Nice-Matin - Club de la Presse Méditerranée 06
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" •2• Actu : Edito • brèves EN BREF L'EDITO . Par Paul Barelli France Bleu Azur : Sabourdy succède à Delattre Afin que nul journal ne meure Quand une entreprise vacille, et c’est le cas de Nice-Matin, le personnel est assailli par des données comptables. Des chiffres implacables qui témoignent d’une perte mensuelle de 2 à 300 000 euros. La menace d’un redressement judicaire s’est profilée. Depuis trois ans, les mille salariés du groupe Nice-Matin vivent dans la peur de perdre leur emploi. Et tout laisse craindre que le couperet d’un plan social rebaptisé hypocritement « plan de redressement » ne tombe. Je ne suis pas près d’oublier les regards sombres que j’ai croisé le 7 octobre lors de l’assemblée générale de ces hommes et ces femmes les nerfs à vif. Ils ont conscience que les raisons de cette tourmente sont complexes et renvoient à la crise de la presse écrite qui ne date pas de 2007. Pourtant, ce jour là, des voix se sont élevées avec force : « nous nous battrons jusqu’au bout ». Ces termes propres à de nombreuses entreprises en crise devraient inciter notre profession à faire preuve de solidarité. Ne pas effacer d’un coup de gomme l’’hebdomadaire d’opinion le Patriote qui a « disparu » il y a quatre mois, Des confrères ont perdu leur emploi, même si le Patriote reparait depuis le 3 octobre dans une version allégée. Que peuvent faire les journalistes qui ont encore un emploi pour leurs confrères menacés ? Peu de choses, hélas. Relater les soubresauts de la presse écrite. Faire leur métier. Et dire au public : achetez les journaux ! . SOMMAIRE L'Édito / En Bref Focus adhérent Tribune Côté Livres Entre Nous 2 12 13 15 17 " Bienvenue à Thierry Sabourdy, nommé directeur de France Bleu Azur à Nice. Ce passionné de radio qui a commence sa carrière professionnelle en 1984 comme animateur dans plusieurs stations locales locales privées, était en poste à Metz depuis quatre ans où il dirigeait France Bleu Lorraine Nord. Thierry Sabourdy prend les rênes d’une station qui n’a cessé de voir progresser son audience ces dernières années. Il succède à Emmanuel Delattre qui prend en charge France Bleu Alsace. « C’est un grand professionnel » a relevé Claude Perrier, nouveau directeur du réseau France Bleu, qui a intronisé Emmanuel Delattre à Strasbourg. Entré à Inter il y a 34 ans, Emmanuel Delattre, 54 ans, a fait sa carrière dans le service public. Envoyé permanent pendant dix ans à Rome et au Vatican, il a choisi d’ « évoluer en 2002, en devenant directeur de radio ». Sa présence a permis au Club de la presse d’apprécier ce journaliste chevronné qui nous a ouvert ses studios. Les liens France Bleu Azur CPM06 ne datent pas d’hier. Dominique Antoni qui dirigeait la station a présidé avec efficacité le Club de la presse. Nous sommes persuadés que Thierry Sabourdy s’inscrira dans cette continuité de relations confraternelles. Focus Méditerranée Dossier du Mois Focus Médias Focus Partenaires Actu photos . 18 19 23 24 26 •3• Actu : SPÉCIAL NICE-MATIN Nice-Matin : comment un des fleurons de la PQR se retrouve en pleine tourmente . Par Paul Barelli 7 octobre 2013 restera dans les annales de Nice-Matin comme un des jours les plus sombres de son histoire. 13h30 au siège du quotidien route de Grenoble. Assemblée générale du personnel. Les visages sont graves, l’atmosphère électrique. Parmi les 400 salariés présents : Robert, 71 ans, retraité, est venu soutenir ses collègues de ce journal auquel il a consacré sa vie professionnelle : « Ce quotidien, issu de la résistance n’aurait jamais du se retrouver menacé d’un redressement judiciaire ». Robert, traduit le sentiment général. Prospère durant plusieurs décennies, le journal créé le 1er septembre 1944 par Michel Bavastro, puis racheté en 1998 par le groupe Hachette Filipacchi Medias est tombé de Charybde en Scylla depuis une dizaine d’années. Des records pulvérisés dans les années 2000 En 1998, le groupe Lagardère rachète toutes les actions des fondateurs de Nice-Matin pour 91,5 millions d’euros et confie la direction du quotidien à Michel Comboul. Une nouvelle époque s’ouvre, comme l’a relaté l’Express récemment. Jusqu’alors les éditions varoises de Nice-Matin souffraient de la concurrence de Var-Matin détenu par Hachette. Var-Matin et Nice-Matin fusionnent. L’année suivante la même opération est répétée en Corse, La Corse éditée par La Provence (détenue par Hachette) fusionne avec l’édition corse de Nice-Matin. Le nouveau journal est rebaptisé CorseMatin. Au milieu des années 2000 les trois titres pulvérisent des records avec une diffusion cumulée de 250 000 exemplaires. Seulement, Arnaud Lagardère qui a succédé à son père à la tête du groupe décide en 2007 de vendre ses journaux régionaux à un spécialiste de la presse : le Groupe Hersant Média. Et si l’on tente d’expliquer comment Nice-Matin s’est retrouvé au cœur d’une tourmente il convient de situer la toile de fond : l’appauvrissement du marché publicitaire que subit la presse écrite dans son ensemble Retour à l’année 2008. Nice-Matin et La Provence font alors partie des journaux les plus rentables de France. Le groupe Hersant débourse 160 millions •4• Actu : SPÉCIAL NICE-MATIN d'euros pour racheter les deux titres à Lagardère. Pour moderniser Nice-Matin - l’achat de nouvelles rotatives -, GHM annonce qu’il va investir 40 millions d’euro. Seulement, un an après, l’empire Hersant clôture l'année 2009 sur une chute de son chiffre d’affaires, qui passe de 900 à 750 millions d'euros. GHM qui reposait en partie sur Paru-Vendu, ses journaux d’annonces gratuites au travers de sa filiale Comareg, voit les sites d’annonces en ligne bouleverser cette donne financière. Le groupe Hersant accumule une dette bancaire de plus de 220 millions d'euros. En novembre 2011. GHM met en Bernard Tapie en visite au siège du groupe Nice-Matin en décembre 2012. © JC Magnenet / ANP liquidation judiciaire la Comareg, laispartie, il faudra restructurer l'entreprise, régional. « La crise que subit notre joursant 1650 salariés sur le carreau. autrement dit réduire une fois encore nal, c’est celle de toute la presse écrite Le divorce Hersant -Tapie les effectifs (180 départs avaient été avec l’appauvrissement du marché de la publicité, souligne Gérard Pitocchi Fin 2012, Tapie surgit. En s’associant négociés en 2008). délégué CGT. Nous avons été rachetés à Philippe Hersant pour racheter La Provence et Nice-Matin, Bernard Tapie « Comment Hersant m’a en 2007 par le groupe Lagardère qui a engrangé les bénéfices - tous les ans permet au propriétaire de GHM de réali- (presque) tuer » ser une bonne opération .En entérinant Cette peur du naufrage d’une grande entre 1997 et 2007 (c’était entre 8 et 10 l’accord Hersant/Tapie, les banques entreprise qui fait vivre 1 400 familles millions de bénéfice net) sans investir acceptent de s’asseoir sur 166 millions et génère 95 M€ de chiffre d'affaires dans un ambitieux projet. Le groupe d'euros de créances impayées. annuel a été à l’origine sur les réseaux Hachette Filipacchi Medias n’a pas Seulement, il aura suffi de six mois pour sociaux d’une page facebook "Nice- donné une réelle ampleur à internet, que le couple Hersant-Tapie explose. Matin résistance" ouverte le 15 sep- et surtout n’a pas développé le parc inDébut juillet, Philippe Hersant, pré- tembre ou encore d'une chronologie « dustriel, acheté de nouvelles rotatives. sident de GHM, indique qu'il deviendra Comment Hersant m'a (presque) tuer ». C’est le point de départ. Ensuite GHM actionnaire majoritaire de Nice-Matin, à Depuis l’inquiétude des salariés n’a pas a été contraint de racheter la gestion de 75%, tandis que La Provence, détenue cessé de croître. Le quotidien régional la Comareg. Je pense qu’il y a une responsabilité partagée des divers actionpar Bernard Tapie, en conservera 25%. perd 300 000 euros par mois Le 3 juillet, lors du conseil d'administra- L’éventualité d'un dépôt de bilan d'ici naires ». tion, le Directeur général de Nice Matin la fin de l'année, faute d'une trésorerie Une chose est sûre, l’avenir de Niceprévient que pour redresser la barre, suffisante pour assurer ses charges, a Matin reste à écrire. Les mille salariés il va falloir investir dans le titre. Domi- été évoquée à plusieurs reprises tandis du groupe - près de 600 au quotidien, nique Bernard fixe même l'enveloppe que la suppression de 180 à 200 postes plus de 400 dans ses deux filiales Euronécessaire à 25 millions d'euros : 15 a été présentée comme inévitable. A sud et PubliNice Service - sont déterque l'actionnaire s'engage à apporter, l’heure où nous écrivons ces lignes, minés à se battre pour la survie de leur 10 que Nice-Matin peut générer, notam- personne ne savait quel serait le destin journal. Qui est un peu le notre. ment grâce à ses actifs immobiliers. de Nice-Matin. Philippe Hersant promet alors qu'il va Il serait sans doute caricatural de désirevenir dès septembre avec un nouvel gner le groupe Hersant comme responinvestisseur. Et rappelle qu'en contre- sable