petits crimes conjugaux - Théâtre de Saint-Malo

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petits crimes conjugaux - Théâtre de Saint-Malo
CREATION COMEDIE DE PICARDIE
DOSSIER PEDAGOGIQUE DU SPECTACLE
PETITS CRIMES CONJUGAUX
D’Eric-Emmanuel SCHMITT
MISE EN SCENE PAR Marianne EPIN
Création à la Comédie de Picardie le vendredi 23 janvier à 20h30 ; le samedi 24 janvier à
19h30 ; le dimanche 25 janvier à 15h30 ; le mardi 27 janvier à 20h30 ; le mercredi 28 janvier
19h30 ; le jeudi 29 janvier à 20h30.
En tournée le 31 janvier 2015 à Albert ( 80) les 4, 5 février 2015 à Abbeville ( 80), le 10 mars
2015 à Courbevoie ( 92), les 20, 21, 22 mars 2015 au TOP à Boulogne-Billancourt ( 92), le 24
mars 2015 à St Malo (35), le 27 mars à Laon ( 02), le 2 avril à Ancenis (44), les 9,10,11,12 avril
à Antibes ( 06), le 14 avril à St Quentin ( 02), le 17 avril 2015 à Port-St-Louis-du-Rhône(13).
Production : Comédie de Picardie
Coproduction : Volubile Productions
Avec le soutien de l’Espace Carpeaux - Ville de Courbevoie.
Dossier réalisé par Mme Elisabeth CARPENTIER, professeur détaché du Rectorat de
l’Académie d’Amiens - Permanence à la Comédie de Picardie tous les jeudis de 13h à 17h 03 22 22 20 28
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PETITS CRIMES CONJUGAUX
Texte :
Eric-Emmanuel Schmitt
Mise en scène : Marianne Epin
Avec : Marianne Epin
Eric Savin
Décor : Sophie Jacob
Lumières : Pascal Noël
Assistante à la mise en scène : Juliette Epin
SOMMAIRE DU DOSSIER
I-
Présentation
II-
Les comédiens
III-
Notes de mise en scène
IV-
Pistes de travail
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I-
PRESENTATION
Conduit par une femme, un homme pénètre dans un appartement obscur. Lumière. Il est
chez lui, mais ne reconnaît rien. Il rentre d’une semaine d’hôpital, amnésique, à la suite d’un
choc à la tête.
La femme, Lisa, sa femme depuis quinze ans, s’efforce de l’aider à recouvrer la mémoire, du
moins le croit-on… À partir de ce qu’elle lui raconte, il tente de recomposer son existence.
Mais si Lisa mentait ?... Est-il bien tel qu’elle le décrit ?
Un couple qui s’use, peut-être? Rien de plus banal, rien de plus essentiel. Rien de plus
attirant aussi...
Un suspense étonnant sur le couple à la recherche de la vérité. À la manière d'un Hitchcock
traversant un plan, mine de rien, avec une diabolique malignité, Eric-Emmanuel Schmitt
laisse le spectateur dans ce troublant va-et-vient grâce aux retournements de situation qui,
dans ce duo où chacun cherche la vérité de l'autre, maintiennent constamment l'intérêt...
Qui croire ? À quel moment soudain l'un des protagonistes lâche-t-il quelque chose de
sincère, de vrai?
Eric- Emmanuel Schmitt s'est ainsi interrogé sur la question de savoir qui on aime vraiment
quand on aime : une projection de notre propre esprit, un être idéalisé par l'imagination ou
un être réel doté d'une personnalité propre irréductible à nos fantasmes ? Avec Petits crimes
conjugaux, il s'attaque à ce qu'il n'avait pas encore osé aborder aussi directement : l'amour
conjugal après quinze ans de vie commune, l'amour de longue durée où les rêves finissent
immanquablement par se heurter à la réalité. Une crise du mariage jusqu’à la tension
suprême avant de trouver sa résolution avec, sur un plateau de la balance, ses démons, la
jalousie, l'hypocrisie, l'égoïsme, l'aveuglement et, plus communément, l'usure et la
maladresse… Sur l'autre plateau, les souvenirs de la rencontre magique, la complicité,
l'humour, l’amour et la tendresse, malgré tout feront-ils le poids ? Ne rien oublier, ne rien
effacer, ce serait pire, il importe de continuer en pleine lucidité.
Cette joute a pour seul but d'énoncer la vérité universelle du couple: «jamais toi sans moi, et
réciproquement».
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II-
LES COMEDIENS
Marianne EPIN
En 1984, elle reçoit le Prix de la Révélation, décerné par le Syndicat de la Critique pour son
interprétation de Sichel, dans Le pain dur de Paul Claudel. En 1985, elle reçoit le Prix Gérard
Philipe. Elle est nominée Meilleure Comédienne aux Molières 2005 pour Hannah K de
Renaud Meyer. Formée au Conservatoire National Supérieur d’Art Dramatique dans la classe
d’Antoine Vitez, Marianne Épin joue à la Comédie-Française de 1986 à 1991.
