COURS 8b_IAE 2014
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COURS 8b_IAE 2014
L'animation après la deuxième guerre mondiale 1947 - Le Petit Soldat Court métrage en dessin animé (11 minutes) Scénario : Jacques Prévert et Paul Grimault, d'après le conte d'Andersen Musique : Joseph Kosma Prix International, Biennale de Venise 1948 Grand Prix, Festival de Rio de Janeiro 1950 Grand Prix du Dessin Animé, Festival de Prague 1950 Le studio Les Gémeaux de Paul Grimault, qui n'a pas cessé de produire des films pendant la guerre, poursuit la réalisation de dessins animés au style classique mais d'une grande qualité artistique, sans mièvrerie et nourris de poésie. D'autres studios essayent de rivaliser sans grand succès avec les productions américaines en s'inspirant du style Disney. En France, Jean Image (1911 – 1989), auteur de plus d'une quinzaine de longs métrages sera le plus productif. Il réalise en 1949 Jeannot l'Intrépide, le premier dessin animé long métrage français (le premier film d'animation étant Le Roman de Renard de Ladislas Starewitch, 1930). Jeannot l'Intrépide, Jean Image, 1949, nouvelle sortie en février 2010 ! Omer Boucquey (1921-2003) en France que la presse surnomme « le Disney français » réalise quelques courts métrages : « Choupinet » ; « Le troubadour de la joie », et de nombreux films publicitaires. Choupinet, Omer Boucquey, personnage créé en 1946 pour le film du même titre. (ici dessins pour Le Troubadour de la joie, 1949) Jacques Prevert et Paul Grimault devant des dessins pour La Bergère et le Ramoneur 1947 à 1950 - La Bergère et le Ramoneur Production : Les Gémeaux (André Sarrut) et Clarges Films Scénario : Jacques Prévert et Paul Grimault, d'après le conte de Hans Christian Andersen Musique : Joseph Kosma Grand Prix à la disposition du jury, XIIIe Biennale de Venise 1952 Terminé par le producteur sans leur consentement, ce film est sorti en 1953 dans une version désavouée par ses auteurs, Paul Grimault et Jacques Prévert. Paul Grimault parviendra finalement à racheter les droits du film « La Bergère et le Ramoneur » pour en faire, près d'une trentaine d'années plus tard, l’œuvre qu'il avait imaginé avec Prévert. Son titre : « Le Roi et l'Oiseau ». 1980 - Le Roi et l'Oiseau Long métrage (1 heure 27 minutes) Scénario : Jacques Prévert et Paul Grimault Dialogues : Jacques Prévert Musique : Wojciech Kilar Prix Louis Delluc en 1979 L'influence de Paul Grimault sera importante sur de grands réalisateurs contemporains tels que Miyasaki et Takahata. Le Roi et l'Oiseau, 1979, reprise de La Bergère et le Ramoneur sorti en 1953 Le Château de Cagliostro, 1979, Hayao Miyazaki La Bergère et le Ramoneur, affiche japonaise, 1955 Animation japonaise : quelques repères Dès 1910, les japonais découvrent l'animation occidentale avec les films d'Emile Cohl et de James Stuart Blackton et ils produisent leurs propres films d'animation à partir de 1917. Le lievre et la tortue, SanaeYamamoto, 1924 Des années 1930 aux années 1950, l'animation japonaise est marquée par trois grands maîtres : Ôfuji Noburô (1900-1961) Il réalise la première animation japonaise d'ombres chinoises La baleine (présenté en France en 1928 puis en 1953 au Festival de Cannes dans sa version couleur. En 1956, son film Le bateau fantôme obtient le prix spécial du jury à la Mostra de Venise. Kujira (La baleine) Ôfuji Noburô, 1927 Yasuji Murata (1896 – 1966) Virtuose dans l’animation de papiers découpés et articulés. Ses animations réalisées dans cette technique économique sont étonnamment fluides. Caporal Norakuro, Yasuji Murata, 1934 Kenzô Masaoka (1898-1988) Considéré comme le « Disney japonais », il fonde son propre studio, s'entoure d'une équipe et adopte rapidement la technique d'animation sur cellulo. Il est le premier au Japon à réaliser un film d'animation sonore. Après la guerre, il fonde un nouveau studio qui sera repris par la Toei Animation. Kumo to chûrippu (L’araignée et la tulipe) Kenzô Masaoka, 1943 Osamu Tezuka (1928-1989) Révolution de l'animation japonaise D'abord auteur de mangas, Sa passion pour le cinéma le conduit à rejoindre la Toei Animation en 1957. En 1961-62, il fonde son propre studio, Mushi productions. la Toei Animation produira le premier long métrage d'animation japonais en couleur, le Serpent blanc. C'est également dans ce studio que débuteront Isao Takahata et Hayao Miyazaki. Osamu Tezuka Auto-portrait L'animation japonaise viendra concurrencer les productions américaines à partir des années 1970. Ce qui n'arrange en rien la situation des réalisateurs indépendants... Bambi meets Godzilla, Marv Newland, 1969 Isao TAKAHATA Le tombeau des