de tous les maux du quotidien . •5• Actu : brèves Décollage numérique réussi pour Azur TV © capture d'écran Dans les tuyaux depuis un bon moment, la nouvelle chaîne de TNT locale azuréenne a enfin vu le jour. Azur TV a commencé à émettre le 1er septembre à la grande fierté de son directeur, Hervé Raynaud : « Une nouvelle page s’ouvre pour la télé locale ». Azur TV émettra de 6h30 à une 1h30 sur le canal 31 de la TNT et sera diffusée de Menton à Saint-Tropez. Elle s’appuiera sur l’expérience de sa grande sœur du câble Nice Azur TV. L’équipe technique s’est du coup étoffée. Au total 25 AIJ : rendez-vous en novembre à Metz Les prochaines Assises internationales du journalisme et de l’information auront lieu à l’Arsenal de Metz les 5, 6 et 7 novembre 2013. Des prix viendront récompenser les publications parues dans les 12 derniers mois qui interrogent le mieux le journalisme et éclairent la pratique du métier. Le jury sera présidé par Patrick de Saint-Exupéry, cofondateur et rédacteur en chef de la revue XXI et remttra ces prix le 6 novembre à 20h30. . Retrouvez le liste des nominés sur notre site. personnes collaborent à ce projet basé sur la proximité : « La chaîne produira 90 % des contenus diffusés, assure son directeur. Nous voulons être une chaîne de service, qui donne la parole à tout le monde. La grille des programmes appartiendra aux téléspectateurs. Nous proposerons par exemple de l’info, mais avec un ton différent. Davantage axée sur le service et le bien-être que sur les faits divers. » Azur TV mise aussi sur des émissions phares pour fidéliser une audience potentielle estimée à 1,5 millions de téléspectateurs. En fil rouge, elle propose tous les jours à 18h30 La Grande Émission, un rendez-vous d’info avec deux JT de huit minutes et une partie plateau délocalisée dans un lieu de la région (Marineland ou Mougins récemment). En plus d’une grande variété de magazines de découvertes ou de rencontres, la chaîne accordera une place importante à l’OGC Nice avec plusieurs émissions spéciales ainsi que la rediffusion des matches de championnat le lundi. L’équipe éditoriale assure également que la politique ne sera pas en reste : « En vue des élections municipales, nous ferons un tour d’horizon de tous les candidats dans les grandes villes ». . Déjà disponible sur les box SFR (canal 376) et Darty (canal 283) Azur TV devrait émettre avant la fin de l'année sur le réseau Orange dans les Alpes-Maritimes (canal 269). Pour retrouver émissions podcast : www.azur-tv.fr L'actu vue par Kristian... et •6• Actu : MÉDIASCOM'06 L'événement de septembre Pot du mois au musée Fernand Léger © P. DEJARDIN © P. DEJARDIN Pas évident de « monter » une telle opération, en si peu de temps et en dehors de Nice. Chapeau à notre confrère JeanFrançois Téaldi sans oublier le personnel du musée. Pour la majorité des participant(e)s le musée national Fernand Léger de Biot fut une découverte. C'est l'un des trois musées nationaux des Alpes-Maritimes avec le Pablo Picasso de Vallauris et celui de Marc Chagall de Nice, tous les trois étant placés sous la direction de Maurice Fréchuret. Avant le traditionnel pot du mois, nous avons eu l'immense chance de faire la visite privée de l'exposition permanente au 1er étage en compagnie de Maurice Fréchuret et de Nelly Maillard, la directrice de collection du musée. Deux personnages passionnés jusqu'au bout des « ongles », pas du tout économes de leurs connaissances et dont le plaisir à les transmettre est une évidence. Journalistes et communicant(e)s ont trouvé de quoi satisfaire leur curiosité à tel point que le timing a eu un peu de mal à être respecté. Pas très grave car cette visite exceptionnelle a donné des envies de © P. DEJARDIN revenir et de partager encore plus longtemps les plaisirs de ce lieu unique dans un cadre exceptionnel. Infos : www.musee-fernandleger.fr / 04 92 91 50 30 / gratuité pour les moins de 26 ans et le 1er dimanche du mois. Texte et photos : Philippe Dejardin •7• Actu : brèves L'événement d'octobre Déjeuner-débat : Philippe Frizon, de l’antiterrorisme à la PJ de Nice . Par Pierre-Olivier Burdin Le chef de l’antenne de la Police Judiciaire de Nice a répondu aux questions des journalistes du Club de la presse Méditerranée 06. Volubile, ce « grand flic » est revenu sur son parcours avant d’évoquer sa mission actuelle à Nice. Originaire d’Alès, Philipe Frizon rentre dans la police nationale « un peu par hasard ». Il débute en 1988 comme inspecteur au SRPJ Marseille. Pendant quatre ans, il apprend l’enquête aux côtés d’inspecteurs chevronnés et « touche à ce qui se fait de mieux au niveau investigation à Marseille. » Il passe ensuite le concours de commissaire et réalise une formation de deux ans à Saint-Cyr-au-Mont-d’Or. Suivent de nouvelles affectations en Normandie, à la sécurité publique, puis à la direction centrale de la PJ à Paris. C’est en 1997 qu’il intègre le service de lutte antiterroriste. Il gravit les échelons et occupera le poste de numéro 2 du service Nous pensions après ces révélations jusqu’à son départ pour Nice en 2010. d’informations ultra-secrètes que notre enquête était vouée à l’échec. Ce fut un L’affaire Érignac rude coup car les assassins ont ainsi Survient pendant cette période une date appris qu’ils étaient identifiés. Quelques importante dans sa carrière. Le 6 février mois après cependant, on a constaté 1998, le Préfet Claude Érignac est que l’article avait produit un autre effet. Il assassiné. Son service est mobilisé sur a instauré une certaine instabilité parmi cette affaire. « Je suis le seul policier à les gens visés et cela nous a permis de avoir connu l’affaire Érignac du début à la poursuivre notre travail. » fin » souligne-t-il. La lutte anti-terroriste, en Une affaire que le fonctionnaire de police collaboration avec les services de police semble connaître sur le bout des doigts. basés en Corse, contribue à l’arrestation Au point de déclarer : « Pour moi, la des auteurs de l’assassinat. Une prise culpabilité de Colonna ne fait aucun incertaine jusqu’au bout : « En février doute, il est quand même passé devant 1999, trois mois avant l’arrestation du trois cours d’Assises qui l’ont reconnu commando Érignac, un article du Monde coupable. » Philippe Frizon n’exclut pas d’ affirmait que la police avait ciblé les écrire un jour sur ce dossier fort complexe assassins. L’article était particulièrement et à propos duquel tout n’a pas été dit. bien documenté. De toute évidence il y La trajectoire de Philippe Frizon le conduit avait eu des fuites, mais elles n’émanaient en 2010 à Nice, à la tête de l’antenne sans doute pas de la hiérarchie policière. niçoise de la PJ forte de 136 fonctionnaires © CPM06 qui traitent pratiquement tous les types de criminalité : « Il y a de quoi faire sur la Côte d’Azur ! » lâche-t-il avec ironie. Nice et ses spécificités Diriger la PJ niçoise ? Il ne voit pas dans cette affectation une quelconque forme de pré-retraite : « Après treize ans d’antiterrorisme, j’avais envie de voir autre chose. Pour rigoler, on se disait souvent à Paris : « Y a-t-il une vie après l’antiterrorisme ? » Il fallait clairement que je prenne un service où je ne m’ennuie pas et c’est le cas ici. » Banditisme, réseaux de stupéfiants, proximité de le mafia italienne, vols à mains armés, délits financiers, Philippe Frizon a déjà gouté à toutes les spécificités locales depuis son intronisation. Pendant l’été, son service porte une attention toute particulière au périmètre Saint-Tropez-Cannes Monaco, « car tout le monde s’y rassemble et •8• Actu : brèves L'événement d'octobre © CPM06 c’est là que se créer des alliances pour des réseaux de stups ou des affaires financières. » Les dérives liées à l’argent sont devenues familières du fonctionnaire au fil des dossiers chauds qu’il a eu à traiter, impliquant notamment les maires de Beausoleil et Saint-Jean Cap Ferrat. Il en attend maintenant avec impatience l’aboutissement : « Certaines instructions sont très longues. Entre-temps les mis en cause et leurs avocats font leur travail et tentent de dégonfler l’affaire dans les médias. Vous me demandez si les dossiers de René Vestri et Gérard Spinelli se sont dégonflées judiciairement ? Je vous donne rendez-vous à l’audience du tribunal, vous ne serez pas déçus. » Bijoutier, crime organisé et proxénétisme Actualité oblige, impossible de ne pas aborder avec le chef de la PJ l’affaire du bijoutier braqué à Nice en septembre. « Le butin a été estimé à 125 000 euros en bijoux et 13 000 euros en liquide. L’enquête suit son cours, nous travaillons à l’identification du deuxième braqueur » livre-t-il avec prudence. Il réfute en revanche une quelconque pression hiérarchique liée à la médiatisation de ce faits divers : « Malgré le retentissement de cette affaire, personne ne nous a mis la pression. On ne m’appelle pas tous les jours pour savoir où j’en suis. » La Croisette avait également défrayé la chronique cet été avec un vol de bijoux au Carlton estimés à 103 millions d’euros : « On part sur plusieurs des hypothèses, affirme le chef de la PJ. Un "Arsène Lupin", ça peut exister. Mais bien souvent, avec du recul sur l’enquête, le mythe s’effondre et on s’aperçoit qu’on a eu affaire à des pieds nickelés. » Philippe Frizon est sur la Côte d’Azur depuis trois ans. De quoi nourrir une analyse pertinente de la criminalité organisée locale : « Le milieu niçois a vieilli, mais il tient encore la route. Il fait office de juge de paix entre les nouvelles équipes qui se sont installées. Il y a très peu de règlements de compte dans le département. Cela prouve que chacun y trouve son compte. » Le fonctionnaire ne nie pas l’ampleur des ramifications sur la Côte d’Azur des organisations criminelles issues des pays de l’ancien bloc soviétique. Quant à la lutte contre le proxénétisme organisé, la PJ va renforcer son action : « C’est une priorité. Nous allons créer une unité dédiée à la lutte contre le proxénétisme. Elle comprendra quatre policiers. La difficulté réside dans le fait que les réseaux, venus de l’est pour la plupart, installent les filles et une fois que ça fonctionne ils désignent l’une d’entreelles pour diriger le travail. Ils peuvent ainsi retourner en Italie qui est un peu leur base arrière. » La PJ de Nice a déjà établit des contacts avec son homologue transalpine pour mettre en place une collaboration transfrontalière susceptible d’apporter plus d’efficacité. A l’occasion de ce rendez-vous avec le Club de la presse, Philippe Frizon se montre loquace, maniant volontiers l’humour. Comme si après toutes ces années passées à l’antiterrorisme, il découvrait une nouvelle facette de son travail : « Communiquer avec la presse est une des missions que je me fixe à la PJ. C’est vrai que c’est différent du service antiterrorisme, où l’on ne communiquait pas ou alors très peu. Le tout est de travailler en bonne intelligence avec les journalistes. Ces derniers sont en général très bien informés, mais quand je leur dis d’attendre pour sortir une info, ça a toujours été respecté. » Ces rapports pourraient-ils un jour le pousser à organiser des conférences de presse régulières ? « Cela a été fait récemment pour une affaire de stups, mais c’est aussi du ressort du Procureur de la République. S’il m’invite à un point presse pour apporter des éléments, je viendrai sans problème. » En attendant, Philippe Frizon a franchi l’étape de la communication 2.0 et possède à présent un compte twitter… •9• Actu : brèves A Nice, l’avenir appartient aux fanzines . Par Pierre-Olivier Burdin Le web n’a pas encore eu la peau des fanzines. Ces publications alternatives conçues de manière artisanales font de la résistance. A Nice, les parutions s’enchaînent dans des circuits de distribution plus ou moins en vue. Il y a d’abord Zéro, la revue internationale. Image, musique, politique, littérature et cinéma y sont abordés dans la plus pure tradition du fanzine. Zéro cultive un côté alternatif et provoc’. Textes à contre-courant, photos rétro, roman photo déjanté et pastiches de pubs s’entrecroisent. Vendu un euro, le fanzine compte déjà cinq numéro à son actif. A en écouter Richard, alias John Badonna, l'un des rédacteurs, dans les colonnes de 20 Minutes, pas question de se prendre au sérieux : « Zéro a pour vocation de parler de choses drôles de façon sérieuse, ou l'inverse. L'idée, c'était pas de faire un truc snob et chiadé ». Autre concept créé cette année : Endemic, davantage consacré à la création artistique locale. Le projet a germé dans l’esprit de Céline, bientôt rejointe par deux acolytes, Loïc et Raphaëlle. « L’idée est de mettre en avant les différents talents créatifs à Nice » résume Raphaëlle, également chargée de donner une cohérence à la maquette. Endemic tient (presque) dans la poche et compile 32 pages de dessins, proses, collages et photos, tous réalisés par des artistes du cru. « C’est un moyen de découvrir de nouveaux talents, estime Loïc. On a constaté que beaucoup de gens créaient chez eux et pour eux, mais ne se faisaient pas connaître. » Le deuxième numéro sorti en septembre regroupe plus d’une vingtaine de participants. Si leur crédo est différent, Zéro et Endemic perpétuent la tradition du fanzine, fait avec peu de moyens et beaucoup de passion. . Contacts : [email protected] [email protected] Julien Camy présente son documentaire à Mouans -Sartoux Membre du CPM06, Julien Camy a présenté son film « Le Boulanger du coin » au Festival du Livre de MouansSartoux. Le documentaire sur un artisande Cannes-La Bocca s'est révélé être un très instructif volet sociologique sur les conséquences de la Guerre d'Algérie. Sans polémique mais pas sans question. . © P. DEJARDIN • 10 • Actu : brèves Le prix franco-allemand du journalisme fête ses 30 ans Les relations franco-allemandes sont traduites, analysées par des journalistes pour des auditeurs, téléspectateurs, lecteurs et internautes réciproquement dans les deux pays. La remise des prix d’une valeur totale de 28 000 € récompense le travail de la profession. La cérémonie du 30e anniversaire a eu lieu, en juillet dernier, au Ministère des affaires étrangères, à Paris. Les lauréats : dans la catégorie vidéo, le prix est attribué à Delphine Prunault pour son reportage « Le Miracle allemand, à quel prix ? », une production de l’émission de France 2 Envoyé spécial. Le film traite un sujet crucial du débat politique franco-allemand. Il démystifie l’économie allemande qui a été présentée comme modèle auprès des Français en démontrant de façon claire ses forces et faiblesses. La journaliste a pris une position claire, courageuse en dénonçant un système. Le prix audio a été attribué à Delphine Simon pour « Mon père s’appelait Werner » diffusé par France Inter. Des témoignages mettent en lumière les blessures des enfants de la guerre qui ne se sont toujours pas cicatrisées aujourd’hui. Dans la catégorie écrit, le journal La Croix est récompensé pour « France-Allemagne, les noces d’or » qui traite des relations franco-allemandes au quotidien, le vécu des personnes, les liens entre les deux pays. Le prix multimédia a été attribué à Tawan et Joris Rühl pour Portraits de frontières publié sur www.tv5monde.com. Enfin le Prix des Jeunes talents revient à Isabelle Foucrier pour la série « La Séance diapo » diffusée sur Arte. La journaliste traite de manière originale et amusante des sujets d’actualité en associant web, vidéo et texte. A noter que le grand prix des médias avait été attribué en mars dernier au député eu- . Par Geneviève Roussel ropéen Daniel Cohn-Bendit. Il a renoncé à cette distinction en raison des débats à son encontre. Les parrains des jurys : Philippe Rochot, ancien grand reporter de France2, Will Steul, président directeur général de la Deutschlandradio, Ines Pohl, rédactrice en chef du quotidien allemand Taz, Memona Hintermann-Afféjee, membre du conseil supérieur de l’audiovisuel. A noter que peuvent se porter candidats, des journalistes ainsi que des rédactions qui présentent des travaux traitant des thèmes allemands d’un point de vue français et réciproquement ou bien encore de thèmes franco-allemands dans un contexte européen. . Prix franco-allemand du journalisme tél +49 (0) 681 602 2407 [email protected] / www.pfaj.eur • 11 • Actu : brèves Le Patriote nouveau est arrivé ! Le premier numéro du nouvel hebdomadaire « Patriote Côte d’Azur », journal libre et solidaire, est paru le 3 octobre dernier. Si le journal garde le même titre et la même périodicité (hebdomadaire) que son prédécesseur disparu en mai à la suite à d'une liquidation judiciaire, « il ne s’agit pourtant pas d’une reparution », selon son directeur, Jean-Paul Duparc. Plutôt une renaissance donc, la première édition portant la mention “numéro 1”. « Nous avons cherché des partenariats et une mobilisation pour recréer un journal qui offre un autre regard sur l’actualité, relate le directeur. Il y aura tout de même une continuité et des valeurs communes avec l’ancien Patriote. » Le partenariat en question a été trouvé auprès de la société d’édition SEVAC, déjà éditrice de l’hebdomadaire Pays des A-M. La signature d’une convention a permis ensuite la création d’une filiale spécifiquement dédiée au Patriote : Alpes Azur Éditions. Pour l’heure, l’hebdomadaire propose chaque vendredi huit pages d’informations locales et d’opinions. Le journal démarre cette nouvelle aventure avec une journaliste salariée, Latifa Madani. « L’objectif est de repartir avec un budget réaliste, annonce Jean-Paul Duparc. Nous espérons par la suite augmenter la pagination ou bien étoffer la rédaction, mais ce sera toujours avec un souci d’équilibre budgétaire. » L’accueil réservé au journal lors de sa soirée de présentation ou au Festival de Mouans-Sartoux ont de quoi rassurer les initiateurs du projet. Le Patriote Côte d’Azur et sa vision de l’actualité ont manqué au panorama de la presse locale. « C’est une fois que le journal avait disparu que beaucoup de gens se sont rendus compte de l’importance de proposer une autre voix, un autre regard sur l’actualité locale » estime Jean-Paul Duparc. En septembre, la campagne d’abonnements fondée sur le principe de « lecteur-fondateurs » avait déjà réuni 600 souscriptions alors que le premier numéro n’était même pas encore paru. . . Billet « aigre-doux » Finies les vacances, terminé septembre et les cohortes de touristes. Tête baissée il a fallu rentrer. Rentrer donc dans la pataugeoire automnale, chatouiller les méninges, réchauffer les neurones. Tout cela à l’aide d’une cure de poivrons verts (protecteurs majeurs du cœur selon les spécialistes). « Traditionnel » direz-vous. Mais non, pas tout à fait. Au 21e siècle la vitesse étouffe parfois le bon sens. A moi : l’exercice périlleux de digérer la « Probation » d’une loi face à l’improbation presque générale de la société. A vous : d’équilibrer les nouveaux horaires scolaires de nos enfants traînant leur lourde besace…déjà ! A nous : l’éclairage réduit, les chargés augmentées, l’arrivée du 4G et les factures salées… La parole est à tout le monde, certes. Les voyages également Par Suzanne Gilquin (mais les zones pacifiées de plus en plus rares). Alors ? Et si nous reparlions de la Lune, de Mars ou des étoiles filantes ? Imaginons encore les grands espaces immuables et le réchauffement planétaire stoppé. Repoussons les limites des terres surpeuplées et replantons les ombres arrachées… Oui, bon ! J’arrête. J’allais oublier que les « les bleuets sont bleus ». Souvenonsnous pourtant que : « L’ombre passe et repasse mais que sans repasser, l’homme passe. » Salut et bon courage. . • 12 • Actu : FOCUs ADHÉRENTS . Retour aux sources pour Dorothée Marro Par Pierre-Olivier Burdin © CPM06 études en école supérieure de commerce n’atténueront pas cette passion. La jeune femme effectue le grand saut parisien en 2005 et intègre l’équipe de l’émission quotidienne C.U.L.T sur France 5. Une première expérience dans l’audiovisuel concluante, prolongée dans 25 à Table, toujours sur la chaîne publique. Souvenirs forts Nouvelle adhérente du Club, la journaliste est revenue vivre à Nice après dix ans passés à Paris. C’est sur la Côte d’Azur que tout à commencé pour Dorothée Marro. En 2003, elle décroche un stage au sein de la société locale d’édition Sud Events. « L’univers journalistique m’avait toujours attirée » raconte-t-elle. Des C’est ensuite au sein de l’agence TAC Presse qu’elle débute l’enquête et monte ses propres sujets de magazine. Son travail est diffusé dans de grandes émissions de magazines comme Zone Interdite, Enquête Exclusive, Capital et Le Droit de Savoir. Sa prédilection pour les sujets de société lui a d’ailleurs valu quelques souvenirs forts. Il y a cette immersion au sein d’un centre de détention pour mineurs délinquants ou encore « une enquête dans une école de gardiens de la paix au cours de laquelle, lors d’une mission de terrain, un homme s’est suicidé sous l’œil de ma camera. » Cette expérience parisienne a également permis à Dorothée d’élargir son panel avec deux formations au CFPJ (présentation de flashs et cameraman DVCAM). Malgré ce parcours réussi, la journaliste choisit tout de même de partir. « Je suis revenue à Nice pendant un mois et j’ai réalisé que je pouvais également partager mon expérience dans ma région » explique-t-elle. Elle revient vivre sur la Côte d’Azur en mai 2012 et intègre l’équipe de Nice Azur TV. La chaîne locale lui confie l’animation de deux émissions : Nice in Nice et Mon quartier. Le contact avec les riverains, associations et commerçants niçois va être un révélateur : « J’ai adoré ! Cela m’a donné l’idée de créer un nouveau programme où l’on mettrait en avant les talents locaux. » De manière indépendante cette fois. Épaulée par la société azuréenne Wegotproduction, Dorothée démarre cette année l’aventure du Riviera Show, un talk-show détonant (voir ci-dessous). . Riviera Show : quand la télé locale devient innovante Un talk-show télévisé inter-générationnel avec reportages et « lives » tournés en public. Voici la ligne directrice de Riviera Show, concept d’émission locale imaginé par Dorothée Marro. Des extraits du premier numéro tourné à Nice en mars dernier viennent d’être mis en ligne sur le web. En attendant qu’une chaîne télé relève le pari… Si le concept de promotion des talents locaux n’est pas une nouveauté en soi, le format et le ton de Riviera Show, eux, dénotent. Tournée en plateau, l’émission fourmille de séquences et rubriques variées. A la baguette Dorothée Marro, entourée de trois chroniqueurs et d’un invité « fil rouge » originaire de la région. Dans Riviera Show, l’ambiance est détendue. Les sujets de reportage alternent avec les invités plateaux. « On reçoit ceux qui font le buzz sur la Côte d’Azur dans des domaines variés » dévoile l'animatrice. Des prestations « live » musicales ou artistiques © Riviera Show ponctuent les 52 minutes d’émission. Reste à séduire un diffuseur télé : « J’ai montré le pilote à différentes chaînes, j’attends des réponses, explique Dorothée. En télé, obtenir des financements demande du temps, mais je pense que ça va se décanter très bientôt. » . Retrouvez le teaser de la première émission • 13 • Actu : TRIBUNE Billet d'humeur Le miracle des retombées économiques . Par Pierre Valet* La boule de neige De nombreuses entreprises, des groupements professionnels ou des collectivités utilisent régulièrement un outil d'analyse qui prétend mesurer les retombées économiques(1) de leur activité sur un territoire donné. France Congrès notamment, utilise cette méthode de calcul pour promouvoir l'activité des centres d'affaires et pour justifier l'argent public investi dans ces structures par les collectivités. Les médias reprennent régulièrement ces chiffres livrés fort opportunément lors des opérations de communication. Mais attention, chacun sait qu'on fait dire aux chiffres ce que l'on veut et ceux-là parraissent bien complaisants. En particulier le plus flatteur d'entre eux, celui des « retombées induites ». Les analystes définissent en effet trois sortes de retombées. Les retombées directes, indirectes et induites. Autant les deux premiers chiffres sont compréhensibles(2) autant le troisième, celui des retombées induites, est un peu mystérieux. On apprend sur le site internet de France-Congrès qu'il résulte de l'application d'un coefficient calculé selon un modèle mathématique mis au point par le Centre de recherche scientifique de Genève-Batelle. Ce coefficient multiplie la somme des retombées directes et indirectes par un facteur de 1,2 à 1,5 en fonction de l'activité concernée. Selon France-Congrès, il se justifie par « un l'effet auto multiplicateur de l'argent qui circule, un effet boule de neige ». L'avalanche On va voir que la boule de neige va très vite se transformer en avalanche. En effet, l'idée traduite dans la méthode de calcul est d'inclure, par exemple, dans les retombées d'un centre de congrès, une partie du chiffre d'affaires de l'aéroport le plus proche. Car des milliers de participants arrivent par avion au bénéfice de la plateforme et donc grâce au centre de congrès. Ce sont ces retombées dites « induites » qu'il s'agit d'attribuer à l'activité du centre de congrès. Et c'est là, que tout devient vraiment formidable. Car de son coté, l'aéroport en question, quand il calcule son propre impact (avec la même formule) inclut dans ses retombées induites une partie de l'activité des centres de congrès. Logique, puisque sans lui, ces mêmes milliers de congressistes ne viendraient pas des quatre coins de la planète pour dépenser leur argent dans le département. Il en serait de même si l'on calculait les retombées induites des compagnie aériennes, celles du secteur hôtelier, des parcs de loisirs, des casinos et de bien d'autres acteurs économiques si, à chacun, venait l'envie d'évaluer son propre impact sur l'économie locale. Traduites en flux financiers, les mêmes retombées induites, le même argent donc, est comptabilisé autant de fois qu'il se trouve d'agents économiques pour le calculer. A l'arrivée, un vrai miracle ! Car si l'on additionnait toutes les retombées induites de tous les acteurs économiques du département, on arriverait à des chiffres ahurissants qui dépasseraient de très loin toute la richesse effectivement produite. C'est en tous cas le raisonnement auquel je me suis tenu quand j'étais en activité et j'ai toujours évité de citer ce chiffre des retombées induites. . Sur le site de HEC Montréal au Québec on trouve d'autres sérieuses raisons de se méfier du calcul des retombées économiques. A lire, une analyse de Yvan Stringer intitulée « Le mirage des retombées économiques » sur ce site. (2) Pour rappel : retombées directes d'un palais des congrès : le montant de ses dépenses. retombées indirectes : les dépenses des congressistes auprès des prestataires locaux, hôtels, restaurants, commerces, services etc. (1) * Pierre Valet est membre journaliste du Club de la presse Méditerranée 06 • 14 • Actu : TRIBUNE La communication de légitimité . Par Philippe Bellissent* Il est dans la nature même du pouvoir de produire des discours légitimant son existence et sa capacité à contraindre ceux qui sont soumis a son autorité. C’est ce discours de légitimation qui évite de