La revue «MET MAR» et la météo maritime

Transcription

La revue «MET MAR» et la météo maritime
AAM
association
association des
des anciens
anciens de
de la
la météorologie
météorologie
bulletin quadrimestriel ♣ 2/3 - 2013- le numéro : 6 €
numéro 171
sommaire
du numéro 171
Édito de Michel Beaurepaire
page 2
LA VIE DE L’ASSOCIATION
• Quand l’AAM rend visite
à l’ANRAAM
• Voyage au maroc,
d’une cité impériale à l’autre
• Visite du Synchroton-soleil
à Saclay
• Les nouveaux administrateurs
• Hommage aux disparus
du Laplace
• Journée rencontre «Ouest»
à Brest
• 43e assemblée plénière
du conseil supérieur
de la Météorologie
page 16
AU TEMPS PASSÉ
page 19
ACTUALITÉS MÉTÉO
page 20
SOUVENIRS ET TÉMOIGNAGES
• La revue «MET MAR»
et la météo maritime
française
• L’hiver 2012-2013:
un long tunnel
humide et frais
• Hommage à André Lebeau
• La station de Château-Chinon
• Histoire
de l’avion Émeraude
page 26
TRIBUNE LIBRE
page 28
DERNIÈRE MINUTE
page 31
INFOS SOCIALES
• Anecdote :
La dame du Bourget
• Photos souvenirs
• Météo et France
• Compte-rendu
• Revalorisation
du conseil
des pensions
d’administration (juin 2013) • pélèvement
• Rencontre
pour la dépendance
AAM-PDG Météo-France
(juillet 2013)
Édito
Se préparer au changement climatique :
un défi pour Météo-France
« Changement climatique » qui n’a pas entendu ces mots ? Dès qu’il est question de
climat, cette expression est de plus en plus souvent citée. L’air à la surface de la terre se réchauffe, c’est un fait bien réel. Cette constatation se vérifie entre autres avec
les archives des services météorologiques nationaux. Qu’elles soient mensuelles ou
annuelles, les températures moyennes les plus élevées se situent de la fin du
XXe siècle jusqu’à nos jours.
Si le réchauffement de la planète d’ici la fin du siècle est de plusieurs degrés comme
le laissent supposer les modèles climatiques, notre vie au quotidien sera profondément modifiée. Aussi, face aux vagues de chaleur, aux phénomènes météorologiques
dangereux de plus en plus violents, aux anomalies climatiques sévères et à la soudaineté des évènements qui nous attendent dans les décennies à venir, nous devrons
adapter nos comportements et avoir recours aux services climatiques afin de suivre
leurs conseils comme c’est déjà le cas avec la procédure de vigilance météorologique
mise en place par Météo-France en octobre 2001.
En amont, les services climatiques doivent s’adapter face au changement climatique
qui s’intensifie de plus en plus chaque jour. L’Organisation météorologique mondiale apporte son soutien et responsabilise chaque service météorologique dans cette
démarche. Les climatologues ont donc la nécessité d’être bien armés, bien préparés,
de prendre en compte toutes les échelles de temps pour la traversée d’un futur de
plus en plus chaud et chaotique. Ce sont eux qui vont prodiguer des conseils, informer les populations afin que chacun puisse adopter les comportements les mieux
adaptés aux futures conditions climatiques. Pour cela, il est nécessaire qu’ils soient
bien préparés et formés.
Bien conscient de cette évolution et des défis à relever, Météo-France organise deux
actions phares. Pour la formation de ses propres climatologues est lancé en interne
le projet COCLICO, plan de formation de la climatologie en région. Et à l’international
en liaison avec l’Organisation météorologique mondiale, il est créé un stage anglophone de deux semaines dont l’un des objectifs est d’aider les services météorologiques étrangers à homogénéiser les données climatiques. Un défi d’envergure, un
besoin fort où chacun attend des équipes de Météo-France un soutien météorologique à la hauteur de l’ampleur de ce changement sans précédent.
MICHEL BEAUREPAIRE
arc en ciel, bulletin de l’association des anciens de la météorologie, numéro 171
«
LA VIE DE L’ASSOCIATION …
Quand l’AAM
rend visite
à l’ANRAAM*
ans le numéro 170 d’Arc en Ciel
D
vous avez pu lire en page 25 un article présentant l’ANRAAM, l’associa-
tion homologue de la notre au Maroc.
Lors du voyage touristique de l’AAM
au Maroc qui s’est déroulé du premier
au huit avril 2013, nous avons consacré l’après midi de notre arrivée à une
rencontre avec des membres de
l’ANRAAM et de la Météorologie nationale de ce pays.
Dès l’arrivée du premier groupe de
l’AAM vers 15h locales, en provenance
de Toulouse, à l’hôtel Morrocan House
à Casablanca, Mohamed Sabre, président de l’ANRAAM accompagné des
membres du bureau, nous attendait
(photo N° 1) . Nous avons pu faire la
connaissance de celui avec qui nous
avions correspondu par courriel depuis
déjà près de deux ans. Dans l’attente
de l’arrivée du groupe des Parisiens qui
s’est fait un peu attendre, suite à un retard de l’avion, les premiers souvenirs
communs ont pu s’échanger autour
d’un thé à la menthe servi par l’hôtel en
guise de bienvenue.
A la descente du car du groupe en
provenance de Paris, j’ai pu présenter
à Mohamed Sabre les membres du bureau de l’AAM qui nous avaient rejoint
ainsi que les participants à notre voyage, en particulier Jean-Jacques Vichery
qui avait initié les premiers contacts
avec l’ANRAAM.
Le temps de poser les bagages et de
faire un peu de toilette, nous voilà repartis en car vers la Direction de la Météorologie nationale où nous attendait
Si A Mokssit, le directeur général en
personne, et ses collaborateurs.
Nous prîmes alors la direction de la
salle du Conseil pour la cérémonie
protocolaire organisée par l’ANRAAM
et la DMN du Maroc afin de signer un
protocole d’accord de coopération entre les deux associations.
Si A Mokssit (Directeur de la Météorologie nationale du Maroc)a pris la parole pour nous souhaiter la bienvenue. Il a ensuite rappelé les missions
essentielles de la Météorologie Marocaine en matière de protection des
biens et des personnes.
Il a souligné les progrès accomplis depuis plusieurs années dans ce domaine notamment grâce à la coopération
avec Météo-France, qu’il juge exemplaire et indispensable.
A mon tour j’ai souligné la nécessité
de poursuivre les contacts entre les
météorologistes des deux pays au-
delà de leur vie professionnelle en
nouant des liens d’amitié qui permettent un véritable rapprochement entre
nos cultures.
Mohamed
Sabre (Président de
l’ANRAAM) a, quant à lui, insisté sur le
souhait de voir se créer, sur la base
des liens entre l’AAM et l’ANRAAM,
une association internationale des anciens météorologistes.
Nous avons tous regretté l’absence de
notre collègue Jean Galzy, qui a longtemps dirigé les services météorologiques marocains et qui pour des raisons de santé n’a pas pu participer à
ce voyage.
A l’issue de la lecture du protocole
d’accord qui prévoit cinq domaines de
coopération :
- le domaine technique, scientifique,
culturel et éducatif.
- le soutien aux membres des deux associations.
- les échanges d’information en matière de retraite et de couverture sociale.
-le domaine des loisirs
- les relations internationales.
Il a été procédé à sa signature par Mohamed Sabre et moi-même. Le protocole a été ensuite contresigné par
Si A Mokssit et notre président
d’honneur Jean-Jacques Vichery
(Photo 2 et 3).
*Association Nationale des Retraités, des Anciens et des Amis de la Météorologie du Maroc
Photo 5: l’ensemble des participants avec les cadeaux de l’ANRAAM (tableaux peints par des artistes peintres membres de l’ANRAAM)
2
arc en ciel, bulletin de l’association des anciens de la météorologie, numéro 171
La vie de l’association…
Photo 1 : Christian Lefèvre
(membre de l’AAM) au
centre et Mohamed Sabre
(président de l’ANRAAM) à
gauche à l’hôtel de Casablanca.
Un échange de cadeaux a suivi cette
signature, c’est ainsi que l’AAM a
reçu une superbe théière en argent et
deux magnifiques tableaux peints par
deux membres de l’ANRAAM messieurs Elmostafa EKLANSARI, et Abdelali ANNOUNI. Ces tableaux ont été
installés en bonne place pour décorer
notre local à Saint Mandé. L’ANRAAM
a reçu une enveloppe philatélique
premier jour dédicacée par le graveur
du timbre relatif aux journées mondiales de la Météorologie, une cravate de l’AAM et des livres sur la Météorologie écrits par Jean-Pierre Chalon.
Un cocktail, offert par la DMN a clôturé cette cérémonie de signature
avant que les principaux chefs de service nous fassent visiter leurs installations. Cet aperçu, notamment dans
les services informatiques et de la
Prévision (photo 4), nous a permis
de mesurer les progrès accomplis
dans ces domaines par nos collègues.
Avant de nous séparer, une photo de
groupe prise dans le hall de la DMN
(photo 5) a permis d’immortaliser ce
grand moment.
Je remercie encore au nom de l’AAM
nos collègues marocains pour leur
accueil chaleureux et leur amitié sincère. Nous ferons en sorte que cet
accord de coopération puisse renforcer les liens entre nos deux pays.
Photo 2 : la signature du
protocole : de gauche à
droite, Mohamed Sabre
(président ANRAAM), SI A
Mokssit (directeur de la
Météorologie du Maroc),
Jean-Louis Plazy (président de l’AAM) et JeanJacques Vichery (président
d’honneur de l’AAM)
Photo 3 : l’échange des documents : de gauche à
droite, Mohamed Sabre
(président ANRAAM), SI A
Mokssit (directeur de la
météorologie du Maroc),
Jean-Louis Plazy (président de l’AAM)
JEAN-LOUIS PLAZY
Photo 4 :
la salle de prévision
Crédit Photos : M. Hassan commandité par le président de l’ANRAAM
arc en ciel, bulletin de l’association des anciens de la météorologie, numéro 171
3
La vie de l’association…
Le groupe AAM
ous partîmes 23 et, par un
N
prompt renfort, nous nous vîmes 43 en arrivant au port ...
«
Voyage
au Maroc,
d’une cité
impériale
à l’autre
du 1er au 8 avril 2013
ou plutôt à l’aéroport de Casablanca. En effet, les uns sont partis de
Paris, les autres de Toulouse.
Météorologiquement, nous n’avons
pas été très dépaysés : les pullovers étaient bien venus et les pelouses très verdoyantes ... : une
pluie, qualifiée ici de «bienfaitrice»,
était tombée ici depuis une semaine. De même, du point de vue architectural, la route moderne qui relie
l’aéroport à Casablanca nous présente, après une succession de
champs géométriques, de hauts
buildings modernes.
C’est l’entrée en matière d’une cohabitation naturelle entre tradition
et modernité.
Dans le car nous menant à l’hôtel,
l’accompagnateur nous fait la présentation de son pays : « Le Maroc
est une monarchie ; son jeune roi,
Mohammed VI, est apprécié pour
l’esprit de tolérance qu’il a instauré, sa lutte contre la corruption et
pour le virage moderne qu’il a su
imprimer à l’économie de son pays,
tout en essayant, parallèlement, de
poursuivre une politique sociale
d’éradication des bidonvilles. Si les
deux langues officielles sont
4
l’arabe et le Tamazight, le français
est compris par tous ceux qui ont
bénéficié d’un parcours scolaire
minimum (le taux d’alphabétisation est d’environ 75%). Le pays se
situe dans la région du Maghreb,
s’étend sur une superficie de
446 550 km2 (710 850 km2 en
comptant le Sahara occidental),
compte 1835 kilomètres de côtes et
abrite 32,5 millions d’habitants.
Les grandes villes sont groupées à
l’ouest du pays en raison de
l’attrait de la mer et de la présence,
à l’Est, des hautes montagnes de
l’Atlas qui culminent à 4 100 mètres. Elles réunissent une majorité
de la population mais ont, chacune, leur spécificité : Casablanca, la
blanche, plus grande ville du pays,
est la capitale économique mais la
capitale administrative et politique
est Rabat ; la capitale spirituelle est
Fès, la capitale agricole, Meknès, le
plus grand port de commerce, Tanger et le plus grand port de pêche,
Agadir. Marrakech, ville impériale,
est la première ville touristique».
Nous découvrons nos chambres
d’hôtel au décor tout droit sorti des
Mille et Une Nuits (photo 1), puis
bravons à nouveau, en sens inverse, les encombrements de 18 heures pour nous rendre à la cérémonie officielle de jumelage de l’AAM
arc en ciel, bulletin de l’association des anciens de la météorologie, numéro 171
La vie de l’association…
avec l’association sœur du Maroc.
Après les intéressants discours des
personnalités et les échanges de
cadeaux, un apéritif fourni en nombreuses délicieuses pâtisseries
orientales nous y sera offert, suivi
d’une toute naturelle visite du centre météo national (voir page 2).
Le lendemain, un petit déjeuner
pantagruélique nous proposait encore toutes sortes de petits gâteaux, un délicieux thé vert et de
juteuses mandarines locales. Pendant le trajet vers la Mosquée Hassan II, l’accompagnateur nous fait
observer la forte présence française dans le pays (le Maroc a été
sous protectorat français jusqu’en
1956), les noms des rues et des
places, le style des bâtiments administratifs, mais aussi les bus
verts type RATP, le tramway, la
Lyonnaise des Eaux, ... Cependant,
il ne faut pas sous-estimer la vigoureuse présence économique
espagnole (magasins, hôtels, …).
Au long des rues, d’innombrables
chantiers de construction en cours,
mais aussi, parfois, à l’arrêt.
À l’arrivée devant la Mosquée
(photo 2), le saisissement est intense devant la majesté et la pureté de
cet ensemble, conception conjointe, au XXème siècle, d’un architecte
français et de 50 architectes locaux.
Cette «cité de la religion», érigée en
partie sur la mer, comprend, outre
son immense salle de prière pouvant abriter 25 000 personnes, salle d’ablutions, médiathèque, école
coranique, … De cette merveille tant
technologique qu’artistique, entièrement ouvragée, réalisée en un
temps-record par 3 300 artisans,
nous allons pouvoir apprécier, grâce à un guide passionnant, la valeur
et le symbole de chaque détail,
tous joyaux de marqueterie, de mosaïque ou de sculpture, réalisés
dans les matériaux les plus nobles.
La perspective de paix et de tolérance qui a régné dans la conception fait cohabiter un peu partout
l’étoile à 5 branches des 5 piliers de
l’islam avec l’étoile de David, la coquille de Saint Jacques de Compostelle et la fleur de lotus. Un monumental toit ouvrant, monté sur glissières, assure l’aération de son immense salle de prière. Le minaret,
construit dans la pure tradition arabo-andalouse, est le plus haut du
monde (210 mètres).
Après une traversée des quartiers
«chics» de la ville (opulentes villas
des princes d’Arabie Saoudite,
grands cabarets, commerces de
luxe, …) et un repas de fritures de
poissons, nous prenons la route
vers Rabat.
«Ribat» signifie forteresse. Nous
pénétrons dans l’enceinte d’une
ville dans la ville : le Palais Royal,
siège du gouvernement et de tout
ce qui s’y attache. Ressortant par
l’étroite porte dite «du Haut Commandement», nous parcourons le
quartier des ambassades et des ministères. Ici, comme dans tout le
pays, ces bâtiments officiels sont
montés en briques rouges et leurs
toits en tuiles vertes (couleur de
l’islam). Puis, nous traversons la
Kasbah, succession de petits commerçants dont les articles sont souvent étalés sur le sol dallé de galets. Un arrêt pour apprécier
l’emblème de la ville : la grande
tour Hassan II avec ses zelliges en
faïences polychromes … prestigieux
décor pour un nid de cigognes ! Un
autre arrêt pour le Mausolée Mo-
1
Une des chambres
2
La mosquée Hassan II
3
mausolée Mohammed V
arc en ciel, bulletin de l’association des anciens de la météorologie, numéro 171
5
La vie de l’association…
hammed V (photo 3), où, un timing
remarquable nous permet d’assister à la relève de la garde à cheval.
Á noter que de nombreuses rues
sont ornées d’arbres colorés : anacardiers et orangers (aux oranges
amères non comestibles).
