NF • L`Observateur

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7-bozelecreluLG_NF • L'Observateur 05/04/16 14:29 Page1
EnTREpREnEURS
de l’Arrageois
L’OBSERVATEUR DE L’ARRAGEOIS
MERCREDI 6 avRIl 2016
/7
Martin Pulido
PdG
« C’est mon professeur
d’électricité qui m’a poussé
à évoluer. Pour la
communication, j’ai
commencé par me
débrouiller seul en créant
mon logo, en construisant
mon site Web et en créant
ma page Facebook. J’ai
aussi publié une annonce
sur leboncoin.fr qui m’a
permis d’avoir un client sur
Achicourt pour lequel j’ai
refait toute l’installation de
sa maison. Hélas, le côté
administratif de la création
d’entreprise est très
contraignant. Les jeunes ne
sont pas assez soutenus.
Heureusement que mes
proches me soutiennent. »
Martin Pulido
est la preuve
concrète que la
valeur n’attend
pas le nombre
des années.
martin, électricien de 19 ans,
est devenu son propre patron
L’entreprise d’électricité
générale Bozelec est installée à Montenescourt,
dans un petit bureau qui
ressemble
à
une
chambre d’étudiant.
Peut-être parce que son
jeune patron n’a que
19 ans.
es dossiers sur les
étagères et dans les
tiroirs. D’autres
qui traînent sur le
bureau ou à terre.
Le bureau d’un étudiant ?
Presque. Celui d’un jeune patron de 19 ans, à qui tout
semble sourire depuis qu’il a
créé son entreprise.
Quand Martin Pulido s’est installé à Duisans à l’âge de 15
ans et demi pour commencer
son apprentissage, il ne pensait
pas du tout à cet avenir-là.
« Ma première idée était de
partir dans la logistique. Ma
mère avait peur que je devienne routier. C’est au moment où mon père refaisait sa
maison. » Le jeune collégien,
dyslexique
et
dysorthographique, à qui tout
le monde disait qu’il n’arriverait jamais à rien, venait de
trouver sa voie : l’électricité.
Formé à l’Urma d’Arras et
apprenti chez Sodelem à Duisans, le jeune homme apprend
vite et bien. Il décroche son
CAP avec 19,5 de moyenne et
commence à s’intéresser aux
Olympiades des métiers. En
2014, il termine ce concours
régional avec la médaille d’argent ; puis en 2016, avec la
médaille d’or. Ce qui lui ouvre
les portes du concours national. « Je représenterai la région à Bordeaux en mars
2017. » Il vise la deuxième
ou la troisième place et pourrait peut-être accéder à la compétition internationale.
BAchELIER ET
AUTO-EnTREpREnEUR LA
mêmE AnnéE
Mais revenons à son parcours
d’entrepreneur. Après trois ans
d’apprentissage et un baccalauréat obtenu malgré un long
arrêt suite à un accident du travail (16 de moyenne quand
même), Martin Pulido se lance définitivement dans la création d’entreprise au cours de
l’été 2015. « J’ai commencé en
auto-entreprise alors que
j’étais encore apprenti. La première année, j’ai fait 7 000 euros de chiffre d’affaires. » Un
test grandeur nature qui a validé son projet.
Les tout débuts sont un peu
folkloriques et brouillons.
« J’ai commencé avec zéro
euro sur mon compte professionnel. Je démarchais en porte à porte avec une feuille A4
sur laquelle j’avais écrit tout
ce que je pouvais faire. » Une
annonce sur leboncoin.fr lui
apporte ses premiers clients ;
la machine est lancée. « Mes
premières rentrées d’argent
étaient réinvesties pour l’achat
de matériel. J’ai commencé à
bosser avec ma vieille Clio. »
Alors tout juste majeur, Martin Pulido tient un discours
loin des paroles désespérées
des jeunes d’aujourd’hui. Il a
décidé de montrer qu’il y arriverait, qu’il serait son propre
patron et met tout en œuvre
pour ça.
Dans sa petite pièce installée
dans une location située dans
un corps de ferme de Mont-deWanquetin à Montenescourt,
le jeune homme s’est mis à
100 % à son compte dès l’été
2015. Quelques premiers
chantiers grâce aux Olympiades des métiers qui l’ont fait
connaître et un premier gros
contrat avec un hypermarché
Leclerc. « Un chantier à
72 000 euros », s’étonne encore le jeune entrepreneur. Un
contrat qui l’oblige à changer
de statut et d’opter pour l’E.I.
