« Il nous semble capital de développer et entretenir une relation

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« Il nous semble capital de développer et entretenir une relation
Le Magazine de la Chambre de commerce et d’industrie française en Chine | 中国法国工商会季刊
www.ccifc.org
N.70
été | 夏
Innovation
s
& nouvelle
gies
technolo
CHINE
LABORATOIRE
DU MONDE
Interview exclusive - Fleur Pellerin
« Il nous semble capital de développer et entretenir une relation privilégiée avec le patronat chinois »
Éditorial
DR
Positionner l’innovation au cœur des relations France-Chine
Olivier GUIBERT
Président de la CCIFC
DR
欧技,中国法国工商会
会长
Norbert PALUCH
Conseiller pour la
science et la technologie
à l’ambassade de
France en Chine
包若柏,法国驻华大使馆
科技参赞
Alors que la France et la Chine célèbrent le 50 e anniversaire de
l’établissement de leurs relations diplomatiques, nous avons voulu avec
Connexions nous tourner vers un thème d’avenir, tout en démontrant
que la France n’est pas que le pays du luxe, de la culture et du savoirvivre. C’est vrai mais très réducteur. Cette image encore trop répandue
en Chine — bien qu’elle représente une force pour de nombreuses
entreprises françaises implantées dans l’empire du Milieu — dissimule
bien souvent les savoir-faire de nos entreprises françaises en termes
d’innovation et de nouvelles technologies de pointe.
Il nous apparaît ainsi essentiel pour le renforcement des échanges entre
nos deux pays, de rappeler aux autorités et à la communauté d’affaires
chinoises, les compétences dont disposent les entreprises françaises
évoluant avec ou en Chine, et de démontrer que les technologies
françaises peuvent apporter des solutions concrètes et innovantes aux
défis auxquels la Chine fait face dans plusieurs secteurs clés (santé,
développement durable, aéronautique, numérique).
L’innovation est un thème cher à la France comme à la Chine. Alors
qu’en France elle est le symbole du renouveau industriel, illustré par les
34 plans de reconquête du gouvernement ou encore le concours
mondial d’innovation lancé fin 2013, l’innovation est perçue — à juste
titre — par la Chine comme le nouveau moteur de son développement.
Ainsi, le rythme de l’innovation en Chine s’accélère, faisant du pays
un acteur incontournable du domaine scientifique. Cette montée en
puissance, qui s’accompagne d’un accroissement de la concurrence,
doit-elle nous faire douter de l’intérêt d’intensifier nos coopérations
scientifiques ? Il nous semble plutôt que ce mouvement représente une
opportunité formidable de fortifier les liens franco-chinois et de se
saisir d’enjeux déterminants pour l’avenir de la Chine. Un thème qui
en appelle d’autres, celui de l’environnement légal chinois, surtout en
termes de protection intellectuelle et de transferts de technologies, ou
encore celui de l’éducation, pour former les innovateurs et concevoir
les progrès de demain.
将创新置于中法关系发展的核心地位
值庆祝中法建交50周年之际,我们希望借《联结》杂志共同关注一个引领未来的主题,以展示法国不
仅仅是一个奢侈品、文化与礼仪之邦。这一正确但也片面的认识在中国依旧深入人心,对于众多进驻中国
的法国企业来说,这种形象虽然代表了一种实力,却往往掩盖了法国企业在创新与高新技术方面的优势。
因此我们认为,为了加强两国之间的交流有必要呼吁中国政府部门与中国事务团体重视法国企业同
中方联合发展的,或在华独立发展的技术,同时需要证明法国技术能为中国在卫生、可持续发展、航空及
数字等多个关键领域所面临的挑战提供切实可行与全新的解决方案。
无论对于法国还是中国,创新都是一个极为重要的主题。在法国,创新是工业复兴的象征,政府的34
项振兴计划,或者2013年底推出的国际创新大赛都突显了这一点。在中国,创新也被理所当然地看作发
展的新动力。而且,中国日益加快的创新步伐使该国成为国际科技领域不可或缺的参与者。中国实力的增
长,伴随着竞争力的增强,我们还需要怀疑两国加强科技合作的意义吗?我们更认为这一发展预示着一个
大好机会,我们需要抓住它来加强中法联系并参与中国未来决定性问题的建设中。这一主题还使我们思考
到其他问题,例如中国法律环境(尤其是知识产权保护与技术转移方面的法律)或教育问题(培育创新人
才和构建明日发展)。
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3
Comité de Patronage
Le magazine de la Chambre de commerce
et d’industrie française en Chine
中国法国工商会季刊
Numéro 70, été 2014
Direction de la publication
Michael Amouyal & Marion Sardou
Rédacteur en chef
Pierre TIESSEN, avec Madeleine BARBIER
Graphiste
XIE Bin
Ont collaboré à ce numéro
Raphaël BALENIERI, Edgar DASOR,
Erwan PACAUD, Renaud de SPENS,
Françoise BLÉVOT, HE Feng.
Traducteur
QIN Zhiyu
Comité de relecture :
Commission communication de la CCIFC
Couverture
© Imagine China
Publicités
CHINE DU SUD :
Michaël Bouchut
[email protected]
Pékin :
Frédérique BELLOY
[email protected]
Félix FEI
[email protected]
SHANGHAI & CORPORATE :
Morgan LEFEVRE
[email protected]
Connexions est édité par la CCIFC
C/O UCCIFE
46 Av. de la Grande Armée. CS50071
75858 PARIS Cedex 17
Tél. +(33)1 40 69 37 60
Imprimé par
Beijing Haoxin Advertisement Co., Ltd.
北京昊鑫广告制作有限公司
« Dépôt légal » : avril 2011
Numéro ISSN : 2116-3707
Toute reproduction même partielle des textes et documents parus dans ce numéro est soumise à l’autorisation préalable de la rédaction. La CCIFC décline toute
responsabilité quant aux documents qui lui auraient
été fournis, ou aux erreurs qui auraient pu échapper à
son attention. Les propos tenus dans les articles n’engagent que la responsabilité de leurs auteurs.
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N.70 ÉTÉ | 夏
InnovatIon & nouvelles technologIes
Nicolas Reitzaum
Chine
laboratoire
du monde
Confrontée à de véritables défis scientifiques et technologiques, la
Chine rattrape son retard en R&D et renforce l’innovation sur son
territoire. Le renforcement des politiques en soutien à l’innovation
fait partie des priorités affichées par les autorités chinoises « dans
le programme national à moyen et long terme pour le développement
des sciences et technologies sur la période 2006-2020, produit par le
Conseil des affaires d’État », note l’ambassade de France à Pékin.
Et de préciser : « En dehors du financement direct par le biais
de programmes gouvernementaux, des politiques de stimulation
de l’innovation ont été mises en œuvre dans différents domaines,
tels que la fiscalité, la propriété intellectuelle, l’attraction
des talents, la popularisation des sciences ou encore le
développement de nouvelles plateformes d’innovation ».
Comment les entreprises françaises
peuvent-elles profiter de cet élan ?
Sur quels secteurs en particulier ?
Quelles stratégies adopter ?
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16
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Connexions
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Connexions
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L'ActualitÉ business EN CHINE
L’actualité Business EN Chine 8
Grande Interview : Fleur Pellerin
« Il nous semble capital de développer
et entretenir une relation privilégiée
avec le patronat chinois »12
DOSSIER
Numéro spécial
Innovation & nouvelles technologies
Chine, laboratoire du monde
16
Analyse
Xavier BAILLARD, L’innovation au coeur
des ambitions chinoises 24
exclusif
Interview croisée
Pour accéder au marché chinois,
« il faut faire de la science »28
Lenovo
Une stratégie de micro-innovations
et de méga-acquisitions
32
Analyse
Antoine Mynard, La Chine et
l’innovation : les chaînons manquants
34
17
Imagine China
Imagine China
Dossier spécial
PAROLE à Wang Haofeng
Dassault Systèmes
« L’innovation : notre ADN »37
Analyse
Olivier Dubuis, Transfert de technologie,
Prudence et précaution
38
EDF
R&D, « La Chine offre des
conditions exceptionnelles »40
Veolia
Trois questions à…
Goulven Inial42
50
Novacyt : pleins feux sur la Chine Ip- Label : Le savoir-faire informatique
« made in France » 54
Enquête Ifop :
High-tech : ces tendances qui rapportent
56
ABÉCéDAIRE58
ActualitÉS DE LA CHAMBRE
CCIFC 60
Business Services 62
Antennes 64
Membres 70
AFD
La Chine : « un laboratoire
à grande vitesse »
43
DÉCRYPTAGE
Décryptage
Olivier Vérot, L’exemple de Xiaomi,
une « start-up » qui explose
46
Une des médias Clichés Livres 5 PME françaises INNOVANTES
SAFT : « Un écosystème encore
peu favorable aux entreprises étrangères »48
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74
76
联结
TERAO : Green tech :
l’innovation par “absorption”
50
Ceva : mise sur l’industrialisation
de l’agricole chinoise
科技创新与高新技术
中国,世界实验室78
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会员企业简讯80
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L’actualité
business en Chine
C onj onctu r e
Hausse en mai dernier
de l’excédent commercial
chinois sur un an
(pour un total de
35,92 milliards
de dollars). Une
performance très
nettement au dessus des
prévisions des analystes.
Pour les économistes
de la banque ANZ,
indique La Tribune, « ces
chiffres vont conforter
les Américains dans leur
critique de la politique
monétaire chinoise.
Washington s'inquiète
en effet de voir la Chine
maintenir sa monnaie à
un niveau artificiellement
bas afin de doper les
exportations du pays ».
Number one ?
La Chine — deuxième puissance mondiale — pourrait
dès cette année voler la première place aux ÉtatsUnis, selon une récente étude de la Banque Mondiale.
Un tel scénario — qui était jusqu’alors attendu et
prédit pour 2020 — bousculerait le rapport de
force entre les deux hyper puissances du globe. La
Chine reste un « pays en voie de développement »,
comme aime à le rappeler le régime de Pékin.
Selon Jean-Louis DUFOUR dans les colonnes du
l’Économiste et conformément au classement du FMI
pour 2010, la Chine se situe « au 93e rang pour le PIB
par habitant (7 500 USD), quand les États-Unis sont
6e(47 000 USD), l’Allemagne 19e (36 000 USD), la
France 23e, (34 000 USD), le Japon 24e (33 000 USD) ».
Imagine China
+ 75 %
En ligne
Imagine China
L’internet chinois devient une aire de plus en plus
convoitée des grands groupes alimentaires et autres
géants du e-commerce. Amazon a ainsi investi en
mai dernier 20 millions de dollars, soit 14,7 millions
d’euros dans l’e-commerçant alimentaire chinois
Yummy77. Son but est d’intégrer le catalogue du
shanghaïen dans son site, note Les Échos. Et de
préciser : « les ventes numériques de produits de
bouche sont estimées à 1 ou 2 %. Mais cette part
pourrait grossir jusqu’à représenter un quart ou un
tiers du marché, selon le patron du supermarché
en ligne Yihaodian ». L’épicerie shanghaienne
Fields China est également « en discussion avec des
Imagine China
Une « toile » à croquer
investisseurs », relève le quotidien économique.
« Elle a déjà noué récemment un partenariat avec
un logisticien, ce qui lui a permis d’étendre sa
couverture géographique » sur d’autres provinces.
I L S ONT DIT.. .
D
R
« Certains ont parlé d'un ralentissement de l'économie chinoise et craignent un atterrissage
brutal. Je serai très franc avec vous et aussi très solennel : cela ne se produira pas. »
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ÉTÉ 2014
Li Keqiang, lors de sa visite à Londres mi-juin. Le Premier ministre chinois a souligné que la Chine
n'aurait pas recours à de « puissants stimulus » pour atteindre ses objectifs de croissance, mais qu'elle
comptait plutôt sur des mesures réfléchies et ciblées. Des propos confirmés par le gouverneur de la
Banque populaire de Chine, Zhou Xiaochuan, qui a déclaré être convaincu que la croissance soutenue
et la stabilité financière assureraient la confiance du marché dans la monnaie chinoise, le yuan.
« Made in France » :
la force de frappe
de Alibaba
Nouveau record
de ventes
Selon un rapport du
ministère du Commerce
chinois publié en mai, le
marché des achats en ligne
en Chine a généré une
valeur de 1 850 milliards
de yuans (297 milliards
USD), représentant 7,8 %
de l'ensemble de la vente au
détail l'année dernière. Les
transactions de commerce
électronique ont augmenté
de 26,8 % par rapport à
2012, tandis que la vente
au détail en ligne a bondi de
41,2 %. La Chine comptait en
2013 quelque 300 millions
d’acheteurs
en
ligne.
Nombre de modèles du
groupe PSA vendus en
Chine au mois de mai,
contre 57 700 en France.
C’est la première fois
dans l’histoire du Groupe
que les chiffres de vente
en Chine se retrouvent
ainsi supérieurs à ceux de
l'Hexagone. « Ces données
ne sont pas franchement
une réelle surprise »,
relève Le Monde. « Avec
près de 20 millions de
voitures vendues par an,
le marché chinois est
dix fois plus important
que le français, encore
déprimé par la crise ».
En Chine, PSA détient
désormais 4 % du marché
avec 557 000 ventes en
2013 (loin cependant
derrière Volkswagen et
ses 3 millions d’unités
écoulées la même année).
un communiqué commun.
« Quiconque veut croître rapidement sur le marché online en
Chine devra se faire aider par
Alibaba, qui avec 231 millions
d’utilisateurs actifs domine
l’e-commerce chinois », estime le
site spécialisé retail detail.
Alibaba — qui s’apprête à faire une
entrée fracassante à la Bourse de
New-York — a récemment absorbé
son compatriote UC Web, dont
il contrôlait déjà 66 % des parts.
Imagine China
E-commerce :
Imagine China
Imagine China
P
aris a choisi un partenaire de choix
pour promouvoir le
« made in France »
sur la toile chinoise.
En visite officielle à Shanghai,
Laurent Fabius a ainsi signé
en mai un protocole d’entente
avec Jack Ma (PDG du géant
du e-commerce) afin de mettre
en avant les produits tricolores. « {C’est} une excellente
opportunité pour que davantage de consommateurs chinois
découvrent de nouvelles marques
françaises, à travers un système de distribution moderne »,
a alors estimé le ministre français des Affaires étrangères. Cet
accord permettra ainsi, note
l’AFP, « de renforcer la visibilité
des articles tricolores sur les différentes plateformes d'Alibaba ».
Ce dernier s'engage à accorder aux entreprises françaises « une procédure d'inscription accélérée » sur sa plateforme Tmall, ainsi que des
« services sur mesures » et un
«
soutien
marketing
»
privilégié, est-il indiqué dans
64 300
ag
ine
Ch
ina
« Avec cette nouvelle norme de surveillance de la qualité de l'air, seules 4,1 % des 74 villes ont un
niveau acceptable. Parmi les 256 villes qui sont toujours contrôlées avec les anciens standards,
69,5 % ont décroché une note satisfaisante. La question des pluies acides s'avère très sérieuse dans
les régions du fleuve Yangtsé. 10,6 % du territoire chinois est confronté à ce genre de problème. »
Im
Li Ganjie, vice-ministre chinois de la Protection de l'environnement. La Chine a récemment « déclaré la
guerre à la pollution », tout en reconduisant pour 2014 un objectif de croissance de 7,5 %. Le gouvernement
chinois veut soutenir l’activité, actuellement ralentie, mais il veut dans le même temps, faire évoluer
un modèle de croissance oublieux des questions environnementales. Exercice d’équilibriste.
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Tourisme
Le CIC dans le collimateur
La Cour des comptes chinoise a épinglé, mijuin, le fonds souverain chinois CIC et deux
des plus grosses banques en annonçant jeudi
avoir identifié des irrégularités impliquant
l’équivalent de 3,7 milliards d’euros. Comme
le rappelait alors le quotidien Les Échos,
« ce fonds, China Investment Corporation
(CIC), ainsi que les établissements financiers
Bank of China (BOC) et Agricultural
Development Bank of China (ADBC) auraient
« enfreint les règlements » de façon multiple,
avec notamment des cessions d’actifs et des
facturations frauduleuses ». Le CIC, qui était
fin 2012 à la tête de 575 milliards de dollars
d’actifs, a été mis en place en 2007 avec pour
mission de réaliser des investissements
rentables à partir des colossales réserves
de devises étrangères du pays.
La France se fixe comme « prochain objectif »,
selon Laurent Fabius, d'accueillir 100 millions
de touristes étrangers, contre 83 millions en 2012.
« Le tourisme est la première industrie au monde,
représentant 12 % du PIB mondial et plus de deuxcent-millions d'emplois », et pour la France, « je
pense que nous pouvons nous fixer un objectif à la
fois simple et mobilisateur : nous devons avoir pour
ambition d'être le premier (tourisme) au monde »,
a-t-il précisé aux Assises du tourisme à Paris, en juin
dernier. Pour booster cette fréquentation, Paris mise
sur la clientèle chinoise, de plus en plus nombreuse ;
touristes de plus en plus dispendieux. La Chine
en effet est passée première en 2012 en termes de
dépenses des touristes à l'étranger, avec un total de
plus de 75 milliards d'euros. À l’horizon 2020, plus
2 millions de touristes chinois (contre 1,2 million
actuellement) feront chaque année le voyage en
France, leur destination préférée après les ÉtatsUnis et Singapour.
Imagine China
Imagine China
Objectif 100 millions
Immobilier
D’après Reuters, Les prix
immobiliers dans les principales
métropoles chinoises ont enregistré
en mai leur première baisse
mensuelle depuis juin 2012.
Le prix moyen d'un logement
neuf dans 100 des plus grosses
villes du pays a reculé de 0,32 %
en mai par rapport à avril, à 10.978
yuans (1 306 euros) le mètre carré,
selon le cabinet China Index
Academy qui a réalisé l'étude.
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ÉTÉ 2014
Hôtellerie
Le Club Méditerranée a partiellement
(72 chambres sur 267 au total) ouvert
vendredi 20 juin un troisième village
de vacances en Chine, à Dong'ao
Island sur une île au large de Hong
Kong et Macao, qui sera le premier
village balnéaire du groupe dans ce
pays. Ce village cinq tridents sera
ouvert complètement en novembre.
Le groupe Accor a par ailleurs
ouvert, fin mai, son 19e établissement
Sofitel en Chine ; ce dernier (Sofitel
Legend) se trouve à Xian.
Imagine China
Imagine China
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T ÉLE X
Inflation
La hausse des prix à la consommation
a ralenti en juin à 2,3 % ; une
modération qui pourrait ouvrir la
voie à des mesures accrues pour
stimuler l'activité économique. Ce
ralentissement de l'inflation est un
peu plus marqué que ce qu'attendaient
les analystes. Les mois précédents,
la hausse des prix avait fortement
accéléré, passant de 1,8 % en avril
à 2,5 % en mai, au plus
haut en quatre mois.
Automobile
Selon une étude de PwC, le taux
de croissance annuel en Chine du
secteur des voitures de luxe devrait
être en progression de 11,5 % entre
2013 et 2020, soit près du double de
celui des automobiles de moyenne
gamme. « Quelque trois millions
d'unités de cette gamme devraient
être vendues d'ici 2020 », relève le
magazine Challenges. « Le marché
chinois pourrait même dépasser le
marché américain d'ici 2016 ».
En Chiffres
Réalisé en partenariat avec le Service Économique
Régional de Pékin (ambassade de France)
Téléchargez le bulletin économique mensuel à cette adresse :
https://www.tresor.economie.gouv.fr/Pays/chine/cadrage-general + 2,0 %
ÉCHANGES COMMERCIAUX :
les importations chinoises de
biens ont augmenté de 2,0 %
tandis que les exportations ont
diminué de 3,5 % en USD et en
g.a. au premier trimestre 2014.
+ 2,3 %
INFLATION : l'indice des prix à
la consommation a enregistré une
croissance moyenne de 2,3 % en g.a.
durant le premier trimestre 2014.
+ 10,3 %
SALAIRE MOYEN : le
salaire nominal moyen a
augmenté de 10,3 % (en g.a.)
au premier trimestre 2014.
200
71
Nombre d’entreprises
françaises représentées au salon
international de l’agroalimentaire
à Shanghai (en hausse de
14 % par rapport à 2013).
3 millions RMB
Nouveau plafond d’indemnisation en cas d’utilisation
illicite des marques (soit six fois
le niveau précédent) selon la loi
révisée sur les marques entrée
en vigueur le 1er mai 2014.
Croissance du PIB : 7,4 %
La croissance du PIB chinois s’est établie à 7,4 % au premier
trimestre 2014 (en g.a., glissement annuel, c’est-à-dire par rapport
au premier trimestre 2013).
Consommation
+ 11,8 %
Les ventes de détail ont augmenté en moyenne de 11,8 % (en g.a. et
en valeur nominale) durant le premier trimestre 2014.
millions
Nombre de passagers transportés par la ligne TGV Pékin-Shanghai au
13 avril 2014 (soit environ 200 000 passagers par jour depuis sa mise
en service le 30 juin 2011).
100 Mds USD
Stock d’investissements directs étrangers chinois sur le continent
africain à l’horizon 2020 selon l’objectif annoncé par LI Keqiang le
5 mai dernier à Addis-Abeba.
1
Md
USD
Depuis le 8 mai 2014, conformément à l’annonce
de la NDRC, seuls les investissements chinois
à l’étranger de plus de 1 Md USD sont soumis à
une demande d’autorisation préalable (pour les
autres, elle sera remplacée par une procédure
d’enregistrement).