recourir à la violence étatique en rappelant à chacun qui détient le pouvoir dans une société et qui a le droit de l’usage de la force On retrouve la trace de ce genre de discours depuis la plus haute antiquité dont l’enjeu est tel qu’il a été bien souvent gravé dans la pierre pour marquer son importance primordiale. Inscriptions hiéroglyphiques égyptiennes ou cunéiformes mésopotamiennes, partout s’inscrivent les marques du pouvoir. Vestige de cette pratique antique, les édiles modernes continuent de graver leur nom à l’inauguration des stades de football. Un monde traversé de discours de légitimité Ce discours de légitimation trouve sa source dans le recours à une instance supérieure. Divinités protectrices de la cité ou de l’ethnie, Dieu universel, hérédité dynastique, principe démocratique quand le pouvoir tire sa légitimité de l’élection. Ces éléments sont suffisamment connus pour qu’il ne soit pas nécessaire de les développer ici plus avant. Curieusement cette question du discours de la légitimé n’est pas entrée actuellement dans la réflexion des communicants, praticiens, théoriciens ou universitaires. Pourtant nous ne pouvons échapper à ce discours Quand Barak Obama en appelle au Congrès américain faute d’avoir un consensus dans l’opinion publique sur le bien fondé d’une intervention militaire en Syrie il le fait pour rechercher un fondement à la légitimé de son action. Mais ailleurs que dans l’exercice du pouvoir d’un chef d’état, notre monde est traversé de discours de légitimité. Légitimité d’une association à représenter les intérêts de tel ou tel groupe de pression dans une procédure de débat public. Ainsi des groupements spontanés dans le conflit autour de la réalisation de l’Aéroport de Notre Dame des Landes. Légitimité d’un groupe informel et spontané d’individus dans un conflit d’entreprise face aux associations syndicales classiques. Légitimité d’un collectif de scientifiques dans un débat sur des questions d’environnement. On prendra pour exemple les controverses sur les réchauffements climatiques avec les prises de position de l’ancien ministre Claude Allegre. Chaque fois que l’organisation de l’exercice de la votation n’est pas possible se pose la question de la légitimité. Et même si cet exercice était techniquement possible, n’y a t’il pas lieu de faire entendre la voix d’une fraction minoritaire de l’opinion en refusant la dictature de l’opinion majoritaire. Dans la liste des cas mentionnés ci-dessus on retiendra quelques idées qui méritent d’être approfondies au-delà des lignes de cet article. Pas uniquement une question de gouvernance La légitimité n’est pas uniquement une question de gouvernance (j’ai le droit d’imposer ma volonté car j’ai été choisi, par Dieu, par mon père, par le titulaire du pouvoir précédent, par le vote démocratique) mais peut reposer aussi sur : La compétence : je sais faire mieux que d’autres, donc j’ai légitimité à diriger ceux qui ne savent pas. La capacité à faire (moyens, ressources), c'est-à-dire que j’ai ce que les Romains appelaient la postestas, donc la crédibilité pour faire grâce à mes moyens. Faute de mieux, la notion de puissance pourrait être utilisée pour qualifier ce troisième terme. Ces trois éléments constitutifs de la légitimité (gouvernance, compétence, puissance) caractériseraient donc les sources de la légitimité. Il resterait encore à savoir si la capacité à fédérer une communauté, à provoquer l’adhésion serait un quatrième élément de la légitimité ou n’en serait que la conséquence. Dans ce contexte on ne peut pas ne remarquer l’utilisation qui est faite de l’appel aux valeurs pour légitimer une action ou le droit même d’exister en tant qu’organisation. L’utilisation la plus évidente à trouver dans une actu récente est celle qui a été faite dans le collectif animé par Frigide Barjot dans le mouvement contre le mariage pour les couples homosexuels. Ces questions à peine esquissées dans ce bref article méritent débat et approfondissement. Elles sont à l’évidence à considérer sous l’angle de pratiques de communication. Les prochains débats politiques à venir mériteraient d’être aussi analysés sous ce prisme, pour fournir des stratégies de communication aux acteurs du jeu politique. . *Consultant en communication & relations médias Chargé de cours à l’Université de Nice et à l’IPAG Docteur en communication Membre du CA d’Azur Procom • 15 • Actu : CÔTÉ LIVRES CÔTÉ LIVRES Poésie francophone 100 photos de Ai Weiwei pour la liberté de la presse Des poètes de Nice et de ses environs vous invitent à lire des poètes vivant sous d’autres horizons. Ne soyez donc pas surpris si certains noms, parmi les plus connus, sont absents de ces pages : l’esprit de Senghor, Césaire, Saint John Perse ou Milocz souffle malgré tout le long de ce recueil. Ne soyez pas non plus surpris si d’autres, et pas eulement les plus jeunes, vous sont inconnus… Les poètes d’ici sont attentifs au plus lointains et curieux des murmures. Dans cet ouvrage, les poèmes sont accompagnés de peintures, de dessins et de compositions réalisés par des élèves d’écoles primaires de Nice et de ses environs. Une invitation à explorer le monde ouvert et divers de la poésie d’expression française et à découvrir les réalisations d’élèves inspirées par la francophonie. Artiste et dissident chinois, Ai Weiwei est devenu ambassadeur de Reporters sans frontières en juin 2013. Entre le plasticien de renommée internationale, emprisonné puis assigné à résidence et harcelé par la censure chinoise, et la principale organisation indépendante de défense de la liberté de l’information dans le monde, la collaboration s’est imposée comme une évidence. Depuis les Jeux Olympiques de Pékin en 2008, dont les anneaux transformés en menottes par Reporters sans frontières ont fait le tour de la planète pour dénoncer la plus grande prison du monde pour les journalistes, la liberté d’informer en Chine reste extrêmement précaire pour les médias professionnels comme pour les net-citoyens (173e pays sur 179 dans notre classement). En offrant à Reporters sans frontières plusieurs dizaines de clichés documentant la surveillance dont il est victime, Ai Weiwei poursuit sa résistance. Reporters Sans Frontières - 9.90 € Commande en ligne sur RSF . Zapping philo de Francis Métivier Un peu de sagesse dans un monde de fous. Zapping Philo invite Socrate, Descartes, Rousseau et les grands philosophes de l’Antiquité à nos jours à porter un regard sur l’actualité récente. Sous le regard de nos grands penseurs et avec les clés qu’ils nous offrent, les « événements » apparaissent sous un éclairage moins partial, moins précipité et plus stimulant. Loin du survol superficiel du monde contemporain ou de la télévision, Zapping Philo permet de mieux saisir, grâce à la philosophie, l’essence des sujets qui occupent les médias, des plus sérieux aux plus incongrus, de l’affaire Kerviel à The Hobbit, de la guerre des chefs de l’UMP à Splash, du mariage homosexuel à la viande de cheval. L’auteur, Francis Métivier, est docteur en philosophie, enseignant en lycée et dans l’enseignement supérieur. Le Passeur éditeur - 18,50 € - 240 p. . . Édition Scéren (CDRDP Académie de Nice) Saint-Vallier d’autrefois La vie d’un village est à la croisée de nombreuses « histoires » générales : histoire de la féodalité et de la construction des villages fortifiés ; histoire de la population et des actes de franchise ou d’habitation qui ont amené les seigneurs à reconnaître l’existence d’un conseil de tous les habitants ; histoire du développement des cultures ou des modalités de l’élevage sur l’ensemble d’une région ; histoire des routes qui relient le village à toute une province ; histoire d’une communauté d’habitants dont les règlements, longtemps définis par la coutume, se fixent au cours des deux derniers siècles de l’Ancien Régime ; histoire d’une religion chrétienne qui devient, en France, à partir du début du XVIIe siècle, celle d’une lutte contre les protestants, celle d’une Contre-Réforme. La vie au village de Saint-Vallier-de-Thiey, c’est tout cela. Une histoire relatée dans un ouvrage publié sous la direction de Marie-Hélène Froeschlé-Chopard avec la collaboration de l’Association de Sauvegarde du Patrimoine Écrit des Alpes-Maritimes. . Éditions Serre - 304 pages - 25,00 € • 16 • Actu : LIVRE DE JOURNALISTE LA PLUME DANS LA PLAIE « Notre métier n'est pas de faire plaisir, non plus de faire du tort, il est de porter la plume dans la plaie. » Albert Londres Le datajournalisme a (enfin) sa bible en français Guide du datajournalisme : collecter, analyser et visualiser les données Au travers d'expériences récentes au sein de rédactions du monde entier, des USA à l'Argentine en passant par la France ou l'Allemagne, cet ouvrage dresse un panorama des pratiques du datajournalisme aujourd'hui et donne des repères pour ceux qui veulent se lancer dans cette nouvelle branche du journalisme, à la croisée de l'investigation, du développement et du graphisme. Destinée aux étudiants en journalisme et aux professionnels en activité qui souhaitent se