20080903 - Revue Transports OTI
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20080903 - Revue Transports OTI
køNP lÅíçÄêÉ=OMMV= Au sommaire de la Revue Transport de la Direction d’études « Organisation des Transports et Intermodalité » d'octobre 2009, trois articles : - Fret ferroviaire : Rachat conjoint de Veolia Cargo par la SNCF et Eurotunnel ; Fret ferroviaire : Un engagement national pour le fret ferroviaire ; Route : Les trains routiers en Australie : une réglementation innovante au service des performances du transport routier. Mais avant tout, nous voudrions connaître votre avis sur notre revue. Voici maintenant deux ans que nous avons lancé la Revue Transport, avec pour objectif premier, de valoriser la veille économique réalisée par les chargés d'études de la Direction d’études « Organisation des Transports et Intermodalité ». Soucieux de faire évoluer cette revue en fonction de vos attentes, nous vous proposons de remplir un court questionnaire de satisfaction disponible sur le lien suivant : https://spreadsheets.google.com/viewform?hl=en&formkey=dEJEdk5jaS1rYklOOW1qOTBmMGp6cXc6MA Pour mémoire, en 13 numéros, 50 articles ont été publiés sur des sujets relatifs au transport, repartis comme suit : Nombre d'articles publiés Logistique Ferroviaire Fluvial Route Maritime Divers 12 21 6 9 7 2 Nota : chaque article peut être associé à plusieurs thèmes Edito par Damien Orsini, chargé d'études, Direction d'études « Organisation des Transports et Intermodalité » [email protected] Fret ferroviaire 2 Rachat conjoint de Veolia Cargo par la SNCF et Eurotunnel ...............................................2 Fret ferroviaire 4 Un engagement national pour le fret ferroviaire ......................................................................4 Transport routier 6 Les trains routiers en Australie : une réglementation innovante au service des performances du transport routier..................................................................6 Fret ferroviaire Rachat conjoint de Veolia Cargo par la SNCF et Eurotunnel Rédigé par : Pierre Billet-Legros Annoncée en mai 2009, la mise en vente de Veolia Cargo, la filiale de fret ferroviaire du groupe Veolia, devrait se solder d’ici la fin de l’année par une reprise conjointe de l’opérateur par la SNCF et Eurotunnel, sauf avis contraire des autorités de régulation de la concurrence. [email protected] Chargé d'études infrastructures ferroviaires et intermodalité Communiqué de presse : Acquisition de Véolia Cargo par SNCF et Eurotunnel : http://www.geodis.com/2009/cp/02_09_09/SNCF_GEO DIS_EUROTUNNEL_FR.pdf http://www.eurotunnel.com/frcP3Main/frcCorporate/fr cMediaCentre/frcNewsReleases/frcNews2009/frcSept ember2009/frpPr0909Acquisition-Veolia-Cargo.htm (1) Source : «Veolia Environnement met en vente Veolia Cargo», Les Echos - 11/05/2009 2) Source : id. Après une fin d’année 2008 et un premier semestre 2009 lourdement impactés par la crise financière et économique qui a touché tous les transporteurs (à titre d’illustration, la SNCF indique une perte d’un quart de son activité fret sur le premier semestre 2009, dans des proportions équivalentes à celles affichées par la Deutsche Bahn, outre Rhin), Veolia Transport (voyageurs et marchandises) a émis le souhait de se séparer de sa branche Cargo, dans le cadre d’une cession globale de 3 Mds€ (milliards d'euros) d’actifs, dont 1 Md€ au titre de 20091. Avec un endettement de près de 2 Mds€ en 2008, au regard d’un bénéfice en baisse de moitié par rapport à 2007 et s'établissant à 405 M€ (millions d'euros), le groupe Veolia Environnement escompte tirer de la vente de son opérateur ferroviaire de marchandises environ 100 M€. Ce dernier, affichant un chiffre d’affaires de 188 M€ pour l’année 2008, a connu une croissance forte depuis sa création en 2003. Veolia Cargo comptait alors dans son périmètre uniquement les filiales Veolia Cargo Deutschland et Veolia Cargo