buffalocrise
Transcription
buffalocrise
Et les steaks fous SOMMAIRE I. BUFFALO GRILL : FICHE IDENTITÉ II. CONTEXTE À L’ÉPOQUE DE LA CRISE III. LA CRISE DES STEAKS FOUS BUFFALO GRILL IV. RÉACTIONS DE L’ENTREPRISE ET COMMUNICATION DE CRISE V. CONSÉQUENCES VI. ENSEIGNEMENTS ET CRITIQUES I. BUFFALO GRILL : FICHE IDENTITÉ Entreprise française de restauration créée en 1980 - Spécialisée dans les grillades – steakhouse – à « l’américaine » Leader du steakhouse en France dès 1990 Internationalisation en 1997 avec l’Espagne Possède aujourd’hui 328 restaurants, 96 en franchise - 31 millions de repas chaque année - 7500 employés - CA de 570 millions d’euros II. CONTEXTE À L’ÉPOQUE DE LA CRISE 1996 : Crise de la vache folle - Les scientifiques découvrent que la maladie de Creutzfeldt Jakob est transmissible à l’homme - La viande bovine (anglaise en particulier) est mise en cause car les bovins sont nourris à base de farines animales Prise de conscience chez les consommateurs - Réalité de la dérive de l’élevage alors que tout le monde pensait que l’Europe était sûre - Médias européens sur cette affaire : les images de bovins abattus tournent en boucle pendant des mois - Manque de recul et emballement médiatique - Climat de peur et chute vertigineuse de consommation de viande de bœuf - Exportations quasi à l’arrêt II. CONTEXTE À L’ÉPOQUE DE LA CRISE 1996 : Embargo sur la viande anglaise - L’Union Européenne décide un embargo sur la viande bovine anglaise - Mais un embargo très peu respecté à cause de l’insuffisance des contrôles de traçabilité du côté anglais 2002 : Embargo total de la France sur la viande britannique - Suite à de nouveaux cas III. LA CRISE DES STEAKS FOUS 2000 : Enquête française sur Buffalo Grill - Le groupe est soupçonné de ne pas avoir respecté l’embargo sur la viande anglaise 12/2002 : Mise en examen du PDG et du directeur des achats du groupe - Suite dénonciation ancien employé - Pour “homicides involontaires, mise en danger d’autrui, tromperie sur la qualité et faux en écriture privée” suite au décès de deux clients de la maladie de Creutzfeldt Jakob III. LA CRISE DES STEAKS FOUS Quelques années plus tôt… « Gagner de l'argent sur la viande serait suicidaire. Avec 70 000 personnes à servir par jour, la grande crainte d'un type comme moi, c'est justement l'intoxication alimentaire. » Christian Picart, fondateur Buffalo Grill III. LA CRISE DES STEAKS FOUS Janvier 2003 : titre en bourse du groupe perd 92% de sa valeur suite à la mise en examen de ses hauts dirigeants Relais des médias nationaux et locaux - De nombreux articles sur la communication désastreuse de Buffalo Grill qui adopte une politique de « refus » - Cela accentue la médiatisation car les preuves sont nombreuses - On parle de communication « nombriliste » de la part de Buffalo - Publication de documentaires TV sur le groupe et de documents internes mettant en cause l’entreprise - En deux mois, 900 articles et reportages à propos de la crise Buffalo Grill IV. RÉACTIONS DE L’ENTREPRISE ET COMMUNICATION DE CRISE DÉCEMBRE 2002 / JANVIER 2003 SILENCE RADIO - 48h de silence de la part de Buffalo - Changement de président en catimini EXPRESSION PUBLIQUE NON COORDONNÉE - Prises de parole multiples et contradictions des portes paroles sur l’origine de la viande pendant l’embargo - Argumentaire essentiellement orienté juridique et marketing DES ATTAQUES EN JUSTICE À TOUT VA - Envers certains médias pour propos discriminatoires UNE RÉACTION ATTENDUE - Face à la catastrophe (chute de l’action en bourse et fréquentation en baisse de 40%), Buffalo Grill réagit IV. RÉACTIONS DE L’ENTREPRISE ET COMMUNICATION DE CRISE 10/01/2003 : BUFFALO STRIKES BACK - Communication confiée à une agence (Image Force) - Un seul interlocuteur : le président François Picart - Lancement d’une campagne de publicité interne et externe « L’épreuve rend plus fort » et « Les grillades de qualité, c’est notre métier » UNE RÉACTION PLUTÔT POSITIVE DE LA PRESSE GRÂCE À UNE COMMUNICATION ASTUCIEUSE - Buffalo réussit à faire dévier les médias de la crise des steaks et des questions judiciaires par deux moyens : - Faire retomber la faute à une certaine psychose collective - Détourner l’attention