Audiovisuel
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Métier La force de l’image Nées dans les années 80 avec l’émergence de la vidéo, les Scop de l’audiovisuel sont encore peu nombreuses, mais il s’en crée chaque année. Malgré – voire avec – l’avènement du multimédia et des nouvelles technologies. C onnues pour leur forte implantation dans le BTP ou dans les industries graphiques, les Scop sont moins réputées pour leur présence dans l’audiovisuel. Le marché est arrivé à maturité, avec nombre de regroupements et de concentrations en perspective comme dans toute l’économie. Mais il subsiste une double demande : d’une part, la télévision, toujours plus regardée et en diversification croissante (thèmes, métiers, territoires), et d’autre part, les « grands comptes », c’est-à-dire les grandes entreprises et les collectivités territoriales. Comme pour l’ensemble de la profession, les premières Scop de l’audiovisuel, Fanny Broadcast à Marseille et Mediapro à Lyon se sont créées en 1984. Elles sont aujourd’hui seize, dont sept Scop fondées depuis 1997. Toutes comptent moins de dix personnes. Elles partagent le même code NAF en 921 (sauf une en 923 A), avec deux grandes catégories de métiers : les prestataires plutôt techniques, et d’autres plus résolument créatifs. Côté technique, Axiome Production, de Macon (71), née en 1985, est axée sur la « gestion de parcs de téléviseurs et de chaînes internes en centre hospitalier », mais elle propose aussi « de la communication d’entreprise, des bornes interactives, des Cd-Rom ou du Web ». Mix & Mouse, née en 1997, a « Le statut Scop permet la solidarité» Aïtor Arandia, gérant de Comedia, Bayonne. Née en 1993, 5 salariés à temps plein et 5 collaborateurs occasionnels. Quelle est l’activité de Comedia ? Comedia travaille à 70 % pour la télévision,en prestations techniques de tournage et montage pour l’actualité télé du Pays basque, mais aussi pour TF1, France 2, et plus généralement toutes les chaînes, y compris étrangères, qui veulent réaliser un sujet sur le Pays basque. L’autre part de l’activité est pour 30 % de la réalisation de films pour des grandes entreprises ou des collectivités territoriales. Cette activité est plus aléatoire, selon les budgets des clients. Le statut Scop est-il adapté à l’audiovisuel ? Oui, ce sont des métiers qui nécessitent un investissement personnel important, que les gens fournissent plus facilement s’ils sont associés de leur entreprise et qu’ils y sont pleinement impliqués. Le statut Scop permet la solidarité sans laquelle nous n’aurions pas pu traverser les années difficiles. Quelles perspectives pour l’audiovisuel et Comedia ? Dans le Pays basque, ce sont 20 personnes qui peuvent vivre de l’audiovisuel, et pas plus de 200 dans toute l’Aquitaine. Comedia voit plutôt son avenir dans la télévision, avec un développement possible par croissance externe et filialisation dans certains créneaux. Comme par exemple l’agence de presse Euskal Media, qui compte 6 personnes aujourd’hui et mise sur une croissante forte pour les trois à cinq prochaines années. 18 • mars / avril 2003 Participer 598 Mediapro, agence de production et réalisation en films et multimédias pour principale activité la post-production audio-numérique, mais propose aussi « de la création sonore et musicale ». Oonops, enfin, est une Scop parisienne de huit personnes née en 2002 pour réaliser des « prestations techniques pour l’audiovisuel et le multimédia ». Le producteur prend les risques financiers Outre la prestation technique, la plupart des Scop de l’audiovisuel se positionnent essentiellement sur la production au sens classique : écriture d’un projet à partir d’une idée écrite ou proposée, recherche de financement et mise en œuvre – organisation du tournage, du calendrier, mobilisation des ressources techniques et humaines, montage et diffusion. Toutefois, chaque producteur apporte une prestation différente selon ses centres d’intérêt, son regard, son mode de pensée, sa façon de travailler. Née en 1986, Aktis, Scop toulousaine, se positionne sur « la production documentaire, la communication audiovisuelle, le multimédia et les nouvelles technologies ». Les Panoramistes, nés en 1999 à Lyon, insistent quant à eux sur la réalisation photographique. A Saint-Goazec, dans le Finistère, Kerwel’Breizh concilie la création artistique dans les arts plastiques et l’audiovisuel avec la restauration de patrimoine bâti. Certains sont aussi tournés vers la formation en audiovisuel (Anis Productions en Auvergne, Amak en région parisienne). Enfin, ces Scop sont aussi productrices de films et de spectacles, tels la Parole errante, à Montreuil, et les Ateliers de la Diffusion, de Marseille. Métier « Chacun a sa responsabilité, mais on partage tout » Promoteur du projet de film, le producteur est celui qui prend les risques, notamment financiers. Raison pour laquelle la plupart des sociétés de production assurent une part importante de leur activité avec la réalisation de films sur commande, et non décidés par eux. Mediapro réalise ainsi 70 % de son chiffre d’affaires avec les entreprises et les collectivités territoriales. Comedia, de