L`écosystème des startups à Taiwan

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L`écosystème des startups à Taiwan
L’écosystème des startups à Taiwan
Résumé
Taiwan connait actuellement un foisonnement d’initiatives sur l’innovation, portées par l’écosystème des
startups. Des incubateurs et accélérateurs, publics et privés accompagnent le développement de ces
entreprises, y compris dans leur recherche de financements (auprès de VC et d’entreprises privées
notamment). Le gouvernement taiwanais, en multipliant les plans d’attraction d’investissements
internationaux, et de soutien aux startups au sein des différents ministères, souhaite insuffler une
dynamique d’innovation dans l’économie taiwanaise. Ces jeunes entreprises profitent de la puissance
industrielle et technologique de l’île dans les TIC pour développer leurs produits, tant dans le hardware
(internet des objets, wearable devices), que dans le software (applications et e-commerce).
Historiquement proches des marchés asiatiques (Japon, Corée, Chine) et des Etats-Unis, les startups
taiwanaises commencent à s’implanter vers l’Asie du Sud Est, et s’intéressent à l’Europe.
*
L’économie taiwanaise constitue un marché de 23 millions d’habitants, fonctionnant sur un système
libéral et fortement entrepreneurial (98% des entreprises taiwanaises sont des PME). L’essor industriel
de l’île a débuté dans les années 1960 avec un soutien fort des Etats-Unis, puis à partir des années
1980, Taiwan a su trouver un relais de croissance dans les secteurs des TIC. Le secteur des semiconducteurs est particulièrement dynamique, tant en conception qu’en production (Taiwan est à l’origine
du modèle « fabless »), et en services d’assemblage et tests. Dans les secteurs des TIC, les entreprises
taiwanaises s’imposent maintenant parmi les leaders mondiaux, ce qui se traduit par un effort de plus
en plus important en R&D pour maintenir cette position.
Taiwan excelle dans la recherche appliquée et la production de biens électroniques
(« hardware »), grâce notamment aux centres de recherches semi-publics (ITRI et III), et aux parcs
industriels spécialisés dans les TIC. Les dépenses en R&D occupent une part importante des
investissements taiwanais (3,12% du PIB en 2013), majoritairement dans le secteur privé (76,5% des
dépenses totales). L’innovation est encore essentiellement incrémentale, les entreprises privilégiant ce
modèle, plus traditionnel, à l’innovation de rupture.
La concurrence de plus en plus forte de la Chine continentale et la saturation du marché des
biens électroniques grand public (PC, notebook, smartphone, etc.), pousse Taiwan à chercher
de nouveaux relais de croissance. C’est pourquoi l’économie taiwanaise se tourne aujourd’hui vers
le software et l’internet des objets, les objets intelligents (smartglasses, wearables,etc.), et les services
associés. Aujourd’hui, l’industrie TIC à Taiwan se cherche un nouveau modèle d’innovation : d’un
modèle traditionnel, basé sur la sous-traitance avec des marges faibles, de grands volumes et un risque
essentiellement industriel, vers une industrie TIC à plus forte valeur ajoutée, plus innovante pour se
différencier de la concurrence chinoise. Les grandes entreprises taiwanaises ont pris conscience de la
nécessité de renouveler leur modèle d’innovation (investissement de Foxconn, UMC, Mediatek,
Wistron, dans des start-ups, etc.). De son côté, le gouvernement taiwanais a également fait de ce sujet
une priorité.
Taiwan connait actuellement un foisonnement d’initiatives sur l’innovation, concentrées autour de
l’écosystème des startups. Des initiatives, à la fois gouvernementales et privées, locales et
internationales, viennent soutenir ces jeunes pousses à la conquête de nouveaux marchés.
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L’émergence d’un écosystème dynamique
accélérateurs de startups à Taiwan
d’incubateurs
et
Selon le National Development Council (NDC), on compte en 2015 plus de 130 incubateurs à
Taiwan, 4000 startups et 8 programmes de soft landing.
