Le clan des Siciliennes

Le clan des Siciliennes
9 juillet 14
Festival d’Avignon Superbe création
d’Emma Dante avec tout le poids de la
Sicile. Elle sera l’an prochain au National.
Avant Bruxelles et Avignon,
la pièce avait été jouée à
Rome, en février dernier.
Critique Guy Duplat
Envoyé spécial à Avignon
a scène est vide, plongée dans le noir. Elles arrivent
peu à peu. On ne voit d’abord que leurs visages,
puis leurs silhouettes drapées dans les robes de
deuil des pays de la Méditerranée: ce sont les sept
sœurs Macaluso, “Le Sorelle Macaluso”. Elles sont drô­
les, espiègles, rient nerveusement, elles sont graves
aussi. Un vrai clan des Siciliennes, une “fratrie” de
sœurs (curieux que la langue française n’ait pas de mot
féminin pour cela). Elles tentent de se frayer un chemin
dans ce Sud de I’Italie marqué par la tradition, la reli­
gion et la pauvreté. Elles se font des farces, font des ca­
brioles. Mais les drames ne sont jamais loin.
Emma Dante travaille depuis quinze ans à Palerme et
parle de ce Sud de l’Europe. Son théâtre joué en dialecte
palermitain est imprégné de vérité sociale et de réa­
lisme poétique. Elle crée des pièces magnifiques dont
“Le Sorelle Macaluso”, créé lundi au Festival d’Avignon,
TIZIANA FABI/AFP
L
“LE SORELLE
MACALUSO”
dans le cadre du projet “Villes en scènes”, dans lequel
Avignon et le Théâtre national sont associés. Le specta­
cle fera ensuite une tournée européenne et on pourra le
voir à Bruxelles, au National, du 24 au 27 février.
Le père, ce “porc”
Les sept sœurs ne sont pas belles, elles sont plus que
cela, elles vivent, se tiennent par la main et tentent de
saisir les bouts d’existence qui passent à côté d’elles. El­
les sont unies par le souvenir des morts qui reviennent
sur scène. Le père dont elles se moquent et imitent l’as­
pect de “porc” quand il criait. Mais il y surtout le drame
qu’elles connurent jadis, quand la famille était encore
unie et passait une après­midi à la plage. Dans un acci­
dent stupide, une des sœurs s’était noyée. Qui porte la
responsabilité?
Chez les sœurs Macaluso, dans cette société matriar­
cale, il y a les plus âgées qui jouent les cheffes, il y a les