des médias qui vendent énormément avec la crise Buffalo vers la vie de l’entreprise (« Comment Buffalo et ses employés se sortent-il de la crise ») V. CONSÉQUENCES À PARTIR DE AVRIL 2003 UNE STRATÉGIE DE COMMUNICATION QUI PAYE Après 150 interviews du dirigeant et une dizaine d’interviews de l’agence de communication en 3 semaines, le message passe : - Capital sympathie en hausse selon un sondage en avril - Annulation de la mise en examen du fondateur à l’automne - L’entreprise apparaît au final comme une victime d’une société obsédée par le risque zéro UN CHIFFRE D’AFFAIRES ET UNE FRÉQUENTATION QUI REPARTENT À LA HAUSSE V. CONSÉQUENCES AUJOURD’HUI UNE COMMUNICATION TOUJOURS AXÉE QUALITÉ L’accent est mis sur la qualité de la nourriture, et en particulier de la viande bovine : leur origine (majoritairement française) est clairement indiquée dans tous les restaurants ainsi que sur leur charte de qualité disponible sur leur site internet VI. ENSEIGNEMENTS ET CRITIQUES UNE ENTREPRISE NON PRÉPARÉE Buffalo Grill ne semble visiblement pas avoir préparé un tel cas de crise alimentaire : - Aucune procédure et aucun interlocuteur n’étaient prévus. De ce fait, il y a eu un silence radio pendant deux jours car le directeur était mis en examen et ne pouvait donc pas s’exprimer - La cellule de crise s’est mise en place tardivement - L’entreprise a d’abord adopté une stratégie de dénie. Celle-ci s’est avérée un mauvais choix car dans la « psychose » ambiante à l’époque, la santé publique était un sujet de premier plan notamment avec la crise de la vache folle qui avait énormément choqué les esprits. VI. ENSEIGNEMENTS ET CRITIQUES UNE COMMUNICATION DE CRISE MAL ORIENTÉE Outre les problèmes de communication vers le public, Buffalo a tout d’abord occulté deux cibles principales : - Les employés qui n’étaient pas briefés à répondre aux questions. Ils étaient également démotivés et pensaient perdre leur emploi - Les actionnaires à qui Buffalo n’a pas adressé de message rassurant permettant d’éviter la catastrophe qui s’est produite VI. ENSEIGNEMENTS ET CRITIQUES MAIS UN BEAU REDRESSEMENT Grâce à une stratégie de contre-attaque et de projet latéral : Le génie de communication de Buffalo a été de recentrer la crise sur plusieurs points : - Buffalo n’est au final qu’une victime : - Des anglais et de leurs bovins - D’une société paranoïaque - D’actes malveillants mettant des centaines de personnes au chômage technique (en référence à 3 établissements brûlés par des incendies criminels) - Buffalo a également réussi à détourner l’attention des médias en communiquant sur sa communication VI. ENSEIGNEMENTS ET CRITIQUES MAIS UN BEAU REDRESSEMENT L’entreprise a elle-même réussi à faire de son cas de crise un cas d’école en nourrissant les journalistes avant qu’ils n’aillent se nourrir eux-mêmes de manière plus obscure avec des résultats risqués pour Buffalo Grill Pour cela, elle a joué sur le plan affectif en montrant comment des employés motivés peuvent redresser une entreprise en perdition. VI. ENSEIGNEMENTS ET CRITIQUES UN CAS QUI FAIT TOUJOURS PARLER La crise « Buffalo Grill et les steaks fous » a connu de nombreux autres remous et les médias n’en finissent pas d’en parler, même si l’entreprise a réussit à remonter la pente Par exemple, l’entreprise à, dès sa sortie de crise en 2003, reconnue une plongée infernale suite à la découverte de 60kg de viande avariée dans un restaurant On pourra également parlé d’un nouveau rebondissement en 2013 puisque Buffalo Grill a décidé de porter plainte contre l’Etat et la magistrate qui avait mis à l’époque ses hauts dirigeants en examen. VI. ENSEIGNEMENTS ET CRITIQUES EN CONCLUSION… Cette affaire met en avant la réelle importance du contexte sociétal dans le départ d’une crise, d’autant plus lorsqu’il s’agit de la santé humaine. Dans le cas de Buffalo, le contexte était tellement tendu que les médias cherchaient à tout prix à se nourrir et à vendre le plus d’histoires possible sur le scandale des farines animales. Ceux-ci ont alors vu en Buffalo Grill un coupable idéal Malgré un très mauvais départ, l’entreprise a tout de même adopté une stratégie payante en détournant l’attention, peutêtre la seule option viable