lucioles, Isao Takahata, 1988 Isao TAKAHATA Heisei tanuki gassen Pompoko / Pompoko PRIX DU LONG METRAGE ANNECY 1995 Hayao MIYAZAKI Kurenai no buta / Porco Rosso, 1992 GRAND PRIX du long métrage Annecy 1993 Hayao MIYAZAKI Hayao MIYAZAKI Mon voisin Totoro, 1988 (France 1999) Images suivantes : documents originaux de films de Miyazaki présentés lors de l'exposition « Miyazaki – Moebius » à la Monnaie de Paris en 2004 / 2005 Le château dans le ciel, maquette de décor Le château dans le ciel, aquarelle originale Le voyage de Chihiro Le voyage de Chihiro Princesse Mononoke Princesse Mononoke Princesse Mononoke Princesse Mononoke Princesse Mononoke Nausicaä de la vallée du vent, 1984 Nausicaä de la vallée du vent, 1984 Mon voisin Totoro, 1988 Mon voisin Totoro, 1988 Mon voisin Totoro, 1988 Mon voisin Totoro, 1988 Hayao MIYAZAKI Kurenai no buta / Porco Rosso, 1992 GRAND PRIX du long métrage Annecy 1993 Hayao MIYAZAKI, Kurenai no buta / Porco Rosso, 1992 Hayao MIYAZAKI, Kiki la petite sorcière, 1989 Hayao MIYAZAKI, Le voyage de Chihiro, 2001 Hayao MIYAZAKI, Le voyage de Chihiro, 2001 Retour en France... 1970 - Le Diamant Court métrage en dessin animé (10 minutes) Scénario : Jacques Prévert et Paul Grimault Musique : Jacques Loussier Paul Grimault, père de l'animation française Dans son studio, Paul Grimault accueille volontiers de jeunes cinéastes qui veulent faire leur premier film. On ne peut pas parler d’École, car chacun s'y exprime en toute liberté, mais plutôt de pépinière pour une génération de créateurs français de films d'animation. C'est ainsi que Jean-François Laguionie a pu réaliser son premier film, récompensé par un Grand Prix qu festival d'Annecy en 1965. Il fondera plus tard le studio « La Fabrique » pour réaliser son premier long-métrage, Gwen et le Livre de Sable. Il travaille actuellement sur son cinquième long-métrage Louise en hiver. La demoiselle et le violoncelliste Réalisation : Jean-François Laguionie Production : Les Gémeaux Grand Prix Annecy 65 Jean-François Laguionie Salut au public, théâtre d'Annecy, JICA 65. Photo André Gobeli Gwen et le Livre de Sable Jean-François Laguionie – 1984 Prix de la Critique au Festival d’Annecy. Prix du Long Métrage au Festival de Los Angeles Jean-François Laguionie en 2010 Jacques Colombat fera lui aussi son premier film, Marcel, ta mère t'appelle, dans le studio de Paul Grimault et se lancera également dans l'aventure du mong-métrage avec Robinson & Cie qui obtiendra le Prix du long métrage Annecy 1991 Marcel, ta mère t'appelle Réalisation : Jacques Colombat, 1961 Production : Les Gémeaux Jacques Colombat et Paul Grimault, JICA 1962, photo Lamy Robinson & Cie Jacques Colombat Prix du long métrage Annecy 1991 Jacques Colombat à Annecy en 1991 Photo André Gobeli Mais les studios indépendants visant à produire une animation plus artistique que commerciale sont rares. Dans la deuxième moitié du vingtième siècle, certaines structures d'Etat permettent néanmoins de poursuivre un travail d'expérimentation et la production de films de qualité. Exemples : - En France, le « service de la recherche » de l'ORTF - L'ONF au Canada, sous l'impulsion de Norman McLaren - Les studios d'Etat dans les pays de l'Est Problèmes de diffusion en France... J'usqu'en 1940, il n'y a pas de soutien de l'Etat pour la production des courts métrages. De plus, les salles de cinéma pratiquent la diffusion de deux longs métrages lors d'une séance. Le court métrage et donc l'animation trouvent difficilement leur public. En 1940, une loi impose la diffusion d'un court métrage en début de séance et une partie des recettes est affectée au financement du court métrage (3%) Mais en 1953 cette diffusion obligatoire est supprimée par décret. Cependant, une prime à la qualité remplace le financement automatique du court métrage par une part prélevée sur les recettes. Les bandes-annonce et la publicité vont faire progressivement disparaître le court-métrage des salles de cinéma. De son côté la télévision privilégiera les séries... L'émergence de festivals (Tours, Annecy) va promouvoir un cinéma de court métrage de qualité mais peu diffusé. En France, le « service de la recherche » de l'ORTF (1964 – 1074) permet à toute une génération d'artistes dans le domaine de l'image et du son de réaliser des œuvres à caractère expérimental et néanmoins destinées à être diffusées à l'antenne. La série des Shadoks, par exemple, est un produit de cette politique d'aide à la création. Son réalisateur, Jacques Rouxel monte par ailleurs son propre studio à Paris (AAA) qui produira de nombreux films d'auteurs. Les Shadoks Première diffusion en 1968 Au Canada, l'Office