4
des remparts de Meknès
5
la porte de Bab El Mansour
6
les greniers d’Ismaïl
7
Volubilis sous les nuages
6
En direction de Meknès, la route
longe d‘innombrables champs
d’oliviers et d’orangers (délicieuses, celles-là). Á l’arrivée, rencontre amusante, dans notre hôtel qui
affiche complet : une course cycliste, le Tour du Maroc, se déroule cette semaine et fait étape ce jour à
Meknès. Sportifs et managers
s’affairent, un alignement de vélos
occupe le hall d’entrée, l’agitation
est à son comble. Cet hôtel, au style occidental, si différent de celui
de Casablanca, avec son décor ultramoderne impersonnel, est apprécié par certains d’entre nous et
en déçoit d’autres.
Meknès a été fondée au Xe siècle et
fortifiée plus tard. Moulay-Ismaïl assura son essor. La ville est, en fait,
partagée en deux villes, l’ancienne
et la nouvelle, toutes deux entourées de remparts (photo 4) percés
de nombreuses portes monumentales. Il est remarquable de noter la
diversité de ces portes («Bab»),
symboles à la fois de pouvoir, de richesse et de sécurité, chacune érigée dans le style de celui qui l’a
conçue (ou voulue). L’imposante
porte Bab El Mansour (photo 5) ;
entièrement décorée de céramique
verte, mène aux constructions de la
ville impériale. Achevée en 1732,
cette porte est considérée par les
habitants comme le lien entre le
passé et le présent. Après avoir
franchi une troisième fortification,
nous pénétrons dans la kasbah impériale ; nous y parcourons, entre
autres, les ruines des immenses silos à grains voûtés (4 mètres
d’épais-seur!) des «Greniers d’Ismaïl» (photo 6) ; ensuite, de retour
au car, nous longeons les jardins
des écuries royales, grand haras régional dont les étalons sont renommés dans le monde entier, puis parcourons le golf royal. À noter en outre que 150 mosquées sont disséminées dans Meknès, dont 15 dans
le centre !
Pendant que nous dégustons notre
repas de tajine et de crêpes croustillantes au sucre, un déluge s’abat
sur la ville et des trombes d’eau
transforment les routes en torrents
infranchissables. Sous d’impressionnants nuages noirs, nous nous
dirigeons vers Volubilis, cité
antique romaine classée au patrimoine universel de l’UNESCO. Ses
intéressants vestiges (arc de triomphe, anciennes huileries, et, en
particulier, mosaïques de sol), malheureusement non protégés des
intempéries et des visiteurs indélicats, nous sont présentés … dans le
vent et la pluie (photo 7 et 7 bis).
Puis, un soleil resplendissant éclaire
le paysage alentour ; la petite ville
sainte de Moulay Idriss, grand lieu
d’un pèlerinage annuel, apparaît,
juchée sur le mont, avec son original
(et unique dans le pays) minaret cylindrique. Nous nous y rendons et
parcourons ses ruelles piétonnes en
pente vertigineuse, bordées d’une
multitude de petites échoppes proposant tout ce dont la population a
besoin au quotidien : théières, bassines, babouches, tagines, vanneries, tissus scintillants, viandes
suspendues, olives de toutes couleurs, figues plus ou moins sèches
et autres montagnes de fruits et légumes multicolores, le tout arrivant
par charrettes tirées par d’adorables petits ânes (photo 8).
Et, comme c’est bien agréable de
ne pas changer chaque jour
d’hôtel, nos organisateurs nous
ont prévu, pour le lendemain, une
seconde boucle nous ramenant le
soir à Meknès. Ce quatrième jour
est ainsi consacré à la visite de la
plus ancienne des villes impériales,
Fez, cité berbère du VIIIème siècle,
capitale religieuse et intellectuelle
du pays. Un arrêt, sur un point
haut, nous permet de dominer ce
curieux ensemble, en fait constitué
de la juxtaposition de trois villes
autonomes : la Medina datant du
Moyen Âge et où l’espérance de vie
est plus élevée qu’ailleurs (pas de
pollution : tous déplacements à
dos de mulet), la ville moderne de
style andalou et la ville nouvelle.
Malheureusement, en ce lieu venté, notre ami Hervé Darnajoux fait
arc en ciel, bulletin de l’association des anciens de la météorologie, numéro 171
La vie de l’association…
une mauvaise chute pour laquelle
il devra être hospitalisé puis rapatrié (à ce jour, son état de santé
s’améliore doucement).
Le groupe, attristé par cet événement, reprend le car pour se diriger
vers cette Medina, la plus grande
du monde, qui vit encore au rythme
d’autrefois, avec ses fontaines, son
pavement en petits losanges, ses
médersas (nous visitons l’une de
ces anciennes écoles coraniques,
la Mosquée Qaraouiyine (photo 9),
son université (c’est là que le zéro
et les chiffres « arabes» ont été
énoncés) et, bien sûr, ses souks.
Après le quartier des légumes et
des poissons, nous atteignons celui des tailleurs, puis celui des tanneurs, aux senteurs putrides, celui
des dinandiers (photo 10), incroyablement bruyant, … Une foule
grouillante et pressée circule en
tous sens dans ce labyrinthe, tirant
des centaines de petits ânes lourdement chargés de gros sacs de
toile aux contenus divers.
Puis, c’est la visite rituelle de la fabrique de tapis, avec son ballet de
présentation bien rodé pendant
que nous sirotons un thé à la menthe. Le cadre est magnifique : un
riad traditionnel de forme carrée,
au sol de marbre et aux murs entièrement couverts de mosaïque. De
là, nous gagnons le magasin de la
tannerie, où l’on nous explique les
sept étapes de traitement des
peaux, en particulier, leur brassage, par les tanneurs, dans les bacs
de cet échiquier multicolore géant
(photo 11). Images de ce dur labeur
tant vues en photo ou en film, mais
si impressionnantes ici par leur réalité concrète. Chacun, ensuite, va
acheter, après un inévitable marchandage, qui un sac, qui une ceinture, une veste ou un pantalon.
Cette longue marche matinale a
creusé les estomacs : un repas traditionnel (couscous cuit dans le tagine de terre) nous est servi dans
un cadre enchanteur, un autre magnifique riad au sommet duquel
une terrasse domine la ville et ses
remparts. C’est ensuite la visite
d’une poterie, dans laquelle nous
sont montrées et expliquées les six
délicates étapes de traitement de
l’argile. Nous ne pouvons détacher
nos yeux des mains de ces artistes
ciselant des pièces minuscules de
mosaïque. La couleur locale caractéristique des céramiques est un
bleu profond, le «bleu de Fez» (couleur utilisée, par exemple, pour les
ornements de la «Porte Bleue»).
Le retour à l’hôtel s’effectue par
une autoroute à péage toute neuve, non sans avoir, avant de quitter
la ville, fait quelques pas dans le
quartier juif, caractéristique par
ses maisons aux balcons de bois,
magasin sur la rue et logement audessus afin de pouvoir servir le
client à toute heure.
Le lendemain, un long parcours
nous attend, route sinueuse du
Moyen Atlas que le temps bouché
nous empêche d’admirer. Le paysage est vert, les plantations d’oignons, alignées entre des rangées
de pierres et couvertes de bâches
jaunes, défilent. Les célèbres forêts
de cèdres et de chênes se cachent
dans la brume. La pause-repas
« chez l’habitant « est appréciée.
Les deux jours suivants seront
consacrés à la quatrième et dernière cité impériale, Marrakech. Bonne nouvelle, nous trouvons ici le
soleil et échangeons enfin blousons et pull-overs contre Tee-shirts
et casquettes. Contrairement à Casablanca, la ville est rose mais,
comme les autres, elle se partage
en trois quartiers, la Kasbah, la Medina et la ville nouvelle. Le premier
édifice à voir est la Mosquée de la
Koutoubia (photo 12), avec son
haut minaret visible à 25 kilomètres, ici aussi emblème de la ville.
Koutoub signifie «manuscrit» : en
effet, au pied de cette tour, se tenait autrefois un grand souk de libraires.
Pénétrant ensuite dans la Medina,
nous parcourons des ruelles bordées d’échoppes multicolores et
atteignons les tombeaux Saadiens,
lieu de repos des familles impériales, datant du XVIe siècle. Ces tombeaux, impressionnants par la finesse de leur décoration mais situés dans un jardin simple de petite taille, inspirent le recueillement.
Nous nous rendons alors au Palais
El Badi, érigé en 1578 à la suite de
7
bisVestiges de Volubilis
8
Le marché de Moulay Idriss
9
La mosqué Qaraouiyine e
10
la place des dinandiers
arc en ciel, bulletin de l’association des anciens de la météorologie, numéro 171
7
La vie de l’association…
11
les tanneurs à l’ouvrage
12
Le minaret de la Mosquée
de la Katoubia à Marrakech
13
Dans les ruelles de la Medina
de la ville rose de Marrackech
8
la célèbre victoire de la «Bataille
des Trois Rois». De cet imposant
bâtiment, objet de gros efforts de
restauration, il ne reste que les
hauts murs d’enceinte crénelés et
une immense esplanade centrale
plantée d’orangers arrosés, grâce à
un système complexe d’irrigation,
par des eaux provenant de l’Atlas.
Nous sommes par ailleurs amusés
par le ballet incessant des cigognes qui ont envahi les lieux.
Le musée de Marrackech est implanté dans un paisible et élégant
Riad pourvu d’une cour centrale
carrée verdoyante, toute décorée
de mosaïque. Sont exposés là des
vêtements et des armes traditionnelles, des poteries, et, même, des
balançoires de bois pour jeunes
enfants. Cette exposition nous permet de mieux imaginer la vie à cette époque dans les milieux aisés.
Au cœur du dédale de la Medina,
nous entrons ensuite dans une sorte de cave d’Ali Baba. Pendant un
temps infini, on nous présente avec un esprit commercial digne de
HEC ou, comme on voudra, du plus
efficace camelot– divers flacons et
sachets à base d’huile d’argan
(dont le Maroc est le seul producteur au monde), de cumin, ou autres épices diverses (photo 13). Impossible de ressortir de ce lieu
sans être convaincu d’avoir acheté
le produit miracle qui nous était absolument indispensable !
Quelques virages plus tard, le
groupe débouche sur la place Jemaa-el-fna, immense espace de vie
intense où se mêlent badauds, musiciens, boutiquiers, danseurs,
charmeurs de serpents, en une foule compacte et tranquille. À la nuit
tombante, des dizaines de «restaurants» ambulants vont s’installer,
proposant merguez, beignets,
oranges pressées ou thé à la menthe.
Le soir, un dîner festif, animé par
quelques musiciens traditionnels
de luth et percussions et danseuses folkloriques, nous attend au
Palais mauresque Chahramane.
La matinée suivante est consacrée
à la visite des Jardins Majorelle,
collection remarquable de centaines d’essences variées issues des
cinq continents, puis, à l’écart de la
ville, de la Palmeraie, quartier peuplé d’étrangers s’étant fait bâtir de
luxueux riads.
L’après-midi, chacun, selon son
rythme, choisit de parachever ses
achats souvenirs dans les ruelles
du souk, en s‘offrant le plaisir d’un
retour en calèche, ou bien part faire une balade, en car, vers une vallée fraîche aux cascades majestueuses, lieu prisé pour ses viandes et légumes que l’on achète soimême et que l’on porte à cuire
dans les tagines des restaurants
bordant la rivière.
Nous avons pu observer, au long
de ce périple, un pays dont les seules richesses sont les phosphates
et l’agriculture et qui, pourtant,
grâce au libre-échange avec
l’Europe et les USA, a mis en place,
en quatre ans, un développement
industriel impressionnant. Parallèlement, le tourisme, ressource essentielle, a montré ses attraits :
chaleur de l’accueil, guides spécifiques compétents pour chaque
lieu découvert, des monuments remarquables que l’on visite toujours
trop vite et tant d’artisans/artistes
que l’on ne se lasse pas de regarder travailler.
Encore un voyage remarquablement pensé et pour lequel nous remercions chaleureusement les organisateurs.
FRANÇOISE TARDIEU
Crédits Photos (article et bonus page 30)
Françoise Tardieu, jean-Claude Biguet,
Christian Lefèvre, Jean-jacques Vichery.
arc en ciel, bulletin de l’association des anciens de la météorologie, numéro 171
La vie de l’association…
«
Les nouveaux
administrateurs
née avec une première affectation à
l’aéroport d’Ajaccio puis à la Base Aéronavale de Saint-Raphaël, et me préparais au Brevet Supérieur (BS) météorologiste.
Suite au renouvellement annuel par
tiers des administrateurs de l’AAM, il
restait, suite à l’AG 2012 à Arles, à
présenter à nos lecteurs Jean-Paul
Benec’h :
c’est chose faite dans ce numéro
d’Arc En Ciel.
Pour l’occasion nous innovons : après
une entrée en matière à la troisième
personne c’est bien volontiers que
nous lui laissons la plume pour raconter son « histoire » à la météo.
1970: re bonjour le « nouveau » Saint-Cyr
(68 était passé par là !) pour une année
de B.S suivi du cours de radiosondage…formateur pour un 1e séjour en Polynésie. L’année 71 consacrée à la météorologie très typée des Tuamotu en tant
que chef de station sur le petit atoll de
Puka-Puka reste un souvenir extraordinaire avec une petite équipe soudée plus
la légion.
ean Paul Bénec’h est
JVannes,
né le 21 août 1945 à
mais c’est dans
De 1972 à 75 deux autres bases aéronautiques dans ma Bretagne entre Lann-Bihoué et Landivisiau avant de retrouver le
Pacifique grand consommateur de météos.
L’année 75 aux Iles Gambier – un autre
paradis, mais avec beaucoup de travail
les « Côtes du Nord » car cette fois responsable d’une équipe
de 17 météos en service H 24.
qu’il a grandi.
Le bac L (littéraire) obte- Ma « marine » s’acheva par quatre annu au lycée à Guingamp, nées à l’état major de l’escadre à Brest
il espérait mettre le cap avec de nombreux exercices en mer pour
à l’Est pour des études lesquels les chefs d’état-major étoilés
rennaises. C’est au contraire une route comme Philippe De Gaulle sont friands
Ouest qui lui fût tracée.
d’informations météo… précises.
« Embarqué » à l’école de Maistrance pont
de la marine nationale à Brest il me fallut
en juillet 64, à l’issue d’une année de formation maritime choisir une spécialité
dont je n’avais jusqu’alors aucune idée.
Le salut vint des crayons de couleurs de
M. Richon chef de station et enseignant
à l’école navale de Lanvéoc-Poulmic. Séduit par l’analyse en surface qu’il nous fit
tracer, je choisis l’une des 4 places de
Météorologiste.
Pour attendre le début des cours du Brevet Elémentaire météo en janvier 1965
au Fort St Cyr, nous fûmes affectés provisoirement sur les porte-avions Foch et
Clémenceau à Toulon.
Pas de meilleure école que ce « pont
d’envol » pour apprendre en direct les
nuages, l’observations, le pointage, les
joies du carbone des rouleaux de fac-similé, les rudiments du métier.
Les 6 mois de formation furent donc facilités par les bases déjà acquises.
Breveté élémentaire, je retrouvais quelques mois le porte-avions Clémenceau
avant d’embarquer en décembre 65 sur
l’aviso escorteur Commandant Bourdais
pour l’assistance aux pêches à TerreNeuve, au Groenland, en Mer de Barentz.
Deux années magnifiques ( cf Arc En Ciel
n°170). Mais la morue ne « nourrit » pas
le météo, et je quittais les glaces de
l’Atlantique pour la chaude Méditerra-
technologies, la vente, la météo moderne. L’ordinateur à peine entrevu en
Guyane s’impose en station.
Cette vie et ce travail en CDM dans ce 3e
échelon - valorisé à l’époque - demeurera pour moi, j’en suis heureux et fier,
l’une des richesses de notre métier.
Les relations débutées à l’époque avec le
Musée Maritime de La Rochelle perdurent via l’AAM dans un partenariat où la
Mémoire des Frégates Météo est à entretenir. Il y a du pain sur la planche !
Le besoin vital de Bretagne me ramène
« au pays » dès qu’une des rares places
qu’offre la région s’ouvre à Vannes en
septembre 98 après la victoire en Coupe
du monde.
Huit belles années pour finir la carrière
dans un de ces CDM de « 3e zone » souvent ignoré quand ce n’est moqué aux
deux autres étages. Je suis heureux et
fier d’avoir travaillé là où s’exprimait le
cœur du métier.
