L7PHO (CM3) Perception interlangue (P. Hallé, LPP)

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L7PHO (CM3) Perception interlangue (P. Hallé, LPP)
L7PHO (CM3)
Perception interlangue
(P. Hallé, LPP)
http://phalle.free.fr/resources > COURS L7PHO
10 Décembre 2008
1
CM3: Perception interlangue :
Comment les énoncés de parole non-native sont-ils perçus ?
Les sons et séquences de sons ne sont-ils interprétables qu’à
travers le système phonologique de la langue maternelle ?
Quels autres facteurs interviennent ? Peut-on prédire que tel ou
tel contraste (ex. /s/-/th/ de l’anglais pour des Français) est
difficile ? Notions de base pour aborder ces questions. Modèles
de perception interlangue : SLM (Flege : Second Language
Learning), PAM (Best: Perceptual Assimilation Model), NLM
(Kuhl: Native Language Magnet).
=> savoir expliquer : ce que veut dire “surdité phonologique”,
la continuité entre la perception des enfants et des adultes,
la distinction entre “adaptation” (phonologie des mots
d’emprunt) et “assimilation” (perception interlangue)
=> pouvoir donner quelques illustrations concrètes (e.g., le cas
de /r/-/l/ perçu par des Japonais)
2
Études de perception phonétique inter-langue (adultes)
depuis les années 70: La perception inter-langue peut nous informer
sur la nature "auditive générale" vs. "spécifique à telle langue" de
la perception des sons de parole. Premières études : continua
VOT perçus par locuteurs américains vs. espagnols vs. thai
(Abramson & Lisker, 1970).
bilan global: la perception des sons de paroles non-natifs est
modelée par le système sonore de la langue de lʼauditeur : son
répertoire phonémique, ses variantes allophoniques, ses règles de
combinaison des segments (phonotactique).
=> support pour métaphores de “filtre phonologique” (Trubetzkoy,
1939, TCLP 7, cf. aussi Polivanov, 1931), et de “surdité phonologique”.
3
(Abramson & Lisker 1970)
(américains)
(thai)
—VOT—>
4
Perception Catégorielle
(Liberman et al. (1957) J. Exp. Psychol. 54, 358-368)
Un continuum de stimuli sur lequel sont définies des catégories
perceptives est perçu de manière catégorielle si les stimuli ne
sont discriminables que dans la mesure où ils sont classés dans
des catégories différentes.
PC <=> la discriminabilité entre stimuli dépend de leur
probabilité d'appartenance à des catégories différentes,
probabilité mesurée par des réponses d'identification.
Le "degré" de PC est d'autant plus élevé que la relation entre
discrimination et identification est étroite.
Cette définition est mise en oeuvre en comparant les
fonctions de discrimination empiriques à des valeurs théoriques
correspondant à des performances strictement catégorielles, ces
dernières étant prédites par les fonctions d’identification.
(formules: Pollack & Pisoni (1971) Psychon. Sci. 24, 299)
5
Exemple d’application de la PC
(Liberman et al. (1957) J. Exp. Psychol. 54, 358-368, fig.2)
6
Paradigmes expérimentaux
(A) stimuli : tokens naturels vs. items dans un continuum (-> PC)
(B) designs :
- Identification : choix ouvert ; choix forcé (e.g., 2AFC) de labels de
catégorisation (e.g., ʻRʼ / ʻLʼ) pré-expliqués ou de ʻmot-clefsʼ autoexplicatifs (e.g., "rang" / "lent") ; choix forcé entre 2 alternatives
présentées à chaque essai (e.g., AXB: X=A ou X=B ?)
- Discrimination : AX, AXB, ABX, ʻoddity testʼ, etc.
paramètres : ISI (court => acoustique ; long => linguistique) ;
une vs. plusieurs voix (plusieurs => linguistique)
différences : ABX requiert mémorisation, AX et AXB mieux
adaptées à mesures TR
Exemple dʼessais (AXB, naturel)
… /ra1/ /la3/ /la2/ …
… /la4/ /la2/ /ra3/ …
(2 step-AXB, continuum)
… /S1/ /S3/ /S3/ …
… /S5/ /S5/ /S3/ …
7
Perception des sons d’une langue étrangère
Métaphore du filtre phonologique : sons simples
En japonais, pas d’opposition L-R : un seul son R pas de L
⇒ R et L tous deux perçus R par les Japonais
Filtre phonologique étendu aux combinaisons de sons
En français, pas d’opposition TL-KL : TL illégal
⇒ TL et KL perçus KL par les Français
perception/assimilation et “adaptation” dans les emprunts
perception ≈ adaptation “on-line” ; les formes adaptées (e.g.,
jap. resutoraN < fr. restaurant ; jap. tikiN < eng. chicken) peuvent
avoir une “histoire” complexe, être influencées par l’orthographe,
refléter des prononciations non-standard...