1) Près d’une centaine d’incubateurs universitaires accompagnent le développement
d’idées et produits innovants
Taiwan compte un nombre important d’incubateurs, principalement dans les universités et parcs
industriels et scientifiques de l’île. Il faut noter que parmi les 147 incubateurs existants à Taiwan
en 2013, plus de la moitié sont hébergés ou gérés par des universités.

L’université de Chiaotung gère deux structures : l’incubateur situé dans les locaux de
l’université à Hsinchu, et Innosquare, un coworking space qui appartient à la ville de
Taipei. Innosquare ne propose pas de services d’incubation, mais la mise à disposition
d’espaces de travail pour les entreprises. Le programme d’accélération Orange Fab Asia
y a d’ailleurs organisé sa première session taiwanaise (Demo Day) en avril 2015.

L’université nationale de Tsing Hua est spécialisée dans les sciences appliquées et la
coopération industrielle. Le campus dispose de plusieurs pôles de recherche et
développement, dans les nanotechnologies, le biomédical, et les TIC notamment. Le
« Center for Innovation Incubation » a d’abord pour mission de gérer la propriété
intellectuelle, et les transferts de technologies des innovations de ces centres de
recherches, mais aussi d’encourager la collaboration avec les grandes industries
taiwanaises.

L’université de Tatung, qui est réputée pour sa formation en design industriel, héberge sur
son campus un « fab lab » destiné aux étudiants, mais aussi aux particuliers et aux
entreprises. Le FutureWard Maker Space possède des équipements de pointe, qui
permettent aux étudiants de développer leurs idées et prototypes dans un environnement
stimulant.
2) Les acteurs semi-publics et privés facilitent les contacts directs entre startups,
industrie et investisseurs
L’Industrial Technology Research Institute (ITRI) a créé il y a 19 ans son incubateur, le
TechVenture Club (TVC), qui accueille 71 startups pour trois à cinq ans, au cœur du Science
Park de Hsinchu. Le TVC propose désormais des services d’accélération, sans hébergement
mais pour faciliter les interactions avec des investisseurs locaux et internationaux. Le
programme s’achève par un Demo Day devant des investisseurs en capital-risque et de
potentiels futurs partenaires.
Les secteurs d’activité de ces startups sont tous en lien avec les technologies, qu’il s’agisse
d’électronique, d’énergie ou d’appareil médicaux. La notoriété de l’ITRI dans ces domaines
constitue un gage de qualité auprès des investisseurs. Depuis sa création, le TVC est à l’origine
de plus de cent spin-offs, dont 19 sont aujourd’hui cotées en bourse (UMC, TSMC, Epistar,
Chipbond, etc.). C’est via le fonds ITIC, qu’il détient à 100%, que l’ITRI peut prendre des parts
dans ses spin-offs.
Le Nankang Software Incubator (NSI) qui dépend en partie de l’Institute for Information
Industry (III), et à 60% de fonds privés, incube environ 60 startups, toutes spécialisées dans les
technologies de l’information et les logiciels. La structure de l’incubateur fonctionne comme une
plateforme de mise en contact de startups avec de potentiels investisseurs, des investisseurs
en capital-risque et des acteurs gouvernementaux. Des espaces sont loués aux startups dans
le parc technologique de Nankang à Taipei. En 2013, la startup taiwanaise Armorize, hébergée
par le NSI, a été rachetée pour 25M US$ par le groupe de logiciel américain Proofpoint.
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Le Taiwan Startup Stadium (TSS) est un accélérateur situé dans le stade de Zhongshan,
actuellement en travaux pour 12 à 18 mois, qui accueillera en 2016 de 60 à 80 startups pour
une durée d’un à deux ans chacune. Taiwan Startup Stadium (structure privée) est mandaté
par le National Development Council (NDC) dans le cadre du programme Head Start Taiwan.
Le financement proviendra donc d’une part du gouvernement (pour une durée de trois ans) et
des frais facturés aux startups d’autre part. En concentrant ses activités sur l’internet des objets,
et le logiciel, Taiwan Startup Stadium souhaite créer un réseau efficace d’investisseurs, de
jeunes mentors, et d’entreprises partenaires.