La richesse du potentiel humain avec
toutes les tâches et possibilités offertes
par une météo de terrain y synthétisaient cette fonction que j’aurais embrassé un peu par hasard en 1964 et
quitté en 2006 comme les excellents collègues que j’affectionne de revoir fréquemment, eux qui sont chargés à présent de fermer la porte d’un centre dont
la mort est programmée pour 2015.
Des activités syndicales, bureau d’Aramis, Clas Ouest ont richement complété
ma carrière, voies toutes tracées pour
adhérer à l’AAM et devenir ce délégué
régional qui faisait défaut en Bretagne.
S’il a été laborieux dans les débuts, le
rassemblement à présent d’un bon groupe d’adhérents à nos retrouvailles annuelles, comme la collaboration à des
travaux sur la Mémoire, légitiment l’appartenance à une association active des
« anciens » de la météo.
L’arrivée d’observateurs bénévoles - petites mains précieuses de nos météos
départementales - au sein du groupe
renforce la motivation, celle qui fait défaut maintenant aux collègues qui quittent le plus souvent désenchantés notre
joli métier.
La météo n’est plus ce qu’elle était, mais
tout compte fait elle aura été une belle
compagne pour moi, et il fait toujours
beau en Bretagne.
Le grand changement intervient en 1979
où je choisis de quitter la Météorologie
de la Marine pour celle de l’Etat.
Mes débuts «civils » se firent au CDM de
Guipavas où l’excellente ambiance quasi
familiale du « Pen ar bed » reste un souvenir mémorable. Obs, carto, transmission,
prévi aéro les tâches de fond, encore à
l’ancienne durant quatre belles années où
la richesse des contacts humains assurait
le soutien aux coups durs de la vie.
Départ en février 84 pour la Guyane où le
désir d’outre-mer fût comblé au delà des
espérances.
Loin des clichés sur le climat bien moins
désagréable que les « ont-dit » ne le colportent, guère débordé par les tâches
professionnelles, les souvenirs de ce
pays marquent à jamais. Quelle chance
entre autres de découvrir le fleuve Maroni en pirogue, la forêt amazonienne !
Le retour en métropole se fit en urgence
pour La Rochelle par défaut, Brest
convoitée était inaccessible, et un remplacement s’imposait en Charente Maritime en mars 1987 : j’y resterais 11 années.
Mais quel plaisir de travailler dans l’une Voilà ce qu’avait à nous (vous) dire Jeansinon la plus belle station météo en Paul, et … il l’a bien dit.
France, splendide mirador sur les tours
de La Rochelle.
LA RÉDACTION
La météo marine y prend toute sa place
dans un port dévolu à la voile, où l’on
apprend la brise dans les Pertuis, la prévision, la communication, les nouvelles
arc en ciel, bulletin de l’association des anciens de la météorologie, numéro 171
9
«
La vie de l’association…
Visite du Synchrotron-Soleil à Saclay
Dans le cadre des activités de
l’ANAFACEM/IDF et en partenariat
avec l’AAM, un groupe de 25 membres
a visité le jeudi 11 avril 2013 l’un des
trois plus importants projets scientifiques français : le Synchrotron SOLEIL. Ce centre de recherche, inauguré
en 2008, est implanté sur le plateau de
Saclay (Essonne ; 91), à proximité du
CEA et de l’Université Paris XI Orsay.
Avant la visite, le traditionnel repas,
cette fois au restaurant « Les Chevaliers des Balances » (en référence aux
pesées des cavaliers avant les courses, car les haras sont nombreux dans
la région) a réuni 14 convives dans une
ambiance chaleureuse (photo 1). La
poêlée de lotte et de Saint Jacques et
la copieuse profiterole ont été particulièrement appréciées !
Mais, une fois repus, il a bien fallu aller s’instruire … une heure de présentation scientifique et technique nous
attendait au centre ; certains s’y sont
un peu «reposés» ... Nous avons appris d’abord que «SOLEIL» est
l’acronyme de Source Optimisée de
Lumière d’Énergie Intermédiaire du
Lure (Laboratoire d’Utilisation du
Rayonnement Électromagnétique). Il
s’agit en clair d’un accélérateur de
particules (photo 2) - en l’occurrence
des électrons- qui émettent, à chacune des déviations qu’on leur fait subir,
un «rayonnement synchrotron».
SOLEIL s’inscrit dans un large réseau
de partenaires incluant le Centre national de la recherche scientifique
(CNRS), l’Éducation Nationale, une dizaine d’universités, ainsi que fondations et pôles de compétitivité d’Île de
France et d’ailleurs. Par ailleurs,
d’évidentes collaborations scientifiques et techniques lient SOLEIL à
plusieurs autres centres de rayonnement synchrotron.
On trouve quelque 60 synchrotrons
dans le monde, toutes générations
confondues. En France, un autre équipement synchrotron, de dimension
européenne, l’ESRF, est implanté à
Grenoble : il partage son temps de
faisceau entre 11 pays partenaires
mais ne permet pas de couvrir
10
l’ensemble des besoins de la communauté scientifique française. Avec SOLEIL, la France se situe dans le peloton
de tête de ces Très Grands Équipements, par ses performances et sa
conception issue des technologies les
plus récentes. À ce titre, il draine des
moyens humains et techniques considérables en termes de transfert de
technologies, de développement économique local et d’aménagement du
territoire.
Une équipe multi-culturelle de près de
400 personnes gère, entretient le site
et veille à optimiser constamment les
lignes de lumière et à demeurer à la
pointe des technologies. Les chercheurs (80% de l’effectif ) mènent
leurs recherches propres, et accompagnent les utilisateurs à chacune des
étapes de leur projet ; une cinquantaine de doctorants et post-doctorants
complètent ces personnels. SOLEIL
fonctionne 24 heures sur 24 et accueille, par an, plus de 2000 utilisateurs, principalement issus des laboratoires de recherche publics et privés, ainsi que 5000 visiteurs.
Après cette présentation générale,
une explication théorique nous est
fournie. Une cellule en platine de 2 cm
de diamètre, similaire à la petite
électrode de laquelle sont extraits les
électrons qui circulent dans le grand
anneau, passe dans les rangs. Les informations reçues alors seront ensuite
largement éclairées par notre parcours dans les lieux.
La route des électrons circulant à la vitesse de la lumière ne pouvant, bien
évidemment, être interrompue, le tunnel de 150 mètres de diamètre est
franchi par des escaliers et observé
par-dessus, sur un pont. À noter que
toute partie du bâtiment doit être parfaitement stabilisée pour ne pas faire
bouger le tunnel et les nombreux visiteurs béotiens contribuent parfois à
une certaine vibration ...
Il règne ici un grand silence, si ce n’est
la soufflerie, indispensable pour que
la température soit maintenue avec
une grande précision à 21°C en toutes
saisons.
Nous dominons ainsi le LINAC (Linear
Accelerator) dans lequel les électrons
produits par l’électrode citée plus
haut sont projetés puis accélérés par
des lentilles magnétiques. Ils seront
envoyés ensuite dans le Booster, ac-
célérateur circulaire d’une centaine de
mètres de long, dans lequel ils seront
encore accélérés jusqu’à atteindre
une vitesse proche de celle de la lumière (300 000 km/s). Enfin, ils seront
propulsés dans le grand anneau, dit
« de stockage «, globalement circulaire, mais, en fait, succession de courtes portions rectilignes raccordées par
une série d’électroaimants chargés de
dévier légèrement la trajectoire des
électrons (c’est la présence de ces très
nombreux puissants électroaimants
(photo 3) qui interdit le site aux porteurs de pace-makers : le risque est
un dérèglement de leur appareil).
Chacune de ces déviations va provoquer l’émission d’une lumière exceptionnelle chargée d’une énergie hors
du commun (10 000 fois plus intense
que la lumière solaire) : le faisceau de
lumière «synchrotron»: les longueurs
d’onde qui le constituent s’étalent
dans un champ beaucoup plus large
que le visible, depuis l’infrarouge jusqu’aux rayons X les plus durs, en passant par les ultraviolets.
On nous montre alors la maquette
d’une section de l’anneau et du tube en
aluminium dans lequel circulent les
électrons. Il doit régner dans ce tube
étroit un vide poussé, car toute collision dévierait aléatoirement certains
des électrons, provoquant à la fois évasion et perte d’énergie. Un tel vide est
obtenu par étapes successives, par des
systèmes très performants qui étonnent certains participants se souvenant des difficultés à obtenir, à la Météo, des vides bien moins vides ….. Les
parois de l’anneau sont en béton épais
chargé en plomb et fer afin de protéger
personnels et visiteurs de tout rayonnement, en particulier . Puis, nous passons par la salle de contrôle où 4 ingénieurs veillent en permanence sur
chaque partie du dispositif, toutes visualisées sur écrans.
Retournant à l’extérieur de l’anneau,
nous observons, toujours par-dessus,
les «tubes» de lumière qui partent
tangentiellement à l’anneau et sont
dirigés chacun vers un laboratoire, le
faisceau étant canalisé par des lentilles magnétiques afin de l’empêcher
de diverger. Avant d’atteindre
l’expérience (objet, matériau, cellules
vivantes, surface,…), il faudra encore
filtrer cette lumière afin de sélectionner la longueur d’onde adaptée à
arc en ciel, bulletin de l’association des anciens de la météorologie, numéro 171
La vie de l’association…
Photo 1 : Le groupe au restaurant
Photo 2 : L’anneau de stockage
de SOLEIL (350 m de pourtour)
Photo 3 : Electroaimants
et cabines d’optique
l’analyse préparée, cela au moyen de
filtres magnétiques.
Les photons vont frapper l’échantillon.
Cette lumière, très intense, va pénétrer
profondément la matière et informera,
soit par diffraction si elle est composée
d’ultraviolets, sur la structure en surface ou en volume de l’échantillon, soit
par absorption si elle est composée
d’infrarouges, sur ses propriétés chimiques.
Les laboratoires sont donc disposés à
l’extérieur de cet anneau de 350 mètres
de périmètre, là où aboutissent chacune des 26 «lignes de lumière». Nous
nous amusons à regarder ces petites
cabines encombrées de matériel
électronique, de cordons électriques
emmêlés, de tubes et capsules emmaillotées de papier d’aluminium …
bref l’amusant voisinage de la technologie la plus performante et du bricolage comme dans tout laboratoire de recherche (photo 4)!
Les applications de ces études sont
multiples : recherche fondamentale
(80%) et recherche appliquée (laboratoires pharmaceutiques, industriels, …).
Sont concernées la physique fondamentale pour l’étude des propriétés
électroniques et magnétiques de la matière (comme le stockage magnétique
d’informations à ultra-haute densité), la
médecine et la biologie pour l’imagerie
des vaisseaux sanguins, des tissus osseux ou des constituants de la cellule,
la chimie (détection de substances polluantes dans l’environnement, optimisation du fonctionnement des pots catalytiques, élaboration de nouveaux
matériaux), la géophysique (connaissance de la structure du manteau terrestre), l’étude d’objets d’art ou archéologiques (âge, authenticité, constituants, …). Plus prosaïquement, ont lieu
aussi des études sur le vieillissement
du chocolat, la cuisson du pain ou le
contrôle des bouteilles en plastique, …
À l’ère de la génomique et des nanotechnologies, nous avons besoin d’aller
voir la matière vivante (cellule, virus,
bactéries...) ou inerte (éléments chimiques, matériaux divers...) à l’échelle
de l’atome : les thèmes sont infinis et
la curiosité de l’homme aussi.
FRANÇOISE TARDIEU
Photo 4 : Super matériel et ... bricolage
Crédits photos :
1, 3 et 4 : Françoise Tardieu, 2 : doc Synchrotron Soleil
arc en ciel, bulletin de l’association des anciens de la météorologie, numéro 171
11
La vie de l’association…
«
Hommage
aux disparus
de la frégate Laplace
le 10 mai 2013 à la
Pointe Saint Mathieu
Nul besoin que Georges Pernoud dans
Thalassa ne la mette en évidence, la
Pointe St Mathieu au nord-ouest du
cette « fin du monde » bretonne ( Pen
ar Bed) est depuis toujours un lieu
magique.
Le second temps fort était consacré à
une très belle cérémonie d’hommage
solennel aux 51 victimes, marins et civils du Laplace au Mémorial national
de la pointe Saint mathieu.
Débuté par une cérémonie militaire au
pied de la stèle, un hommage très
émouvant leur a été rendu en présence des familles, fils et filles, petits-enfants des disparus, des autorités civiles et militaires locales et brestoises,
Sur ce promontoire imposant la mariet d’un rescapé du naufrage.
ne honore les disparus en mer, une
stèle haute de 17 mètres, érigée en Michel Aïdonidis. Chef du centre de
Guipavas représentait Météo France,
1927 leur rend hommage.
L’ensemble du site – phare et Abbaye,
sans oublier le sémaphore – est largement mis en valeur sur cette pointe où
l’océan embouque la rade de Brest.
Mais c’est dans le vieux fortin du XIX°
tout proche que demeure le souvenir
des marins « Morts pour la France »,
lieu de mémoire et de recueillement
(photo 1 Le cénotaphe).
L’association « Aux Marins » fondée
en 2005 y assure le souvenir de ces
marins dont la mémoire est honorée
dans les trois cryptes du cénotaphe
qu’accueille ce fortin de granite, de
verre et de métal.
Jean-Paul Bénec’h de l’AAM en tant
que délégué régional Ouest (photo 5).
Nous avons dévoilé dans la crypte le
portrait de Pierre Colcanap, ingénieur
météo brestois, décédé dans le naufrage le 16/09/50.
Au delà de l’émouvante commémoration de ce jour, il convient de mettre en
lumière la puissance évocatrice de ce
lieu de mémoire que je vous invite très
sincèrement à découvrir si vous pousSur les parois de l’une des cryptes sez vers ce sublime « Pen ar bed ».
sont apposées les photographies
Par ailleurs, n’oublions pas la riche et
confiées par les familles des disparus
forte histoire de nos frégates météo,
pour en faire un grand album qui peranciennes - Carimaré, Jacques-Cartier
met la transmission et la mémoire de
et les 3 sister-ships du Laplace, Levergénération en génération.
rier, Le Brix et Mermoz - , comme moLe 10 mai, l’association « Aux marins » dernes - France 1 et 2 - dans des condiorganisait deux temps forts en hom- tions de mer souvent très difficiles et
mage aux 51 disparus de la frégate La- le rôle précieux du travail de nos collègues embarqués. Ils ont été de véritaplace dont 5 météorologistes.
bles pionniers de notre science avant
Le premier s’est déroulé à Plougonvel’avènement de la modernité actuelle.
lin (commune dont dépend le site) par
le vernissage d’une exposition sur le L’AAM souhaite dans son action
Laplace (photo 2 et 3) et la météorolo- conserver le souvenir, la mémoire de
gie embarquée. Extrêmement bien do- ses anciens.
cumentée tant sur le drame de la nuit
Cette cérémonie (et cette exposition)
du 15/16 septembre 1950, que sur le
est le témoignage de cette histoire à
travail de ce bâtiment météo, les actijamais marquée au fer rouge par le
vités du bâtiment hydrographique Ladrame du Laplace.
place actuellement mis en œuvre par
la marine nationale (photo 4 : affiche Hommage leur soit rendu également à
de l’exposition sur la Frégate météoro- travers ce compte-rendu.
logique Laplace).
JEAN-PAUL BÉNEC’H
12
*Vous retrouverez le récit du naufrage
du Laplace dans le n° 155 d’Arc en
Ciel p 18 et 19.
**Sur le site de l’association « Aux
Marins » ( www.auxmarins.net ) je
vous invite tout particulièrement à
voir le lieu en cliquant sur « le mémorial » puis « panoramas ». Magnifique panoramique à 360° de St mathieu.