Benelux et s'est vu adjoindre en 2005 une fililale française composée de Veolia Cargo France, CFTA Cargo et Socorail. Veolia Cargo en France représente environ 50 M€ de chiffre d’affaires en 2008. Enfin, Veolia Cargo a fait l'acquisition en début d’année 2008 de l’opérateur ferroviaire privé allemand Rail4Chem, initialement créé par un consortium de chargeurs des industries chimiques. Cette dernière acquisition avait conduit à une hausse de 60 % du chiffre d’affaires de Veolia Cargo2. (3) Liste des opérateurs détenant une licence er ferroviaire au 1 septembre 2009 : - RAIL4CHEM - SNCB - VEOLIA CARGO - ECR Organisation de Veolia Cargo. Source : www.veolia-cargo.com - CFL - SNCF - VFLI - EUROPORTE 2 - CFL CARGO - COLAS RAIL - TSO Plus d'informations : http://www.securiteferroviaire.fr/fr/modules/cms/fichiers/270/18-082009_Liste%20EF%20certificat%20s%C3%A9curit%C 3%A9.pdf (4) Principalement EWS, Transfesa, prises de participations dans le capital d'opérateurs polonais... Même si Veolia Cargo n'était pas le seul "nouvel entrant" depuis la libéralisation du transport ferroviaire de marchandises3, l'opérateur qui a fait rouler le « premier train de la concurrence » en France en 2005 s’était fait fort de se construire une image d’acteur du renouveau du fret ferroviaire français. L’annonce de sa cession ouvre la question d’un éventuel repreneur. Les entreprises pressenties par les observateurs du secteur n’étaient autres que des opérateurs ferroviaires historiques : la Deutsche Bahn (DB), la SNCF et Trenitalia. La DB, sortant d’une année d’acquisitions nombreuses et lourdes financièrement4 et affectée lourdement par la chute des volumes transportés occasionnée par la crise économique, ne sera finalement pas candidate. Revue Transports OTI – Numero 13 – octobre 2009 Page 2 Au final, le regroupement qui vient de procéder à l'achat de Veolia Cargo est : la SNCF, via sa filiale Transport et Logistique Partenaires, qui reprendrait les activités internationales de Veolia Cargo (Veolia Cargo Deutschland, Nederland, Italia) et Eurotunnel, avec sa filiale Europorte 2, qui reprendrait Veolia Cargo France. La SNCF récupère les portefeuilles et actifs de Veolia Cargo à l’international, avec notamment Rail4Chem bien implanté en Allemagne. Cette nouvelle donne offre à la SNCF la possibilité de concurrencer directement son homologue allemand DB sur son terrain alors que cette dernière est déjà présente en France depuis 2008 via le rachat d’EWS et de sa filiale française ECR. La reprise des actifs de Veolia Cargo par Eurotunnel permet de limiter les doublons des moyens de production (locomotives…) et les risques que les autorités de la concurrence n'analysent cette reprise comme un renforcement de la position de la SNCF sur le marché français. (5) Pour plus d’informations sur Europorte 2 : http://www.eurotunnel.com/frcP3Main/frcCorporate/fr cTheGroup/frcEuroporte2/frpEuroporte2/ (6) Socorail est ainsi très présent dans le Sud Est de la France, sur des installations terminales de grands chargeurs pétrochimiques. Cet opérateur assure également la desserte terminale du port Edouard Herriot à Lyon et une partie de celle du Port du Havre. (7) OFP : Opérateur Ferroviaire de Proximité. Entité qui assurerait la consolidation et l’éclatement des flux sur le réseau ferroviaire secondaire, en articulation avec un opérateur « grande ligne », qui effectuerait la traction de grande distance. Cette entité pourrait également se voir confier la gestion et l’entretien de l’infrastructure. Pour Eurotunnel et sa filiale Europorte 2, les enjeux de cette acquisition sont à analyser au regard de son positionnement actuel : l’opérateur ferroviaire concentre actuellement son activité de traction sur le trafic transmanche entre Fréthun et Dollands Moor en Angleterre, c’est à dire d’un bout à l’autre du tunnel sous la Manche exclusivement5 (sous contrat de sous-traitance pour la SNCF). Les trains de