AppWorks, premier accélérateur privé d’Asie, a été créé en 2010 par Jamie Lin, pour soutenir
le développement des startups taiwanaises dans le logiciel. En 2012, AppWorks a levé un
premier fonds de 11M USD, puis un second de 50M en 2014, dont 25% proviennent du National
Development Fund1 (NDF). AppWorks accueille des startups pour 6 mois – sans contrepartie
de loyer – pour son programme d’accélération, qui consiste principalement à aider les
entreprises à trouver leur business model et cibler leur marché. Les startups peuvent prolonger
leur séjour jusqu’à deux ans, moyennant cette fois un loyer de 100 USD par mois et par
personne. Depuis sa création, 200 startups ont été formées. AppWorks ne prend pas de parts
dans les startups lors de leur accélération, mais peut décider par la suite d’y investir (1 sur 20
en moyenne), via ses deux fonds2. AppWorks se positionne essentiellement sur le marché des
applications numériques et de e-commerce, et encourage les startups à se développer vers
l’Asie du Sud Est (Vietnam, Malaisie, Philippines). AppWorks est en relation avec d’autres
accélérateurs notamment aux Etats-Unis, Japon, Thaïlande, et s’intéresse à l’Europe.
Garage+ appartient à la Fondation Epoch, créée en 1991 par Paul Hsu et Lester C. Thurow
avec pour objectif de développer le réseau international de l’industrie taiwanaise, par des
partenariats avec des institutions (MIT, Université de Berkeley), des entreprises (TSMC,
Quanta Computer, Delta Electronics), et des sociétés de holding. Le programme Garage+ a
d’abord été conçu en 2012 comme un programme virtuel de communauté de startups, pour
rapprocher les entrepreneurs de partenaires internationaux (Singapour, Israël, Japon, EtatsUnis). Garage+ propose depuis 2014 au sein de ses locaux des services d’incubation (d’une
durée de 6 mois pour un loyer de 100 USD environ par mois par personne), et d’accélération (1
an, de 500 à 950 USD par mois selon l’espace), ainsi que des équipes virtuelles, avec un réseau
important de mentors internationaux. Les secteurs d’activités sont larges, du Big data à
l’agriculture, mais la présence est forte dans le software (avec 22% des entreprises dans l’IoT).
Avec un taux de levées de fonds réussies de 73%, Garage+ compte parmi les incubateurs
taiwanais les plus efficaces. Deux entrepreneurs français y sont actuellement installés
(WeSmart, anciennement MyCO2 ; et Kaneoh).
TMI est un accélérateur qui accompagne les entreprises spécialisées dans le e-commerce, les
applications mobiles et internet, selon trois formules : un investissement direct (de 50 à 300K
USD) ; un programme d’incubation de 6 mois pour les entrepreneurs ayant déjà plusieurs
années d’expérience et souhaitant monter leur propre startup ; le « Hardware acceleration
service », pour fournir aux startups les moyens (techniques et contacts) de développer leurs
prototypes hardwares en production de masse. Cet accélérateur est soutenu par trois fonds
d’investissement, Innovation Works, ITIC et WI Harper (cf. infra).
Orange Fab Asia est un programme d’accélérateur pour les startups du secteur des TIC, ayant
déjà développé un produit et souhaitant s’étendre internationalement. Créé en 2013 aux EtatsUnis, le programme s’est étendu à huit pays, avec une présence importante en Asie. Les
Orange Fab y dépendent de l’entité Orange Labs Tokyo, qui regroupe le Japon, la Corée et
Taiwan. Après trois mois de préparation et de mentoring (sans espace mis à disposition des
startups), deux Demo Day sont organisés par an. Orange envisage cette structure comme une
Le National Development Fund est un fonds d’environ 7Mds USD, créé en 1989 et placé sous l’autorité de
l’Executive Yuan. Depuis 2010, le fonds soutient prioritairement les projets liés à l’innovation industrielle, les
hautes technologies, le développement des industries vertes et l’efficacité énergétique.
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Le premier fonds réuni par AppWorks en 2012 de 11M USD (dont 80% ont été utilisés) intervenait uniquement
dans les phases d’amorçage. Le second fonds, de 50M USD, financera des startups à différents stade : de 200 à
400K USD pour l’amorçage, 1 à 3M pour les premiers tours de financement, et 5 à 10M pour les deuxièmes tours.
