Imaginaire - Eau et Rivières de Bretagne

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Imaginaire - Eau et Rivières de Bretagne
L’eau et l’imaginaire
1-LES CROYANCES AUTOUR DE L’EAU EN BRETAGNE
Dans la mesure où l’être humain a un besoin vital de consommer chaque jour un peu d’eau
pour survivre, dans la mesure où la plupart de ses activités économiques, sociales et culturelles utilisent celle-ci en quantité et qualité appropriées, les populations se sont toujours installées et développées là où elles pouvaient avoir aisément accès à cette précieuse ressource, près d’une rivière ou d’un lac, de sources ou de puits ou encore au bord de la mer.
L’eau est l’élément qui unit le ciel et la terre, car l’eau est un élément familier. Elle évoque la fontaine, le lavoir qui sont des lieux de sociabilité, le pont qui est
le symbole de l’unité entre deux rives (qu’elles soient temporelles ou immatérielles).
Ne dit-on pas qu’au pied de l’arc en ciel se cache
un fabuleux trésor?
les hommes se sont souvent installés auprès
des rivières...les fées aussi!
Le culte de l’eau à travers
les âges
Le culte de l’eau remonte à des temps
très anciens mais il est communément admis qu’il fait partie de croyances héritées
de la protohistoire, voire de la préhistoire.
Habitants de l’Armorique à l’âge du Fer, les
Celtes avaient une vie religieuse intense et
en conséquence de très nombreux lieux sacrés. Forêts, clairières, rivières, avaient leur
préférence pour communiquer avec les dieux.
Mais les sources, là où jaillissait l’eau symbole de
vie,
avaient
une
signification
particulière et les Celtes leur prêtaient souvent
des vertus curatives et régénératrices.
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L’eau et l’imaginaire
Cette croyance ancestrale dans le pouvoir des sources ne s’est
pas atténuée avec l’arrivée des Romains qui se sont contentés de donner d’autres noms aux divinités vénérées par les Celtes. La venue des moines évangélisateurs en Armorique entre
le 5ème et le 7ème siècle après JC n’a pas non plus contribué
à diminuer la ferveur des habitants envers les sources. Aussi, plutôt que de tenter d’éradiquer ces pratiques peu orthodoxes, l’église les a converties en lieux de culte catholique.
Ces pratiques et ces croyances peuvent paraître désuètes désormais mais La puissance symbolique de l’eau possède une aura légendaire transmise de générations en générations. Elles font partie de notre histoire et de notre culture.
Sources de légendes :
Les marais :
Les marais et marécages ont toujours suscité la
crainte. Le marais cache en son sein des esprits
infernaux. Ceux qui s’en approchent risquent toujours leur vie. Il n’y a guère d’accommodements
possibles avec les créatures malveillantes qui l’habitent. C’est que leurs pouvoirs sont considérables.
On ne compte plus les légendes dans lesquelles
ces paluds ont englouti non seulement des charrois et des voyageurs, mais des villes entières.
Les marais furent reconnus par l’église catholique de nature diabolique. Les portes de l’enfer
s’ouvrent au fond de ces eaux noires. C’est pourquoi les âmes en peine hantent ces lieux de mort.
Les tourbières et autres marais étaient très
présentes autrefois
Les lavoirs :
Encore très nombreux avant l’alimentation en eau
dans les villages, ces lieux où se rassemblaient
les femmes ont été propices aux mythes et aux
croyances. C’est notamment le cas avec les lavandières de nuit qu’il ne fait pas bon rencontrer…
Fontaine et lavoir sont souvent
proches comme ici à Loc Envel
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L’eau et l’imaginaire
Les fontaines sacrées
Les sources vénérées au temps des Celtes, sont devenues fontaines,
intégrées au cours des siècles à des édifices religieux. Elles ont pris le
nom des saints de l’Eglise romaine ou de ces moines venus d’outreManche, eux-mêmes devenus saints dans la religion populaire.
