Nom fictif
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Nom fictif
No m et p réno m : I sabell e (No m fictif) Age : 30 ans Nati onalité : Capv erdi enne État c ivil : cé libatai re Enfant : 1 Statut actuel : sans papie r Date d’ar rive r au Luxe mbou rg : 20 04 Elle s’exp ri me en f ranç ais « L’h o mme e st c apable de f air e c e qu’il est incapabl e d’i ma gine r ». René Char Isabelle est une élève comme une autre dans son école au Cap-Vert, quand à quinze ans, elle doit tout quitter pour donner naissance et s’occuper de son enfant. N’ayant pas les moyens de subvenir aux besoins de son fils, Isabelle choisit le chemin de l’immigration. Elle arrive donc en Europe par la France où elle vit pendant quatre ans. Elle y travaille sans aucun problème avec de faux papiers. Mais cet équilibre précaire s’effondre lorsque l’on découvre sa situation et elle doit alors quitter le pays. Elle décide de venir au Luxembourg. Isabelle va y faire la rencontre d’un homme avec lequel elle imagine déjà une vie meilleure. Elle ne peut l’épouser car celui-ci est déjà marié mais qu’importe, les sentiments réciproques semblent être présents.. Après quatre années sans vague, Isabelle va alors connaître l’inadmissible. Son conjoint va faire pleuvoir sur la jeune femme coups et blessures. La brutalité dont il fait preuve est de plus en plus forte, les persécutions psychologiques itou et suite à une terrible dispute qui la mènera à l’hôpital, Isabelle le quitte et va demander de l’aide à un service pour femmes battues. Malheureusement, elle ne peut pas être admise dans un foyer car elle n’est pas régularisée au pays. Ne trouvant d’autre refuge, Isabelle retourne chez son conjoint. La situation ne s’améliore pas, bien au contraire. Isabelle, sous le joug de cet homme violent, ne connaît plus de quiétude. Outre les violences, elle doit lui obéir et ne plus avoir aucune relation sociale. Elle est enfermée à domicile et le moindre affront lui fait goûter aux ires de son conjoint. Isabelle voudrait pourtant fuir mais l’homme la menace d’appeler la police. Elle ne trouve alors plus d’autre issue de secours, pieds et poings liés, dépendante financièrement car cet homme subvient également aux besoins de son fils, resté au Cap-Vert. « Mon fils me manque énormément. Je lui envoie de l’argent mais jamais, je ne pourrais rattraper toutes les étapes et changement important de sa vie », dit-elle. Isabelle connaît beaucoup de personnes susceptibles de lui offrir un emploi mais sans papiers elle est bloquée. « Mon souhait est de les obtenir », dit-elle « C’est mon indépendance qui est en jeu. Et il me tarde tant de revoir mon fils ». No m, prén o m : Julie (N o m fictif ) Age : 38 an s Nati onalité : Ni gé rienne État c ivil : veuv e Enfants : une fille de 11 an s deux fil s de 9 et 14 ans Situation a ctuelle : de mandeur d’a sile d epuis le 25 f évrie r 200 4 (débouté e depui s 2 00 7) Elle pa rle l’an glai s « C’est dans la conn aiss ance des conditi ons authentiques de notr e vi e qu’il nous faut puiser la fo rce d e viv re et de s rai son s d’a gi r». Simone de Be auvoi r Julie avait, au Niger, une vie stable et prospère. Cette maman de trois enfants exerçait la profession d’infirmière prénatale et possédait son propre cabinet. Ce bonheur n’aura été qu’éphémère. Lors d’une consultation, une femme enceinte se plaint de violentes douleurs au ventre. Julie apprend que la jeune femme a pris une pilule abortive. Elle va faire son possible pour l’aider mais des complications entraînent la mort de sa patiente et de l’enfant qu’elle portait. Malheureusement, Julie va apprendre à ses dépens, que sa patiente était la femme d’un puissant chef d’une organisation criminelle et dangereuse, l’OPC (Odua People’s Congress). Considérant Julie comme unique responsable de la mort de