fret, outre manche, étant confiés à EWS (filiale de la DB) dans le cadre d’un partenariat. Par ailleurs, la licence d'exploitant ferroviaire fret, par laquelle Europorte 2 effectue les trafics transmanche, lui permet en théorie de développer son offre à la « grande ligne », sous réserve de certification de ses agents de conduite sur chaque type de train. Ainsi, si le rachat de Veolia Cargo France semble globalement correspondre à la logique d'exploitation ferroviaire actuelle d’Europorte 2, par un accroissement des moyens de production, se pose alors la question de l'utilisation par Europorte 2 de Socorail et CFTA Cargo. La spécialisation des filiales Socorail (prestations de traction, manœuvres, maintenance, chargement et déchargement, formalités administratives sur des installations terminales industrielles ou portuaires6) et CFTA Cargo (gestion et exploitation intégrées de 150 km de lignes secondaires auxquelles l’entreprise est liée par affermage) fait apparaître un domaine d'activité assez éloigné de celui sur lequel se positionne aujourd'hui Europorte 2. Doit-on en conclure qu'Eurotunnel souhaiterait à court terme diversifier son offre de transport ferroviaire vers du transport de wagons isolés (segment de marché principalement responsable des pertes de Fret SNCF -environ 60% des 600M€ affichés pour le premier semestre 2009)? Europorte 2, sera-t-il bientôt le plus grand OFP7 français ? Revue Transports OTI – Numero 13 – octobre 2009 Page 3 Fret ferroviaire Un engagement national pour le fret ferroviaire Rédigé par Damien Orsini : Jean-Louis Borloo et Dominique Bussereau ont présenté6, le 16 septembre en Conseil des ministres, l'engagement national pour le fret ferroviaire. Cette mesure prise dans le cadre du Grenelle Environnement a pour ambition de porter, à l’horizon 2022, à 25 % la part des transports de marchandises alternatifs à la route. [email protected] Chargé d'études transport & logistique (6) Sources et plus d'informations sur site du Ministère de l'Ecologie, de l'Energie, du Développement durable et de la Mer : http://www.transports.developpementdurable.gouv.fr/article.php3?id_article=9046 Carte des projets pour le développement du fret ferroviaire (Source : MEEDDM) Pour passer au "fret ferroviaire de l’avenir", le Gouvernement a décidé de mettre en place un programme de grande ampleur en faveur d’un nouveau transport écologique de marchandises. Dans cette optique, l’Etat, RFF (Réseau ferré de France) et les opérateurs ferroviaires, parmi lesquels la SNCF, ont décidé de lancer un plan d’action national pour le fret ferroviaire. L’objectif de cet engagement national est, à terme, une réduction annuelle de plus de 2 millions du nombre de trajets de poids lourds sur les routes françaises, ainsi qu’une réduction de plus de 2 millions de tonnes des émissions de CO2. Il s’inscrit de ce fait directement dans la continuité des décisions du Grenelle Environnement en contribuant à la politique de report modal, de croissance verte, de création d’activité économique, d’emplois et de réduction des émissions des gaz à effets de serre. Cet engagement repose sur 8 axes principaux : - création d’un réseau d’autoroutes ferroviaires en France (pour mettre les camions sur les trains) ; aide massive au développement du transport combiné (pour mettre des conteneurs sur les trains) ; développement des opérateurs ferroviaires de proximité (OFP) ; développement du fret ferroviaire express (utilisation des lignes à grande vitesse en dehors des heures de pointe pour le transport de marchandises) ; création d'un réseau à priorité d’utilisation fret, dit ROF (réseau orienté fret) ; suppression des goulets d’étranglement et des principaux points de congestion du réseau ferré national ; amélioration de la desserte ferroviaire des grands ports français ; modernisation de la gestion des sillons (amélioration des temps de parcours et du respect des horaires des trains