, 2012 ).
Il fallait donc proposer ce test à des gens actifs physiquement et à des gens dits sédentaires
pour montrer que chez ces derniers, sans la mise en place du processus d’autorégulation, aucune
différence dans les temps de réaction ne devait apparaître.
Boris m’a donc confié la mission de soumettre ce test à une quarantaine de personnes en
essayant au final de trouver environ 20 personnes sportives et 20 personnes sédentaires. A la suite du
test sur l’ordinateur, il fallait également mesurer le niveau d’activité et de sédentarité des participants
pour pouvoir établir des groupes par la suite. Le questionnaire avait également pour but de connaître la
perception qu’avaient les gens de leur réussite ou de leur échec à faire de l’activité physique de
manière régulière. Il fallait également vérifier que pour eux, les mots présentés lors de la tâche sur
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ordinateur était fortement reliés à l’activité
physique ou au contraire à la sédentarité et
donc au détournement du but « être actif
physiquement ».
Pour mieux comprendre cette notion, j’ai pu
lire l’article « Leading us not unto
temptation » datant de 200 3 et rédigé par
Fishback. Dans ce dernier, des résultats assez
incroyables étaient présentés et prouvaient
bien l’impact du message subliminal sur le
temps de réaction. Le graphique ci-contre,
extrait de l’article, illustre bien, grâce aux 2 barres de gauche, que lorsque le message subliminal est
une tentation et que le message cible est relié au but, le temps de réaction est bien plus faible que dans
la condition mot neutre-but. Les deux barres de droite illustrent quant à elles le fait que ce phénomène
n’intervient pas en sens contraire : on parle alors de principe asymétrique. En effet, il n’y a pas
d’impact significatif sur le temps de réaction quelque soit la nature du message subliminal lorsque le
message cible est une tentation.
2) Collecte de données
Après avoir récupéré le logiciel E-Prime et que le questionnaire ait été validé par Boris et
Monsieur Sarrazin, j’ai pu commencer à rechercher des participants ayant entre 25 et 45 ans. Boris a
choisi de cibler cette tranche d’âge car lorsqu’il avait proposé une première version de article à des
reviewers, on lui avait reproché d’avoir mené son étude uniquement chez des étudiants en STAPS.
Ainsi, tout l’enjeu de cette deuxième version était de pouvoir comparer des sportifs vs des sédentaires
issus de milieux socio-professionnels bien différents.
Dans un premier temps, j’ai donc cherché à joindre des associations telles que l’Association
Drôme-Ardèche Contre l’Obésité ou encore l’Association des Diabétiques de Drôme et d’Ardèche car
je pensais ainsi pouvoir interroger des personnes sédentaires. Néanmoins, à cause d’une clause de
confidentialité, je n’ai pas pu rencontrer ces personnes. De façon similaire, l’hôpital de Montélimar
m’a refusé l’accès au service de diabétologie.
Néanmoins, j’ai pu me rendre au centre thermal de Vals-Les-Bains en Ardèche qui est un
institut où les gens se rendent en cure pour profiter des bienfaits de l’eau de source et profiter des
conseils et des programmes de nutritionnistes, de médecins et d’animateurs d’activité physique pour
perdre du poids. En effet, beaucoup de personnes souffrant d’obésité ou de diabète se rendent dans ce
centre. Je pensais donc pouvoir rencontrer des personnes pour qui l’activité physique n’était pas
intégrée dans le mode de vie. Malheureusement, la plupart des gens étaient trop âgés et je n’ai donc pu
leur proposer de passer le test. Je retiendrais en revanche de cette visite la découverte d’un milieu que
je connaissais pas et des rencontres très enrichissantes avec différents professionnels de santé.
Pour trouver des personnes à interroger, je me suis principalement tourné vers le collège et le
lycée où j’ai suivi mes études. Les professeurs et les surveillants notamment se sont montrés très
curieux et j’ai ainsi pu interroger une quinzaine de personnes au total.
Pour trouver des personnes sportives, je me suis rendu dans la caserne de pompiers de Privas
où j’ai pu interroger plusieurs individus. J’ai également pu faire passer le test à des personnes inscrites
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dans la salle de musculation de Privas. J’y ai alors trouvé des personnes dont le niveau d’engagement
et l’expérience en terme de pratiques physiques étaient très variables.
Mélissa Muzeau, également stagiaire au sein du laboratoire SENS sous la direction de
Sandrine Isoard-Gautheur m’a également aidé à collecter des données en interrogeant des personnes
qu’elle connaissait ou même des gens qui travaillaient à l’UFRAPS de Grenoble.
Au final, j’ai pu recueillir les résultats de 41 personnes. Il n’a pas été difficile de convaincre
les gens car ces derniers se montrent en général assez curieux. Cependant, il ressortait souvent une
certaine lassitude au terme du test sur ordinateur. En effet, la tâche était assez longue (10 minutes en
moyenne) et les individus étaient assez frustrés car les mêmes mots revenaient souvent. L’aspect
ludique qu’ils attendaient n’était pas au rendez-vous : beaucoup m’ont demandé un score, un
classement, leur nombre d’erreurs.