Photo 1 :
Cénotaphe
de la pointe Saint-Mathieu
Photo 2 :
affiche de l’exposition
photo 3:
inauguration de l’exposition
Photo 4 :
affiche mémorial ST Mathieu
photo 5:
Jean-Paul Bénec’h
et Michel Aïdonidis dans la crypte
arc en ciel, bulletin de l’association des anciens de la météorologie, numéro 171
La vie de l’association…
Affiche de l’exposition
2
5
4
Jean-Paul Bénec’h et Michel Aïdonidis dans la crypte
3
Inauguration de l’exposition
Affiche mémoriale Saint Mathieu
1
Cénotaphe de la pointe de Saint-Mathieu
arc en ciel, bulletin de l’association des anciens de la météorologie, numéro 171
13
La vie de l’association…
«
Journée rencontre
«Ouest» à Brest
le 22 mai 2013
arce que non content de nous ouP
vrir la promesse d’une belle journée entre collègues à Océanopolis, le
Pen ar Bed * breton nous offrait son
meilleur visage, ensoleillé à souhaits.
Grâce au concours majeur de Claude
Fons l’idée d’axer la journée autour
d’une découverte d’Océanopolis avait
séduit 24 adhérents du grand ouest.
Un bon score, devenu coutumier en
dépit des habituelles défections de
camarades retraités au programme
trop chargé. Mais avec en grande première l’amicale participation de « petits nouveaux », deux couples d’observateurs bénévoles, l’un venu
d’Herbignac (44 - près de Guérande),
l’autre en voisins, de Ploudalmézeau.
Ils ont été conquis et se sont vite fondus dans la famille météo.
riche idée que d’avoir choisi
Quelle
Brest pour ces 5 retrouvailles Ouest. !
es
chantemps
gent ont pu se
dire les « anciens » !
Après une photo de famille
(photo N° 1) par
la presse locale,
en voiture grenouilles, pour
un petit rallye
vers les ports
brestois et le
beau tableau de
la somptueuse
rade de Brest
peint du bleu du
ciel tacheté de
voiles blanches.
Océanopolis
nous attend immense polygone qui accueille 450.000
visiteurs/an.
Déjeuner au restaurant de ce site grandiose avant une présentation de la visite par le directeur Eric Hussenot qui
nous a également retracé la genèse et
la philosophie du projet (photo 2). Les
météos de Guipavas ont toujours été
associés, dans leur domaine, à ce dessein.
Accueil chaleureux et instructif avant
que d’entamer un parcours de 3 bonnes heures….( quand on pense que la
journée entière ne suffit pas pour tout
découvrir)
Qu’importe nous naviguons entre les
pavillons, polaire, tropical, tempéré,
biodiversité….ne manquaient que celui des Abysses récemment exposées,
clou de la saison 2012. Il y a matière !
Océanopolis est géant (photo 3 et 4),
si bien conçu que la découverte, le
plaisir, la beauté, l’étonnement et
l’enseignement y sont constants.
Une bonne idée que d’inviter ces
« para-météos » à se joindre aux effectifs de l’AAM. Nul doute que les
prochaines années ne voient grossir
leurs rangs auprès de nous.
Seul regret, que les loutres tout réC’est au Centre Départemental Météo cemment introduites, y demeurent endu Finistère à l’aéroport de Guipavas core timides et noctambules caractèque nous nous sommes retrouvés sur res que les animaliers s’attacheront à
les dix heures pour un café gourmand inverser, promis.
de bienvenue, et la rencontre avec les
actifs du jour après une présentation
du centre par son chef Michel Aïdonidis, chef d’un centre en pleine restructuration et non des moindres ! Les
Largement après 17 heures, dislocation du groupe, avec pour certains un
kilométrage conséquent, mais pour
beaucoup la satisfaction d’un excellent moment entre collègues « occi-
dentaux ». D’aucuns l’auront prolongé dans ce Brest attachant et riche.
Rencontre impromptue entre participants de la veille, le lendemain dans le
splendide vallon du Stang Alar – toujours sous le soleil – il y a tant à voir
autour de Brest dans ce Finistère Nord
..et fort….nous y reviendrons.
Merci à Claude Fons, à ses copains
d’Océanopolis, à Eric Hussenot pour
son accueil et son extraordinaire
Aquarium, à Michel Aïdonidis, à notre
webmaster Marco Murati pour le café
(comme quoi il n’y a pas que
l’informatique à l’AAM !) et à tous
pour votre présence.
JEAN-PAUL BÉNEC’H
2
De gauche à droite : jean-Paul Pallier, Marc Murati,
Jean-Paul Bénec’h, Claude Fons et le directeur
d’Océanopolis Éric Hussenot.
3
Au sein de l’aquarium
4
Un petit poisson parmis les gros
* bout du monde
14
arc en ciel, bulletin de l’association des anciens de la météorologie, numéro 171
La vie de l’association…
«
43e Assemblée
plénière
du Conseil Supérieur
de la Météorologie
ette assemblée s’est tenue le
C
24 mai dernier à St-Mandé dans la
salle Robert Génot qui doit nous ac-
cueillir pour notre Assemblée générale
le 1er octobre prochain. Le PDG de Météo-France, M. François Jacq, vice-président du CSM, présidait cette session.
Dans une courte introduction, il est revenu sur les éléments essentiels du
contrat 2012-2016 liant l’Etat et MétéoFrance (traitement de l’information et
observations-il faut noter l’arrivée d’un
nouveau super calculateur fin 2012-, la
Prévision, le Climat, la Recherche).
François Jacq a évoqué les contraintes
budgétaires et la restructuration territoriale en cours en précisant que Météo-France « n’était pas au bout du
chemin ! ».
Ensuite, Olivier Moch, secrétaire permanent du CSM, a donné la parole aux
présidents des 11 commissions(1) qui ont
précisé le contenu de leurs travaux réciproques depuis 1 an, tiré le bilan des
vœux de 2012 (sur les 16 formulés, 12
ont été satisfaits, 4 partiellement satisfaits), explicité ceux soumis à MétéoFrance cette année (au nombre de 12).
Plusieurs commissions ont effectué des
rapprochements dans leurs travaux,
c’est le cas de la commission Santé et
de celle sur l’énergie-environnement
autour des questions de pollution
atmosphérique. Dans le domaine de
l’éducation-formation, il a été souligné
l’importance, en terme de recherche
d’informations scientifiques et techniques, des visites du site de MétéoFrance (13 millions de pages visionnées
en 2011) ; par ailleurs les 6es Olympiades de géosciences ont lieu en Argentine avec 3 lauréats français.
L’après-midi était réservé à 5 exposés
(autour de 3 thèmes) suivis d’une table
ronde sur le thème de la « Météorologie satellitaire ». Que « voit »-on vraiment avec les satellites ? C’est une
question non triviale à la quelle se sont
attachés à donner des éléments de réponse les 5 intervenants.
Hervé Roquet (du Centre de Météorologie Spatiale de Lannion) a brossé un historique des 50 années de satellites météorologiques (depuis Tiros-1 en 1960) ;
la première image fut reçue en Europe le
24/12/1963 ; pendant une vingtaine
d’années, de 1966 à 1988, le CMS a éla-
boré des néphanalyses où étaient décrits les nuages sur l’Atlantique et
l’Europe d’après les observations satellitaires. Au départ, on n’avait que des images visibles (donc uniquement de jour)
puis s’est ajouté le signal infrarouge (IR)
(longueur d’onde > 0,8 µm) qui a permis
d’avoir des informations la nuit comme
le jour (sur la température du sol, de la
mer ou du sommet des nuages, c’est-àdire de la dernière couche « vue » par le
satellite). Aujourd’hui, on utilise plusieurs canaux IR donnant des informations différentes (y compris pour détecter la neige au sol). La résolution horizontale tend à diminuer (on arrive à
375 mètres, si bien qu’on « voit » les
méandres de la Seine ou les bois autour
de Paris, plus froids que les alentours le
jour par ciel clair l’été).
Cathy Clerbeaux (Université Pierre et
Marie Curie / Laboratoire LATMOS) a
montré comment l’absorption d’un signal par certains gaz dans certaines
longueurs d’onde permettait de détecter les feux (via le monoxyde de carbone), les pollutions liées à la pollution
automobile (dioxyde d’azote), par
exemple.
Laurence Eymard (Observatoire des
Sciences de l’Univers) est intervenue
pour montrer qu’avec des signaux
micro-ondes (millimétriques), on pouvait « voir » à l’intérieur des nuages
(qui ne les absorbe pas) ; par ailleurs,
certains satellites défilants(2) embarquent des radars détecteurs de précipitations comme leurs « cousins » du réseau terrestre.
Florence Rabier (Météo-France/CNRM)
a montré que les données satellitaires
sont de plus en plus utilisées dans
l’analyse puis la prévision météorologique au point qu’en 10 ans ces données ont été multipliées par 10 et constituent 85% de l’ensemble des données. Elle estime que 70% de la qualité des prévisions vient de la présence
accrue de données satellitaires. Ces
données, on le devine, ne sont pas
spontanément des mesures de températures ou d’humidité mais des radiances (ou luminances) qui mesurent une
puissance par m2 et selon une direction donnée reçue par le satellite. Pour
mesurer cette puissance, sur le satellite européen défilant METOP, on utilise
un interféromètre dont le principe a été
découvert par A. Michelson, physicien
américain de la fin du 19e siècle (celuici avait permis de montrer la constance
de la vitesse de la lumière et que
l’éther n’existait pas). L’interféromètre
embarqué sur METOP a pour acronyme
IASI. Pour retrouver les températures
et humidités, il faut passer par
l’utilisation d’outils mathématiques
complexes (comme la transformée de
Fourier par exemple).
Alain Ratier (Directeur d’Eumetsat, ancien Directeur adjoint de Météo-France) a présenté les projets tant pour les
satellites géostationnaires(3) (projet
MTG) ou polaires(4) (projet EPS seconde
génération). Ils visent à mieux satisfaire les besoins en prévision opérationnelle et environnementale ainsi qu’en
matière de connaissance du climat. Sur
MTG, il y aura 16 canaux (5 de plus)
avec 1 à 2 kilomètres de résolution ;
les images seront renouvelées toutes
les 10 minutes (15 actuellement). Par
ailleurs, des sondages pourront être
obtenus toutes les demi-heures. Sur
EPS seconde génération, 2 lignes de
satellites exploreront l’atmosphère
dans des canaux différents (dont un canal radar appelé diffusomètre permettant de cerner les vents, force et direction, à la surface des mers, même en
cas de couverture nuageuse).
Toutes ces données supplémentaires,
tous les orateurs en conviennent, nécessitent d’importantes recherches et des
moyens de calcul pour qu’elles soient
correctement digérées et aboutissent à
satisfaire encore mieux les besoins.
Une table ronde très intéressante présidée par François Jacq avec ces cinq
intervenants a clos la journée.
MICHEL RUCHON
(1) agriculture, aviation de transport, aviation légère, éducation-formation, environnement-énergie, hydrologie, marine, santé, sécurité civile, tourisme-information,
transports terrestres- génie civil
(2) les satellites défilants ont une orbite
basse (900 à 1500 kilomètres au-dessus
de la Terre) et défilent au-dessus du globe en traversant l’équateur et en
s’approchant des pôles ; à l’exception
des zones polaires visitées 15 fois par
jour, les autres régions ne sont balayées
que 2 fois par jour (à la même heure solaire locale pour les satellites dits héliosynchrones)
(3) les satellites géostationnaires sont à
36000 kilomètres de la Terre, au-dessus
de l’Equateur et tournent aussi vite qu’elle si bien qu’ils sont toujours au-dessus
du même point vu en permanence, mais
de très haut, les zones polaires étant
moins bien perçues
(4) les satellites polaires sont des satellites défilants dont l’orbite s’approche auplus près des pôles
arc en ciel, bulletin de l’association des anciens de la météorologie, numéro 171
15
«
AU TEMPS PASSÉ…
La revue «MET MAR» et la météo maritime française
’est avec beaucoup de plaisir que nous reprenons
dans ce numéro d’Arc En Ciel un large extrait d’un article du journal La Baille (revue de l’association des Anciens
Elèves de l’Ecole Navale) paru en septembre 1998 sous le
numéro 261. Nous remercions l’amiral François Pézard, rédacteur en chef de La Baille, pour son accord, et comme
le souligne Jacques Darchen, pour l’estime que cette revue
a accordée aux écrits de Météo-France dans le passé.
C
Cet article, sous la signature de notre ami Jacques Darchen,
est précédé d’une introduction que nous complétons,
quelques quinze années après, de ces quelques lignes.
En effet, Jacques Darchen, rédacteur en chef honoraire
de Met Mar, a poursuivi sa participation à cette publication jusqu’à la fin de celle-ci en décembre 2007 (N°217),
apportant ainsi son concours à Michel Hontarrède qui lui
succéda en tant que rédacteur en chef.
En 2008, les revues Met Mar et Atmosphériques éditées
par Météo-France fusionnèrent et donnèrent naissance à la
revue Météo Le Magazine dont le premier numéro est paru
en mars 2008. Beaucoup de lecteurs de Met Mar, et notamment ceux membres de l’AAM, furent déçus de cette
disparition de leur revue météo préférée, mais Michel
Hontarrède (*) devenu rédacteur en Chef de Météo Le Magazine veilla à ce que cette nouvelle publication consacre
une partie de son contenu au monde de la mer.
Après une longue période dans la
maistrance de la Marine nationale centrée sur onze années de
service à la mer, Jacques Darchen
sert une trentaine d’années dans
les cadres de la Météorologie nationale. Au cours de ces décennies, il assume les fonctions de
rédacteur en chef de la revue
Met-Mar, enseigne la météo maritime et tropicale à l’Ecole nationale de la météorologie et en milieux universitaires, publie
plusieurs ouvrages de climatologie et une centaine
d’articles. Il donne de nombreuses conférences de nature
scientifique et … littéraire (il est vice-président des amis de
Pierre Loti). En retraite, il poursuit un certain nombre
d’activités à l’Académie de marine, dont il est membre titulaire, au Conseil supérieur de la météorologie et à la Société météorologique de France.
Il brosse ici un historique de Met-Mar ; cette revue, bien
connue des personnels de passerelle de la Marine marchande et de la Marine nationale, reflète l’évolution d’une
activité touchant de près aux choses de la mer.
La vie de la revue Met-Mar
est indissociable
de l’essor
de la météorologie
maritime française.
En décembre 2011, il a été mis fin à l’édition de la revue
Météo Le Magazine, et du même coup « les amoureux »
de la météorologie et de la mer sont privés à tout jamais
Au début des années 1950, la section de météo maritime
des beaux récits qu’ils pouvaient lire dans ces publica- du SCH (Service central hydrographique de la Marine) pastions de Météo-France.
se avec armes et bagages à la Météorologie nationale. Ce
Cet article de Jacques Darchen dans La Baille a, entre transfert a pour but un développement opérationnel qui
doit s’ajouter aux activités de climatologie poursuivies par
autres, le grand mérite de retracer l’histoire de la création
le SCH depuis une petite centaine d’années.
de Met Mar en 1953 et son évolution jusqu’à la fin des anLa section nouvelle adopte le sigle MN/MAR (pour Météo
nées 1990 ; il reste à écrire la fin de l’histoire de Met nationale/Marine), ce qui indique clairement les dualités
Mar et de celles et ceux qui ont participé à sa belle aven- et les appartenances.
ture et qui en avait fait une des plus belles et passionnan- Les rapports entre la Marine et la Météo sont, à partir de
1954, réglés par une convention aux termes délibérément
tes revue de la météorologie.
flous permettant des interprétations très libres et une
PIERRE CHAILLOT grande facilité de mouvement dans le lancement et la réalisation de projets encore à l’état d’ébauche. Les signataires pensent avec raison que les buts principaux étant atteints, il sera toujours temps d’adopter un texte plus cor(*) Michel Hontarrede est, depuis début 2013, le chef du centre seté permettant de passer à ce moment là de la période
des pionniers à celle des gestionnaires.
départemental de La Rochelle.
16
arc en ciel, bulletin de l’association des anciens de la météorologie, numéro 171
Au temps passé…
De fait, les artisans attelés à cette tâche à la fois difficile et
exaltante de développer les choses de la mer dans une
maison traditionnellement tournée vers l’aéronautique,
n’eurent pas à se plaindre puisqu’ils conserveront leurs
coudées franches pendant … une trentaine d’années !
Au cours de cette période, nombre d’opérations sont montées et des mesures adoptées dont on rechercherait en
vain l’origine dans un texte quelconque. Les choses se règlent souvent par concertation directe entre les intéressés
dont la séparation géographique se limite aux deux stations de métro séparant le pont de l’Alma de l’hôtel de la
Marine.
