Entorses graves du pouce - Union régionale des médecins libéraux

La Santé d’Abord
Entorses graves
du pouce
Le Dr Bernard Boden de l’Union régionale
des médecins libéraux de La Réunion
(URMLR) nous vante, cette semaine, les
innombrables mérites de nos deux pouces
qu’il faut surveiller comme du lait sur le feu
car, privé de ces deux doigts, l’homme est
singulièrement diminué…
13h00
L
Samedi 17 janvier
e pouce est un doigt unique,
il s’oppose à tous les autres.
Pour ce faire, il jouit d’une
liberté de mouvement incomparable : alors que les quatre autres
doigts peuvent seulement se plier
et s’écarter les uns des autres ; lui,
il pivote en tous sens, peut toucher
la pulpe de tous les autres doigts. Il
permet deux types de pinces :
La pince fine avec l’index ou le
majeur : c’est celle que l’on utilise
pour écrire, coudre, manger, utiliser
de petits outils avec précision.
La pince de force : c’est celle qui
sert à tenir un outil lourd comme
une foreuse, un marteau ou un balai. Essayez donc de vous passer
du petit doigt pour tenir une foreuse : impossible de la manier avec
sûreté, on ne tient pas ça comme
on boit le thé avec le petit doigt
en l’air. Le pouce est seul face aux
autres et plus exposé aux chocs.
La plupart des blessures surviennent lors de chutes en essayant
d’amortir le choc avec la main, et
singulièrement toujours la main dominante qui fait que les droitiers
se blessent les mains droites et
les gauchers les mains gauches.
Il est encore un type de blessures
plus fréquent que les fractures, ce
sont les entorses et nous
allons parler plus particulièrement des entorses de
la base du pouce.
Les entorses ne se voient
pas directement sur les
simples radios. Elles sont
graves car mal traitées, elles compromettent toute
ou en partie de la fonction
de la main. Pour simplifier,
il y a deux grands types d’entorse
du pouce : l’entorse du ligament interne et celle du ligament externe.
Ces deux entorses peuvent s’accompagner ou non de la déchirure
de la capsule articulaire.
La capsule articulaire est l’enveloppe de l’articulation, le carter en
quelque sorte, dans laquelle l’articulation est lubrifiée par la synovie,
qui est si on peut dire l’huile de la
charnière articulaire.
L’entorse externe, encore appelée
du game keeper (du garde-chasse
en anglais), survient lorsque l’on
chute avec le pouce dans la main.
La base du pouce est exquisément
douloureuse en externe, et le pouce
n’a plus aucune retenue si on le fait
pivoter vers la main : le ligament
est déchiré souvent avec la partie
dorsale de la capsule, ce qui a pour
effet de “ démettre ” légèrement
le pouce dans la paume. Cette entorse ne guérit pas si elle n’est pas
Attention Amis sportifs
Mais la blessure la plus
commune est de se
retourner un des doigts
longs en jouant au ballon. Le volley, le basket
ou le très populaire
handball forment les gros
bataillons des blessés
des doigts.
En se retournant le
doigt, le plus souvent on
déchire un gros ligament
qui se trouve du côté
palmaire de la première
articulation du doigt
entre le première et la
seconde phalange. Les
douleurs sont intenses
si on essaye d’étendre
le doigt un peu plus en
arrière. C’est heureuse-
ment une lésion bénigne
le plus souvent.
Mais comme toutes les
lésions des doigts, elle
guérie plus vite si on s’y
prend plus tôt. Vu la première semaine, guéri à la
troisième ; vu le premier
mois, guéri au troisième
mois !
Le traitement est simple
par une immobilisation
bien faite, sur mesure et
un suivi hebdomadaire
par le spécialiste.
vite immobilisée ou opérée dans
les cas les plus graves. Malheureusement, le retard à la consultation
d’un spécialiste est souvent la
cause de douleurs très prolongées
et difficilement traitables.
Le second grand type est l’entorse du ligament latéral interne,
c’est l’inverse en quelque sorte, le
pouce n’est plus retenu
en interne et s’échappe
en externe : c’est très
handicapant car la pince
est compromise, il est impossible de saisir sa tasse
de café le matin, de tourner la clef de contact ou
de la porte de la maison.
Si la cause classique est
une chute à ski, ici à La
Réunion c’est plus souvent à cause
du guidon de la moto, la main part
devant et le pouce reste de l’autre
côté du guidon. Comme l’entorse
externe, elle peut être accompagnée d’une déchirure de la capsule.
Plus grave encore, cette entorse ne
peut jamais guérir sans opération
précoce dans une bonne partie des
cas. Le ligament est arraché mais
par un effet de changement de plan
ne peut jamais cicatriser à sa place.
Imaginons que le ligament soit la
main de Napoléon tranquillement
posée sur son estomac, on la tire
en dehors et Napoléon essaye de
la replacer sur son ventre, mais il la
replace chaque fois dans la poche
du portefeuille, c’est ce qu’on appelle l’effet Stener. Cela nécessite
une opération avant la fin de la
3ème semaine, sinon la réparation
est quasi impossible à cause du
rétrécissement du ligament.
Et de toute façon, il faudra aussi
une immobilisation pour protéger la
cicatrisation (comme sur la photo).
Dr Bernard Boden