La réforme LMD face aux défis des Technologies de l

Transcription

La réforme LMD face aux défis des Technologies de l
LA REFORME LMD FACE AUX DÉFIS DES TECHNOLOGIES DE
L’INFORMATION ET DE LA COMMUNICATION À L’UNIVERSITÉ
DE LOMÉ (TOGO)
RAPPORT FINAL
Parrain scientifique du projet :
Dr. Komla ETOU, Maître -assistant à l’Université de Lomé
CHERCHEURS :
1.
M. Essohanam BATCHANA, Docteur en histoire, Université de Lomé (Chercheur principal) ;
2.
M. Djifa Yaovi TSIGBE, doctorant en sociologie, Université de Lomé ;
3.
Mlle Ablavi Esseyram GOGOLI, étudiante en Master en anthropologie, Université de Lomé.
Pays : TOGO
Recherche financée par le
Réseau Ouest et Centre Africain de Recherche en Education (ROCARE)
avec le soutien du projet Centre d’Excellence Régionale UEMOA
et du Ministère des Affaires Etrangères des Pays Bas
Avril 2012
ROCARE / ERNWACA • Tel: (223) 221 16 12, Fax: (223) 221 21 15 • BP E 1854, Bamako, MALI
Bénin • Burkina Faso • Cameroun • Centrafrique • Congo • Côte d’Ivoire • Gambia • Ghana •
Guinée • Mali • Mauritanie • Nigeria • Niger • Sénégal • Sierra Leone • Togo
www.rocare.org
SOMMAIRE
SOMMAIRE ........................................................................................ 2
REMERCIEMENTS ............................................................................. 3
LISTE DES SIGLES ET ABREVIATIONS .............................................. 4
RESUME ............................................................................................ 7
INTRODUCTION ................................................................................. 9
1. Justification et problématique de l’étude ..................................... 11
2. Cadre théorique et conceptuel de l’étude ..................................... 16
3. Méthodologie de l’étude ............................................................... 28
4. Analyse et interprétation des résultats de l’étude ........................ 34
5. Quelles stratégies adopter pour faire des TIC, un réel outil au
service de la réforme LMD à l’Université de Lomé ? ........................... 58
CONCLUSION................................................................................... 62
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES ................................................ 65
ANNEXES ......................................................................................... 69
TABLE DES MATIERES .................................................................... 76
2
REMERCIEMENTS
Cette étude n’aurait pas abouti sans le concours de bonnes volontés. Qu’il
nous soit permis de leur témoigner, dans les lignes qui suivent, nos
profondes gratitudes.
D’abord, nous remercions vivement le Dr. Komla ETOU, Maître-assistant
à l’Université de Lomé, notre parrain qui nous a apportés l’appui
institutionnel et créé les conditions idoines pour la réalisation de la
présente étude.
A lui, nous associons le Dr. Joseph TSIGBE, Maître-assistant à
l’Université de Lomé et trésorier national du ROCARE-Togo. Il faut dire
que c’est lui qui nous a suggérés le sujet. En effet, dans le cadre des
colloques Africampus et EUTIC tenus à Dakar en novembre 2010, il a
présenté, en vidéoconférence à partir du Campus numérique francophone
de Lomé (CNF-L), une communication sur une problématique similaire à
celle de la présente étude. Dans sa communication, il faisait comprendre
que son travail n’était qu’un état des lieux dont les données méritent
d’être approfondies par une étude de grande envergure. Par la suite, nous
l’avons approché et il nous a orientés dans la conception du projet. Aussi,
s’est-il mis à notre entière disposition, tel un tuteur averti, et nous a
assistés à toutes les étapes de ce travail. Nous apprécions ses conseils et
orientations diverses.
Nos idées de reconnaissance vont également à l’endroit du Dr. Philippe
Dzek AMEVIGBE, coordinateur national du ROCARE-Togo qui a toujours
veillé à ce que le travail soit bien fait et qu’il tienne dans le délai imparti. Il
en est de même pour Dr. Nora ALLEKI, notre personne-ressource, dont les
orientations ont utilement servi.
Que nos personnes-ressources, en leurs qualités diverses (étudiants,
enseignants-chercheurs,
administratifs,
autorités
universitaires
et
gouvernementales, responsables d’institutions…), trouvent ici l’expression
de nos marques de reconnaissance. A elles, nous associons nos
assistantes de recherche : Etonam ADABA et Wassila OURO qui nous ont
énormément aidés lors de nos travaux de terrain. Qu’elles en soient
remerciées.
3
Pour finir, nous ne saurons remercier assez la coordination régionale du
ROCARE et les financiers de la présente étude, notamment le Ministère
des affaires étrangères des Pays Bas et l’UEMOA, pour leur dévouement à
la cause de la recherche en Afrique. Par la même occasion, nous voudrons
bien les encourager à continuer dans cette dynamique pour permettre au
secteur éducatif en Afrique de redorer, tant soit peu, son blason.
Les auteurs
LISTE DES SIGLES ET ABREVIATIONS
4
AUF
:
Agence Universitaire de la Francophonie
BU
:
Bibliothèque Universitaire
CAF-MICRO :
Centre Africain pour la maintenance des équipements de
Micro informatique
CED-CI
:
Centre d’Education à Distance de la Côte d’Ivoire
CIC
:
Centre Informatique et de Calcul
CNF-L
:
Campus Numérique Francophone de Lomé
CNRS
:
Centre National de Recherche Scientifique
DRPI
:
Direction de la Rénovation Pédagogique et de l’Innovation
EAM
:
Ecole des Assistants Médicaux
ENSI
:
Ecole Nationale Supérieure d’Ingénieurs
ESA
:
Ecole Supérieure d’Agronomie
ESSD
:
Ecole Supérieure de Secrétariat de Direction
ESTBA
:
Ecole
Alimentaires
FDD
:
Faculté de Droit
FDS
:
Faculté des Sciences
FLESH
:
Faculté des Lettres et Sciences Humaines
FMMP
:
Faculté Mixte de Médecine et de Pharmacie
INIST
:
Institut National de l’Information Scientifique et Tech-
Supérieure
des
Techniques
Biologiques
et
nique
INSE
:
Institut National des Sciences de l’Education
ISICA
:
Institut des Sciences de l’Information, de la Communica-
tion et des Arts
IUT-Gestion:
Institut Universitaire de Technologie de Gestion
LMD
:
Licence Master Doctorat
NT
:
Nouvelles Technologies
NTE
:
Nouvelles Technologies Educatives
NTI
:
Nouvelles Technologies de l’Information
NTIC
:
Nouvelles Technologies de l’Information et de la Commu-
nication
PC
:
Personal Computer
REESAO
:
Réseau pour l’Excellence de l’Enseignement Supérieur en
Afrique de l’Ouest
5
ROCARE
:
Réseau Ouest et Centre Africain de Recherche en Educa-
tion
SIR
:
Service d’Information et de Recherches
SYFED
:
Système Francophone d’Edition et de Documentation
TD
:
Travaux Dirigés
TIC
:
Technologies de l’Information et de la Communication
TICE
:
Technologies de l’Information et de la Communication
appliquées à l’Enseignement
TP
:
Travaux Pratiques
UE
:
Unités d’Enseignement
UEMOA
:
Union Economique et Monétaire Ouest Africaine
UL
:
Université de Lomé
UNESCO
:
Organisation des Nations unies pour l’Education, la
Science et la Culture
UV
:
Unité de Valeur
UVA
:
Université Virtuelle Africaine
UVF
:
Université Virtuelle Francophone
6
RESUME
Depuis le processus dit de Bologne lancé en Europe en 1999 tendant à
l’uniformisation des diplômes universitaires sur le modèle américain
du Licence-Master-Ph D-Doctorat- (LMD), les universités africaines de
la zone francophone y compris le Togo, ont entamé une série de
réformes dans leurs offres de formation universitaire dont le LMD. Au
Togo, après trois ans d’expérience (2005-2008), le Gouvernement a pris
un décret, en 2008, confirmant ainsi l’entrée des universités publiques
togolaises dans la nouvelle réforme (LMD). Trois ans après ce décret, le
bilan à mi-parcours montre des difficultés immenses dans la mise en
œuvre de cette réforme pourtant qualifié à l’origine de dispensateur de
progrès et de développement universitaire. Parmi ces difficultés, se
trouve
l’incurie
des
Technologies
de
l’information
et
de
la
communication (TIC), considérées à bien des égards comme un outil
non négligeable devant accompagner la réforme LMD. Face à ce
constat, les auteurs de cette étude ont cherché à comprendre dans
quelle
mesure
l’insuffisance
et
l’incurie
de
ces
technologies
constituent-elles un frein pour la réussite de la réforme LMD à
l’Université de Lomé qui se veut chantre de l’adoption du nouveau
système dans l’espace Réseau pour l’excellence de l’enseignement
supérieur en Afrique de l’ouest (REESAO).
A partir de l’analyse documentaire et des entretiens individuels et de
groupes, l’étude a montré que l’Université de Lomé ne s’est pas
suffisamment préparée avant de rentrer dans la réforme LMD. Cette
impréparation se manifeste, sur le plan technologique par quatre défis
majeurs auxquels l’application du système fait actuellement face. Il
s’agit : i) de l’insuffisance et de la précarité des structures et
infrastructures en matière de TIC ; ii) du manque de lien évident entre
la réforme LMD et les TIC ainsi que l’absence d’initiatives de la part des
autorités universitaires pour créer ce lien ; iii) de l’absence de
ressources humaines (techno-pédagogiques) et financières pour former
et inciter les acteurs de l’Université à l’intégration des TIC à la réforme
7
LMD en vue de sa réussite ; iv) des difficultés dans la gestion des flux
d’étudiants et des notes d’évaluations qu’auraient résolu une bonne
utilisation des TIC à des fins administratives dans la nouvelle réforme.
Les impacts de ces défis technologiques sur le LMD sont observables,
aussi bien sur le plan administratif que pédagogique. Sur le premier
plan, l’incurie des TIC ne favorise ni la gestion des flux et parcours des
étudiants, ni celle des emplois du temps face aux problèmes de salles
de cours qui se posent avec acuité. Aussi, cette situation conduit-elle à
la gestion et à la conservation catastrophique des notes d’évaluation et
au retard dans la proclamation des résultats, ce qui ne permet pas aux
étudiants de connaître leurs résultats à la fin d’un semestre avant le
début du semestre suivant. Or, cette connaissance des résultats est
une exigence dans l’application de la réforme LMD. Sur le plan
pédagogique,
les
problèmes
d’ordre
technologique
rencontrés
à
l’Université de Lomé font que les enseignants et les étudiants, dans
leur
grande
majorité,
n’arrivent
pas
à
mettre
à
profit
les
environnements numériques insuffisants et précaires pour rendre
efficace le processus enseignement/apprentissage.
Dans le souci de contribuer à rectifier le tir, des recommandations sont
faites à l’issue de ce travail, aussi bien à l’endroit des acteurs
universitaires qu’à celui des politiques. Celles-ci visent à attirer
l’attention de ces derniers sur la nécessité de faire des TIC, un outil
indispensable dans la réforme actuelle en cours à l’Université de Lomé.
Cela suppose que des infrastructures soient implantées à cette fin et
qu’une politique soit mise en place afin de permettre aux étudiants et
enseignants-chercheurs de s’approprier ces technologies et de les
intégrer au processus de formation/apprentissage.
8
INTRODUCTION
En 2006-2007, une équipe de jeunes chercheurs togolais dirigée par
Joseph TSIGBE a réalisé, dans le cadre des programmes de
subventions pour la recherche en éducation du ROCARE, une étude
intitulée « Contribution des TIC à la qualité et au développement de
l’enseignement supérieur à l’Université de Lomé (Togo) ». L’un des
résultats auxquels est parvenue cette étude montre que les acquis
spécifiques des acteurs de l’Université de Lomé en termes d’utilisation
des TIC sont non seulement élémentaires, mais ils sont surtout
insuffisants, ne permettant pas une bonne intégration pédagogique de
ces technologies.
Identifié comme une donnée de base, ce travail de recherche a
grandement
contribué
à
orienter
la
présente
étude
dont
la
préoccupation majeure interroge le rôle joué par l’insuffisance et
l’incurie des TIC dans les soubresauts actuels de la réforme LMD à
l’Université de Lomé.
Certaines réalités nous ont confortés dans le choix de ce sujet. En
effet, depuis 2008 où les pouvoirs publics ont déclaré officiellement
que les universités publiques du Togo sont rentrées dans la réforme
LMD, on ne fait qu’assister à des mouvements estudiantins :
septembre 2009, octobre 2010, mai-juillet 2011, décembre 2011 et
janvier 2012, avec deux fermetures consécutives de l’Université. Si
l’amélioration des conditions de vie des étudiants constitue la toile de
fond de ces mouvements, il n’est pas à ignorer que dans leurs
plateformes revendicatives, les apprenants dénoncent les exigences de
la réforme LMD, incompatibles, selon eux, avec l’environnement
pédagogique de l’Université de Lomé. Face à leurs pressions, les
autorités universitaires et politiques finissent, dans la plupart des cas,
par leur trouver des situations atténuantes, ce qui fait dire à quelques
acteurs de l’enseignement supérieur que « la réforme LMD se fait à « la
togolaise » dans les universités publiques du pays ».
9
Quoiqu’anodine, cette observation n’est pas dépourvue de sens. Car,
cela suppose que la réforme LMD a des normes et des exigences
universellement
reconnues
dont
la
négligence
dans
un
milieu
universitaire donné peut conduire à douter du crédit à accorder aux
diplômes délivrés dans une telle réforme.
A partir d’une pré-enquête réalisée auprès d’un groupe d’étudiants et
des données littéraires existantes, nous avons compris que les TIC font
partie de ces exigences. Voilà pourquoi nous avons jugé important de
mener cette étude dont l’objectif majeur est de montrer comment
l’insuffisance et la précarité des TIC constituent un des handicaps à la
réussite du LMD à l’Université de Lomé.
Cette démonstration nécessitera la présentation du contexte, de
l’évolution et des exigences de la mise en œuvre du LMD à l’Université
de Lomé. Ensuite, il s’agira d’analyser l’état actuel des TIC dans ladite
université et son impact sur l’application de la nouvelle réforme. Enfin,
il sera identifié des modèles d’actions à privilégier pour faire de ces
technologies, un réel outil au service du LMD dans cette université.
Le plan adopté pour la rédaction du présent rapport est quadripartite.
Le premier point présentera la justification et posera la problématique
de l’étude. Le deuxième définira le cadre théorique et conceptuel du
travail. En ce qui concerne le troisième point, il donnera des détails sur
la
méthodologie
adoptée
pour
parvenir
aux
résultats
dont
la
présentation fera l’objet du quatrième et dernier point. La présentation
des résultats sera assortie de recommandations.
10
1. Justification et problématique de l’étude
De nos jours, le souci d’adapter la formation universitaire au contexte
de
la
mondialisation
actuelle
et
à
l’uniformisation
du
savoir
subséquente a conduit plusieurs pays à engager des politiques de
modernisation des systèmes et programmes d’enseignement supérieur
dont la réforme LMD. Ce souci se traduit, en Europe par exemple, par
la signature par 29 pays européens (dont la France), à Bologne en
Italie, d’une déclaration commune, le 19 juin 1999. Celle-ci a pour
objectif de créer un espace européen de l'enseignement supérieur et
d’impulser sa promotion à l'échelon mondial (Quashie, 2009), afin de
restaurer l’attrait des universités européennes et les soutenir dans la
compétition qui les oppose à leurs homologues des États-Unis. Pour
atteindre cet objectif, ces pays ont réorganisé et harmonisé leur
architecture d’enseignement supérieur à travers l’adoption de la
réforme LMD.
Les
universités
africaines
francophones
dont
le
système
d’enseignement est calqué sur celui de la France ne sauraient rester
indifférentes vis-à-vis de ces réformes. C’est en juillet 2005 que pour la
première
fois,
le
problème
a
été
clairement
posé.
Alors,
les
responsables d’Universités du Bénin, du Burkina-Faso et du Togo se
sont posé la question suivante : « Pourquoi ne pas avancer ensemble
dans cette aventure du LMD ?» (Quashie, 2009 : 191). Le principe étant
acquis, il était nécessaire de trouver un cadre pour mutualiser les
efforts et mieux faire face aux exigences de la nouvelle réforme à
adopter. C’est ainsi que le 11 octobre 2005, les sept universités1
nationales du Bénin, du Burkina Faso et du Togo ont porté sur les
fonts baptismaux le REESAO. L’objectif poursuivi par cette institution
est de promouvoir une nouvelle politique de coopération universitaire
axée prioritairement sur la coopération universitaire en vue de faciliter
1
Le réseau s’est étendu et compte aujourd’hui 17 universités.
11
la mobilité et l’insertion professionnelle2 et de vulgariser l’utilisation
des TIC à des fins d’apprentissage dans ledit réseau.