son épouse, il va, pour se venger, détruire le cabinet de l’infirmière et la menacer de mort. Julie trouve refuge chez ses voisins qui vont lui venir en aide en l’aidant à s’échapper. Angoissée de remettre les pieds chez elle, elle préférera se cacher plusieurs jours dans l’église d’un village voisin. Dans sa mauvaise fortune, Julie aura la chance de croiser alors une ancienne patiente, Mme Bakara. Celle-ci va lui présenter le capitaine Joe qui lui propose de l’emmener en bateau jusqu’en Europe. Elle embarque alors sans connaître sa destination exacte, laissant derrière elle, ses enfants chez une amie. Après un long périple en mer, le capitaine l’amène alors en voiture jusqu’au Luxembourg. Une fois à destination, le capitaine la laisse avec comme seule consigne de faire une demande d’asile. « Les autorités luxembourgeoises m’ont bien accueillie », dit-elle. « Ici, je me sens heureuse et protégée ». Mais c’est un bonheur en demi-teinte car ses enfants sont toujours au Niger et Julie a obtenu une réponse négative de la Cour administrative qui confirme la décision du Ministère des Affaire Etrangères. Elle n’obtient pas le statut de réfugiée politique. Anéantie, Julie n’obtient désormais, plus aucun soutien financier de l’Etat. Elle est pour le moment dans l’attente du statut de tolérance et cela rend sa vie incertaine et précaire. No m et p réno m : Juliette (N o m fi ctif) Age : 2 7 ans Nati onalité : To go lais e État c ivil : ma rié e Enfants : 2 fill es Statut actuel : de mandeur d’asi le Date d’ar rive r au Luxe mbou rg : 7 mar s 2 005 Elle s’exp ri me en f ranç ais « Confr onté à une ép reuve, l’ho mme ne disp ose qu e de t roi s ch oix : 1) co mbatt re ; 2 ) ne rien fai re ; 3 ) fuir ». Henri Lab orit Juliette, angoissant pour sa sécurité et celle de sa famille, décide de quitter le Togo. En effet, lors d’une marche de protestation organisée par l’opposition au gouvernement, son mari voit son meilleur ami ainsi que de nombreux civils se faire abattre, sans pitié par les forces de l’ordre. Suite à cet événement, son mari, dissident au régime, est recherché. Il doit quitter le pays au plus vite. Il réussi à fuir et à se réfugier au Benin. Craignant pour sa vie, Juliette, alors enceinte de sept mois parcourt à travers bois, les dix kilomètres la séparant de son mari. Au Bénin, le couple prend contact avec des passeurs. Ils arrivent alors en France puis se rendent au Luxembourg en voiture. Peu après leur arrivée, Juliette donne naissance à sa première fille. Cette naissance sera suivie, un an après, par la venue d’une deuxième fille. Aujourd’hui la famille vit dans un petit studio. Ils n’ont toujours reçu aucune réponse à leur demande d’asile. « Chaque jour qui passe, nous amène son lot de peurs et d’angoisses », dit-elle. « Le simple fait d’entendre quelqu’un frapper à la porte, nous effraie ». Juliette souhaite obtenir ses papiers pour travailler et ainsi subvenir aux besoins de sa famille et afin de s’intégrer parfaitement au Luxembourg, elle suit des cours de luxembourgeois. Mais son souhait le plus cher, elle l’avoue du bout des lèvres : « Je m’inquiète énormément pour ma fille aînée car elle souffre d’un problème cardiaque. Je rêve de la voir, ainsi que sa sœur, grandir dans les meilleurs conditions possibles ». No m et p réno m : Lau rence Age : 32 ans Nati onalité : ex-you go slave État c ivil : cé libatai re Enfant : aucun Statut actuel : déb outé d’a sile Date d’ar rive r au Luxe mbou rg : 1 99 8 Elle s’exp ri me en f ranç ais « L a fo rce naît de l’ adve rsité et de s souffr ance s » Paul Ohl Laurence prend sa destinée en main et décide de quitter son pays alors déchiré par la guerre. Elle se rend seule au Luxembourg et introduit une demande d’asile politique pour essayer de reconstruire sa vie. Sa procédure est un parcours