8
Cas d’adaptations motivées
par la phonologie native
• fr. /p/ —> maroc. /b/:
(marocain: pas de /p/)
• (nombreuses langues):
labiales —> dorsales
• questions de segmentation
9
Voyelles
Kuhl (2000). PNAS, 97, 11850-57
10
Contraste []-[æ] (e.g., bet–bat)
pour Américains vs. Allemands
/æ/ plus longue, plus ouverte que //
Les Allemands nʼutilisent guère que
la durée pour catégoriser les items
dʼun continuum ʻbatʼ-ʻbetʼ (/bæt/-/bt/)
Ils tendent à répondre ʻbetʼ si la
voyelle est courte, ʻbatʼ si la voyelle
est longue.
3 continuums: voyelles courtes (),
moyennes (), longues ()
(Bohn & Flege, 1990)
Pourcentage de rép. "bet"
/æ/-// est un contraste tense-lax en
anglais (~long-court, mais timbres≠)
américains
[]
—>
short
[æ]
allemands
long
11
Contraste [o]-[]
French
Français vs. Américains
• Français pas sensibles à durée
(en français /o/ et // équivalents
en durée).
• Américains sensibles à la durée:
à timbre égal, ils utilisent la durée
pour catégoriser les voyelles plus
longues en /o/ plutôt que //
pourcentage réponses /o/
(en anglais, /o/ plus long que //)
[o]
—>
long
medium
short
[]
Americans
(Gottfried & Beddor, 1988, 1995; Bohn,
1995)
12
Effets de voyelles prototypiques
• Magnet Effect (Kuhl et al. 1992): discrimination plus
difficile autour des prototypes que des non-prototypes.
• Renforcement de contraste (Näätänen et al. 1997) pour
contraste P1-P2 comparé à P1-NP2 (=> P1-P2 plus saillant)
e ø
Estonien e ø 
o
o
Finnois
/e/-/ø/ (e-ö) : P1-P2 Finnois
mais P1-NP2 Estonien.
/e/- // (e-õ) : P1-NP2 Finnois
mais P1-P2 Estonien.
/e/-/o/ (e-o) : P1-P2 Finnois et
MMN magnitude
e-ö e-õ
e-o
P1-P2 Estonien.
MMN toujours plus grand pour
P1-P2 que P1-NP2
13
Le cas classique de R-L
- Les Japonais discriminent mal AE /r/-/l/ (surtout en initiale)
- Ils semblent percevoir AE /r/ comme proche de [w] (Yamada, 1992)
- Est-ce uniquement parce que le japonais n’a pas de contraste entre
deux liquides /l/ et /r/ ? c.a.d. la ‘surdité’ à /r/-/l/ est-elle surtout
déterminée par le système phonologique ‘abstrait’ de la langue L1 ?
- Si oui, les Français n'ont pas de problème avec AE /r/-/l/ car /r/-/l/
en français est fonctionnellement parallèle à /r/-/l/ en anglais.
- Si oui, les Japonais ont le même problème avec /r/-/l/ français
qu’avec /r/-/l/ anglais.
Mais… ce n’est pas exactement le cas => la réalisation phonétique
des phonèmes, qui varie selon la langue (surtout ‘R’ !)*, joue un rôle
important dans la perception inter-langue.
* Mona Lindau (1985): The story of /r/.
14
L
R
R
W
catégorisation
L
discrimination
Yamada, R. & Tohkura, Y. (1992). Perception and Psychophysics, 52, 376-392.