Au Togo, les recommandations du REESAO en faveur de l’intégration
des TIC à l’application du LMD ont été très peu suivies. Car, la
recension de la littérature ainsi que les résultats de l’observation
directe sur le terrain montrent l’existence à l’Université de Lomé, de
quatre défis d’ordre technologique, ne facilitant pas la réussite du
nouveau système dont l’expérimentation remonte à 2005. Ces défis
sont au nombre de quatre. Le premier est d’ordre technologique. Il a trait
à l’insuffisance et à la précarité des structures et infrastructures en
matière de TIC (pannes fréquentes d’électricité et du réseau Internet,
manque et vétusté d’équipements informatiques, etc.). Le deuxième
défi concerne le manque de lien évident entre la réforme LMD et les
TIC. A ce niveau, on constate à l’Université de Lomé que le LMD les TIC
sont considérés, chacune comme une entité à part n’exerçant
presqu’aucune influence l’une sur l’autre. Cette situation est d’autant
plus préoccupante que jusqu’ici, les autorités universitaires n’ont pris
aucune initiative pour créer ce lien. Pour preuve, en novembre 2011, à
l’occasion d’une réunion à des fins pédagogiques, le président de
l’Université de Lomé a demandé aux chefs de départements de revoir
leurs offres de formation en y extirpant les cours d’informatique car,
disait-il,
l’Université
de
Lomé
ne
dispose
pas
d’équipements
nécessaires pour offrir ces Unités d’enseignement3. S’agissant du
troisième défi, il concerne l’absence de ressources humaines (technopédagogiques) et financières pour acheter le matériel informatique, en
assurer la maintenance, former et inciter les acteurs de l’Université à
l’intégration des TIC à la réforme LMD en vue de sa réussite ; Enfin, le
quatrième défi est en rapport avec les difficultés qu’éprouvent les
autorités administratives (universitaires) à gérer les flux d’étudiants et
Anonyme, Ensemble pour moderniser les offres de formation, Actes du séminaire interuniversitaire de pilotage du
système LMD, Lomé, 10-12 octobre 2005.
3 Propos recueillis lors de l’enquête de terrain auprès de deux chefs de département de la FLESH.
2
12
les notes d’évaluations qu’auraient résolu une bonne utilisation des
TIC à des fins administratives dans la nouvelle réforme.
Ces défis ont créé des besoins technologiques cruciaux dont sont bien
conscients les acteurs de l’Université de Lomé dans le contexte actuel
de l’application de la réforme LMD. Ils sont de deux ordres : ceux
d’ordre pédagogique (utilisation des TIC pour concevoir et actualiser les
contenus
pédagogiques,
d’acquisition
des
dans
le
connaissances,
processus
pour
le
d’apprentissage
renforcement
et
des
compétences, etc.) ; et ceux relevant de la sphère administrative
(utilisation des technologies pour gérer les flux d’étudiants et leurs
parcours, pour gérer et traiter leurs notes, pour concevoir et gérer les
emplois du temps et les salles de cours face au nombre pléthorique des
apprenants).
C’est donc pour analyser ces défis et, par ricochet, les besoins afférents
ainsi que pour comprendre leurs enjeux par rapport à la mise en
application de la réforme LMD à l’Université de Lomé que la présente
étude intitulée : « La réforme LMD face aux défis des TIC à l’Université
de Lomé (Togo) » est entreprise. Elle vise à répondre aux questions de
recherches ci-dessous libellées.
1.1. Les questions de recherche
Elles sont formulées autour d’une question principale dont découlent
des questions secondaires.
1.1.1.
La question principale
La persistance des défis ci-dessus énumérés ainsi que l’ampleur des
besoins exprimés par les acteurs universitaires malgré un discours
très favorable à l’intégration pédagogique des TIC à l’Université de
Lomé, amène à se poser la question suivante : s’il est avéré que
l’apprentissage sous toutes ses formes aujourd’hui ne saurait se
mettre en biais par rapport à l’utilisation des TIC, dans quelle mesure
l’insuffisance et l’incurie de ces technologies constituent-elles un
frein pour la réussite de la réforme LMD à l’Université de Lomé qui
13
se veut chantre de l’adoption du nouveau système dans l’espace
REESAO ?
1.1.2.
Les questions secondaires
De l’interrogation principale ci-dessus, découlent les questions de
recherche suivantes : Qu’est ce que la réforme LMD et quelles en sont
les exigences ? Quel est le rôle des TIC dans la réforme LMD ? Quel est
l’état du parc informatique à l’Université de Lomé ? Quels sont les
besoins
technologiques
des
acteurs
de
l’UL
en
rapport
avec
l’application du LMD ? Ces besoins sont-ils satisfaits ? Si non,
pourquoi ? L’Université de Lomé s’est engagée dans la réforme LMD
depuis six ans. Quel bilan peut-on en faire à ce jour et quelle est la
responsabilité de l’état des TIC dans ce bilan? Quels sont les modèles
d’actions à privilégier pour que les TIC contribuent mieux à la réussite
de la réforme LMD à l’Université de Lomé ? Pour répondre à ce
questionnement, des objectifs ont été fixés à cette étude.
1.2. Les objectifs de l’étude
Ils sont structurés en objectifs général et spécifiques.
1.2.1.
Objectif général
Cette étude vise à montrer comment l’insuffisance et la précarité des
TIC constituent un des handicaps à la réussite du LMD à l’Université
de Lomé.
1.2.2.
Objectifs spécifiques
De façon spécifique, la présente étude vise à :
-
Présenter le LMD ainsi que ses exigences ;
-
Décrire l’état du parc informatique de l’Université de Lomé ;
-
Identifier les besoins technologiques des acteurs de l’UL en
rapport avec la réforme LMD ;
-
Faire le bilan de l’application du LMD à l’UL de 2005 à ce jour ;
-
Évaluer l’incidence de l’état actuel des TIC sur le bilan ainsi
présenté ;
14
-
Faire des propositions visant à faire en sorte que les TIC
contribuent mieux à la réussite du LMD à l’Université de Lomé.
Pour atteindre ces objectifs, des hypothèses de recherche ont été
formulées.
1.3.
Les hypothèses de recherche
A partir d’une hypothèse centrale, certaines hypothèses secondaires
ont été formulées pour orienter la recherche.
1.3.1.
L’hypothèse principale
Considérant le contexte actuel de la mondialisation, il n’est pas
exagéré d’avancer que le LMD présente des exigences aussi bien
d’ordre structurel que d’ordre organisationnel. Parmi ces exigences, se
trouvent les TIC supposées être dans un état fonctionnel, répondant
aux normes internationales. A partir de cette réalité, il se fait qu’à
l’Université de Lomé, les difficultés d’application de la réforme LMD
sont en partie dues à la précarité et à l’insuffisance des TIC. De cette
hypothèse centrale, découlent d’autres qui lui sont subsidiaires.
1.3.2.
Les hypothèses secondaires
Elles sont formulées comme suit :
-
Dans une réforme LMD réussi, les TIC, quand bien même elles
constituent a priori un moyen d’apprentissage, ne sont pas
moins déterminantes pour sa réussite.
-
Le manque de politique visant à intégrer les TIC à l’application
de la réforme LMD est un handicap pour la réussite de la
nouvelle réforme.
-
L’absence des ressources financières et techno-pédagogiques
serait à l’origine de l’état défectueux dans lequel se trouvent les
TIC à l’Université de Lomé.
-
L’état de précarité dans lequel sont plongées les TIC représente
un défi, non des moindres auquel fait face l’Université de Lomé à
l’ère de la réforme LMD.
15
1.4. Intérêt de l’étude
L’intérêt de cette étude réside dans le fait qu’à ce jour, comme on le
verra dans la revue de littérature, aucune étude au Togo n’a pris en
compte le rapport entre les TIC et les réformes universitaires. Cette
recherche parait donc intéressante, non seulement du fait qu’elle
comblera ce vide, mais aussi et surtout parce que la démarche adoptée
pour la réaliser permet de mettre au jour les perceptions qu’ont les
acteurs de l’Université de Lomé sur le phénomène étudié. Enfin, ce
travail conduira à la formulation de solutions pragmatiques pouvant
être utiles aussi bien pour les pouvoirs publics togolais que pour les
autorités universitaires en vue de parer au plus pressé, en ce qui
concerne les controverses de la réforme LMD à l’Université de Lomé,
sur le plan technologique. A présent, qu’en est-il du cadre théorique
sur lequel prend appui cette étude ?
2. Cadre théorique et conceptuel de l’étude
Cette rubrique sera structurée autour de trois points principaux. Le
premier s’intéressera à la présentation des théories sur lesquelles
prend appui la présente étude. Au deuxième point, sera abordée la
définition des concepts opératoires. En dernier lieu, nous passerons en
revue les écrits pertinents ayant traité directement ou non de notre
sujet afin d’inscrire ce travail dans la littérature existante.
2.1. TIC, réformes et réorganisations universitaires : quelle
approche théorique ?
Le XXe siècle finissant et le XXIe débutant sont considérés comme un
tournant dans l’histoire de l’enseignement supérieur à l’échelle
mondiale. Tributaire en partie du passage d’une société industrielle à
une société de l’information, cette situation est caractérisée par
l’adoption de diverses réformes dans le monde universitaire, d’abord
dans les pays du Nord et, de plus en plus, dans les pays du Sud. Ces
réformes mettent à profit, entre autres, l’essor actuel de la société de
16
l’information afin de se donner toutes les chances de réussite. C’est le
cas de la réforme LMD qui, dans divers milieux géographiques,
s’appuie sur les TIC pour réussir.
Evidemment, cette intégration des TIC à l’enseignement supérieur
implique
une
réforme
des
pratiques
universitaires
en
termes
d’administration, d’organisation et de pédagogie : « C’est donc pour
innover dans ses propres pratiques pédagogiques, administratives et
techniques, que l’université doit s’approprier les technologies de
l’information et de la communication pour en exploiter toutes les
propriétés informationnelles et communicationnelles certes, mais aussi
relationnelles » font observer les auteurs de Africampus (2008 : 38).
Cette appropriation, mieux, cette intégration des TIC à l’enseignement
supérieur amène certains auteurs à estimer que les théories traditionnelles d’apprentissage dans le monde universitaire sont en train de
connaître un chamboulement notoire. En effet, généralement définie
comme « la technologie de l’interaction utilisée par les formateurs avec
les apprenants » (Karsenti et Larose 2001 : 103), la pédagogie (classique) est considérée comme un pôle interactif entre formateurs et
formés, où l’apprentissage est basé sur la transmission de connaissances et l’imitation. Cela suppose qu’il faut exposer l’apprenant à une
source d’informations et agir sur ses facultés mémorielles pour qu’il
apprenne et assimile le contenu pédagogique transmis. Or, avec le recours aux TIC, de profondes mutations sont en train de s’opérer.
Dans toutes les dimensions universitaires (organisation, administration, gestion, pédagogie…), quand bien même ces technologies ne
jouent, selon Karsenti et Larose (2001 : 105), qu’une fonction périphérique et instrumentale par rapport au noyau dur des rapports interactifs formateurs/formés, on estime qu’elles sont de puissants facteurs
capable de participer à des interactions humaines plus riches, plus
soutenues et plus accrues. Même si le rôle des TIC dans les réformes et
pratiques universitaires est surestimé par certains auteurs selon qui,
ces technologies ont pour mission de changer la pédagogie, l’améliorer
17
et rendre l’apprentissage plus facile, plus performant (Cuban 1997 :
18), il faut reconnaître que presque tous les analystes du monde universitaire sont unanimes sur les mutations qu’induisent les TIC dans
l’enseignement supérieur.
Mais il n’est pas inutile de rappeler qu’une chose est d’avoir la volonté
d’intégrer les TIC dans les pratiques universitaires, une autre en est de
se les approprier. Selon Philippe Breton et Serge Proulx (2002), cette
appropriation passe aussi bien par l’apprentissage, l’utilisation accompagnée que par l’usage intégré dans la pratique quotidienne.
L’apprentissage doit être compris dans ce contexte selon l’approche de
la « cognition distribuée » telle que définie par Koschmann (1996) et qui
consiste en « un processus d’entrée dans une communauté de pratiques, donc une culture professionnelle ». Dans le contexte de notre
étude, on convient avec Valérie Campillo (2010 : 274) qu’une culture
de groupe est nécessaire en ce qui concerne l’apprentissage de pratiques d’outils technologiques. L’utilisation accompagnée nécessite,
pour sa part, la présence d’un dispositif technique ou technopédagogique destiné à accompagner le processus de renforcement de
compétences. Enfin, Docq et Daele (2001) considèrent l’usage comme
un ensemble de pratiques, une façon particulière d’utiliser quelque
chose, un ensemble de règles partagées socialement par un groupe de
référence et construite dans le temps.
Comme on peut le constater, le processus d’appropriation des TIC faisant suite à leur intégration au monde universitaire est d’une complexité étonnante, alliant les aspects humains, socioprofessionnels,
techniques, organisationnels, institutionnels, etc. (Campillo 2010 :
272). Il est donc évident qu’un certain nombre de facteurs soient réunis pour rendre favorables l’adoption et l’appropriation des TIC (considérées comme une innovation technologique) dans les universités.
Parmi ces facteurs, Campillo (2010 : 272) en a identifié cinq qui sont
d’ailleurs en parfaite harmonie avec notre étude. Il s’agit de :
i. l’avantage relatif de l’innovation par rapport à l’existant ;
18
ii. la compatibilité avec les valeurs existantes ;
iii. la faible complexité de compréhension, ne nécessitant pas, ou
peu, de nouvelles compétences ;
iv. le volontarisme ;
v. les normes sociales en place.
La réunion de ces éléments favorise l’appropriation technologique qui,
selon Philippe Breton et Serge Proulx (2002) nécessite le passage de
l’adoption à l’utilisation puis à l’appropriation.
En définitive, l’introduction, l’adoption, l’intégration, l’apprentissage et
l’appropriation des TIC dans les pratiques universitaires (sur le plan
pédagogique, administratif, organisationnel, etc.) dans un contexte de
réforme repose sur la théorie de l’apprentissage constructiviste qui,
selon Marzano, touche à la compréhension et à l’attitude de
l’apprenant et, par extension, de l’utilisateur de la technologie, à partir
de cinq dimensions : i) développement de perceptions et d'attitudes positives; ii) acquisition de connaissances et de compétences; iii) élargissement et approfondissement des connaissances; iv) usage efficace des
connaissances; v) développement d'habitudes mentales productives4.
Toutefois, il y a lieu de souligner que l’approche de Mazarno concerne
les milieux d’apprentissage dans lesquels l’intégration des TIC et leur
appropriation sont achevées.
Or à l’Université de Lomé, étant donné qu’il n’existe aucune politique
tendant à promouvoir l’intégration des TIC à la réforme LMD en vue de
favoriser sa réussite, cette étude dénote plutôt d’un enjeu politique. A
ce titre, elle s’appuie sur la théorie stratégique qui a l’avantage d’aider
à résoudre les problèmes de défis précédemment énumérés.
Pour permettre au lecteur d’être fixé par rapport aux terminologies utilisées dans ce travail, il s’avère nécessaire de procéder à la définition
des concepts.
4
http://www.edu.gov.mb.ca/, consulté le 23 décembre 2011, à 18h 05.
19
2.2. Définition des concepts opératoires
Le présent sujet, tel qu’il est intitulé, prend appui sur un concept
majeur, celui de « défis des TIC». Il mérite d’être clarifié pour une
bonne compréhension de l’étude. En effet, selon le Larousse (2008), la
notion de défi renvoie à un problème ou à une difficulté que pose une
situation et que l’on doit chercher à surmonter. Dans ce sens, « défis
des technologies de l’information et de la communication» peut être
compris comme des problèmes que pose l’utilisation des TIC, non pas
dans n’importe quel contexte, mais dans celui de l’enseignement
supérieur (notamment à l’Université de Lomé), en passe d’adopter un
nouveau système d’enseignement, le LMD. Autrement dit, il s’agit,
dans le cadre de ce travail, d’identifier les besoins technologiques
qu’induit l’application du LMD dans ladite université, mais que le parc
informatique existant n’arrive pas à satisfaire, réduisant ainsi les
chances de réussite de la nouvelle réforme.
Par ailleurs, des précisions méritent d’être apportées aux notions de
LMD et TIC. En ce qui concerne le LMD, c’est un acronyme composé de
trois lettres. Celles-ci désignent les trois diplômes universitaires,
Licence, Master, Doctorat, sanctionnant les trois cycles de formation
que propose ce système calqué sur le Bachelor, Master et PhD des
Anglo-saxons. Son adoption en Europe et dans les pays francophones
d’Afrique s’inscrit dans la logique de l’américanisation des savoirs dont
le monde est de plus en plus témoin.
S’agissant des TIC, leur évolution entraîne avec elles une pléthore
d'acronymes. Entre ces derniers ne se trouve aucune différence
majeure sinon des nuances. Selon ROCARE / Université de Montréal
(2003: 6), ces acronymes peuvent faire référence à la nouveauté d'une
technologie (NTIC), à des nouvelles technologies (NT) ou à des nouvelles
technologies de l'information (NTI), à des technologies utilisées
particulièrement en éducation ou en enseignement (TICE), à des
technologies éducatives (TE), à des nouvelles technologies éducatives
ou encore à des nouvelles technologies de la formation (NTF). Mais,
20
considérant le fait que nous sommes à l’ère de la société de
l’information portée par la télématique (combinaison de la téléphonie et
de l’informatique), l’usage courant admet de plus en plus que ces
technologies ne sont plus nouvelles et qu’elles font partie intégrante de
l’évolution normale de l’humanité. De ce fait, l’acronyme retenu dans
cette étude est « TIC ». Il tient compte des réalités sus-décrites.