de fret). L'engagement national sera marqué en 2009 par le lancement de plusieurs opérations en faveur du fret ferroviaire : (7) Plus d'information sur l'état d'avancement du projet loi : http://www.developpementdurable.gouv.fr/article.php3?id_article=5931 http://www.assembleenationale.fr/13/dossiers/transports.asp - le lancement d'un appel d'offres franco-italien pour le service de l'autoroute ferroviaire alpine entre Lyon et Turin ; l'approbation ministérielle de l’avant-projet sommaire de la partie nord du contournement ferroviaire de l’agglomération lyonnaise (CFAL) et des études préliminaires de la partie sud du CFAL ; le lancement de l'appel d'offres du contournement ferroviaire de Nîmes et Montpellier ; le doublement des fréquences des navettes d'autoroutes ferroviaires Luxembourg-Perpignan ; l'augmentation de l'aide à l'exploitation du transport combiné (passage de l'aide au transbordement de 12 € à 15,6 € ; la promulgation de la loi permettant la création de l'autorité de régulation des activités ferroviaires (ARAF) 7 et l'émergence d'opérateurs ferroviaires de proximité (ORF) ; Revue Transports OTI – Numero 13 – octobre 2009 Page 4 Carte du réseau orienté fret (Source : MEEDDM) - la création d'opérateurs ferroviaires portuaires au Port du Havre et au Port de la Rochelle ainsi que 3 autres opérateurs ferroviaires au moins en région ; la création autour de la SNCF d'un consortium français de grande vitesse marchandises ; l'augmentation de 50 % du nombre de trains du transport combiné sur l'axe Lille-Perpignan ; le lancement par la SNCF d'un appel d'offres pour des wagons multimodaux ; la création autour de la SNCF d'un champion français du combiné. Un investissement public de plus de 7 milliards d’euros d’ici à 2020 est ainsi engagé en faveur du fret ferroviaire. Une concertation sera organisée concernant cet engagement national et un comité de suivi sera mis en place. Il sera chargé de suivre l’avancement de la mise en œuvre du programme à l’aide d’un tableau de bord qui sera diffusé tous les trimestres. De son côté la SNCF a approuvé lors de son conseil d'administration du 23 septembre dernier son "schéma directeur pour nouveau transport écologique de marchandises"8. Ce plan s'organise autour de neufs projets industriels : - (8) sources : Le communiqué de presse de la SNCF : - http://www.sncf.com/resources/fr_FR/press/kits/PR00 01_20090923.pdf - La SNCF présente à son tour son plan de relance du fret , WK-Transport, le 23/09/09 : - http://www.wk-transportlogistique.fr/actualites/detail/15283/la-sncf-presentea-son-tour-son-plan-de-relance-du-fret.html# - Fret SNCF : un plan en neuf axes pour sortir du rouge, Le Monde, le 23.09.09 : http://www.lemonde.fr/economie/article/2009/09/23/fre t-sncf-un-plan-en-neuf-axes-pour-sortir-durouge_1244074_3234.html Fret: la SNCF met un milliard d'euros sur la table, les syndicats dubitatifs, AFP, le 22.09.09 : http://www.google.com/hostednews/afp/article/ALeq M5jZXTT0xBokp8c9WQJaKmB1rn_ejQ - Développer l’offre de transport en trains massifs à l’échelle européenne, (création de 4 transporteurs spécialisés : transport combiné et autoroutes ferroviaires ; produits agricoles et de carrière ; charbon & sidérurgie et enfin hydrocarbure, chimie, automobile), Substituer au réseau du wagon isolé un ensemble de lignes « multi-lots / multi-clients » pour massifier la plus grande partie du wagon isolé, Construire un service « sur-mesure » pour les clients actuels du réseau du wagon isolé, Accélérer le développement du transport combiné terrestre, maritime et fluvial, Développer l’offre en matière d’Autoroute Ferroviaire (création de 4 autoroutes ferroviaires d'ici 2015), Créer des opérateurs ferroviaires de proximité (notamment en créant des opérateurs ferroviaires en zones portuaires), Développer le transport ferroviaire de marchandises à Grande et Très Grande Vitesse, Poursuivre des démarches innovantes en matière de