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ÉTÉ 2014
11
Grande Interview
F leur
Pe ller i n
Nicolas Reitzaum
Secrétaire d’État chargée
du Commerce extérieur
« Il nous semble capital de
développer et entretenir
une relation privilégiée
avec le patronat chinois »
Fleur Pellerin détaille pour Connexions la
rénovation du dispositif public d'accompagnement
des entreprises à l'international et analyse les
opportunités des entreprises tricolores en Chine.
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connexions
ÉTÉ 2014
Connexions : Vous êtes venue en Chine
pour appuyer l'image de la France
en tant que puissance économique,
industrielle et technologique. Une
mission difficile ?
Fleur Pellerin : Au cours de mon
déplacement en Chine, je me suis rendue compte
que la France jouit d'une image très forte, mais
que celle-ci tourne plus autour de son art de
vivre que du dynamisme de ses entreprises. Mon
premier objectif est bien entendu de changer
cette perception et de faire connaître l'excellence
de nos entreprises et l'intérêt pour les Chinois
de leur faire confiance. Pour l'atteindre, notre
premier atout, ce sont les 2 200 implantations des
1 600 entreprises françaises présentes en Chine.
Leur succès est la meilleure démonstration
que nous disposons d'une offre industrielle et
technologique de haut niveau, propre à répondre
aux attentes des entreprises chinoises.
Elles répondent aux besoins de l'économie
chinoise qui accompagnent l'émergence
d'une classe moyenne de masse, en matière
d'équipements, de transports, de technologies
de pointe, de santé, de produits et de solutions
agroalimentaires. Aux côtés de nos grandes filières
classiques d'excellence — luxe, automobile,
aéronautique, métallurgie et mécanique, énergie,
les filières, ou familles, prioritaires que nous
avons identifiées et structurées pour stimuler
notre commerce extérieur — « mieux se soigner »,
« mieux communiquer », « mieux vivre en ville »,
ou « mieux se nourrir » — rassemblent des
opportunités considérables pour répondre à cette
demande nouvelle et donnent de la visibilité à
notre offre industrielle et technologique.
Vous avez également participé le 20
avril au 7e Green Companies Summit
de
Nanning,
événement
visant
à promouvoir le développement
économique durable, et dont la France
était l'invitée d'honneur. Est-ce un
secteur synonyme d'opportunités pour
les sociétés tricolores ?
Ce déplacement en Chine a constitué ma
première mission en tant que Secrétaire d'Etat
chargée du Commerce extérieur, de la promotion
du Tourisme et des Français de l'étranger, moins
de deux semaines après ma nomination. Le 7e
Green Companies Summit, organisé par le China
Entrepreneur Club, a rassemblé à Nanning des
chefs d'entreprises chinois et internationaux de
très haut niveau. Dans le cadre de l'action menée
par le gouvernement en faveur du renforcement
de l'attractivité de la France, il nous semble
capital de développer et d'entretenir une relation
privilégiée avec le patronat chinois. Le CEC a été
reçu par le Président de la République en juin
2013. Ma présence à cet événement témoigne de
notre intention d'inscrire cette relation dans la
durée.
J'y étais accompagnée par une délégation
d'une quinzaine d'entreprises françaises
organisée par le Comité France Chine et
menée par Jean-Pascal Tricoire, président
du directoire de Schneider. J'encourage les
entreprises françaises à renforcer leurs efforts
de développement de partenariat avec des
décideurs chinois. Il importe désormais de
mettre en œuvre sur le terrain notre stratégie
du commerce extérieur.
La famille à l'export « Mieux vivre en ville »
(sous le label « Vivapolis »), réunie autour de
sa fédératrice Michèle Pappalardo, doit
permettre de fédérer l'offre françaises dans le
domaine de la ville durable afin que l'équipe
de France soit capable de proposer une offre
intégrée en réponse aux appels d'offres lancés
par les municipalités chinoises. Les offres ainsi
constituées en réponse aux marchés que les
villes de Wuhan, Shenyang et plus récemment
Chengdu ont lancés font l'objet d'un fort
soutien des autorités locales chinoises.
La Chine est-elle une « nation où il
fait bon investir » (comme vous avez
récemment qualifiée la France) pour
ces entreprises French Tech ?
La Chine recèle de grandes opportunités,
mais seulement pour ceux qui préparent leur
implantation avec la plus grande rigueur.
La Chine est un marché complexe, dont les
usages et les modes de fonctionnements sont
différents de ceux qui existent en France.
Cela ne veut pas dire qu'il faille faire l'impasse
sur un marché de 1,3 milliard d'habitants.
Mais cela rend d'autant plus nécessaire pour
les entreprises intéressées de s'appuyer
sur l'ensemble des structures en Chine
pour l'accompagnement des entreprises :
services de l'ambassade, Ubifrance, Sopexa,
CCI, CCEF, régions, acteurs privés. Je les
ai rencontrées au mois d'avril, et je peux
témoigner de leur expérience et de leur
professionnalisme. Ce sont des ressources
précieuses pour les entreprises, et j'encourage
chacune à s'adresser à elles.
Le gouvernement français entend-il
les accompagner différemment afin
qu'elles puissent pénétrer davantage le
marché chinois ?
Le gouvernement français
1/2 a engagé une
rénovation du dispositif public d'accompagne170x125
ment des entreprises à l'international. Cette
rénovation va se traduire par la fusion entre
Ubifrance et l'AFII mais elle ne s'arrêtera pas
là. J'engage des étapes nouvelles notamment
par un dialogue et un diagnostic partagé entre
les deux grands réseaux que sont Ubifrance
et l'AFII, d'un côté, et les CCI, de l'autre. En
Chine comme ailleurs, le dispositif d'appui
aux entreprises doit être rendu plus lisible et
« Notre premier atout,
ce sont les 2 200
implantations des 1 600
entreprises françaises
présentes en Chine.
Leur succès est la
meilleure démonstration
que nous disposons
d'une offre industrielle
et technologique de
haut niveau, propre à
répondre aux attentes des
entreprises chinoises »
encore plus performant. Chaque membre de
« l'Équipe de France de l'export » doit connaître
son rôle et sa place, pour des prestations claires,
accessibles, homogènes et de qualité. Cela
permettra d'améliorer encore le service rendu
aux entreprises françaises et le marché chinois
sera un des premiers à en bénéficier.
Nous ne partons pas de rien : de nombreuses
initiatives positives ont déjà été lancées depuis
deux ans. Il faut consolider et amplifier ce
qui fonctionne et compléter le dispositif par
de nouvelles actions. Mon approche se veut
à la fois pragmatique et volontariste. Je me
concentre sur des solutions pratiques qui
répondent aux attentes des entreprises, qui
doivent être encore davantage placées au
centre du système. Je pense notamment au
French Tech Hub développé à San Francisco
et qui doit être créé en Chine pour soutenir
nos entreprises les plus innovantes. J'envisage
également d'initier une « plate-forme export
Chine » dans nos grands ports français où
les PME pourront trouver toutes les facilités
pour exporter en mutualisant les coûts et en
réduisant la complexité des opérations.
Le gouvernement entend également
accompagner plus d'entreprises chinoises
à investir en France, les investissements
chinois n'étant pas au niveau de nos relations
politiques et économiques. Les entreprises
qui investissent en France sont en grande
majorité satisfaites de leurs opérations et
réinvestissent dans notre pays. Les deux fonds
d'investissements franco-chinois, dont l'un
créé lors de la visite du Président Xi Jinping en
France en mars dernier, doivent y contribuer.
On sait qu'une telle action en faveur de
l'attractivité exerce une influence positive sur
nos exportations.
D'autres initiatives sont naturellement
possibles et je souhaite que cette année de
célébrations du cinquantenaire de nos relations
diplomatiques soit l'occasion de mettre en
valeur les secteurs sur lesquels nous pouvons
travailler ensemble avec notre partenaire
chinois, afin d'approfondir notre partenariat.
Propos recueillis par Marion Sardou et
Pierre Tiessen
La French Tech en quelques mots
La French Tech a été lancée en novembre
2013 et a pour ambition d’accélérer la
croissance des start-up numériques et
de renforcer l’attractivité de la France
dans la course mondiale à l’innovation.
Il s’agit d’une initiative soutenue par le
Programme d’Investissements d’Avenir à
hauteur de 215 millions d’euros.
Pour atteindre ces objectifs, la French
Tech a été structurée autour de trois
leviers :
• Labellisation : les métropoles développant un écosystème dynamique
d’entreprises numériques et portant
un projet ambitieux de croissance et de
visibilité internationale seront identifiées et distinguées par le label French
Tech.
• Accélération : l’État disposera d’une
enveloppe de 200 millions d’euros
pour soutenir et accélérer des initiatives privées portées par des entrepreneurs du numérique présentant un
modèle économique viable.
• Attractivité : les écosystèmes labellisés seront mis en réseau dans un effort de marketing et de promotion de
la French Tech à l’international. Une
enveloppe de 15 millions d’euros sera
consacrée à cet effort.
connexions
ÉTÉ 2014
13
DR
Regard d’un professionnel du trading
Innover sur les
marchés financiers
Int e r v i e w
Bernard
P r ats - D e s c la u x
Trad e r
Connexions : Quelles ont été les évolutions
du métier de trader ?
Depuis la crise financière, le phénomène
de remplacement des traders par des robots
de trading pour les tâches d’achat et de
vente sur les marchés n’a fait que s’accélérer.
Le high frequency trading a aussi pris de
l'ampleur et on note un clair changement sur
certains comportements et la disparition de
liquidités à certains moments de la journée
(le flash krach du 6 mai 2010 en étant le triste
symbole). En résumé, comme dans toutes les
professions, le métier de trader n'échappe
pas aux progrès, bons au mauvais. Si certains
s'en émeuvent, il convient surtout d'en tenir
compte dans nos actions au quotidien.
C. : Quelle est la réalité des marchés
financiers ?
Depuis les attentats de 2001, les marchés
sont essentiellement guidés par les actions
des banques centrales. Ainsi, en ayant
laissé le robinet des liquidités ouvert trop
longtemps, la Réserve Fédérale américaine
a eu une part de responsabilité forte dans
la crise de 2007. Aujourd’hui, les mesures
d’assouplissement mises en place par la BCE,
la politique Abenomics au Japon et les plans
d'assouplissement monétaire quantitatif
aux États-Unis (QE), laissent craindre la
création d’une nouvelle bulle sur les actifs
dits risqués, notamment sur l'obligataire des
pays périphériques en Europe, mais aussi sur
certaines classe d'actifs des marchés actions,
comme on a pu le voir en début d'année avec
le secteur des biotechs et des valeurs internet.
14
connexions
ÉTÉ 2014
Bernard PRATS-DESCLAUX a plus de 20 ans
d’expérience en tant que trader de produits dérivés
( futures et options). Il expose pour Connexions sa vision
des marchés et ses solutions innovantes d’investissement.
« J’ai voulu quitter cet
environnement formaté de
gestion car j’estimais qu’il
limitait les possibilités de
performance et chargeait
trop les clients en frais. Je
m’inscris aujourd’hui dans
un projet novateur qui
doit privilégier le résultat
rendu au client et dans le
cadre des FinTechs, ces
startups qui commencent
à révolutionner le
monde de la finance. »
C. : Pourriez-vous nous présenter votre
parcours ?
J’ai été trader pour compte propre pendant
dix ans ce qui est une excellente école car l’on
apprend réellement la maîtrise du risque et la
valeur des capitaux que l’on a en gestion. Je
crois que c’est grâce à cet apprentissage que
j’ai réussi ensuite à performer régulièrement
sur les marchés car je n’ai jamais considéré
que la bourse était un jeu, que les marchés
étaient un casino électronique.
Dès 2004, j’ai commencé à jouir d’une
bonne réputation dans le milieu du trading
grâce à mes interventions et surtout grâce à
mes performances puisque dans une période
plutôt délicate pour nombre de traders et
d’investisseurs, j’avais réalisé un résultat de
164 % sur une année civile et de près de 300 %
sur dix neuf mois, résultats que je publiais
quotidiennement sur un site internet et
mon ancien blog www.atbfinance.net. Cette
exposition a attiré l'intérêt des éditeurs
d'ouvrages financiers et boursiers et des
professionnels.
C’est ainsi que j’ai été recruté en tant que
trader dans un Hedge Fund, Hermés Alpha
Fund. Après quelques mois, devant les
piètres résultats de l’équipe de gestion, j’ai
été convoqué par le board en réunion qui m’a
annoncé le licenciement du directeur du fonds
et m’a demandé de prendre la responsabilité
de la gestion du fonds et de l’équipe de traders.
Je suis resté dans la gestion alternative durant
sept ans.
C. : Pourquoi avoir souhaité évoluer vers
la gestion pour compte propre ?
J’ai voulu quitter cet environnement
formaté de gestion car j’estimais qu’il
limitait les possibilités de performance et
chargeait trop les clients en frais. Je m’inscris
aujourd’hui dans un projet novateur qui
doit privilégier le résultat rendu au client et
dans le cadre des FinTechs, ces start-up qui
commencent à révolutionner le monde de
la finance. Pour cela, je suis en train de créer
avec Éric OMS — trader depuis huit ans à
Pékin — et des partenaires financiers, une
société de gestion.
L’idée est de travailler sur des investissements
à court terme, essentiellement des positions
intradays, autrement dit, ouverture et clôture
des positions dans la journée, à partir de
stratégies algorithmiques propriétaires que
j’ai développées depuis près de quinze ans.
Nous avons démarré un compte de gestion
pour compte propre depuis le 1er octobre 2013
afin de valider notre expertise commune
pour nos futurs clients. Pour indication, à
ce jour, la performance est de 26,7 % avec
un drawdown (perte maximale atteinte sur
la période) de 7,6 % (soit une performance
annualisée en cours de près de 40 %). Mon
objectif est clair, il n’est pas celui d’une
recherche de performance à tout prix mais
bien de maximiser le couple rendement/
risque sur des périodes annuelles. En termes
simples, il s’agit de dégager le maximum
de performance tout en ayant toujours en
tête que l’essentiel reste la sécurisation des
avoirs, la préservation du capital et donc la
gestion des risques encourus. Dès le premier
juillet, nous lancerons la dernière version de
nos stratégies de trading et nous publierons
nos résultats mensuellement, audités par
notre intermédiaire financier, de manière
totalement transparente.
techniques spécifiques. Les marchés sont
scannés par un logiciel d’analyse technique et
de programmation qui s’appelle NinjaTrader
et qui permet de travailler multi-sous-jacents
et multi-timeframes afin de détecter des
débuts de tendance dans un cadre de trading
de type trend-following. La prise de décision
est ensuite manuelle afin de laisser au trader
discrétionnaire la possibilité de décider si
l’environnement global se prête à l’ouverture
de position ou pas. À ce jour, les robots seuls
n’ont pas encore réussi à surperformer
l’humain, mais ils sont une aide précieuse.
C. : Quelle est votre méthodologie?
Nous travaillons à partir d’algorithmes
de trading qui détectent des configurations
C. : En quoi votre approche est-elle
innovante ?
Il faut bien reconnaître que la finance
n’a pas toujours bonne presse et même s’il
y a des excès dans les critiques, certains
comportements indécents nuisent à l’image
de la communauté financière. Mon idée est
simple et mes engagements forts.
Il s’agit d’avoir une approche du métier
cohérente, autrement dit, il est logique d’être
rémunéré dès lors que la performance est là.
Notre engagement sera donc de supprimer
tous les frais de gestion ainsi que tous les
frais indirects qui parfois n’apparaissent pas
clairement, afin de rendre au client toute
la performance réalisée. En contrepartie,
notre future société de gestion recevra une
rémunération basée uniquement sur le
résultat. Autrement dit, nous acceptons de
dire clairement à nos clients que si nous ne
sommes pas suffisamment bons pour ne
pas dégager des résultats trimestres après
trimestres, nous n’avons pas à recevoir des
commissions. C’est une assurance forte, un
engagement clair vis-à-vis de tous les futurs
clients qui nous ferons confiance.
Nous avons choisi de travailler avec
Activtrades pour le dépôt des fonds, un des
meilleurs courtiers de la place londonienne
car il assure les comptes clients à hauteurs de
500 000 £. Dans un contexte toujours tendu
de crise latente, c’est un argument fort et
décisif.
Notre solution s’adressera donc aussi, bien
évidemment, aux communautés d’expatriés
en recherches de solutions d’investissement
innovantes, dès que nous aurons finalisés
l'obtention de tous les agréments, d'ici
quelques mois.
Contact :
www.bpdtrading.com
Bernard PRATS-DESCLAUX
a publié en 2008 aux éditions
Eyrolles le livre « Trading
et contrats futures ».
Propos recueillis par M. S
connexions
ÉTÉ 2014
15
Innovation & nouvelles technologies
Chine
laboratoire
du monde
Confrontée à de véritables défis scientifiques et technologiques, la
Chine rattrape son retard en R&D et renforce l’innovation sur son
territoire. Le renforcement des politiques en soutien à l’innovation
fait partie des priorités affichées par les autorités chinoises « dans
le programme national à moyen et long terme pour le développement
des sciences et technologies sur la période 2006-2020, produit par le
Conseil des affaires d’État », note l’ambassade de France à Pékin.
Et de préciser : « En dehors du financement direct par le biais
de programmes gouvernementaux, des politiques de stimulation
de l’innovation ont été mises en œuvre dans différents domaines,
tels que la fiscalité, la propriété intellectuelle, l’attraction
des talents, la popularisation des sciences ou encore le
développement de nouvelles plateformes d’innovation ».
Comment les entreprises françaises
peuvent-elles profiter de cet élan ?
Sur quels secteurs en particulier ?
Quelles stratégies adopter ?
Dossier spécial
16
Connexions
ÉTÉ 2014
Connexions
ÉTÉ 2014
17
Bull : objectif Chine
Présent en Chine depuis 1993, le
groupe français (9 200 salariés
dans le monde pour 1,3 milliard de
chiffre d’affaires) entend s’attaquer
au marché local. C’est en tout cas la
mission confiée à Chen Yan, general
manager Chine de l’entreprise, en
poste depuis janvier dernier. « En
Chine, nous travaillions jusqu’alors
pour le Groupe dans le développement
et la maintenance de nos logiciels1 »,
confie-t-elle. « Nous allons à présent
renforcer nos relations avec nos
partenaires chinois ».
Avec la volonté de développer
les affaires sur le marché des
smart-city notamment mais aussi
la sécurité, « un sujet très important
en Chine », souligne Chen Yan.
1. Le Groupe Bull développe des logiciels très
innovants de gestion pour les administrations
publiques, les télécoms, les grandes entreprises
de transport, l’énergie, la défense, etc.
Page précédente : Imagine China
« PM2.5 free »
Ce n’est pas un nom de code mais un
cap d’innovation à atteindre dans une
Chine urbaine gravement touchée par
des problèmes de pollution — Pékin
et Shanghai en particulier, mégapoles
régulièrement noyées sous les
particules fines, type PM2.5. Et c’est
pour un certain nombre d’entreprises,
un créneau particulièrement porteur.
« Proposer des logements « PM2.5 free »,
qui filtrent entièrement ces particules
est véritablement l’enjeu d’ici à deux ou
trois ans », soutient ainsi Alexandre
Credoz, directeur R&D de Aldes en
Chine, entreprise familiale lyonnaise
spécialisée dans la VMC, créée en
1925 (230 millions d’euros de chiffre
d’affaires (CA), dont 80 % en France).
Proposer des solutions pour chasser
ces particules des logements neufs et
en renovation, est de fait un critère
de différenciation important. « Nous
sommes sur un marché de système
centralisé qui amène l’air — purifié sur
un seul point — dans toutes les pièces
et extrait l’air pollué vers l’exterieur»,
détaille le Français. L’entreprise qui
réalise aujourd’hui 6 à 7 millions
d’euros de son CA en Chine s’est
fixée pour objectif de multiplier
par deux ce volume d’ici à 2016.
18
Connexions
ÉTÉ 2014
L
a Chine, « un paradis pour
chercheurs », s’enthousiasme un
ingénieur français, fasciné par
les moyens déployés par Pékin
pour booster la recherche. « La
dynamique y est incroyable ».
Et ce, dans tous les domaines jugés prioritaires : l’agriculture, les biotechnologies,
l’énergie, l’urbanisation dite « durable »,
l’environnement, etc. Là, l’argent et les projets
coulent à flot… La Chine serait-elle devenue,
en moins de dix ans, l’Eldorado mondial
pour laborantins en tous genres ? Elle ne
consacre pourtant que « 2,09 % de son PIB1 »
à la R&D, précise la délégation de l’Union
européenne (UE) à Pékin. Effet de taille
oblige, le résultat est néanmoins surprenant.
Les progrès dans la science et les technologies
notamment y sont « sans précédent ». « Il y a
en Chine un énorme prestige lié à l’innovation
et à la recherche », précise Phong Nhuyen,
directeur du LIAMA (Laboratoire SinoEuropéen d'Informatique, d'Automatique
et de Mathématiques Appliquées, voir p. 59).