15
/w-j/
Am/Fr
/w/
/r-l/
/j/
/r/
/w-r/
/l/
/w/
/r/
Jp
16
Hallé, Best, & Levitt (1999). J. of Phonetics, 27, 281-306
/w-j/
/r-l/
/w-r/
Am/Fr
/w/
/j/
/r/
/l/
/w/
/r/
Jp
17
Perception des contrastes /r/-/l/ anglais et français par des Japonais et
des sujets contrôles (américains et français)
Japonais
Contrôles
98
Discrimination correcte
98.5
100
RT (réponses correctes)
700
95
788
624
500
80
RT (ms)
% correct
300
80
Japonais
contrôles
100
-100
-300
-500
-700
-766
-834
-900
60
anglais
français
Contraste /r/-/l/
anglais
français
Contrastes /r/-/l/
⇒ la ‘surdité’ des Japonais à /r/-/l/ dépend de la langue cible
18
Assimilation perceptive
Si un phonème A de la langue non-native X est perçu comme
un B de la langue native Y des auditeurs, A est “assimilé” à B
Exceptions: (a) certains A ne sont tout simplement pas perçus
comme des sons de parole par les locuteurs de Y
(b) certains A sont trop éloignés de toute catégorie de Y
(a): cas des clics
Les clics semblent être perçus comme des bruits non issus
d’un conduit vocal par les Américains (Best et al., 1988)
Les contrastes entre clics (e.g. dental-latéral [|]-[||]) sont bien
perçus par des sujets américains, bien que ces sons de
parole soient tout à fait étrangers au répertoire de l’anglais.
<–> situation NA (not assimilable) du modèle PAM
19
!Xóõ Click Contrasts
discrimination x language group
American
Sesotho
Zulu
% correct
%
correct discrimination
responses
100
90
80
70
60
50
chance
Dental-Bilabial
Palatal-Alveolar
CLICK CONTRAST
20
Situations inter-langues envisagées par PAM (Best, 1995)
Two-Category Assimilation (TC Type). Each non-native segment is
assimilated to a different native category; discrimination expected to
be excellent.
AE /b/-/d/ ≈ Fr /p/-/t/
Category-Goodness Difference (CG Type). Both non-native sounds
are assimilated to the same native category but differ in discrepancy
from a native "ideal" phone (e.g., one is acceptable, the other
deviant); discrimination expected to be moderate to very good,
depending on the magnitude of difference in category goodness for
each of the non-native sounds.
AE /d/-/t/ ≈ Fr /t/G-/t/B
Single-Category Assimilation (SC Type). Both non-native sounds are
assimilated to the same native category but are equally discrepant
from the native "ideal"; that is, both are equally acceptable or both
equally deviant; discrimination expected to be poor (although it may
be somewhat above chance level).
AE /r/-/l/ ≈ Jap /R/-/R/ 21
Both Uncategorizable (UU Type). Both non-native sounds fall
within phonetic space but outside of any particular native
category, and can vary in their discriminability as uncategorizable
speech sounds. Discrimination is expected to range from poor to
very good, depending upon their proximity to each other and to
native categories within native phonological space.
Uncategorized versus Categorized (UC Type). One non-native
sound assimilated to a native category, the other falls in phonetic
space, outside native categories. Discrimination is expected to be
very good.
Nonassimilable (NA Type). Both non-native categories fall outside
of speech domain being heard as nonspeech sounds, and the pair
can vary in their discriminability as nonspeech sounds;
discrimination is expected to be good to very good.
22
Le cas des clics: illustration de la situation NA
(phones non assimilés à des sons de parole)
 Dichotic listening study
 Listener groups:

American English

Zulu
NO clicks
dental-alveolar-lateral clicks: [|]-[!]-[]
 Zulu click contrasts

Place of articulation

Voice onset time

Excised clicks (POA)
(POA)
(VOT)
d d, a a, l l
uva uva, uv uv, v v
d d, a a, l l
23
Clicks: VOT contrast (alveolar, asp. vs. prevoiced)
24
asymétrie HG>HD
symétrie HG≈HD
(Best & Avery, 1999)
25
Best & many, many colleagues , in prep.
click ≠> L > R
26
click => L > R
27
principaux modèles
• PAM (Perceptual Assimilation Model) (Best, 1994-2007)
– différents cas de figures (TC, SC, etc.) selon les relations entre sons
non-natifs et natifs aux niveaux phonologique et phonétique. Accent
sur les gestes articulatoires.
– continuité entre enfants et adultes selon cas de figure.