logistique urbaine (comme celle de Monoprix), Créer un réseau de plateformes multimodales maritimes et terrestres. L'ensemble de ce plan qui s'étalera jusqu'en 2015 représente un investissement de 1 milliard d'euros. L'objectif fixé est de ramener l'activité fret à l'équilibre d'ici 2013. Le volet social de ces mesures sera abordé lors de tables-rondes proposées par la direction de l'Entreprise aux organisations syndicales. Dans un contexte où les acteurs économiques sont à la recherche d'alternative à leurs schémas de transport actuels, les effets escomptés de ces annonces sont attendus avec grand intérêt. L'année 2010 devrait s'avérer dynamique de ce point de vue. Revue Transports OTI – Numero 13 – octobre 2009 Page 5 Transport routier Rédigé par : Matthieu BERENI [email protected] Chargé d'études analyse du transport routier de marchandises (9) Voir le rapport Divine (Interaction dynamique entre véhicules et infrastructures) publié en 1998 et disponible à l'adresse : http://www.oecd.org/dataoecd/8/57/2754406.pdf (10) Compte-rendu de la mission OCDE/FIT, disponible sur l'intranet du Sétra : http://intranet2.setra.i2/Australie-reunion-plenieredu.html (11) Australian Transport statistics 2007, disponible à l'adresse : http://www.ara.net.au/dbdoc/Australian%20Transport %20Statistics%202007.pdf Les trains routiers en Australie : une réglementation innovante au service des performances du transport routier Dans la continuité des réflexions engagées sur le thème de l'interaction entre les véhicules lourds et leur environnement9, le Sétra et le LCPC ont activement participé aux travaux d'un groupe conjoint OCDE/FIT sur l'amélioration des performances, de l'exploitation et de la réglementation applicable au transport routier de marchandises. Le groupe s'est réuni plusieurs fois depuis sa création en septembre 2007. Afin de partager leur expérience d'une politique des transports audacieuse, les représentants australiens ont convié le groupe à un séminaire d'échanges fin 2008, en Australie. Les résultats issus de ces deux années de travail en commun feront l'objet d'une publication OCDE/FIT d'ici la fin de l'année 2009. Le compte-rendu de cette mission en Australie est disponible sur le site Intranet du Sétra10. Un contexte particulier favorable à l'utilisation des trains routiers Avec une population égale au 1/3 de celle de la France et une superficie 14 fois plus grande (7,7 millions de km²), l'Australie possède une faible densité de population par rapport à la plupart des pays européens. L'essentiel de la population australienne se concentre sur la côte sud-est du pays, entre Brisbane et Adelaide et plus particulièrement entre Melbourne et Sydney. Les enjeux y sont donc nécessairement différents sur plusieurs aspects. Avec 33 000 km de voies ferrées, la taille du réseau ferroviaire australien est similaire à celle de la France. Ce réseau s'articule autour de deux grands axes : le 'transcontinental Indian Pacific' qui parcourt le pays d'Ouest en Est et 'l'Afghan Express' qui relie Darwin au Nord à Adelaide au Sud. Quant au réseau routier (350 000 km de chaussées), il permet de relier les principales villes australiennes tout en garantissant une desserte fine des principales aires métropolitaines. En outre, l'Australie a connu ces dernières années un essor considérable de son industrie minière, qui requiert le transport de millions de tonnes de fret des lieux d'extraction vers les lieux de traitement des minerais ou vers les terminaux ferroviaires. Dans ces conditions, l'examen des données statistiques relatives au transport de fret en Australie11, montre sans surprise que plus de la moitié du fret, en volumes, est transporté par la route tandis qu'une majorité du fret, en tonnes.kilomètres, est transportée par le fer. Figure 1 - Répartition du transport de fret par mode en 2005 en Australie (en millions de tonnes). Source (10) Transport maritime 2% Transport