« Les gens sont prêts à investir sur des projets
innovants ! »
« Point de bascule »
Une dynamique qui impacte quantité
d’entreprises qui veulent croire à une Chine
DR
Repères
P ar o l e à
Innovation,
ce que pèse l’Europe
Fran k Zhan g
Chargé d’affaires grands comptes ventes et
marketing
Saint Gobain Sekurit
24 %
des dépenses
mondiales en
recherche
32 %
des publications
à fort impact
32 %
des demandes
de brvets
Imagine China
high-tech et innovante. « Nous sommes à un point
de bascule où la Chine n’est plus l’usine du monde ;
elle ne se contente plus d’imiter. Dans le domaine
du numérique en particulier, elle développe
ses propres logiques, ses propres services »,
argumente Thomas Alix, directeur consulting
et digital Chine du groupe Keyrus, présent à
Shanghai depuis trois ans, spécialisé dans la
Business intelligence, le commerce digital et le
big-data analytic. « On voit clairement émerger
en Chine des usages différents » de ceux en place
en Europe. Cet écosystème — dans lequel le
digital « est un driver d’innovation très fort » —
vit sa propre vie, dixit Thomas Alix. Mieux :
« sur certains usages, la Chine est en avance »,
Chiffres présentés lors du symposium
« Enseignement supérieur, recherche,
innovation – La coopération
franco-chinoise en mouvement » qui s’est
tenu à Pékin les 19 et 20 juin 2014, par
Pierre Vialatte (Head, Science,
Technology and Environnement Section ;
EU Delegation to China and Mongolia).
soutient le Français. Un constat que partagent de
nombreux experts. « Ca va décoller », prédit pour
sa part Mathieu Verove, directeur Chine de
Ecritel, ETI spécialisée dans l’hébergement de
site internet et le développement d’applications
e-commerce, qui a ouvert une filiale à Shanghai
(quinze personnes sur place) en 2008. Un
décollage programmé avec l’amélioration
des connectivités internet sur l’ensemble du
territoire et la montée en qualité du réseau.
« Les Chinois avaient il y a peu un certain
retard dans les nouvelles technologies mais ils
le rattrapent à une vitesse impressionnante »,
constate lui aussi Mathieu Verove. Les
consommateurs « prennent de plus en plus
L’innovation, un moteur
« L’innovation est le moteur de notre
croissance en Chine ; moteur qui nous
permet de nous différencier de nos
concurrents, qu’ils soient locaux ou
internationaux.
L’innovation permet en effet pour SaintGobain Sekurit d’offrir aux constructeurs
automobiles des solutions adaptées au
design de leurs véhicules mais aussi
adaptées à leur effort de réduction des
coûts. L’innovation apporte également de
la valeur au client final, avec davantage de
sécurité, de confort, de design.
{…} Nous nous appuyons pour cela sur
notre réseau R&D mondial, ainsi que
sur notre centre de recherche local basé
Shanghai où travaillent plus de 300
chercheurs expérimentés. En tant que
fournisseur de verre automobile, nous
travaillons beaucoup dans le domaine de
la gestion de la chaleur, la sécurité, et le
confort. Nous avons également examiné
toutes les possibilités pour remplacer l'acier
par du vitrage transparent, afin d'offrir un
espace intérieur plus lumineux tout en
améliorant le confort thermique et la vie
privée.
{…} Avec la forte croissance du marché
automobile en Chine, l’innovation
prend une place très importante et le
gouvernement central met en place
des politiques incitatives pour booster
l’innovation — politiques qui s’adressent
non seulement aux sociétés locales mais
qui profitent également aux entreprises
internationales comme la nôtre. Au fil des
années, nous notons par ailleurs que la
propriété intellectuelle est mieux protégée
en Chine. Mais il reste beaucoup à faire.
Certains de nos concurrents développent
ainsi des applications qui sont la copie des
nôtres ou d’autres brevets.
{…}Pour Saint-Gobain Sekurit, la Chine
est un pays très important en termes
d'innovation et de R&D. Les constructeurs
automobiles internationaux développent
de plus en plus de voitures adaptées
spécialement pour le marché chinois et ceci
est inévitablement un appel pour innover
localement. Cela peut paraître évident mais
on ne peut pas innover en Europe pour des
besoins en Chine ».
Connexions
ÉTÉ 2014
19
L’Oréal
L’innovation
permanente
Ce que représente la Chine pour le
premier groupe cosmétique mondial ?
« C’est un marché absolument stratégique »,
tranche Stéphane Ortiz, responsable
R&I (Research & Innovation) du groupe
en Asie. C’est bien sur ce pays-continent
— entre Shanghai, Pékin, la Chine du Sud
et les régions du centre — que le Groupe
entend capter un maximum du nouveau
milliard de consommateurs qui, espère
son état major, achèteront des produits
L’Oréal en 2025. Au cœur de cette
stratégie de conquête : l’innovation, alors
que le Groupe compte déjà en Asie trois
pôles de recherche (en Inde, à Tokyo et à
Shanghai, lequel est ouvert depuis 2005),
tous à vocation mondiale.
« Nous développons un modèle
d’innovation unique, basé sur la science
et aussi sur le choix de l’entreprise de
focaliser exclusivement sur le bienêtre et la beauté, ce qui fait partie
de l’ADN de la société. Ce n’est donc
pas une approche multi-secteurs »,
précise Stéphane Ortiz.
Stratégie amont/aval
Concrètement, l’Oréal investit 3,5 %
de son chiffre d’affaires dans la recherche
et l’innovation. « En amont, nous
privilégions la recherche avancée et
appliquée afin de maximiser les effets des
actifs — nous travaillons en Chine sur la
connaissance de la peau chinoise, et des
modèles uniques de peau reconstruite
développées dans notre Centre de
Recherche à Shanghai permettent d’évaluer
l’efficacité de nouvelles molécules...
En aval, nous appliquons les résultats
de ces recherches sur des catégories de
produits. Pour les shampoings et les
traitements des cheveux par exemple, les
technologies sont très spécifiques ». Ou
encore les produits de soin, avec un travail
appuyé sur les effets de blanchiment,
d’hydratation, de nettoyage du visage,
mais aussi de maquillage du teint et des
lèvres. « Nous avons tout un ensemble de
dispositifs qui étudient les caractéristiques
des peaux chinoises et des cheveux chinois
au service de l’innovation pour ce pays ».
Stratégie inévitable tant le marché
chinois est « extrêmement compétitif »…
P. Ti
20
Connexions
ÉTÉ 2014
conscience de la force du réseau internet avec
notamment l’arrivée de la fibre optique dans
les grandes villes ». Mais pour profiter de cet
élan sur le numérique, il vaut mieux, conseille
Thomas Alix, « faire preuve d’humilité, et bien
comprendre comment la société chinoise vit et
pense l’innovation, dans le digital notamment ».
Atout stratégique
Pour nombre de PME/ETI françaises,
l’innovation reste au cœur de leur stratégie
de développement, selon une dernière étude
CCI International2. À la question, quels sont
les principaux enjeux stratégiques de votre
entreprise, 30 % misent sur l’innovation de
leurs produits et de leurs services (et 11 % sur
les nouvelles technologies). Surtout, 86 %
des
structures
interrogées
estiment
« que l’innovation est un atout pour se développer
à l’international ». Et en Chine, reconnaît
Lin Ping, « ça bouge dans tous les sens ».
Pour le general manager Chine de Micropole
(groupe de Business intelligence et services
informatiques, créée en 1988 — 1 300 salariés —,
présent en Chine depuis 2011), « le marché n’est
pas encore saturé, ce qui permet aux compétiteurs
locaux d’être très réactifs et particulièrement
innovants. Dans le BtoC par exemple, il y a des
idées intéressantes à prendre même si nous
remarquons plus de faiblesses sur le BtoB ».
Imagine China
Le robot Pepper,
développé par la
société française
Aldebaran
basée dans le
Shandong (voir
abécédaire p. 59).
Écosystèmes brouillés
Quoiqu’il en soit, l’innovation reste le grand défi
d’une Chine longtemps portée par un modèle
low-cost et qui cherche aujourd’hui à valoriser le
travail de ses armées d’ingénieurs. Seulement,
les écosystèmes d’innovation proposés
peuvent présenter « des chaînons manquants »
(voir l’article de Antoine Mynard, p. 34).
Même si les clusters chinois sont très visibles
et que l’argent privé injecté dans certains
parcs technologiques permet une très bonne
interaction des chercheurs avec le monde de
l’entreprise, il est en effet parfois difficile de s’y
retrouver. « La parcellisation de cet écosystème
chinois donne certes beaucoup de souplesse
DR
« Nous sommes à un
point de bascule où
la Chine n’est plus
l’usine du monde ;
elle ne se contente
plus d’imiter.
Dans le domaine
du numérique en
particulier, elle
développe ses
propres logiques, ses
propres services»,
argumente Thomas
Alix, directeur
consulting et
digital Chine du
groupe Keyrus.
Trois questions à…
Paul Ran jart
Avocat à la Cour, spécialiste des
questions de propriété intellectuelle.
Cabinet Wan Hui Da.
www.wanhuida.com
Propriété intellectuelle
« Personne n'est à
l'abri de tout pillage »
Le droit chinois en matière de propriété intellectuelle
évolue-t-il ?
Il évolue constamment. La Loi sur les marques de 1982 a été
révisée trois fois : 1993, 2001 et récemment. La troisième révision
vient d'entrer en vigueur le 1er mai dernier. La loi sur les brevets
a également été révisée trois fois déjà, et le Conseil des Affaires
d'État vient de commencer la discussion sur une quatrième
version qui s'attache à renforcer les moyens de l'administration,
pour la mise en œuvre des droits de brevets. Par ailleurs, la Cour
Suprême émet régulièrement des « Interprétations », qui servent
de guide (sorte d'équivalent de jurisprudence) aux tribunaux
inférieurs. Les Cours de Pékin ou de Shanghai émettent
également des « opinions », ou des « guidelines », pour exprimer
leur avis sur la manière dont tel ou tel problème doit être traité.
Les procédures sont-elles plus efficaces qu'auparavant ?
Le droit est appliqué, d'une manière générale, d'une façon
globalement satisfaisante. Mais il est difficile de prévoir à
l'avance, avec une raisonnable marge de certitude quelle
sera l'issue d'un procès. On peut citer d'excellentes décisions
comme d'autres très... surprenantes. De nombreux paramètres
entre en jeu, qui tiennent au fait que, structurellement,
les juges sont placés sous la tutelle des congrès locaux.
L'application du droit est un paramètre très important, certes,
mais pas le seul. Quant aux services de l'administration,
heureusement qu'ils existent (surtout pour les marques),
et permettent de « nettoyer ». L'efficacité reste limitée,
cependant. En revanche, le projet de renforcer les pouvoirs
de l'administration des brevets pour la monter au niveau
des AIC (marques) est très contesté. Ce sont des sujets trop
techniques, et qui devraient rester de la compétence des juges.
Un investisseur étranger nouvellement installé en Chine
peut-il dans ce contexte se sentir « à l'abri de tout pillage »
selon vous, au moins suffisamment protégé ?
Personne n'est à l'abri de tout pillage. Il faut s'organiser
pour affronter le pire. Moyennant quoi, les derniers sondages
effectués auprès des entreprises européennes, ont fait glisser
la contrefaçon en dehors des préoccupations primordiales
des entreprises. Cela reste un problème mais on « vit avec »...
Propos recueillis par P. Ti
Connexions
ÉTÉ 2014
21
mais pose des problèmes d’indentification des
bons acteurs », relève ainsi Jean-François
Di Meglio, directeur de Asia Centre.
« À côté des mastodontes, il y a en Chine une
poussière de PME très innovantes mais leur
cartographie est difficile à faire », et peut s’avérer
très coûteuse… « Dans ces conditions, il faut être
particulièrement décidé pour travailler avec la
R&D chinoise. Qui peut le faire ? D’abord, les
grands groupes,lesquelsn’ont pastousenvie de trop
collaborer avec des entreprises locales ». Pour des
raisons souvent de partage technologique. Car,
de ce point de vue, la Chine reste pour beaucoup
une destination à risque. Et la délégation de
l’Union européenne de réclamer un meilleur
« accès au marché et une plus grande protection
— sur la question de la propriété intellectuelle par
exemple — pour nos produits et investisseurs ».
Le coût de la recherche
D’autres experts insistent sur la nécessité
de mieux informer les entreprises tricolores
innovantes souhaitant « miser » sur la Chine.
Sur ce point, « la France manque de politique
forte » estime Me Nicolas Coster, du cabinet
d’avocats Lefébure Coster Avocats à Shanghai.
« Beaucoup de PME françaises ne souhaitent pas
se protéger par des brevets en Chine estimant le
coût trop important — pourtant limité à quelques
milliers d’euros en général pour un brevet. C’est
très dangereux ! On devrait imposer en France un
permis international à l'export cofinancé par des
aides étatiques, sous condition de remboursement
en cas de réussite dans les pays visés, qui obligerait
nos entreprises — PME ou autres — à déposer
leurs principaux brevets avant de s'implanter
dans tel ou tel pays… », propose-t-il. Certaines
régions cofinancent déjà les dépôts de marques
à l'international. « La recherche a certes un
coût… mais il s'agit de nos emplois de demain ».
1. Chiffres de 2013
2.Baromètre OpinionWay / CCI International : Les PME/ETI
françaises et l’internationalisation ( juin 2014)
Pierre Tiessen
à R E T ENI R
France Technologie : si français, si innovant
Les Français ne sont pas que langman
(romantiques), ils sont aussi technologiques
et innovants et ils le revendiquent !
Dans le cadre du cinquantenaire de l’établissement des
relations diplomatiques franco-chinoises, le Comité
France Chine est l’opérateur de la campagne de promotion
« France Technologie - si français, si innovant » qui
ciblera les parties-prenantes des entreprises françaises
innovantes en Chine — partenaires d’affaires, institutionnels,
alumni, étudiants ingénieurs, médias. Cette campagne
22
Connexions
ÉTÉ 2014
d’influence, inaugurée début juillet et qui durera six mois
à travers toute la Chine, se veut très digitale avec un site
internet dédié et l’animation de réseaux sociaux influents.
Deux événements majeurs rythmeront « France Technologie » :
• La Fête de l’innovation française (du 1er au 15 novembre)
durant laquelle se tiendra un parcours découverte de la
technologie française à travers des portes ouvertes organisées
par des entreprises au sein de leurs implantations chinoises.
• Les Prix de l’innovation franco-chinois, décernés à des
équipes franco-chinoises de l’innovation
le 4 décembre et parrainés par le ministère français
de l’Enseignement supérieur et de la Recherche.
DR
L’innovation reste
le grand défi d’une
Chine longtemps
portée par un
modèle low-cost
et qui cherche
aujourd’hui à
valoriser le travail
de ses armées
d’ingénieurs.
St é phan e Lam
De Lowendalmasaï, spécialiste
de l’optimisation fiscale
R&D
les meilleurs
dispositifs fiscaux
D
epuis 2008, le gouvernement chinois a mise en
place un certain nombre de dispositifs fiscaux
pour inciter les entreprises à développer des
activités de R&D en Chine dans des secteurs
jugés stratégiques. Les entreprises résidentes
chinoises (WOFE et JV inclus) peuvent
notamment profiter du dispositif de super-déduction et du
statut HNTE (High and New Technology Enterprise).
Imagine China
Toutes les informations sur :
www.francetechnology.com
Contact Comité France Chine :
Flore COPPIN / [email protected]
Cette opération est organisée dans le cadre de France-Chine 50
www.france-chine50.com
• Super-déduction
Ce dispositif permet à l’entreprise de déduire les coûts de
ses projets R&D éligibles à hauteur de 150 %, ie d’augmenter
artificiellement les coûts de ses dépenses R&D de 50 %
supplémentaire.
Si un projet R&D éligible à la super-déduction coûte 100,
l’entreprise pourra reporter dans ses charges 150 au lieu de
100, gonflant ses charges artificiellement et réduisant son
assiette imposable et in fine son impôt sur la société.
Si une société paie le taux normal d’impôt sur la société
de 25 %, elle pourrait réaliser une économie jusqu’à
12,5 % du montant total du projet R&D éligible, ce qui n’est
pas négligeable. Pour bénéficier de la super-déduction,
l’entreprise doit prouver auprès du bureau scientifique et le
bureau des taxes qu’elle conduit bien des projets R&D dans
les industries encouragées par le gouvernement. Ce dispositif
n’a pas d’exigences de posséder des brevets ou un minimum
de personnels qualifiés ni de montant minimum de dépenses
R&D.
• HNTE
La société qui obtient le statut HNTE peut bénéficier d’un
taux d’impôt sur la société réduit de 15 %. Pour être éligible
à ce statut, ce dispositif impose notamment de posséder des
propriétés intellectuelles en Chine, un nombre minimum de
personnels diplômés et dédiés à la R&D ainsi que des dépenses
R&D minimums. L’entreprise doit pour cela aussi fournir des
documents techniques, financiers et administratifs auprès
des autorités chinoises pour prouver la qualité de ses activités
R&D et son éligibilité aux critères requis.
Connexions
ÉTÉ 2014
23
Xavier BAILLARD
Attaché au service
pour la science
et la technologie,
ambassade de
France en Chine
L’innovation
au cœur des
ambitions
chinoises
Confrontée aujourd’hui à une croissance
économique moins vigoureuse et à des
défis sociétaux (vieillissement de la
population, pollution de l’air et des sols,
sécurité alimentaire en tête) de plus en
plus pressants, la Chine entend faire de
l’innovation le nouveau moteur de son
développement. Augmentation du niveau
de la recherche académique, montée
en gamme de l’industrie, tels sont les
objectifs fixés par le gouvernement.
24
Connexions
ÉTÉ 2014
Imagine China
DR
Analyse
C
es nouveaux objectifs doivent
désormais
être
portés
par un système national
d’innovation réformé qui
soutienne plus fortement
les initiatives personnelles
et la prise de risque. En effet, les décennies
de rattrapage économique qui ont suivi
l’ouverture de la Chine par DENG Xiaoping,
portées par une forte planification et
une vision quelque peu utilitariste de la
science et de la technologie, ont favorisé
le développement des grandes entreprises
d’État dont la vocation innovante s’est révélée
limitée. Et si aujourd’hui certains indicateurs
semblent montrer la vigueur de l’innovation
en Chine, le résultat d’une telle politique est
en réalité plutôt contrasté. Certes la Chine a
investi en 2013 près de 2,1 % de son PIB dans
la R&D (un chiffre supérieur à la moyenne
de l’Union Européenne et en croissance
de 20 % par an depuis 2005), est devenue
le premier déposant mondial de brevets
et a investi plus de 6 milliards de RMB sur
la période 2006-2010 dans des grandes
infrastructures de recherche de niveau
international. Pour autant, elle n’a consacré
que 4 % de son effort pour des activités de
recherche fondamentale et ses entreprises
ont investi moins de 1 % de leur chiffre
d’affaires dans la R&D en 2013, des chiffres
aujourd’hui très en-deçà des performances
des grandes nations innovantes. De l’avis
« Le gouvernement
central chinois
finance directement
ou indirectement
un grand nombre de
projets de recherche
au travers de grands
programmes
nationaux. »
« Côté entreprises,
des mesures
d’allègement fiscal
ont été mises en place,
parfois en s’inspirant
de mesures existantes
dans les pays
occidentaux. »
même des autorités chinoises, la qualité des
brevets ou des publications scientifiques
vient également relativiser des volumes en
très forte croissance.
Conscientes que ces déséquilibres ne
permettent pas à leur pays de se hisser
dans le haut du palmarès de l’innovation
technologique, les autorités chinoises ont
élaboré un système d’innovation adapté
qui tient compte des forces du modèle
chinois pour s’attaquer à ses faiblesses.
Ce système s’appuie sur deux piliers : des
programmes nationaux pour le financement
de la recherche et des avantages fiscaux pour
soutenir les entreprises fortement engagées
dans la R&D. L’environnement légal, par
exemple le droit de la propriété intellectuelle
ou le droit relatif à la création d’entreprises,
est quant à lui sans cesse amélioré.
Des financements généreux…
Le gouvernement central chinois finance
directement ou indirectement un grand
nombre de projets de recherche au travers
de grands programmes nationaux. Ainsi le
ministère de la Science et la Technologie
(MOST) soutient la recherche fondamentale
par le programme 973 (2,7 milliards de RMB
en 2012), au même titre que la fondation
chinoise des sciences naturelles (NSFC,
17 milliards de RMB de budget en 2012)
ou l’Académie des sciences de Chine (CAS,
32 milliards de RMB). Le programme 863
et le programme pour les technologies clés
du MOST, avec leurs budgets respectifs de
5,5 et 6,4 milliards de RMB, viennent en
soutien à des projets de recherche appliquée,
alors que le programme Torch (88 milliards
de RMB) vient en aide aux projets de préindustrialisation des entreprises. Le MOST
possède même un fonds d’innovation doté de
4,7 milliards de RMB qui soutient les PME
notamment en phase de démarrage et les
fonds de capital-risque pour les entreprises
innovantes.
La Chine a en outre mis en place un
système de labels qui facilitent l’accès aux
financements publics à leurs détenteurs. Le
MOST a par exemple en charge l’attribution
des labels d’excellence « laboratoire national »
(six plateformes de recherche ouvertes à la
communauté des chercheurs labellisées en
2012) et « laboratoire clef d’État » (attribué en
2012 à 260 laboratoires académiques et 115
laboratoires en entreprise). Une distinction
de même type est également attribuée aux
centres nationaux d’ingénierie (464 centres
en 2012). Le ministère a par ailleurs en charge
la labellisation d’incubateurs technologiques
au niveau national (près de 500 incubateurs
labellisés sur un total de 1 500 sur l’ensemble
de la Chine continentale).