Ces fonds proviennent notamment du NDF, de FarEastTone Telecommunications, Fubon Life et CDIB Capital.
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ouverture sur l’innovation, sans contrepartie financière. Le programme repose sur la mise en
contact de startups avec des mentors, des fonds de capital-risque et de potentiels investisseurs.
Orange Fab ne prend pas de parts dans le capital des startups, et les compagnies partenaires
le sont à titre gracieux. Il s’agit d’un projet de long terme, puisque Stéphane Richard, présidentdirecteur général d’Orange, a annoncé vouloir soutenir environ 500 startups dans les
prochaines années.
Depuis quelques années, il se crée donc progressivement à Taiwan un écosystème dynamique
d’accélérateurs, sans concurrence apparente, une même startup étant souvent successivement
incubée et accélérée par différentes structures. La plupart des fondateurs de ces structures ont
en commun d’être des entrepreneurs et d’avoir pour objectif de long terme de faire de Taiwan
un leader mondial dans le domaine de l’internet et des technologie du numérique, en s’appuyant
sur un réseau des acteurs de l’innovation.
Une volonté affirmée du gouvernement de soutenir les jeunes
entreprises innovantes
En 2014, le National Development Council lance le programme HeadStart Taiwan. L’objectif
sur 5 ans (2014-2018) est de faciliter les investissements étrangers, et stimuler l’innovation
grâce à la nouvelle génération de startups. Ce programme repose sur trois axes :
Dérèglementer - rendre Taiwan plus accueillant pour les IDE
Attirer les fonds internationaux - en travaillant avec des fonds de capital-risque
Construire un cluster international de startups
Ce programme se traduit également par une ambitieuse politique d’investissements :
- Etablir quatre fonds de 100M USD chacun pour financer les startups (auquel le NDC
participera à hauteur de 40%, en laissant 80% des profits aux fonds de capital-risque)
- Investir 83M USD dans des fonds de capital-risque et accélérateurs taiwanais et étrangers.
Le NDF a déjà investi dans 4 compagnies, dont deux accélérateurs (500 startups et
AppWorks)
- Créer un cluster international, de 9000m 2, au Taipei Expo Park (cf. supra : projet TSS)
Le ministère des sciences et technologies (MOST) a mis en place en 2013 le programme «
From IP to IPO » (FITI), sur cinq ans, piloté par le réseau des laboratoires d’excellence
NARLabs. Il s’agit d’une compétition de startups sur six mois, permettant à des élèves,
chercheurs ou professeurs d’université de développer leurs produits innovants et de trouver des
financements auprès d’investisseurs internationaux, notamment lors d’un séjour de deux
semaines dans la Silicon Valley. Le budget de ce programme dédié à encourager
l’entreprenariat technologique est de 50M TWD par an.
Par ces investissements financiers, le gouvernement taiwanais fait preuve d’un engagement
concret pour soutenir les jeunes entreprises innovantes. Il incite les fonds de capital-risque à
investir, en ouvrant la possibilité d’un bon retour et en réduisant le risque. Des actions se mettent
parallèlement en place pour chercher à assouplir les règles en termes d’introduction boursière
à Taiwan (actuellement, une entreprise doit obligatoirement être profitable pour pouvoir entrer
au TWSE).
En janvier 2014, le Taipei Exchange a mis en place le mécanisme GISA (Incubation Board for
Startups and Acceleration Firms) pour permettre aux PME de lever des fonds plus facilement.
Cependant les conditions d’éligibilité n’ont permis qu’à 59 compagnies (jusqu’en avril 2015) de
bénéficier de cette aide. Par ailleurs, une loi a été adoptée en mai 2015 autorisant la levée de
fonds par des plateformes de crowdfunding taiwanaises ayant un capital minimum de 50M TWD
(contre 200M TWD pour les courtiers en valeurs mobilières).
Enfin, le gouvernement souhaite assouplir les règlementations concernant le travail des
étrangers. Il n’est plus obligatoire depuis janvier 2015 que les étrangers justifient de deux ans
d’expérience professionnelle similaire pour postuler dans une startup. Les entrepreneurs
étrangers pourront également demander un visa entrepreneurial d’une durée d’un an,
renouvelable deux ans sous conditions, à partir du mois de juillet 2015 (cette disposition n’étant
pas incluse dans le programme HeadStart Taiwan).