D'aucuns limitent les TIC à l'utilisation d'Internet et des éléments de
réseautage (ROCARE/Université Montréal op.cit.). Cependant, même si
ces deux éléments définissent de plus en plus ce qui est appelé
technologies nouvelles, il faut y voir, au-delà, une nouvelle manière de
communiquer incluant la télévision numérique, le téléphone par fibre
optique, les satellites, etc. (Mbangwana & Ondoua 2006 : 83).
A partir de ces différentes définitions, pour nous, la signification que
nous donnons aux TIC dans cette étude concerne des instruments
utilisés dans le métier d'apprenant et/ou d'enseignant et de gestion
administrative. L'utilisation de ces technologies n'étant ni formalisée ni
développée à l'Université de Lomé, l'acronyme TIC recouvrira dans ce
travail quatre principaux éléments à savoir l'ordinateur (unité de base
de l'informatique et du réseautage), l'informatique (le traitement de
texte et les logiciels de gestion des notes d’étudiants et des emplois du
temps), Internet (le réseau des réseaux constitué de plusieurs dizaines
de millions d'ordinateurs) et les installations de projection et de vidéo
conférence.
Leur insuffisance et l’état de précarité dans lequel elles se trouvent font
que ces technologies sont confrontées à divers défis à l’Université de
Lomé. A présent que l’on comprend mieux les concepts que renferme
ce travail, il est important de présenter l’état de la question aussi bien
en Afrique qu’au Togo.
2.3. La revue de littérature
Le tour de la documentation sur l’enseignement supérieur en Afrique
montre un intérêt manifeste pour les questions de crises et de
21
réformes. Les crises sont d’ordre structurel et conjoncturel alors que
les réformes sont considérées comme l’ensemble des initiatives prises à
la fois par les pouvoirs publics et par les acteurs du monde
universitaire pour sortir l’enseignement supérieur de l’impasse (Unesco
1998). C’est dans la logique des réformes qu’il faut inclure le recours
aux TIC dans les pratiques universitaires.
Certaines études de cas en Afrique portant notamment sur le Tchad, la
Côte d’Ivoire, le Congo et le Mali, permettent de se faire une idée assez
pénétrante sur la question. En effet, en 1990, suite au constat selon
lequel les formations dans les universités tchadiennes sont en
inadéquation par rapport à l’évolution et à la structure du marché de
l’emploi, il a été procédé dans ce pays, à un recentrage du système
d’enseignement, par la mise en orbite de quelques filières à vocation
professionnalisante tournées vers l’offre du marché d’une part, et par
l’arrimage des TIC au mode d’enseignement et d’apprentissage, d’autre
part (Sosso et Koina, 2010).
Parlant de la Côte d’Ivoire, Jean Jacques Maomra Bogui (2010), faisant
référence à une enquête réalisée en 2003, montre que les TIC n’étaient
presque
pas
intégrées
aux
programmes
pédagogiques
des
établissements d’enseignement supérieur. Par exemple, au CED-CI
(Centre d’éducation à distance de la Côte d’Ivoire), tous les cours
étaient donnés par visioconférence depuis l’étranger. La même enquête
a prouvé que les connexions Internet et le matériel informatique
coûtent
trop
d’enseignement
chers
et
supérieur
ne
permettent
privés
de
pas
aux
s’équiper.
établissements
Même
les
rares
établissements d’enseignement supérieur équipés avaient des outils
informatiques vétustes, ce qui est non sans conséquences négatives
sur les pratiques pédagogiques et administratives. Ce phénomène est
plus accentué dans les universités publiques que privées. D’ailleurs,
dans les universités publiques, les étudiants méconnaissent l’existence
des centres informatiques et pire, il n’existe aucun programme
d’initiation à l’informatique. Par ailleurs, les enseignants les plus
22
expérimentés et de grades supérieurs (Maître de conférences et
Professeur titulaire) accordent moins d’importance aux TIC ; or ce sont
ces derniers qui occupent des postes de responsabilité. Cet état de
chose retarde l’intégration des TIC dans l’enseignement supérieur
ivoirien. Après ce bilan peu reluisant, l’auteur expose les initiatives
récentes mises en place dans ce pays pour favoriser l’intégration des
TIC et le développement de leur utilisation dans l’enseignement
supérieur. Dans ce contexte de réformes et d’intégration pédagogique
des TIC, l’étudiant est amené à faire preuve d’autonomie dans
l’apprentissage et à savoir travailler en groupe. De ce fait, les pratiques
pédagogiques classiques sont en train de faire place aux pratiques
novatrices qui sont en principe exigeantes. Selon Leborgne–Tahiri
(2002 : 213) :
« Les pratiques novatrices ne sont pas de transpositions d’anciens
documents écrits ou vidéo, les vertus pédagogiques de nouveaux
outils ne seront que celles que les concepteurs et les enseignants y
mettront. Donc, les premières nécessités sont de revoir, outre la
formation technologique, la formation didactique des enseignants».
Or dans plusieurs universités africaines, cette formation didactique
des enseignants n’existe pas.
En ce qui concerne la République du Congo, ce pays, pour faire face
aux défis de développement, a conçu une stratégie nationale pour
l’appropriation des TIC. Elle a été élaborée en 2004 sous l’égide du
Ministère des postes et télécommunication chargé des Nouvelles
technologies. Initiée pour réduire la pauvreté et pour faire accéder le
Congo à l’ère de la société de l’information, cette stratégie nationale est
le cadre formel dans lequel s’insère l’intégration pédagogique des TIC
dans les universités congolaises (Nkounkou 2010).
S’agissant du Mali, ce pays a entamé ses réformes technologiques à
partir de 1999, où l’ex Président Alpha Omar Konaré a financé la
connexion de l’Université à Internet et a assuré l’installation d’un
réseau reliant l’Université aux grandes écoles. L’implantation du
23
Campus numérique francophone à Bamako en 2000 a favorisé l’accès
des universitaires aux TIC (Traoré 2010).
Pour ce qui est du rôle joué par l’Agence universitaire de la
Francophonie (AUF) dans l’accompagnement des universités africaines
dans le processus d’intégration des TIC à l’enseignement supérieur,
Antoine
Perrier-Cornet
(2010 :
89-95)
a
fait
une
contribution
intéressante. Il montre qu’en 1989, l’AUF a mis en place un
programme d’accès à la documentation électronique en partenariat
avec l’Institut de l’information scientifique et technique (INIST) du
Centre national de recherche scientifique (CNRS) français. Dès 1991, le
premier centre fut installé à l’Université Cheik Anta Diop à Dakar et,
en 1995, l’AUF installe au Bénin, à l’Université Abomey Calavi, la
première liaison Internet spécialisée du pays. Le réseau des CentresSYFED est lancé et, deux ans plus tard, 20 centres sont implantés en
Afrique de l’Ouest avec des services reposant sur l’utilisation
d’Internet.
Dans la même foulée, l’Université virtuelle francophone (UVF) a été
créée en 1997 suite au sommet des chefs d’Etats et de gouvernements
francophones d’Hanoï. Elle a pour rôle de permettre aux universitaires
d’avoir une base de données scientifique, des cours en ligne et
d’accéder aux formations à distance. Des centres-SYFED, on est passé
aux Campus numériques francophones (CNF) qui, selon Perrier-Cornet
(2010 : 91), constituent « un plateau technologique promouvant les TIC
et assurant, grâce à elles, un service de qualité pour la communauté
scientifique et universitaire ». A travers cette définition des CNF, on
comprend aisément le rôle moteur qu’ils jouent dans les universités
d’Afrique francophone, en termes d’appui technologique.
Enfin, nous évoquons une étude assez synoptique faite à partir de 87
écoles africaines, réalisée par Thierry Karsenti, Simon Collin et Toby
Harper-Merrett (2011). A travers leurs travaux, ces auteurs montrent
que l’intégration des TIC dans les systèmes éducatifs africains reste
difficile et limitée (p. 2). Selon eux, on voit émerger, en la matière, deux
24
tendances. D’une part, on a ceux qui ne manifestent aucun
empressement vis-à-vis de l’utilisation des TIC à des fins pédagogiques,
attendant le moment où les systèmes éducatifs africains seront prêts à
intégrer
ces
technologies.
D’autre
part,
se
trouvent
ceux
qui
surestiment le rôle actuel des TIC en leur attribuant un potentiel
davantage rhétorique et politique fondé sur des progrès réels et
observables (p. 2). En dépit de l’existence de ces deux groupes
d’acteurs, une analyse fine de la situation montre, à en croire les
auteurs, qu’il n’existe pas une réelle intégration des TIC dans les
systèmes éducatifs africains. Car les usages se limitent aux données
élémentaires des TIC, laissant de côté les éléments techniques. Tout
porte donc à croire que ces technologies sont prises dans ces milieux
éducatifs africains comme une parade, juste pour montrer qu’on est en
phase avec la modernité. De ce fait, il se pose un réel problème
d’acquisition
et
de
renforcement
de
compétences
ainsi
que
d’appropriation de la technologie par les acteurs de l’éducation. C’est
pratiquement le même constat qui se fait, comme on le verra, à
l’Université de Lomé.
Ce rapide tour d’horizon de la littérature amène à un constat. En effet,
à l’échelle du continent africain, les pouvoirs publics ont pris
conscience de l’importance que revêtent les TIC dans les politiques de
développement qu’ils initient. Les universités étant plus ou moins
incluses
dans
ces
politiques
de
développement,
les
autorités
gouvernementales ont compris la nécessité d’aider les établissements
d’enseignement supérieur à ouvrir leur porte aux TIC. Des efforts sont
donc consentis dans ce sens. Malheureusement, ils sont non
seulement insuffisants mais aussi, les initiatives manquent-elles
d’efficacité et d’efficience. La conséquence en est que quand bien même
les universités africaines ont intégré ces technologies aux pratiques
universitaires, elles n’ont pas pu apporter les solutions escomptées en
termes de redynamisation de l’enseignement supérieur (Africampus
2010). Insuffisance du matériel informatique et du personnel technopédagogique,
absence
de
financement
25
destiné
à
assurer
la
maintenance et le renouvellement de l’outil informatique sont, entre
autres, les maux qui minent le secteur technologique dans les
universités africaines (Karsenti, Collin et Harper-Merrett 2011) à l’ère
de la réforme LMD. Cette situation ne fait qu’aggraver les défis posés à
l’enseignement supérieur africain à l’ère de la société de l’information.
En ce qui concerne le Togo, la littérature existante montre qu’il n’y a
aucun travail qui aborde l’impact des TIC sur le LMD à l’Université de
Lomé. C’est d’ailleurs en cela que se trouve l’intérêt de cette étude,
comme déjà souligné. Les travaux consultés abordent soit les TIC et
leur rôle dans la reforme universitaire, soit le LMD en tant qu’un
nouveau système qu’expérimentent plusieurs universités africaines
dont le Togo, à l’ère de l’uniformisation du savoir à l’échelle planétaire.
En effet, une étude réalisée en 2006 dans le cadre des Programmes de
subvention de recherche en éducation du Réseau ouest et centre
africain de recherche en éducation (ROCARE) sur « Contribution des
TIC au développement et à la qualité de l’enseignement supérieur à
l’Université de Lomé (Togo) », a montré que le parc informatique de
l’Université de Lomé est déplorable. L’état des lieux à l’époque indiquait
l’existence dans certains Facultés, Instituts, Centres et Écoles de
l’Université de Lomé, des salles informatiques. Il a été également
souligné l’existence de salles équipées d’ordinateurs connectés à
Internet, entre autres, au Centre informatique de calcul (CIC), à l’École
supérieure de secrétariat de direction (ESSD), à l’Institut universitaire
de technologie de gestion (IUT-Gestion). Mais il est un fait que les
ordinateurs utilisés, du point de vue des auteurs, tombent souvent en
panne et la vitesse de la connexion est très lente, ce qui explique le fait
qu’enseignants et étudiants se ruent vers le Campus numérique
francophone de Lomé (CNFL) considéré par les acteurs comme le
partenaire le plus sérieux de l’Université de Lomé en matière de
prestation de services en TIC5. Les résultats de cette étude sont
K. N. Tsigbé et alii, Contribution des TIC au développement et à la qualité de l’enseignement supérieur à l’Université de
Lomé (Togo). Programme de petites subventions de recherche en éducation, ROCARE, rapport final, 2007,
pp. 14-20.
5
26
fondamentaux pour le présent projet ; car ils permettent de faire, en
actualisant les données, l’état des lieux du parc informatique de
l’Université de Lomé.
Par ailleurs, les numéros 12 et 13 de Campus Actualités (journal
d’information de l’Université de Lomé) font état des tentatives et
surtout
des
plans
stratégiques
d'introduction
des
TIC
dans
l'enseignement supérieur. Le CIC /CAF MICRO a été désigné comme
cheville ouvrière de la réalisation de ce projet. De même, les services
offerts par le Campus numérique francophone créé par l'AUF, dans le
cadre
de
son
Programme
dénommé
« Soutien
des
TIC
au
développement de l'enseignement et de la recherche » balisent le
chemin pour la réussite dudit projet. La création d'un Service
informatique et de recherche (SIR) au sein de la bibliothèque
universitaire de Lomé (BUL) permet aussi bien aux étudiants qu'aux
enseignants de se familiariser avec les TIC en tant que porte
d'ouverture sur le monde de l'information scientifique.
S’agissant du LMD, en dehors des bulletins d’information édités par les
membres de la commission LMD à l’attention des acteurs de
l’Université, ce sont toujours les numéros de Campus Actualités qui
renseignent sur la réforme. C’est ainsi que le n° 12 de mai 2005 du
journal fait état de la tenue, les 14 et 15 avril 2005, à l’Université de
Lomé, d’un premier séminaire sur la mise en route de la réforme LMD.
Justifiant les raisons qui motivent une telle option, le Président de
l’Université de Lomé de l’époque, le Prof. Gayibor faisait observer :
« Nous ne pouvons pas rester isolés dans l’immobilisme face aux
profondes mutations en cours dans notre environnement
universitaire. Nous l’avons déjà compris du reste, chacun à son
niveau, en développant des relations de collaboration et de
coopération avec nos collègues d’autres universités. (…) La
Présidence de l’Université a compris et apprécié cette aspiration
légitime en développant notre programme de soutien aux voyages
d’études et aux bourses en alternance, en vue de renforcer le
processus de transformation et de modernisation de l’offre de
formation. Un des aspects de ce processus est justement l’adoption
du système LMD, dont la mise en place a déjà progressivement
27
commencé avec la semestrialisation en cours, en attendant
l’organisation des contenus en modules de formation, la
capitalisation des modules et l’adoption d’un système d’évaluation
appropriée6 ».
Ce discours, on ne peut plus clair, montre que l’adoption du système
LMD à l’Université de Lomé se fait de façon graduelle.
Loin d’être exhaustive, cette revue littéraire présente l’état de
l’intégration des TIC à l’enseignement supérieur en Afrique et au Togo.
Elle montre, en dernière analyse, les différentes étapes franchies dans
l’application du LMD et l’état actuel ainsi que les projets envisagés en
matière de TIC à l’Université de Lomé. Cette étude contribuera sans
doute à apporter un plus à la littérature existante sur le sujet. Le
travail repose sur des fondements méthodologiques qu’il convient de
clarifier.
3. Méthodologie de l’étude
Elle s’articule autour de la présentation du site de l’étude, du type de
recherche, de la démarche méthodologique, de la collecte des données,
de l’analyse et l’interprétation des informations et des difficultés et
limites de l’étude.
3.1. Présentation du site de l’étude
Le cadre spatial concerné par cette étude est l'Université de Lomé. Il
s’agit d’un établissement public à caractère scientifique et culturel,
doté de la personnalité morale. Il dispense un enseignement laïc et
indépendant de toute emprise politique.
Anciennement Université du Bénin, l’Université de Lomé est créée en
1970 par décret présidentiel N° 70-156/PR du 14 septembre 1970. Elle
comptait à son ouverture cinq écoles (Lettres, Droit, Technique
Economiques et de Gestion, Sciences et Médecine), devenues des
Facultés en 1988. De nos jours, les dénominations de ces Facultés
sont
les
suivantes :
Médecine
et
Pharmacie,
Droit,
Sciences
Economiques et de Gestion, Lettres et Sciences Humaines, Sciences.
6
Campus Actualités, n° 012 de mai 2005, p. 3.
28
Elle compte par ailleurs cinq écoles (l'Ecole des Assistants Médicaux,
l'Ecole
Supérieure
d'Agronomie,
l'Ecole
nationale
Supérieure
d'Ingénieurs, l'Ecole Supérieure de Secrétariat de Direction, l'Ecole
Supérieure des Techniques Biologiques et Alimentaires), trois Instituts
(l'Institut National des Sciences de l'Education, l'Institut Universitaire
des Technologies de Gestion, l'Institut des Sciences de l'Information, de
la Communication et des Arts) ainsi que deux Centres (le Centre
Informatique et de Calcul et le Centre de Formation à Distance8). De
nos jours, l'Université de Lomé compte environ 50 000 étudiants
régulièrement inscrits.