Aujourd’hui le culte des fontaines se perd alors qu’il y a une cinquantaine d’années, nos grands-parents s’en souviennent encore, on s’y rendait pour s’y baigner les yeux ou pour demander
la guérison d’un proche. En Bretagne des centaines de sources
sont réputées avoir des pouvoirs, certaines accueillent encore
des pèlerins. Les rites sont différents selon les maux et les lieux,
mais on retrouve souvent les mêmes gestes : boire ou se laver
avec l’eau de la fontaine, en faire 3 fois le tour, y tremper le vêtement d’un malade (si il flotte il guérit, sinon…), piquer une épingle dans le nez de la statue pour trouver un mari (St Guirec)…
Chaque fontaine a des vertus précises : guérir les yeux,
les maux de ventre, faire marcher les enfants, rendre fertile, trouver un mari, soigner les animaux…
La basse Bretagne est particulièrement riche en fontaines sacrées.
Par sacrées, on entend ici les fontaines saintes, situées près d’un
sanctuaire et dédiées à un saint ainsi que celles à qui l’on prête des pouvoirs sans être rattachées
au culte catholique. Les fontaines bretonnes ont leurs particularités : elles sont essentiellement
rurales, situées dans des hameaux plutôt que des villages et associées à des édifices religieux
éparpillés dans nos campagnes. Les sources ont été depuis des temps anciens l’objet de cultes
que l’Eglise catholique s’est attachée à christianiser en construisant à proximité d’une majorité
d’entre elles des édifices religieux comme des chapelles et des églises paroissiales. Les vertus
alors prêtées aux fontaines ont été associées aux pouvoirs des saints qui, à leur arrivée en Bretagne entre le 5ème et 7ème siècle, avaient pour habitude d’établir leur ermitage près des sources.
Il faut juste monter 110
marches pour l’atteindre....
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... Et la fontaine de Notre Dame de
Pendreo à Belle Isle en Terre, vous
protège de la coqueluche......
L’eau et l’imaginaire
2- LES PERSONNAGES IMAGINAIRES LIES A L’EAU:
Certains êtres du peuple de l’eau vivent plutôt en eau douce, près des lacs, des rivières, des fontaines, des sources, des marais…et d’autres sont près de la côte et de la mer.
LE PEUPLE DE L’EAU DOUCE
Les « Poulpikans » ou « Poulpiquets »
Vous connaissez tous les Korrigans, ces lutins celtes, tour à tour facétieux et cruels. Certains d’entre eux habitent au plus profond de la forêt ; d’autres errent perpétuellement sur les landes…
Dans les traditions populaires de Bretagne, il s’agit d’esprits plutôt malfaisants. Ils forment des rondes, notamment autour des pierres levées, et dansent toute la nuit. L’homme qui les surprendrait se verrait entrainé dans cette danse folle et mourrait d’épuisement.
Ils sont généralement laids d’aspect, ridés et poilus,
parfois munis de cornes et d’une petite queue, mais
certains disent que les femmes des Korrigans sont
de belles petites fées ailées. Ils sont petits mais ont
le pouvoir de s’étirer jusqu’à atteindre des tailles colossales. Les Korrigans vivent sous la terre ou dans
les grottes, gardant de fabuleux trésors. Les dolmens et les menhirs délimitent parfois leur cité.
Esprits voleurs se profilant sur le sommet des collines
au crépuscule tombant, ils descendent saccager les fermes des humains, piller leur chaumière éteinte, dérober
La famille des korrigans est grande
aux mères leur enfant qu’ils remplaceront par un vilain
p’tio.
Avec le temps, les Korrigans ont su peupler de vastes domaines et de nombreuses régions. Aussi,
a-t-on nommé différemment les Korrigans selon leur habitat. Les Poulpikans vivent dans les eaux,
les Kornikaneds dans les bois notamment en Brocéliande, les Korils préfèrent les landes, les Teuz
ou teus hantent les cultures...
Les poulpiquets ou poulpikans sont des Korrigans qui habitent les marais, avec les crapauds et les
nénuphars. Ils inspirent beaucoup de peur aux hommes - on dit que les imprudents qui se penchent
au-dessus des marécages, quand vient le crépuscule, ont de bonnes chances d’être happés par ces
impitoyables lutins aquatiques. Ils sont carnivores et voraces, et guère plus regardants sur la nature
de leur « manger » qu’un rat surmulot.
Un jour, Loïk Pichard, un paysan de basse Bretagne,
qui avait pour marotte de pêcher le dimanche, crut
avoir ferré un gros poisson ; il eut la désagréable
sur-prise de trouver un poulpiquet verdâtre au bout
de sa ligne ! Il relâcha le korrigan, s’en retourna
chez lui et faut-il le préciser, ne revint plus jamais
pêcher dans ces eaux trop glauques à son gré.