• SLM (Second Language Learning) (Flege, 1995-2004)
– Orienté ‘L2 acquisition’. Sons de L2 “similar” vs. “new” (pour
locuteurs de L1), selon des critères phonétiques plutôt que
phonologiques. Les “new” plus ‘faciles’ que les “similar” en ce qu’ils
permettent la création de nouvelles catégories pour L2.
– acquisition plus facile par les jeunes apprenants (AOL).
• NLM (Native Language Magnet) (Kuhl & Iverson, 1995-2003)
– Accent sur la structure des catégories (prototypes): discrimination
difficile autour des prototypes de L1. Discrimination facile entre28
prototypes de catégories distinctes.
examiné jusqu’ici :
• consonnes occlusives: VOTs
• voyelles: continuums /æ/-// et /o/-//
• liquides: /r/-/l/
• clicks: [|]-[!]-[] etc.
quid des oppositions suprasegmentales ?
29
Trois continuums de tons (mandarin) : T1-T2, T2-T4, T3-T4
Tests classiques de PC avec sujets chinois vs. français
contours F0 sur la syllabe /pi/ dans la phrase: “yige /pi/ zi”
Hallé, Chang, & Best (2004). J. of Phonetics
30
Intensity (dB)
Contours d'intensité et durées des syllabes /pi/
(aux 4 tons)
60
pi1
pi2
pi3
pi4
40
20
0
40
80 120 160 200 240 280 320
Duration (msec)
31
whole sentence:
/pi/, t3-4: step 5 (ambiguous)
yi
ge
bi
zi
132 Hz
74 Hz
32
(continuum t3-t4)
/pi/, t3-4: step 1 ↔ tone 3
103 Hz
/pi/, t3-4: step 8 ↔ tone 4
154 Hz
65 Hz
78 Hz
(continuum t2-t4)
33
34
Bilan pour sujets chinois :
Perception catégorielle au sens ʻlibéralʼ (précision de catégorisation,
discrimination inter > intra, cohérence pour la position des frontières
dans tous les tests (y compris ʻ rating ʼ): t1-t2≈3.5, t2-t4≈5, t3-t4≈ 6
Approche comparative inter-langue :
Tests Perception Catégorielle avec sujets français
H1 : catégories tonales universelles => Ss français ≈ Ss chinois
H2 : catégories spécifiques => moins bonne performance Français
Méthode: discrimination et identification AXB (pb. "label")
N.B. in AXB identification, ʻAʼ & ʻBʼ are the continuum endpoints,
while ʻXʼ varies in between.
35
Slope at Boundary Cross-over
2
slope (1/SD)
1. identification
(AXB)
t1-t2
t2-t4
t3-t4
1.5
1
0.5
0
Chinese
French
100
90
% correct
2. discrimination
(AXB)
Chinese
80
French
70
60
50
1-3
2-4
3-5
4-6
Stimulus Pair
5-7
6-8
36
Sommaire sur les tons
cross-language difference :
- For native speakers of Mandarin Chinese, tones are linguistic
units, just like phonemes; their perception of tones tends
to be categorical.
- For (naive) French subjects, tones are not categorized in a
linguistic fashion.
Sensitivity shown by French listeners:
- Well below that of Chinese Ss, yet above chance level:
French listeners are not “deaf” to Chinese tones …
37
La version "faible" (non-stricte) de la perception catégorielle est utile
pour mettre en évidence des différences de sensibilité dues à
des différences inter-langues.
• Cas des tons du chinois mandarin : ils “fonctionnent” comme des
catégories infralexicales au même titre que consonnes ou
voyelles pour les Chinois mais pas pour les Français ;
Les tests de PC montrent que les Chinois perçoivent les tons de
façon plus catégorielle que les Français.
=> perception linguistique ≠ perception auditive
(Autre illustration de lʼintérêt des tests ʻclassiquesʼ de PC : perception
de /r/-/l/ et /w/-/r/, en comparant anglophones, francophones,
Japonais, Coréens, Cantonais, etc.)