(entreprise individuelle) en
septembre dernier.
RyThmE éREInTAnT
Depuis les chantiers s’enchaînent. La librairie Humeurs
Noires de Lille où il refait toute une installation électrique ou
encore l’enseigne V&B à Arras. Même s’il travaille seul, le
jeune patron arrive à suivre le
rythme (souvent éreintant) : se
lever à 3h du matin, rester
trois semaines à Berlin pour un
chantier. « J’ai de nombreux
devis en cours ». Principaux
clients bientôt signés : Norauto à Arras ou encore Leclerc à Dainville. « Je vais
peut-être signer un partenariat
avec une société de mainte-
nance immobilière. »
Et les projets ne manquent pas
dans la tête (bien faite) de ce
jeune homme, pas du tout inquiet pour son avenir. Après
avoir contracté un crédit de
solaire, mais aussi pour la récupération et le recyclage des
vieux équipements que nous
démontons sur les chantiers »
; la France est en effet très en
retard pour le recyclage dans
« j’ai lancé mon auto-entreprise
alors que j’étais encore apprenti. »
10000 euros pour acquérir une
camionnette, il a l’intention
de développer encore sa petite entreprise. D’abord en
créant une deuxième entité
avec son père, Bozelec Environnement. « Pour l’éolien, le
(société civile immobilière) et
pense déjà à acquérir des logements qu’il pourrait mettre
aux normes. « La société évoluera. D’abord, il faudra embaucher deux personnes, avoir
un plus grand bureau. Ensuite, nous aurons plusieurs
agences et peut-être même à
Paris. »
Ne croyez pas que le jeune
patron s’emballe. Il avance
pas à pas mais il a toujours un
coup d’avance. Réfléchi, organisé, le plus jeune créateur
de l’ICRE BTP 62 et le plus
jeune adhérent de la CAPEB
du Pas-de-Calais (lire encadré), cet artisan n’a pas fini de
nous étonner.
le BTP.
L’avenir ? Martin Pulido le
voit en rose. D’abord dans une
grange qu’il retapera avec son
père et dans laquelle il installera sa maison et son entreprise. Il a déjà créé la SCI ■ Bruno Place
L’AccOmpAGnEmEnT DE L’IcRE BTp 62
Sophie Brulin est l’unique salariée d’un dispositif d’aide et d’accompagnement à la
création et à la reprise d’entreprise dans le BTP. Elle travaille aussi bien dans le Nord
que dans le Pas-de-Calais (ICRE BTP 62). A Arras, son bureau est situé dans les bureaux de la CAPEB 62 (Confédération de l’artisanat et des petites entreprises du bâtiment). Ce dispositif de l’ICRE BTP 62 (Institut du créateur repreneur d’entreprise du
BTP, une association loi 1901) est opérationnel dans le Pas-de-Calais depuis avril
2013.
« Le premier ICRE a été créé en Haute-Normandie en 2005 par un entrepreneur qui constatait qu’il manquait cet accompagnement en amont, au moment de la création », témoigne
Sophie Brulin. « Nous accompagnons le créateur comme d’autres structures mais nous avons
une spécificité qui nous permet de répondre aux préoccupations du secteur du BTP : la réglementation, le devis, la facture, le coût de revient, la marge, etc. »Sur les deux départements,
Sophie Brulin a déjà traité une cinquantaine de dossier depuis avril 2013. Des créateurs-repreneurs qui ont un profil très différent de celui de Martin Pulido. « Plutôt des
personnes en reconversion professionnelle, ou des salariés du BTP qui veulent se mettre à leur
compte. Martin est un cas exceptionnel car il est très jeune mais aussi parce qu’il a d’abord
été auto-entrepreneur. » L’ICRE 62 BTP pourrait bientôt travailler également sur la
transmission d’entreprise voire participer à des actions de sensibilisation dans les
écoles.
ICRE BTP 62, 2 rue Copernic à Arras, 03 21 16 15 00 ou 06 10 21 15 20
[email protected]