Article L`Observateur de l`Arrage

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Article L`Observateur de l`Arrage
10-bonetbien_NF • L'Observateur 02/06/15 17:13 Page1
10/
Info loCale
dans l’Artois
l’obSerVateur de l’arraGeoIS
MERCREDI 3 juIn 2015
Bon et Bien : on ne jette plus les patates,
on en fait de la soupe et des emplois
Où ? Templeuve
Quoi ? Lancement des soupes Bon et Bien
‘est bon et c’est bien. Surtout, ça lutte contre le
gaspillage alimentaire et
ça donne du travail à des gens
éloignés de l’emploi. Et ça se
passe chez nous : dans le NordPas-de-Calais. Avec de grandes
entreprises françaises voire
mondiales.
Tout a commencé à Béhagnies,
au sud d’Arras, en collaboration avec la ferme Leprince
(lire notre édition du 15 octobre
2014). Il y a quelques années,
McCain cherchait à respecter
sa philosophie du Be Good Do
Good en France, en travaillant
notamment sur le volet social.
En s’inspirant d’un projet qui
avait déjà fait ses preuves en
Colombie, McCain a “embauché“ une équipe chargée de glaner des pommes de terre des
champs de la ferme Leprince.
« Tout a démarré d’une
réflexion en décembre 2012 sur
la responsabilité sociale et le
gaspillage alimentaire », se
souvient Jean Bernou, président de McCain Europe Continentale. Les flocons de
pommes de terre obtenus avec
cette matière première récupérée étaient ensuite vendus de
l’hypermarché Leclerc de Templeuve dont le gérant, Thomas
Pocher, se mobilise contre le
gaspillage alimentaire. « Avec
la vente des produits, nous pouvions rémunérer les glaneurs. »
Projet durable
Cette expérience, l’origine de
Bon et Bien, n’était hélas pas
un projet durable mais a permis la rencontre d’hommes qui
ont réfléchi à un social business visant à soutenir l’emploi
local et à lutter contre le gaspillage alimentaire. « Chez les
Leprince, les écarts de triage
sont parfois de 20 tonnes par
semaine. » Cette co-création
d’une entreprise pérenne est le
fruit de la collaboration de
McCain, des hypermarchés
Leclerc de Templeuve et Wattrelos, du groupe Randstad (le
pro de l’interim pour le côté
ressources humaines), de la
Banque alimentaire mais aussi
du Groupement des agricul-
Bon et Bien,
un social
business
Michel-Edouard
Leclerc
« Cette initiative du Leclerc
de Templeuve allie la lutte
contre le gaspillage
alimentaire et la réponse à
des attentes sociales. Des
légumes, trop gros, trop
petits, pas beaux, deviennent
ici de la soupe que l’on vend
dans le magasin. C’est
emblématique car ce sont
des privés qui s’engagent
dans ces combats. Une
excellente initiative qui doit
faire école dans les autres
centres Leclerc. D’ailleurs,
Thomas Pocher va
chapeauter ses expériences
pour le groupe au niveau
national. »
les soupes Bon et Bien ont été conçues par un chef étoilé.
teurs de pommes de terre
(Gappi). Tous ensemble, ils ont
créé une petite entreprise Bon
et Bien qui emploie aujourd’hui
cinq personnes qui cuisinent
des soupes à l’intérieur même
du Leclerc de Templeuve.
Le lancement officiel de la
Le social business ou
entrepreunariat social est une
forme d'entrepreneuriat, au
service de l'intérêt général,
qui recouvre l’ensemble des
initiatives économiques dont
la finalité principale est sociale
ou environnementale et qui
marque de soupe du même nom
(Bon et Bien) a d’ailleurs eu
lieu à Templeuve en présence
de Michel-Edouard Leclerc,
fier de cette initiative qu’il
espère voir se développer dans
les autres hypermarchés de son
enseigne. « La première unité
réinvestissent la majorité de
leurs bénéfices au profit de
cette mission.
Développé par Muhammad
Yunus, prix Nobel de la Paix
pour la création de la
Grameen Bank : un social
business est une entreprise
Thomas Pocher
Jean Bernou
« Nous travaillons depuis
2008 sur le gaspillage
alimentaire dans nos
magasins. Nous avons déjà
quelques initiatives avec des
marchandises de nos
magasins : nous réalisons des
soupes, des smoothies, des
puddings. Sur les 25000
tonnes de produits vendus ici
chaque année, il y a 0,8% de
produits retirés des rayons.
Chaque année, nous arrivons
à diminuer de 10% la part des
produits alimentaires jetés. Il
reste encore souvent des
fruits, des légumes et des
restes du rayon boulangerie
dont on ne sait pas quoi faire.
Les soupes Bon et Bien
répondent en partie à ce
problème. »
« La charité ne débouche sur
rien. C’est pourquoi nous
avons créé ensemble ce
business qui attaque
directement un problème
social. Les hommes qui en
sont à l’origine se
connaissaient un peu et ont
mis en commun leurs idées.
Les entreprises peuvent et
doivent s’attaquer aux
problèmes sociaux. Il s’agit
de gagner de l’argent afin
d’obtenir un premier impact
social avant de le réinvestir
dans une autre unité de
production. Le projet
s’attaque au gaspillage
alimentaire mais aussi à
l’insertion. McCain est
l’niamteur du projet mais
c’est une aventure
collective. »
fonctionne depuis plusieurs
semaines. Les
premières
embauches ont eu lieu. Nous
avons fait élaborer les recettes
par des grands chefs et les
soupes sont déjà dans les
rayons. Maintenant, il faut fiabiliser le projet, créer une
sociale qui lutte contre la
pauvreté et ne verse aucun
dividende.
Ici, Bon et Bien, dirigé par
Michaël Mottet, emploie
quatre autres personnes qui
seront accompagnées vers
l’emploi. Le but est de les
5 emplois ont été créés.
deuxième unité et compter sur
un effet boule de neige »,
détaillait Jean Bernou, le jeudi
28 mai, à l’occasion du lancement officiel.
■ Bruno Place
former et des les réinsérer
dans le monde du travail ; puis
de réembaucher d’autres
personnes éloignées de
l’emploi. L’objectif est de créer
une dizaine de lignes Bon et
Bien d’ici 2020 en France.

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