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Une progression des investissements des fonds de capital-risque
(VC) et des grandes entreprises dans les startups
Amorcé il y a quelques années principalement depuis les Etats-Unis, un mouvement
d’investissements étrangers se poursuit.
L’accélérateur 500 startups, basé dans la Silicon Valley, a reçu un financement de 15M USD
de la part du NDF et a pris des parts dans plusieurs startups taiwanaises, dont Roam & Wonder.
Une relation pérenne d’échanges s’est installée, les accélérateurs américains accueillent des
startups taiwanaises, qui viennent y suivre un programme rapide (pour une durée moyenne de
deux semaines). Ce mouvement s’accompagne d’un développement des fonds de capitalrisque locaux.
WI Harper a été créé en 1996 par Peter Liu. Cette plateforme d’investissement est basée à San
Francisco, Taipei et Pékin, et regroupe huit fonds qui gèrent 750M USD. Environ 300 startups
ont déjà été soutenues, dont certaines devenues célèbres comme Divx.
L’ITIC (Industrial Technology Investment Corporation) est une des premières sociétés
d’investissement taiwanaises à avoir mis en place des fonds de capital-risque (VC). Fondé en
1980, l’ITIC appartient à 100% à l’ITRI, et connait ses premiers succès dès les années 1980 en
devenant un partenaire financier d’UMC, spinoff de l’ITRI aujourd’hui parmi les trente premières
capitalisations boursières de Taiwan. L’ITIC est reconnu comme le leader des VC taiwanais,
avec des participations dans cinquante compagnies.
Le fonds Innovation Works a été créé plus récemment en 2009, par Kai-Fu Lee, ancien
président de Google China. Basé à Pékin et Shanghai, 500M USD d’actifs sont en gestion dans
plusieurs fonds : Innovation Works Development Fund (IWDF), IWDF II, et deux fonds RMB. Ils
investissent dans le software, internet, e-commerce et le cloud, en séries A et B, c’est-à-dire
dans les premières phases de levées de fonds des startups.
UMC détient 100% du fonds evergreen UMC Capital de 800M USD. Il opère des
investissements dans des startups aux Etats Unis, en Chine et à Taiwan, dans le secteur des
TIC : applications mobiles, big data, networking, semi-conducteurs, médias digitaux. Les
financements interviennent aux différents stades de développement (idée, amorçage, premiers
et deuxièmes tours de financement, décollage, introduction en bourse).
MediaTek dispose depuis 2015 d’un fonds Mediatek Ventures pour les startups spécialisées
dans l’innovation, la technologie (IoT, infrastructures internet, services en ligne). Basé à
Hsinchu, le fonds gère 300M USD. Mediatek souhaite ainsi créer un écosystème en investissant
dans les startups dans différents pays (Chine, Etats-Unis, Japon, Europe), et couvrant un panel
large de secteurs technologiques innovants.
Un nombre croissant de sociétés taiwanaises rachètent des startups dont le produit est
complémentaire, ou pertinent pour leur activité, ou prennent des parts dans ces entreprises.
C’est le cas de Foxconn, qui possède 10% des parts de la startup Airsig depuis septembre
2014.
On assiste à un mouvement général de veille active de l’innovation par les grands groupes
industriels et de service taiwanais. Les startups sont des sources concrètes d’innovation dans
les technologies à Taiwan, et constituent donc des partenaires potentiels pour les entreprises.
C’est pourquoi les entreprises taiwanaises sponsorisent et participent aux évènements
organisés par les accélérateurs, allant jusqu’au mentorat pour certaines. Un cercle vertueux
d’investissement dans les startups commence à se mettre en place à Taiwan.