De plus, les mots étaient toujours soit bien écrits soit toujours mal écrits ce qui me semblait
rendre au final la tâche trop automatique. Les individus ne lisaient alors plus vraiment le mot jusqu’au
bout puisqu’à force de le voir apparaître, ils savaient automatiquement s’il fallait appuyer sur Y ou sur
N. Il aurait donc peut-être fallu que le mot soit parfois bien écrit et parfois mal écrit (exemple :
« bleu » - « belu » et non uniquement « belu »
Le questionnaire que devaient remplir les participants a également posé quelques problèmes
dans la mesure où les gens avaient parfois des difficultés à bien comprendre les questions ou même les
échelles à utiliser pour répondre. J’ai même parfois eu l’impression que de peur de paraître ridicules,
ou « hors de la moyenne », certains sujets donnaient des valeurs médianes.
La difficulté de cette mission résidait également dans la nécessité de constituer des groupes
équilibrés : « hommes vs femmes » et « actifs vs sédentaires ». Il n’est, en effet, pas évident
d’interroger des gens sans réellement savoir quel est leur niveau d’activité physique. Eux-mêmes ont
parfois du mal à l’évaluer : certains par exemple s’estiment actifs alors qu’ils ne font que 2 heures de
vélo par semaine...
Chez les 41 personnes interrogées, aucune n’a réellement pu lire le message subliminal
présenté. La majeure partie des gens ont en effet vu « quelque chose » mais ont pris ça comme un
tirage aléatoire réalisé par le logiciel. Ils n’ont donc pas accordé une réelle importance à cette partie
pourtant centrale de la tâche.
Une fois la tâche sur ordinateur et le questionnaire réalisés, j’ai expliqué aux gens en quoi
consistait réellement l’étude. En effet, au départ, il fallait présenter cela comme une simple tâche de
temps de réaction pour ne pas attirer l’attention des sujets sur l’existence d’un message subliminal. En
découvrant la présence de celui-ci et l’hypothèse de son influence, certaines personnes se sont
montrées très intéressées par l’étude réalisée et m’ont demandé quelques précisions.
Par la suite, j’ai repris toutes les réponses des sujets au questionnaire afin de les rassembler
dans un document Excel que pourra utiliser Boris pour réaliser ses calculs. Je lui ai également envoyé
l’ensemble des fichiers E-Prime reprenant les temps de réaction de chaque sujet pour les 256 mots
présentés.
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3) Utilisation et analyse des données
Il était maintenant temps d’interpréter les données recueillies en tentant d’établir une relation
entre le niveau d’activité physique du participant et ses temps de réaction en fonction des messages
subliminaux et des messages cibles présentés.
Il s’agissait alors pour Boris de créer un fichier dans lequel on pouvait confronter les temps de
réaction des individus avec leurs différentes réponses au questionnaire. Ce dernier permet en effet de
dresser le profil du sujet en calculant notamment son niveau d’activité physique ou encore son IMC.
Boris a alors eu recours au logiciel R-Sudio qui permet grâce à un langage informatique bien
spécifique de procéder au regroupement des données. Ceci a permis de faire émerger des groupes
d’individus en fonction de différents critères tirés des résultats du questionnaire : avec les stades de
changement, en fonction de la difficulté perçue, en fonction de la notion d’habitude, en fonction du
temps d’activité physique hebdomadaire, etc.
Il a également fallu que Boris crée une sorte de liste pour que le logiciel identifie les mots
relevant réellement d’une tentation en lien avec la sédentarité et une liste pour les mots sans lien
direct. Il a ainsi obtenu une catégorie « prime » avec des mots tels que « télévision » ou « canapé » et
une catégorie « non prime » avec des mots comme « linge » par exemple.
Le traitement de ces données exige de faire appel à a ce que l’on appelle un modèle
multiniveaux ce qui se traduit sur le plan informatique et mathématique à l’utilisation de la fonction
« lme4 ». Cela implique que l’effet d’une variable sur le temps de réaction ne sera pas toujours
identique au cours de la tâche. Une autre variable peut, en effet, venir jouer sur l’influence de la
première et ainsi jouer sur le résultat final. Le modèle prend également en compte l’hétérogénéité des
individus dans leur capacité à réagir rapidement et intègre aussi l’évolution dans le temps de la tâche
déconcentration, fatigue à la fin de la série des 256 mots par exemple). Toutes ces considérations sont
requises pour venir pondérer au maximum les résultats finaux et ainsi en tirer le maximum.
Malheureusement, après ce traitement des données, il s’est avéré que l’hypothèse de base
n’était pas vérifiée. En effet, quelque soit la variable utilisée, on remarque que, pour le groupe
« sportif » ou « high AP » lorsque le message subliminal était une tentation en lien avec la sédentarité
et que le message cible était un but corrélé à l’activité physique, le temps de réaction augmente ! Or,
d’après l’hypothèse de départ, nous
790
attendions le résultat inverse… Par
780
exemple, en se référant au temps
770
d’activité physique indiqué par les sujets
760
(voir graphique ci-dessous), lorsqu’on se
750
place dans la condition « prime-cible
740
AP » pour les sujets sportifs, le temps de
730
relevant prime
réaction est d’environ 780 millisecondes
720
contre environ 753 millisecondes pour la
absence prime
710
condition « non prime-cible AP ». Les
700
autres valeurs confirment en revanche
cible AP cible SB cible AP cible SB
que pour les personnes non sportives, il
n’y a pas de variation significative du
Low
Low
High
High
temps de réaction quelque que soient les
tempsap tempsap tempsap tempsap
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conditions. Ce temps de réaction n’est pas non plus impacté lorsque le message cible n’est pas en lien
avec le but « être actif physiquement ».
