À l`hôtel Métropole, l`histoire refait surface
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À l`hôtel Métropole, l`histoire refait surface
Préservation du patrimoine avec Galère À l’hôtel Métropole, l’histoire refait surface Chaque époque connaît ses badigeonneurs qui, au nom de la modernité, préfèrent faire table rase du passé. Mais aussi ses archéologues qui font resurgir ce même passé ! À l’hôtel Métropole à Bruxelles, les badigeonneurs ont sévi en premier, vers 1930, et ont été suivis, en 2009, par des amoureux du patrimoine qui sont parvenus à ressusciter ce que les précédents avaient enterré… I l était une fois… vers 1901, un célèbre décorateur du nom de Félix Coosemans, chargé par la famille Wielemans-Bervoets d’imaginer un « jardin d’hiver » pour le grand hall de l’hôtel Métropole qu’elle possède en centre-ville. Notre artiste le coiffe d’une verrière d’une douzaine de vitraux qui diffusent leur lumière tamisée sur les plantes ornementales. Dans le style renaissance italienne, il rehausse les stucs de modénatures, couvre les plafonds de toiles marouflées et habille les murs de marbres de Numidie, de miroirs géants et d’élégantes menuiseries. Six grandes colonnes, ornées de bronzes pompéiens et de dorures à la mixtion soutiennent les soffites du plafond. Une décoration luxuriante dans laquelle se retrouvent aussi quelques touches de cet esprit « art nouveau », bien d’époque… TOUT CASSE, TOUT LASSE… Mais voilà ! En 1937, les fameux décors, ont peut-être un peu lassé leur public et l’architecte moderniste Adrien Blomme est alors chargé de remettre les lieux au goût du jour. Il simplifie, voire élimine les GRATTAGE - La couche unie beige est grattée au scalpel, centimètre par centimètre. 48 construction - février 2010 décors et se met à enduire stucs et toiles ! Dans la foulée, il transforme les escaliers menant aux étages et y remplace les lustres du Val-Saint-Lambert par des appliques à boules. Un peu plus tard, dans les années 70, une bonne couche de peinture beige vient couvrir l’ensemble des décors, y compris les peintures des plafonds ! La verrière de Coosemans se retrouve masquée derrière un plafond suspendu, tandis que le plancher d’origine est remplacé par un dallage en marbre rose… Un morceau de notre patrimoine est ainsi mis sous le boisseau. VOS INTÉRÊTS Caïus 2009 du Patrimoine en Région de Bruxelles-Capitale Pour la restauration exemplaire du jardin d’hiver, la Fondation Prométhéa a décerné le mois dernier un « Caïus » (prix récompensant la qualité d’un mécénat) à cette famille qui, depuis six générations, entretient avec passion ce fleuron de notre patrimoine : « Le jury a souligné la qualité et l’intégrité des restaurations menées et a souhaité encourager cette démarche exemplaire unique en Europe ». DOSSIER ANGELOT – Cette peinture à l’huile de belle facture, créée sur toile marouflée vers 1901 par Coosemans, réapparaît en trompe-l’œil, comme par enchantement. AU PISTOLET - Essais de restitution des polychromies et dorures sur les architraves. Autres membres de la Confédération Construction sur ce chantier : • sprl Durnez frères, de Hollain, pour les verrières • s.a. Balteau i.e., de Monteghée, pour l’électricité PROJETS & ENTREPRISES Principaux intervenants chez Galère : • Sophie Lefert, chef de projets au département « Bâtiment-Restauration » • Michel Giunta, coordinateur de chantier SECTEUR & MÉTIERS RENOUVEAU DEPUIS 2007 La direction de l’hôtel ayant décidé de rafraîchir à nouveau les lieux, une étude stratigraphique révèle les trésors enfouis : staffs et stucs sous les enduits, dans les écoinçons et sur les architraves, toiles marouflées dans les caissons des plafonds… Quelle merveille ! La décision est alors prise d’oublier l’intervention d’Adrien Blomme, moins significative, pour mieux remettre en lumière l’allégorie « belle époque » de Félix Coosemans. Ce travail délicat, qui a fait l’objet d’une demande de permis d’urbanisme, devait nécessairement être confié à une entreprise réputée pour son soin. Suite à un appel d’offres, c’est la s.a. Galère qui est retenue. Les restauratrices du décor ancien sont Marianne De Wil, Caroline Pholien et Isabelle Happart qui ont œuvré avec les Monuments et Sites de la Région. Le travail n’est pas encore fini – Il faut laisser le temps aux décors anciens de se réhabituer à une exposition à la lumière ! – mais si vous passez par le centre-ville, venez donc jeter un coup d’œil sur le futur « Bar 19ème » du Métropole: c’est à deux pas de la Confédération ! STAFFS – Entablements, architraves et chapiteaux de colonnes retrouvent couleurs et moulures. INFO www.galere.be construction - février 2010 49