… et des réductions fiscales avantageuses
Côté entreprises, des mesures d’allègement
fiscal ont été mises en place, parfois en
« Innover,
innover, encore
innover »
Lors de son allocution devant
les académiciens chinois
le 9 juin 2014, le président
Xi Jinping a exhorté le
pays à placer l’innovation
au cœur de sa stratégie de
développement et à éliminer
les obstacles systémiques afin
de libérer le potentiel de la
science et de la technologie au
service de la productivité.
Coopération
franco-chinoise
S’inscrivant pleinement dans
la dynamique du pays, la
coopération franco-chinoise
en recherche et innovation
s’appuie sur un accord
intergouvernemental signé
dès 1978, et n’a eu cesse de
se renforcer depuis. Une
cinquantaine de laboratoires
et de réseaux conjoints
(le LIAMA, le plus ancien
laboratoire en sciences exactes,
a été créé en 1997), structurent
cette coopération dans une
grande variété de domaines
de la recherche académique.
Ces laboratoires et réseaux
conjoints impliquent près
de 3 000 chercheurs des
deux pays issus de plus de
600 unités de recherche
différentes. Les entreprises
françaises sont également
très actives, une cinquantaine
d’entre elles ayant développé
en Chine des partenariats
avec des universités ou des
instituts de recherche locaux.
Certaines y ont également des
centres de R&D qui totalisent
plus de 10 000 emplois.
Connexions
ÉTÉ 2014
25
Imagine China
Des mesures
de soutien à
l’innovation
d’inspiration
française
s’inspirant de mesures existantes dans les
pays occidentaux. La « super déduction » des
dépenses de R&D et le statut d’entreprise de
haute et nouvelle technologie (HNTE), sont
par exemple d’inspiration française (voir
l’encadré) et ont représenté en 2012 des
avantages fiscaux de 42 milliards de RMB
et 85 milliards de RMB respectivement.
D’autres mesures viennent en aide aux
très petites entreprises ou allègent les
coûts de formation continue des employés
d’entreprises innovantes. Les 115 parcs
de hautes technologies placés sous l’égide
du MOST offrent des avantages fiscaux
supplémentaires aux entreprises qui y sont
implantées.
Une série de mesures supplémentaires
encourage une meilleure valorisation de la
recherche : plus grande facilité à utiliser les
résultats de la R&D publique, exemption
de taxes sur les transactions de transfert
de technologies, mesures assurant la
rémunération des inventeurs, etc.
La propriété intellectuelle n’est pas oubliée.
En sus des objectifs très largement
atteints en termes de nombres de brevets
déposés, l’accent est désormais mis sur une
amélioration de la qualité des brevets, une
26
Connexions
ÉTÉ 2014
accélération du traitement des demandes et
une simplification du système légal assurant
la mise en application des lois relatives aux
brevets.
Facteur humain : le dernier obstacle ?
Reste la question des ressources humaines.
Avec plus de 3,2 millions de personnes
employées dans la R&D en Chine et des efforts
redoublés pour attirer les talents étrangers
et chinois expatriés grâce aux nombreuses
déclinaisons du programme « mille talents »,
l’inventivité et l’esprit d’initiative des
chercheurs issus du système éducatif chinois
restent régulièrement pointés du doigt par les
autorités chinoises elles-mêmes. Certaines
des plus grandes universités du pays comme
l’université Tsinghua, souvent à l’initiative
de nouvelles méthodes d’enseignement
et de nouveaux contenus pédagogiques,
commencent à imaginer la formation
universitaire de demain. Transdisciplinarité,
plus grande immersion dans le monde de
la recherche, développement de projets
personnels tout au long de la scolarité :
telles sont peut-être les clefs de la réussite.
Xavier Baillard
S’inspirant du statut de jeune
entreprise innovante (JEI)
lancé en 2004 en France, le
label high and new technology
enterprise (HNTE) a été
lancé en 2008 afin d’offrir une
fiscalité réduite aux entreprises
innovantes. Les critères
d’attribution du label sont
par contre bien spécifiques à
la Chine : alors que le statut
de JEI se concentre sur les
jeunes entreprises (moins de
huit ans d’existence) à forte
intensité de R&D (au moins
15 % des charges fiscalement
déductibles), le label HNTE
privilégie des entreprises de
toutes tailles, engagées plus
modestement dans des activités
de R&D (au moins 6 % du chiffre
d’affaires) mais indépendantes
en ce qui concerne la
propriété intellectuelle
et dont les bénéfices en
sont principalement issus.
Une manière de favoriser
l’innovation « indigène »
si souvent mentionnée
par les autorités.
Également d’inspiration
française, la « super déduction »
des dépenses de R&D est un
crédit d’impôt recherche qui
s’applique aux coûts humains et
matériels des projets de R&D,
ainsi qu’aux dépenses effectuées
pour le développement de
prototypes, de tests cliniques
de médicaments, etc.
Les déductions d’impôts
atteignent alors
150 % des dépenses éligibles,
à condition que lesdites
dépenses mènent à la création
d’un bien tangible. Autrement
dit, l’accent est encore une
fois porté sur la production
industrielle et non sur la
production intellectuelle.
Connexions
ÉTÉ 2014
27
exclusif
I n t e rv i e w cr o i s é e
Innovation et nouvelles technologies…
Quelles sont les synergies entre la France et la Chine
en matière de coopération scientifique ?
Réponses « croisées » de Florence Lelait et Brigitte Schars.
Pour accéder
au marché chinois,
Florence Lelait
Adjointe recherche à la direction générale
de la Recherche et de l’Innovation,
ministère de l’Éducation nationale, de
l’Enseignement supérieur et de la Recherche.
28
Connexions
ÉTÉ 2014
CCIFC
CCIFC
« il faut faire de
la science »
Brigitte Schars
Chargée de mission Inde, Chine et Asie
du Sud-Est, ministère de l’Économie,
du Redressement productif
et du Numérique.
Comment se porte la coopération francochinoise en matière d'innovation et de
recherche?
Brigitte Schars : Du côté des entreprises
françaises, il y a une montée en puissance :
de plus en plus de sociétés hexagonales sont
impliquées dans des activités de recherche et
innovation en Chine, à travers des structures
conjointes avec leur partenaire industriel, ou
encore des partenariats avec des universités,
laboratoires ou des entreprises chinois.
Faire de la recherche et de l’innovation
en Chine est devenu incontournable pour
les entreprises françaises souhaitant s’y
implanter durablement.
Florence Lelait : La recherche est effectivement un moyen pour les entreprises
françaises d'accéder au marché. On s'aperçoit qu'elles choisissent différents modes de
coopération : installation d’un centre de R&D
complet ou contractualisation avec les acteurs
chinois. Progressivement, le monde découvre
que la Chine est aussi un pays de recherche,
et qu’elle produit une recherche d’excellence.
Les entreprises françaises ont donc tout intérêt à collaborer avec des laboratoires chinois
pour repousser ensemble les frontières de la
connaissance.
Qu’en est-il dans le secteur public ?
F. Lelait : La France est le 6e partenaire
scientifique de la Chine. C’est un partenariat
extrêmement fort. Tous les grands acteurs de
la recherche française ont signé des accords
avec un ou plusieurs partenaires chinois.
Le CNRS (Centre nationale de la recherche
scientifique) a par exemple, un bureau de
représentation à Pékin. Il représente à peu près
70 % de la production scientifique conjointe.
D’autres organismes français de recherche ont
aussi ouvert des laboratoires franco-chinois,
depuis parfois plus de quinze ans. Ce qui est
intéressant en Chine, c’est que la diversité de
ces structures permet de travailler dans tous les
domaines, à la fois en recherche fondamentale
et appliquée. L’Agence nationale de la recherche
contribue fortement à cette coopération :
la Chine est son premier partenaire hors
Union européenne, elle a cofinancé avec la
NSFC1 et le MOST2 55 projets franco-chinois
entre 2007 et 2013 à hauteur de 15 millions
d’euros. Cela dit, les coopérations pourront se
développer bien davantage quand l’ensemble
de la communauté scientifique française sera
au fait de l’excellence de la recherche chinoise.
Pour cela il est primordial d’impliquer les
jeunes chercheurs.
Par quelles actions et quelle politique
est-il possible de renforcer concrètement
cette coopération ?
F. Lelait : La France et la Chine ont défini
« La France est
le 6e partenaire
scientifique de
la Chine. C’est
un partenariat
extrêmement fort.
Tous les grands
acteurs de la
recherche française
ont signé des accords
avec un ou plusieurs
partenaires chinois ».
F. Lelait
une stratégie de coopération scientifique en
impliquant, des deux côtés, les ministères
concernés. Six priorités ont été définies
lors de la commission mixte de 2011. Une
nouvelle commission mixte scientifique et
technologique doit maintenant avoir lieu
d’ici la fin de l’année : elle se réunira en Chine
pour faire le bilan des efforts menés depuis
2011 et établir les nouveaux objectifs. Nous
nous fondons aussi sur la feuille de route du
président de la République. Depuis sa visite en
Chine, en avril 2013, la diplomatie économique
se développe : un de ses piliers est justement la
coopération technologique. Pour accéder au
marché, il faut faire de la science.
B. Schars : Il faut également citer le dialogue
ouvert par la signature de la Déclaration
commune sur l'innovation lors de la visite
présidentielle en avril 2013. Cette plate-forme
doit permettre d’approfondir la connaissance
des systèmes nationaux de recherche et
d’innovation et de partager des informations et
des bonnes pratiques sur les conditions-cadre
de l’innovation. Nous souhaitons capitaliser
sur les retours d’expérience, comprendre
ce qui a permis aux entreprises de réussir,
identifier les éventuelles difficultés et proposer
des pistes pour fluidifier ces coopérations.
Quelle place occupent les pôles de
compétitivité en Chine ?
F. Lelait : Les pôles ont une stratégie
d’internationalisation qui mûrit au fur et à
mesure qu’ils grandissent. Il y a eu, au début
et c’est normal, un focus fort sur l’Europe, puis
les États-Unis. C’est maintenant le tour de la
Chine. L’enjeu aujourd’hui, c’est de soutenir
les entreprises rassemblées en pôles de
compétitivité de façon individualisée.
B. Schars : La plupart des dix-huit pôles de
compétitivité à vocation mondiale ont ciblé
la Chine dans leur feuille de route 2013-2018.
Plusieurs ont déjà un accord avec un homologue
chinois, le plus souvent un parc scientifique
et technologique pour les aider à identifier
des opportunités pour les adhérents du pôle.
D’autres ont choisi d’avoir un représentant
sur place, qui met sa connaissance du milieu
chinois au service des entreprises du pôle. À
travers des activités de veille et de conseil, ils
peuvent alerter les pôles sur de nouvelles
opportunités de développement en Chine et
aider les entreprises dans leur recherche de
contacts.
« Innover, innover et encore innover »
a récemment lancé Xi Jinping à des
académiciens chinois. Est-ce également le
mot d’ordre de la France à ses chercheurs ?
F. Lelait : La France a une excellente
recherche mais les efforts doivent être
Connexions
ÉTÉ 2014
29
Imagine China
« L’ambassade de
France en Chine a
été la 1ère ambassade
française à nommer
un attaché spécialisé
dans l’innovation.
C’est unique dans le
réseau diplomatique
français — à
l’exception des
États-Unis ».
B. Schars
poursuivis pour parvenir à en tirer tous les
résultats pour créer de nouveaux produits.
Dès octobre 2012, la ministre chargée de
l’Enseignement supérieur et de la Recherche,
Geneviève Fioraso, avait publié un plan
« transfert » qui a été intégré ensuite dans
la « nouvelle donne pour l’innovation »
voulue par François Hollande. Puis
la loi relative à l’enseignement supérieur
et la recherche du 22 juillet 2013 inscrit
clairement ce « transfert » comme étant
une nouvelle mission des universités. C’est
très important. Enfin, dans le cadre du
programme des investissements d’avenir,
le gouvernement a lancé un fonds national
de valorisation pour créer les « sociétés
d’accélération du transfert technologique
(SATT) ». Ces sociétés ont vocation à
aller dans les laboratoires pour repérer
les innovations qui pourraient être
industrialisées sur le marché. Chaque SATT
a été dotée d’une somme de 10 millions
d’euros avec pour objectif de devenir
autonome financièrement d’ici dix ans.
On a toutefois, vu de Chine, l’impression que
la France en matière de recherche manque
de moyens. C’est en tout cas le constat que
font de nombreux chercheurs français qui
coopèrent avec des laboratoires chinois, de
mieux en mieux dotés…
F. Lelait : Nous mettons des moyens.
Le budget de la recherche publique en
France est le 3e budget de l’État. Depuis
dix ans, il n’a cessé d’augmenter, et, en 2012,
l’effort français de recherche atteignait
2,26 % du PIB (contre 2,16 % en 2004).
La recherche bénéficie également de
financements exceptionnels depuis 2010
grâce au Programme des Investissements
d’Avenir (PIA). Les labex, equipex, instituts
hospitalo-universitaires etc. financés par le
30
Connexions
ÉTÉ 2014
PIA constituent une force essentielle de notre
recherche. Et ces efforts vont se maintenir :
le président de la République a déclaré que le
budget de la recherche sera « sanctuarisé ».
Nous lançons actuellement la deuxième
vague de PIA. Les financements viennent
aussi de l’Union européenne, donc des États
membres. Ce sont 79 milliards d’euros que
l’Europe va injecter dans la recherche et
l’innovation sur les sept ans du 8e programme
cadre « Horizon 2020 ». Il est essentiel que
nos chercheurs et nos entreprises participent
toujours davantage aux appels à projets de
ce programme cadre. Par ailleurs, le service
scientifique de l’ambassade de France en Chine
fait un excellent travail de relais auprès de la
communauté française et chinoise. Il tient
véritablement son rôle « d’ambassadeur » de
manière tout à fait remarquable et exemplaire.
Il y aussi une excellente coopération avec
les ministères concernés par l’innovation.
Nous nous attachons à travailler de manière
coordonnée. Comme le montre l’année de
célébration du cinquantième anniversaire de
l’établissement des relations diplomatiques
et les visites d’État respectives des présidents
François Hollande et Xi Jinping, il y a
une attention toute particulière portée à la
coopération entre nos deux pays.
B. Schars : L’ambassade de France en
Chine a été la 1ère ambassade française
à nommer un attaché spécialisé dans
l’innovation. C’est unique dans le réseau
diplomatique français — à l’exception des
États-Unis. C’est aussi la seule ambassade
qui a mis en place un programme pour
l’organisation et le financement de missions
ciblées de PME françaises innovantes à
la recherche d’un partenaire de recherche
chinois. Le dialogue entre le ministère de
l’Économie, du Redressement productif et
du numérique et le ministère de l’industrie
et des Technologies de l’Information
(MIIT) contribue également à donner à
nos entreprises une plus grande visibilité
sur l’environnement industriel chinois et
à développer des échanges sur des sujets
d’avenir (véhicules connectés et véhicules
autonomes par exemple). Il y a une forte
priorité donnée sur la Chine : les moyens mis
en œuvre sont à la hauteur des enjeux, mais
aussi des difficultés à appréhender ce marché.
1. Fondation nationale des sciences naturelles
2.Ministère de la Science et de la Technologie
Propos recueillis à Pékin par Raphaël
Balenieri
Besoin d’aide pour vos
marques ou brevets en
Chine ?
Pékin
www.llrchina.com
Paris
www.llr.fr
Connexions
ÉTÉ 2014
31
CCIFC
Showroom où
sont présentés les
derniers produits
de la marque.
Lenovo
Une stratégie de micro-innovations
et de méga-acquisitions
Le numéro Un mondial du PC n’innove pas autant que ses compétiteurs, qu’ils soient chinois ou internationaux. Le groupe
chinois privilégie davantage les acquisitions pour obtenir brevets et centres R&D nécessaires à son développement.
R e p o rta g e
E
n imaginant à peine, on pourrait
se croire dans une université
de la côte Est américaine.
D’ailleurs, on ne parle pas ici de
« bureaux » ou de « siège social »
mais bien de « campus » pour
désigner cette étendue de pelouses vertes
et ces bassins d’eau d’inspiration feng shui
traversés par de petits ponts. Bienvenue dans les
quartiers généraux de Lenovo. C’est à Shangdi,
au nord-ouest du cinquième périphérique de
Pékin, que le numéro Un mondial du PC s’est
installé, à quelques mètres de Baidu et des
autres valeurs du high-tech chinois. Derrière
la grille de sécurité, de grands bâtiments gris
sur plusieurs étages encadrent la perspective.
À l’intérieur, les 10 000 employés du site (dont
trois Français) vont et viennent d’un pas calme,
le badge porté nonchalamment autour du coup.
Que de chemin parcouru ! Il suffit de visiter
le musée consacré à l’évolution du groupe
pour saisir l’ampleur de la transformation.
Fondée en 1984 par Liu Chuanzhi, le « père »
32
Connexions
ÉTÉ 2014
« Lenovo a la
capacité de réaliser
de l’innovation
incrémentale ce qui
lui permet de casser
les prix et de gagner
de nouveaux marchés,
tout en capitalisant
sur les tendances
lancées par les leaders
de l’industrie »
de l’industrie IT en Chine, et dix autres
ingénieurs, Legend Holdings — la société
changera de nom et deviendra Lenovo en 2004
pour conquérir les marchés internationaux —
n’est alors qu’une modeste entreprise d’État
adossée à l’Académie chinoise des sciences.
Grâce au soutien du gouvernement, elle
opère néanmoins une percée fondamentale
en fabricant en 1990 le premier ordinateur
« made in China », le fameux Q286. La success
story peut commencer.
Trente ans après sa fondation, Lenovo continue sur sa lancée. Ce géant de l’informatique emploie aujourd’hui 3 200 ingénieurs,
chercheurs et scientifiques à travers le monde
(6 % des effectifs mondiaux) et consacre environ
2 % de son chiffre d’affaires à la R&D, soit 624
millions de dollars (460 millions d’euros). Mais
ses concurrents font cependant beaucoup plus :
presque 14 % pour Huawei et 10 % pour ZTE.
En matière d’innovation, la force de Lenovo
serait-elle ailleurs ? « Nous sommes connus
pour nos cas de micro-innovations centrés sur
l’expérience des utilisateurs » explique, dans un
anglais parfait, un cadre de Lenovo en charge de
faire visiter le showroom aux grands clients. C’est
ce qui a fait été fait par exemple sur la tablette
tactile Yoga : Lenovo l’a équipée avec une batterie
d’ordinateur portable, ce qui lui permet d’avoir
une autonomie exceptionnelle de dix-huit heures.
« Lenovo a la capacité de réaliser de l’innovation
incrémentale ce qui lui permet de casser les
prix et de gagner de nouveaux marchés, tout
en capitalisant sur les tendances lancées par
les leaders de l’industrie », écrivent Nathaniel
Ahrens et Yu Zhou, chercheurs au Centre
pour les études stratégiques et internationales
(CSIS), un think-tank basé à Washington, dans
une étude de janvier 2013.
Autrement dit : contrairement à Apple ou
Samsung, Lenovo n’a pas encore chamboulé
l’industrie du high-tech avec un produit
ultra-innovant et vise avant tout le marché
de masse. Pour innover, Lenovo multiplie
plutôt les acquisitions, une stratégie amorcée
en 2005 avec le rachat de la branche PC de
l’américain IBM. Grâce à cette opération
(1,75 milliard de dollars, soit 1,3 milliard d’euros)
Lenovo a gagné 500 nouveaux brevets et mis la
main sur le centre R&D détenu par IBM à Yamato,
au Japon.
Aujourd’hui Lenovo poursuit dans cette voie :
fin janvier la société a annoncé le rachat de
Motorola Mobility, le 3e plus gros fabricant de
smartphones Android aux États-Unis, dont
les brevets sont détenus par Google. Objectif
de la transaction (2,9 milliards de dollars,
2,1 milliards d’euros) : pouvoir exploiter,
sous licence, les brevets de Motorola
Mobility qui resteront cependant la
propriété du moteur de recherche américain.
R ap h a ë l B al e n i e r i
Lenovo en chiffres
54 000
le nombre d’employés à
travers le monde
6 500
le nombre de brevets internationaux
détenus par Lenovo
+ 72 %
le taux de croissance annuel,
en pourcentage, de l’activité
smartphone du groupe
55
le nombre, en millions d’unités,
d’ordinateurs produits
par Lenovo en 2013
CCIFC
34
Siège social du
groupe à Pékin
dans le quartier
de Haidian.
le chiffre d’affaires, en milliards
de dollars, réalisé en 2013
Source : site officiel et rapport annuel 2013-2014
Connexions
ÉTÉ 2014
33
Analyse
Imagine China
Le CEO de Weibo
WANG Gaofei,
célèbre l'introduction
en bourse de sa
société en avril 2014.
DR
La Chine et l’innovation :
Antoine Mynard
est depuis peu à la
tête du bureau du CNRS
en Chine après une
expérience de cinq ans à
Boston, comme attaché
pour la science et la
technologie, chargé des
questions d’innovation.
34
Connexions
ÉTÉ 2014
les chaînons manquants
L’innovation en Chine, c’est assurément une vaste question, d’où la difficulté de
l’aborder dans son ensemble. L’auteur prend donc ici le parti d’évoquer le sujet selon
deux angles, celui du financement et celui des écosystèmes d’innovation.