38
Illusion dentale–vélaire “intra-langue” en français
Les sujets français ont une forte tendance à
entendre /k, g/ dans /tl, dl/ en position initiale
• Tests conduits dans une étude initiale (Hallé et al., 1998)
stimuli : non-mots
dlapto, dlapot, dlopta, dlopat
tlabdo, tlabod, tlobda, tlobad
+ contreparties légales en
/dr, tr/ et /gl, kl/ (glopta)
(1) Transcription libre (18 Ss)
(2) Identification consonne initiale (choix forcé) (40 Ss)
(3) Détection de phonème (/d/, /t/, /g/ ou /k/) (52 Ss)
(4) Gating phonémique sur première syllabe (76 Ss)
39
40
Correspondance signal - gates : exemple tlabdo
41
Assimilation /tl, dl/ → /kl, gl/
Gating phonétique : /t/
100
/k/
clusters /dl/ et /tl/
% réponses
80
/d, t/
60
40
/g, k/
20
autre
/b, p/
0
1
2
3
4
5
6
7
8
numéro de fragment
9
10
42
l’illusion dentale–vélaire en interlangue
The dental-to-velar shift has not been assessed cross-linguistically
using a “control” language: Is it specific to French listeners? Is it a
universal illusion?
Hebrew, for example, allows /dl, tl/ clusters (and virtually all OBLI
clusters). (and a bunch of other languages...)
e.g., tlulim–klulim (‘steep’–‘included’) is a /tl/-/kl/ minimal pair.
Prediction : /tl/→/kl/ illusion in languages banning (initial) /tl, dl/
(Fr, Eng), not in languages where /tl, dl/ are legal (Hebrew).
=> Cross-linguistic Expt. : Hebrew /tl/-/kl/ contrasts presented
to French and American vs. Hebrew listeners.
Control baseline: /tr/-/kr/ (presumably ‘easy’ for all Ss)
43
French & American listeners should have trouble with Hebrew
/tl/-/kl/ while little trouble for /tr/-/kr/; Hebrew listeners should
have little or no difficulty to discriminate /tl/-/kl/ and /tr/-/kr/
Experimental Design:
Design speeded AXB discrimination task (natural
tokens) and “keyword” categorisation task (Fr & Am).
Stimuli. monosyllables (from a native speaker of Hebrew):
{/d, t/ vs. /g, k/} + /l, r/ + /a, i, u/
(24 types x 4 tokens)
Examples: /tla/
/tli/
/tlu/
AXB discrimination: triplets such as /tla, tla, kla/, /tri, kri, kri/ …
=> %correct discrimination & RTs measured from B
Categorisation of the initial consonant; forced choice among 10
French “keywords” for /p, t, k, b, d, g, s, z, r, l/, and “goodness”
rating on 1-5
44
AXB discrimination performances: % correct
100
9 99 8
95
9 89 7
96
97
95
% correct
90
80
77
70
66
60
64
61
50
dr-gr
tr-kr
dl-gl
tl-kl
Cluster Contrast
Israeli (n=11)
American (n=14)
French (n=12)
French Ss: /tl/-/kl/ and (less so) /dl/-/gl/ are difficult.
American Ss: worse than French, /tl/-/kl/ ≈ /dl/-/gl/
Hallé & Best (2007), JASA
45
Categorisation (American subjects)
% identification
100
dental
velar
labial
80
60
40
86
58
39
20
14
0
/dl/- items
/tl/- items
Initial Cluster
- asymmetry /tl/→/kl/ >> /dl/→/gl/ ~ same for French Ss
46
autres études sur les séquences de sons
• voyelle épenthétique /u/ (sujets japonais)
- /u/ perçu dans [ebza] par Japonais, pas par Français ;
difficulté à discriminer [ebza]-[ebuza]; illusion perceptive.
- nature prélexicale de l'illusion : /u/ perçu aussi bien dans
mikdo (< mikado, 'empereur') que sokdo (< sokudo,
'vitesse')
(Dehaene-Lambertz et al., 2000; Dupoux et al., 1999; ", 2001)
• voyelle prothétique /e/ (sujets hispanophones)
- /e/ perçu dans [s] + consonne
- mais une composante prélexicale (~16%) et une lexicale
(Theodore & Schmidt, 2003; Hallé et al., 2008)
47
Perception de voyelle épenthétique : /u/ dans /ebzo/
(continuum /ebzo/-/ebuzo/)
Japonais
Français
48
Continuum de /spib/ à /espib/
step 1
step 4
step 6
49
Perception de voyelle prothétique : /e/ dans /sp, st/
(continua du type /stib/-/estib/, /spib/-/espib/)
spanish
americans
Theodore, R. (2003), unpublished Master dissertation
50
extras
51
Travaux pionniers
• Goto 1971: stimuli naturels
1.