La mare est un lieu de vie du poulpikan
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L’eau et l’imaginaire
Les lavandières de nuit
On raconte que ces lavandières ont été punies
jusqu’au jugement dernier. Ces laveuses de vêtements, dans leur avarice, ont voulu économiser leur
savon. Ainsi pour laver les vêtements des pauvres,
elles préféraient user de cailloux, abîmant ainsi fortement leurs vêtements. Ceci leur valut, lors de leur
mort, d’être condamnées à laver indéfiniment des
vêtements, lors de nuits sans lune et sans étoiles,
dans ces mêmes lavoirs où elles avaient jadis travaillé.
Lorsqu’un passant s’approche, les lavandières lui
demandent de les aider à essorer en tordant leurs
linges ou linceuls. Il faut alors impérativement le
tordre dans le même sens qu’elles pour qu’elles
se lassent et abandonnent. Malheur à celui qui se
trompe, il a les bras happés et brisés par le linge qui
finit par l’entourer jusqu’à l’étouffer. S’il refuse de
les aider elles l’enroulent dans les linges et le noient
dans le lavoir, tout en le frappant avec leurs battoirs.
Elles seraient les lavandières préposées à laver les
défunts et leurs vêtements, ne trouvant pas le repos
éternel ; ou encore de mauvaises mères condamnées à laver les langes de bébés morts sans avoir
été baptisés.
Attention si vous entendez des bruits
de battoir dans la nuit noire!
Les ondines :
Ondine est une nymphe ou naïade. À l’inverse des sirènes, les nymphes ne fréquentent pas la mer, mais les eaux
courantes, rivières, fontaines, et n’ont pas de queue de
poisson. Durant l’été, elles aiment se tenir assises sur la
margelle des fontaines, et peigner leurs longs cheveux
avec des peignes d’or ou d’ivoire. Elles aiment également
se baigner dans les cascades, les étangs, et les rivières,
à la faveur des jours radieux d’été. On dit que celles qui
ont les cheveux couleur d’or possèdent de grands trésors qu’elles gardent dans leurs beaux palais immergés.
les matins de gelée, la nature crée des
êtres féériques....
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L’eau et l’imaginaire
On attribue l’alimentation en eau
des fontaines aux larmes des Ondines, et celle-ci se tarit dès qu’une
fée se sent offensée. Ainsi, il est de
coutume de laisser diverses offrandes auprès des fontaines, tels que
guirlandes de fleurs, épingles ou tessons de bouteilles, qui sont pour les
fées des eaux, de véritables trésors
scintillants et miroitants dans l’eau.
Mélusine :
Certains lui donnent une origine bretonne insulaire. En breton
son nom devient Melizenn et se traduit par La Mielleuse. Née
des amours de Merlin et Viviane, elle s’éprit du fils du comte de
Forez, Raimondin, qu’elle rencontra dans une forêt poitevine,
l’épousa, et bâtit pour lui de nombreux châteaux dont le plus
connu est celui de Lusignan. Ils eurent 8 garçons, tous frappés
d’une tare physique : l’aîné, Vriam, avait le visage trop large,
un oeil bleu et l’autre rouge. Le visage du cadet, Odon, était
déformé et l’une de ses oreilles était démesurée. Le troisième,
Guion, avait un oeil plus bas que l’autre, Antoine avait la joue
barrée d’une griffe de lion, Renault n’avait qu’un oeil qui lui
permettait de voir distinctement sur une très longue distance,
Geoffroi, lui, avait une dent trop longue qui sortait de sa bouche, Froimond avait le nez velu. Enfin, le dernier qui n’eut
même pas de nom, avait trois yeux dont un au milieu du front.
Raimondin découvre le terrible
secret de Mélusine
Mélusine avait reçu de sa mère le pouvoir de se transformer
en sirène et retournait se baigner à la rivière tous les samedis.
Lorsqu’elle épousa Raimondin, elle lui avait fait promettre de
ne pas chercher à la voir ce jour-là, ce qu’il fit jusqu’au jour
où son frère le poussa à creuser un trou dans la porte de la
chambre de sa femme avec son épée. Là, il découvrit le secret
de sa femme qui, désespérée, s’échappa du château par la
fenêtre et personne ne la revit. Depuis, lorsqu’un seigneur de
Lusignan va mourir, elle apparaît sur les tours du château, à
la tombée du jour, vêtue d’une robe mauve, accompagnée de
biches et de cerfs, en poussant des cris perçants. En Bretagne
et en Vendée, il existait des autels dédiés à la fée Mélusine.