M
algré des chaînons
(encore) manquants,
la Chine construit son
propre système, à son
rythme. Contre toute
attente, un important
facteur d’accélération de l’innovation en
Chine est sans doute lié au transfert massif
vers ce pays d’activités manufacturières pendant les dernières décennies. Or, explique
l’auteur, en relocalisant certaines activités à
contenu technologique autrefois installées
en Occident, c’est aussi l’innovation qui s’est
déplacée en Chine, à l’instar des panneaux
solaires ou de la photonique intégrée. Deux
domaines où la Chine sait désormais innover.
« Weibo, le Twitter chinois, s’envole pour son
début à Wall Street », titrait l’AFP sur son fil
du 14 avril 2014. WB, c’est son nom de code
boursier au Nasdaq, vient en effet de lever
285 millions de dollars, ce qui permet de
valoriser la société à quelque 4 milliards de
dollars. D’ici peu, une autre société chinoise
qualifiée de « technologique », va sans doute
s’introduire sur le même marché. Actionnaire
à 32 % de Weibo, il s’agit d’Alibaba dont la
valorisation totale atteindrait 150 milliards de
dollars. Alibaba compte faire au moins aussi
bien que Facebook en 2012 qui avait alors levé
16 milliards dans un contexte boursier incertain. Les deux sociétés vont rejoindre la petite
quarantaire de sociétés « chinoises » cotées
sur le Nasdaq.
Que signifient ces mouvements ? Avant
tout que la Chine se globalise et exploite les
opportunités de financement que lui offrent
les marchés du monde entier pour financer
le développement international de quelques
grandes sociétés « technologiques » avec
un potentiel de croissance sur des marchés
matures.
Le financement de l’innovation : des
trous dans le système
Quel rapport avec l’innovation ? Le
financement est le chaînon supérieur de la
chaîne de l’innovation, et ce, dans tous les
pays. La voie royale et l’aboutissement de
l’innovation, c’est bien entendu l’introduction
en bourse (IPO). Il y a beaucoup d’appelées et
très peu d’élues, même pour les entreprises
évoluant sur des marchés à cycle court ou
moyen d’innovation (TIC, innovation de
service, procédés, énergie, etc.), encore moins
pour celles qui exploitent des technologies en
sciences de la vie (cycle long).
Dans la pratique, les entreprises « innovantes »
bénéficient d’autres sources de financement,
notamment des fonds non bancaires ou de
sociétés de capital-développement qui font
en ce moment d’excellentes affaires en Chine.
Certaines sont d’origine étrangère, essentiellement américaines. Certaines se présentent
même comme des sociétés de capital risque
ou se font connaître comme des franchisées de
grands acteurs du capital risque américain.
Or, tous les financiers le savent bien, il n’y a
pas (encore) d’industrie du capital risque en
Chine. On ne trouve pas non plus de financeurs « providentiels » (« business angels »,
sorte de mécènes qui financent les phases
d’amorçage) qui aux États-Unis financent
presque autant l’innovation que le capital
risque (approx. 23 milliards de dollars pour les
premiers contre 28 pour les seconds). Nous
ne sommes pas dans ce scénario en Chine.
Difficile donc de faire émerger de vraies
sociétés innovantes dans ce cadre.
Autre limitation : l’existence de banques
d’affaires qui ne réalisent pas seulement des
fusions et acquisitions, des participations
croisées ou de la gestion de titres non-cotés
(« private equities ») mais aussi des fonctions
liées à l’innovation : la valorisation d’actifs immatériels, comme les brevets, les découvertes
et les inventions. Modérément développées en
Europe mais très répandues aux États-Unis,
ces pratiques sont embryonnaires en Chine,
notamment en raison d’un cadre de protection
de la propriété intellectuelle insuffisamment
fiable.
Écosystème
Mais le financement de l’innovation, c’est
après tout la partie émergée de l’iceberg. Il
convient de prendre en considération les
maillons en amont de la chaîne de l’innovation chinoise pour essayer d’y voir clair. Cela
nous amène à évoquer la notion d’«écosys-
« Les choses avancent
très vite en Chine.
Et plaquer sur
la Chine la grille
d’analyse qui nous
permet d’évaluer
l’innovation dans
d’autres pays
à l’instar des
classements sur
les économies
innovantes, serait
une grave erreur. »
tème d’innovation ». Elle est abondamment
documentée dans la littérature spécialisée,
notamment américaine et française. Dans
la pratique, un écosystème d’innovation a
quatre composantes (cf. schéma ci-dessous).
Il se développe dans un environnement local
ou national, lui-même favorisé par des politiques publiques, « une culture » ou « un état
d’esprit » (entrepreneuriat, interactions entre
les personnes, créativité, etc.), ainsi que de
multiples interactions entre les acteurs (réunions, concours, appels d’offre, projet, etc.).
Un écosystème suppose également une économie de marché et la liberté d’entreprendre,
le tout dans un cadre juridique appliqué en
matière de propriété intellectuelle et de droit
commercial (faillite, affaires, etc.). Je ne
développerai pas davantage mais tout le
monde comprend que ces dimensions font
encore défaut à la Chine.
Certaines composantes de l’innovation en
Chine sont pourtant observables et fonctionnent très bien : je pense aux parcs technologiques, aux programmes du MoST (973,
Torch, etc.) aux interactions entre grandes
entreprises (elles réalisent les 2/3 de l’effort
national de recherche) et petites entreprises,
etc. L’exemple qui vient spontanément à
l’esprit est la tentative des autorités de
décloisonner les institutions, à l’intérieur de
la sphère publique bien sûr (ex. l’Académie
des sciences et les universités qui ont deux
L'écosystème d'innovation
Environnement
universitaire
de qualité
Fort vivier
d’investisseurs
Structures et
initiatives
nombreuses
Entreprises et
instituts phares
Antoine Mynard
Connexions
ÉTÉ 2014
35
Les mots et leur importance :
Imagine China
Le parc
technologique
de Zhangjiang à
Pudong, Shanghai.
tutelles différentes) mais aussi entre les secteurs publics et privés. Un autre exemple très
parlant est celui de l’abandon progressif du
système de la co-entreprise pour les investissements étrangers, ce dernier constituant un
frein au développement indigène de l’innovation dans les entreprises concernées.
Des atouts
Les choses avancent très vite en Chine. Et
plaquer sur la Chine la grille d’analyse qui
nous permet d’évaluer l’innovation dans
d’autres pays à l’instar des classements sur
les économies innovantes, serait une grave
erreur.
La Chine détient des atouts. Le fait que
la Chine soit devenue l’atelier du monde
a des conséquences inattendues et très
mal anticipées, au moins en ce qui a trait
à l’industrie manufacturière. En effet, les
marchés liés à des productions de masse
favorisent les économies d’échelle1 et
d’envergure2. Or, en laissant filer la production
manufacturière vers la Chine pour des
raisons de coûts, c’est la capacité d’innovation
qui a été transférée vers le manufacturier et
le pays dans son ensemble, non seulement
en termes de process industriel mais aussi en
termes de produits innovants. L’exemple le
plus frappant de cette réalité est le marché des
panneaux solaires. Il y a douze ans à peine, les
États-Unis abritaient avec l’Allemagne et le
Japon les principaux fabricants. Désormais,
et malgré la crise dans le secteur (surcapacité,
quasi-faillite de Suntech), la Chine réalise 50
millions de panneaux, soit la moitié du marché
mondial. Conséquence, les fabricants chinois,
grâce à une position de marché reposant sur
les coûts et l’échelle de production, ont pu
innover3. La grande entreprise chinoise du
secteur, Suntech, a été en mesure de concevoir
des panneaux selon des process radicalement
nouveaux, il y a peu qualifiés de « terriblement
complexes » par les experts américains
36
Connexions
ÉTÉ 2014
« Tous les financiers
le savent bien, il
n’y a pas (encore)
d’industrie du capital
risque en Chine. On
ne trouve pas non
plus de financeurs
« providentiels »
(« business angels »,
sorte de mécènes qui
financent les phases
d’amorçage) qui aux
États-Unis financent
presque autant
l’innovation que le
capital risque. »
Désormais, si vous voulez séduire vos
partenaires chinois, ne parlez plus
d’investissements, de co-entreprises
(années 1990) ni même de centres conjoints
de recherche (années 2000). Le mot clé
pour obtenir des financements publics
ou privés, s’assurer de la considération est
désormais « plate-forme d’innovation ».
Comme souvent en Chine, le concept reste à
définir et prend la forme que vous voulez lui
donner ! Mais cette évolution sémantique
est au fond un bon indicateur de la pensée
ambiante : la Chine se veut innovante !
qui n’envisageaient pas d’innovations de
production similaires avant 2020. Au total,
ce n’est donc pas seulement un marché qui est
détenu, c’est aussi un système d’innovation du
secteur industriel que la Chine est parvenue à
constituer4.
D’autres secteurs5 ou branches ou
technologies suivent la même tendance :
les écrans LCD, les galettes de silicium
cristallin, les semi-conducteurs de puissance,
les batteries, la photonique intégrée etc..
Ce ne sont là que quelques exemples parmi
d’autres. Ils illustrent cependant le fait que
la Chine est bel et bien en train de tirer parti
de plusieurs décennies de relocalisation
d’activités manufacturières dont certaines à
fort contenu technologique. Ce phénomène
est également entretenu par le fait que les
deux tiers des dépenses de R&D de la Chine
proviennent des entreprises.
D’autres aspects de l’innovation mériteraient d’être abordés, en particulier le rôle
de la recherche fondamentale, parent pauvre
du système d’innovation, les relations entre
petites et grandes entreprises ou la question
du transfert de technologies. Des sujets qui
méritent à eux seuls un traitement spécifique
mais qui compose les nombreuses pièces
du grand puzzle de l’innovation en Chine !
1.Notion économique qui veut le coût unitaire d’un produit
réalisé est fonction de la taille de sa série.
2.Principe d’économie industrielle selon lequel un établissement
industriel dégage plus de valeur grâce à sa capacité à pouvoir
manufacturer davantage de types de produits avec le même
outil industriel.
3.Cf. « The Chinese Solar Machine », in « MIT Technology Review »
(fév. 2012).
4.Cette réalité est très bien décrite dans le rapport d’expertise
« Photovoltaïque en Chine », Ambassade de France en Chine
(p. 52, mars 2013)
5.Prof. Willy Shih, école de commerce de l’université de Harvard
(HBS).
A n t o i n e M y n ard
DR
P ar o l e à
Wa ng H ao f e n g
General manager de Dassault Systèmes,
Grande Chine
Dassault Systèmes
« L’innovation : notre ADN »
Les solutions de Dassault Systèmes visent
principalement une douzaine d’industries,
comme l'aérospatial, l’aviation, l'automobile,
l'énergie, la construction, etc. Pour chacun
de ces secteurs, nous concevons donc des
solutions uniques en conformité avec
les problèmes auxquels nos clients sont
confrontés tout en aidant tous les industriels
à se rapprocher de leurs clients d'une manière
plus efficace.
Nous adoptons en outre la technologie
3D pour explorer les problèmes auquel
l'Homme est confronté. Le business plan
« Innovation & Passion » est un programme
dans lequel Dassault Systèmes a grandement
investi, y compris Revelation of Khufu
Pyramid, Icedream, 3D Paris Saga, etc.
Parallèlement, la technologie de pointe de
Dassault Systèmes aide des historiens, des
archéologues, des chercheurs ainsi que toutes
sortes d'inventeurs à explorer, à découvrir et
à faire une évaluation de la faisabilité dans
des champs inconnus. En 2012, le nombre de
nouveaux utilisateurs au niveau mondial de
Dassault Systèmes a augmenté de 18 %, tandis
que la croissance en Chine (avec Hong Kong)
a été plus de deux fois plus forte. Le marché
chinois recèle donc pour nous un potentiel
très fort.
R e t o ur d ’ e x pér i e n c e
Réseaux sociaux, une arme stratégique
« Communiquer moins mais communiquer
mieux », tel est l’adage de Alexis Bonhomme,
arrivé en Chine il y a tout juste quatre ans,
aujourd’hui General manager de l’agence
digitale China Curiosity. « J’ai d’abord travaillé
à la division e-commerce de Tencent », expliquet-il. Un plongeon dans le cœur de la sphère
numérique « made in China ». Un tournant pour
ce Français, juriste de formation. « J’ai participé
au début de Wechat », — Weixin en mandarin —
l’application mobile de messagerie instantanée.
Depuis, avec Curiosity China et une équipe de
20 personnes entre Pékin, Shanghai et Hong
Kong, il gère un portefeuille d’une vingtaine de
marques premium pour lesquelles il ouvre, opère
et promeut les comptes Wechat Weibo, Youku,
Douban, Tmall, JD. L’agence propose également
du développement technique haut de gamme.
« Nous ne sommes plus sur une communication
de masse. Avec ces nouveaux outils, nous avons
la possibilité d’acquérir une base de donnée
segmentée extrêmement qualitative ».
Connexions
ÉTÉ 2014
37
D
DR
Analyse
Olivier Dubuis
Avocat au cabinet
UGGC Avocats
Transfert de technologie
Prudence et
précaution
Les investisseurs étrangers ont d’ores
et déjà intégré le fait que la Chine n’est
plus uniquement le grand atelier du
monde, mais est devenue également
l’un des piliers de l’innovation mondiale
portée par un marché intérieur en
constante croissance. Pour les entreprises
européennes, s’implanter en Chine
nécessite donc désormais le plus souvent
de loger dans les structures locales
des actifs de propriété intellectuelle,
des savoir-faire et des activités de
recherche et développement permettant
d’assurer leur développement dans un
environnement concurrentiel très tendu,
où l’innovation et l’adaptation jouent un
rôle de plus en plus important. Analyse.
38
Connexions
ÉTÉ 2014
ans ce contexte, les
partenariats
avec
des
entreprises chinoises ne
peuvent plus s’envisager
uniquement comme un
moyen d’accéder plus
rapidement au grand et incontournable
marché chinois, mais doivent dorénavant
se construire comme de véritables alliances
stratégiques à vocation mondiale, ce qui
nécessite d’y transférer des technologies et des
savoir-faire essentiels, parfois sous la pression
d’une industrie chinoise conquérante qui ne
cache pas ses ambitions internationales et
ne se contente plus des versions obsolètes de
technologies étrangères.
Les entreprises de l’Union européenne
figurent tout en haut du palmarès des
partenaires de la Chine les plus actifs dans ce
domaine. Ainsi, les transferts de technologie
en provenance de l’Union européenne (UE)
sont désormais les plus nombreux en Chine,
tandis que la Chine s’est dans le même temps
hissée à la deuxième place des destinations
pour les technologies transférées par des
entreprises ressortissantes de l’UE.
Si transférer des technologies ou un
savoir-faire peut être un moyen efficace, et
parfois incontournable, pour permettre aux
entreprises étrangères d’accéder, de s’adapter
et de prospérer sur le marché chinois, les
inconvénients liés à de telles opérations ne
sont pas négligeables puisque toute divulgation
porte le risque pour l’investisseur étranger de
se faire déposséder rapidement de son actif
par des moyens divers de contournement
du bénéficiaire de la technologie, problème
souvent rencontré dans les relations avec des
entreprises chinoises lorsque les précautions
nécessaires n’ont pas été prises…
Forme des transferts
Les transferts peuvent se matérialiser par
un montage contractuel, parfois complexe
puisque collaboratif (notamment lorsqu’il
vise des transferts de savoir-faire) dont
l’objet est de transférer la technologie à une
entreprise domestique chinoise ou à une
filiale de l’entreprise étrangère (sous la forme
d’une cession ou d’une licence), ou par l’apport
d’une technologie au capital social d’une
entreprise à investissement étranger (qu’il
s’agisse d’une entreprise à capitaux 100 %
étrangers ou d’une société commune). Quel
que soit le montage, un contrat de transfert
de technologies devra nécessairement être
conclu et les mécanismes de protection
contractuels à mettre en place dépendront
précisément de la nature des technologies
(brevets, modèles, savoir-faire, etc.) et donc de
leur protection juridique en Chine, ainsi que
de l’identité du destinataire des technologies.
Les points d’attention particulière ne seront,
« Si transférer des
technologies ou
un savoir-faire
peut être un moyen
efficace, et parfois
incontournable,
pour permettre aux
entreprises étrangères
d’accéder, de s’adapter
et de prospérer sur
le marché chinois,
les inconvénients
liés à de telles
opérations ne sont pas
négligeables {…} »
« La meilleure
protection, cependant,
n’est jamais seulement
juridique. C’est
ainsi sous l’angle
technique et sous
celui de l’équilibre
économique sousjacent du contrat que
doit également être
envisagée la protection
du concédant
étranger {…} »
Imagine China
en effet, pas les mêmes si l’on fait apport
d’un brevet à une filiale contrôlée à 100 %,
ou si l’on souhaite transférer un savoir-faire
essentiel vers un fabricant chinois…
Régime des importations de technologies
Le Catalogue d’Importation de Technologies
publié par le ministère des Sciences et des
Technologies énumère les technologies
dont l’importation est interdite ou restreinte,
toutes celles qui ne figurent pas dans le
Catalogue étant considérées comme pouvant
être importées librement. De la même
manière, si la technologie doit faire l’objet
d’un apport dans le cadre d’un investissement
direct, il convient de consulter le Catalogue
d’Orientation des Investissements Étrangers
qui permettra d’identifier d’éventuelles
restrictions sur la forme de l’investissement
(société à capitaux 100 % étrangers ou société
mixte avec niveau de participation minimum
du partenaire chinois). Dans tous les cas,
le contrat de transfert de technologie doit
être enregistré auprès de l’autorité locale
en charge du commerce dans les 60 jours
suivants la conclusion du contrat. Concernant
les technologies faisant l’objet de restrictions,
il existe un régime d’approbation préalable
auprès des autorités locales du ministère
du Commerce, lesquelles délivrent dans un
premier temps une lettre d’intention. Ensuite,
une licence d’importation de technologie est
délivrée par la même autorité, laquelle rend le
contrat valide.
Contrats de transfert
À titre d’exemple, dans tout contrat de
transfert de technologie sous forme d’une
Licence, une attention particulière devra
être portée aux clauses relatives au sort des
améliorations au cours de l’exécution du
contrat. Il s’agit de clauses qui sont souvent
âprement négociées puisque chaque partie,
pour des raisons diverses, a vocation à
vouloir être le seul bénéficiaire juridique et
économique des améliorations apportées, par
l’une ou l’autre des parties, à la technologie
initiale. Sur ce sujet, la loi chinoise prévoit un
certain nombre de dispositions impératives,
pour l’essentiel protectrices du bénéficiaire
chinois de la technologie étrangère (droit du
licencié de réaliser des améliorations, pas
d’automaticité du transfert des améliorations
au concédant, etc.) et il est donc important de
structurer l’accord de telle sorte à lui conférer
une efficacité juridique maximum tout en
assurant un niveau de adéquat de protection.
Anticiper les risques
La meilleure protection, cependant, n’est
jamais seulement juridique. C’est ainsi sous
l’angle technique et sous celui de l’équilibre
économique sous-jacent du contrat que
doit également être envisagée la protection
du concédant étranger : quelle technologie
transférer (ou quelle partie de technologie)
et selon quel calendrier sont des choix
techniques déterminants qui conditionnent
le niveau de risque pris. Connaître l’entreprise
à qui on transfère la technologie (est-ce un
concurrent, quel est son niveau de compétence
dans le secteur considéré, qui sont ses
partenaires industriels ou techniques, etc.)
est également essentiel pour être en mesure
de comprendre ses objectifs et les risques
induits par l’utilisation qui pourrait être
faite de la technologie transférée. Surtout,
identifier des mécanismes de rémunération
contrôlables qui soient susceptibles de
satisfaire les deux parties (assiette et mode de
calcul des royautés, par exemple), ou inscrire
le transfert de technologie dans un plan de
développement conjoint plus vaste sont des
enjeux déterminants pour solidifier le lien
contractuel.
Le défi pour les sociétés étrangères qui
s’intéressent au marché chinois et souhaitent
s’y développer n’est donc plus de savoir si
elles doivent transférer des technologies
mais plutôt comment le faire de la meilleure
manière, de façon à anticiper et contrôler les
risques inhérents à de telles opérations. Or,
toute erreur dans ce domaine peut coûter
très cher et est difficilement rattrapable.
Oli v i e r Dubu i s
Connexions
ÉTÉ 2014
39
EDF
ED F
EDF
R&D
40
Connexions
ÉTÉ 2014
DR
I n t e rv i e w
Che n G u o f e i
Directeur du centre R&D Chine
du Groupe EDF
Faire de la R&D en Chine, pour un
groupe comme le vôtre, qu’est-ce que ça
représente ?
En l’espace de vingt ans, la Chine est
devenue la deuxième puissance économique
mondiale derrière les États-Unis. La Chine est
passée « d’atelier du monde » à « laboratoire
du monde ». En 2011, la Chine a ainsi déposé
plus de brevets que le Japon ou les ÉtatsUnis ! De plus, la Chine offre des conditions
exceptionnelles pour mettre en œuvre des
projets pilotes ou des démonstrateurs de
grande taille à des coûts compétitifs. La R&D
d’EDF, qui ambitionne de rester à la pointe
de la recherche et de l’innovation, se devait
d’être présente en Chine pour profiter de cet
environnement très porteur.
Quel est le contexte énergétique chinois de
vos projets de R&D ?
La Chine est en train de vivre un
phénomène d’urbanisation d’une ampleur
sans précédent. Chaque année, une ville
équivalente à New-York se crée en Chine !