De 1995 à 2001, pendant 7 ans, elle a assumé la responsabilité artistique de la
programmation du Théâtre de La Criée à Marseille. Elle interprète Tchékhov, Molière,
Shakespeare, Vitrac, Adamov, Marivaux, Bernanos, Yasmina Reza, Labiche, Philip Ridley,
Martin Mac Donagh, Loleh Bellon, Corneille… sous la direction de Pierre Debauche, Antoine
Bourseiller, Pierre Vial, Jorge Lavelli, Gildas Bourdet, Jean-Pierre Miquel, Daniel Mesguich,
Jean-Luc Revol, Patrice Kerbrat, Marion Bierry… Elle a mis en scène et interprété aux côtés
de Fellag Tous les Algériens sont des mécaniciens. En 2011, elle signe la mise en scène de
Petits chocs des civilisations de Fellag, créé à la Comédie de Picardie et présenté au Théâtre
du Rond-Point puis en tournée. Au cinéma, elle apparaît dans Je suis Pierre Rivière et Papa
est parti, Maman aussi, réalisés par Christine Lipinska, L’Amour violé et Jamais plus
toujours réalisés par Yannick Bellon, Spirale (réalisation Christopher Franck)… On la retrouve
également à la télévision dans de nombreux téléfilms.
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Eric SAVIN
Il fait ses débuts sur scène en 1989avec Francis Huster dans Lorenzaccio de Musset. Au
cinéma c’est Bertrand Tavernier qui lui confie son premier rôle. Il alterne régulièrement le
théâtre, la télévision et le cinéma. Ses premiers succès arrivent avec les spectacles de
Durringer - La petite entaille, ou encore Surfeur. À la télévision, il obtient une nomination
aux Sept d’Or pour son interprétation dans Vacances volées . Il accompagne aussi de
nombreux cinéastes du court au long-métrage, dont Lionel Bailliu, avec qui il collabore dans
Squash, multi-primé et nominé aux Oscars en 2004, pour lequel il décroche le prix
d’interprétation à Clermont-Ferrand. Dans le long-métrage Fair Play, où il partage l’affiche
avec Marion Cotillard et Benoît Magimel, il endosse le rôle principal, celui d’un patron
dominateur et compulsif. Aux cotés d’Audrey Tautou et Faudel, il joue le rôle de
Richard dans Le battement d’ailes du papillon, de Laurent Fiode. Au théâtre, il est en duo
avec Zabou Breitman dans Hilda, mis en scène par Frédéric Belier-Garcia. Il a également joué
aux côtés du couple Cassel/Bellucci dans Agents secrets de Frédéric Schoendorffer et
récemment dans le biopic Cloclo.
Il triomphe au théâtre La Bruyère à Paris, dans Chocolat Piment de Christine Reverho, sous la
direction de José Paul (cinq nominations aux Molières), puis enchaîne avec Sans mentir de
Xavier Daughreil au Tristan-Bernard et Entre deux ils d’Isabelle Cote au Théâtre de l’OEuvre.
Il sera tout prochainement en couple avec Isabelle Gélinas pour une nouvelle série,
Dérapages, sur France 2.
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III-
Notes de mise en scène
Marianne Epin :
« Ce qui m'a plu dans la pièce d'Eric-Emmanuel Schmitt et que l'on rencontre rarement dans
le répertoire théâtral, c’est qu’il s’agit ici d’une grande scène du II, qui dure le temps d’un
spectacle. D’une guerre en l’honneur de l’amour - cette «aventure obstinée» - et de la
construction de la vérité d’un couple. Deux êtres en présence, présents à l’autre, qui se
parlent et s’écoutent. C’est si simple et si complexe.
Ce qui intéresse chacun, c’est l’autre au plus profond de la relation qu’il est temps cette nuit
de disséquer, de raconter, d’analyser, de ranimer, de vivifier.
Quel couple ne rêverait pas d’arriver, au terme de beaucoup d’hésitation, d’errance et
parfois de petites traîtrises à élucider complètement son rapport à l’aimé ? À apparaître
totalement transparent, clair, lumineux et inversement.
La bataille sans merci, les colères, les attendrissements, la douleur ou la douceur des
souvenirs, l’envie de se reposer, de se taire, la fatigue contre laquelle on lutte et
l’apaisement du petit matin. Tous ces états à orchestrer comme une musique pianissimo,
vivace, accesso, grazioso, forte, doloroso…et toujours espressivo!
Enfin, je voudrais que les spectateurs sortent de la salle avec le désir joyeux de défendre leur
amour à tout prix.