routier 72% Revue Transports OTI – Numero 13 – octobre 2009 Transport ferroviaire 26% Figure 2 - Répartition du transport de fret par mode en 2005 en Australie (en milliards de tonnes.kilomètres).Source (10) Transport maritime 25% Transport ferroviaire 39% Transport routier 36% Page 6 Des normes de performance pour le secteur routier Dans les années 90, quatre pays ont mené des études visant à moderniser la réglementation encadrant le transport routier de marchandises. Ces quatre pays sont le Canada, l'Australie, la Nouvelle-Zélande et les Etats-Unis. Alors que la réglementation de l'usage des véhicules lourds fait principalement appel à des règles prescriptives qui ont évolué sur une longue période et qui diffèrent selon les pays, voire au sein d'un même pays, ces quatre pays ont étudié l'opportunité d'une réglementation qui déciderait de l'usage des véhicules en fonction de leurs performances. L'Australie, le Canada et la Nouvelle-Zélande, les trois pays qui ont le plus progressé dans la mise en œuvre de réglementations fondées sur les performances, sont les pays qui font le plus appel aux attributs de performance des véhicules. Parmi les différents Etats composant la fédération australienne, l'Etat de Western Australia, dont l'activité minière est en plein essor depuis plusieurs années, a pu tirer profit de l'adoption des normes de performance pour le secteur routier. Jusqu'en 1980, les poids et dimensions des PL y étaient respectivement limités à 38t et 17m. Peu après, le PTRA (Poids Total Roulant Autorisé) des PL a été relevé à 55t. Au milieu des années 80, des essais ont eu lieu avec des PL "B-doubles" canadiens pouvant transporter deux conteneurs de 20 pieds. Puis dès la fin des années 1990, des trains routiers de 36,5 m de long et de 128 tonnes circulaient sur les routes de Western Australia. Figure 3 Transport de minerai de fer dans l'Etat du Western Australia Figure 4 Exemples de véhicules autorisés en Western Australia Revue Transports OTI – Numero 13 – octobre 2009 Page 7 Les "Performance Based Standards" (PBS) en Australie (12) Des normes de performance pour le secteur routier", OCDE, 2005, disponible à l'adresse : http://www.oecdbookshop.org/oecd/display.asp?K=5 LGPBVP7VW5K&LANG=FR (13) Présentation des performance based standards sur le site internet de la NTC : http://www.ntc.gov.au/ViewPage.aspx?documentid=1 158 Mesure de la performance "débord avant" Mesure de la performance "trajectoire balayée à faible vitesse" Ainsi, avec des combinaisons routières dont le poids total roulant autorisé dépasse fréquemment les 100 tonnes, les politiques de transport jouent un rôle crucial en Australie pour maintenir un niveau de sécurité routière élevé. D'autres enjeux environnementaux, sociétaux ou industriels sont également au cœur de ces politiques. En 2005, l'OCDE s'est intéressée à l'approche PBS et a publié un rapport à ce sujet12. Puis, l'utilisation des normes de performance a été décidée par le Conseil des Gouvernements Australiens (COAG) en 2007. Pour autoriser la circulation de véhicules plus lourds et/ou plus longs, les autorités australiennes utilisent donc une méthodologie d'évaluation et de suivi des performances de ces véhicules. La Commission Nationale des Transports13 a contribué à la réalisation de cet objectif, en proposant 15 indicateurs relatifs à la sécurité routière et 4 indicateurs relatifs aux infrastructures. A l'opposé de normes strictes qui spécifient l'ensemble des caractéristiques 'maximales' des véhicules (cf. le code de la route français ou les directives européennes), les normes de performance s'appliquent à décrire le comportement souhaité du véhicule. Elles constituent les critères destinés à établir si les véhicules satisferont les normes de sécurité et de protection des infrastructures requises pour circuler dans le cadre de l'approche retenue. Les niveaux des performances sont fonction du type de réseau