très difficile. Laurence est seule et ne sait plus à quels saints se vouer. Elle se sent parfois submergée par la tâche à accomplir. Pis encore, depuis quatre ans, Laurence est déboutée du droit d’asile et se trouve dans l’irrégularité. L’assurance de jours meilleurs n’est plus aussi certaine. Elle ne peut s’adresser à un médecin quand elle est malade et elle doit travailler sans permis de travail. Elle vit la peur au ventre et au jour le jour. Cette situation la laisse sans espoir et désespérée car cette instabilité l’empêche de planifier sa vie. Elle aimerait être régularisée pour y voir clair et travailler en respectant les lois. Cette crise traversée trouvera une réponse providentielle en mai 2007. Laurence est régularisée et peu de temps après elle trouve un travail. « Je me sens enfin en sécurité et je n’ai plus peur de rien. Quelle joie ! », avoue-t-elle les yeux brillants. No m, prén o m : M art a (No m fi ctif) Age : 2 8 ans Nati onalité : An go lais e État c ivil : veuv e Enfant : 1 fille de 5 an s Situation a ctuelle : de mandeur d’a sile Date d’ar rivé e au Luxe mb our g : 30.0 3.20 05 Elle pa rle le f ranç ais « C’est dans le feu que le f er se tre mp e et devient a cier. C’est dans la doul eur qu e l’h omme t rouve la r évél ation de sa fo rce ». Henri Consc ience Marta menait une vie heureuse en Angola avec son mari et leur petite fille. Mais sa vie bascula, le jour où la police débarqua à leur domicile car le couple faisait parti du mouvement séparatiste FLEC. Devant ses yeux, impuissante et horrifiée, Marta assiste à l’agonie de son mari, sommairement exécuté, et à celle de sa fille, grièvement blessée à coups de couteau dans la jambe. Marta, elle, est arrêtée et enfermée en prison. Six mois où elle subira des traitements inhumains. A sa sortie de prison, son parrain lui annonce qu’il a réussi à organiser sa fuite du pays et qu’elle doit le jour même prendre l’avion pour l’Europe. Elle quitte alors l’Angola avec sa fille, laissant derrière elle, tout ce qui avait été sa vie. La maman et sa fille arrivent au Luxembourg grâce à une connaissance de son parrain. Ici, elles doivent oublier les horreurs du passé et recommencer une nouvelle vie. Pourtant Marta ne se sent pas en sécurité. Elle se sent menacée et pense que des gens de l’Angola la poursuivent et en veulent à sa vie et à celle de sa fille. Encore, aujourd’hui, confie-t-elle, elle souffre de l’immense traumatisme vécu en Angola. Elle voit un psychiatre qui l’aide à exorciser ses démons, à oublier, à avancer. A son arrivée, cette angoisse qui l’étreignait la pousse à fuir de nouveau. Mère et fille quittent le Luxembourg pour la France. Elles y résident huit mois mais seront finalement reconduites au Grand-Duché, car c’est là, qu’Marta a déposé sa demande d’asile. Avril 2007, deux ans après son arrivée, Marta obtient son statut de réfugiée. La famille quitte le foyer pour un appartement. Marta avoue que la vie est dorénavant plus facile et plus légère. « Ma fille est folle de joie », dit-elle « car elle peut enfin voyager, manger ce qu’elle désire et aller à l’école comme tout autre enfant de son âge ». Marta continue à prendre des cours de langue car elle souhaite ardemment s’intégrer au Luxembourg et pouvoir ainsi plus aisément trouver un travail. Mais son rêve, dit-elle dans un sourire, est d’ouvrir un restaurant africain pour apporter un peu plus de goût dans la vie des Luxembourgeois. No m et p réno m : Gh ar aie Sha mi ra Age : 4 1 ans Nati onalité : i rani enne État c ivil : ma rié e Enfants : 2 (sept et onze ans, sco la risé s au Luxe mb our g) Statut actuel : réfu giée re connue Date d’ar rive r au Luxe mbou rg : 20.1 2.20 04 Elle s’exp ri me en f ranç ais « L’ép reuve du c our a ge n’e st pa s de mou ri r, mai s de vivr e » Vittorio Alfien Shamira a quitté