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L’eau et l’imaginaire
Feux follets :
Les feux follets sont décrits dans le folklore français inspiré des croyances chrétiennes comme des âmes en peine qui ont besoin de prières pour sortir du purgatoire. Il peut s’agir
d’enfants morts sans baptême ou d’esprits mauvais qui cherchent à entraîner les voyageurs nocturnes dans les marais et les précipices, ou au fond des forêts. Les feux follets se manifestent uniquement la nuit, et en particulier autour de la période de l’avent.
Dans le marais du Yeun Elez, au coeur des Monts d’Arrée, ils sont probablement
à
l’origine
de
la
légende
des
«Portes
de
l’enfer».
LE PEUPLE DE LA MER
Les mari-morgans :
En breton Mor signifie « mer » et ganed signifie « né ». Les Marie Morganes sont donc littéralement les êtres « nés de la mer ». Selon Luzel, les morgan se disent morganed au pluriel,
et leurs femmes sont les morganezed (morganès au singulier, et Morgane en français). Les
morganed sont de petits hommes et de petites femmes qui vivraient sous les flots, où ils seraient dirigés par un roi dont le palais dépassait en merveilles tout ce qu’il y a de plus beau
sur terre. Les Marie Morganes venaient parfois jouer sur le sable des grèves au clair de lune
mais on ne pouvait les observer bien longtemps car au premier battement de paupières, tout
s’évanouissait. Les Marie Morganes seraient d’un naturel paisible et bon, et les hommes en profiteraient pour les duper. Cependant, cette duperie est réciproque puisque ces créatures se présentent sous les apparences les plus séduisantes pour entraîner les hommes au fond des eaux.
L’imagination peut nous
emmener très loin!
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L’eau et l’imaginaire
Sirènes :
De nos jours, nous voyons les sirènes comme de belles femmes au
charme immense et à la queue de poisson. Pourtant, au tout début
de leur légende, les sirènes étaient des créatures maléfiques avec
des attributs d’oiseaux. Elles étaient nées du fleuve Achéloos et
d’une muse (Melpomène ou Terpsychore, cela varie selon les légendes). Dans les anciens récits, elles attiraient, par leur merveilleux
chant, les marins qui passaient près de leur île puis les dévoraient.
Dans
l’imaginaire
celte,
la
sirène
séduit les pêcheurs en mer et enlève les enfants.
Tan noz
Esprit des récifs des côtes bretonnes, habitant les falaises. Ils
sévirent longtemps sur ces côtes, attirant par des lueurs les
navires perdus dans les brumes et les vagues rugissantes, qui
s’échouaient ainsi sur les écueils. Les Tan Noz égorgeaient
alors les survivants et pillaient les bateaux, avant de festoyer
au coeur des pierres déchirées pour célébrer leur piraterie.
Suite à une guerre entre les Tan Noz et d’autres peuples de
lutins des côtes qui jugeaient les actes de violence répétés de
leurs voisins comme intolérables, ceux-là furent exterminés !
Les Tan noz sont entre légende et réalité, le pillage
d’épave était une réelle
source de revenus pour toute une population bretonne
de la côte
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L’eau et l’imaginaire
3 LES lIEUX DE LEGENDE EN BRETAGNE:
La ville d’Ys
La légende dit qu’Ys était la plus belle et la plus impressionnante ville du monde mais devint rapidement, malgré les sermons de Saint Guénolé, la ville du péché sous l’influence de
Dahut, fille du roi Gradlon. Elle organisait des orgies et avait
l’habitude de faire tuer ses amants une fois le matin venu.
Un jour, un chevalier vêtu de rouge vint à Ys. Dahut, troublée
par sa beauté, lui demanda de venir auprès d’elle et un soir, il
accepta. Une tempête éclata en pleine nuit, on entendait les vagues frapper avec violence la porte de bronze et les murailles.
