Mon article 1 : Le manga, un art en constante évolution

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Mon article 1 : Le manga, un art en constante évolution
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Le Shônen
Le manga, un art en constante évolution
Peu après la clôture du 42ème festival de
la BD 2015 à Angoulême, il parait impossible de
ne pas se questionner sur une catégorie de bandes
dessinées qui semble envahir les stands des éditeurs et emporter l’adhésion d’une grande partie des
membres de notre génération : le manga. Il est partout, on voit même quelques-uns de ses personnages
phares reproduits sur les murs de la ville pour l’occasion. Alors comment peut-on expliquer ce phénomène ? Y a-t-il une recette, des codes, utilisés dans
la plupart des mangas qui justifieraient leur succès ?
Le terme «manga» est constitué de deux kanji (caractères japonais) qui ont chacun un sens particulier. Le premier kanji «man» signifie distraction,
légèreté ou pureté et le second, «ga» désigne l’illustration ou le dessin. La combinaison de ces deux
kanjis peut se traduire par «illustrations distractives» (#wikipédia). Mais cette appellation désigne de
manière plus générale la bande dessinée japonaise.
Les mangas représentent environ 40% des ventes de
bandes dessinées en France depuis une dizaine d’an-
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nées. Le marché du manga français arrive en 2ème
place sur le plan mondial, après le Japon et devant les
Etats-Unis. Ce genre de bande dessinée se décline sur
plusieurs supports tels que la télévision pour les «mangas animés», les jeux vidéo, les magazines ou le cinéma.
Plus de 300 jeux en vente actuellement ou dans le passé sont inspirés par des mangas à succès. De la même
manière que pour les jeux vidéo, les mangas qui sont
choisis pour être adaptés sur petit et grand écran le
sont en fonction de la quantité d’exemplaires vendus.
Cependant, phénomène étonnant, sur le marché français, seulement une dizaine de mangas concentrent
50% des ventes. Parmi eux, se retrouvent sans surprise, One Piece, Naruto et Fairy Tail. Il s’agit de
Shônen. Ce type de mangas est le plus publié au
monde, il est lu à tous les âges et par les deux sexes.
Le Shônen semble donc avoir des caractéristiques
qui en font un genre lu et apprécié. Alors qu’estce qu’un Shônen ? Comment expliquer ce succès ?
Shônen en japonais signifie «adolescent». Ce
sont donc des mangas destinés «principalement» aux
adolescents masculins (le public féminin étant ciblé
par les Shôjo, qui signifie «jeune fille»), cible importante chez les lecteurs de ces bandes dessinées. Les
Shônen confondent tous les genres littéraires tels que
la science-fiction, la comédie, le fantastique, etc. Mais
le plus fréquent reste cependant le manga d’action relatant des aventures, des quêtes ou des combats. La
plupart des récits, très codifiés, véhiculent des valeurs
comme l’amitié, la bravoure et le dépassement de soi,
en mettant en scène un héros charismatique, hors du
commun auquel le lecteur s’identifie malgré tout facilement. Il possède un talent caché qui lui permettra
de se dépasser et d’accomplir de grandes choses. Les
jeunes lecteurs français ainsi que les plus vieux, sont
rapidement conquis par la place accordée aux person-
nages, leurs failles, leurs forces, leurs choix et leurs
combats.
Certains grands succès se sont alors imposés comme
les Shônen par excellence. C’est le cas de Dragon Ball,
Naruto ou One Piece qui utilisent parfaitement bien
les codes du genre Nekketsu (caractéristiques ou schéma narratif). Ce terme signifie «sang-bouillant», il régit un en effet grand nombre de manga shônen.
Que ce soit les récits des aventures de San Goku depuis son enfance jusqu’à l’âge adulte, la détermination de Naruto à se faire accepter ou à devenir le
plus grand ninja de tous les temps, ou la volonté de
Monkey D.Luffy d’obtenir One Piece, le fameux trésor inestimable appartenant aux seigneurs des pirates,
ces trois séries de mangas utilisent un genre très particulier avec des codes qui semblent plaire. Le fameux
Nekketsu. Un genre bien connu et très populaire, exposant bien souvent des situations qui reviennent fréquemment dans plusieurs mangas.
Le Nekketsu
C’est le shéma narratif dominant dans les shônens : pour que le manga apporte son lot de divertissement, les personnages devront évoluer bien souvent dans des environnements exotiques. Légendes folkloriques d’Asie (Dragon Ball, Naruto, Butsu Zone), mythologie égyptienne (Yu-Gi-Oh), Alchimie (FullMetal
Alchemist)… les légendes doivent s’ancrer dans un univers qui leur est propre. Aussi, pour que les amateurs de
mangas s’intéressent à l’histoire, il faut qu’ils puissent facilement s’identifier au héros. Pour cela, au début de
l’œuvre, il ne doit pas être trop fort ou trop intelligent. Ce doit être un élève lambda. Pour renforcer l’identification, l’auteur peut faire appel à l’empathie du lecteur en créant des problèmes relationnels entre le héros, sa
famille, ses amis ou camarades. Le lecteur se sent alors meilleur que le héros, ce qui est toujours agréable. De
plus, son caractère est souligné d’une grande gentillesse et honnêteté qui le rendront souvent très naïf (Dragon
Ball, Naruto, One Piece).