sa ville natale de Téhéran avec son mari et ses deux enfants âgés de sept et onze ans pour venir en Europe demander l’asile politique. En Iran, le couple a toujours été engagé politiquement et le frère de Shamira a été exécuté par le régime islamique. Avant l’arrivé au Luxembourg, Shamira n’avait jamais entendu parler de ce pays mais ils n’avaient pas le choix et ils ont été amenés par leur passeur. Ils arrivent à midi à Luxembourg et ils courent alors entre les différents ministères afin d’obtenir les renseignements nécessaires. Finalement à 17 heures, ils réussissent à avoir un logement au foyer Don Bosco. « Après une journée pleine d’obstacles, l’accueil de la personne responsable du foyer a été très chaleureux et nous nous sommes sentis plus soulagés », se souvient-elle. Par après, Shamira n’a pas rencontré de problèmes particuliers même si elle avoue, avoir rencontré quelques difficultés d’adaptation. « Les gens sont très serviables et aimables », dit-elle. Depuis le 23 août 2006, Shamira et sa famille sont accueillis par une famille luxembourgeoise à Born. Ses enfants sont très bien intégrés à l’école et parlent parfaitement le luxembourgeois et l’allemand. Shamira, elle, parle couramment le français et suit des cours d’allemand. Très active, elle écrit notamment plusieurs article pour le magazine « AstiInfo » de l’ASTI dans la rubrique « Secrets d’Afrique et Worldwide », un des projets encadrant les demandeurs d’asile. Riche de ses expériences passées, Shamira s’engage et met sa disponibilité au service des nouveaux demandeurs d’asile iraniens. Elle les accompagne pour certaines démarches administratives. « Pourquoi », se demande-t-elle, « même en Europe, le berceau de la démocratie, on devrait toujours vivre dans l’angoisse ? Comment peut-on expliquer cette circonstance à nos enfants qui veulent tout simplement avoir une vie normale comme les autres enfants ? ». Le 13 février 2008, après une première réponse négative à leur demande d’asile et un an d’inquiétude et d’incertain, la famille obtient enfin une réponses favorable. No m et p réno m : Si mone (N o m fictif ) Age : 32 ans Nati onalité : l ibéri enne État c ivil : ma rié e Enfant : aucun Statut actuel : annulé depui s n ove mbr e 2 007 Date d’ar rive r au Luxe mbou rg : 01. 06.2 004 Elle s’exp ri me en f ranç ais « L’h o mme sans aucun appui et s ans aucun sec ours est c onda mné chaque instant à invente r l’h o mme » Jean-Paul Sa rtr e Simone quitte, avec son mari, son pays alors déchiré par la guerre. Lorsqu’elle quitte le Libéria, elle ignore alors sa destination. C’est seulement à son arrivée qu’elle apprend qu’elle est en Europe dans un pays qui s’appelle le Luxembourg. Ses démarches au Luxembourg se passent rapidement et facilement et elle se rappelle toujours de l’accueil positif à son arrivée. Depuis qu’elle vit au Luxembourg, Simone n’a pas rencontré de problèmes particuliers. Cependant elle se plaint de ne pas avoir d’occupation Pour remédier à cela, elle s’engage en juillet 2006 dans le projet Go4Lunch de l’ASTI. Bien que l’occupation soit temporaire, Simone est heureuse d’avoir enfin une activité. Elle intervient encore sporadiquement au Go4Lunch en tant qu’aide supplémentaire pour le catering. Malheureusement, elle n’a jusqu’à ce jour, pas réussi à trouver un employeur afin de demander une AOT (Autorisation d’Occupation Temporaire, dans le cadre de la nouvelle loi sur l’asile). Le 25 octobre 2006, le couple reçoit une première réponse négative à leur demande d’asile et cette réponse s’accompagne d’une autre mauvaise nouvelle, Simone perd l’enfant qu’elle portait. Depuis novembre 2007, Simone et son mari ont un annulé. Malgré cette mauvaise nouvelle, Simone continue son processus d’intégration au Luxembourg. Elle est inscrite dans un cours de luxembourgeois organisé par Caritas. Simone continue à croire à un avenir prometteur et avoue qu’elle se sent bien au Luxembourg et aimerait continuer à y vivre. No m, Pr éno m : Stéphan ie(N o m fictif ) Age : 2 1 ans Nati onalité : l ibéri enne Etat c ivil : cé libatai re Enfant : 1 Situation a ctuelle : de mandeur d’a sile Date d’ar rivé e au Luxe mb our g : 2 0.07. 