former à cette nouvelle discipline, cette version française du Data Journalism Handbook s'enrichit d'exemples issus de médias français ou francophones (Le Monde, Rue89, OWNI, France Info, L'Avenir...). Ouvrage réalisé à l'initiative de l'European Journalism Centre et de l'Open Knowledge Foundation publié sous la direction de Jonathan Gray, Liliana Bounegru et Lucy Chambers pour la version originale et de Nicolas Kayser-Bril pour la version française. Ce livre est destiné à être une ressource utile pour tous ceux qui pensent devenir datajournaliste ou qui s’intéressent simplement à la discipline. Selon Nicolas Kayser-Bril : « le simple fait de lire ce livre ne vous apportera pas toutes les connaissances et les compétences requises pour devenir datajournaliste. Cela demanderait une énorme bibliothèque gérée par des centaines d’experts capables de répondre à des questions diverses sur des centaines de sujets différents. Par chance, cette bibliothèque existe : elle s’appelle Internet. Nous espérons plutôt que ce livre vous donnera une idée ce qu’il faut faire pour commencer et des pistes à explorer si vous voulez creuser le sujet. » . Editions Eyrolles (collectif : Jonathan Gray , Liliana Bounegru, Lucy Chambers , Nicolas KayserBril) - 224 pages - 23,75€ • 17 • Actu : ENTRE NOUS - L'AGENDA entrenous Bienvenue au Club Suite au conseil d’administration du 11 septembre 2013, le CPM06 souhaite bienvenue à : - Pascal Massa, journaliste France 3 Côte d'Azur -Robert Kudelka, journaliste Radio France - Hélène Constanty, journaliste à l’Express correspondante A-M - Lucie Blanc, journalistes à Cabines -Tanja Stojanou, journaliste indépendante - Florence Paris, responsable communication de l’Académie Internationale d’Été de Nice Intermed : prochaine conférence de rédaction La prochaine conférence de rédaction d'Intermed, en préparation du numéro 83, aura lieu lundi 21 octobre 2013, à 19h, au Club. Plus d'infos sur la prochaine conférence de rédaction sur notre site internet : www.clubpresse06.com Prix Montagne 2013 Le Club de la presse des Pays de Savoie lance le prix Montagne 2013. Il récompense les meilleures productions journalistiques, écrites, son ou image, sur le thème de la montagne à travers toutes ses dimensions, pour des publications datées du 15 novembre 2012 au 15 novembre 2013. Trois prix de 1000 € seront remis le 19 décembre prochain lors d’une soirée organisée à St-Gervais. Plus d’informations sur : www.prixmontagne.com Création de la section SNJ-CGT Côte d'Azur La section Côte d'Azur du SNJ-CGT a été créée en septembre. Elle est principalement destinée aux pigistes ou au journalistes travaillant dans de petites structures. Plusieurs confrères ont déjà adhéré à cette nouvelle section. Une réunion d'informations ouverte à tous sera organisée après le congrès national SNJ-CGT du 14 au 16 octobre (Marseille). Renseignements et inscriptions section SNJ-CGT Côte d'Azur : Jean-Pierre Amet (reporter photographe) 06 03 85 44 80. Pot du mois : à bord du Belem vendredi 18 octobre à 18h30 La Caisse d’Epargne © Caisse d'Épargne Côte d’Azur a le plaisir d’inviter les membres du CPM06 à une réception à bord du trois-mâts Le Belem, vendredi 18 octobre 2013 à 18h30, au port de Nice. Le Belem (1896) est le dernier trois-mâts barque français, le plus ancien trois-mâts en Europe en état de navigation. Racheté grâce à l'appui de la Caisse d'Épargne qui finance la fondation qui entreprend sa restauration, il est aujourd'hui reconverti dans le cabotage, offre des stages d'initiation et de découverte aux passionnés. Le Belem fait l'objet d'un classement au titre des monuments historiques depuis le 27 février 1984. . Directeur de la publication - Rédacteur en chef de l'édition : Paul Barelli / Secrétaire de rédaction : Pierre-Olivier Burdin / Ont collaboré à ce numéro : Paul Barelli, Philippe Bellissent, Pierre-Olivier Burdin, Lionel Cironneau, Philippe Dejardin, Éric Gaillard, Suzanne Gilquin, Virginie Kienon, Kristian, Geneviève Roussel, Jean-François Téaldi, Pierre Valet / Edition : Club de la Presse Méditerranée 06 / 2 rue Rossini - Palais Alphonse Karr 06000 Nice - Tél. : 04 93 88 32 54 / Mail : [email protected] / Site : www.clubpresse06.com // ISSN 2107-7002. Dynamisez votre communication • • • G r â c e à votre insertion publicitaire dans Intermed R e n s e i g n e m e n t s e t t a r i f s s u r w w w. c l u b p r e s s e 0 6 . c o m • 11 • Méditerranée Dossier Méditerranée « Proche-Orient : le pouvoir, la terre et l’eau » de Pierre Blanc Chercheur au Centre international des hautes études agronomiques méditerranéennes . Par Jean-François Téaldi C ette étude dévoile la géopolitique des activités agricoles au Proche-Orient, au coeur d’enjeux qui mêlent rivalités locales et différents entre pays. Elle traite des stratégies foncières et des conflits autour de l’irrigation au Liban, en Palestine, Israël, Syrie, Jordanie et Egypte, qui sont intégrés dans les stratégies des acteurs étatiques, ou infra-étatiques, avec deux tendances. En Syrie et en Egypte le foncier a été redistribué par les réformes agraires mais la tendance est à la reconcentration, dans ce dernier pays, aux clientèles favorisées par la doxa libérale, il sera intéressant de voir comment le nouveau pouvoir considère la question rurale. A l’inverse, en Palestine et au Liban, pas de politiques publiques ; en Palestine elle a été réglée de manière violente par le contrôle des terres par Israël ; au Liban, l’absence de réformes est due aux difficultés de l’état polyarchique, mais avec un regain d’intérêt pour l’agriculture. En Jordanie les Britanniques avaient réglé la question avant leur départ. La terre agricole a une portée éminemment politique; les ruraux ont été la matrice idéologique du Hezbollah, des partis de la gauche palestinienne, du Ba’th syrien, des sionistes, qui y ont trouvé une part de leurs effectifs. L’agriculture est outil de résistance en Palestine, de valorisation d’un espace contesté pour Israël, d’intégration pour les chiites Libanais. La résistance agricole en Palestine, l’occupation de l’espace en Israël, sont au cœur des stratégies territoriales. Jourdain en Jordanie, Sinaï en Egypte, Beqaa au Liban, zones kurdes en Syrie, on retrouve ce rapport spatio-politique aux terres agricoles, avec des rivalités d’acteurs supra ou infranationales. L’irrigation est le déterminant de la conflictualité hydropolitique autour de l’alimentation en eau des cultures (voire les violences hydrauliques entre israéliens et arabes et entre états arabes Jordanie/Syrie, Liban/Syrie). L’hydropolitique pourrait évoluer avec les visées des pays en amont du Nil, Ethiopie, et les projets turcs dans le sud-est du pays. L’irrigation est liée aux rivalités interétatiques pour l’intensification agricole et l’autosuffisance alimentaire. Elle est vecteur essentiel des occupations de l’espace dans la vallée du Jourdain, côtés jordanien et israélien, le Golan annexé par Israël, le nord-ouest du Sinaï et le piémont du Golan syrien. A contrario, le Liban démontre que sans ces politiques d’irrigation les ruraux souffrent, nourrissant conflictualité et communautarisme. Aménagement, irrigation, butent sur le manque d’eau, des communautés cherchant à s’emparer d’une ressource de plus en plus rare. . Editions Sciences Po. Les Presses • 19 • Dossier IUT Cannes : le journalisme à bonne école . Par Pierre-Olivier Burdin L’IUT de journalisme de Cannes vient d’obtenir la précieuse reconnaissance de la profession. Une étape importante pour cette formation créée en 2003. Preuve qu’entre exigences déontologiques, efficacité professionnelle et mutations du secteur, la filière universitaire a su s’adapter aux exigences du journalisme moderne. C ’était il y a 21 ans. En 1993, l’Université de Nice Sophia Antipolis lance son département Info Com’. L’objectif assigné est alors de former les étudiants à la communication des organisations. Quelques années plus tard, Jacques Araszkiewiez, chef du département, décide d’étoffer l’offre de formation : « Les objectifs de professionnalisation de l’IUT méritaient qu’on étende les possibilités, explique-t-il. Il y avait plusieurs options possibles, dont celle du journalisme. » Contact est pris avec des professionnels du secteur de la presse pour élaborer le projet. En 2003, le DUT option journalisme est créé. Chaque promotion (deux années de formation) regroupe 28 étudiants. Les filières communication et journalisme deviennent © AEJC distinctes. Les apprentis journalistes élisent résidence au Collège International de Cannes. Suite au passage de la réforme LMD, l’université Nice Sophia-Antipolis met en place en 2006 la licence professionnelle de journalisme audiovisuel. L'objectif est de former des journalistes capables de fabriquer des programmes de façon autonome. Ce sont désormais 84 étudiants qui fréquentent toute l’année les installations cannoises. L’université Nice Sophia Antipolis propose ainsi une formation complète en journalisme, au prix d’une inscription universitaire. Des étudiants appréciés dans les rédactions L’enseignement de