Jusqu'en 1997, elle était dirigée par un Recteur, Président du Conseil
de l'Université, secondé par un Vice-recteur. Mais depuis la loi N° 9714 du 10 septembre 1997, modifiée par la loi N° 2000-002 du 11
janvier 2000 portant statut des Universités du Togo, elle est dirigée par
un Président assisté par deux Vice-présidents (Tsigbé et alii, 2007 : 67).
Depuis 2008, l’Université de Lomé a opté officiellement pour la réforme
LMD.
Celle-ci
donne
lieu
à
des
mutations
structurelles
et
administratives. Celles-ci affectent même les dénominations des
Facultés qui seront rendues officielles très prochainement, à en croire
les autorités universitaires.
3.2. Type de recherche
Il s’agit d’une étude qualitative a priori. Ce choix s’explique par le fait
que ce travail cherche à ressortir la perception des acteurs par rapport
à la problématique abordée. De ce fait, l’étude présente et analyse,
dans le contexte actuel de la mise en œuvre du LMD, les deux types de
besoins technologiques des acteurs de l’UL relatifs aux défis déjà cités.
Il s’agit des besoins d’ordre pédagogique et ceux d’ordre administratif
et organisationnel. Cela suppose la présentation de l’état des lieux sur
le parc informatique à l’Université de Lomé, la corrélation entre TIC et
LMD, avant d’évaluer, à partir du vécu des acteurs de terrain (recueilli
8
Ce dernier fonctionne au ralenti depuis que le CNF a initié la formation ouverte à distance.
29
sous forme de données), la responsabilité des TIC dans le processus de
mise en œuvre de la réforme LMD dans cette université. L'approche
privilégiée ici favorise la construction de connaissances en prenant en
compte la compréhension que les acteurs de l'Université de Lomé ont
du rôle que doivent jouer les TIC dans la réussite du système en
question. Toutefois, les données quantitatives (tableaux, calcul des
pourcentages et des ratios, etc.), sont utilisées, lorsqu’elles s’y prêtent,
pour appuyer l’argumentaire.
3.3. Démarche méthodologique
Les données ayant permis la rédaction de ce rapport proviennent de la
recension des écrits pertinents sur la question, des discussions de
groupes et d'entretiens individuels. Ces données permettent de faire le
point sur le niveau actuel de la mise en œuvre de la réforme LMD,
d’une part, et sur l’état actuel du parc informatique à l’Université de
Lomé, d’autre part. Elles ont permis d’évaluer, en dernière analyse,
l'impact des TIC, dans leur état actuel, sur le LMD à l’Université de
Lomé. L’analyse qualitative des données est privilégiée.
3.3.1.
Échantillonnage
Pour cette étude, la population cible est constituée de l'ensemble des
acteurs de l'Université de Lomé. Cette dernière comporte cinq Facultés,
cinq Ecoles, trois Instituts et deux Centres. Le travail de terrain a
consisté à interroger quatre enseignants par Faculté, choisis au
hasard, soit vingt enseignants dans les Facultés ; un enseignant par
Institut, soit trois enseignants dans les instituts ; un enseignant par
centre, soit deux enseignants dans les centres ; un enseignant par
école, soit cinq enseignants dans les écoles. Ainsi, un total de trente
enseignants a été interrogé. Par ailleurs, il a été organisé un entretien
de groupe d’étudiants (8 à 12 étudiants par groupe) dans les
Départements, Instituts, Centres et
Ecoles où les
enseignants
concernés par les entretiens individuels ont été choisis. Ce choix a été
fait pour les besoins de croisement entre le point de vue des
enseignants et celui (ou ceux) des étudiants.
30
Les responsables des espaces technologiques existants sur le campus,
notamment le CNF-L, le CIC-CAF Micro, le SIR et l’IUT-Gestion ont été
également approchés dans la collecte des données. Un guide
d’entretien individuel a été élaboré à leur endroit. Ils ont été interrogés
à raison d’un responsable par espace. Ainsi, quatre responsables
d’espaces technologiques ont été abordés dans le cadre de cette étude.
Enfin, deux personnes-ressources du Ministère de l’enseignement
supérieur et de la recherche notamment, le directeur de cabinet et le
conseiller technique chargé des questions de pédagogie dans les
universités publiques du Togo ont été interrogées. Les informations
glanées auprès de ces acteurs ont permis de mieux comprendre la
politique définie par le gouvernement pour accompagner la réforme
LMD à l’Université de Lomé.
3.3.2.
Techniques et instruments7 de recherche
Quatre (4) types de techniques ont été utilisés pour recueillir les
informations.
3.3.2.1.
L’observation directe
Elle a consisté à observer non pas en tant qu’acteur du monde
universitaire mais plutôt en qualité de chercheur, les différentes
pratiques
pédagogiques
qui
se
font
à
l’UL
et
la
façon
dont
l’administration gère les flux estudiantins, les notes des évaluations et
les parcours des étudiants. Cette observation directe a permis de
mieux comprendre les données qui nous ont été livrées par les
personnes-ressources.
3.3.2.2.
L'analyse documentaire
Des documents ont été recueillis auprès des différentes institutions
ciblées. Les informations réunies à partir de la documentation
disponible ont permis de faire l'état des lieux sur les différents aspects
visés par notre étude.
7Pour
ce qui est des instruments de recherche, se référer aux annexes.
31
3.3.2.3.
Les guides d'entretien individuel
Il a été élaboré à l'intention des enseignants des Facultés, Ecoles,
Instituts et centres de l’Université de Lomé, ainsi qu’à l’endroit des
responsables des espaces technologiques et des responsables du
Ministère de l’enseignement supérieur et de la recherche, des guides
d’entretien individuel. Ces derniers ont été conçus de telle manière que
les raisons profondes de la réforme LMD, l’usage des TIC dans la
nouvelle réforme et les difficultés d’application de ladite réforme liées à
l’incurie de ces technologies soient ressorties par les personnesressources.
3.3.2.4.
Le guide de discussion de groupe
Ce guide a été élaboré à l'intention des étudiants qui ont été interrogés
en groupes de 8 à 12 personnes, constitués en fonction des divers
établissements de l’Université de Lomé.
Les deux instruments de collecte (guide d’entretien individuel et guide
d’entretien de groupe) visent à donner un champ libre à la personne
interrogée de façon à l’amener à donner le maximum d'informations
tout en insistant sur certains aspects qu'elle aurait survolés, mais qui
sont
importants
pour
la
compréhension
des
zones
d’ombre
persistantes après l’analyse documentaire.
3.4. Collecte des données
Elle s’est déroulée en deux étapes. La première a concerné la recherche
documentaire. Celle-ci a permis aux membres de l’équipe de faire le
tour de la documentation existante sur la question et d’ajuster leurs
instruments de recherche. La deuxième étape est celle de l’enquête de
terrain. En effet, à l'aide des instruments conçus, des informations ont
été recueillies auprès des différents acteurs de l’Université de Lomé.
Dans l’une ou l’autre des étapes, la collecte d'informations a été faite
par les membres de l'équipe, aidés par un assistant de recherche. De
ce fait, ils se sont répartis en deux binômes afin de mieux organiser la
collecte des données. Dans chaque binôme, pendant qu’un chercheur
interroge,
l’autre
est
occupé
à prendre
32
notes,
l’utilisation
de
l’enregistreur n’ayant pas été admise dans bien des cas par nos
personnes ressources. A la fin de chaque entretien, les deux membres
de chaque groupe se réunissent pour rédiger la synthèse de l’entretien.
Au bout de chaque semaine, l’équipe se retrouve pour faire le point sur
les entretiens.
Le travail de terrain a duré du 4 août au 30 novembre 2011, avec des
périodes de suspension dues à l’instabilité qui a prévalu sur le
campus. Ainsi, la collecte des données s’est étendue sur 55 jours
ouvrables. Le dépouillement et la mise en série des données qui s’en
sont suivis ont duré un mois (décembre 2011). Malgré ce travail de
terrain accru, nous sommes conscients des limites du présent travail.
3.5. Les limites de l’étude
La limite majeure de cette étude réside dans le fait que pour être
généralisables,
les
résultats
du
présent
travail
devraient
être
confrontés à ceux d’autres établissements d’enseignement supérieurs
publics du Togo (Université de Kara, Ecole normale supérieure
d’Atakpamé). Cela suppose que des études de plus grande portée
doivent être organisées à cet effet. Pour le faire, on ne peut que
souhaiter la disponibilité d’autres financements. Toutefois, cette limite
n’est pas de nature à remettre en cause le caractère scientifique du
travail qui, il faut le préciser, a été réalisé contre vents et marées.
3.6. Les difficultés de terrain
L’objet de cette étude est considéré comme sensible par la plupart de
nos personnes-ressources. En effet, touchant à la réforme LMD, la
réalisation de ce travail n’a pas été aisée. Car, depuis trois ans, cette
réforme donne lieu à des mouvements sur le campus universitaire de
Lomé. En conséquence, que ce soit les étudiants ou les enseignants
ainsi que les autorités universitaires, les différents acteurs se sont
montrés peu disponibles à répondre à nos questions. Certains
étudiants nous ont considérés comme des espions à la solde du
gouvernement. Quelques enseignants-chercheurs ont estimé que le
33
moment choisi n’était pas propice pour mener cette étude (parce qu’il y
avait une instabilité sur le campus liée évidemment à l’application du
LMD). Par conséquent, ils ont refusé de nous accorder des entretiens.
Il en est de même pour les membres de la Commission LMD-UL.
Au rang des enseignants-chercheurs qui ont accepté de s’entretenir
avec nous, il y en a qui ont été très superficiels dans leurs éléments de
réponse.
On
a
senti
visiblement
la
retenue
et
l’économie
de
l’information auprès de ces derniers. Enfin, le délai imparti à l’étude a
été court. Car, certaines réalités ont besoin d’être observées sur la
moyenne durée avant d’apprécier.
Bien qu’elles soient d’importance majeure, ces difficultés n’ont pas
empêché la réalisation du travail. A chaque fois, nous avons joué sur
nos relations personnelles ainsi que sur la méthode de triangulation
pour combler les déficits d’informations.
3.7. Traitement des données
Après l’enquête de terrain et le dépouillement, les données ont été
regroupées au regard des questions de recherche posées. A partir de ce
regroupement, les tendances générales ont été dégagées. L’équipe des
chercheurs s’est employée à créer le lien entre ces différentes
tendances de sorte à disposer d’un ensemble d’éléments harmonieux
ayant pour but de répondre à la problématique posée par le sujet.
Au regard de la diversité et de la complexité des données recueillies,
celles-ci ont été traitées manuellement.
Ce processus a permis de faire des suggestions en vue d'améliorer le
modèle existant et de proposer des pistes pour des recherches
ultérieures.
4. Analyse et interprétation des résultats de l’étude
Les chercheurs se sont inspirés d’un cadre d'organisation de données
qui leur a permis d'harmoniser leur démarche dans le découpage des
données. Suivant ce schéma, l'analyse et l'interprétation des données
34
recueillies, passe par un parcours impliquant la validation des
résultats auprès des acteurs de terrain, la lecture des problèmes et des
orientations stratégiques à l'aide de l’idéaltype (indicateur) d’une
réforme LMD réussi. L’interprétation des données est faite à partir des
indicateurs suivants : l’utilisation du haut débit au service de l’Internet
à l’Université de Lomé et son impact sur les pratiques pédagogiques ; le
ratio ordinateur/étudiant et ses retombées sur l’acquisition des savoirs
; la récurrence des pannes à laquelle fait face le parc informatique ; les
moyens financiers mis au service du parc informatique ; l’écart entre
TIC et LMD à l’UL ; l’état des compétences techno-pédagogiques. De
façon générale, pour une meilleure interprétation des données, la
méthode de triangulation a été adoptée.
Les résultats découlant de ce travail sont structurés autour de deux
grands axes avec des sous-axes. D’une part, il est question de
présenter le contexte, l’évolution et les exigences du LMD à l’Université
de Lomé. D’autre part, il s’agit de montrer la responsabilité des TIC
dans les soubresauts du LMD dans ladite université.
4.1. Le LMD à l’Université de Lomé : contexte, évolution et
exigences
Pour mieux comprendre les exigences du LMD, il est important de
présenter le contexte et de décrire l’évolution de la réforme à
l’Université de Lomé, de 2005 à 2011.
4.1.1.
Contexte et évolution du LMD à l’Université de Lomé
Lorsque le 19 juin 1999, les universités européennes se sont engagées
à calquer leur système d’enseignement sur le modèle américain du Licence-Master-Ph D, il a été adopté, une déclaration dite de Bologne,
initiant le processus éponyme.
A partir de ce moment, les universités de l’Afrique francophone dont le
système d’enseignement est tributaire de celui des universités
françaises ont commencé, comme nous l’avons déjà souligné, à
réfléchir sur les stratégies à adopter pour arrimer leur formation sur le
35
modèle français en pleine mutation. En 2005, ils se sont décidés à
adopter la réforme LMD à travers l’espace REESAO.
Pour les besoins de croissance, les responsables du LMD dudit espace
ont choisi trois axes :
-
La mise en place des bases pédagogiques communes ;
-
L’aménagement d’un environnement technologique approprié ;
-
Le développement d’un environnement sociopolitique favorable.
C’est sur cette base que des rencontres de diverses nature, des
conférences
des
présidents
d’universités,
des
séminaires
interuniversitaires ont eu lieu. Ces rencontres visaient à faire des
plaidoyers
auprès
des
gouvernants
ainsi
que
des
institutions
financières sous-régionales pour mobiliser les fonds nécessaires à la
réalisation du projet. Car, les responsables universitaires du REESAO
voulaient tout mettre en œuvre en sorte qu’en 2011, les universités de
l’espace puissent basculer entièrement dans la réforme LMD8. Ils ont
par ailleurs bénéficié du soutien du Conseil africain et malgache pour
l’enseignement supérieur (CAMES) dont les ministres, réunis en
session ordinaire à Libreville du 3 au 7 avril 2006 ont recommandé la
configuration des programmes universitaires et l’organisation des
universités et écoles de l’espace CAMES suivant le modèle LMD9.
Que ce soit dans les premières réflexions sur l’adoption de la réforme
LMD ou dans la création du REESAO, l’Université de Lomé a joué un
rôle prépondérant. D’abord c’est dans cette université que s’est tenu le
premier séminaire interuniversitaire de pilotage du LMD en octobre
2005. C’est encore à Lomé que le REESAO considéré comme cadre
privilégié pour l’application du système a été créé. C’est d’ailleurs à
juste titre que le président de l’Université de Lomé de l’époque, le
Point de presse du 10 octobre 2006 sur la rencontre des présidents d’universités, recteurs et vice-recteurs
de l’espace REESAO à Ouagadougou sur le système LMD. Disponible sur le site www.lefaso.net. Consulté
le 5 novembre 2010.
9 CM/SO-23/2006 : Résolution n° 4 sur le passage au LMD, adoptée à Libreville lors de la 23 ème session
ordinaire du Conseil des Ministres du CAMES.
8
36
Professeur Nicoué Lodjou Gayibor en a assuré la présidence pour le
premier mandat.
Toutes ces raisons ont fait que l’Université de Lomé est devenue en
quelque sorte, l’institution phare dans l’application du LMD au sein du
REESAO. A ce titre, elle n’avait pas droit à l’erreur. Au contraire, elle
devait montrer le chemin, mieux, donner le bon exemple. C’est peutêtre la raison pour laquelle les choses sont allées vite sans qu’on soit
sûr de rassembler les moyens techniques indispensables à la réussite
de la réforme.
S’agissant de l’évolution de la réforme, on l’a vu, il a été appliqué de
façon graduelle. En effet, tout a commencé avec la semestrialisation
des cours et la sensibilisation à adopter de nouveaux systèmes
d’évaluation10 entre 2005 et 2006. A l’époque, cette réforme était
perçue comme une rupture majeure par rapport aux pratiques en
vigueur. Suivront nombreux séminaires de formation en 2007 et 2008
en même temps que l’élaboration des offres de formation, puis le
passage, l’année suivante, à l’enseignement en Unités d’enseignements
(UE) et la mise en route de la capitalisation. C’est pendant la même
période, précisément en 2008, que les pouvoirs publics ont pris un
décret, officialisant l’entrée des universités publiques du Togo dans le
LMD.
Pour accompagner le processus sur le plan institutionnel, il a été créé
une commission LMD composée des délégués de chaque Faculté. Les
étudiants ont par ailleurs leurs délégués LMD qui travaillent au sein
des Facultés avec les membres de la commission.
Malgré ces efforts, il est un fait qu’aujourd’hui encore, que ce soit au
rang des enseignants ou de celui des étudiants, beaucoup ne
maîtrisent pas encore réellement les tenants et les aboutissants de ce
En témoignent les nombreux séminaires sur le thème « Évaluer autrement » organisés à l’attention des
enseignants de l’Université de Lomé.