National du Film (ONF / NFB) sous l'impulsion de Norman McLaren va être sans doute le plus important foyer de création de la deuxième partie du vingtième siècle. Neighbours / Voisins, Norman McLaren, 1952 Un film réalisé alors que McLaren revient de Chine et alors que la guerre de Corée va conduire à la partition du pays. Plutôt favorable à la révolution communiste mais viscéralement antimilitariste, McLaren montre ici l'absurdité et l'inéluctable conclusion tragique d'une lutte fratricide. Au sein de l'Office national du film du Canada, McLaren poursuit un travail de recherche et d'expérimentation, mais ses films témoignent aussi de son souci de faire œuvre de pédagogie pour un large public. C'est le cas par exemple avec le film Canon dans lequel il réalise en image animée l'équivalent de la forme musicale du canon. Canon, Norman McLaren, 1964 Pour les pays de l'Europe de l'Est, la guerre froide et le mur de Berlin forment une barrière étanche aux films américains. Ces pays mettent en place des studios d'Etat qui se lancent dans une production importante et généralement de grande qualité. L'animation destinée tout d'abord aux enfants va peu à peu être le vecteur de critiques sociales et politiques plus ou moins masquées par des sujets officiellement irréprochables : contes et légendes, fables moralistes... L'animation qui se passe volontiers de la parole est particulièrement sujette aux doubles interprétations... Jiří Trnka (19121969) Ruka (La Main), Jiří Trnka, 1965 Dans son dernier film, Jiří Trnka met en scène un artiste au prise avec une main dictatoriale qui veut lui imposer la réalisation de statues à son effigie. Cette critique frontale du totalitarisme sera censurée. – Jan Svankmajer, autre grand nom du cinéma d'animation tchécoslovaque, artiste surréaliste, sera régulièrement censuré. – Jabberwocky ou les vêtements de paille d'Hubert Paglia, Jan Svankmajer, 1970 Vers un cinéma d'animation indépendant après la deuxième guerre mondiale aux USA : L'aventure de l'UPA United Productions of America Après la grève de 1941 chez Disney, quelques artistes quittent les studios pour fonder en 1943 l'UPA (United Productions of America). Stephen Bosustow (1911 - 1981) est l'un des fondateurs du nouveau studio. David Hilberman (pointant le doigt), Zach Schwartz (en premier plan de dos) et Stephen Bosustow à droite, les 3 fondateurs du studio UPA Le studio est d'abord orienté vers la production de films industriels et de commande liés à la seconde guerre mondiale. A la fin des années quarante, il produit des courts métrages d'animation pour Columbia Pictures avec notamment la série Mr. Magoo Pete Burness (le réalisateur de Mr. Magoo) et Stephen Bosustow Mr. Magoo, un anti-héros acariâtre et aigri. Mais Mr. Magoo est la seule véritable série du studio qui produit par ailleurs des courts métrages dont Gerald McBoing Boing de Bobe Cannon (qui remporte un Oscar) et Rooty Toot Toot de John Hubley, deux films qui constituent en quelque sorte le manifeste stylistique du studio. Gerald McBoing-Boing, Robert Cannon (1950). Le film remporte un Oscar en 1950 (Academy Award for Best Animated Short) Rooty Toot Toot, John Hubley (1952) Model Sheet pour Rooty Toot Toot John Hubley 1914 - 1977 Les dessins animés de l'UPA visent l'efficacité de l'animation plutôt que l'imitation du mouvement réel. On nommera « Limited animation » (par opposition à la « full animation » ) cette manière d'animer, car elle consiste à diminuer le nombre d'intervalles entre les phases clé, essentiellement pour des raisons économiques, mais aussi parce que les animateurs ne cherchaient pas à imiter le mouvement réel. - Recherche de personnage, par John Hubley - phases d'animation, par Pat Matthews pour le film Rooty Toot Toot de John Hubley (1952) Dessin original pour Moonbird, John et Faith Hubley, 1959 (Oscar) En 1956 l'UPA s'oriente vers la production de dessins animés pour la télévision et réussit à trouver un nouveau souffle avec de nouveaux auteurs tes que Ernie Pintoff, Jimmy T. Murakami, George Dunning... Dessins originaux du storyboard de Flebus, Ernest Pintoff, 1957 Collection Musées d'Annecy Zagreb Film, studio fondé en Yougoslavie en 1956, est un autre exemple d'une création cherchant à rompre avec l'esthétique du dessin animé classique pour inscrire l'animation dans le champ de l'art moderne et du graphisme contemporain. Surogat / Ersatz Dušan Vukotić, 1961 Production : Zagreb Film L'attention mondiale s'est focalisée sur l'animation Yougoslave lorsque ce film remporta un Oscar en 1962. Pour la première fois, l'Oscar du film d'animation était attribuée à une œuvre non-américaine.