200 4 Elle pa rle an glai s et un peu le franç ais « I mpos e ta chanc e, s er re t on bonh eur et v a ve rs to n risque. A te re ga rder, ils s’h abituer ont ». René Char Stéphanie menait une vie heureuse au Libéria jusqu’à la guerre qui emportera ses parents. Brisée par ses événements, Stéphanie va quitter Voinjama en bateau pour une destination inconnue. Une fois à destination, elle va apprendre qu’elle est en Espagne mais on lui conseille alors de partir au Luxembourg, car, lui dit-on, la demande d’asile est plus facile à obtenir. Lors de son parcours administratif, Stéphanie ne rencontrera jamais aucun problème. « Les responsables que j’ai rencontré étaient corrects et je n’ai eu aucune expérience xénophobe », avoue-t-elle. Afin de ne pas rester inactive, Stéphanie décide de suivre des cours de français et de luxembourgeois ainsi que des cours de couture au foyer St Antoine. Et depuis janvier 2007, elle participe ardemment au projet Go4Lunch de l’ASTI. Stéphanie veut avancer et souhaite, avec force, s’intégrer au Luxembourg. « J’espère un avenir prometteur pour mon enfant né au Luxembourg et je garde toujours espoir », dit-elle. Cet espoir continue à l’animer malgré sa deuxième réponse négative à sa demande d’asile mais elle arrive tout de même à se consoler avec son statut de tolérance qu’elle a obtenu en 24 mai 2007. La jeune femme, très ancrée dans la réalité, avoue aujourd’hui, qu’elle souhaite très rapidement trouver un travail. No m, prén o m : Susan a (No m fictif) Age : 4 0 ans Nati onalité : S éné gala ise État c ivil : cé libatai re Situation a ctuelle : sans-p apier s Date d’ar rivé e au Luxe mb our g : 10.0 9.2 001 Elle pa rle le f ranç ais, le wol of, l’An glai s et un peu l e Luxe mb our geo is « Nous nou s réveil lons tous au mê me endr oit du rê ve ; Tout c o mmence en ce monde, et tout finit ail leur s » Victor Hu go Enfant, Susana rêvait d’enseigner, de transmettre, d’initier. Des années plus tard, la petite fille est devenue une jeune institutrice à Diourbel, sa ville natale. Éduquer des enfants c’est également éduquer une nation en devenir. Mais en attendant cette relève, Susana s’engage avec succès dans une formation de formatrice et agent de développement durable dans son pays. S’en suivront, quatre années, riches en rencontres et coopérations diverses avec des ONG sénégalaises et étrangères pour développer des projets tels que la formation de Volontaires de l’Education (VE) qui avaient pour but d’enseigner à des jeunes enfants dans des zones du pays où l’école n’est pas. Ne baissant jamais les bras devant l’adversité ou le scepticisme des chefs de village ou des fonctionnaires du Ministère, qui ne voyaient en elle qu’une femme, Susana réussit à mener à terme ses projets en développant, au fil des années, plusieurs écoles communautaires de base dans le sud et l’est du pays. Pourtant, ce challenge de taille ne se prolongera pas. Des tensions apparaissent entre elle et le nouveau chef de projet. Mais il faut avancer coûte que coûte, ne jamais faire de surplace et face aux invitations répétées de ces amis et collègues européens, Susana se lance alors dans le plus grand défi de sa vie. Tenter sa chance ailleurs… Septembre 2001, Luxembourg. Bien-sûr le dépaysement est total et le choc peut-être rude pour certains mais Susana ne fait pas partie de ces gens qui s’apitoient. Une semaine, à peine, après son arrivée, Susana a déjà trouvé un travail. Dans l’attente d’un