10
37
système. En témoigne cet extrait d’entretien que nous ont accordé les
étudiants du Département d’anthropologie de la FLESH :
« Dans notre université ici, les choses se passent comme si le LMD
était très compliqué. Mais en réalité, ce sont les autorités
universitaires qui rendent complexe le système. Figurez-vous que
malgré l’existence d’une commission LMD, qu’on soit encore à
l’étape où la majeure partie des enseignants et des étudiants soient
encore en train de se chercher en ce qui concerne la
compréhension du nouveau système, alors que cette histoire a
commencé depuis 2005. Ne voyez-vous pas qu’il y a un problème ?
[…] ».
Une lecture minutieuse de cet extrait amène à se poser la question
suivante : est-ce à dire que le système est aussi complexe pour que
pendant six ans d’expérience on ne parvienne pas à le faire
comprendre aux acteurs de l’Université ou bien c’est un refus
volontaire de comprendre la réforme, du fait qu’il est trop exigeant ?
Les développements ultérieurs nous éclaireront.
4.1.2.
Les perceptions des acteurs sur les exigences du système LMD
Habituellement, lorsqu’on parle du LMD, on fait référence aux
nombreux avantages qu’il offre. Cela est d’autant plus vrai que lors des
travaux de terrain, les étudiants et enseignants interrogés, n’ont eu
aucune difficulté à citer ses avantages : libre circulation des étudiants
et leur facile insertion dans les programmes des autres universités du
monde, modernisation de l’offre de formation universitaire, facilité
d’insertion professionnelle, autonomisation des étudiants dans leurs
parcours de formation, etc. Cependant, On oublie souvent les
exigences qu’impose l’application de cette réforme.
Ces exigences sont de plusieurs ordres : contraintes relevant des
ressources humaines ou de l’organisation même de la formation, le
problème de l’administration et de la gestion des flux, la mise en place
des offres de formation ainsi que les contraintes en infrastructures et,
enfin, les exigences technologiques.
Si dans les pays développés où le système est appliqué avec succès,
ces problèmes sont efficacement réglés, de sorte que les infrastructures
38
pédagogiques
sont
disponibles
et
répondent
aux
normes
internationales, le ratio étudiant par enseignant est raisonnable, les
dispositions sont prises pour gérer les parcours des apprenants sans
difficultés avec des offres de formation assez élaborées ainsi que
l’existence d’un bon parc informatique doté de logiciels performants
destinés à soutenir la pédagogie et à accompagner l’administration, en
Afrique en général et au Togo en particulier, le système de
l’enseignement supérieur est loin de remplir ces exigences. En tout
cas, c’est l’avis du conseiller technique du Ministère de l’enseignement
supérieur et de la recherche, d’ailleurs partagé par des enseignants de
l’ESA et de l’ENSI qui ont été formés dans le système en Occident.
Même si tous ces problèmes sont d’actualité à l’Université de Lomé à
l’ère de la mise en œuvre de la réforme LMD, par souci de rester dans
la logique de notre problématique, nous allons seulement focaliser
notre attention, dans cette rubrique, sur les exigences d’ordre
technologique qui, selon les focus group des étudiants et aux dires de
quelques enseignants-chercheurs, sont importantes pour une réforme
LMD réussie.
En effet, lors de nos entretiens, certains enseignants-chercheurs de la
Faculté des sciences et de l’Ecole nationale supérieure d’ingénieurs
familiers à la réforme LMD nous ont faits part de leur expérience.
Selon eux, dans la réforme LMD, la technologie est un accompagnateur
indispensable sur plusieurs plans. D’abord sur le plan administratif,
les TIC aident à consigner les données, en l’occurrence, les dossiers
scolaires, les frais d’inscription, les résultats aux évaluations, les
emplois du temps, les parcours des étudiants, etc. En ce qui concerne
l’apprentissage, ces technologies sont utilisées aussi bien par les
enseignants que par les apprenants. Les enseignants s’en servent pour
préparer leurs contenus pédagogiques, pour faire de la recherche, pour
gérer les grands groupes qu’il est impossible de réunir dans un seul
amphithéâtre, à travers le mécanisme de la vidéoconférence, pour la
confection des évaluations, pour des cours à distance mis en ligne, etc.
39
Les apprenants, pour leur part, s’en servent comme un outil
d’apprentissage leur donnant accès aux bibliothèques virtuelles, aux
logiciels éducatifs, aux contenus pédagogiques mis en ligne, ce, pour
compléter les cours qu’ils reçoivent en présentiel. Car, comme nous l’a
livré expressément un enseignant de la FMMP :
« Dans la réforme LMD, il y a coproduction de connaissances entre
l’apprenant et l’étudiant. Sur 20 heures de volume horaires
pédagogiques par exemple, l’enseignant a 12 heures de cours à
faire en présentiel et l’étudiant, 8 heures de travaux personnels
destinés à compléter le cours reçu en amphi ».
Pour qu’elles jouent pleinement leur rôle d’outils au service de
l’apprentissage et de l’administration universitaire dans le LMD, un
certain nombre de dispositions doivent être prises concernant les TIC.
C’est ce que fait observer un enseignant de la FDS en ces termes :
« L’idéal est que les TIC bénéficient d’un entretien régulier. Cela
suppose que les pouvoirs publics mettent des moyens conséquents
à la disposition des autorités universitaires pour recruter des
techniciens aguerris qui puissent faire convenablement le travail.
De même, l’Université doit pouvoir disposer de moyens qui
puissent lui permettre de recruter des techno-pédagogues, à même
d’enseigner les pratiques technologiques et de recycler aussi bien
les enseignants-chercheurs, les étudiants, que les secrétaires
chargés des affaires administratives ».
Lorsque ces dispositions sont prises, les acteurs de l’Université
peuvent tirer les nombreux avantages liés à l’utilisation des TIC dans
un contexte de réforme universitaire. Au rang de ces avantages, on
peut citer, entre autres, le gain du temps en ce qui concerne l’accès
facile et rapide aux connaissances via Internet, augmentation des
aptitudes
de
enseignants,
recherche
allègement
d’informations
du
travail
de
des
apprenants
l’enseignant,
et
des
possibilité
d’améliorer les contenus pédagogiques grâce aux logiciels éducatifs
disponibles sur Internet, facilitation de la communication entre
enseignants et apprenants ou entre apprenants eux-mêmes, gestion
facile des notes lors des évaluations et diminution des erreurs de
calcul de notes, gestion des flux estudiantins, amélioration du
rendement des étudiants, etc.
40
Comme on peut le constater, la réforme LMD, pour réussir, est assez
exigeante en termes de technologie. Cependant, il est un fait qu’à
l’Université de Lomé, les TIC ne jouent pas ce rôle, du fait de leur
précarité et de leur insuffisance comme on peut s’en apercevoir dans la
section suivante.
4.2. L’état actuel des TIC : Quel impact sur la réussite du LMD
à l’UL ?
Dès le début de la réforme LMD, conscientes de l’importance des TIC
dans
l’accompagnement
du
nouveau
système,
les
autorités
universitaires firent des promesses en vue de doter les établissements
de l’outil informatique conséquent et de former les universitaires à son
utilisation.
Six
ans
après,
l’UL
est
toujours
caractérisée
par
l’insuffisance d’ordinateurs dans certains établissements et le manque
d’entretien du peu qui existe, ce qui met ces autorités en porte-à-faux
par rapport à ce qu’ils voulaient faire (d’ailleurs sur recommandation
du REESAO). Cet état de choses est non sans conséquences sur
l’application du LMD dans ladite université.
4.2.1.
Les TIC à l’UL dans le cadre du LMD : Entre promesses et réalités
Dans le rapport de l’étude menée en 2007 par Tsigbé et alii, il est fait
mention de l’existence des dispositifs en TIC à l’Université de Lomé.
Mais ces derniers tombaient souvent en panne ; la connexion à
Internet n’était pas non plus viable.
Conscientes du fait que l’on ne pourra pas compter sur ce dispositif
informatique pour affronter le LMD, les autorités universitaires ont
promis de renforcer le parc informatique de l’Université de Lomé. C’est
ainsi qu’en 2005, 231 micro-ordinateurs, 83 imprimantes et 43
onduleurs ont été acquis et répartis entre l’Institut des sciences de
l’information, de la communication et des arts (ISICA), l’IUT de gestion,
41
l’ESSD et le CIC11. Ce matériel informatique s’est densifié entre 2005 et
2007 grâce à la coopération entre l’Université de Lomé et ses
partenaires, entre autres, l’Organisation islamique pour l’éducation, les
sciences et la culture (ISESCO), la Banque mondiale, la Société Alcatel.
Parallèlement, en accord avec la commission de mise en ligne des
cours, depuis 2005, sont organisés au CNFL, des ateliers « Transfert »
sur la mise en ligne de cours.
Mis à part ces acquis, l’Université de Lomé, en conformité avec la ligne
directrice
du
REESAO
en
matière
de
création
des
espaces
technologiques en vue de soutenir la réforme LMD a envisagé une série
de projets parmi lesquels « Le plan stratégique TIC-UL ». S’agissant de
ce plan, on pouvait lire dans un journal d’information de l’Université
de Lomé la déclaration suivante :
« L’Université de Lomé a retenu dans le cadre du plan stratégique
TIC une composante Informatisation et Technologies de
l’Information et de la Communication. Elle propose de mettre en
place un cadre adéquat pour faire des TIC un instrument privilégié
de communication, d’enseignement, de recherche et de gestion
administrative, en vue de faire face aux défis que posent les
mutations liées à son utilisation12 ».
En fait, le « plan stratégique TIC-UL » est prévu pour se réaliser en six
étapes sur un quinquennat (2005-2010), suivant les détails ci-dessous.
Tableau montrant le contenu du plan stratégique TIC-UL
N°
1
2
3
11
12
Projet
Renforcement de
l’épine dorsale et
du nœud Internet
du réseau de l’UL
Renforcement des
outils et services
de messagerie et
d’information
Création d’un
espace d’accès
Action
Extension de
l’épine dorsale en
fibre optique
Résultats
Connexion de tous les
établissements à
l’Intranet
Mise en œuvre d’un
serveur Web et
d’un serveur de
messagerie
Mise en place d’un
cyber de 120
23 000 comptes
électroniques et un
service de diffusion
d’information
1 heure de navigation
hebdo pour 7600
Campus Actualités, n° 012 de mai 2005, p. 8.
Campus Actualités, n° 012 de mai 2005, p. 16.
42
Internet
Renforcement des
capacités des
établissements en
infrastructures
4
5
Renforcement des
structures de
production de
support
pédagogique et de
gestion technique
Renforcement des
outils didactiques
6
ordinateurs
Fourniture de
matériel
informatique et de
connexion à
Intranet
Mise en œuvre de
la visioconférence
abonnés
1 PC/établissement
connecté à
l’Intranet/Internet
1 salle de
visioconférence
opérationnelle
Fourniture de
24 PC par
matériel
établissement
informatique
spécialisé
destiné aux
activités
pédagogiques dans
les établissements
spécialisés
Source : Campus Actualités, n° 012 de mai 2005, p. 16.
L’atteinte des objectifs spécifiques déclinés dans ce tableau est
envisagée autour de quatre axes :
-
l’extension du réseau informatique ;
-
augmentation de la bande passante du nœud Internet ;
-
la messagerie électronique (qui passe par la nécessité d’informer
et d’enseigner grâce aux TIC, d’une part, et le renforcement des
infrastructures locales des établissements, d’autre part);
-
planification de la mise en œuvre.
Dans les projetions, il est prévu qu’à l’horizon 2008, l’Université de
Lomé mette à la disposition de ses acteurs trois espaces d’accès à
Internet (EAI). Décrivant ces EAI, Honoré Tsatsu Fiadjoe qui était sur le
projet faisait observer :
« Véritables ‘’cybers’’, les EAI ont pour objectif de créer un cadre
d’accès à Internet en offrant les outils nécessaires à la
communication et à la recherche d’informations numériques. Au
total 360 ordinateurs personnels répartis sur trois espaces devant
accueillir chacun 120 postes de travail connectés à l’Internet
seront dédiés aux besoins de communication et de recherche
d’informations de la communauté universitaire. Ces trois EAI
43
seront géographiquement répartis suivant les trois sous-ensembles
du Campus Universitaire de Lomé que constituent le Campus
Nord, le Campus Centre et le Campus Sud. […] A terme, la
capacité d’accueil des EAI devra être revue à la hausse dans une
proportion de 1 PC pour 10 étudiants, conformément aux
recommandations du REESAO (…) dont fait partie notre
Université, afin d’autoriser jusqu’à un minimum de cinq heures
par semaine et par personne13».
S’agissant de l’équipement informatique de ces EAI, les initiateurs du
projet comptaient en partie sur le Programme des nations unies pour
le développement (PNUD) décidé à accompagner les Universités de
Lomé et de Kara dans leur projet de modernisation de leurs espaces de
formation et de recherche.
Pour le fonctionnement et la maintenance de ces EAI, il est prévu que
les étudiants paient une contribution qui leur sera facturée sur les
frais d’inscription, de sorte que dès qu’ils s’inscrivent, qu’ils puissent
bénéficier de l’accompagnement des TIC comme outils dans leur
apprentissage.
Aussi, avait-il été envisagé que dans chaque parcours, l’informatique
soit introduite comme UE transversale considérée comme outils devant
accompagner le processus d’acquisition du savoir.
Comme on peut le constater, il s’agit d’un véritable projet de
visionnaire. Mais où en sommes-nous aujourd’hui avec ces projets ?
Il est regrettable de constater que le rendez-vous de 2008 est manqué
en ce qui concerne la construction des EAI. Certes, à la faveur d’une
dotation spéciale d’un montant de 811 millions offerte par le
gouvernement togolais à l’Université de Lomé en 2006, le premier EAI
et le bâtiment conçu pour servir d’extension au CIC dont les travaux
préliminaires ont commencé en fin 2006, sont construits. Cependant,
non seulement ce bâtiment n’a pas été construit avec soin (étant donné
qu’avant même la livraison dudit bâtiment, plusieurs parties de la dalle
coulaient) mais aussi et surtout les 120 postes prévus pour être
13
Campus Actualités, n° 015 de janvier 2007, p. 10.
44
ouverts aux étudiants pour leurs besoins d’autonomisation tardent
toujours à devenir une réalité. On comprend donc aisément qu’on ne
peut pas, dans ces conditions taxer les étudiants en augmentant les
frais d’inscription pour une soi-disant contribution au maintien du
parc informatique qui n’existe pas.
Ces espoirs déçus font que l’état des TIC à l’UL n’a pas foncièrement
changé depuis 2007. Pour les acteurs de l’université (enseignants et
étudiants), « cette situation dénote d’un manque de volonté pur et
simple de la part des autorités universitaires qui n’entendent pas faire
des TIC, un réel outil dans le processus enseignement/ apprentissage
dans le contexte actuel de l’application du LMD ».
Ainsi, un tour d’horizon des établissements de ladite université donne
ce qui suit.
De façon générale, le parc informatique dans les Facultés, Ecoles et
Instituts de l’Université de Lomé, est insuffisant. Aucun établissement
n’est bien loti, même si certains ont de l’avance sur d’autres.
A l’ENSI par exemple, il n’y a que quatre ordinateurs non connectés à
Internet pour toute l’école. Ce qui fait que les disques durs des
ordinateurs sont à chaque fois formatés causant la perte des données.
Pour améliorer leurs propres compétences, les enseignants de cette
école d’ingénieurs se forment aux TIC par leurs propres moyens. De
même, ils s’achètent le matériel informatique de leur propre chef. Un
enseignant de cette école nous a montré, lors de l’enquête de terrain
les équipements (ordinateur, câbles, vidéoprojecteurs, clé de connexion
haut débit à Internet, etc.) que lui-même et ses collègues se sont
cotisés pour acheter. La situation est presque identique dans les
autres établissements de l’UL.
A la FLESH, notamment aux Départements d’Histoire et d’Archéologie,
de Géographie, d’Anglais, d’Anthropologie, les bureaux des chefs de
départements et des salles des enseignants ne sont pas connectés. Le
matériel informatique existant est non seulement insuffisant mais il
45
manque d’entretien. En Anthropologie par exemple, depuis décembre
2010, il n’y a plus d’ordinateurs car ceux qui existaient ont été atteints
de virus. Le chef dudit département estime à 4 000 le nombre de virus
sur son ordinateur tombé en panne depuis quelques mois. Ces virus
ont bloqué l’accès aux fichiers détruisant ainsi les notes stockées en
version numérique de l’année 2008-2009.
A l’ESA, les enseignants achètent des antivirus qu’ils installent sur les
ordinateurs connectés à Internet pour éviter les désagréments
similaires à ceux connus en Anthropologie et se mettent en contact
avec leurs collègues de l’extérieur pour améliorer leurs cours. L’école
n’a ni laboratoires ni de logiciels pour les expériences. Certains
ordinateurs ne sont pas connectés. Impossible donc d’y installer des
antivirus, étant donné que la mise à jour ne pourrait pas être effective.
En conséquence, ces ordinateurs sont dérangés par les virus et
tombent régulièrement en panne.
Au Département de Mathématique (à la Faculté des sciences), une
unité d’enseignement (UE) d’informatique a été initiée. Mais dans
chaque promotion, seuls 20 étudiants sont sélectionnés pour suivre le
cours pratique de l’UE sur six ordinateurs d’ailleurs non connectés.