 La lumière : Ici la pièce commence par le mystère, le sombre de la nuit qui tombe et
se fait toute noire. On ne sait plus où siège la vérité. Petit à petit, le jour réel et la
clarté symbolique entre les deux êtres se font, dans le même temps. La lumière de
Pascal Noël accompagnera cette élucidation et ces révélations. L’unité de temps, une
nuit au cours de laquelle le face-à-face devient inévitable.
 Le décor : Un escalier, lieu du crime, où l’un a précipité l’autre, mènera à un étage
qui permettra de ressentir le danger, le vertige en ce lieu suspendu. Vertige de
l’amour encore. De l’amour qui peut rendre fou jusqu’à l’envie de tuer. Comme le
suggère Eric-Emmanuel Schmitt, y a-t-il plus grande aventure et plus grande folie aujourd’hui plus que jamais- qu’imaginer sa vie et l’engagement de son sentiment
amoureux avec et vers une seule personne? Dans ce lieu qui permettra une mise en
scène verticale (Un acteur pourra parler de l’étage à son partenaire qui se trouvera
au rez-de chaussée) on fera ressentir comme on peut être loin parfois, même en
vivant sous le même toit, on jouera sur le parallélisme des regards, on s’entendra,
mais on ne se verra pas… Quand on vit en couple, on parle bas à l’autre, car on le
croit toujours à portée de main, mais combien de fois faut-il répéter ou se déplacer
pour entendre ou se faire entendre...
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IV-
PISTES DE TRAVAIL
1 Un duo
Toute l’action de la pièce est basée sur le jeu de 2 comédiens, un homme, une femme, un
couple, « deux êtres en présence, présents à l’autre, qui se parlent et s’écoutent. »
** Dans un premier temps on pourra demander aux élèves de repérer et tracer (sur un
plateau scénique dessiné) ou noter sur le papier les placements et les déplacements des
comédiens, de l’homme et de la femme, l’absence ou la présence sur le plateau scénique de
l’un et/ou de l’autre.
Etudier la mise en espace du couple permet de comprendre puis d’analyser les enjeux de la
parole entre l’homme et la femme de ce couple.
Cette étude permet aussi d’établir le déroulement chronologique et logique, les étapes de
fausses retrouvailles puis de l’affrontement, enfin des aveux pour continuer à vivre leur
amour différemment.
** Dans un deuxième temps on mettra en correspondance ces repérages de mise en espace
avec les états exprimés par les comédiens.
Il semble intéressant de cibler un élément de mise en espace avec un état, un sentiment
joué par le comédien ou la comédienne.
Exemple : à quel état ou sentiment la mise en espace des comédiens sous le parapluie
renvoie-t-elle ??
Et ainsi de suite pour la colère, la tendresse, la tristesse, l’étonnement, le dégoût…
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Lecture de l’image avec la photo ci-dessous avec pour objectif d’associer la mise en espace
avec le jeu et les états des comédiens.
Cet exercice pourra être poursuivi avec un autre moment du spectacle vu et étudié dans la
même perspective, c’est-à-dire mettre en correspondance le jeu avec le lieu choisi,
organisé, occupé, mis en scène.
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** Enfin, on pourra centrer le travail d’observation et d’analyse sur le jeu et l’expression
physique de chaque comédien en fait, chaque partenaire du couple.
Qu’est-ce que le comédien utilise pour exprimer la colère, la tristesse, la joie, l’étonnement ?
Utilise-t-il les yeux, le visage, les mimiques, les mains, la voix ?
Par quels moyens physiques et par quels procédés scéniques joue-t-il la patience, le
mensonge, la jalousie, l’aveu, l’espérance?
Le jeu avec les verres de whisky peut être très intéressant à étudier pour représenter la
tristesse, le désespoir ou l’amour.
2 Un certain optimisme dans la conception de l’amour
La confrontation du couple prend la forme d’une enquête.
 A l’aide des accessoires ou de la mise en espace, on pourra proposer aux élèves de
prendre les moments-clés du spectacle (les retrouvailles, l’affrontement, l’intimité,
l’aveu) et de constituer une carte d’identité du couple ou bien une brève
chronologie de la vie de ce couple durant ses 15 ans.
Chaque partenaire du couple, Lisa et Gilles, mène une quête de vérité sur les faits et sur
l’amour véritable de l’autre.
 On pourra également interroger les élèves sur les éléments du jeu de chaque
comédien. Comment le comédien exprime-t-il sa volonté de vérité lorsqu’il interroge
l’autre ? Par l’intonation de la voix et la mise en voix ? par la position de son corps,
quand il ne bouge pas, ou qu’il cherche à embrasser, à saisir l’autre ?