3.
5.
7.
lead and lead 2. right and light
glass and grass 4. breed and breed
pray and play 6. collect and collect
fresh and fresh 8. splint and sprint
réponses
ex: ... 2. R L, d ... 6. L R, d ...
(scores de 0 à 8)
conclusions
performances faibles, il faut avoir
été exposé depuis l’enfance...
à l’écrit: ‘summaly’ pour ‘summary’
52
Travaux pionniers
• Miyawaki et al. 1975: stimuli synthétisés
continuum [ra]-[la] (transition F3 montante à descendante)
test de discrimination (oddity) Americans & Japanese et
identification (Americans only).
=> pic discrimination inter-catégorielle pour Am, pas Jap.
(et predicted ≈ observed)
continuum nonspeech (F3 tout seul)
test discrimination => Jap. ≈ Am.
conclusions: importance de l’expérience linguistique
(sujets japonais testés : “at least 10 years of formal English
language training”)
53
Travaux pionniers
• Mochizuki 1981: stimuli naturels vs. synthétiques
reprend Goto ‘71 (trouve capacité à discriminer ra de la)
identification de mots avec /l, r/ en diverses positions:
initial/final, dans cluster, intervocalique
=> difficultés variables (e.g., intervocalic /l/ difficult)
identification continuum [ra]-[la]
plus problématique, /w/ perçu au milieu si choix (l, r, w)
...
• des centaines d’autres études confirment la difficulté des
Japonais avec /r/-/l/. Mais toujours avec /r/-/l/ de l’anglais.
54
Ce qu’ont montré ces études
• différences entre Japonais :
importance de la pratique (orale...) de l’anglais, durée de séjour
en pays anglophone, âge auquel l’anglais a été étudié...
ex. (Hallé, Best, &Levitt, ‘99):
Japonais “experienced” (•) et
“unexperienced” (x)
(from Best & Strange, 1992)
55
Ce qu’ont montré ces études
• Effets de l’entraînement (e.g., Lively, Logan, & Pisoni, 1993)
Un entraînement intensif améliore performances. Suggère que
le problème est lié à une “habileté auditive” plutôt que d’ordre
structurel.
Mais controversé. Par ex., surdité persistante des bilingues
castillan-catalan (même “parfaits”) aux contrastex catalans de
voyelle moyenne /o/-// et /e/-// (Pallier et al., 1997).
• Rôle du contexte (Lively et al., 1993; Mochizuki, 1981; Sheldon
& Strange, 1982; Takagi & Mann, 1995)
Cluster, position médiale => Difficulté 
56
Ce qu’ont (aussi) montré ces études
• même surdité pour les sujets dont la langue n’a pas de
contraste /r/-/l/ (Korean: Gillette, 1980; Ingram & Park, 1998;
Cantonese: Henly & Sheldon, 1986)
• pas de surdité pour ceux dont la langue a /r/-/l/. Peu
documenté. Mais cf. Iverson et al. (2003), avec technique MDS :
même profils pour allemands et américains sur /ra/-/la/
r
stimuli (échelle Mel)
w
identification, solution MDS (jap):
pas de regroupement en 2 clusters57
r
w
58
Explications classiques
• les contrastes non-natifs qui n’ont pas d’équivalent dans la
langue ne sont pas ou sont mal perçus.
=> surdité phonologique (Polivanov, 1931; Trubetzkoy, 1939).
• les enfants japonais < 8 mois discriminent /r/-/l/ (AE).
Après 10 baisse de la discrimination.
(Kuhl et al., 2006, Dev. Science)
Effects of age on discrimination of
AE /ra-la/ by American and
Japanese infants at 6–8 and 10–12
months (percent correct scores)
• amélioration pour américains
• déclin pour japonais
59
Explications classiques
• l’état adulte reflète une réorganisation perceptive motivée
par le système phonologique de L1
• ce que suggèrent les données de Iverson et al. (2003) :
l’existence d’un contraste natif dans la classe des liquides
permet la discrimination d’un contraste non-natif parallèle,
même si les réalisations phonétiques sont assez différentes.
• corollaire : un contraste non-natif qui n’a pas de parallèle
natif est mal ou pas perçu.
• cependant, cas des contrastes de clics du Zulu...
• suggère que des facteurs non-phonologiques influencent la
perception.
60