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Geek
Comme le montre Vladimir Propp dans son
essai de narratologie La morphologie du conte, l’un des
plus anciens ressorts littéraires est de retrouver des
héros qui ont souvent une ou plusieurs quêtes qu’ils
veulent absolument réaliser et ce, quels que soient les
obstacles. Une de leur caractéristique principale est
de réfléchir avec le cœur plutôt qu’avec la tête. En effet, l’intelligence du héros est bien souvent limitée au
profit d’un don pour le combat (Naruto, One Piece),
pour le sport (Slam Dunk, Captain Tsubasa), ou les
jeux de société (Ikaru no go). Cependant, comme dit
précédemment, le héros commence avec un niveau
faible pour que le lecteur s’identifie, mais ensuite, va
rencontrer des adversaires de plus en plus puissants. A
chaque nouvel adversaire, notre héros va réussir à se
dépasser et, la plupart du temps au dernier moment,
va lui assener le coup de grâce. Par ailleurs, l’évolution du personnage, en plus d’être spirituelle, est parfois soulignée par un changement physique majeur.
On peut noter les cheveux dorés des Super Seiyan de
Dragon Ball ou encore l’aura d’énergie autour du personnage de Naruto, augmentant de manière exponentielle à chaque fin de combat. Les parents sont presque
toujours absents (Naruto, FullMetal Alchemist). Très
souvent, le héros vit seul et/ou abandonné. La recherche d’une figure paternelle est un thème récurrent. Toutefois, peu à peu, il s’entoure très vite d’une
bande d’ami(e)s. Parmi ces ami(e)s, un personnage va
tendre à devenir son plus grand rival, qui va accentuer
la dramatisation (Sasuke dans Naruto). Ou dans le cas
contraire, son plus grand ennemi, devient alors son
plus grand gentil-méchant-rival (Vegeta dans Dragon
Ball). Cela permet de rajouter de la valeur au héros,
car il sera obligé, une fois encore, de se dépasser au dilemme «sauver la population et tuer mon ami» ou «le
laisser faire». Enfin, il m’était impossible de finir sur
ces codes sans parler de l’importance faite à la nourriture, en effet : la bouffe, c’est sacré ! C’est sûrement l’un
des codes les plus utilisés dans les mangas en général,
voire dans les animés japonais. La nourriture est synonyme de bonne santé et inévitablement comme regain
de santé. Alors quand un de nos héros favoris comme
Naruto, San Goku (Dragon Ball) ou Luffy (One Piece)
se sentira fatigué ou déprimé, sa seule préoccupation
ne sera pas de manger, mais de s’empiffrer de nouilles,
de bol de riz ou d’un gros steak rôti au barbecue.
Le manga de demain ?
Grâce au Nekketsu, ils ont réussi à percer dans
la bande dessinée. Mais aussi à la télévision avec les
animés tels que Dragon Ball Kai, Naruto Shippuden
ou One Piece. Dans les jeux vidéos, avec par exemple
Dragon Ball Xenoverse, Naruto Shippuden Ultimate
Ninja Storm 4, ou One Piece : Pirate Warriors 3 sur
Next-Gen. Dans ce cas, il est donc facile de devenir un
mangaka épanoui… il suffit d’utiliser la recette pratiquée depuis des dizaines d’années : action, aventure et
amitié ?
Non. En effet, aujourd’hui, ces codes qui ont
fait leurs preuves en créant une sorte de marque de
fabrique pour ces classiques du genre, se transforment
en impressions de déjà vu pour demain et lassent les
lecteurs qui ressentent de plus en plus un manque
d’originalité et d’inspiration. Le manga Naruto, dont
la publication reste inachevée, connait cependant une
chute de ses ventes de 15% en 2013 due à un scénario de moins en moins efficace et séduisant. Celui-ci
avait pourtant connu jusque-là, un grand succès, tout
comme Fairy Tail, Bleach ou Space Brothers qui utilisent également le Nekketsu. Le recul des mangas sur
le marché français montre que l’on a atteint les limites
du Shônen classique qui ont abusé du Nekketsu. Celui-ci tend à disparaître face à la diminution des ventes
des anciens best-sellers. Cela semble se faire au profit
de l’arrivée d’une nouvelle vague de Shônen emmenée
par l’Attaque des Titans en tête, puis Kuroko’s Basket
ou encore Magi qui reprennent ces codes en les transposant dans des univers authentiques. Eux réussissent
à se différencier des grands classiques et débutent leur
ascension pour le succès, en nous proposant des personnages au caractère différent, aux histoires différentes et surtout à la psychologie intéressante.
! Duck & dick
Les dessins animés de Donald
Duck ont été interdits en Finlande,
car il ne portait pas de pantalon.
Article écrit par Pauline Ferrand
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