que le véhicule va emprunter (4 niveaux sont distingués en fonction des chaussées et ouvrages d'art traversés). Seuls les véhicules dont les performances sont satisfaisantes au regard des critères retenus, sont autorisés à circuler sur le réseau routier de chaque Etat australien. Quelques exemples de performances évaluées dans le cadre de la méthodologie PBS sont illustrés ci-contre. Concrètement, les transporteurs ou les manufacturiers qui souhaitent obtenir l'autorisation de circuler pour un véhicule donné, demandent à l'un des bureaux d'études habilités par la NTC, une évaluation des performances de ce véhicule vis-à-vis des normes PBS. Le bureau d'études conduit les tests et simulations requises grâce à un logiciel dédié. Si le véhicule passe les tests de performance avec succès, le bureau d'études soumet ensuite le dossier pour approbation à une commission, composée de représentants des différents Etats. Enfin, le transporteur ou le manufacturier doit demander une autorisation de circuler au gestionnaire des routes sur lesquelles le véhicule sera affecté. Mise en place d'une stratégie "fret" pour un meilleur respect de la réglementation en Australie Mesure de la performance "seuil de renversement latéral" La stratégie spécifique au transport de fret mise en place en Australie s'articule autour d'un principe simple – il est possible d'adapter la réglementation pour répondre au mieux aux besoins des chargeurs et des transporteurs routiers ; en échange de ces adaptations, ces derniers s'engagent à un respect scrupuleux de la réglementation. Cette stratégie repose sur trois piliers : la sécurité routière, une meilleure adéquation des poids lourds et des routes qu'ils empruntent, un respect scrupuleux de la réglementation. L'amélioration de la sécurité routière est obtenue en agissant simultanément sur plusieurs points : l'utilisation des nouvelles technologies embarquées, des actions ciblées sur la sécurité routière par l'intermédiaire d'un schéma gouvernemental d'accréditation, un renforcement des contrôles, etc. Revue Transports OTI – Numero 13 – octobre 2009 Page 8 L'adéquation du véhicule et de l'infrastructure doit permettre d'augmenter la productivité du transport routier de marchandises, sans se faire au détriment de la sécurité routière, sans causer une usure accrue de l'infrastructure, sans obligation d'adapter les infrastructures existantes et tout ceci avec de meilleures conditions de respect de la réglementation. Pour y parvenir, plusieurs outils proposés tels que: le relèvement des masses maximales autorisées, l'utilisation de trains routiers B-triple (36,5 m de long, PTRA de 82,5 t) et AB-triple (PTRA jusqu'à 113 t), l'utilisation des semi-remorques quadridem ou le dispositif de restriction d'accès intelligent (IAP). Figure 6 Relèvement maximales autorisées des masses Figure 5 Trains routiers B-triple et AB-triple Figure 7 Train routier B-triple L'IAP (Intelligent Access Program) est une solution innovante de gestion du trafic routier qui utilise le système GPS pour s'assurer du respect des restrictions d'accès par les véhicules lourds. Il a pour but de garantir aux transporteurs routiers une utilisation optimale du réseau routier tout en répondant à leurs besoins, et il contribue ainsi à un usage optimal de l'infrastructure routière en termes de productivité, de sécurité routière et de sûreté des marchandises. Lorsque les conditions d'accès ne sont pas respectées par un véhicule, un rapport de non respect (non compliance report) est établi par l'autorité routière en charge du réseau concerné. Figure 8 Suivi télématique des véhicules en temps réel et détection d'un trajet non conforme en centre-ville (pointillés rouges) par l'intermédiaire de l'IAP Revue Transports OTI – Numero 13 – octobre 2009 Page 9 L'IAP contribue ainsi à un meilleur respect de la réglementation, au côté d'autres outils (aires de pesée des véhicules lourds, ponts