Malgré la déception de ne pas aboutir au résultat escompté, Boris m’a rassuré en me disant
tout d’abord que ces premières conclusions restaient intéressantes dans la mesure où l’écart important
entre les temps de réaction dans la condition « prime-cible AP » pour les gens sportifs, ne pouvait être
dû au hasard. Boris se demande donc s’il n’a pas fait une erreur dans le traitement mathématique des
données qui pourrait expliquer cette inversion des résultats. On peut également s’interroger sur la
constitution du groupe des gens sportifs car on constate au final que pour la plupart, leur temps de
pratique physique n’est pas très élevé. Ces personnes avaient-elles donc suffisamment intégré le sport
dans leur vie pour que nous puissions espérer observer l’effet tant attendu ?
Ces interrogations restent donc pour le moment en suspens et j’attends que Boris me tienne au
courant de l’avancée de ses recherches dans ce domaine qui le passionne tant.
IV) Conclusion
Tout d’abord, ce stage m’a permis d’aller plus loin dans ma découverte de la psychologie du
sport puisqu’au travers de mes lectures et de mes discussions avec Monsieur Sarrazin ou Boris
notamment, j’ai pu acquérir de nouvelles connaissances dans ce domaine. J’ai également découvert
l’importance du traitement statistique des données et je ne soupçonnais pas le niveau mathématique
nécessaire pour traiter les données avec justesse et rigueur.
J’ai également mis en œuvre mes compétences linguistiques lors de la lecture d’articles sur le
sujet et j’ai alors saisi à quel point il était nécessaire de bien comprendre et bien parler l’anglais
puisque cette langue sert aujourd’hui de matrice de base dans le monde de la recherche scientifique.
Néanmoins, ce que je retiens surtout de ce stage c’est cette immersion au sein du laboratoire,
au sein d’une étude en tant que telle. En effet, aider Boris à recueillir les données nécessaires à
l’avancée de ses travaux dans l’optique d’une parution représente pour moi une grande fierté.
J’ai, en effet, pu entrevoir l’exigence et la perpétuelle remise en question qu’implique la
recherche scientifique. Par exemple, la simple mise au point du questionnaire utilisé relève en fait d’un
véritable cheminement intellectuel : qu’est ce que je veux vérifier en posant telle question ? Cette
échelle est-elle vraiment adaptée ? Dans quel ordre est-il judicieux de poser les questions ?
J’ai d’autant pris conscience de ce versant de la recherche en assistant au séminaire d’une
étudiante en Sciences de l’Education à Grenoble qui présentait ses avancées dans sa thèse. Cela faisait
un an qu’elle travaillait sur son sujet : le biais chez les élèves. Ce terme désigne le décalage entre
l’autoévaluation des compétences de l’élève et son niveau effectif. Les objectifs principaux de cette
étude était de comprendre l’origine de ce biais et d’en mesurer les effets négatifs ou positifs grâce à
des suivis longitudinaux des sujets. Après 20 minutes de présentation et environ une heure de débat, la
dernière question posée a été : « mais au final, tu es certaine de ta définition du biais ? ».
Cette interrogation marque pour moi cette incessante remise en cause de soi et de ses travaux
qui est néanmoins absolument nécessaire pour avancer et progresser dans ses recherches. Cette notion
de travail en équipe et parfois même de synergie entre les disciplines m’a tout particulièrement
intéressé. J’ai d’ailleurs retrouvé ce même esprit de solidarité et d’entraide au sein du laboratoire et
j’ai été séduit par l’ambiance entre les membres de l’équipe.
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Ce stage venant clôturer ma première année dans le monde universitaire représente donc pour
moi un moment fort de ma formation de futur intervenant dans le monde du sport. En effet, en plus de
m’avoir permis de découvrir le fonctionnement d’un laboratoire de recherche et les rouages d’une
étude scientifique, ce stage s’inscrit dans mon projet d’avenir. J’aimerais intégrer l’Ecole Normale
Supérieure où la recherche scientifique est placée au cœur de la formation de l’étudiant et où les
qualités méthodologiques, de rigueur et de curiosité intellectuelle sont valorisées.
Ainsi, ce stage représente pour moi une expérience enrichissante qui marque mes timides et
premiers pas dans le domaine de la recherche scientifique. Je recommande à tous ceux qui en ont la
possibilité de participer au dispositif de stages d’excellence car ceux-ci représentent, à n’en pas douter,
une chance à saisir pour tout étudiant curieux et ouvert sur son environnement social et donc sportif.
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