l’IUT journalisme est dispensé par une quinzaine d’enseignants universitaires spécialisés et par des professionnels des médias. Au total, une quarantaine de journalistes travaillent pour l’IUT. « C’est important d’avoir des pros car le journalisme est un enseignement tout à fait spécifique qui repose sur une expérimentation in-situ, estime Jacques Araszkiewiez. Cela permet également une confrontation intéressante entre l’enseignement universitaire et celui des professionnels. » Dotés d’un bagage complet à leur sortie, les étudiants de l’IUT sont appréciés dans les rédactions. Jacques Araszkiewiez confirme : « Les pros souhaitent s’appuyer sur des étudiants qui apportent quelque chose. Il semble que pour nos étudiants ça se passe plutôt bien. » La qualité de l’apprentissage dispensé à Cannes a d’ailleurs un impact : « On reçoit mille dossiers d’inscriptions au DUT journalisme chaque année. » La tendance devrait encore s’accentuer avec la récente reconnaissance de la profession que vient d’obtenir l’école. . • 20 • Dossier INTERVIEW Jacques Araszkiewiez : « Un bagage complet » Maître de conférence et docteur en sciences de l’information et de la communication, le chef du département Info Com’ est à l’origine de la création du diplôme universitaire de journalisme à Cannes. Il dresse un panorama de cette formation. Comment s’opère la sélection à l’entrée de l’IUT Cannes ? Notre quota est fixé à 28 étudiants par promotion. Nous l’atteignons très vite car nous recevons plus de 1 000 dossiers d’inscriptions chaque année. Il y a donc un concours. Il comprend l’écriture, la culture générale, l’anglais, ainsi qu’une dissertation sur sujet d’actualité. L’examen oral s’avère très important car il permet d’avoir un ressenti sur l’étudiant. Quelle sont les grandes lignes de l’apprentissage de ce DUT ? Notre discours se base sur les exigences de la profession. L’apprentissage est fondé sur plusieurs axes afin de proposer un bagage complet. Il y a d’abord l’approche sémio pragmatique, c’est à dire l’acquisition de l’écrit, du regard, de la voix, de la posture. Le lien avec la presse écrite et la question des formes d’écriture ne peut pas être oublié. Les compétences sociales et culturelles sont également essentielles. Il faut savoir appréhender l’environnement du journalisme et des entreprises de presse, les nouvelles technologies, les rapports sociaux qui se développent au sein des entreprises de presse, ainsi que les valeurs essentielles au journalisme comme la déontologie. Nous cherchons aussi à donner une compétence référentielle. Même si les journalistes ne peuvent pas avoir le même degré de connaissances que les experts, ils doivent au moins avoir des idées sur le sujet qu'ils vont traiter. Enfin, il y a la question de l’apprentissage de © CPM06 procédures journalistiques spécifiques comme la recherches d’infos par exemple. L’IUT se distingue d’ailleurs par sa participation à de nombreux événements… Oui nous avons établi des partenariats, Vous faites appel à des pro- ce qui permet aux étudiants de couvrir fessionnels de la presse pour différents types d'actualités. Nous certains cours, en quoi est-ce participons aux Rencontres de Cannes, important ? au festival du livre de Mouans-Sartoux, Tout simplement parce que le au congrès du Syndicat National des journalisme est un enseignement Journalistes, ou encore aux Assises du spécifique qui repose sur une journalisme. Il y a aussi un partenariat expérimentation in-situ. Il y a une partie avec l’École d’artillerie de Draguignan. pratique de ce métier dont l’acquisition On essaie de multiplier les expériences. se fait par l’examen d’une multitude de cas possible, à l’aide de professionnels Existe-t-il une différence entre en activité. Nous avons donc des l’enseignement universitaire cours théoriques, mais aussi toute une et celui dispensé dans une partie expérimentation sur le terrain. école privée ? L’avantage d’être à Cannes et sur la Les métiers du journalisme sont en Côte d’Azur est d’avoir un contexte pleine mutation, c’est la conséquence indirecte de l'évolution technologique assez riche pour ça. des sciences de l’information et de la • 21 • Dossier communication, qui sont pour l’essentiel produites dans les universités par des chercheurs. Ces mutations subies par les entreprises de presse doivent être anticipées et programmées. La force d’une école de journalisme comme la notre est de pouvoir s’appuyer sur une université qui comprend notamment une unité de formation à l’information scientifique et technique. Elle est composée de gens extrêmement compétents. Cela permet d’ouvrir les étudiants aux questionnements qui concernent aujourd’hui les entreprises de presse. Ca ne veut pas dire que ce lien-là ne peut être fait dans le privé, mais ici c’est quasiment naturel. base du regard et non celle de la lettre. Avoir un regard sur ce qui est produit, c’est ça le rôle de notre apprentissage. Autrement dit, former des journalistes qui vont chercher de l’information et qui savent en faire quelque chose. Quelle solution proposez-vous aux étudiants face à un marché de l’emploi saturé ? La démarche initiale, c’est qu’on ne place personne. Les étudiants réalisent leurs propres recherches de stage que nous validons ou non. Nous leur avons donnés les clés pour ça. On pense que ça fait partie de manière intégrale du processus de formation. On les laisse donc à l’oeuvre pour trouver leurs stages ou leur première embauche. Pourquoi avoir choisi de développer une licence de journalisme audio-visuel ? De quelle manière anticipezCette idée reposait sur la passion vous les évolutions du métier ? commune à l’égard de cette forme de journalisme. Nous avions aussi pris en compte le fait que les programmes et les chaînes allaient se développer et qu’en somme, l’écriture audiovisuelle serait le fondement des écritures augmentées. Cela nécessite de faire évoluer le journalisme traditionnel. L’écriture audiovisuelle se fait sur la Tous les IUT ont un programme pédagogique national avec un cadre général. Il y a une rénovation du programme tous les quatre ans. Nous venons d’y procéder. Cela a permis à l’ensemble des IUT journalisme d’avoir des discussions sur les pratiques, sur les difficultés du métier et sur les orientations qu’il convient de prendre. Les étudiants de l'IUT sont immergés dans la pratique du média réel, comme ici à Canjuers lors d'exercices militaires. © JC HONNORAT La quatorzième école reconnue par la profession C’est au début du mois d’octobre que l’Université Nice Sophia Antipolis a officialisé la reconnaissance par la profession du DUT journalisme Cannes. Cette certification est délivrée par la CPNEJ (Commission Paritaire Nationale pour l'Emploi des Journalistes), composée d’une vingtaine de représentants du monde professionnel et des syndicats de journalistes. La reconnaissance concerne une dizaine de critères (efficacité du recrutement, enseignements professionnels, moyens techniques à disposition des étudiants… ) et constitue en quelque sorte un gage de la qualité du diplôme. « Un certains nombre d’IUT avaient déjà été reconnus, explique Jacques Araszkiewiez, le chef du département Info Com’. Il nous semblait nécessaire dans notre parcours de demander la reconnaissance. » En découlent certains avantages pour les étudiants, avec notamment un accès plus rapide à la carte de presse « titulaire » (au bout d’un an au lieu de deux). « Sur le marché du travail, une attention spécifique est portée aux étudiants issus des écoles reconnues, rajoute Jacques Araszkiewiez. Certaines rédactions ne recrutent que des étudiants issus des écoles reconnues. ». Selon l’observatoire des métiers de la presse (2012), un journaliste diplômé d’un cursus reconnu en CDI ou en CDD gagne en moyenne 12% de plus qu’un journaliste diplômé d’un cursus non reconnu. . • 22 • Dossier Cela passe dorénavant par l’intégration d’un enseignement détaillé sur les quatre médias. Nous avons aussi inséré l’actualité et une partie très renforcée sur le web avec notamment l’open data et le data journalisme. Buzzles fait le buzz Comment envisagez-vous l’avenir du journalisme dans quelques années ? Il semble évident que le support papier soit amené, à moyen terme, à fortement diminuer au profit de supports qui correspondent aux modes de vie actuels, comme les tablettes. Dans le même temps le prix du papier a augmenté, de même que le coût du service lié au Depuis plus d’un an, les étudiants de l’IUT Cannes peuvent publier les articles papier… Dans une optique écologique, réalisés au cours de leurs exercices pratiques sur le site internet Buzzles. Coc’est une mutation inexorable. Tous encadré par un journaliste professionnel et un maître de conférence, Buzzles les entreprises de presse se posent est enrichi de parutions régulières. « C’est un vrai média, souligne Jacques actuellement la question du point de Araszkiewiez, chef du département info com’. Ça ressemble à un purebasculement et des modèles. Paywall player, sans aucune pub. C’est vraiment travaillé. Les étudiants s’investissent ou structures