Cette urbanisation s’accompagne d’énormes
challenges liés à la pollution de l’air et aux
émissions de CO2… La préservation du cadre
de vie devient, avec l’urbanisation, un sujet
majeur du gouvernement chinois. L’énergie
est au cœur de cette préoccupation. En
effet, le charbon est encore très dominant
dans la production d’électricité chinoise
(80 %). Le 12e Plan quinquennal (20112015) prévoit en même temps une réduction
des émissions de CO2 par unité de PIB.
Pour répondre à ce défi, le gouvernement
prévoit d’augmenter la part des énergies
renouvelables, du gaz, du nucléaire et vise une
forte réduction de l’intensité énergétique.
Comment la recherche chinoise accompagne-t-elle cette évolution ?
Dans le Plan quinquennal, un ambitieux
programme de R&D a été lancé pour soutenir
les technologies à développer en priorité. Il
couvre les filières charbon à haut rendement
et faibles émissions, le nucléaire, les énergies
renouvelables, les smart grids, les microgrids, le stockage de l’électricité et le véhicule
électrique, ainsi que la technologie de courant
« La Chine est
en train de vivre
un phénomène
d’urbanisation
d’une ampleur
sans précédent.
Chaque année, une
ville équivalente
à New-York se
crée en Chine !
Cette urbanisation
s’accompagne
d’énormes
challenges liés à la
pollution de l’air
et aux émissions
de CO2… »
continu très haute tension (1 million de volts).
La Chine a identifié une série d’équipements
clé à développer en priorité. Il s’agit par
exemple des principaux éléments des
circuits primaires des centrales nucléaires,
des équipements pour les centrales au
charbon ultra-supercritique, des éoliennes
de forte puissance allant de 7 à 10 MW, des
équipements pour le solaire à concentration,
et des équipements de stockage d’énergie.
Comment s’organise la R&D d’EDF dans le
monde ?
La R&D du Groupe EDF, c’est plus de
2 000 personnes qui mettent l’innovation
au service des métiers du Groupe EDF :
production et distribution d’électricité,
commerce & services énergétiques. Partout
dans le monde et sur toute la chaîne de valeur
de l’électricité, la R&D d’EDF innove afin
d’améliorer les performances techniques et
commerciales de l’entreprise. EDF dispose
d’un réseau de centres R&D dans le monde
(France, Chine, Allemagne, Italie, États-Unis,
Royaume-Uni et Pologne) permettant de faire
le lien entre la communauté scientifique, les
industriels et tous les acteurs de l’innovation.
En complément, depuis 2009, la R&D d’EDF
a lancé une démarche « d’open innovation »
afin d’intégrer dans son champs d’activité
l’innovation issue des startups du secteur
de l’énergie et des Cleantech. L'équipe Open
Innovation évalue les technologies et propose
aux entités du Groupe EDF partout dans le
monde une sélection des meilleures solutions.
La Chine a toute sa place dans ce dispositif.
Depuis quand existe le centre R&D d’EDF en
Chine ?
Le centre R&D Chine du Groupe EDF
a été créé en juin 2011 avec une double
mission : bénéficier du contexte chinois très
dynamique dans le domaine de R&D, en lien
avec la communauté scientifique chinoise,
tout en mettant ses compétences au service
des activités d’EDF en Chine et de nos
partenaires chinois.
Quels sont les sujets concrets qui mobilisent
votre R&D en Chine ?
Les sujets d’intérêt ne manquent pas
en Chine ! Nous travaillons sur des sujets
pertinents pour EDF et porteurs dans le
contexte chinois. Il s’agit, pour citer les
principaux, de la pollution de l’air dans
les villes, de la planification d’énergie
dans la ville durable, des technologies
déployées
dans
l’énergie
distribuée,
d’analyse autour de démonstrateurs smart
grid, des modèles d’affaire innovants
autour du véhicule électrique, des microgrids, de la simulation numérique dans
le domaine de la production d’électricité,
ainsi que de l’activité Open Innovation.
Propos recueillis par Pierre Tiessen
Connexions
ÉTÉ 2014
41
Recherche
académique tissu économique :
une très forte
connexion
Trois questions à…
Gou lve n I nia l
Manager Asie recherche
et innovation chez Veolia
Veolia
DR
Veolia
Quelle est la part de R&D de Veolia en
Chine ?
Le budget investit directement par Veolia
Environnement Recherche et Innovation en
Chine est en progression de 10 % cette année,
notamment avec le développement de notre
programme dédié aux déchets urbains.
Les programmes d’innovation en Chine
profitent également de la montée en exigence
de nos clients qui attendent de Veolia des
solutions de plus en plus pointues.
« Innover c’est également
proposer des solutions
inédites à nos clients
industriels qui doivent,
sous l’impulsion du
gouvernement central,
transformer rapidement
l’outil de production pour
atteindre des standards
désormais souvent les
plus contraignants
au monde. »
Quelle analyse faites-vous de l’écosystème proposé en Chine aux entreprises
françaises innovantes comme Veolia ?
Le corpus permettant de protéger la propriété intellectuelle est bien développé en
Chine et Veolia l’utilise pleinement. Par ailleurs, le gouvernement central encourage les
entreprises dans les domaines de la protection de l’environnement et de la conservation
de l’énergie ou de l’eau ; trois domaines qui
correspondent justement aux métiers historiques de Veolia en Chine.
Connexions
ÉTÉ 2014
Propos recueillis par P. Ti
Le LC-MS/
MS (liquid
chromatography
tandem mass
spectrometry),
l'un des premiers
investissements
du centre de
recherche conjoint
Tsinghua Veolia.
Veolia
42
Votre entreprise pourrait-elle s’inspirer
d’un certain modèle chinois qui favoriserait l’innovation et l’émergence d’entreprises innovantes ?
À mon sens, un des atouts de la recherche
en Chine est la très forte connexion entre la
recherche académique et le tissu économique.
Beaucoup des recherches en laboratoires
débouchent sur des installations pilotes qui sont
immédiatement exploitées commercialement
par une spin-off de l’université ou de
l’entreprise en charge de l’opération du
site sur lequel a été déployé le pilote. Les
chercheurs sont donc associés très en amont
dans les projets à la logique économique qui
dictera à terme leur industrialisation.
Ce qu’est « innover »
pour Veolia en Chine…
Goulven Inial
Agence française de
développement
AFD
AFD
La Chine :
« un laboratoire
à grande vitesse »
DR
C’est tout d’abord contribuer au développement des solutions les plus adéquates
pour nos clients chinois dans des marchés aux caractéristiques bien spécifiques.
Prenons le cas du traitement des déchets
municipaux : les habitudes d’alimentation
et de consommation propres à la Chine
ont un impact important sur les caractéristiques physiques et chimiques des déchets à
traiter. Un effort de recherche important est
en train d’être réalisé en Chine pour adapter les technologies classiques (enfouissement technique et digestion notamment)
et satisfaire aux attentes croissantes de la
société en matière de performance environnementale.
Veolia participe activement à cet effort de
recherche au travers son centre de recherche
conjoint avec l’École d’environnement de
l’université Tsinghua à Pékin. Un doctorant
colombien y conduit par exemple depuis
début 2013 des recherches sur les mécanismes
d’inhibitions de la méthanisation au sein des
centres d’enfouissement de déchets en Chine.
Les résultats de ses recherches intéressent
particulièrement Veolia qui collecte et brûle ce
méthane issu de la décomposition des déchets
pour produire de l’énergie sur cinq sites en
Chine. Dans ce cas, l’innovation nécessite
le détour par la recherche académique pour
enrichir la compréhension des phénomènes
physiques, chimiques et biologiques et
permettre une meilleure exploitation des
déchets municipaux comme ressource.
Innover c’est également proposer
des solutions inédites à nos clients
industriels qui doivent, sous l’impulsion
du gouvernement central, transformer
rapidement l’outil de production pour
atteindre des standards désormais souvent
les plus contraignants au monde. Je
pense en particulier à l’objectif prioritaire
d’atteindre le Zero Liquid Discharge.
Enfin, innover pour Veolia c’est être prêt
à capter les innovations différenciantes
qui ne manqueront pas d’éclore au sein
de l’écosystème cleantech qui est en
train de se structurer autour de grands
incubateurs et de fonds d’investissements
dédiés. Nous réfléchissons actuellement
activement au déploiement en Chine d’une
plate-forme dédiée à l’innovation ouverte.
I n t e rv i e w
San d ri n e Bo uche r
Quelles sont les actions de l'AFD en Chine
sur les thématiques liées à l'innovation et
aux nouvelles technologies ?
L’AFD intervient en Chine depuis dix ans
dans le cadre d’un partenariat avec le ministère chinois des Finances et la commission
nationale du développement et de la réforme
pour développer des actions de coopération
contribuant à la lutte contre le changement
climatique et la protection de l’environnement. Les actions de l’AFD en Chine visent
« La Chine montre
un véritable appétit
pour l’innovation,
particulièrement
dans le domaine de
l’environnement,
et ce contexte est
très favorable pour
un positionnement
des entreprises
françaises sur des
offres innovantes sur
certaines niches. »
Connexions
ÉTÉ 2014
43
AFD
AFD
à accompagner la transition écologique du
pays à travers la réalisation de projets innovants et exemplaires pouvant être répliqués sur l’ensemble du territoire voire dans
d’autres pays confrontés aux même enjeux
dans le monde. À cet effet, l’AFD privilégie
des secteurs d’intervention où l’expertise et
les solutions technologiques des entreprises
de la filière verte française peuvent répondre
aux besoins des partenaires chinois et contribuer à faire évoluer les pratiques par l’adoption des meilleurs standards de qualité et de
performance. Nous pouvons illustrer cette
approche par quelques exemples concrets :
·Dans le secteur du chauffage urbain où les
sources et réseaux sont encore peu efficaces,
l’AFD a accompagné trois villes du nord de
la Chine (Jinan, Taiyuan et Jinzhong) dans
leur programme de rénovation de réseau
de chauffage urbain. Nous avons promu
l’adoption de solutions techniques innovantes
et performantes telles que l’installation
de sous-stations de chaleur préfabriquées
compactes (« skids »), la création de centres de
contrôle automatique et de gestion d’énergie
et l’utilisation de pompes à haut rendement
énergétique afin d’exploiter les importants
gisements d’économie d’énergie de ces réseaux.
·Dans le secteur de l’eau, l’AFD vise à
promouvoir des solutions de pointe en
matière de traitement des eaux et de gestion
des boues, ce que nous avons pu faire dans
le cadre du projet d’aide à la reconstruction
au Sichuan après le séisme de 2008 pour
44
Connexions
ÉTÉ 2014
« Une chose est
certaine : le
« laboratoire à
grande vitesse »
qu’est la Chine
permet de réaliser
des projets innovants
en un temps parfois
record, et offre
ainsi la possibilité
de reproduire ce
premier schéma dans
des contextes parfois
plus contraints. »
la réalisation d’une nouvelle usine d’eau
potable. Nous proposons aux partenaires
chinois d’adopter des technologies avancées
et éprouvées leur permettant d’atteindre les
standards les plus exigeants en matière de
qualité de l’eau. La compacité des installations
est également un critère important dans des
contextes urbains où le foncier est cher.
·Dans le secteur de la protection de
l’environnement et la préservation de
la biodiversité, l’AFD accompagne la
restauration d’écosystèmes fragiles et apporte
l’expertise nécessaire pour une gestion plus
concertée de ces espaces en s’inspirant des
meilleures pratiques dans ce domaine. Les
cabinets d’expertises français disposent d’une
expérience reconnue et de solides références
et peuvent proposer des approches et des
outils inédits en Chine.
Quelles sont les spécificités de la Chine en
matière d’innovation ?
La Chine montre un véritable appétit
pour l’innovation, particulièrement dans le
domaine de l’environnement, et ce contexte
est très favorable pour un positionnement des
entreprises françaises sur des offres innovantes
sur certaines niches. L’élaboration d’une
stratégie de développement sur le long terme en
Chine, une certaine connaissance des pratiques
locales, et idéalement la mise en place rapide
d’un relais local, constituent des conditions
importantes pour une implantation réussie et
durable.
La Chine serait-elle alors le « laboratoire
du monde » ?
Une chose est certaine : le « laboratoire à grande
vitesse » qu’est la Chine permet de réaliser des
projets innovants en un temps parfois record, et
offre ainsi la possibilité de reproduire ce premier
schéma dans des contextes parfois plus contraints.
Les autorités chinoises elles-mêmes pratiquent
ce système de projets pilotes testés quelques
années avant d’être répliqués à grande échelle
s’ils fonctionnent bien. En outre, les dimensions
sont très impressionnantes comparativement à
d’autres géographies, notamment dans le secteur
du développement urbain où une opération dite
pilote peut concerner des nouveaux « quartiers »
d’une superficie supérieure à 100 km2 (la taille
de Paris intra muros !) conçus pour accueillir
dans les décennies à venir des populations de
plusieurs centaines de milliers d’habitants. La
Chine constitue donc un terrain favorable pour
les solutions et technologies innovantes qui
répondent à un enjeu fort pour le pays confronté
à une destruction de l’environnement sévère
dans un contexte de montée en puissance
des aspirations d’une classe moyenne de
plus en plus soucieuse de sa qualité de vie.
Propos recueillis par P. Ti
Repères
L’AFD vise à travers les projets qu’elle
soutient à promouvoir l’émergence de
partenariats franco-chinois. Dans ce
cadre, les différents acteurs français
— bureaux d’études, entreprises,
collectivités territoriales, instituts
de recherche, ONG — compétents
dans les domaines du climat, de la
protection de l’environnement, du
développement durable, des énergies
vertes, de l’eau et de l’assainissement
peuvent tous contribuer à la réussite
des projets. Les partenaires chinois
avec lesquels l’AFD travaille sont
très intéressés par les solutions
innovantes proposées par les
entreprises et experts français ;
l’AFD favorise les lieux de rencontre
pour permettre la présentation de
cette offre aux décideurs locaux.
C’est dans une seconde étape,
par la réponse à un appel d’offre
international, que se fait la sélection
des entreprises pour mettre en œuvre
les projets financés par l’AFD.
IFOP Asia-­‐ Connection Creates Value International Market Company focus on Asia and Europe IFOP Asia helps Western companies and brands to understand and better connect with their Chinese consumers and helps Chinese companies and brands to understand and better connect with international consumers.
l
For western companies doing business in China: in 2010, IFOP
Asia talked to more than 30 000 Chinese consumers across China.
l
For Chinese companies interested in doing business in France:
in 2010, IFOP talked to more than 100 000 consumers across France.
l
Focus on beauty, luxury, lifestyle, food & beverage and Marcom
categories
l
Manohar Balivada
VP Regional & Head of Quantitative
[email protected] / +86 13761909240
ifop.com
Connexions
ÉTÉ 2014
45
Imagine China
Imagine China
DR
Stratégie et marketing
D écrypta g e
Olivier Vérot
Rédacteur en chef de
www.marketing-chine.com
L’exemple de Xiaomi,
une « start-up » qui explose
En seulement trois ans, la « jeune pousse » Xiaomi s’est hissée à la 5e place sur
le marché de la téléphonie mobile en Chine et a dépassé Apple en termes de
volume de vente, avec 18,7 millions de smartphones vendus en 2013, soit une
augmentation de 160 % en un an. Les raisons du succès ? De l’innovation bien
sûr… mais aussi une stratégie marketing imparable. Leçon en quatre points.
Dates-clés
6 avril 2010
Création de Xiaomi.
Premier produit : le système
d’exploitation MIUI
46
Connexions
ÉTÉ 2014
Avril 2013
Deux nouveaux marchés
s’ouvrent à la start-up :
Hong Kong et Taïwan
2013
Chiffre d’affaires estimé à
30 milliards de yuans
(environ 3,5 milliards d’euros)
Février 2014
Nouveau marché à Singapour
1
Susciter le manque chez les
consommateurs
Xiaomi mise sur des opérations de
communication, propose des prix
attractifs, et joue sur l’insuffisance en
limitant volontairement le nombre
de produits mis en vente sur le marché. La
demande devient alors supérieure à l’offre,
suscitant un manque et un optimisme sur le
succès du produit chez les consommateurs.
En 2014, Xiaomi adopte la même stratégie :
son PDG — le charismatique Lei Jun —
vient d’annoncer qu’il vendrait 40 millions
de smartphones en 2014, et que seule une
production insuffisante de ses terminaux
pourrait l’empêcher d’atteindre son objectif de
vente. En lançant la rumeur que la production
pourrait être insuffisante, l’homme cherche
ainsi à inciter les consommateurs à se
précipiter pour avoir un smartphone avant les
autres.
L’objectif de la marque est avant tout
d’attirer l’attention du grand public et des
médias en proposant à la presse un message
et des chiffres attractifs afin qu’ils diffusent en
masse l’information.
2
Jouer sur la réputation
Le PDG de Xiaomi n’hésite pas
à faire appel à des personnalités
pour « vendre » ses produits.
Ainsi, cette année, à l’occasion
du Nouvel An, Xiaomi a invité
Steve Wozniak — cofondateur d’Apple — en
Chine, véritable VRP des smartphones, des
routeurs Wifi et des télévisions connectées
Xiaomi. Ce dernier a d’ailleurs déclaré que
les terminaux de Xiaomi étaient, dixit, prêts
à affronter le marché international. Un
énorme coup de projecteur.
La société fait également appel à des
personnes d’influence (magazines spécialisés,
jeunes geeks ou autres leaders d’opinion).
Grâce à cette stratégie, l’entreprise a reçu des
dizaines de milliers de critiques favorables
d’internautes chinois sur des sites orientés
digital tels que digi.tech.qq.com ; Lei Jun a
même été nommé « personnalité de l'année
2013 » par le site d'information Sina.
3
Créer une communauté
La marque a réussi à conquérir
la communauté des geeks chinois
composée de jeunes qui rêvent
de voir des sociétés high-tech
chinoises concurrencer les plus
grands acteurs du secteur. En Chine, 10 %
des personnes influencent la grande majorité
de la population. Les jeunes passionnés
d’informatique sont acquis à la cause de
Xiaomi, et jouent le rôle de leaders d’opinion
auprès de leurs communautés ou de leurs fans.
Lei Jun est ainsi suivi par des millions de fans
sur Weibo.
Entreprises chinoises :
leur stratégie à l’international
Imagine China
LEI Jun, CEO
de la start-up
chinoise
Xiaomi.
Le PDG de
l’entreprise – le
charismatique
Lei Jun – vient
d’annoncer
qu’il vendrait
40 millions de
smartphones en
2014, et que seule
une production
insuffisante de
ses terminaux
pourrait
l’empêcher
d’atteindre son
objectif de vente.
4
Casser les prix
Xiaomi suit les traces d’Apple :
l’entreprise fait appel aux
mêmes fournisseurs et au même
assembleur taïwanais Foxconn,
et utilise les mêmes composants
que son concurrent, pour finalement vendre
ses smartphones deux fois moins cher qu’un
iPhone. Le principe est ensuite de diffuser
cette image de smartphone de bonne qualité à
prix très bas. Xiaomi adopte une politique très
agressive en la matière, proposant certains
smartphones à 1 500 RMB (soit environ
170 euros). La marque surfe sur la tendance
low-cost qui fonctionne très bien dans le pays.
Olivier Vérot
Lorsque qu’elles rencontrent un
succès sur leur marché domestique,
les marques high tech chinoises
s’exportent. Quelle stratégie adoptentelles alors à l’international ?
Elles ne jouent pas ou peu sur l’image
high tech/innovation, mais misent
sur la qualité des produits qu’elles
proposent, avec également un
positionnement low-cost.
Lei Jun, PDG de Xiaomi, a lui compris
que dans tous les pays, il y a toujours une
place pour un concurrent qui propose
des produits de bonne qualité à des
prix cassés. Xiaomi vise désormais de
nouveaux marchés à l’international
et s’apprête à affronter les géants du
secteur. Cependant, cette stratégie ne
fonctionne pas dans tous les pays. Pour
pouvoir commercialiser des produits
électroniques en Europe et aux ÉtatsUnis, Xiaomi doit faire passer de
nombreux tests et certifications à ses
produits, dont le coût vient s’ajouter aux
taxes d’importations, ce qui obligerait le
fabricant chinois à réduire ses marges et
à devoir augmenter le prix de ses produits
commercialisés dans ces deux zones
géographiques. Aussi, Xiaomi vise-t-il
pour l’heure d’autres pays : la Malaisie,
les Philippines, l'Inde, l'Indonésie,
la Thaïlande, le Vietnam, la Russie,
la Turquie, le Brésil et le Mexique ;
et reporte sa décision de conquérir le
marché occidental.
Lin Bin — l’associé de Lei Jun — estime
que dans cinq à dix ans, le monde aura
l'occasion de voir apparaître d'autres
entreprises chinoises aptes à proposer
des produits de bonne qualité et fières
de revendiquer leur « made in China ».
Il cite Lenovo, première marque mondiale
d'ordinateurs d’origine chinoise. (voir
p. 32-33).
Geely cherche à faire valoir la
supériorité de ses produits à l’étranger
et entend imposer ses voitures comme
ayant un excellent rapport qualité/
prix et comme étant « les plus sûres
au monde ». Son rachat de Volvo en
2010 a attisé la curiosité des médias
internationaux et l’a fait gagner en
notoriété en Chine et à l’étranger,
bénéficiant de l’image de la marque
mondialement connue. Cette année,
Geely souhaite s’appuyer sur un centre
de développement commun avec Volvo
qui sera établi à Göteborg, en Suède,
afin d’adapter les modèles chinois aux
marchés occidentaux pour les futures
exportations du groupe automobile.