logement, ses amis l’hébergent et elle est heureuse de constater que la solidarité ne s’arrête aux frontières du Sénégal. Susana trouvera rapidement un petit studio mais son foyer est sans cesse menacé par la peur qui la tenaille. Cette peur, jour et nuit, qu’on la retrouve, qu’on l’expulse. Mais avec son tempérament, on continue, on avance. D’appartements en petits studios. De petits boulots en petits boulots. Baby-sitting, service dans des cafés, plonge dans des restaurants aucun travail n’est désobligeant. Pas même le ménage, son principal travail. Du lundi au samedi, debout dès 5h30 du matin car « Il faut être à 7h dans la maison avant que les gens partent travailler », dit-elle. Elle aimerait travailler à nouveau dans des ONG mais être sans papiers ne facilite pas les choses. Susana travaille sans relâche. Elle n’a jamais le temps de se plaindre, cela lui prendrait trop de temps mais elle s’autorise parfois à rêver à des jours meilleurs, à ces jours où elle pourra suivre une formation professionnelle qui remplacera ses diplômes non-reconnus au Luxembourg et ainsi l’autorisera enfin à faire autre chose que des ménages. Mais heureusement que ses amies sénégalaises sont là. Une fois par moi, le samedi, elles dînent ensemble. Elles parlent du pays qui paraît si loin, elles se remémorent avec nostalgie leurs souvenirs, elles rient de leurs nouvelles expériences au Luxembourg… Entourée de ses amies, Susana se permet à nouveau d’être une femme. En dehors de son travail, Susana ne se laisse que peu de répit. Elle suit des cours de luxembourgeois et s’engage à donner des cours particuliers de wolof à des femmes mariées à des Sénégalais ou à des femmes ayant des projets avec le Sénégal. Elle a également été membre fondatrice de l’association de Sénégalais au Luxembourg en 2005 (« Gouy Gui » qui signifie Baobab) et également membre de son Comité d’Organisation mais par manque de temps, elle n’est pas trop active ces derniers temps et participe ponctuellement à des activités. - « Il faut que j’avance, si je m’investis dans quelque chose je veux avoir des résultats. Je ne peux pas me permettre de perdre du temps dans des réunions qui n’aboutissent à rien, c’est du temps perdu et je n’en ai pas beaucoup », dit-elle. Susana est également souvent sollicitée pour ses talents de cuisinière et c’est avec plaisir qu’elle mitonne des plats africains pour des fêtes ou des soirées organisées par les gens chez qui elle fait le ménage. L’année dernière, Susana apprend le décès de son père. Touchée par la perte de celui-ci et bien qu’habitant désormais à des milliers de kilomètres du Sénégal, les liens familiaux restent forts et inaltérables. Mais elle craint aujourd’hui pour la santé de sa mère qui se détériore. Elle fait comme elle peut pour lui envoyer régulièrement de l’argent même si c’est peu. Elle reste un important soutien financier pour sa famille restée à Diourbel. Susana aimerait rester au Luxembourg avec des papiers. Elle a essayé à deux reprises d’en obtenir. En 2002, elle s’inscrit à la Sécurité Sociale et demande un permis de résidence… sans résultat. En 2005, avec l’aide d’un avocat et la promesse d’embauche de deux couples luxo-sénégalais, elle essaie d’avoir un permis de séjour. L’affaire traîne pendant des mois. Elle réussit à obtenir un permis pour 20h mais au final sa demande est déboutée car 20h ne suffisent pas comme source de revenu. Malgré tout, Susana continue à y croire. Elle continue à avancer et veut se donner les moyens pour réussir. Elle fourmille déjà d’idées pour l’avenir et quand on lui demande ce à quoi elle rêve, elle avoue qu’elle aimerait bien se poser, avoir une famille et une vie tranquille comme n’importe quelle jeune femme de son âge. No m, Pr éno m : Ana (N o m fi ctif) Age : 2 1 ans Nati onalité : monténé grine