Le capitaine de vaisseau, chef de MN/MAR, sorte
d’homme-orchestre, représente la Météo auprès de la Marine et vice versa. Il dispose d’une équipe comprenant des
officiers d’active, un ou deux ingénieurs civils et une trentaine de gradés météorologistes dont la spécialité a été
créée vers la même époque. Il a barre, avec l’accord de la
DPM (direction du personnel de la Marine), sur les 250 marins-météorologistes qui servent dans les forces.
La revue MET-MAR…
… fait ses premiers pas à ce moment là.
Dans le début de ces années 1950, le SCH publie un bulletin périodique appelé «cahiers du Centre d’océanographie
et d’études des côtes» qui perdurera pendant quelques
années et qui rassemble une partie de ce qui fera la manne de Met-Mar, en particulier des articles d’ingénieurs météos. Il publie aussi un «bulletin d’information» dont la vie
sera éphémère.
C’est donc, poussé par une sorte d’obligation morale et,
surtout, par la force des choses, car tout ce qui doit se réaliser un jour vient à son heure, que naît en 1953 le «Bulletin d’informa-tion des Navires sélectionnés» qui prendra
le nom de Met-Mar en 1960. La revue première manière est
à la charge des officiers adjoints de MN/MAR qui se livrent
à un énorme travail de collecte et de traduction de documents la plupart du temps d’origine anglo-saxonne.
Dans les années 1960, tout en gardant le cap, la revue
change de main et passe dans celle d’un civil de MN/MAR,
transfuge, il est vrai, de la Marine nationale. La responsabilité effective de la publication revient à cette seule personne à laquelle directeur de la Météo et chef de MN/MAR
accordent une confiance absolue, ne lui imposant aucune
contrainte, aucune pression au fil des décennies. Ce genre
de fonctionnement correspond à un cas d’espèce qui implique une confiance réciproque portée aux limites. Au
cours du temps, un équilibre est réalisé entre les sujets
traités. Ils sont nombreux et aucun ne sera négligé mais on
s’appesantira volontiers sur ceux qui correspondent aux
priorités du moment.
On distingue ainsi des périodes chevauchantes dont les
dominantes pourraient être : «navires sélectionnés», «météo-océanographie», «plaisance» …
arc en ciel, bulletin de l’association des anciens de la météorologie, numéro 171
17
Au temps passé…
Les navires sélectionnés
… bâtiments marchands exécutant et transmettant plusieurs fois par jour des observations à des fins de prévision et de climatologie, font l’objet depuis toujours des
soins de Met-Mar.
Il s’agit, d’une part d’apporter par des articles d’un niveau
adapté un complément à la formation des officiers de pont
acquise dans les écoles de la Marine marchande, d’autre
part de susciter une émulation entre ces navires par
l’établissement et la publication d’un palmarès mettant en
relief les mérites des commandants, des officiers observateurs et des officiers radios.
Ce palmarès est établi par MN/MAR en accord avec le SCH
qui reste partie prenante dans ce genre d’activité. Les bâtiments de la Marine nationale entrent très tôt dans ce
même réseau, les autorités concernées insistant même
pour que soit établi et publié un palmarès spécifique exactement calqué sur celui des navires marchands.
Progressivement de nombreux articles tirés de Met-Mar
servent de thèmes d’études dont la matière est intégrée
aux programmes d’enseignement tant dans la Marine marchande qu’à l’Ecole navale.
La qualité des millions d’observations exécutées sur les
mers au cours des décennies par les marins français est
liée pour une large part à l’action opiniâtre soutenue par
Met-Mar.
En France, la prévision du temps est passée en 40 ans de
la gomme et du crayon au supercalculateur qui traite
150 milliards d’opérations par seconde ( !).
Or, dans tous les cas, il est impérieux de livrer au calcul
des données de base que sont, entre autres, les observations de navires, qui témoignent au plus près d’une réalité
de nature imprécise et fuyante. Le plus puissant des calculateurs ne peut s’accommoder d’une provende médiocre.
De même, ces satellites qui tournent au-dessus de nos têtes, dont plusieurs à vocation de service océanique, disposent de senseurs dont les données ont besoin, toujours
aujourd’hui, d’être comparées à des «vérités-mer».
La Météo océanographique
… en France s’est fortement développée dans une conjoncture favorable sur une dizaine d’années avant de prendre
une vitesse de croisière soutenue. Dans le milieu des années 1960, les chefs de file de l’océanographie française,
les professeurs Lacombe et Tchernia, avec l’accord préalable et tacite de MN/MAR, convainquent les édiles de la
Météorologie nationale de la nécessité d’étudier comme
un même ensemble les couches supérieures de l’océan et
l’atmosphère au contact. Cette époque correspond à une
sorte d’âge d’or qui voit naître le CNEXO (Centre national
pour l’exploitation des océans), construire et mouiller à
poste fixe en Méditerranée occidentale, d’abord une première bouée-laboratoire puis une seconde, plus grosse et
armée par deux hommes d’équipage.
Des équipes scientifiques de 4 à 6 personnes se succèdent
à bord de cet engin original pour des missions de 10 à 15
jours. Le personnel de MN/MAR y participe et c’est ainsi
que paraîtra une étude portant sur l’évolution de la température de la mer dans les couches superficielles en fonction de conditions météos variées. Les résultats, publiés
18
dans Met-Mar et dans des brochures spécialisées, constituent une première en Europe.
Dans le même temps, le concept de Méditerranée occidentale-modèle réduit d’océan, ébauché puis consolidé par le
professeur Lacombe, mettant en jeu l’influence des descentes d’air froid sur la plongée des eaux de surface vers
les grands fonds, est vulgarisé et claironné par Met-Mar.
Cette manière de voir les choses devait, un peu plus tard,
être largement admise par la communauté internationale
et l’OMM (Organisation météorologique mondiale)
l’entérinera de façon officielle. Désormais l’espace
d’intérêt météorologique s’étend depuis la limite inférieure de la stratosphère jusqu’aux profondeurs océaniques.
Ces conceptions seront, à partir de 1967, enseignées à
l’Ecole nationale de la météorologie. Pendant une quinzaine d’années, le rédacteur de Met-Mar en aura la charge.
La météo tropicale
… ne pouvait que suivre dans la même voie puisque la
zone située entre les tropiques, essentiellement maritime,
est littéralement la chaudière du globe. La chaleur solaire,
issue d’un rayonnement proche de la verticale, est emmagasinée dans les premiers mètres de l’océan avant d’être
répartie en latitude par les courants, atmosphériques et
marins. Les phénomènes tropicaux, et en tout premier lieu
les cyclones, sont étudiés à MN/MAR et chaque numéro de
Met-Mar présente des études exhaustives traitant de la dynamique météo-océanique de ce redoutable tourbillon.
A noter que Met-Mar est alors la seule revue de langue
française à dresser un bilan complet des cyclones qui se
produisent chaque année dans le monde entier.
La plaisance
… est, comparativement, une nouvelle venue dans la revue.
Cela tient à cette force des choses évoquée plus haut. Si
Met-Mar fait montre d’une belle pérennité dans sa conception et dans sa démarche, c’est que le rédacteur est resté
durablement inamovible, l’oeil fixé sur le cap à tenir. Depuis 1960, pendant 30 ans, le responsable a traité ce qui
lui paraissait important ; 120 numéros, cela donne le
temps de s’exprimer.
Le successeur a pris la barre avec passion, sans changer
diamétralement de cap, mais il lui appartenait sans doute
d’apporter, sinon du sang neuf, du moins des colorations
originales qui se confondent avec l’air des temps nouveaux.
L’ingénieur Michel Hontarrède, est un prévisionniste
confirmé. Pendant des années il rédigea le fameux bulletin
journalier de prévision marine diffusé par France-Inter. Il
est aussi un navigateur hauturier éprouvé. Met-Mar publia
jadis ses démêlés avec le Horn.
La revue s’est donc ouverte au monde de la voile et des
rapports amicaux ont été établis avec les nouveaux
conquérants des grands espaces, depuis les plus modestes jusqu’aux noms qui brillent au firmament des sept
mers.
arc en ciel, bulletin de l’association des anciens de la météorologie, numéro 171
JACQUES DARCHEN
ACTUALITÉS…
«
L’hiver 2012-2013 :
un long tunnel
humide et frais
L’hiver 2012 - 2013 en France, caractérisé par un ensoleillement déficitaire dans de nombreuses régions,
s’est prolongé bien au delà de l’hiver
météorologique, période calendaire
de décembre à février. Les températures plutôt fraîches, sans être extrêmement froides durant l’hiver, sont
restées basses en fin d’hiver et au
début du printemps. La pluviométrie
sensiblement excédentaire a favorisé l’approvisionnement des nappes
phréatiques.
La température moyennée sur la
France et sur la saison est légèrement inférieure à la normale. Cette
moyenne masque de brusques variations temporelles ainsi que des
contrastes géographiques. La moitié
ouest du pays a bénéficié de températures légèrement supérieures à la normale alors que la moitié est a connu
des températures plus fraîches. A remarquer la grande douceur de mi décembre au début janvier. Elle nous faisait douter que nous étions en hiver.
Les précipitations ont été particulièrement abondantes dans le SudOuest ainsi que du nord de l’Auvergne au sud de la Bourgogne mais
sont restées déficitaires en Languedoc-Roussillon et Basse-Vallée du
Rhône. Sur l’ensemble de la saison
et du pays, la pluviométrie est supérieure à la normale d’environ 15 %.
Dans le nord du pays, les pluies se
sont fréquemment conjuguées avec
les chutes de neige, jusqu’en plaine,
sans toutefois occasionner d’épaisseur au sol remarquable.
L’ensoleillement a été très faible
cet hiver sur l’ensemble de la France, notamment dans un large quart
nord-est où le déficit est compris entre 20 et 40 %. Seules les régions méditerranéennes ont bénéficié d’un ensoleillement proche de la moyenne.
Indicateurs des températures minimales et maximales
1er décembre 2012 au 15 avril 2013 - zone climatique : France. (Source de Climascope)
MICHEL BEAUREPAIRE
Cet article est extrait du bilan de l’hiver 2012-2013 du site meteofrance.com :
http://climat.meteofrance.com/chgt_climat2/bilans_climatiques/bilanclim?document_id=27406&portlet_id=89575
arc en ciel, bulletin de l’association des anciens de la météorologie, numéro 171
19
«
SOUVENIRS ET TÉMOIGNAGES…
Hommage
à André Lebeau
Comme nous vous l’avions indiqué
dans l’ARC EN CIEL précédent (N°170),
nous vous présentons ci-après un hommage à André Lebeau décédé subitement en février de cette année.
Cet hommage n’a surtout pas la prétention de tracer de manière exhaustive
l’action d’André Lebeau durant son passage à la direction de la météorologie
de 1986 à 1995. Ainsi, après un texte de
Pierre Bauër qui évoque l’ensemble du
parcours professionnel d’André Lebeau, vous trouverez, sous la plume de
membres de l’AAM, quelques récits et
anecdotes rappelant des évènements
vécus et des sentiments ressentis auprès d’André Lebeau.
Nous avons placé cet hommage à André Lebeau dans la nouvelle rubrique
« Souvenirs et Témoignages » car il
nous a semblé que les textes qui suivent correspondent tout à fait à
l’esprit qui a présidé à sa création.
LA RÉDACTION
André Lebeau, né
le 4 mars 1932, à
Montceau-lesMines, est décédé des suites
d’une très courte
maladie le 25 février 2013
Ancien élève du Lycée Saint-Louis et
reçu major en 1952 à l’Ecole normale
supérieure, André Lebeau participa à
la deuxième expédition en Antarctique
de l’Année Géophysique Internationale (1956-1958) pendant laquelle il
construisit et mit en fonctionnement
l’observatoire magnétique de la station Dumont d’Urville dont les résultats scientifiques fournirent la matière
de sa thèse de doctorat (1965) « Les
courants électriques dans l’ionosphère des régions polaires ». Il fit son service militaire comme ingénieur hydrographe (1958-1961) au Service Central
Hydrographique, devenu depuis Service Hydrographique et Océanogra-
20
phique de la Marine (SHOM), ce qui
lui permit, par la suite, d’accéder au
grade d’ingénieur en chef de
l’armement de réserve. Créateur et directeur du Groupe de Recherches Ionosphériques, un laboratoire jouissant du double statut de laboratoire
propre du Centre national de la recherche scientifique (CNRS) et de département du Centre national
d’études des télécommunications
(CNET), il contribua au développement initial de la recherche spatiale. Il
entra au Centre national d’études spatiales (CNES) en 1965 en qualité de directeur des programmes et des plans,
puis à partir de 1972 de directeur général adjoint chargé des programmes
et de la politique industrielle. En 1975,
il fut nommé directeur général adjoint
et directeur des programmes futurs et
des plans de l’Agence spatiale européenne (ESA), nouvellement créée, et
joua un rôle déterminant pour le lancement du programme Ariane, ainsi
que pour celui de la mission Hipparcos. Il quitta l’ESA en 1980 pour prendre la direction de La Mission du Musée des sciences et de l’industrie qui
était chargée de la création de la Cité
de La Villette. En 1980, il fut élu professeur au Conservatoire National des
Arts et Métiers, titulaire de la chaire
de techniques et programmes spatiaux rattachée au département
d’économie et gestion et présida ce
département de 1984 à 1986.
En 1986 il fut nommé directeur de la
Météorologie nationale qu’il transforma en établissement public, MétéoFrance, et dont il devint Directeur général. Il conduisit la décentralisation
de Météo-France à Toulouse, où il
construisit la Météopole. Dans le cadre de ces fonctions, il fut élu à la viceprésidence de l’Organisation météorologique mondiale et présida, de 1990
à 1994, le Conseil de l’organisation européenne des satellites météorologiques Eumetsat.
En 1995 il fut appelé à la présidence
du CNES, qu’il quitta en 1996 suite à
un désaccord politique avec sa tutelle
ministérielle sur l’ampleur de la participation française à la station spatiale
internationale (ISS).
Il fut élu correspondant du Bureau
des longitudes en 1972 et titulaire en
2001, et présida le Bureau des longitudes en 2008 et 2009. André Lebeau
était également membre de l’Académie de marine et membre honoraire
de l’Académie de l’air et de l’espace.
Membre très actif du Bureau des longitudes et très attaché à la mission et
au patrimoine de celui-ci, André Lebeau s’y est beaucoup investi dans la
perspective de projets sociétaux qui
lui tenaient à cœur comme l’océanographie opérationnelle, l’émergence
du programme européen GMES pour
la surveillance de l’environnement et
la sécurité et la navigation par satellite avec le système européen Galileo.
On lui doit en particulier des contributions majeures aux ouvrages du Bureau sur les enjeux stratégiques,
scientifiques et techniques de Galileo
(publication commune avec l’Académie de l’air et de l’espace et avec
l’Académie de marine), et sur les Observatoires (Observer la Terre). C’est
grâce aux relations établies statutairement par le Bureau avec le SHOM
qu’il a été amené, sur lettre de mission du ministre de la Défense, à jouer
un rôle déterminant dans la transformation en établissement public administratif (EPA) de ce service en 2007.
Il est également l’auteur de plusieurs
ouvrages de réflexion sociétale dont,
en particulier, L’enfermement planétaire (Gallimard, 2008) et Les horizons terrestres : réflexions sur la survie de l’humanité (Gallimard, 2011).
Sous des dehors très calmes, André
Lebeau développait une énergie
considérable et faisait preuve d’un
grand charisme et d’un sens élevé des
relations humaines. Ce fut un homme
de synthèse mêlant ouverture scientifique avec rigueur dans ses écrits.
arc en ciel, bulletin de l’association des anciens de la météorologie, numéro 171
PIERRE BAÜER
Souvenirs et témoignages…
André Lebeau,
la parole et le geste
Avec André Lebeau, la météorologie
nationale est devenue majeure.
De 1920 à 1976, elle resta rattachée au
service de l’Etat chargé de l’aviation
civile : le sous-secrétariat d’Etat de
l’aéronautique et des transports aériens tout d’abord, le ministère de l’air
ensuite, puis le secrétariat d’Etat à
l’aviation de Vichy et, après-guerre, le
secrétariat général à l’aviation civile
(et commerciale jusqu’en 1960). 1976
vit la séparation du SGAC en deux directions d’administration centrale distinctes, la Direction générale de
l’aviation civile (DGAC) et la Direction
de la météorologie nationale (DMN),
cette dernière placée sous l’autorité
de Jean Labrousse.