O.V
Connexions
ÉTÉ 2014
47
5 PME françaises INNOVANTES
Subventions publiques, propriété intellectuelle,
recrutement des talents : tour d’horizon du soutien
chinois à l’innovation avec Angel Li, directrice
générale de la société française SAFT à Zhuhai.
SAFT
S
i vous habitez en Chine, il est
très probable que les compteurs
calculant chaque mois votre
consommation en eau, en gaz
et en électricité soient équipés
de piles françaises fabriquées
par SAFT. Depuis son entrée en 2005 sur le
marché chinois, cette société fondée en 1918
est en effet devenue leader en Chine sur le
segment des batteries à usage industriel. 28
millions de piles par an : c’est la production qui
sort, chaque année, de son usine de Zhuhai,
dans la province méridionale du Guangdong.
Autrefois détenue par Alcatel, cette société
internationale (3 850 employés répartis
dans 18 pays) conçoit et manufacture quatre
types de batteries. Si les piles au nickel pèsent
encore pour 48 % de son chiffre d’affaires
global en 2013, elle en produit également
à base de lithium, de lithium-ion et même
d’argent — ces dernières étant principalement
utilisées dans les missiles militaires et les
torpilles.
En Chine, SAFT peine encore à décrocher
des contrats avec l’armée, même si elle a réussi,
tout récemment, une percée en équipant les
satellites chinois avec ses batteries nouvelle
génération. C’est plutôt le développement
effréné du réseau ferré à haute vitesse — le
fameux gaotie — qui lui a donné, ces dernières
années, un véritablement élan. « Il est clair
que la Chine, parce qu’elle en a besoin, promeut
Dates-clés
En Chine, SAFT
peine encore à
décrocher des
contrats avec l’armée,
même si elle a réussi,
tout récemment, une
percée en équipant
les satellites chinois
avec ses batteries
nouvelle génération.
le développement des nouvelles technologies »,
affirme Angel Li, directrice générale des
bureaux de SAFT à Zhuhai, dans une
interview par téléphone. « Il suffit de prendre
pour exemple le TGV chinois pour comprendre
l’ampleur des changements. »
Contrefaçons
L’écosystème chinois en matière d’innovation
et de high-tech, affirme cependant Angel Li,
est encore peu favorable aux entreprises étran-
SAFT
FOCUS PME
« Un écosystème encore
peu favorable aux
entreprises étrangères »
gères. « Les subventions publiques vont principalement aux entreprises chinoises », témoigne
la dirigeante. Autre problème : la protection
de la propriété intellectuelle. Comme tant
d’autres entreprises françaises et étrangères,
SAFT souffre des contrefaçons, disponibles en
un clic sur Taobao et les autres sites de e-commerce. « C’est notre souci numéro Un. Nous
espérons que la propriété intellectuelle sera
mieux protégée à l’avenir. Fondamentalement,
cela suppose une réforme du système légal »,
affirme-t-elle.
En revanche, SAFT n’a aucun mal à recruter
des talents pour imaginer les piles de demain.
« Le recrutement ne pose pas de problème. Nous
parvenons à recruter du personnel qualifié et
à le retenir », poursuit Angel Li, qui a rejoint
la société il y a huit ans comme manager RH.
SAFT emploie aujourd’hui en Chine 200 personnes, dont la moitié sont des ingénieurs.
Ces derniers travaillent étroitement avec
les deux centres de recherche et développement (R&D) de l’entreprise: le premier à
Bordeaux et le second dans le Maryland, aux
États-Unis. Pour l’instant, SAFT n’envisage
pas d’ouvrir un centre de recherche en Chine.
Ce qui n’empêche pas pour autant la société
tricolore de consacrer, à l’échelle mondiale,
plus de 9 % de ses ventes totales à la R&D,
soit 55 millions d’euros l’année dernière.
Raphaël Balenieri
1918
1928
1988
2005
La Société des Accumulateurs
Fixes et de Traction (SAFT) est
créée en France au lendemain de
la Première Guerre mondiale.
L'entreprise est rachetée
par la Compagnie générale
d’électricité, qui deviendra
plus tard Alcatel.
SAFT approche le marché
chinois en ouvrant un sales
office à Hong Kong, toujours
en place aujourd’hui.
La société s’installe en Chine
continentale en ouvrant
une usine à Zhuhai.
48
Connexions
ÉTÉ 2014
Connexions
ÉTÉ 2014
49
Imagine China
TERAO
Green tech :
l’innovation par “absorption”
FOCUS PME
TERAO
Après avoir fait émerger des champions nationaux des technologies
vertes, la Chine veut à présent mener des projets bilatéraux
pour reprendre à son tour les meilleures pratiques.
C’
était il y a un peu plus
d’un an. Le 20 mars 2013,
le géant chinois des panneaux solaires Suntech
déposait officiellement le
dépôt de bilan. Devenue,
en douze ans, numéro Un mondial sur le marché
photovoltaïque, la société de Wuxi, après avoir
fait plié ses concurrents européens et américains, tombait à son tour à terre, victime d’une
crise de surcapacité provoquée par la politique
d’expansion très agressive de Pékin.
Seize mois plus tard, où en est la Chine dans
son soutien aux fameuses « green tech » ?
« La toute dernière tendance, c’est le développement
d’éco-quartiers construits dans le cadre de la
coopération bilatérale, par exemple le futur écoquartier franco-chinois de Shenyang », estime
Valentin Grimaud, chef de l’agence de Terao
à Pékin, un bureau français d’étude environ-
« La Chine veut
maintenant
développer des
projets pilotes pour
s’imprégner des
retours d’expérience.
C’est de l’innovation
par absorption. »
Valentin Grimaud,
chef de l’agence de
Terao à Pékin
nementales qui depuis 1994 accompagne
maîtres d’ouvrage, architectes et constructeurs
dans la réalisation de bâtiments écoresponsables. « La Chine veut maintenant
développer des projets pilotes pour s’imprégner
des retours d’expérience. C’est de l’innovation
par absorption », poursuit le jeune ingénieur,
diplômé de l’école des Mines de Saint-Etienne.
Finis, donc, les millions de yuans investis
par Pékin pour faire émerger des champions
nationaux dans les technologies vertes ? Pas
totalement. En matière de constructions
écologiques, la Chine reste, par exemple, encore
prisonnière de schémas assez classiques. « On
pense encore en Chine qu’un bâtiment écologique
doit être bourré de technologies vertes », note
Valentin Grimaud. « Ici, l’écologie doit se voir :
il faut des panneaux solaires sur le toit et pourquoi
pas sur les façades ! », plaisante le jeune Français
installé en Chine depuis quatre ans.
Chiffres clés
50
5
10
20
Nombre d’employés de Terao en Chine.
Outre l’agence de Pékin, la société
compte des bureaux à Paris et à Lyon.
Elle intervient également au Vietnam, en
Thaïlande, en Afrique du Sud, en Tunisie
et au Maroc.
Surface, en kilomètre carrés, du futur
éco-quartier franco-chinois de Shenyang.
La première phase des travaux doit être
terminée d’ici cinq ans.
Montant, en millions d’euros, du prêt
accordé par l’Agence française de développement (AFD) au gouvernement chinois
pour réhabiliter 30 bâtiments administratifs appartenant à la municipalité de Wuhan.
Connexions
ÉTÉ 2014
FOCUS PME
Ceva
Ceva
Subventions
Peu à peu cependant les choses changent.
Notamment en matière de certification. Inspiré
par le label américain LEED (Leadership in
Energy and Environmental Design), le ministère
chinois de la Construction a ainsi lancé, en 2006,
son propre standard de certification écologique,
le Green Building Evaluation Standard (GBES).
Articulé autour de six critères, il récompense, via
des subventions, les constructions écologiques
qui économisent « le maximum de ressources
dont l'énergie, l'eau, les matériaux et la terre,
protègent l'environnement, réduisent la pollution,
existent en harmonie avec la nature et fournissent
un espace confortable, efficace et hygiénique aux
occupants. »
Aujourd’hui, ce sont surtout les bâtiments
publics (mairies, hôpitaux, bureaux gouvernementaux) qui se pressent d’obtenir les « trois
étoiles » du label, son niveau le plus élevé. « Il y a
une course au green entre les provinces chinoises
mais le gros chantier, à l’avenir, c’est le privé »,
anticipe cependant Valentin Grimaud. De fait,
ses clients sont essentiellement des entreprises
familiales et des grands groupes chinois
qui ont déjà une politique de responsabilité
sociale (RSE). « En France, l’activité de Terao
est tirée par la réglementation très stricte qui
pousse les bâtiments à se mettre aux normes.
En Chine, nos clients veulent surtout faire des
économies d’énergie pour, in fine, dépenser
moins », conclut Valentin Grimaud dans
les locaux de cette PME bien décidée à faire sa
place dans le marché chinois du green building.
Raphaël Balenieri
Ceva mise sur
l’industrialisation
de l’agricole chinoise
La santé animale est un secteur stratégique pour la Chine qui
doit rationnaliser son agriculture. Devant cet enjeu majeur,
le Français Ceva entend valoriser son expertise.
P
romouvoir
des
poulains
nationaux de la santé animale
ou, grâce à des vaccins,
occidentaux
certes
mais
surtout efficaces, protéger le
consommateur de viande ?
Les autorités chinoises pourraient bientôt
pleinement pencher pour la deuxième option.
De fait, longtemps, Ceva, 8e groupe
vétérinaire au monde, spécialisé dans la
culture avicole, a dû en Chine se résoudre
à un développement bridé. Dès 2002, le
groupe français y a ouvert un bureau de
représentation, mais pour produire sur place
vaccins et antibiotiques, il a fallu attendre
2011 et la création d’une joint-venture avec
un partenaire chinois majoritaire. Et encore
aujourd’hui, Ceva Chine ne peut proposer ses
propres vaccins contre, notamment, la grippe
aviaire pourtant mortelle. Même si le groupe
Au monde, un porc
sur deux provient
de Chine, pays qui
consomme aussi
plus d’un quart
de la production
mondiale de viande.
50
Pourcentage des économies d’énergie
réalisées par le Parkview Green Fangcaodi
à Pékin, le premier bâtiment commercial
en Chine à avoir obtenu la certification
platine du standard LEED américain.
Ceva
Connexions
ÉTÉ 2014
51
Création d’un centre de recherche
« Malgré ces embûches, nous croissons à 30 %
par an et notre chiffre d’affaires s’est élevé
en 2013 à 193 millions de RMB [ventes de
produits importés et locaux conjuguées] », se
réjouit-il. Le marché chinois de la viande reste
donc immense. Au monde, un porc sur deux
provient de Chine, pays qui consomme aussi
plus d’un quart de la production mondiale
de viande. Le plus gros client de Ceva Chine,
Wen’s, produit à lui seul un milliard de poulets
par an... contre à peine 600 millions dans la
France entière !
Mais surtout, c’est le potentiel qui attire :
la Chine représente encore moins d’un
cinquième du marché mondial de la santé
animale. Sous les effets de l’industrialisation
à marche forcée de son agriculture, cette part
devrait vite augmenter. Car pas question
d’investir massivement dans une ferme
sans que son bétail ne soit bien traité...
« La Chine veut produire plus et mieux »,
confirme un observateur. « Pragmatiques,
les dirigeants, qui veulent stabiliser voire
réduire les importations alimentaires, savent
que l’expertise de groupes comme Ceva sera
cruciale. » Désormais, la filiale, qui par
exemple assure déjà la vaccination d'un tiers
des poulets blancs de Chine contre la maladie
de Gumboro, redouble donc d’ambition. D’où,
fin 2013, la création sous la houlette de Ceva
et de l’université agricole de Pékin d’un centre
de recherche sur les vaccins porcins.
« Les recherches sur les vaccins locaux
sont nombreuses », constate Wang Bin,
jeune coordinateur du centre. « Mais
maintenant, Ceva pourra aussi étudier leur
applicabilité en vue de lancer de nouveaux
produits. » Qualifiée de « gagnant-gagnant »,
cette association a toutes les chances
de rassurer, voire de ravir, en haut lieu.
Edgar Dasor
Dates-clés
2002
Ouverture d’un bureau de représentation
en Chine.
2011
Création d’une joint-venture avec Huadu,
partenaire chinois majoritaire.
2013
Ouverture à Pékin d’un centre de recherche
sur les vaccins porcins.
En cours
Création avec Hengtong d’une nouvelle JV
dans le domaine des antibiotiques.
52
Connexions
ÉTÉ 2014
FOCUS PME
Novacyt
Novacyt
pleins feux
sur la Chine
Cette biotech francilienne créée en 2006,
spécialisée dans les solutions innovantes dédiées
au domaine de la cytologie en milieu liquide,
nourri — depuis son bureau de Shanghai —
d’énormes ambitions. Et pour cause…
N
ovacyt,
l’histoire
d’une
petite pousse qui monte,
qui monte… et n’en finit
plus de monter. Cette TPE,
cotée sur l’Euronext depuis
2012, est de fait scrutée par
nombre d’investisseurs attentifs au secteur
— particulièrement prometteur — des biotechs.
« Même petits, nous sommes toujours très
surveillés », assure ainsi Bruno Gaffier,
responsable du bureau de Novacyt à Shanghai,
ouvert il y a quelque dix-huit mois. Cette TPE
— qui déploie un équipement performant
destiné au dépistage du cancer du col de
l’utérus — est d’autant plus « surveillée », qu’elle
entend « conquérir » la Chine. Un pays qui
réalise à lui seul « 30 à 40 millions de frottis par
an », comme l’indiquait déjà il y a deux ans un
article paru dans la revue spécialisée, Biotech
Finance. « Il y a en Chine une vraie prise de
conscience de l’intérêt de faire du diagnostic »,
poursuit aujourd’hui Bruno Gaffier.
Objectif : plusieurs millions de tests par an
En clair, Novacyt cherche à nouer sur place
un accord avec, dixit, « un distributeur connu et
réputé et créer ainsi un réseau avec les hôpitaux
chinois » ; accord qui lui permettrait de se
démarquer sur un marché concurrentiel et
dès lors de viser plusieurs millions de tests par
an . « Nous avons une très bonne technologie, il
nous manque plus qu’un très bon partenaire en
Chine… », explique Bruno Gaffier.
Cette jeune entreprise innovante — dont
Novacyt
refuse de parler de protectionnisme, les parts
de marché s’en ressentent. « Ailleurs, les dix
premiers groupes au niveau mondial figurent
à peu près dans le top 10 national », note
Damien Monzein, porte-parole de Ceva
Chine. « Mais ici, les leaders mondiaux sont en
dehors du top 20 ! »
Le 1er flacon
conçu par
Novacyt
pour les
gynécologues.
Cette TPE qui déploie un
équipement
performant destiné
au dépistage du
cancer du col de
l’utérus — est d’autant
plus « surveillée »,
qu’elle entend
« conquérir »
la Chine.
les produits utilisés pour le diagnostic sont
« made in France » — a pour elle une réputation
solide et un palmarès particulièrement
impressionnant. Incubée au Génopôle —
le bioparc d’Evry — en 2005, elle a reçu
dès l’année suivante, le prix national de
l’innovation du ministère de la Recherche
et de l’Éducation. En 2008, elle recevait
le 2e prix au concours de l’AGBM de
technologies médicales avant d’obtenir en
2012 le label Oséo « Entreprise Innovante » ;
sésame qui confirme la possibilité pour
les Fonds Communs de Placement pour
l’Innovation (FCPI) d’investir dans le
capital de l’entreprise et de bénéficier ainsi
d’avantages fiscaux.
Loi du nombre
Un pedigree de qualité qui « permet à Novacyt
en Chine de faire la différence avec une offre
locale qui laisse la place à un produit innovant »,
considère Bruno Gaffier. Une chose est sûre :
loi du nombre oblige, la demande est là. Mieux,
elle devrait connaître une très forte croissance
dans les prochaines années. « On estime qu’une
femme adulte en Chine — qui est informée des
méthodes de dépistage du cancer de l’utérus —
fait un frotti en moyenne tous les deux ans ».
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Camille HU
Thomas GAUTHIER
[email protected]
Business Development
[email protected]
Communication Manager
[email protected]
CEO ID-RF
[email protected]
CEO TECHNOCHINA Industries
CEO FC Electronics
G ro u p &
G ro u p
152/1421 Zhuan Xing Dong Lu
Minhang Industrial Park
Shanghai 201108, CHINA
T +86 21 64 42 99 91
Connexions
ÉTÉ 2014
53
Ip-Label
FOCUS PME
Ip - L a b e l
Le savoir-faire informatique
« made in France »
S’adapter aux réalités des nouvelles technologies en Chine, c’est
le défi qu’est en train de relever ip-label, PME spécialisée dans
le diagnostic des applications internet, mobiles et vidéos.
S
pécialisée dans la mesure de
performance des applications
digitales pour les entreprises,
la PME française Ip-label s'est
implantée dans l'empire du
Milieu à la demande de ses
clients français, comme Schneider Electric
notamment. Mais il a fallu s'adapter aux
réalités du marché chinois. « Nos clients nous
ont demandé de nous installer en Chine pour
accompagner leurs filiales ici. Cependant, plutôt
que l’achat de licence ou de jours/hommes comme
en Europe, les équipes locales ont mieux répondu
sur nos offres alliant technologie et expertise : les
offres SaaS (Software as a service). Nous avons
donc poussé ces solutions en priorité et nous
sommes focalisés sur le monitoring des sites et
services Internet », explique Arthur Hamon,
directeur de la filiale asiatique de cette PME.
Ce sont en particulier les grandes marques
françaises du luxe, du secteur cosmétique et
du retail (Groupe LVMH, L’Oréal, Decathlon,
Clarins) et plus globalement internationales
(Converse, P&G, Philips) qui ont souscrit à ces
services. En 2013, ces dernières représentaient
ainsi 75 % des clients de la société. Les
entreprises chinoises — à l’instar du groupe de
presse Rayli — font par ailleurs appel depuis
2010 à ses solutions, principalement SaaS.
« Nous nous sommes d’abord appuyés sur nos
clients occidentaux pour notre développement en
Chine. Même si les sociétés chinoises préfèrent
développer leurs propres logiciels en interne,
leurs directions informatiques n’ont en effet
pas le même poids dans l’organisation qu’en
Europe notamment », précise Arthur Hamon.
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Connexions
ÉTÉ 2014
« Plutôt que l’achat
de licence ou de jours/
hommes comme en
Europe, les équipes
locales ont mieux
répondu sur nos offres
alliant technologie et
expertise : les offres
SaaS (Software as a
service). Nous avons
donc poussé ces
solutions en priorité et
nous sommes focalisés
sur le monitoring
des sites et services
Internet ».
Arthur Hamon,
directeur de la
filiale de l’entreprise
à Shanghai.
« Cependant, ce mode de « consommation » de
l’informatique est prometteur en Chine pour
les offres de services opérés comme le SaaS et le
cloud computing plus largement. »
Talents IT français en Chine
Une stratégie qui semble porter ses fruits
au vu des grandes réussites commerciales
des entreprises chinoises spécialisées dans
les nouvelles technologies comme Tencent,
Huawei, Baidu, ZTE ou encore Alibaba dont
le patron Jack Ma vient d’ailleurs de signer
un accord avec Laurent Fabius. Accord qui
va permettre aux entreprises tricolores de
faciliter leur accès à la vitrine commerciale du
groupe chinois (voir nos actualités business,
p. 9). « Cela va être l’occasion de mettre en
avant non seulement des produits typiquement
français mais également le talent des entreprises
françaises innovantes dans le domaine des
nouvelles technologies. Et ça, nous savons faire ! »,
s’enthousiasme Artur Hamon. « D’autant
plus qu’Internet en Chine est en forte croissance
et nous avons tous à y gagner, notamment sur ce
que nous proposons, le diagnostic et les mesures
des applications digitales liées au web, aux
mobiles et à la vidéo ». Un savoir-faire que le
Français transmet au quotidien à ses équipes
chinoises du bureau de Shanghai. Car ce qui fait
assurément la force d’une entreprise tricolore
en Chine, en plus de la qualité de ses ingénieurs,
ce sont également les éléments capables
« d’apporter une vision et une compréhension
du marché chinois », ajoute Arthur Hamon.
Erwan Pacaud
Dates-clés
2000
2008
2010
2013
2014
Chiffre d’affaires
global de 11 millions
d’euros. En croissance
de 25 % par an
depuis 2009
Création d’ip-label.
25 %
Achat d’une société
en Europe du Nord
et progression de
l’internationalisation
de la société.
Ip-Label
Ouverture d’une
WOFE
( filiale en propre)
à Shanghai.
Introduction et
premières ventes
des solutions de
mesures Intranet.
Nomination
d’un Country
Manager Chine
par promotion
interne d’un
ingénieur d’origine
shanghaienne.
Imagine China
@
Nous fournissons des solutions. Avec plus de quarante années
d’expérience à Hong Kong et en Chine, nous sommes vos
interlocuteurs privilégiés dans les domaines suivants:
Installation de Bureau de représentation et de
WFOE en Chine Continentale
Comptabilité et mise en conformité fiscale des
entités chinoises
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Conseil en optimisation et mise en conformité
fiscale pour les opérations transfrontalières
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Road, Jing-An District, Shanghai, PRC.