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Profil des startups taiwanaises
1) Les startups profitent de l’avantage comparatif de Taiwan, de cette puissance
industrielle et technologique dans la conception et la fabrication
La puissance économique de Taiwan est établie dans le Hardware, aussi bien en termes de
conception que de fabrication. La forte pénétration des téléphones mobiles (125% en 2013) et
la qualité des infrastructures de connexion font également de l’île un marché privilégié pour la
création d’applications mobiles et de e-commerce. Les startups taiwanaises se spécialisent
donc sur ces secteurs : des profils plus hardware (internet des objets, wearable devices), et
d’autres dans le software (applications et e-commerce). Deux exemples de succès peuvent être
cités :
AIRSIG : Cette startup a développé une application de signature sécurisée pour
smartphone uniquement. L’utilisateur brandit son smartphone pour écrire sa signature
dans l’air, ce qui permet l’authentification. Airsig a été accéléré par AppWorks, le
TechVenture Club de l’ITRI, et par Orange Fab Asia. Elle a gagné le prix de l’innovation
2014 organisé par l’APEC et Intel. En septembre 2014, Foxconn a investi 2M USD pour
10% des parts de la société.

EZTABLE : Créée en 2008 par Alex Chen, EZTABLE est un système de réservation en
ligne dans les restaurants, d’abord par site internet, et sur application mobile depuis peu.
La startup a rejoint AppWorks en 2010, qui lui a permis de trouver son business model et
de lever 1,5M USD en 2012. EZTABLE rassemble 150 000 utilisateurs par mois, avec 16M
USD de revenu en 2014. En janvier 2015, EZTABLE a levé 5M USD de fonds auprès des
VC locaux CMC Capital (qui appartient à la filiale Gaintech de Mediatek) et Hsun Chieh
Capital (UMC). L’entreprise étend son activité vers l’Asie du Sud Est : Hong Kong,
Indonésie, et Thaïlande.
La force de ces jeunes entreprises repose sur leurs larges bases de données d’utilisateurs, qui
intéressent directement les grands groupes, comme les opérateurs téléphoniques. Leur
business model leur permet de toucher une clientèle internationale, à relativement bas coût, par
rapport aux industries manufacturières. La plupart des accélérateurs posent d’ailleurs comme
critère d’enrôlement le fait de s’adresser au marché international.
2) Les startups taiwanaises s’ouvrent aux marchés asiatiques et américains, mais
pénètrent encore rarement le marché européen.
Taiwan jouit d’un accès géographiquement et culturellement privilégié aux marchés asiatiques.
Le développement des activités vers ces zones est donc la priorité des startups taiwanaises. La
Corée du Sud et le Japon sont des marchés relativement proches de Taiwan en termes de
maturité et de sophistication, avec une croissance forte des startups spécialisées dans le
software et les TIC. Singapour constitue un socle solide pour les partenariats et
l’investissement, dont les startups taiwanaises peuvent profiter. La Chine continentale offre de
nombreuses opportunités pour les startups, surtout dans le e-commerce, la langue et la culture
communes favorisant l’entrée des startups taiwanaises sur ce marché. L’Asie du Sud-Est est
une nouvelle cible importante pour les entreprises taiwanaises, comme l’illustre la volonté
d’AppWorks d’accompagner ses startups vers le Vietnam, les Philippines et la Malaisie. La
présence de communautés chinoises, l’augmentation des niveaux de vie et d’éducation, et la
fragmentation de la zone en font un marché particulièrement attractif. Des échanges se mettent
en place avec les Etats-Unis, historiquement liés à l’île, tandis que le marché européen demeure
un objectif plus difficile à atteindre pour les startups taiwanaises, par manque de connaissance
et de contacts.
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Les industries taiwanaises des TIC connaissent une phase de transition, d’un modèle
d’innovation incrémentale dans le hardware, vers une innovation de rupture, portée notamment
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par des startups dans le logiciel et l’internet. Les initiatives privées et gouvernementales ont
permis la création d’un écosystème dynamique de startups à Taiwan, qui cherche désormais à
parvenir à maturité et à s’internationaliser. Les startups taiwanaises exportent leurs activités
vers les marchés asiatiques et américains, mais sont encore peu présentes en Europe par
manque de connaissance de ce marché. Un cercle vertueux d’investissements dans cet
écosystème par les grands acteurs industriels des TIC et par le gouvernement commence à se
mettre en place.
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