« La météorologie connaissait, depuis
plusieurs décennies, un lent déclin
dont l’action de Jean Labrousse avait
contribué à renverser le cours. » En
novembre 2011, André Lebeau rendait
ainsi hommage à l’action de son prédécesseur. Lorsqu’il lui avait succédé,
en 1986, dix ans s’étaient déjà écoulés
depuis la création de la DMN ; mais
l’institution avait du mal à s’affranchir
de son ancienne tutelle, notamment
en matière budgétaire et de gestion
des personnels. Et ce fut bien André
Lebeau, premier directeur à ne pas
être issu du sérail, qui donna sa vraie
place au service public de la météo, en
marquant tout d’abord ses frontières
avec la DGAC, puis en relançant
l’opération de regroupement des services de la formation, de la recherche
et de l’exploitation à Toulouse et enfin
en donnant à l’institution, transformée en établissement public, la personnalité morale.
Cette prise progressive d’autonomie
fut un combat, fondé sur une vision,
appuyé sur une volonté de fer, sur une
capacité d’écoute doublée d’une grande force de conviction et sur une
connaissance profonde des hommes et de leurs limites - assortie d’une
grande humanité.
Les décennies d’inféodation de la météo à l’aviation s’étaient accompagnées d’une certaine sous-administration, et les années Lebeau (1986-1995)
virent les services de Boulogne, puis
de l’Alma et de Toulouse, s’étoffer en
cadres administratifs qui permirent à
la DMN de développer ses compétences de gestion et de réussir ses deux
particulièrement attentif à la qualité
des conditions de travail des prévisionnistes et j’ai pu personnellement
apprécier son soutien sans réserve
lors de la mise en place du projet de
station de travail «Synergie».
En 2009, j’adressai à André Lebeau un
exemplaire dédicacé de mon ouvrage
sur la «Prévision Numérique du
Temps» avec un petit mot lui disant
combien j’avais apprécié sa contribution à la modernisation de MétéoFrance. Je pense qu’il fut touché par ce
témoignage car il me remercia en
ajoutant : «J’ai passé huit années bien
remplies à Météo-France et je suis
heureux de constater qu’on n’y garde
pas un trop mauvais souvenir de moi.»
Ce fut une grande satisfaction pour
moi en 2011 d’accueillir André Lebeau
parmi les membres du jury chargé de
désigner le lauréat du prix Patrick Brochet décerné chaque année par l’AAM
à un élève de l’ENM. À la fin du mois
de janvier 2013, alors qu’il me communiquait son classement personnel des
candidats, il soulignait la difficulté de
l’exercice qui lui était demandé compte tenu des critères adoptés : qualité
du travail de recherche, qualité de la
présentation et effort de vulgarisation, en notant : «La difficulté essentielle réside dans la pondération des
PIERRE LAUROUA, ancien chef du bureau des per- critères de jugement. Il s’agit inévitasonnels techniques puis directeur des personblement d’additionner des vaches et
nels de Météo-France.
des moutons. C’est une difficulté qui
ne peut être éludée, mais il me semble
qu’elle devrait être étudiée.» Cette remarque tout à fait pertinente, il est
Témoignage sur André vrai, me paraît tout à fait révélatrice
des scrupules d’un esprit très cartéLebeau
sien obligé malgré tout d’exercer son
Durant l’hiver 1989-90, alors que ve- jugement avec une certaine dose de
nait de m’être confiée la responsabili- subjectivité.
té de la Prévision Générale, la France
fut balayée par un grand nombre de
JEAN COIFFIER
tempêtes pour lesquelles les prévisionnistes s’efforcèrent de communiquer avec tact les alertes météorologiques auprès des services de la Sécurité Civile. À cette occasion j’ai pu André Lebeau
me rendre compte qu’André Lebeau et les pêcheurs
avait parfaitement pris conscience des
difficultés auxquelles étaient confron- du Guilvinec
tées les prévisionnistes et n’hésitait André Lebeau a mis fin aux pratiques
pas à intervenir personnellement de- historiques, diverses et variées, parvant les médias toujours prompts à la fois opaques, en matière de contrecritique. Il réalisa combien la qualité parties pour la fourniture de bulletins
du travail effectué par les prévision- météo personnalisés aux médias et à
nistes était importante pour l’image certaines catégories professionnelles.
de marque de la Maison. À l’occasion Cela n’alla pas sans grincements à
du déménagement du Service de Paris l’intérieur comme à l’extérieur. Ainsi,
à Toulouse je peux témoigner qu’il fut le journal Le Monde supprima la rugrands chantiers. André Lebeau faisait
confiance, et ce fut pour les gestionnaires de l’époque l’opportunité de
participer à des actions majeures,
dont ils percevaient clairement les enjeux. Le cap était donné, la volonté ne
faisait pas de doute - André Lebeau aimait à dire que le mot priorité ne souffre pas le pluriel -et la structure administrative, bien que renforcée, restait
légère… C’était comme si, tout à coup,
l’appareil institutionnel avait perdu sa
pesanteur : le principe hiérarchique,
dès lors qu’il était au service d’une détermination sans faille, devenait le
mode d’action le plus simple et le plus
efficient.
J’ai été l’un des collaborateurs
d’André Lebeau, et c’est ma plus grande fierté professionnelle. J’ai évoqué
plus haut sa capacité d’écoute ; je me
souviens avec émotion du jour où, entouré d’ingénieurs qui n’osaient pas
lui déconseiller une mesure favorable
à l’un de leurs pairs mais en contradiction avec la politique de gestion
outre-mer difficilement mise en place
à l’égard d’autres personnels, je lui
demandai si je pouvais lui donner mon
avis : « Vous me le devez », réponditil. Tel était André Lebeau.
arc en ciel, bulletin de l’association des anciens de la météorologie, numéro 171
21
Souvenirs et témoignages…
brique météo pendant quelques semaines avant de céder. Avec TF1, notre
directeur tira gloire d’avoir abouti à
une convention signée « Lelay Lebeau ». La régularisation était-elle
générale ? Non, car un petit village armoricain résistait opiniâtrement.
Les comités locaux des pêches du Finistère ont effectivement continué à
recevoir officiellement et gratuitement
des bulletins adaptés à leurs zones de
pêche ; certains navires transmettaient certes des observations en mer
mais, rémunérées selon les taux prévus par la loi de finance, cela ne constituait donc pas une contrepartie. A
l’arrivée d’André Lebeau à la direction
de la météorologie nationale, la pêche
française avait entamé son déclin et le
comité du Guilvinec avait déjà à son
actif des d’actions très musclées,
comme le saccage des marchés
d’intérêt nationaux de Rungis et de
Nantes. Quelques années plus tard, il
s’illustrera en bloquant l’appareillage
du navire école Jeanne d’Arc et en
1994 provoquera indirectement l’incendie du parlement de Bretagne.
L’origine de l’incendie est en effet une
fusée de détresse tirée lors d‘une très
violente manifestation de pêcheurs à
l’occasion d’une visite à Rennes du
premier ministre de l’époque, Edouard
Balladur.
A l’annonce que désormais les bulletins seraient payants, une délégation
de pêcheurs en colère fit irruption
dans le bureau d’André Lebeau à Boulogne-Billancourt. Il n’était pas un
spécialiste du rétropédalage, pourtant la délégation fit tant et si bien
qu’elle obtint la promesse de la gratuité. Restait à faire rentrer cette exception dans la nouvelle politique
commerciale. Muté peu après à la direction interrégionale Ouest, la seule
mission explicite mais impérative et
sans délai que me confia Lebeau fut
de rétablir la paix et la confiance avec
les pêcheurs du Guilvinec. Un an
après, la réconciliation sera durablement scellée autour d’un déjeuner
convivial et commencera une période
de coopération fructueuse au cours de
laquelle, entre autres contreparties,
les pêcheurs expérimenteront la station automatique BATOS créée pour
faciliter les observations en mer et
leur transmission.
MICHEL LE QUENTREC
22
Trois syndicalistes
évoquent
André Lebeau
Quand André Lebeau a été nommé à la
tête de ce qui s’appelait encore la Météorologie nationale, à la fin de 1986,
nous étions, chacun d’entre nous,
« aux responsabilités » dans nos syndicats respectifs * ; nous siégions, entre autres, dans le Comité technique
paritaire central (CTPC), instance de
débats entre représentants du personnel et ceux de la Direction, donnant des avis avant décision.
Ce ne fut sans doute pas facile au début pour André Lebeau de succéder à
Jean Labrousse, d’autant plus que celui ci venait d’être évincé de la Direction de la Météo suite à une alternance politique ; André Lebeau devenant
de surcroît, le premier directeur choisi
hors du « sérail » du corps des ingénieurs de la Météo.
Mais bien qu’intégrant un milieu scientifique assez éloigné de ses fonctions précédentes, son adaptation dans ce nouvel emploi fut remarquable et son intérêt fût tel
qu’il rédigeât un livre blanc, vision sur
l’évolution de la météo.
Pendant les huit années de mandat
d’ André Lebeau, des débats majeurs
sur l’orientation du service public de
la météo avaient cours dans l’enceinte
du CTPC. C’était parfois très tendu : ce
fut l’époque où la décision de transfert des installations techniques centrales à Toulouse a été prise, celle aussi où le passage de la Météorologie du
statut d’administration centrale à celui d’établissement public administratif (EPA) a été décidé malgré un avis
négatif des deux tiers des personnels.
Ainsi, André Lebeau eut à affronter
des grèves importantes, notamment
celles de 1989. A cette époque, comme dans d’autres administrations, les
personnels techniciens et ingénieurs
des travaux aspiraient à faire reconnaître leurs qualifications en terme de
meilleures rémunérations et déroulement de carrières. Le conflit fut très
dur avec les autorités de tutelle. André Lebeau comprit les aspirations
des personnels ; conscient que le service public de la Météo ne pourrait
pleinement jouer son rôle sans que les
personnels vissent peu ou prou leurs
qualifications reconnues, il « contribua » à la mise en place des améliorations statutaires et indemnitaires qui
permirent la fin du conflit.
Dans les réunions du CTPC, André Lebeau pouvait tout aussi bien sortir au
débotté une citation en latin que quitter la salle de colère ! Avec le recul,
nous ne pensons pas que ces colères
étaient feintes ; André Lebeau s’est
attaché avec sincérité à créer les
conditions du développement de Météo-France grâce à son regard extérieur et à une solide culture scientifique même si nous combattions, chacun à notre manière selon nos options
syndicales, ses choix. Nous pouvions
trouver parfois en lui un certain autoritarisme mais il faut reconnaître qu’il
était adossé à une vraie autorité.
Après avoir quitté Météo-France, André Lebeau s’est toujours intéressé à
la météorologie et à ses développements, et selon ses dires ** il a vécu à
Météo-France « une de ses meilleures
expériences professionnelles ».
Il y a plus de 20 ans, les mots ont parfois été vifs entre André Lebeau directeur et nous. Aujourd’hui, c’est avec
respect que nous inclinons devant la
mémoire d’André Lebeau qui a incontestablement marqué de son empreinte le service météorologique
français.
PIERRE CHAILLOT,
CLAUDE MIFSUD
ET MICHEL RUCHON
* il s’agissait du SPASMET/CFDT (syndicat aujourd’hui affilié à Solidaires),
du SNITM/FO, du SNM/CGT
** lettre adressée à M. Ruchon , actuel
Secrétaire général de l’AAM, après réception du livre de Sophie Roy sur le
site de l’Alma qu’il lui avait fait parvenir.
arc en ciel, bulletin de l’association des anciens de la météorologie, numéro 171
Souvenirs et témoignages…
Vous trouverez ci-après deux textes
concernant la Station de Château-Chinon. L’un retrace l’historique de cette
station Météo à partir d’une interview
d’André Sourd réalisé le 8 juin 2012
par Francis Dutartre et son évolution
dans le temps. André Sourd y travailla
de novembre 1946 au 10 mars 1988,
date à laquelle il prit sa retraite et eut
« la triste mission » de procéder à la
fermeture définitive de la station.
L’autre, sous la plume de Francis Dutartre est le récit de l’accident de
l’avion « EMERAUDE » à Corbigny en
Janvier 1934, accident à l’origine de la
création de la station météo de Château Chinon.
LA RÉDACTION
«
Château-Chinon
a station Météo de Château-Chinon
Ll’accident
fut construite en 1935/1936 suite à
de l’avion Emeraude le
15 janvier 1934 à Corbigny.
Cet avion, un Dewoitine 332 baptisé
EMERAUDE, trimoteur, revenait d’Indochine, il avait à son bord 10 personnes :
Un équipage d’élite :
M. LAUNAY pilote, M. CRAMPEL mécanicien, M. QUEYREL radiotélégraphiste,
Des personnalités :
M. PASQUIER Gouverneur Général
d’Indochine, M. BRUSSEAUX Officier
d’Ordonnance
du
Gouverneur,
M. CHAUMIE Directeur de l’Aviation
Civile au Ministère de l’Air et Madame,
M. LARRIEU Chargé de mission
M. Maurice NOGUES Directeur Général Adjoint de la Cie Air France, M. BALAZUC Directeur Matériel Air France.
Il avait fait escale à Marignane puis à
Lyon Bron où l’équipage avait pris
connaissance d’une météo très défavorable. Lors de l’accident sévissait
une violente tempête de neige sur le
Morvan.
Le Morvan a bien, un type de temps et
de climat particulier. Château-Chinon
point haut du Morvan fut choisi, suite
à cet accident, pour l’installation
d’une station météo afin d’établir une
surveillance permanente des phénomènes atmosphériques, de ce fait assurer la protection et la sécurité des
avions, qui à l’époque traversaient
cette région à une altitude bien plus
basse que ceux d’aujourd’hui.
Dans un premier temps un poste
d’observation provisoire fut installé
dans la vieille prison de la ville.
En 1936, la station étant construite sur
la colline dite « Le Calvaire » (598m)
qui domine la ville, elle devint opérationnelle. A ce jour, elle est toujours
présente, sa configuration d’origine
n’a guère changé. Des années d’avantguerre, nous n’avons pas trouvé de
trace de quelconques archives.
De juillet 1940 à octobre 1944 la station fut fermée. Elle fut occupée et
pillée par les Allemands qui en firent
un point d’observation fortement
armé. L’année 1944 a été mouvementée pour ce poste d’observation isolé
et difficile d’accès. Les maquis dans le
Morvan (Socrate, Camille, Les Fréchots, Ouroux en Morvan etc…) étaient
nombreux, ils rendaient les Allemands
nerveux, de gâchette facile, d’autant
plus sur ce poste isolé ; il ne faisait
pas bon circuler dans les alentours.
En octobre 1944, en attendant la remise en état des locaux actuels, une station fut installée provisoirement à la
« Villa Aquilon ». Station mal placée
avec une vue à 180 degrés sur les
monts du Morvan, la vallée de l’Yonne
mais aucune vue à l’ouest. Le personnel était militaire, un chef de station
adjudant et trois « bidasses ». Cet adjudant, Eloi CHAVOT se retrouva vite
reclassé Ingénieur des Travaux,
(même promotion que CABANIS).
La station remise en état, rénovée, fut
opérationnelle le 13 août 1945 avec du
personnel civil et militaire. Eloi CHAVOT fut chargé de recruter et de former le personnel sur le « tas ». Avec
Eloi CHAVOT débutèrent donc, Jean
FERET, LADENISE et BRUCKER. En
cours de l’année 46 arrivèrent MINET
Jean, TERMINET Robert, (beau-frère
de Jean FERET). André SOURD fut recruté en novembre 1946, Roger DESLONGUE recruté en 47 quitta la station
en 1949. Ces météos furent nommés
adjoints techniques.
Le travail consistait à l’observation
permanente du temps et la climatologie. Pendant une courte période 45/46
des sondages vent ont été effectués.
Les ballons étaient lancés du haut de
la tour d’observation, ils subissaient
des rabattants et plongeaient souvent
dans la vallée de l’Yonne ! Bref, ce
n’était pas un lieu de lancement idéal
et les sondages furent abandonnés !
Les messages météorologiques
étaient transmis à la station de Dijon
via les PTT avec un téléphone à manivelle ! Nous recevions les messages de
la météo de Nevers et nous étions
chargés de les transmettre avec les nôtres à Dijon ! Certainement pour des
mesures d’économie…
La station faisait alors partie du Réseau Synoptique de Base.