Dahut dit au chevalier : « Que la tempête rugisse, les portes de la
ville sont solides et c’est le Roi Gradlon, mon père, qui en possède
l’unique clef, attachée à son cou », à quoi il répondit : « Ton père le roi
dort, par amour pour moi, tu peux maintenant t’emparer facilement
de cette clef. » Dahut vola la clef à son père et la donna au chevalier, qui n’était autre que Satan. Le diable ouvrit la porte de la ville.
Les portes ayant été ouvertes en pleine tempête et à marée haute, une vague aussi haute qu’une montagne s’abattit sur Ys.
Le roi Gradlon et sa fille montèrent sur Morvarc’h, le cheval magique. Saint Guénolé vint près d’eux et dit à Gradlon : « Repousse
La statue du roi Gradlon sur la cale démon assis derrière toi ! » Gradlon refusa d’abord, mais il finit
thédrale de Quimper
par accepter et poussa sa fille dans la mer. L’eau recouvrit Dahut qui
devint une sirène.
Gradlon se réfugia sur le Ménez Hom, puis il prit la direction de Quimper, qui fut sa nouvelle capitale.
Une statue équestre de Gradlon fut faite et elle est toujours aujourd’hui entre les flèches de la
cathédrale Saint Corentin à Quimper. On dit que les cloches des églises d’Ys peuvent encore être
entendues en mer par temps calme.
De Évariste-Vital Luminais
«La fuite du roi Gradlon», vers
1884, huile sur toile, 2 x 3,11 m.
Musée des Beaux-Arts de
Quimper
Corentin demandant à Gradlon de
jeter sa fille à la mer
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L’eau et l’imaginaire
La fontaine de Barenton
Mythique et fabuleuse, la discrète fontaine séduit par son charme
désuet. Cachée dans les landes au-dessus du village de Folles
Pensées, ses pouvoirs surnaturels sont connus depuis des siècles. Tantôt guérisseuse, tantôt capable de provoquer de grands
cataclysmes, elle agite l’imagination des hommes tout autant
qu’elle fascine. Ne dit-on pas qu’en versant son eau sur le perron posé à ses côtés, un formidable orage se déchaîne aussitôt
sur la région. Des générations y ont cru, et pendant longtemps
s’y sont rendues en procession les années de sécheresse. Plus
romantique, Barenton, abrite aussi les amours de l’enchanteur
Merlin et de la fée Viviane.
La légende :
Un soir qu’Owein, chevalier d’Arthur, devisait avec
Kynon, celui-ci lui raconta que s’étant rendu à la
fontaine afin de vérifier les prodiges qui lui avaient
été contés, il en arrosa la dalle. Aussitôt un immense
coup de tonnerre éclata accompagné d’une averse
de grêle. Puis un chevalier noir l’attaqua, et emmena son cheval.
Owein décida aussitôt de découvrir cet endroit. Il
chevaucha jusqu’à une clairière où un géant noir,
entouré d’animaux, lui indiqua la route. Il arriva à
un arbre vert et vit la fontaine et la dalle. Il versa
de l’eau sur la dalle et le terrible orage éclata, plus
violent encore que ce que Kynon avait décrit, puis
le soleil brilla et les oiseaux chantèrent. Alors qu’il
prenait plaisir a écouter ces chants, il entendit des
gémissements et vit le chevalier noir. Ils se chargèrent furieusement et brisèrent leurs deux lances, ils tirèrent leurs épées et Owein blessa
mortellement le chevalier. Celui-ci s’enfuit et Owein le poursuivit jusqu’à l’entrée d’un château
où Owein tenta de pénétrer derrière lui, mais les gens du château laissèrent tomber la herse
sur lui. Puis ils fermèrent la porte intérieure, le prenant au piège entre la herse et la porte. Il
aperçut alors une ravissante demoiselle aux cheveux blonds qui s’émut de son sort. Elle lui
remit un anneau qui avait la propriété de rendre invisible à volonté. Quand les hommes d’arme
vinrent le chercher, ils ne le virent pas courir pour retrouver la jeune fille.
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L’eau et l’imaginaire
C’est alors qu’ils entendirent de grands cris, Lunet lui raconta qu’on
venait de donner l’extrême onction au maître du château. Son corps
fut porté en terre le lendemain et se mettant à la fenêtre, Owein
vit la foule suivre le cercueil, et dans cette
foule une très jolie jeune femme en habits
de deuil jaunes.