Pour ceux qui n’ont pas la chance d’être sélectionnés, environ 70 % du
total, le cours n’est que théorique. Les étudiants disent ne pas
connaitre les critères de sélection et d’accès à la salle informatique. En
conséquence la majeure partie des étudiants n’arrivent pas à valider
cette UE, les empêchant d’avoir leur diplôme. Aussi, est-il un fait que
des enseignants jouent sur l’illettrisme des apprenants en matière de
TIC pour renchérir la formation dans ce même établissement. Pour
preuve, lors des focus group, les étudiants nous ont confiés que des
enseignants vendent leurs cours ; des polycopies de 56 pages sont
vendues à 1500 frs avec l’obligation faite à l’étudiant de l’acheter au
risque de ne pas composer à l’évaluation de fin de semestre, alors que
la photocopie ne coûte que 10 frs la page. La même obligation est faite
aux étudiants des Départements de Science physique, de l’ESSD, etc.
46
Le département de Physique Chimie, ne dispose que de cinq
ordinateurs pour plus de 500 étudiants, soit un ratio de 1 ordinateur
pour 100 étudiants, ce qui rend difficiles des cours pratiques en
informatique.
L’INSE dispose d’une salle informatique de 50 ordinateurs câblés, mais
seuls 10 sont aujourd’hui opérationnels. Cette salle est réservée
exclusivement aux étudiants de 3ème cycle. L’institut a un vidéo
projecteur servant à animer les cours de 3ème cycle. Certains
enseignants demandent aux étudiants de faire des recherches sur des
sites en vue de préparer les exposés, d’approfondir et de compléter les
cours. Ces enseignants font obligation aux étudiants de traiter les
devoirs de maison sur ordinateur (c’est-à-dire d’en faire la saisie) et
refusent systématiquement les manuscrits.
La FASEG dispose aussi d’une salle informatique de 50 ordinateurs,
mais seuls 5 sont opérationnels. Dans cette Faculté, l’une des plus
importantes à l’UL (plus de 5 000 étudiants), très peu d’étudiants
disposent d’ordinateurs personnels. Ceux-ci ne commencent des cours
théoriques en informatique qu’à partir du semestre 6. Ainsi pour
compléter cette formation, ils font recours aux cybers qui, selon eux,
coûtent chers.
Par contre l’ESTBA n’a pas de salle informatique. Les étudiants et les
enseignants de cette école utilisent très peu d’ordinateurs. Il existe une
Unité d’enseignement en initiation à l’informatique, mais comme en
FASEG, ce cours est théorique. Les rares enseignants qui disposent
d’ordinateurs portables (PC) commentent leur cours directement avec
des vidéos projecteurs et certains renvoient les étudiants vers des sites
éducatifs pour compléter les cours reçus en présentiel. Seul le cours
d’un enseignant est mis en ligne.
A l’IUT de gestion, il y a une salle informatique de 20 ordinateurs
connectés et les étudiants n’y ont accès que sur payement d’une
caution annuelle de 10 000 F CFA. Ils sont autorisés à rentrer dans
cette salle avec leur PC pour travailler. Il y a aussi une salle
47
informatique réservée aux enseignants, mais cette salle qui n’existe
que de nom depuis 5 ans, n’est jamais équipée d’ordinateurs. Dans
cette école, les enseignants d’informatique mettent leurs cours en ligne
et font des cours théoriques et pratiques (TP) à l’aide des vidéos
projecteurs. Après les cours théoriques, les étudiants sont repartis
dans de petits groupes pour les pratiques. Les liens d’une vingtaine de
sites éducatifs sont donnés aux étudiants afin qu’ils approfondissent
leurs cours. L’institut n’est abonné à aucune revue électronique. Pour
combler cette lacune, certains enseignants ont fait des abonnements à
titre personnel.
A l’ESSD, il y a aussi une salle informatique équipée d’une trentaine
d’ordinateurs. Cette école recrute chaque année 60 étudiants. Ainsi en
théorie, deux étudiants disposent d’un ordinateur. Mais dans la
pratique, ces ordinateurs tombent régulièrement en panne. De même
avec la réforme LMD, des étudiants n’ayant pas validé une UE
reviennent pour suivre le cours magistral. Ainsi, les étudiants de cette
école qui forment les secrétaires se retrouvent parfois à 4 voire 5
autour d’un ordinateur, ce qui est très bien, à en croire certains
enseignants,
comparativement
à
la
réalité
dans
certains
établissements de la même université. Mais il est à noter que ces
ordinateurs ne sont pas disponibles en tout temps. Il faut être en
groupe pour y avoir accès. La connexion est très faible et les étudiants
refusent de payer les droits d’accès s’élevant à 3000 F CFA par an, en
plus de la caution annuelle. Ce refus est motivé par le fait que ceux qui
ont payé la caution (15/60) aux semestres 3 et 4 de l’année 2010-2011
n’ont jamais eu accès à la salle. Les étudiants suivent deux séances de
cours informatiques par semaine, à raison de 1H30 par séance.
Certains enseignants envoient leurs sujets sur le net et projettent leurs
cours en utilisant les vidéos projecteurs. Ils donnent aussi des
supports de cours et les étudiants les complètent par des recherches
dans les cybercafés en ville. Cependant, à en croire ces étudiants, les
résultats de ces recherches ne servent pas à grand-chose car lors des
48
évaluations, les enseignants exigent que leur soient recopiées leurs
propres phrases contenues dans les supports de cours.
A l’EAM, il n’existe ni de salle informatique ni de bibliothèque et seul le
secrétariat et le bureau du directeur de l’école sont équipés d’un
ordinateur. La majorité des enseignants dispose des portatifs achetés à
leurs propres frais de même que des vidéos projecteurs. Les
enseignants de Biophysique, de Biochimie et de Physiologie donnent
des sites à consulter aux étudiants. Seul le cours de l’enseignant
d’ORL
(Oto-Rhino-Larynsgoscopie)
est
en
ligne.
Dans
cet
établissement, la plupart des enseignants donnent des polycopies aux
étudiants et très peu complètent leurs cours au cyber, car ils ne
maîtrisent pas l’outil informatique et ils ne disposent pas de moyens
financiers.
A la FMMP, il existe une salle informatique équipée d’environ une
dizaine
d’ordinateurs
enseignants.
Certains
connectés.
enseignants
Mais
elle
est
ont
fait
des
réservée
aux
abonnements
personnels. Il n’existe pas de bibliothèque virtuelle gérée par la
Faculté. Il y a une salle de documentation contenant des thèses, des
revues et de vieux documents qui ne sont plus d’actualité, mais qui
sont réservés aux enseignants. Seule la bibliothèque du CHU-Tokoin
est ouverte aux étudiants. La Faculté dispose des vidéoprojecteurs et
d’électro projecteurs pour chaque promotion. L’utilisation de ces outils
est soumise à une demande d’au moins une semaine d’avance. Les
missionnaires sont prioritaires (c’est-à-dire que, s’il y a deux demandes
provenant d’un enseignant interne et d’un enseignant en cours de
mission, l’outil pédagogique est remis à ce dernier). Certains
enseignants disposent des ordinateurs personnels, des pointeurs qui
permettent de défiler les diapositives. Les enseignants donnent les
polycopies, actualisent et complètent leurs cours sur certains sites
comme gyneweb, medicoop, hystologie fonctionnelle et l’UVF. Les liens
de ces sites ne sont pas donnés aux étudiants de première année, mais
à ceux des années supérieures. Des enseignants comme ceux
49
d’Hystologie, d’Ambryologie, de Biologie cellulaire et de Génétique font
des recherches sur ces sites mais ne donnent aux étudiants que ce
qui, selon eux, peut les aider, tout en gardant le reste pour leurs
connaissances personnelles. Certains cours sont disponibles en ligne.
En première année, il y a un cours théorique d’informatique sans
ordinateur. Dans la même Faculté, certains étudiants ont des
ordinateurs personnels surtout à partir de la deuxième année, et ceux
qui ne peuvent pas en payer ont l’obligation de se doter d’une Clé USB
pour prendre certains schémas en couleurs et pour y stocker des
données téléchargées sur Internet.
La contribution des espaces technologiques à l’utilisation des TIC à
l’UL est importante mais reste insuffisante.
En effet, le Centre informatique de calcul (CIC) est un service et une
école de l’UL. Il forme les étudiants dans deux filières : Développement
d’Application et Maintenance Réseaux. Ces deux filières se font sur
une durée de trois ans pour avoir une Licence Professionnelle. Les
cours sont informatisés. Le CIC dispose de deux salles informatiques :
La première réservée aux étudiants n’est pas connectée à Internet,
mais est équipée de 20 ordinateurs. La deuxième salle équipée de 30
ordinateurs connectés à Internet est réservée aux étudiants étrangers
et à ceux qui suivent les cours CISCO, tributaires de la connexion
Internet. Le CIC assure moyennement son rôle du fait qu’il a une
connexion lente. Le personnel étant mal payé quitte le service pour
d’autres travaux en vue d’améliorer leurs conditions de vie. Il gère mal
les salles de cours car les emplois du temps des différents
départements se chevauchent.
En ce qui concerne le CNF-L, il organise périodiquement les formations
en informatique et en mise en ligne de cours à l’intention des
enseignants. Mais, à en croire le responsable de ladite institution,
nombreux sont les enseignants qui ne sont pas informés de l’existence
de ces formations ; d’autres ne sont pas motivés à l’utilisation de l’outil
informatique. Il faut souligner que les prestations de cette institution
50
ne sont pas accessibles aux étudiants du premier cycle. Pour les
enseignants, l’accès est conditionné à une caution de 3000 F tous les
deux mois et pour les étudiants elle est de 1000 F par mois. Le centre
dispose d’une quatre vingtaine d’ordinateurs, tous connectés et la
fréquentation varie de 100 à 120 étudiants par jour. S’agissant des
enseignants, elle est de l’ordre de soixante par jour. Les utilisateurs du
centre viennent faire des recherches pour compléter leurs cours,
cherchent les informations liées aux mémoires, aux thèses et aux
exposés. Certains cherchent les données de bases relatives à leurs
enseignements (ESA). Des enseignants ont la possibilité d’avoir un
accès permanent mais doivent s’abonner au réseau par l’intermédiaire
des établissements d’instituions d’enseignement supérieur devant jouir
au moins de quatre années d’existence. Certains abonnés n’ont pas
l’obligation de se déplacer car ils sont connectés directement dans
leurs bureaux. Malgré ces efforts, la demande des universitaires est
faible et ne représente que 40 %, ce qui fait que 10% seulement des
objectifs de l’institution sont atteints.
A la Bibliothèque universitaire (BU), l’accès des étudiants à l’espace
technologique (SIR) est gratuit à la seule condition d’être inscrit. Les
étudiants de différentes facultés comme la FDD, la FDS, la FLESH et
des écoles telles que l’ENSI, l’ESA y sont fréquents. La BU s’est
abonnée à des revues et à des sites comme atoupani.org selon la
demande des départements, et a payé en 2009 des documents évalués
à la somme de 66 620 529 frs CFA soit 101 710.73 Euros. La
bibliothèque universitaire projette la mise en ligne des documents. Au
SIR, les ordinateurs sont passés de 15 à 5, faute d’entretien. Les
machines opérationnelles sont connectées et chaque étudiant a droit à
une heure gratuite par jour au minimum. Les étudiants y vont faire
des recherches dans le cadre de leurs mémoires, thèses et pour
compléter les cours reçus en présentiel. La consultation des boîtes
électroniques y est interdite.
51
La DRPI et le campus numérique organisent une formation pour la
mise en ligne des cours, mais là aussi, la fréquentation est largement
en deçà des attentes. En mai 2011, le WIFI est installé à l’UL mais
l’accès est conditionné par un payement de 10 000 FCFA par mois
pour les étudiants et les enseignants ce qui fait 205 F/Heure. En ville,
la connexion par heure est de l’ordre de 200 à 300 voire 400 FCFA
selon les cas.
Dans les services centraux et les secrétariats des établissements de
l’UL, la pratique des TIC se limite à l’utilisation de l’ordinateur à des fin
de saisie (de fichiers divers, de notes) et, dans le meilleur des cas, à
l’usage d’Internet dont le débit est d’ailleurs très faible.
Ce tour d’horizon des Facultés, Ecoles et Instituts de l’Université de
Lomé, montre que le parc informatique est insuffisant. Certains établissements comme la FLESH, l’EAEM, l’ESTEBA par exemple, n’ont
même pas de salle informatique, dans d’autres, cette salle est dans un
état piteux. Les machines non connectées à Internet tombent régulièrement en panne faute d’entretien. Même dans les écoles de référence
comme l’ESSD et l’IUT de gestion, l’accès à la salle informatique est
limité puisqu’il est subordonné à une caution que les étudiants trouvent élevée. Dans bien de cas, les cours d’informatique, s’ils sont dispensés, sont théoriques. La non maîtrise de l’outil informatique par les
enseignants limite la vulgarisation des TIC à l’UL.
Les espaces technologiques auraient pu aider à une meilleure
utilisation des TIC, mais la fréquentation dans ces centres est limitée
en raison des machines disponibles, du coût de la caution et d’un
manque de volonté des principaux acteurs de l’UL (enseignants et
étudiants).
L’état des lieux ainsi présenté permet de faire les constats suivants. En
effet, à l’Université de Lomé, la typologie de l’utilisation des TIC est de
deux ordres : soit à des fins pédagogiques (Internet, sites éducatifs,
vidéoprojecteurs, informatique théorique et/ou pratique, etc.), soit à
des fins administratives (gestion des fichiers, des emplois du temps,
52
des notes, Internet, etc.). Mais, il est un fait que l’intégration des TIC à
l’enseignement où à la gestion administrative est très superficielle,
étant donné que les acquis spécifiques des acteurs sont très
élémentaires. Cette situation ne peut qu’avoir des incidences négatives
sur la réforme LMD en cours.
4.2.2.
L’impact de l’incurie et de l’insuffisance des TIC sur l’application
du LMD à l’Université de Lomé
Dans la logique du LMD, on l’a vu, le travail personnel de l’étudiant est
fondamental. C’est ce qu’explique Yao Assogba de l’Université de
Québec en Outaouais, quand il souligne que l’étudiant en tant
qu’apprenant, joue un rôle actif, autonome et responsable dans ses
apprentissages dans le nouveau système. Selon lui, sa tâche ne se
réduit pas simplement à l’enregistrement des notes de cours qu’il est
appelé à « déverser » textuellement à l’examen. Au contraire, précise-til, il doit aussi faire des lectures obligatoires en dehors des heures
passées en amphithéâtre afin de compléter ses notes de cours14. Il doit,
par ailleurs, être en correspondance avec son enseignant pour des
questions
d’approfondissement
du
cours
reçu
en
présentiel.
L’enseignant lui, doit pouvoir mettre ses cours en ligne et indiquer à la
fin de chaque cours, des liens utiles ou des ressources qui serviront de
guide
à
l’étudiant
sans
sa
tâche
d’approfondissement
de
l’enseignement reçu en présentiel.
Pour que chacun de ces acteurs parvienne à remplir efficacement sa
mission, les TIC sont à mettre à contribution. Or, il se fait que
l’Université de Lomé a des besoins cruels en technologies. D’une part,
comme on l’a vu, l’institution universitaire ne dispose pas des
infrastructures conséquentes en matière de TIC. D’autre part, les
acquis spécifiques des acteurs de l’Université pour intégrer ces
nouvelles technologies à l’enseignement sont à la fois élémentaires et
insuffisants. En tout cas c’est l’un des résultats auxquels l’étude sur
Yao Assogba, « Le système "LMD" revisité pour les universités de l’Afrique francophone », disponible sur
le site www.icilome.com/nouvelles/news.asp? Consulté, le 10 novembre 2010 à 21h30.
14
53
l’utilisation des TIC à l’Université de Lomé citée plus haut est
parvenue.
« Très peu sont les enseignants qui savent effectivement utiliser un
ordinateur. Et de ce petit nombre, rares sont ceux qui ont un
ordinateur personnel ou mis à leur disposition par l’université.
Certains enseignants, chez qui l’on note un conservatisme inavoué,
semblent indifférents aux TIC et à leurs influences : ils pensent
que l’enseignement supérieur sans les TIC ne serait pas pour
autant d’une mauvaise qualité et moins développé 15», observe
ladite étude.
Dans tous les départements de la FLESH, à l’ESA à l’ENSI, à l’INSE, à
la FDD et à la FDS, le matériel informatique est très insuffisant et
parfois inexistant. Ainsi, dans ces départements, les résultats des
examens ne sont affichés qu’à la veille des examens suivants car les
départements ne sont pas suffisamment dotés d’ordinateurs et les
logiciels de gestion de notes utilisés ne sont pas bien maîtrisés.
L’absence de machines à corriger retarde la correction des copies. En
juin 2010, les étudiants des Départements de Géographie, d’Histoire et
d’Archéologie, de Sociologie, entre autres, ont dû organiser des
marches
de
protestation
avant
que
les
résultats
de
l’examen
d’Harmattan ne soient affichés.