Eric-Emmanuel Schmitt montre une certaine confiance en l’homme tout en interrogeant le
sentiment d’amour de longue durée. Il permet au sentiment d’amour qui lie les deux êtres
humains Lisa et Gilles de se réinventer et de se reformuler plutôt que de continuer « Et
reprendre la vie comme avant » comme le dit Lisa au début de la pièce. C’est Gilles qui se
révèle le moteur du dévoilement de la vérité, des petits crimes conjugaux lorsque Lisa
découvre le mensonge de Gilles quand il fait référence à la ville de Portofino.
** Pour montrer l’optimisme de la conception de l’amour de l’auteur, on demandera aux
élèves de trouver le moment dans la pièce où Lisa fait l’éloge de l’amour, déploie la
profondeur et la force de son sentiment au point d’en bouleverser Gilles et le spectateur.
Lisa : « On ne peut pas fausser compagnie à son destin. Tu es mon destin. Nous ne nous
appartiendrons jamais physiquement, mais nous nous appartenons mentalement. Tu es
tombé au fond de moi, nous sommes captifs. Même lorsque tu n’es pas mon homme dans
ma chair, tu es mon homme dans mes souvenirs, dans mes rêves, dans mes espoirs. C’est là
que tu me tiens. Nous pouvons peut-être nous séparer, nous ne pouvons plus nous quitter.
Tous ces jours où tu étais absent, absent d’ici, absent de toi-même, je continuais à t’adresser
toutes mes pensées, je te faisais partager mes humeurs. Qu’est-ce que c’est aimer un
homme d’amour ? C’est l’aimer malgré soi, malgré lui, envers et contre tout. C’est l’aimer
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d’une façon qui ne dépend plus de personne. J’aime tes désirs et même tes aversions, j’aime
le mal que tu m’infliges, un mal qui ne me fait pas mal, un mal que j’oublie tout de suite, un
mal sans traces. Aimer, c’est cette endurance-là, celle qui permet de passer à travers tous les
états, de la souffrance à la joie, avec la même intensité. Je t’aimais avant que tu veuilles me
tuer. Je t’aime toujours après. Mon amour pour toi, c’est un noyau, une nébuleuse au fond
de mon esprit, quelque chose que je ne peux plus atteindre ni changer. Une part de toi est
en moi. Même si tu partais, cette part resterait. J’ai une forme de toi en moi. Je suis ton
empreinte, tu es la mienne, aucun de nous deux ne peut plus exister séparément. »
3 Une écriture multiforme
Etudier le début du texte théâtral de l’auteur Eric-Emmanuel Schmitt permet d’analyser
comment l’écriture mêle narration et dialogue.
Le rythme de la narration s’impose et donne la pulsation au face à face des deux
personnages. Le texte narratif écrit hors et dans le dialogue contribue à scander et faire
rebondir l’évolution de l’investigation à laquelle se livrent les deux personnages.
Après avoir vu le spectacle, il semble intéressant d’analyser comment le jeu des comédiens
et la mise en scène ont-ils représenté et rendu ce mélange du narratif dans le théâtral.
L’extrait proposé ci-dessous peut constituer une illustration de cette piste de travail :
- Un incipit (rôle et fonction narrative)
- Un jeu d’ombres et de lumières- entrée des deux personnages, deux ombres - rôle
symbolique de la lumière- « rendre le lieu visible »
« La nuit dans un appartement.
Bruits de clés et de verrous.
La porte s’ouvre, faisant glisser deux ombres entourées par la lumière ocre du couloir.
La femme pénètre dans la pièce, l’homme reste sur le seuil, en arrière, une valise à la main,
comme s’il hésitait à entrer.
Lisa se précipite sur les lampes et les allume vivement, l’une après l’autre, impatiente de
rendre le lieu visible.
Une fois qu’elle a tout illuminé, elle désigne l’appartement, les bras ouverts, comme si elle
avait préparé le décor d’un spectacle.
Lisa. Alors ?
Il hoche la tête négativement. Inquiète, elle insiste.
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Lisa. Si ! Prends ton temps. Concentre-toi.
Il pose un regard consciencieux et exhaustif sur chaque meuble puis courbe le cou, vaincu,
piteux.
Lisa. Rien ?
Gilles. Rien.
Ne pouvant se satisfaire de cette réponse, elle lui fait poser la valise, referme la porte et le
prend par le bras pour le conduire jusqu’à un siège.
Lisa. Voilà le fauteuil où tu aimes lire.
Gilles. Il m’a l’air épuisé.
Lisa. Je t’ai proposé cent fois d’en changer le tissu mais tu m’as répondu que je devais choisir
entre le tapissier et toi.
Gilles s’assoit dans le fauteuil. Il grimace de douleur. ( …) »
Petits crimes conjugaux, Eric-Emmanuel Schmitt, Albin Michel, 2003
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