instrumentés, portiques équipés de caméras de contrôle, etc.). Définition de 3 niveaux d'infraction sur la masse Une réforme de la réglementation en Nouvelle-Galles-du-Sud Une réforme importante de la réglementation du transport de fret, déclinée en trois points, a eu lieu en 2007. • Un classement des infractions a été établi. Trois types d'infraction sont distinguées en fonction du niveau de dommage causé à l'infrastructure et de la distorsion de concurrence causée par ce dépassement de la masse maximale. Les infractions sont respectivement qualifiées de mineures, substantielles et sévères. • La question de la responsabilité a également été repensée, en faveur d'une plus grande responsabilisation de chacun des acteurs de la chaîne logistique. Alors que le transporteur était traditionnellement le responsable désigné de toute infraction, la nouvelle réglementation examine l'ensemble de la chaîne logistique, du chargeur au destinataire, afin de départager les responsabilités de chacun, conduisant au non-respect de la réglementation le cas échéant. • Enfin, les amendes et pénalités imposées en cas de non-respect de la réglementation ont été revues. Les trois premiers niveaux correspondent à une notification graduée. L'entreprise reçoit des avertissements lui indiquant un non-respect de la réglementation. A ces trois premiers degrés correspondent des sanctions administratives et des amendes peu élevées. Les cinq degrés suivants relèvent de la répression plus 'avancée'. Ils correspondent à des amendes plus élevées, des pénalités sur le bénéfice des entreprises, jusqu'à l'interdiction provisoire ou permanente d'exercer le métier concerné par l'infraction. Le partage des responsabilités au sein d'une 'chaîne' des responsabilités Signalisation spécifique aux trains routiers Figure 9 Train routier B-triple (36,5m et 87,5t) sur une aire de contrôle près de Perth Le partage de l'expérience Les échanges ayant lieu dans le cadre de ce groupe de travail ont permis de constater à quel point une approche réglementaire fondée sur les performances pouvait permettre d'améliorer les systèmes de transport - sous certaines conditions qu'il convient de discuter avec l'ensemble des acteurs de Revue Transports OTI – Numero 13 – octobre 2009 Page 10 la chaîne de transport - en favorisant l'innovation et une adoption plus rapide des nouvelles technologies, au bénéfice de la société. Ces expériences enrichissent le débat en appréhendant, avec des approches différentes, des questions qui sont tout aussi stratégiques en Europe. Revue Transports OTI – Numero 13 – octobre 2009 Page 11 La Revue Transport est une publication bimestrielle de la Direction d’études « Organisation des transports et intermodalité » du Service d’études sur les transports, les routes et leurs aménagements. Elle rassemble des articles traitant des sujets relatifs aux transports de marchandises et est alimentée par la veille économique réalisée par les différents Chargés d’études : • Damien Orsini, logistique ; • Matthieu Bereni, poids-lourds et transport routier de marchandises ; • Hervé Huard, modélisation de la demande de transport de marchandises ; • Pierre Billet-Legros, infrastructures ferroviaires et intermodalité ; • Dominique Grilly, services ferroviaires. Directeur d'études OTI. Contact [email protected] Abonnement - Désabonnement En cliquant sur le lien suivant vous pouvez demander votre abonnement ou désabonnement : Abonnement à la Revue Transports OTI. Désabonnement de la Revue Transports OTI. Document imprimé par téléchargement à partir des sites web du Sétra : - Internet : http://www.setra.developpement-durable.gouv.fr - I 2 (réseau intranet du ministère de l'Equipement) : http://intra.setra.i2 Directeu r de la publication : Philippe Redoulez – Directeur du Sétra Conception graphique : Sétra L'autorisation du Sétra est indispensable pour la reproduction même partielle de ce document. © 2007 Sétra