La station était très souvent sollicitée
par les agriculteurs qui appréciaient
d’avoir un lien local, efficace, connaissant bien l’irrégularité, la particularité
du climat morvandiau. Une atmosphère de confiance s’était établie
avec le personnel. Bien sûr il y avait
d’autres usagers : pépiniéristes, maraîchers, presse, les services publics,
l’aviation légère, les assurances, les
travaux publics, les transports, les
écoles, les étudiants, etc…
La station était ouverte sur l’extérieur.
Eloi CHAVOT resta à Château Chinon
jusqu’en septembre 1954, ensuite il
fut économe au fort de St Cyr à Bois
d’Arcy (78).
Robert TERMINET partit sur les frégates puis obtint une mutation à Trappes.
Henri HAMEL, ingénieur des travaux,
qui venait de l’Aigoual, prit la suite, jusqu’en 1964, puis il fut muté à Trappes.
Arrivé en 1952, Marcel ZIMMERMAN
muté en 1954 à Saint Raphael, a eu
une fin tragique puisqu’il décéda lors
de la catastrophe du barrage de Malpasset en décembre 1959.
Après le départ d’Henri HAMEL en
1964, Jean FERRET devint chef de station.
Des personnels se succédèrent, Daniel RIGNOT, Francis DUTARTRE affecté pour quelques mois au retour
d’Algérie, GUYON, Françoise LEVEQUE
mai 1983 à janvier 1986, jeune technicienne en sortie d’école.
arc en ciel, bulletin de l’association des anciens de la météorologie, numéro 171
23
Souvenirs et témoignages…
Puis restèrent Jean FERRET, Bernard
SCHATT (arrivée en 1951) et André
SOURD. L’effectif se réduisit au fur
et à mesure des départs en retraite,
Jean FERRET en 1982, Bernard
SCHATT en novembre 1988.
Après novembre 1988, Il ne resta
qu’André SOURD qui était devenu
chef de station au départ de Jean
FERRET. Lors de son départ en retraite, à 60 ans, le 10 mars 1989 il a
eu la triste mission de fermer la station, non sans une pointe de nostalgie et beaucoup de regrets.
Les bâtiments de la station et le terrain ont été donnés à la ville de Château Chinon, en échange la ville a
construit, sur le terrain, un petit abri
qui héberge la station automatique,
le matériel de l’Agence de Bassin
Loire-Bretagne et les archives de la
station (carnets d’obs, diagrammes,
diagrammes quotidien d’état du ciel
etc… Les archives remontent à fin
1945.
Actuellement les bâtiments de la station sont utilisés par Radio Morvan.
Evolution de la station
La station a évidemment connu des
évolutions techniques. A partir du
1er mars 1969 elle fut dotée d’une
station automatique à transmission
numérique S.A.T.I.N. électronique
MYQ 4930 A N°8, deuxième génération de Station automatique après la
SITT électro-mécanique. Emission
toutes les heures de renseignements
météorologiques (DD,FF,PPPP,TT,
UU,RRR). Les centres de réceptions
étaient le CDM de Dijon et Lyon Bron.
Le personnel assurait une surveillance suivie des capteurs, une
maintenance premier degrés.
La station automatique c’est bien
mais il arrivait que les météos de Nevers et de Dijon demandent des précisions sur la météo du Morvan. Ceci
arrive encore actuellement, bien
qu’André SOURD soit en retraite…
La station de Château Chinon a participé de 1977 à 1987 au réseau BAPMON (Background Air Pollution Monitoring Network ) en échantillonnant
les précipitations sur une base mensuelle avec un pluviomètre automatique qui ne se découvre que pendant
les précipitations. Les analyses
étaient effectuées suivant les recommandations de l’OMM dans un laboratoire de central (IRCHA). A l’épo-que
6 stations seulement faisaient partie
de ce réseau (ABBEVILLE. CARPENTRAS, CHATEAU-CHINON, GOURDON,
PHALSBOURG, ROSTRENEN).
«
Histoire de l’avion
Émeraude,
trimoteur DEWOITINE 332
Depuis 1984 est installé à la station
par le service hydrologique centralisateur de l’Agence de Bassin LOIREBRETAGNE à ORLEANS un pluviomètre enregistreur à transmission
automatique radio.
Deux vues de la station météo de Château Chinon :
la première vue nord et ouest, la seconde ouest et sud.
24
arc en ciel, bulletin de l’association des anciens de la météorologie, numéro 171
Souvenirs et témoignages…
ntré à la compagnie AIR France en
E
octobre 1933, le DEWOITINE D 332
prototype vient d’effectuer une tournée de démonstration dans les capitales d’Europe, piloté par Marcel Doret,
pilote d’essai.
Maurice Nogues veut essayer le nouvel
appareil. Avec Jean Mermoz comme
co-pilote, il part faire une inspection de
la ligne d’Amérique du Sud, voyage effectué sans incident. Cependant Nogues envisage de faire un voyage en
Extrême Orient. Il entend profiter de la
mission spéciale qui doit ramener le
Gouverneur Général Pasquier.
C’est le 21 décembre 1933 à 8 heures
précises que l’avion décolle pour Saïgon. Il devrait relier cette destination
en 48 heures et 30 minutes de vol effectif au lieu des 79 heures jusqu’alors nécessaires.
L’équipage : le pilote André Launay, le
radio Ferdinand Queyrel et le mécanicien Camille Crampel, tous trois habitués de la ligne d’Extrême Orient.
Quelques incidents ont eu lieu durant
le parcours. Le 25 décembre,
l’Emeraude est à Athènes. Le soir
même Nogues écrit à sa femme une
lettre avec des pressentiments. Sa lettre « Je t’écris de l’aérodrome d’Athènes
où nos moteurs nous retiennent, nous
avons déjà perdu un jour à Rome, mise
en route laborieuse, je l’ai piloté de
Brindisi à Athènes ». Athènes, Beyrouth, Damas, Karachi, le temps presse, le 28 décembre ils atterrissent à
Saïgon soit 7 jours depuis Paris.
La presse relate cette arrivée. Une foule accueille le Dewoitine EMERAUDE.
A la sortie de l’avion, une jeune femme, derrière elle son mari, Emmanuel
Chaumié, puis Maurice Balazuc de la
direction d’Air France suivi du patron
Nogues. Les applaudissements redou
blent lorsque l’as des pilotes apparaît,
le sympathique André Launay.
Puis Nogues prend la parole, il rappelle son premier voyage commercial
avec Launay en 1931.
Le Gouverneur Général Pasquier arrive
d’Hanoï. Et c’est le retour vers la France.
A bord de l’avion il y a en tant que
passagers : Pierre Pasquier Gouverneur Général de l’Indochine, Léon
Brusseaux
Capitaine
Officier
d’Ordonnance du Gouverneur Pierre
Pasquier, Maurice Nogues pionnier de
l’aviation, Directeur Général Adjoint
chargé de l’exploitation de la Cie AIR
FRANCE, Emmanuel Chaumié Directeur de l’Aviation Civile et son épouse
Colette Chaumié, Maurice Balazuc Directeur Technique de la Cie AIR France,
Jean-Jacques Larrieu Journaliste, Chargé de Mission.
L’équipage est un équipage d’élite
avec André Launay pilote, Camille
Crampel mécanicien, Ferdinand Queyrel radiotélégraphiste,
Le 13 janvier 1934 l’EMERAUDE se
pose à Damas, l’avion gagne Corfou,
puis Brindisi, enfin Marignane. Pour
Paris le temps n’est pas au beau fixe,
les voyageurs auraient pu gagner Paris par tout autre moyen de locomotion. Mais le Gouverneur est attendu à
Paris, une réception solennelle est organisée ! Le champagne est prêt à
couler à flots. Le tout Paris sera présent pour saluer le grand homme qui
revient de la colonie française.
Départ de Marignane, les derniers bulletins météos sont mauvais. Nogues
prévient Chaumié : « Ca ne va pas,
brume à Lyon, neige dans le Centre et
un vent de plus de 100 km/h au Bourget. « Est-il prudent de partir » demande Chaumié. « Nous pouvons
toujours aller jusqu’à Lyon disent les
pilotes ! Après nous verrons… ». C’est
alors que le premier acte du drame se
joue. Sans tenir compte des interrogations de l’équipage, un ordre exprès
arrive de Paris : « Il faut partir immédiatement » ; face à leurs objections
s’oppose un ordre plus formel « Départ immédiat ». Nogues n’hésite pas,
il obéit : « On partira ».
Après le départ de Bron, on s’interroge du regard. Chacun sait que c’est
de la folie pure! Dans le poste de pilotage deux hommes sont côte à côte,
Nogues et Launay, ils ont compris.
Vont-ils réussir ? Ils ignorent une chose, la force de la tempête. Les monts
du Charolais passés, l’avion avance
avec peine à cause de la neige, certainement du givre. L’inquiétude monte
au Bourget, pour les pilotes Mermoz,
Saint-Exupéry, Costes ; chacun espère
mais ils savent que cela sera très dur.
Entre pilotes les sentiments sont graves, ils sont unis. Mais les responsables de la réception voient seulement
leur belle fête perturbée! Le champagne ne coulera pas… Et c’est la terrible
nouvelle à 10 heures du soir.
Plusieurs témoignages concordent, il
faisait un temps épouvantable sur Corbigny, rafales de vent en tempête, pluie,
neige fondue, grêle et une nuit d’encre.
L’avion venait de traverser le Morvan ;
étant donné l’intensité, le vacarme du
bruit des moteurs, il volait très bas sur la
ville. Des témoins ont vu une ligne de lumière, les hublots sans doute, piquant
vers le sol à 45 degrés, puis aussitôt une
immense flamme, une explosion et le
bruit strident des moteurs fut stoppé
net. La configuration des débris laisse à
penser que l’appareil était sur le dos
avant le crash : il avait perdu un aileron
qui fut retrouvé à 2 kilomètres du point
de chute. Déséquilibré et ingouvernable, il a dû partir en spirale et tonneau
sans que l’équipage n’ait pu faire aucune manœuvre. Les moteurs sans doute
à grand régime pour lutter contre la tempête se sont emballés lorsque l’appareil
s’est mis en descente, d’où leur rugissement au moment de l’impact.
Il n’y eu aucun survivant.
Une montre gravée au nom de Launay
fut retrouvée ; elle était arrêtée à
19h21.
FRANCIS DUTARTRE
Le DEWOITINE 332 à Toulouse en 1933
arc en ciel, bulletin de l’association des anciens de la météorologie, numéro 171
25
TRIBUNE LIBRE…
«
«La dame» du Bourget…
C’était exact. A chaque fois que son mari gagnait une étape, la photo de la « dame blonde » figurait souvent dans la
oici une curieuse anecdote sur les réactions d’une presse avec Louison ! »
JEAN CANIOT
« dame blonde » lorsque le radar du Bourget fonctionnait.
« Lorsque nous mettions en fonction ce radar pour connaî- L’occasion de vous présenter ci-dessous une photo de
tre la hauteur de la base des nuages, cet appareil émettait l’aéroport du Bourget (photo 1).
un crépitement aiguë intense ! Bien entendu, aussitôt, les Sur cette photo, prise en novembre 1950 par Jean Caniot,
visiteurs installés sur la terrasse supérieure de l’aéroport on remarque de gauche à droite :
s’éloignaient de la source du bruit. Nous avions remarqué L’extrémité de la terrasse réservée aux visiteurs et
que seule une jeune femme blonde, ayant l’habitude de l’antenne du radar avec derrière celle-ci un DC3 du même
venir à cet endroit, ne s’enfuyait pas. L’un des nôtres, un modèle que celui portant l’immatriculation « F BEIG » utilisé régulièrement pour accomplir des vols météos. Deux
observateur demeurant à Dugny, la connaissait de vue.
C’était, disait-il, l’épouse du célèbre coureur cycliste de appareils du type « Languedoc SO.161 » d’Air France sont
visibles à droite.
l’époque « Louison Bobet ».
V
1
3 Photos souvenirs (documentation Jean-Caniot)
Le radar du Bourget en 1950
2
Stage militaire de météorologistes, Le Bourget 1950
26
arc en ciel, bulletin de l’association des anciens de la météorologie, numéro 171
Météorologistes :
Debout de gauche à droite:
-?
Porzio (Marseille),
Müller (Douaï),
Lalanne (Biscarosse),
Caniot (Lambersart),
Leclerc (Lille),
Blanc (Bouches-du-Rhône)
Accroupi :
-?, -?, Poineau (Lorraine), -?
Tribune libre…
3
«
Visite de la direction de la météorologie nationale, Paris le 4 mars 1972
De gauche à droite :
Gabriel Millet (penché)
Anne Thérèse Penelle (✞)
Michèle Parsy
jean Caniot
Patrick Meyer (✞)
Odile Caniot (derrière le technicien assis)
Une inconnue
Un inconnu
Suzanne Meyer
Annie Caniot (de dos)
Météo et France
ors de son récent départ à la retraite,
Lnavigué,
Philippe Nacass qui a longuement
nous a raconté quelques unes
de ses anecdotes qui ont marqué sa
carrière. Je retiendrai celle-ci pour les
lecteurs d’Arc en ciel :
«De retour à la vie civile, au CERAM
(Centre de recherches atmosphériques de Magny les Hameaux) , il est
naturel que je rejoigne l’équipe naissante des Bouées Marisondes et Navisondes. En plein développement,
ces objets flottants transmettent leurs
données par le tout nouveau satellite
ARGOS qui les localise. Ils me permettent alors de continuer à naviguer
pour les semer sur toutes les mers du
globe.
Tout d’abord, je trouve peu logique de
larguer, en plein milieu de l’Atlantique
ou du Pacifique, des bouées seulement marquées des mots «Météorologie Nationale» ce qui est de peu
d’utilité pour les pécheurs Canariens
ou Açoriens qui les rencontrent.
J’invente donc les mots « MÉTÉO » et
« FRANCE » que je peins l’un à coté de
l’autre pour la première fois sur une
Marisonde le 29 mai 1978 à bord d’un
cargo naviguant vers la Guyane. Puis
je récidive, le 16 août 1978, sur le
même cargo, sur une Navisonde. Cette initiative me vaut à l’époque
quelque remontrance de la hiérarchie
du CERAM qui trouve les mots «MÉTÉO FRANCE» non réglementaires et
ridicules.»
Mais l’avenir me donnera raison !!
Dix ans plus tard, l’INPI (Institut National de la Propriété Industrielle) délivrait le certificat d’enregistrement de
la marque dépsée :« Météo-France ».*
PHILIPPE NACASS
(*) ndlr : c’est sous l’impulsion du regretté André Lebeau en 1993 que la Direction de la Météorologie Nationale (DMN)
s’est transformée en MÉTÉO FRANCE.
Cela s’est fait lors du changement de
statut de la DMN (administration Centrale) en Etablissement Public à caractère
Administratif (EPA). Quelque temps auparavant un débat avait eu lieu en CTP Central pour savoir si le nouvel EPA allait
s’appeler FRANCE MÉTÉO ou MÉTÉO
FRANCE : c’est cette dernière appellation
qui fut retenue.
arc en ciel, bulletin de l’association des anciens de la météorologie, numéro 171
27
«
Dernière minute…
Compte-rendu
du Conseil
d’administration
du 25 juin 2013:
Membres présents : JL Plazy, JN Veyron-Churlet, Philippe Larmagnac, Michel Ruchon, Nicole Gazonneau, JeanClaude Biguet, Michel Le Quentrec, Michel Beau, Michel Beaurepaire, MarieClaude Bigot, Martine Camblan (par
téléphone avec pouvoir donné à Michel
Ruchon), Joseph Chouchana, Jean Coiffier, Marc Murati, Jean-Jacques Vichery.
Membres excusés : Pierre Bauër, JP Bénec’h, Jean-Michel Bidéondo, Jean
Pailleux
Invités présents : J. Caniot (animateur
délégation Nord), Pierre Chaillot (rédacteur en chef AEC), Francis Dutartre
(animateur délégation Sud-ouest), Jérôme Duvernoy (vérificateur aux comptes),
Invités excusés : Jacques Lorblanchet
(délégué Sud-est)
La réunion s’est tenue dans les locaux
de Météo-France à Saint-Mandé, salle
A134 de 10h à 15h45
Après avoir adopté le compte rendu du
conseil du 7 février le conseil d’administration a traité les points suivants :
Organisation de l’AG du 1er octobre à
St-Mandé :
L’AG sera convoquée pour 15h mais le
matin à 10h30, Jean-Pierre Javelle donnera une conférence sur le Verrier ; un
buffet sera possible sur place à midi
(28 euros). Le lendemain de l’AG, une
visite du château de Vincennes sera
prévue pour ceux qui le souhaitent.