Le manque d’ordinateurs fait aussi que les inscriptions pédagogiques
ne sont pas numérisées. Ainsi, il n’est pas rare d’assister à des
querelles entre des étudiants et les secrétaires à cet effet. Certaines UE
devraient se dérouler à partir des ordinateurs mais comme l’UL en
manque, ces cours se font de façon théorique. De même, les
enseignants ne sont pas formés à l’utilisation des TIC. Or, la gestion
des notes leur est souvent confiée, ce qui pose un véritable problème.
Au Département d’Histoire et d’Archéologie par exemple, la secrétaire
s’est plainte du cafouillage dans le report des notes, ce qui fait que
jusqu’en décembre 2011, il n’y a pas un fichier définitif des notes
d’Harmattan. Au Département de Géographie, le secrétaire accuse les
Koffi Nutefé Tsigbé et alii, Contribution des TIC au développement et à la qualité de l’enseignement supérieur à
l’Université de Lomé (Togo). Programme de petites subventions de recherche en éducation, ROCARE, rapport
final, 2007, p. 20.
15
54
enseignants de ne rien maîtriser en informatique alors qu’ils se disent
de grands intellectuels. Le même reproche leur est fait par les agents
du CIC que l’administration de la FDD qualifie d’incompétents. Celle-ci
a été obligée de faire appel à des informaticiens de la ville pour la
gestion des notes en 2010. Comme on le voit, chacun se renvoie
l’ascenseur, mais le vrai problème est la non maitrise de l’outil
informatique par ces différents acteurs de l’UL. Le manque de moyen,
de volonté et la non-maîtrise de l’outil informatique font que les cours
ne sont pas mis en ligne ce qui ne permet pas aux enseignants de vite
finir leurs programmes.
Afin de faciliter le travail universitaire, l’UL s’est dotée d’un réseau
Wifi, mais la faiblesse du débit ne favorise pas l’utilisation optimale de
ce réseau dans le cadre des recherches et du téléchargement des
données. Pour avoir une meilleure connexion, des enseignants
achètent des clés USB de Togo télécom, de Togocel ou de Moov. Même
les réseaux de ces sociétés sont souvent perturbés retardant ainsi les
recherches.
Le manque d’ordinateurs dans les espaces technologiques entrave les
travaux de recherche des étudiants dans la mesure où le peu
d’ordinateurs
disponibles
est
toujours
occupé
et
les étudiants
attendent toujours que les postes soient libérés. L’accès à l’espace
numérique est conditionné. Ceci limite et empêche les étudiants des
semestres 1 à 6 (1ère, 2e, et 3e années) d’effectuer des recherches. Faute
de moyens pour aller au cyber, les étudiants ne complètent leurs cours
que par les rares documents disponibles en bibliothèque. D’autres,
comme
ceux
du
Département
d’Histoire
et
d’Archéologie,
d’Anthropologie, bref de la FLESH, ne se limitent qu’aux cours reçus à
cause de la non disponibilité des documents dans les bibliothèques et
de leur faible compétence en informatique. De ce fait, leur formation
est incomplète, car les 6 heures de charges personnelles que les
étudiants sont censés exécutés en marge des cours en présentiel dans
la réforme LMD ne le sont pas.
55
Pour se dédouaner, certains étudiants estiment que les TIC baissent
leur quotient intellectuel dans la mesure où elles donnent plusieurs
réponses aux questions parmi lesquelles certaines ne sont pas
toujours justes. D’autres estiment qu’elles rendent certains étudiants
paresseux, étant donné que les travaux confiés aux groupes sont
souvent faits par un seul étudiant faute d’ordinateurs et de
compétences.
Les conséquences de cet état de choses sont nombreuses. Les autorités
de l’Université de Lomé voulant faire en sorte que leur institution reste
fidèle à son rôle d’institution phare du système LMD dans l’espace
REESAO, font penser à l’extérieur que le processus va bon train à
Lomé. Mais en interne, aussi les enseignants bien que les étudiants
boudent le système. A titre d’exemple, parmi les enseignants qui sont
formés à la mise en ligne des cours, peu sont ceux qui ont conçu
réellement un contenu pédagogique mis en ligne, selon le responsable
du CNF-L. Aussi, le LMD se passe-t-il au niveau des enseignants de
l’Université de Lomé comme du « vin nouveau mis dans de vieilles
poutres ».
Les
étudiants,
pour
leur
part,
n’approfondissent
pratiquement pas leurs connaissances. Interrogés sur les raisons qui
expliquent le fait qu’ils ne font pas de recherches d’approfondissement,
ils répondent que « les bibliothèques sont pauvres et que la navigation
Internet coûte chère en ville ». Même si on peut leur reprocher d’être
partisans de moindres efforts, il y a une part de vérité dans cette
déclaration. Car, on peut pallier la pauvreté des bibliothèques
universitaires
par
l’abonnement
à
des
revues
scientifiques
internationales. C’est d’ailleurs ce qu’observe Pascal Renaud16 quand il
souligne :
« En Afrique francophone par exemple, on constate qu'il y a très
peu de bibliothèques, notamment universitaires, très peu de
centres de documentation, et qu’ils sont tout à fait insuffisants en
terme de contenus. Internet apporte donc quelque chose
d'extrêmement précieux puisqu'il permet l'accès à une sorte de
16
Auteur cité par Koffi Nutefé Tsigbé et alii, op cit., p. 19.
56
bibliothèque de taille considérable qui recèle une bonne partie de
la production scientifique mondiale (…) ».
Les problèmes de technologies font qu’au niveau de la Direction des
affaires académiques et de la scolarité (DAAS), il est difficile, du moins
pour l’heure, de gérer efficacement les parcours des étudiants et leur
flux. En aval, c’est-à-dire, dans les Facultés et Départements, c’est le
désarroi. Toutes ces réalités doublées de la non disponibilité des offres
de formation font qu’on tâtonne jusqu’ici à ouvrir les Masters. On
comprend donc aisément pourquoi ces deux dernières années, alors
qu’on se rapproche davantage de l’année butoir (2011) fixée par le
REESAO pour basculer définitivement dans le LMD, à la Faculté des
lettres et sciences humaines (FLESH) de l’Université de Lomé, l’on soit
encore partagé entre le système arithmétique et le système de
capitalisation en année de licence.
Dans ces conditions, doit-on culpabiliser les étudiants quand, lors
d’une manifestation récente (début octobre 2010) ils font entendre :
« Le LMD, nous n’en voulons plus. L’Université de Lomé ne dispose
pas encore des infrastructures adéquates comme les Universités
occidentales pour prétendre appliquer ce type d’enseignement au
même rythme que les autres? ».
A cette question, on ne peut que répondre par la négation car, la
majeure partie de nos personnes-ressources ont été unanimes sur un
fait : l’application du LMD à l’Université de Lomé se fait tout comme si
on mettait la charrue devant les bœufs. Dans le domaine des TIC, ni
les infrastructures, ni les ressources financières, ni les ressources
techno-pédagogiques ne sont en nombre suffisant au regard des
besoins exprimés. De ce fait, on a l’impression que les TIC ne sont pas,
pour l’heure, un moyen d’apprentissage, mais un objet d’apprentissage
plutôt à l’Université de Lomé. Dans ces conditions, l’impact des
structures offrant des services en matière de TIC en faveur du LMD est
loin des attentes. Tout se passe comme si les TIC et le LMD évoluaient
de façon parallèle, sans synergie aucune. Or justement, c’est la
synergie qui pourra contribuer à une meilleure réussite de la réforme.
57
Malheureusement, selon le Directeur de cabinet du Ministère de
l’enseignement supérieur, aucune disposition sérieuse n’est encore
prise par les pouvoirs publics pour changer la donne. En conséquence,
les acteurs de l’Université de Lomé sont bien obligés de continuer
d’appliquer le LMD « à la togolaise » jusqu’à nouvel ordre, si
évidemment, les étudiants et/ou leurs enseignants, au regard des
difficultés auxquelles ils font face, ne décident, du jour au lendemain,
de saboter le système en criant leur ras-le-bol.
Dans ces conditions, quelles actions mener pour faire des TIC un outil
au service de la réforme LMD ?
5. Quelles stratégies adopter pour faire des TIC, un réel
outil au service de la réforme LMD à l’Université de
Lomé ?
Pour faire des TIC, un réel outil au service de la réforme LMD à
l’Université de Lomé, il y a un certain nombre de modèles d’actions à
privilégier.
Partagées
par
les
personnes-ressources,
celles-ci,
concernent quatre domaines, à savoir le domaine infrastructurel,
technologique, humain et financier. Ces actions sont orientées aussi
bien vers les pouvoirs publics, les autorités universitaires qu’à l’endroit
des enseignants et des étudiants.
5.1. Que doivent faire les autorités politiques du Togo pour
accompagner la réforme LMD sur le plan des TIC ?
Parmi les quatre domaines ci-dessus énumérés, il appartient aux
pouvoirs publics de s’occuper de l’aspect financier. En effet, comme on
le dit souvent, l’argent est le nerf de la guerre. C’est dire qu’aucune
réalisation de taille ne peut se faire sans des ressources financières.
Les acteurs de l’université sont unanimes sur l’insuffisance et la
précarité des infrastructures en matière des TIC à l’UL à l’ère du LMD.
Pour que cette situation soit corrigée, l’université a grand besoin de
disposer de moyens financiers conséquents aussi bien pour équiper
davantage l’administration et les acteurs de l’Université en matériel
58
informatique que pour recruter des ressources humaines capables
d’assurer
la
maintenance
dudit
matériel
pour
viabiliser
les
équipements acquis. Pour y parvenir, l’Etat doit revoir à la hausse
l’enveloppe financière qu’il accorde à l’Université. Par ailleurs, ces
mêmes pouvoirs publics doivent créer des conditions qui puissent
encourager le partenariat entre le monde universitaire et le monde de
l’entreprise, partenariat qui pourra déboucher sur des dons de
matériels informatiques par le second au premier. Enfin, à travers une
politique globale, l’Etat doit prendre des mesures pour détaxer le
matériel informatique transitant par le port autonome de Lomé pour
encourager
l’achat
desdits
matériels
dont
les
prix
exorbitants
découragent leur achat. On peut s’inspirer de l’expérience des pays de
la sous région comme le Ghana, le Mali, entre autres, qui ont adopté
cette politique dans le cadre de ce qu’ils ont appelé « la stratégie pour
la démocratisation de l’usage de l’outil informatique ».
5.2. Recommandations à l’endroit des autorités
universitaires
Considérées
comme
les
responsables
immédiats
du
monde
universitaire, ces autorités, une fois les ressources financières
acquises de l’Etat, doivent planifier leur utilisation en ce qui concerne
l’acquisition des matériels informatiques. A ce titre, le plan stratégique
en matière de TIC prévu pour 2008 devra être relancé. Les dirigeants
universitaires
doivent
faciliter
l’acquisition
des
équipements
en
informatique en adoptant plusieurs stratégies. Pour les enseignants,
en accord avec des donateurs, on peut adopter la méthode « un
docteur, un ordinateur » comme cela a été le cas dans plusieurs
universités de la sous-région et même à l’Université de Kara au Togo.
En ce qui concerne les étudiants, on peut par exemple créer des « frais
TIC » qu’on ajoutera sur les frais d’inscription des étudiants. Cela
permettra de créer sur le campus plusieurs espaces technologiques
auxquels les étudiants auront accès gratuitement pour leur besoins de
recherches
d’approfondissement
et
59
autres.
Cela
leur
permettra
également de renforcer les acquis spécifiques en matière des TIC
puisque des salles informatiques seront construites sur le campus
universitaire, ce qui les aidera à faire des séances pratiques des cours
théoriques qu’ils auront reçu en informatique.
Par ailleurs, on devra mettre en place un dispositif souple, favorable à
l’accès à Internet dans l’ensemble des établissements de l’université en
privilégiant le Wifi. Aussi, devra-t-on faire en sorte que les ordinateurs
soient disponibles dans les amphis et non seulement dans les salles
informatique ni dans les espaces technologiques afin de favoriser une
meilleure intégration des technologies à l’enseignement. Une autre
action devra consister à doter l’université de salles de cours sécurisées
(climatisées et à fermeture sûre), de sorte avec des outils pédagogiques
technologiques (logiciels, Internet, Cédéroms, vidéoprojecteurs,..) de
sorte à motiver les enseignants à l’usage de ces matériels. Il y a une
action solidaire de celle-là qui consistera à créer un centre de
ressources pédagogiques à travers les TIC. Son rôle sera d’assurer la
formation des enseignants et des étudiants à l’utilisation des TIC. Cela
est une exigence incontournable de notre temps. La réussite de la
réforme LMD en dépend car cela apparaît comme l’élément moteur de
sa mise en place effective. De même, il est indispensable pour l’UL
d’acquérir un serveur et une bande passante de capacité convenable,
pouvant répondre aux besoins en matière de TIC des institutions et
établissements qu’elle abrite.
Enfin, les responsables de la gouvernance universitaire doivent pouvoir
doter l’Université de spécialistes de la maintenance et créer une caisse
de réserve dont les fonds seront destinés à l’entretien périodique du
matériel informatique acquis. Dans le même sens, il devra être institué
une politique répondant au besoin d’encadrement, de financement et
de rémunération du poste de techno-pédagogue.
Ces actions, lorsqu’elles seront bien menées, feront que les apprenants
et les enseignants, joueront efficacement, chacun en ce qui le
concerne, leur partition dans la réforme LMD. Ainsi, les résultats
60
seront donnés à temps (puisqu’il y aura des machines à corriger les
copies),
la
répartition
des
salles
de
cours
sera
bien
faite,
administrativement, les parcours, les flux et les notes des étudiants
seront bien gérés et l’apprentissage se fera dans de meilleures
conditions.
5.3. Suggestions à l’endroit des enseignants et des étudiants
Considérés comme les principaux acteurs du monde universitaire,
étudiants et enseignants ont un rôle important à jouer en ce qui
concerne l’intégration des TIC à la réforme LMD.
En effet, considérant que ces technologies sont incontournables dans
la société de l’information actuelle, ces acteurs doivent se remettre en
cause et chercher à renforcer leurs acquis spécifiques en ce qui
concerne l’utilisation des TIC. Pour ce faire, chacun d’eux doit avoir la
volonté d’apprendre et le courage de se laisser initier.
Par ailleurs, les enseignants de l’UL doivent faire un effort, avec l’appui
du CIC et du CNF-L, pour mettre leur cours en ligne ; cela obligera les
étudiants à se rapprocher davantage des TIC. D’ailleurs, avant
d’arriver à ce niveau, les enseignants doivent à chaque cours, indiquer
aux étudiants, les sites sur lesquels ils pourront trouver les
compléments du cours magistral donné en présentiel. Cela amènera
les étudiants à maîtriser la recherche sur le Net. Il faut dans ce cas,
mettre à la disposition des enseignants les moyens nécessaires pour la
mise en ligne des cours. Il faut mettre enfin, un système d’évaluation
des enseignants en place et proposer une rémunération par rapport à
l’utilisation des TIC.
C’est à ce prix pensons-nous que les TIC peuvent contribuer à la
réussite du LMD à l’Université de Lomé.
61
CONCLUSION
Au terme de cette étude qui met en lumière le rôle des TIC dans les
difficultés d’application de la réforme LMD à l’Université de Lomé,
quelques leçons méritent d’être tirées.
En effet, dans un monde en pleines mutations, où le savoir et
l’information jouent un rôle stratégique, les TIC ont envahi tous les
domaines de la production. Dans le secteur de l’enseignement
supérieur (domaine par excellence de production et de diffusion de la
connaissance scientifique), notamment en Afrique, ces technologies
sont considérées par les partenaires en développement (Banque
Mondiale, Unesco, AUF…) comme une solution permettant aux
universités africaines d’atteindre les objectifs fixés pendant la dernière
décennie du siècle précédent.
C’est dans cette logique que, soutenues par les pouvoirs publics,
presque toutes les universités africaines ont intégré les TIC à leurs
pratiques pédagogiques. Mais cette intégration pédagogique des TIC est
insuffisante et apparaît pratiquement comme une initiative à reprendre
surtout dans le cadre de la réforme LMD pour laquelle plusieurs
universités de la sous-région ouest africaine (francophone) ont opté.
L’Université de Lomé qui a été l’incubatrice du système pour avoir
abrité un certain nombre de séminaires, veut baliser le chemin dans
l’espace REESAO. Ainsi à l’extérieur, elle semble faire des pas de géant.
Mais en interne, on se rend compte que plusieurs problèmes restent
encore à résoudre si l’on veut aller vers l’adoption d’une réforme LMD
réussie. Ce qui enrhume aujourd’hui le LMD à l’Université de Lomé,
c’est, entre autres, le problème de la gestion des flux, le manque
d’adhésion des enseignants au processus de la réforme et le problème
des offres à fournir dans le cadre du nouveau système et évidemment
les difficultés d’ordre technologique. En amont, il se pose le problème
d’accompagnement du système par les politiques. Considérant le fait
que l’Université est l’un des centres des agitations et de contestations,
62
les politiques tardent à accompagner le processus pour ne pas prêter le
flanc aux révoltes populaires. De ce fait, l’Université n’est pas la
priorité dans les programmes de société des gouvernants. Le budget
qui lui est alloué n’est pas en phase avec l’évolution des besoins
auxquels elle doit faire face. Or, la réalisation d’une plus grande
compatibilité
et
comparabilité
entre
les
différents
systèmes
d’enseignement supérieur exige une dynamique soutenue pour être
pleinement accomplie.