Etat c ivil : cé libatai re Enfant : 1 Situation a ctuelle : sans papie r Date d’ar rivé e au Luxe mb our g : 14.0 8.20 07 Elle pa rle le f ranç ais « Le s enfants d e l a gue rre ne sont pas des enfants. Avec leu r min e fiè re et l eurs yeux tr op gr ands. Ils ont vu l a mis èr e recouv ri r l eurs él ans Et de s mains étran gè re s é gor ge r l eurs pr intemp s ». Cha rles Aznav our Ana a quatorze ans en mars 2000 et la guerre fait rage dans son pays. Avec ses parents, elle fuit la SerbieMonténégro, pour s’installer au Luxembourg. La famille demande l’asile politique mais suite au refus de leur demande en 2004, ils sont contraints de retourner au pays. A l’âge de dix-huit ans, Ana donne naissance à une petite fille. Sa vie va alors basculer. Le père de sa fille quitte le pays. Ils vont garder difficilement le contact un certain temps mais aujourd’hui le lien est rompu. Face à une situation de plus en plus précaire et la difficulté à élever correctement son enfant avec de maigres ressources, Ana suit les conseils de son père et décide de retourner au Luxembourg. La jeune femme avoue que son parcours administratif au Luxembourg n’a pas été des plus simples. Sa demande est refusée car la guerre étant finie, Ana ne court alors plus aucun danger. Mais son départ, explique-t-elle alors, n’est pas dû à la guerre mais à une question de sécurité. Etre une femme célibataire avec une enfant la met en danger, dit-elle. Ana, malgré un premier refus, ne perd pas espoir. Elle se présente à nouveau le lendemain mais elle est informée que sa demande ne pourra être acceptée car elle avait, en 2000, déjà essuyé un refus. Ana voit aujourd’hui la vie en noir. Les souvenirs de sa vie d’avant continuent à la hanter et c’est au quotidien qu’elle doit affronter son sentiment d’insécurité, cette peur au ventre constante. Pour subvenir à ses besoins ainsi qu’à ceux de sa fille, elle doit travailler sans permis de travail car il faut manger, il faut continuer à vivre. Cette jeune femme que rien ne vient différencier d’une autre de son âge avoue aujourd’hui que son rêve serait d’obtenir son autorisation de séjour et avoir ainsi une vie tranquille. No m, Pr éno m : Claudi a Age : 2 1 ans Nati onalité : l ibéri enne Etat c ivil : cé libatai re Enfant : 1 Situation a ctuelle : de mandeur d’a sile Date d’ar rivé e au Luxe mb our g : 2 0.07. 200 4 Elle pa rle an glai s et un peu le franç ais « I mpos e ta chanc e, s er re t on bonh eur et v a ve rs to n risque. A te re ga rder, ils s’h abituer ont ». René Char Claudia menait une vie heureuse au Libéria jusqu’à la guerre qui emportera ses parents. Brisée par ses événements, Claudia va quitter Voinjama en bateau pour une destination inconnue. Une fois à destination, elle va apprendre qu’elle est en Espagne mais on lui conseille alors de partir au Luxembourg, car, lui dit-on, la demande d’asile est plus facile à obtenir. Lors de son parcours administratif, Claudia ne rencontrera jamais aucun problème. « Les responsables que j’ai rencontré étaient corrects et je n’ai eu aucune expérience xénophobe », avoue-t-elle. Afin de ne pas rester inactive, Claudia décide de suivre des cours de français et de luxembourgeois ainsi que des cours de couture au foyer St Antoine. Et depuis janvier 2007, elle participe ardemment au projet Go4Lunch de l’ASTI. Claudia veut avancer et souhaite, avec force, s’intégrer au Luxembourg. « J’espère un avenir prometteur pour mon enfant né au Luxembourg et je garde toujours espoir », dit-elle. Cet espoir continue à l’animer malgré sa deuxième réponse négative à sa demande d’asile mais elle arrive tout de même à se consoler avec son statut de tolérance qu’elle a obtenu en 24 mai 2007. La jeune femme, très ancrée dans la réalité, avoue aujourd’hui, qu’elle souhaite très rapidement trouver un travail.