totalement ouvertes ? là-dedans et apprécient de voir leurs travaux paraître sur le web. » Les Pour le moment, je ne suis pas sûr que internautes aussi apparemment, puisque le site enregistre « environ 10 000 le web offre de véritables alternatives clics par mois ». en terme d’écriture. On est encore http://buzzles.org/ dans une logique d’invention et tout est loin d’être satisfaisant, que ce soit au niveau des schémas proposés ou sur un lieu d’insertion professionnel encore Que représente pour l’IUT la l'équilibre des modèles. Mais nous n’en très réel pour nos étudiants. reconnaissance de la professommes pas à dire que la presse écrite sion obtenue cette année ? va disparaître. Elle représente d’ailleurs Nous avons fêté cette année les dix ans de la création de la formation. L’obtention de cette reconnaissance est donc une étape importante. C’est même quelque chose d’exceptionnel car la procédure préalable est lourde et comprend un examen extrêmement sérieux du diplôme. . . L'audiovisuel, l'un des quatre médias dont la pratique est enseignée à l'IUT. © DR • 23 • Focus Media Radio Côte d’Azur : la webradio qui monte . Par Virginie Kienon En cette rentrée 2013, le média azuréen renouvelle sa grille de programmes. Au menu : un tout nouveau site, des chroniques, des interviews et du live. L ancée en novembre 2012, Radio Côte d’Azur s’est construite autour d’un concept participatif et moderne. À l’heure où les médias « classiques » se conforment aux nouvelles technologies, la webradio niçoise surfe sur le phénomène avec un objectif : se différencier des autres et créer une interaction avec les auditeurs grâce notamment à une application pour smartphones. Une formule qu’Alexandre Bernard, directeur d’antenne a imaginée avec deux amis. Aujourd’hui, l’équipe s’est agrandie : 18 bénévoles se partagent le micro. Ils sont vendeurs, informaticiens, journalistes ou photographes le jour, et le soir, ils endossent leurs costumes de DJ, chanteurs, animateurs et chroniqueurs. Des personnes aux âges et profils différents mais avec une même passion : la radio. © J-P FOUQUES Une force selon Joy Cordier, rédactrice en chef et chroniqueuse : « Aujourd’hui nous formons tous une belle et grande famille. Nous avons chacun nos goûts et une personnalité qui font que nous apportons tous quelque chose dans ce projet. Nous sommes dans le positif. C’est ce qui fait © J-P FOUQUES que nous avons un public large et divers ». Et ça marche. En moins d’un an d’existence, Radio Côte d’Azur réunit près de 20 000 fans sur les réseaux sociaux. L’auditeur au cœur de la radio Les auditeurs peuvent dès à présent découvrir cette programmation repensée qui propose de la musique, de l’info, des bons plans, de l’e-relooking mais aussi la découverte d’artistes azuréens. « Sur notre antenne, nous diffusons chaque jour des titres d’artistes locaux entre 19h et 20h, souligne Joy Cordier. Notre volonté à nous c’était de leur permettre de s’exprimer, de faire un zoom sur la région et tout ce qui s’y passe. Il y a de vraies pépites et nous souhaitons leur donner de la visibilité. » Ainsi, le premier mardi de chaque mois, les émissions hebdomadaires sont remplacées par un live, dans lequel toute l’équipe reçoit un artiste ou un groupe et deux personnalités azuréennes qui viennent parler de leur actualité, le tout devant un public de plusieurs dizaines de personnes, séduites par ce format. Tout comme www. sortir06.com, www.crabedesarts.com et le bar branché « Le Bloom » partenaires de la webradio. Bref, un aspect participatif à plusieurs égards : « Dans notre nouveau site nous avons intégré un forum et un agenda pour que tout le monde puisse s’exprimer et même nous soumettre des articles ou des photos .Tout est fait pour que l’auditeur se sente bien et participe. Le web nous permet d’avoir une diffusion plus importante, une meilleure accessibilité ». Forts de leur succès, la liste d’invités pour les lives de Radio Côte d’Azur est complète jusqu’au mois de décembre avec entre autres : le groupe Kovaine et Miss Côte d’Azur 2013. De quoi entamer la rentrée en beauté. www.radiocotedazur.fr . • 24 • Focus Partenaire Grasse, une ville en mouvement En dépit d’une conjoncture économique difficile, la ville de Grasse et la communauté d'Agglomération Pôle Azur Provence poursuivent leurs efforts pour insuffler un dynamisme sur l’ensemble du territoire grassois. Tour d’horizon des différents secteurs clés. Une industrie des parfums toujours florissante C'est à Grasse qu'est née l'industrie du parfum. Ce pôle a enregistré une nouvelle hausse significative (4%) de son chiffre d’affaires en 2012, avec 421 millions d’euros générés par les 17 entreprises du territoire Pôle Azur Provence. Les exportations vers l’étranger représentent les trois quarts de l’activité globale et sont à l’origine de cette croissance. Conséquence directe : une hausse de l’emploi dans ce secteur (+1 %), pour un total estimé à 1541 postes en 2012. Un développement commercial en hausse Le développement économique des entreprises du Pôle Azur Provence est à la hausse. Une augmentation de 2,5 % du chiffre d’affaires de l’échantillon des 124 entreprises de la communauté a été constatée en 2012, à hauteur de 429 millions d’euros. Une évolution expliquée principalement par la vitalité de l’activité industrielle dont les ventes internationales continuent de prospérer. Les secteurs du commerce et des services enregistrent quant à eux une baisse leurs chiffres d’affaires de 1,5 % par rapport à 2011. En 2012, le territoire Pôle Azur Provence a passé la barre des 7 000 établissements répertoriés (7 001). Cette hausse de 2,5 % est meilleure que celle du département (+1,3 %). Tourisme : le succès des siestes parfumées Le succès des siestes parfumées ne se dément pas. Organisée depuis trois ans pendant l’été, la manifestation a enregistré cette année une fréquentation record. Au total 30 626 personnes - soit 10 000 personnes de plus qu’en 2012 -, ont profité des transats mis à leur disposition et des douces fragrances diffusées dans trois sites de la ville : la place du 24 août, • 25 • Focus Partenaire Avec plus de 30 000 visiteurs en 2013, le succès des Siestes Parfumées ne se dément pas. © VILLE DE GRASSE le jardin du musée de la parfumerie et les jardins de la Villa Fragonard. Preuve que la municipalité a su proposer un événementiel de qualité en lien avec la parfumerie, après le succès de l’exposition du MIP « Le parfum habille la mode ». Fleurs (560 places). Maître de le politique de stationnement, la régie a mis en place cette année le concept de gratuité du stationnement le samedi pour ces parkings. Pendant la semaine, la première demi-heure sera également gratuite afin de favoriser le commerce et le tourisme en centre-ville. En parallèle, la municipalité a développé récemment des zones bleues dans les quartiers Saint-Jacques, Plan de Grasse et Marroniers. La rénovation urbaine est en marche La ville procède actuellement à la rénovation de 97 logements en centre historique dans le cadre du programme de renouvellement urbain. L’îlot Sainte-Marthe (21 logements) est déjà en cours de commercialisation, alors que l’îlot des Moulinets (20 logements) devait être terminé avant la fin de l’année. Suivront, en 2014 puis 2015, l’îlot Pontet Boucherie (9 logements), l’îlot Rêve Vieille (11 logements), l’îlot Mougins Roquefort (9 logements), l’îlot Four Oratoire (création d’un espace public, terrasse et jardin-aire de jeux) et l’îlot Paul Goby ( 14 logements et 2 à 3 commerces). . www.ville-grasse.fr La création de 97 nouveaux logements est prévue dans le centre historique. © VILLE DE GRASSE Une offre de stationnement accrue Confrontée à l’éternelle problématique du stationnement, la ville de Grasse a décidé de placer en régie les parkings La Roque (550 places) et Martelly - Notre dame des " • 26 • Zoom sur l'actu photo zoom sur l'actu phot La page photo Intermed est née en 2008. Elle a pour but de présenter une petite partie du travail du photojournalisme en montrant les deux faces d’une photo : l’image et sa légende originale Sélectionnées par le photographe et traitant d’un évènement du département ayant une portée nationale, ces photos n’ont pas pour autant vocation à être un résumé de l’actualité locale. . Caitlin, an Australian tourist, enjoys the sun on a beach of the Croisette during a hot summer day in Cannes July 31, 2013. Caitlin, une touriste australienne, profite du soleil sur une plage de la Croisette pendant une chaude journée d'été à Cannes, le 31 juillet 2013. © REUTERS / ÉRIC GAILLARD Wine growers pick the grapes in a temporary vineyard next to the Monte Carlo Casino, Tuesday, Sept. 10, 2013 in Monaco, to mark the 150th anniversary of Societe des Bains de Mer. The grape picking will produce some 300 bottles of wine. Les vignerons cueillent le raisin dans un vignoble provisoire à côté du Casino de Monte Carlo, mardi 10 septembre 2013 à Monaco, pour marquer le 150ème anniversaire de la Sociéte des Bains de Mer. Les vendanges produiront environ 300 bouteilles de vin. © AP PHOTO / LIONEL CIRONNEAU