Ce manque de volonté politique fait que les moyens financiers font
cruellement défaut aux autorités universitaires pour réaliser les projets
d’intégration des TIC à l’enseignement supérieur à l’Université de Lomé
à l’ère du LMD. Les conséquences sont évidentes : sur le plan
administratif, l’état piteux des TIC et leur insuffisance ne favorisent ni
la gestion des flux et parcours des étudiants, ni celle des emplois du
temps face aux problèmes de salles de cours qui se posent avec acuité.
Aussi, cette situation conduit-elle à la gestion et à la conservation
catastrophique
des
notes
d’évaluation
et
au
retard
dans
la
proclamation des résultats, ce qui ne permet pas aux étudiants de
connaître leurs résultats à la fin d’un semestre avant le début d’un
autre. Or, cette connaissance des résultats est une exigence dans
l’application de la réforme LMD. Sur le plan pédagogique, l’étude a
montré que les enseignants et les étudiants, dans leur grande majorité,
n’arrivent pas à mettre à profit les environnements numériques pour
rendre efficace le processus enseignement/apprentissage, compte tenu
de leur état d’insuffisance et de précarité.
Toutefois, il serait exagéré de faire endosser aux TIC seules, la
responsabilité des difficultés actuelles du LMD à l’Université de Lomé.
Car on se rend en définitive compte que ces technologies, bien que leur
incurie et insuffisance fassent ralentir la mise en œuvre de la réforme
LMD à l’UL du fait qu’elles ne l’accompagnent pas assez efficacement,
en tant qu’outils d’apprentissage, intègrent un réseau plus complexe
de problèmes aux acteurs diversifiés. Mis à part l’amélioration des TIC
63
qui est vivement conseillée compte tenu du fait qu’elle peut faire
avancer la mise en œuvre du système, il est donc impérieux de
résoudre rapidement les autres problèmes pour que le pari du LMD
soit tenu à l’Université de Lomé.
64
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES
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l’information et de la communication dans la réorganisation
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l’ère de la société de la connaissance : la difficile intégration
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universitaire. Actes du colloque de Libreville. Université Omar
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mai
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journal
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l’Université de Lomé, n° 012.
CAMPUS ACTUALITES, décembre 2005 : journal d’information de
l’Université de Lomé, n° 013.
65
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l’Université de Bamako au Mali : le cas de la Section
Allemand du Département des Langues », in Africampus : Les
usages intelligents des Technologies de l’information et de la
communication dans la réorganisation universitaire. Actes du
67
colloque de Libreville. Université Omar Bongo, 5-7 juin 2008,
Mica Gresic, Université de Bordeaux, pp. 289-299.
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Lomé (Togo). Programme de petites subventions de recherche
en éducation, ROCARE-Togo, rapport final.
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et perspectives, Dakar, Unesco.
Les liens
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l’Afrique
francophone »,
disponible
sur
le
site
www.icilome.com/nouvelles/news.asp.
-
Discours de M. Soumaïla Cissé, Président de la Commission de
l’UEMOA, prononcé à l’occasion de la Cérémonie de signature de
la convention relative à l’exécution du projet d’appui au
développement des TIC pour le renforcement des capacités de
mise en œuvre de la Réforme LMD dans les institutions
d’enseignement supérieur de l’espace UEMOA. www.uemoa.int
-
http://www.edu.gov.mb.ca/
-
www.lefaso.net. Consulté le 12 février 2011 à 22h10.
68
ANNEXES
(GUIDES D’ENTRETIENS)
69
Guide d’entretien à l’intention des responsables des espaces
technologiques
Questions
Pistes
Note : Notre étude vise à faire l’état des lieux au sujet des TIC et à évaluer leur impact
sur la mise en œuvre du système LMD à l’Université de Lomé. Plus précisément, elle se
propose d’explorer la problématique de l’insuffisance et l’incurie des TIC sur la réussite
ou la non réussite du LMD à l’Université de Lomé.
1. Etat des lieux
1.1.
Veuillez nous présenter votre Historique –service offert au public- service
institution
spécifique offert à l’UL
Inscription, abonnement, partenariat, etc.
1.2.
Pouvez-vous nous donner des
chiffres montrant l’état de la
fréquentation de votre
institution ?
1.3.
Quelles sont les conditions
qui donnent accès à vos
A décrire et, acteurs à citer
services ? et qui y ont accès ?
1.4.
Comment se compose votre
Nombre total d’ordinateurs et accessoires,
parc informatique ?
nombre d’ordinateurs connectés à
1.5.
Arrive-t-il à satisfaire la
l’Internet…
demande exprimée par les
acteurs de l’Université ?
1.6.
Si non, Quelle solution
envisagez-vous ?
1.7.
Quels sont vos projets à
court, à moyen et à long
termes en matière de
l’amélioration du parc
informatique à l’UL ?
2. Typologie des informations recherchées
2.1.
Selon vous, qu’est-ce qui amène Les besoins liés à la formation, ou autres ?
les acteurs de l’Université à
s’intéresser à votre institution ?
2.2.
Quelles sont les informations Liées aux thèmes d’exposés,
pour la
qu’ils viennent chercher ?
rédaction des mémoires, thèses, tchatche,
compléter les données relatives aux cours
reçus en présentiel, autres.
3. Contribution de l’institution à la bonne marche du LMD à l’UL
3.1. Pouvez-vous nous parler du rôle Formations, mise en ligne de cours
que joue votre institution dans la mise
en œuvre du LMD à l’Université de
Lomé ?
3.2.
Quelles perceptions avez-vous de Pertinence, qualité ?
ce rôle ?
4. Problèmes rencontrés par les utilisateurs
4.1.
Selon vous, quelles sont les A citer
difficultés
majeures
que
rencontrent les utilisateurs de
votre institution lors de la
70
4.2.
5.1.
5.2.
réalisation des travaux pour
lesquels ils viennent vers vous ?
Problèmes spécifiques à la mise
en œuvre du système LMD ?
A citer
5. Suggestions
Si on vous demandait de faire
des propositions concrètes aux
autorités compétentes en vue de
trouver
des
solutions
aux
problèmes
que
vous
venez
d’énumérer,
qu’allez-vous
proposer ?
Comment
pensez-vous
qu’on
pourra rendre plus efficace le
LMD à travers la promotion des
TIC à l’UL ?
71
Guide d’entretien à l’intention des enseignants du supérieur
Questions
Pistes
Note : Notre étude vise à faire l’état des lieux au sujet des TIC et à évaluer leur impact sur
la mise en œuvre du système LMD à l’Université de Lomé. Plus précisément, elle se propose
d’explorer la problématique de l’incurie des TIC sur la réussite ou la non réussite du LMD à
l’Université de Lomé.
1. Etat des lieux
1.1.
Que recouvre pour vous la notion de Citez les matériels qui peuvent être
technologies de l’information et de la classés dans le rang des TIC et qu’on
communication
à
l’Université
de utilise effectivement à l’Université de
Lomé ?
Lomé.
1.2.
1.3.
1.4.
Quelles sont les actions menées par les
autorités de l’UL en vue de l’utilisation
des TIC pour la bonne marche du
LMD ?
Quels sont les moyens personnels dont
vous disposez pour améliorer votre
propre compétence et votre prestation
d’enseignant par le biais des TIC à
l’ère du LMD?
Que donnez-vous à vos étudiants
comme
conseils
en
matière
d’utilisation des TIC?
Cours d’informatique, mise en réseau de
l’Université- achat des vidéoprojecteurs
etc.
Ordinateur personnel, autoformation en
informatique…
2.2.
2. Rôle des TIC dans la mise en œuvre du LMD
En quoi pensez-vous que les TIC
peuvent jouer un rôle important dans
la mise en œuvre du LMD à l’Université
de Lomé ?
Parviennent-elles à jouer ce rôle ?
Difficultés ? citer
2.3.
Sinon, pourquoi ?
2.1.
2.4.
Y a-t-il une alternative ?
2.5. Arrivez-vous à acquérir de nouvelles
connaissances à partir des TIC ? si oui
comment ?
2.5.
Comment arrivez-vous à traduire ces
connaissances
en
compétences
personnelles et quels impacts positifs
cela a sur la formation donnée à vos
étudiants ?
2.6.
Selon vous, peut-on concevoir le LMD
sans les TIC ?
Abonnements aux revues électroniques…
Au niveau
étudiants
des
cours
donnés
Dire pourquoi et comment, si oui ou non.
3. Point de vue sur les prestations des institutions et efforts des autorités
universitaires
3.1. Comment percevez-vous les services Qualité, pertinence ?
rendus par les institutions qui promeuvent
l’utilisation des TIC par les étudiants et les
enseignants à l’Université de Lomé à l’ère du
LMD?
3.2. Comment qualifiez-vous les actions
72
aux
menées par les autorités universitaires
en vue du renforcement et de la
promotion des TIC au sein de
l’Université de Lomé surtout avec la
réforme LMD en cours?
4.
Suggestions
4.1. Avez-vous des suggestions à faire pour Des centres d’accès à Internet ? des
l’amélioration
du
dispositif
des subventions aux étudiants…
nouvelles technologies au service du
LMD à l’Université de Lomé ?
4.2. Que
souhaiteriez-vous
voir
les
responsables de l’Université de Lomé Stratégie globale de formation avec les
faire pour la promotion des TIC à des TIC.
fins éducatives ?
73
Guide d’entretien à l’intention des autorités du Ministère de
l’enseignement supérieur et de la recherche
Questions
Pistes
Note : Notre étude vise à faire l’état des lieux au sujet des TIC et à évaluer leur impact
sur la mise en œuvre du système LMD à l’Université de Lomé. Plus précisément, elle se
propose d’explorer la problématique de l’incurie des TIC sur la réussite ou la non réussite
du LMD à l’Université de Lomé.
1. Etat des lieux
1.1. Depuis 2005, l’Université de Lomé a opté pour le système
Si oui dire comment. Si
LMD. Pouvez-vous nous dire les raisons de
non, dire pourquoi.
Ce choix ?
1.2. Comment l’Etat a-t-il accompagné l’initiative
de la conception à la mise en œuvre ?
1.3. Comment est gérée à ce jour la réforme ? Autrement dit, le
Ministère est-il impliqué dans la la gestion du nouveau système ?
2. Place des TIC dans la mise en œuvre du LMD
2.1. 22.1. Quelle perception les autorités du Ministère
ont-elles des TIC par rapport au système éducatif actuel qui
se met en place?
2.2. Quels sont à ce jour, les efforts consentis par le
Ministère pour doter l’Université de Lomé d’un parc
Projets, échéanciers,
Informatique conséquent ?
faisabilité….
2.3. Pensez-vous que ces efforts sont suffisants ?
2.4. Si non, quelles sont les dispositions que vous prenez,
pour combler le vide ?
2.5. Quels sont vos projets à court, à moyen ou à long
Termes pour doter l’UL d’un parc informatique
conséquent?
3. Difficultés et suggestions
3.1. 33.1. Pouvez-vous nous parler des difficultés auxquelles
Les acteurs de l’UL font face dans la mise en place du
LMD ?
3.2. En tant qu’un responsable du Ministère de tutelle des
Universités du Togo, quelles sont les suggestions que vous
A citer
êtes en train de faire pour l’amélioration du LMD à l’UL ?
3.3. Parmi ces suggestions, quelle place faites-vous aux
Nouvelles technologies de l’information et de la
Communication ?
74
Guide d'entretien à l'intention des étudiants de l'Université de Lomé
Questions
Pistes
Note : Notre étude vise à faire l’état des lieux au sujet des TIC et à évaluer leur impact
sur la mise en œuvre du système LMD à l’Université de Lomé. Plus précisément, elle se
propose d’explorer la problématique de l’incurie des TIC sur la réussite ou la non réussite
du LMD à l’Université de Lomé.
1. Etat des lieux
1.1. L’Université de Lomé est depuis 6 ans, dans le système
LMD. Que représente pour vous ce système ?
1.2. Quel est, selon vous, le bilan à ce jour au sujet de cette
reforme ?
1.3. Faites-vous confiance en ce système ?
Si oui ou non, dire pourquoi.
2.
TIC et LMD à l’Université de Lomé
2.1. Que recouvre pour vous la notion de TIC à l'Université de
Lomé?
2.2. Que représentent pour vous les TIC dans
votre formation aux allures du LMD?
2.3. Comment procédez-vous pour avoir accès
aux TIC en tant que moyens d'apprentissage?
2.4. Que savez-vous sur le rôle des TIC dans le
Système LMD ?
2.5. Que vous disent vos enseignants sur ce
rôle ?
2.6. Pensez-vous que l’état actuel des TIC à l’UL
Permet de jouer ce rôle ?
Si oui ou non, dire pourquoi
2.7. Comment procédez-vous pour compléter
Les enseignements reçus en présentiel ?
2.8. Selon vous, le LMD est-il possible sans les
TIC ?
3. Difficultés et suggestions
3.1. Pouvez-vous nous dire les difficultés qui
Entravent, selon vous le bon déroulement du
LMD à l’UL ?
3.2. En septembre 2010, on vous a vu
Manifester contre le LMD. Que lui reprochezvous concrètement ?
3.3. Quelle est selon vous la part de
responsabilité des autorités universitaires dans cette
situation que vous décriez ?
3.4. Avez-vous des suggestions à faire pour l'amélioration Formation des étudiants,
des prestations des institutions qui promeuvent les TIC à vulgarisation des stratégies
des fins éducatives
internes…
à l’UL ?
3.5. Que souhaiteriez-vous voir les responsables de
l'Université de Lomé faire pour la promotion des TIC à desModerniser l'enseignement par les
fins éducatives à l’UL?
TIC…
75
TABLE DES MATIERES
SOMMAIRE ................................................................................................................... 2
REMERCIEMENTS ....................................................................................................... 3
LISTE DES SIGLES ET ABREVIATIONS .................................................................. 4
RESUME ........................................................................................................................ 7
INTRODUCTION .......................................................................................................... 9
1.
Justification et problématique de l’étude ............................................................... 11
1.1.
Les questions de recherche ................................................................................ 13
1.1.1.
La question principale .................................................................................... 13
1.1.2.
Les questions secondaires .............................................................................. 14
Les objectifs de l’étude ...................................................................................... 14
1.2.
1.2.1.
Objectif général .............................................................................................. 14
1.2.2.
Objectifs spécifiques ....................................................................................... 14
1.3.
Les hypothèses de recherche .............................................................................. 15
1.3.1.
L’hypothèse principale ................................................................................... 15
1.3.2.
Les hypothèses secondaires ............................................................................ 15
Intérêt de l’étude ................................................................................................ 16
1.4.
2.
Cadre théorique et conceptuel de l’étude .............................................................. 16
2.1.
TIC, réformes et réorganisations universitaires : quelle approche théorique ?.. 16
2.2.
Définition des concepts opératoires ................................................................... 20
2.3.
La revue de littérature ........................................................................................ 21
3.
Méthodologie de l’étude ........................................................................................ 28
3.1.
Présentation du site de l’étude ........................................................................... 28
3.2.
Type de recherche .............................................................................................. 29
3.3.
Démarche méthodologique ................................................................................ 30
3.3.1.
Échantillonnage ............................................................................................. 30
3.3.2.
Techniques et instruments de recherche ........................................................ 31
76
3.3.2.1.
L’observation directe .................................................................................. 31
3.3.2.2.
L'analyse documentaire .............................................................................. 31
3.3.2.3.
Les guides d'entretien individuel ................................................................ 32
3.3.2.4.
Le guide de discussion de groupe ............................................................... 32
3.4.
Collecte des données .......................................................................................... 32
3.5.
Les limites de l’étude ......................................................................................... 33
3.6.
Les difficultés de terrain .................................................................................... 33
3.7.
Traitement des données...................................................................................... 34
4.
Analyse et interprétation des résultats de l’étude .................................................. 34
4.1.
Le LMD à l’Université de Lomé : contexte, évolution et exigences ................. 35
4.1.1.
Contexte et évolution du LMD à l’Université de Lomé .................................. 35
4.1.2.
Les perceptions des acteurs sur les exigences du système LMD .................... 38
4.2.
4.2.1.
L’état actuel des TIC : Quel impact sur la réussite du LMD à l’UL ? ............... 41
Les TIC à l’UL dans le cadre du LMD : Entre promesses et réalités ............ 41
4.2.2. L’impact de l’incurie et de l’insuffisance des TIC sur l’application du LMD à
l’Université de Lomé ..................................................................................................... 53
5. Quelles stratégies adopter pour faire des TIC, un réel outil au service de la
réforme LMD à l’Université de Lomé ? ....................................................................... 58
5.1. Que doivent faire les autorités politiques du Togo pour accompagner la réforme
LMD sur le plan des TIC ? ........................................................................................... 58
5.2.
Recommandations à l’endroit des autorités universitaires................................. 59
5.3.
Suggestions à l’endroit des enseignants et des étudiants ................................... 61
CONCLUSION ............................................................................................................. 62
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES ...................................................................... 65
ANNEXES ................................................................................................................... 69
TABLE DES MATIERES ............................................................................................ 76
77