Lunet lui expliqua qu’elle était la plus belle,
la plus généreuse, la plus noble et la plus
sage des femmes, et qu’elle était l’épouse
du chevalier, la Dame de la Fontaine.
Owein tomba immédiatement amoureux
d’elle. Lunet tenta alors de raisonner la Dame inconsolable en lui expliquant
que pour garder la fontaine, il lui fallait un époux, vaillant chevalier pour
la défendre. Elle lui proposa donc de se rendre pour elle à la cour d’Arthur.
Elle se contenta de rester enfermée dans sa chambre, puis retourna vers
la Dame et lui présenta Owein. Mais la Dame ne fut pas dupe, elle compris
qu’Owein n’avait pas fait ce long voyage, qu’il était caché au château et qu’il
était celui qui avait tué son époux. Elle épousa tout de même Owein qui, depuis lors, garda la fontaine
avec la lance et l’épée. Tout chevalier qui y venait, il le renversait.
La fontaine de jouvence
(forêt de paimpont)
Autrefois, le recensement des enfants nés pendant
l’année se faisait proche de la fontaine. A la date du
solstice d’été (21 juin), ces enfants étaient présentés
aux prêtres afin qu’ils puissent être lavés et inscrits
sur le «marith» (registre). La cérémonie avait lieu la
nuit et de grands feux étaient allumés. Les enfants
qui n’avaient pu être présentés au recensement de
l’année étaient ramenés l’année suivante, et inscrits
comme nouveau-nés de la nouvelle année, de sorte
qu’ils se retrouvaient rajeunis d’un an sur le marith.
La fontaine du temple de Lanleff.
Auteur: Cyril Cocu
Une pauvre et affreuse femme fit un troc avec le diable : son enfant en échange
de pièces d’or. Lucifer conclut l’affaire et déposa une poignée de pièces sur la margelle de la fontaine, sise près du temple. Puis il saisit l’enfant et l’emporta. Quant
la mère indigne voulut récupérer son butin, elle se brûla gravement : les pièces
sortaient tout juste des flammes de l’enfer. Dans un cri de douleur, elle lâcha l’or
si convoité et les pièces s’incrustèrent à tout jamais dans le granit de la margelle.
Si vous passez par Lanleff, rendez-vous à la fontaine. Vous mouillerez la margelle
et 14 pièces apparaîtront.
Mais réfléchissez bien avant de les saisir et de les empocher...
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L’eau et l’imaginaire
La Légende de Beauchêne ( Langrolay, Côtes d’Armor)
Le Mourioche, voleur et malicieux, est un esprit diablotin, cornu et bossu, affublé d’un habit de bouffon. Il a le pouvoir d’invisiblité, ce qui est très pratique
pour jouer des tours. Il vit généralement dans les bois,
mais se rapproche de la chaleur des maisons quand vient
la morte saison.
Mourioche est aussi le monstre, une sorte de loup-garou,
qui, au onzième siècle, vivait dans l’étang du château de
Beauchêne, en Langrolay, et se nourrissait des enfants qui
avaient le malheur de se trouver dehors après la tombée
de la nuit. Il fut tué au cours d’un combat épique par Jehan, le jeune seigneur de Beauchêne, qui, tandis que tous
les seigneurs de la région étaient partis en croisade pour
conquérir le tombeau du Christ, était resté auprès de la
jeune épouse. Jehan périt également au cours du combat, et retrouva ainsi son honneur. Sa jeune
femme, Hermangarde, put alors écrire sur le livre d’or de famille. Jehan, seigneur de Beauchêne,
Langrolay et autres lieux, mort en combattant.
Cette légende est rapportée par Jules Haize qui précise que La Mourioche est aussi la Dame blanche
qui apparaît sur la tour des Ebihens, en face de Saint-Jacut.
4-BIBLIOGRAPHIE :
- « Guide des 117 fontaines sacrées de Bretagne, rituels de guérison », Daniel Spoerri et MarieLouise Plesser, Editions Jean-Michel Place.
- « Les eaux douces », Paul Sébillot, Editions Imago.
- « Les korrigans et autres Bugale an noz », P. Jézéquel et P. Moguerou, Editions Avis de tempête
- « Les contes du korrigan », Editions Soleil
- « Grande encyclopédie des lutins », Pierre Dubois, Roland et Claudine Sa-batier, Editions Hoëbeke
(et autres encyclopédies elfes, fées…de Pierre Dubois).
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