Bayonne, n’en tire que 30 % de son chiffre d’affaires, mais répond aussi à la demande sur l’essentiel de son CA réalisé avec la télé. Ce qui conduit Comedia à se désigner comme « société de conseil et de réalisation » plutôt que comme producteur : « Dans l’esprit des clients, “production” renvoie au producteur de cinéma, qui a son scénario et va chercher les financements. Ce n’est pas notre cas. Nous travaillons essentiellement sur commande, et ne prenons pas de risque financier », explique Aïtor Arandia, gérant de Comedia. Une Scop peut-elle se payer un film ? Difficile de produire un film de qualité à moins de 6 000 €, reconnaissent les spécialistes. Une somme conséquente dans le budget d’une PME qui, jusqu’à 150 à 200 personnes, peut encore privilégier les contacts directs. Pour autant, le film est unique par son caractère vivant, émotionnel, et sa capacité à diffuser des messages en toutes circonstances : accueil visiteurs, salons, réunions d’animation ou de recrutement, etc. Certaines Scop ont réalisé leur film institutionnel pour présenter l’entreprise, comme Chèque Déjeuner ou L’Yonne républicaine. Ainsi que le souligne Michel Babolat, de Mediapro : « Dans la mesure où les entreprises peuvent s’en passer, le film peut être considéré comme un produit de luxe. Mais l’activité fonctionne parce que les entreprises ont compris que ça leur apporte un plus. » P IERRE L IRET Pour en savoir plus : Fédération des Scop de la communication : 01 56 03 90 05 Annuaire des Scop sur le site Web : www.scop.coop Michel Babolat, gérant de Mediapro, Lyon. Fondée en 1984, 4 permanents, 380 000 € de CA. Un film, ça sert à quoi ? Ça sert aussi bien pour présenter une entreprise que des produits,souvent pour les salons. Un film n’est pas un catalogue, il ne peut pas être exhaustif, mais il a un message. C’est au client de sentir le message qu’il veut faire passer et au producteur d’orienter et conseiller son client. Mais ce qui fait la différence du film, c’est sa force émotionnelle. Vous êtes quatre permanents, mais combien de personnes faites-vous travailler ? Mediapro gère une vingtaine de projets par an, plus ou moins importants. On fait travailler entre vingt et trente personnes différentes à qui on a fait une fiche de paye. C’est l’équivalent temps plein de sept personnes. On travaille souvent avec les mêmes, sauf s’ils partent ou changent de métier. Ce sont des intermittents du spectacle. Le statut leur convient aujourd’hui. Et ils savent que les sociétés de production ne peuvent pas embaucher à temps plein un cadreur, un preneur de son. Même les télés n’embauchent pas en emploi fixe. En cas de réforme dure du régime des intermittents du spectacle, les clients n’accepteraient pas de payer plus cher. Il faudrait utiliser l’intérim, ou le groupement d’employeurs en temps partagé. Internet, est-ce une chance ou une menace ? Les deux. Une chance si Internet peut être un canal de diffusion supplémentaire pour un film écrit avec scénario. Mais plutôt une menace si se confirme la tendance « Web TV », avec des plateaux et techniques rudimentaires, sans mise en scène. On passerait d’un métier de créateur à un métier de prestataire. Le montage virtuel (numérisation des images) a rendu le montage plus souple, a permis aux producteurs de s’équiper et donc de baisser le coût du montage en permettant une meilleure réponse à la demande du client. Au niveau des prises de vues, il s’agit plus d’une évolution,d’un changement de format. Le Betacam reste incomparable, avec un impact budgétaire réduit puisque le tournage représente un tiers du devis. Le statut Scop est-il adapté à l’audiovisuel ? Quand on est quatre dans une entreprise, la hiérarchie a peu de sens. Chacun est informé de la situation, qu’elle soit bonne ou mauvaise. Chacun a sa responsabilité, mais on partage tout. Les sociétés d’audiovisuel que je connais ont souvent des fonctionnements assez proches de celui des coopératives. Alors pourquoi n’y a-t-il pas plus de Scop dans cette profession ? L’audiovisuel est une profession très individualiste. Travailler ensemble n’est pas facile car chacun a sa façon de voir et d’appréhender le métier. Un peu comme dans la création graphique : moi,ce que je crée, c’est mieux que ce que fait l’autre... Scop Fanny Broadcast Mediapro Axiome Production Outline Video Aktis La Parole errante Mille Images Atalante Productions Comedia Production Mix & Mouse Anis Productions Kerwel’Breizh Les Panoramistes Amak Les Ateliers de la Diffusion Oonops Ville Marseille Lyon Macon Montreuil (93) Toulouse Montreuil-sous-Bois Grenoble Clermont-ferrand Bayonne Clermont-Ferrand Le-Puy-en-Velay (43) Saint-Goazec Lyon Montreuil-sous-Bois Marseille Paris Création 1984 1984 1985 1985 1986 1989 1991 1992 1993 1997 1998 1998 1999 2000 2001 2002 Salariés 3 4 3 5 14 9 3 28 5 2 15 7 2 5 2 8 Sociétaires 2 4 2 5 2 3 2 4 5 3 5 4 2 5 2 8 04 91 85 20 75 04 72 73 47 79 03 85 39 39 47 01 49 88 74 25 05 61 22 83 03 01 48 70 00 76 04 38 12 01 71 04 73 19 56 56 05 59 25 61 44 04 73 19 22 00 04 71 02 25 19 02 98 26 83 54 04 72 07 94 64 01 53 01 65 28 04 42 09 07 41 01 55 25 19 64 Participer 598 mars / avril 2003 • 19