L’appel à candidatures pour le renouvellement du CA est envoyé en juillet ;
comme d’habitude, le vote pour élire
les administrateurs se fera à l’entrée de
l’AG ou par correspondance. La liste
des invités à l’AG a été définie.
Approbation des points à soumettre à
l’AG du 1er octobre
Statutairement (art. 9.1), le CA doit approuver l’ordre du jour de l’AG. Ont été
approuvés la liste des points suivants :
a/Modification des statuts et règlement intérieur (une dernière version a
été élaborée en séance qui sera envoyée aux membres) ;
b/Comptes 2012 ;
c/Rapport du vérificateur aux comptes ; Jérôme Duvernoy nous a donné en
28
séance un pré-rapport tendant à donner le quitus aux trésoriers pour
l’année 2012 ;
d/Montant de la cotisation 2014 ; le CA
propose qu’elle s’élève à 28 euros du
fait de l’élévation des coûts en cours et
envisageable ;
e/Proposition d’élection d’un président
d’honneur (le CA a proposé à l’unanimité un membre) et annonce la nomination de membres honoraires ;
f/Accord de coopération AAM-ANRAAM
(signé le 1er avril 2013 à Casablanca).
Budget prévisionnel 2013
Philippe Larmagnac présente ce point :
il faut noter que 8000 euros de cotisations sont recouvrés à la date du 19/06
(il reste donc environ 1500 euros à recouvrer !), que la subvention de Météo
France a été versée (10000 euros) ; les
frais de l’AG à la charge de l’AAM sont
estimés à 1500 euros.
Rapport des comités
•Loisirs : Jean-Jacques, animateur du
comité loisirs a fourni des documents
très élaborés concernant l’environnement de l’AG 2013, le dépouillement
questionnaire envoyé au début de
l’année sur les attentes des membres
concernant les activités, le bilan du
voyage au Maroc, le choix du voyage au
printemps 2014 (ce sera une croisière à
partir de Venise sur le Pô en mai) et le
choix du lieu de l’AG 2014 (ce sera la
Bretagne) ;
•Publications : le comité s’est réuni le
18 avril ; Michel Beaurepaire indique
que les numéros habituels sortent normalement ; Pierre Chaillot et Jean Coiffier donnent des précisions sur le numéro spécial consacré à la mémoire de
Jean Labrousse et Jean Lepas (ce numéro paraitra en fin d’année). Un autre ouvrage de nature différente a été préparé par les collègues de Brest sur
l’histoire de la météo en Finistère
(1720-2002) ; Marc Murati explique
que des collectivités locales peuvent
contribuer au financement. Jean-Louis
propose que l’AAM soit maître
d’ouvrage ; l’imprimerie de Météo France pourrait imprimer l’ouvrage à 800 ou
900 exemplaires (incluant les membres
et les lots fournis aux collectivités locales ayant contribué au financement).
D’autres documents pourraient être
édités mais demandent une certaine
validation ;
•Mémoire : Jean-Louis Plazy indique
qu’il y a eu peu d’évolution depuis février ; Michel Beau travaille sur les
interviews qu’il a réalisées et estime
qu’il est souvent difficile d’accéder à
des documents anciens exploitables ;Joseph Chouchana a rencontré
monsieur Viton et a procédé à son
interview ;
•Site internet : Marc a fait un gros travail d’enrichissement du site. Les membres du CA sont invités à poursuivre la
veille du site et à signaler les erreurs
subsistantes à Marc ;
•Jury du prix AAM : Le CA valide officiellement le choix de Jean-Pierre Chalon comme membre du jury (en remplacement d’André Lebeau) ; Jean Coiffier
indique que Thibaut Laffineur est le
candidat ITM choisi par le jury (mémoire sur les Polar Low*) ; le prix sera donné le 11 juillet en présence de JeanLouis Plazy ;
•Jeunes : Jean Coiffier évoque les dernières rencontres de Toulouse et la possibilité d’établissement d’une convention entre Planète Sciences et l’AAM ;
Jean-Louis prendra contact avec la représentante de Planète Sciences
•Activités des délégations régionales :
Nicole évoque les 4 sorties organisées
en Ile-de-France depuis février en lien
avec l’ANAFACEM régionale ; Michel
Ruchon fait lecture du document de
Jean-Paul Benech parlant essentiellement de la rencontre de Brest ( 24 personnes réunies le 22 mai) et de la cérémonie en souvenir de la frégate météo
Laplace (accident du 15/09/1050 faisant 51 morts dont 5 météos) à la pointe St-Mathieu (29) ; Jean-Louis évoque
la rencontre des amis du Sud-est tenue
le 14 juin (29 personnes) à Vaison-laRomaine (visite de ruines romaines et
restaurant) ; Francis précise qu’une réunion se tiendra en septembre devant
statuer sur la réorganisation de la délégation sud-ouest ; enfin, Jean Caniot
nous a éblouis par sa présentation des
paysages culturels uniques de la Flandre et du Hainaut (dernière visite du 8
juin) tant française que belge.
•Entrevue avec le PDG : elle est envisagée le 18 juillet (Jean-Louis, Philippe et
Michel Ruchon le rencontreront).
MICHEL RUCHON
A midi, notre amie Marie-Claude Bigot,
qui est en retraite depuis le 1er juillet,
nous a offert l’apéritif ; Jean-Louis lui a
offert au nom de l’AAM quelques cadeaux et l’a remerciée pour tout son
travail en direction de l’AAM (de par ses
fonctions à la DRH ) et aussi au sein
même de l’AAM dont elle est administratrice depuis 2011 et souhaite le rester
à l’avenir.
*dépressions de taille réduite sur les zones polaires des océans.
arc en ciel, bulletin de l’association des anciens de la météorologie, numéro 171
Rencontre AAM- PDG Météo-France*
e 18 juillet, une délégation composée du préLLarmagnac
sident Jean-Louis Plazy, du trésorier Philippe
et du secrétaire général Michel Ruchon a rencontré le PDG de Météo-France François Jacq qui était accompagné de Mme MarieAnge Folacci, Directeur de la Communication.
Le président a d’abord évoqué le voyage au Maroc
du printemps 2013 qui a permis la rencontre protocolaire -et la signature d’un protocole -entre
l’ANRAAM et l’AAM. Le président a remercié M. Jacq
pour le soutien qu’il a accordé à notre initiative.
Le président a également remercié M. Jacq pour
l’éditorial donné en ouverture du numéro spécial
d’Arc en Ciel consacré à la mémoire de Jean Labrousse et Jean Lepas ; sur le chapitre du souvenir, le PDG nous a informés qu’une journée
d’hom-mage à André Lebeau se tiendrait le 24
octobre 2013, probablement à Saint-Mandé.
Toujours dans le cadre de la mémoire, le président a informé le PDG de la publication prévue de
nos collègues de Brest sur l’histoire de la météorologie dans le Finistère ; l’AAM en serait le maitre d’ouvrage pour la coordination et l’édition. Le
président a remercié le PDG pour la numérisation
achevée des numéros d’AEC et l’a informé des 10
interviews d’anciens réalisées.
Le président a remercié le PDG pour la subvention versée en mai et a annoncé que la cotisation
serait probablement augmentée en 2014 pour
maintenir un équilibre entre subvention et cotisations dans les recettes.
Puis la question des locaux utilisés par l’AAM a été
abordée : le PDG assure qu’à Trappes comme à StMandé, l’AAM occupera, à horizon visible, des locaux équivalents à ceux occupés aujourd’hui.
Concernant la possibilité de s’adresser aux observateurs bénévoles pour les inviter à adhérer à
l’AAM, le PDG nous a invités à la prudence car il
y a un contentieux en cours avec l’URSSAF qui a
déjà coûté à Météo-France. Quand tout sera clarifié, il sera éventuellement possible de demander aux directions régionales de faire parvenir
notre invitation à l’adhésion des observateurs
bénévoles.
Concernant la question de la disparition « envisagée » du centre de vacances du Bataillet, le PDG
nous a indiqués que la DGAC envisageait cette
disparition, suite à la mission de la Cour des
Comptes concernant les activités sociales communes ; le PDG reconnaît qu’il suit la position de la
DGAC tout en soulignant que Météo-France n’avait
pas baissé la part des crédits alloués à l’action sociale, contrairement à la DGAC.
MICHEL RUCHON
*Ndlr : Dans l’espace réservé aux membres sur le site
de l’AAM (http://www.anciensmeteos.info), vous pouvez lire la version intégrale du compte-rendu de cette
audience.
arc en ciel, bulletin de l’association des anciens de la météorologie, numéro 171
29
Action sociale…
Prélèvement
pour la dépendance
Depuis le 1er avril 2013, une contribution additionnelle de 0,3% est prélevée
sur le montant des retraites en faveur
de l’autonomie et de la dépendance. Ce
prélèvement est affecté à la caisse nationale de solidarité pour l’autonomie
(CNSA). Cette caisse était auparavant
principalement financée par un prélèvement de 0,3% sur les salaires et une
contribution additionnelle de 0,3 % sur
les revenus du patrimoine et les produits de placement.
La CNSA est un établissement public
créé par la loi n°2004-626 du 30 juin
2004 et mis en place en mai 2005. La
loi n° 2005-102 sur l’égalité des droits
et des chances des personnes handicapées du 11 février 2005 a précisé et renforcé ses missions.
Depuis le 1er janvier 2006, la CNSA est
chargée notamment de financer les aides en faveur des personnes âgées dépendantes et des personnes handicapées.
PIERRE CHAILLOT
Bonus photos (voyage au Maroc)
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1/ Fontaine (jardin du musée de Marrakech)
2/ Jardin Majorelle à Marrakech
3/ Pont ombragé au jardin Majorelle
4/ Relève de la garde du Mausolée Mohamed V (Rabat)
5/6 Intérieur Mosquée Assan II
7/ Plats traditionnels marocain
8/ Cigogne dans le ciel marocain
9/ Dromadaires (palmeraie de Marrakech)
Revalorisation
des pensions
de retraite en 2013.
Régime général (pour tous)
Cette revalorisation de 1,3% a été décidée par le gouvernement après qu’il ait fait sienne la prévision
d’inflation pour 2012 de 1,8% arrêtée par la Commission
Economique de la Nation le 19 mars dernier. Elle a pris
effet au 1er avril 2013.
La revalorisation a été calculée de la manière suivante :
prévision d’inflation 2013 (1,2%) plus l’écart entre
l’inflation (hors prix du tabac) constatée en 2012 (+ 1,9%
selon l’INSEE) et la prévision initiale pour 2012 (1,8%) ;
cet écart étant donc de 0,1%, la revalorisation en 2013
est bien de 1,2 + 0,1% soit 1,3%.
Retraites complémentaires (pour le privé)
Les retraites complémentaires ARRCO (ensemble des
salariés du privé y compris les cadres) et AGIRC (cadres), ont fait l’objet d’un accord entre certaines organisations syndicales et organisations patronales le
13 mars 2013.
Ces retraites complémentaires sont calculées selon un
système de points.
Pour l’ARRCO, la valeur du point est majorée de 0,8% et
pour l’AGIRC de 0,5 %.
Ainsi, à compter du 1er avril 2013 :
- pour l’ARRCO, la valeur du point est fixée à 1,2513 €
(1,2414 € en 2012) ;
- pour l’AGIRC, la valeur du point est fixée à 0,4352 €
(0,4330 € en 2012).
Cette revalorisation des retraites complémentaires est
donc inférieure à celle de la retraite de base (+ 1,3%) car
l’accord entre le patronat et les organisations syndicales signataires a prévu d’augmenter ces retraites complémentaires moins que l’inflation pendant 3 ans afin de
résorber une partie des déficits de ces caisses de retraites (de leur coté, pour cette même raison, les actifs et
les entreprises patronales ont accepté d’augmenter les
cotisations retraites de 0,1%).
La crainte des retraités du régime général (et donc des
retraités de la fonction publique) était que le gouvernement suive l’exemple de l’accord sur les régimes complémentaires pour désindexer l’augmentation des retraites de l’évolution de l’inflation.
Pour 2013, le gouvernement a finalement opté pour le
maintien de cette indexation… on peut croiser les doigts
pour qu’il en soit de même en 2014 !
PIERRE CHAILLOT
arc en ciel, bulletin de l’association des anciens de la météorologie, numéro 171
31
http : // www.anciensmeteos.info
CORRESPONDANT RÉGIONAUX
CONSEIL D’ADMINISTRATION
Président d’honneur
Jean-Jacques Vichery: 03 20 32 89 81
BUREAU DE L'A A M
Président
Jean-Louis Plazy : 04 90 47 52 40
Vice-Présidents
Jean-Noël Veyron-Churlet : 05 61 55 06 36
Secrétaire général
Michel Ruchon : 01 30 45 33 80
Secrétaire adjoint
Nicole Gazonneau : 01 46 78 58 44
Trésorier
Philippe Larmagnac : 02 54 46 28 44
Trésorier adjoint
Jean-Claude Biguet : 01 43 58 86 50
Michel Le Quentrec : 06 71 90 70 77
Autres membres
Pierre Baüer : 05 61 76 40 64
Michel Beau : 01 47 36 35 37
Michel Beaurepaire : 01 77 94 70 14
Jean-Paul Bénec’h : 02 97 47 53 02
Jean-Michel Bidéondo : 03 26 07 60 09
Marie-Claude Bigot : 02 37 31 59 12
Martine Camblan : 02 98 40 02 26
Joseph Chouchana : 01 60 10 08 14
Jean Coiffier : 05 61 13 65 25
Marc Murati : 02 98 07 30 99
Jean Pailleux : 05 61 06 76 11
Photo de couverture :
la mosquée Hassan II
Crédit photo : Christian Lefévre
Ile-de-France…
• Michel Ruchon : 01 30 45 33 80
23 allée Paul Langevin 78210 St-Cyr l’école
• Nicole Gazonneau : 01 46 78 58 44
5 rue du Docteur Paul Laurens
94800 Villejuif
Nord…
• Jean Caniot : 03 20 92 51 75
17 avenue de Soubise 59130 Lambersart
• Jean-Jacques Vichery : 03 20 32 89 81
20 rue George Sand 59710 Avelin
Sud-Ouest…
• Francis Dutartre : 05 61 91 94 51
1553 route de Toulouse 31470 Saint-Lys
• Jean Coiffier : 05 61 13 65 25
25 boulevard Armand Duportal
31000 Toulouse
Sud-Est…
• Jacques Lorblanchet
344 allée de l’orée du Golf
34280 La Grande Motte
• Marcel Vial : 04 42 83 23 60
11 impasse de la Gache-Saint-Jean
13600 La Ciotat
Centre-Est…
• Michel Estéoule : 04 78 28 72 49
304 Bd des Canuts 69300 Caluire
Ouest
• Jean-Paul Bénec’h : 02 97 47 53 02
6 rue de Mangorvennec 56980 Saint Avé
• Marc Murati : 02 98 07 30 99
20 rue de la gare 29460 DIRNORD
La Réunion…
• Guy Zitte : 02 62 30 68 14
13 cité Océan Montgaillard
97400 Saint Denis de la Réunion
Secrétariat de l’AAM
à Trappes, Joëlle Tonnet
téléphone : 01 30 13 61 65
c o u r r i e l : a a m @ m e te o . f r
Bulletin Directeur de la publication
MICHEL BEAUREPAIRE
quadrimestriel
publié par l’association
Rédacteur en chef :
des anciens
PIERRE CHAILLOT
de la météorologie
7 rue Teisserenc de bort
78190 Trappes
Comité de rédaction :
MICHEL BEAUREPAIRE
JEAN-PAUL BÉNCH’H
JEAN-MICHEL BIDÉONDO
ROGER BEVING
MARTINE CAMBLAN
JEAN CANIOT
PIERRE CHAILLOT
JOSEPH CHOUCHANA
MICHEL RUCHON
conception, réalisation, impression: D2C/IMP (Météo-France) ISSN 1270 511X
n° SIRET: 49324 104 6000 17
arc en ciel, bulletin de l’association des anciens de la météorologie, numéro 171