Connexions
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Enquête Ifop
es tendances actuelles sur le
secteur des nouvelles technologies
en Chine se regroupent autour
de deux grands secteurs : le
e-commerce qui comprend le mobile
commerce ; et le cloud. En Chine, la
connexion est devenue aujourd’hui essentielle
aux yeux des consommateurs chinois. Surfant
sur cette tendance, les principaux acteurs, qui
se concentrent en une poignée d’entreprises
chinoises, se sont spécialisées dans le
domaine du digital. Ainsi elles ont su capturer
l’attention avec des produits innovants.
« Un très bon exemple de réussite est la
plate-forme Wechat qui a conquis plusieurs
centaines de millions d’utilisateurs grâce à sa
messagerie instantanée (similaire à What’s
up) et ainsi a pu exploiter une énorme base
de données utilisateurs sur d’autres services
périphériques, notamment du payement
en ligne », confie Louis Cheng, ancien
manageur du développement commercial à
Atos, entreprises de solutions informatiques.
Mais qu’en est-il de la place de la France sur le
secteur des nouvelles technologies en Chine,
alors que de très nombreux pays viennent
tenter leurs chances.
Le e-commerce est en vogue en Chine.
Hacène Taibi, président et directeur général
de Them Altima Group, agence web présente
en Chine, spécialiste de la création de site
corporate et d’e-commerce, nous explique
qu’« avec une croissance à deux chiffres, le
e-commerce en Chine est une belle opportunité
pour les entreprises étrangères notamment
avec le développement très rapide du mobile
commerce ou m-commerce. Par ailleurs,
seul 49 % des chinois achètent en ligne,
donc la marge de progression est grande ».
Un exemple serait Taobao, le site de
e-commerce le plus répandu en Chine. De plus,
la Chine détient une longueur d’avance sur
certains comportements d’achat sur téléphone
mobile avec une pénétration de 400 à 500
millions de smartphones. Cela représente une
énorme opportunité puisque le smartphone
est l’un des moyens les plus privilégiés pour
surfer sur le net. Les Chinois utilisent leurs
téléphones mobiles pour accéder à des sites
qui ne sont pas encore prévus à cet effet.
Un autre secteur majeur en plein boom est
le cloud. Il permet d’avoir des infrastructures
pour dématérialiser les datas-centers et la
puissance de calcul. Les capacités de stockage
s’adaptent aux besoins et l’accès se fait de
n’importe quel ordinateur ou autre interface
internet. Sur la scène internationale, le cloud
est encore dominé par les États-Unis avec
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Connexions
ÉTÉ 2014
High-tech :
ces tendances
qui rapportent
Les tendances actuelles sur le secteur des nouvelles technologies
en Chine se regroupent autour de deux grands secteurs : le
e-commerce qui comprend le mobile commerce et le cloud.
selon le classement 2013 Deloitte Technology
Fast 500TM EMEA (Europe, Moyen-Orient
et Afrique)1, la France obtient la première
place en termes d’entreprises technologiques.
D’ailleurs, c’est la quatrième année consécutive
qu’elle gagne ce classement, avec 86 entreprises,
alors que l’Angleterre obtient un score de
71 entreprises et les Pays-Bas de 52 entreprises.
Toujours selon ce classement, c’est une
entreprise française, YMagis, spécialiste du
cinéma digital en Europe, qui est première du
classement avec un impressionnant taux de
croissance de 60 000 %.
Cependant, la place de la France sur le
secteur des nouvelles technologies en Chine
reste mineure avec une faible part de marché.
Lorsque l’on parle de e-commerce, Hacène
Taibi explique qu’en France « nous avons de
très bons produits mais ils sont peu distribués sur
les canaux e-commerce chinois. Les détaillants
français devraient davantage profiter de l’attrait
des consommateurs chinois pour les produits
français. » En d’autres termes, les entreprises
technologiques françaises doivent acquérir un
savoir marketing pour s’implanter en Chine. Il
n’y a pas de pure players français en e-commerce
en Chine.
Imagine China
Microsoft et Oracle. Cependant, le cloud est
en rapide expansion en Chine et représente un
commerce qui va se chiffrer à quelques milliards.
La plate-forme de vente chinoise Alibaba,
qui a récemment rattrapé le grand américain
Amazon, est dorénavant en compétition avec
celui-ci sur le domaine du cloud avec son site
d’hébergement TMall qui permet aux marques
de ne pas avoir besoin de créer leurs propres
sites et d’avoir accès à un nouveau package de
service incluant la maintenance, la gestion et
l’installation.
Les entreprises américaines et chinoises sont
donc les plus présentes sur le marché chinois
au niveau de ces deux secteurs. La France,
quant à elle, est réputée en Chine pour sa fine
gastronomie et ses grandes marques de luxe
telles que Dior et Chanel. Elle a une stratégie
gagnante sur le secteur du luxe et cosmétique
avec des marques comme L’Oréal, Avène ou Yves
Rocher, ainsi que sur le secteur des détaillants
d’habillement. Cependant, lorsque cela se
rapporte au secteur des nouvelles technologies,
la France est moins connue du grand public.
Mais lorsque l’on s’y intéresse de plus près, et
« Un très bon exemple de réussite
est la plate-forme Wechat qui
a conquis plusieurs centaines
de millions d’utilisateurs grâce
à sa messagerie instantanée
(similaire à What’s up) et ainsi
a pu exploiter une énorme base
de données utilisateurs sur
d’autres services périphériques,
notamment du payement
en ligne »
Louis Cheng, ancien
manageur du développement
commercial à Atos.
Et pourtant les débouchés sont majeurs
car la Chine va rapidement devenir le premier
marché du monde. « L’intérêt d’un marché
qui est un peu moins mature est de pouvoir
prendre plus vite des parts de marché avec moins
d’investissements. Les entreprises françaises
devraient regarder un peu plus à l’Est, au moins
autant qu’à l’Ouest », explique Hacène Taibi.
Louis Cheng ajoute que « la Chine fait
face à beaucoup de problèmes dû à sa grande
population. Néanmoins, une base de plusieurs
centaines d’utilisateurs de smart devices constitue
un avantage unique pour les entreprises de
nouvelles technologies. »
La Chine est une porte ouverte pour les
entreprises françaises bien que celles-ci
hésitent encore à venir en Chine, synonyme pour
l’instant de contrefaçon, de copie. Les avancées
au niveau de la propriété intellectuelle et des
licences (concernant les logiciels et les sites
internet) confortent cette idée, comme le
confirme Viadeo, réseau social français, qui a
su pénétrer le marché chinois et qui a racheté
Tianji, réseau social professionnel. Il est donc
possible de s’implanter avec succès en Chine.
1. Deloitte Touche Tohmatsu Limited (DTTL) Global Technology,
Media & Telecommunications (TMT) industry group’s 2013
Technology Fast 500TM EMEA (Europe, Moyen-Orient et
Afrique).
Équipe IFOP Asia
Connexions
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Abécédaire
ABCL
Attractivité
Les autorités de Pékin ont créé
des programmes incitatifs d’aide
au retour visant les diplômés et
« cerveaux » chinois. Ainsi des
mesures d’attractivité, à l’égard des
chercheurs installés à l’étranger ont
été mises en place, précise le site
internet de l’ambassade de France
à Pékin, « comme notamment
le programme « mille talents »
offrant aux ressortissants chinois
ou d’origine chinoise travaillant
dans des laboratoires étrangers
des conditions de retour très
avantageuses. De telles conditions
sont aussi parfois offertes à des
chercheurs étrangers qui se voient
offrir la possibilité d’effectuer
leurs recherches en Chine dans les
meilleures conditions ».
58
Connexions
ÉTÉ 2014
Brevet
Selon l’Organisation mondiale de la
propriété intellectuelle, le Chine est
devenue en 2011 le pays déposant
le plus de brevets au monde —
politique qui constitue l’une des clés
de la compétitivité du pays. Ainsi,
« plus de 520 000 requêtes ont été
déposées dans l’empire du Milieu »
en 2012, rappelait récemment
Les Echos. « Celles-ci émanent
aussi bien de déposants locaux que
d’étrangers, ces deux catégories
enregistrant, ces quinze dernières
années, une multiplication par huit
du nombre de demandes formulées ».
Cette
accélération
confirme
« la fulgurante intégration du
« continent » chinois dans le paysage
industriel mondial », concluait le
quotidien économique.
Cycles
Les cycles d’innovation sont
généralement considérés en Chine
comme des cycles courts, ce qui
permet davantage de réactivité, au
détriment parfois à d’un travail plus
poussé dans certaines disciplines
de sciences dures. « Ce qui compte
ce n'est pas la rupture techno mais
la nouvelle fonctionnalité ». C'est
ce que montre le travail réalisé
récemment par McKinsey, avec
l'aide du MIT, pour identifier les
spécificités du processus chinois
de R&D, expliquait récemment le
magazine Industrie & Technologie.
Pour Jean-François Di Meglio,
de Asia Centre, plus on est sur
des cycles courts, « plus vite le
rattrapeur — en l’espèce la Chine —
rattrape ses concurrents ».
Lapin de Jade
Nom du véhicule téléguidé
« made in China » qui s’est récemment posé sur la Lune, grâce à la
sonde spatiale Chang’e-3, faisant
de la Chine la troisième nation au
monde capable de faire rouler un
engin sur le satellite naturel de la
Terre. Cet exploit technologique,
qui marque une étape importante
dans l'ambitieux programme spatial de la Chine, est une première
depuis trente sept ans : il s'agit
en effet du premier alunissage en
douceur réussi depuis la mission
soviétique Luna 24, en août 1976.
Doté de panneaux solaires pour
se fournir en énergie, Le « Lapin
de jade » a été chargé d'effectuer
des analyses scientifiques, notamment géologiques.
HLPZ
Horizon 2020
Nouveau programme de financement de la recherche et de l'innovation de l'Union européenne pour
la période 2014-2020. C’est le successeur du 7e programme-cadre de
recherche et développement technologique. Ce programme unique
regroupant les financements en
matière de recherche et d’innovation est doté de 79 milliards d’euros pour la période visée afin de
soutenir les travaux des acteurs
de la recherche et de l’innovation (organismes, établissements
d’enseignement supérieur et de
recherche, entreprises...). Horizon
2020 concentre ses financements
sur la réalisation de trois priorités :
l’excellence scientifique, la primauté
industrielle et les défis sociétaux.
LIAMA
Laboratoire Sino-Européen
d'Informatique, d'Automatique et
de Mathématiques Appliquées ; il
a été crée par l'INRIA et le CASIA
en 1997, puis rejoint par le CNRS
en 2000. Ses principales missions
consistent à mettre en place des
projets de recherche conjoints
impliquant des chercheurs chinois
et européens, à promouvoir le
développement de méthodes et
logiciels innovants, à renforcer
les liens entre les communautés
universitaires et industrielles
françaises et chinoises, à stimuler
la participation dans des projets
collaboratifs, et à développer
la formation par la recherche
d’étudiants et de chercheurs
chinois et européens.
PEPPER
Premier robot conçu pour vivre
aux côtés des humains développé
par la société française Aldebaran
(présente en Chine) pour le compte
de SoftBank mobile — l'un des plus
grands opérateurs de téléphonie
mobile du Japon. Ce robot mesure
1,20 m environ, pèse 28 kg, et est
équipé d’une batterie lui permettant
de tenir jusqu’à douze heures.
Pepper, petit modèle conçu pour
mimer au plus près l’être humain,
devrait être en vente dès février
2015 pour 1 400 euros. « Il adore
parler aux humains, il est très
curieux d'en apprendre plus sur
nous! », note-t-on chez Aldebaran.
« Au fur et à mesure de vos discussions,
Pepper se souviendra de vous, des
choses que vous aimez ou pas ».
Zhongguancun
Parc technologique à Pékin (entre
le 3e et le 4e périphérique) de plus
de 330 km2, ce qui en fait le plus
important de Chine. Créé en 1998,
il est spécialisé dans les sciences et
technologies de l’information et de
la communication, les circuits intégrés et les logiciels. Zhongguancun
est souvent comparé à une « Silicon
Valley chinoise ». Le pays compte
des dizaines de parcs similaires,
comme celui de Canton ouvert depuis 1991 ou encore celui de Guilin
(1998), sciences et technologies de
l’information et de la communication, nouveaux matériaux, systèmes opto-électro-mécaniques,
biotechnologies, applications de la
médecine chinoise à la médecine
moderne.
Connexions
ÉTÉ 2014
59
Actualités de la Chambre
Trophées France Chine 2014
3e édition
E
n cette année de célébration
du cinquantenaire de la reconnaissance diplomatique
de la République populaire
de Chine par le général de
Gaulle, il faut encourager,
plus que jamais, les entreprises françaises à
utiliser le tremplin du marché chinois pour
s’imposer mondialement.
Le cabinet de conseil OC&C Strategy
Consultants, en collaboration avec la
4
enseignements clés
• La Chine va rester
durablement au
centre de l’échiquier
• La France est (très)
en retard, l’Allemagne
a creusé l’écart
• La mutation en cours
du modèle chinois
est une formidable
opportunité de rattrapage
pour la France
• Les géants chinois se
développent dans tous
les domaines, ouvrant
des opportunités de
rapprochement pour les
champions français
60
connexions
ÉTÉ 2014
Chambre de commerce et d’industrie
française en Chine (CCIFC), la Chambre de
commerce et d’industrie de région Paris Ile
de France, et le Think Tank Premier Cercle,
ont souhaité contribuer à aider les entreprises
françaises à modifier leur vision en créant
les « Trophées France Chine ». L’objectif
est de mettre sur le devant de la scène des
entreprises dont l’expérience en Chine est
remarquable, tout en essayant de décoder les
ingrédients de leur stratégie et les clés d’une
intégration réussie en Chine.
Novembre 2014 : la troisième édition
Des appels à candidatures ont été lancés
en mai et juin dernier pour les cinq trophées
suivants :
• Le trophée Croissance, qui récompense
une forte augmentation du chiffre
d’affaires ;
• Le trophée Audace, qui prime le succès
d’un pari osé pris par une entreprise ;
• Le trophée Alliance, qui honore la réussite
de partenariats avec des acteurs locaux ;
• Le trophée Entrepreneuriat, qui distingue
une PME française qui a remarquablement
développé ses activités en Chine ;
• Le Prix de la Coopération FranceChine, organisé par l’Association des
Entreprises de Chine en France (AECF),
qui met en avant une entreprise chinoise
ayant connu une trajectoire remarquable
et établi des coopérations gagnantes pour
la Chine comme pour la France.
L’appel à candidature se clôt à la fin du
mois de juillet. Les lauréats sont par la suite
choisis par un jury indépendant, sur la base
d’études de cas préparées par les candidats
en relation avec le cabinet de conseil OC&C
Strategy Consultants. Le jury présidé par
Pierre-Antoine Gailly est composé d’une
douzaine de membres dont des représentants
d’institutions (CCIFC, CCI Paris Ilede-France, Comité France Chine), des
directeurs de grandes écoles, et divers experts
internationaux.
Les noms des lauréats 2014 seront révélés au cours de deux soirées :
• Le samedi 22 novembre 2014 à Pékin :
les trophées Alliance et Entrepreneuriat
seront remis à l’occasion du gala de la
CCIFC à Pékin au Sofitel Wanda, en présence de 600 invités de la communauté
d’affaires française et chinoise et d’une
sélection de médias français et chinois.
• Le mardi 25 novembre 2014 à Paris : les
trophées Croissance, Audace et le Prix
AECF de la Coopération France-Chine
seront révélés lors d’une conférencedébat à l’hôtel Potocki à Paris à partir de
18h00.
Nous espérons vous voir nombreux à ces deux
événements et célébrer cette année encore les
lauréats des Trophées France Chine.
Retour sur les éditions 2012 et 2013
Les deux précédentes éditions ont mis à
l’honneur les neuf entreprises suivantes :
• Air Liquide puis Plastic Omnium
(trophées de la Croissance 2012 et 2013),
• Seb puis Beaumanoir (trophées de
l’Audace 2012 et 2013),
• Legrand et Carrefour (trophées de
l’Alliance 2012 et 2013),
• Splio (trophée de l’Entrepreneuriat 2013),
• Huawei et CGN (prix AECF de la
Coopération France-Chine 2013).
La précédente édition a également
permis de partager des enseignements
éclairants (voir encadré). Ces éléments
sont détaillés dans la brochure remise à
l’ensemble des participants et accessible
sur le site www.tropheesfrancechine.com.
Contacts :
• à la CCIFC
Marion Sardou
[email protected]
• chez OC&C Strategy Consultants
Frédéric Fessart
[email protected]
CCIFC
CCIFC
2e Forum d’affaires sino français
La deuxième édition du Forum d’affaires sino
français, réalisée grâce à l’étroite collaboration
entre la CCIFC et le Conseil Chinois pour
la Promotion du Commerce International
(CCPIT) et en partenariat avec le Consulat
Général de France à Canton, la Chambre
de commerce et d’industrie à Hong Kong,
l’Agence française pour les investissement
Internationaux et Ubifrance, a eu lieu le jeudi
15 mai 2014 à Canton, de 15h30 à 20h00.
S’inscrivant dans le cadre du 50e anniversaire
des relations diplomatiques entre la Chine
et la France, les participants, directeurs
d’entreprise et décideurs politiques, sont
venus en nombre : plus de 125 personnes,
représentant PME et grands groupes de nos
deux pays, ont eu le privilège et la satisfaction
d’assister à ce rendez-vous unique.
Le Forum d’affaires sino français permet
à l’ensemble des invités d’identifier leurs
homologues étrangers et leurs potentiels
French chamber oF commerce and Industry In chIna
2 0 1 4 Business Climate survey
China
France
in collaboration with
partenaires ou clients pouvant les aider à
développer leurs affaires.
Les entreprises chinoises ont alors
effectivement pu se renseigner sur les
possibilités d’investissement en France, et
parallèlement, les entreprises françaises
ont su trouver des leviers pour leur
développement en Chine.
Avec un programme très complet, les
participants ont tout d’abord assisté à deux
conférences :
• La première, présentée par Roland HUANG
(associé du cabinet d’avocats chinois
Geneen Law Office), leur a permis de
recueillir toutes les informations utiles
quant à la gestion des contentieux en Chine.
• Ensuite, le cabinet d’avocats français,
représenté par Me Vivian DESMONTS
et Me CHEN Haijuan, s’est concentré sur
les éléments clés et les risques pour les
investissements chinois en France.
À l’issue de cette première rencontre
franco-chinoise de la journée au Sofitel
Guangzhou Sunrich, l’ensemble des invités
a pu interagir davantage lors du cocktail.
Le dîner d’affaires, a été ensuite l’occasion
pour les participants de présenter leur
secteur d’activité et échanger efficacement
grâce aux tables à thématique sectorielle :
agroalimentaire,
architecture,
design
& décoration, biens de consommation,
environnement, investir en France, vins &
spiritueux et la table des officiels.
Mme Caroline PENARD, directrice
générale adjointe de la CCIFC nous a fait
l’honneur d’introduire cet événement
exceptionnel, aux côtés de M. ZENG
Kaizhang, président du CCPIT Canton et
de M. le consul général de France à Canton,
Bruno BISSON.
Les cultures françaises et chinoises ont
également été mises en avant au travers
d’une excellente sélection de grands
crus français, proposée par Red Pony,
accompagnée de plats traditionnels chinois.
Cette deuxième édition du Forum
d’affaires sino français, pleine de succès et
prometteuse pour les entreprises françaises
et chinoises, est en passe de devenir
l’événement annuel de la communauté
d’affaires franco chinoise à ne pas
manquer, afin de développer davantage
les relations d’affaires mutuellement
bénéfiques entre la Chine et la France.
Contact :
Emeline HESPEL
Responsable événementiel &
communication
[email protected]
86 (20) 2916 5531
Édition 2014 de l’enquête sur le climat des affaires
La CCIFC et l’agence Ifop Asia renouvellent
en 2014 leur étude annuelle sur le climat des
affaires. Cette étude destinée à prendre le pouls
du climat des affaires en Chine, sera lancée auprès
des entreprises française membres de la CCIFC
du 1er au 30 septembre 2014. Afin d’obtenir
une évaluation riche de l’environnement des
affaires et de mieux appréhender les défis et
inquiétudes des entreprises françaises, nous vous
invitons à participer en nombre à cette enquête
en répondant au questionnaire qui vous sera
directement envoyé. Nous vous remercions de
votre implication.
Pour télécharger les résultats des études 2013 et
2012, rendez-vous sur www.ccifc.org, rubrique
business intelligence.
www.ccifc.org
connexions
ÉTÉ 2014
61
Nouveaux collaborateurs...
Arrivée de :
DR
DR
Actualités Business Services
Lactalis ou Bonilait ; d’autres sont en prospection — telle
Reverdy pour l’alimentation des chevaux. Notre porte
étendard était Adisseo, du groupe Blue Star, bel exemple de
coopération franco-chinoise dans le secteur de l’alimentation
animale depuis 2006. M. Jean-Muichel BOUSSIT, président
d’OQALIM (l’association professionnelle pour la qualité en
alimentation animale), était présent et représentait l’intégralité
de la filière.
Installé au centre du hall principal du salon, le pavillon
français a été visité par différents responsables du ministère
de l’Agriculture chinois, dont le vice-ministre en charge de
ce secteur, offrant aux entreprises présentes une visibilité
forte auprès des institutions en charge des autorisations
administrative. Les entreprises ont également pu établir de
nombreux contacts commerciaux sur ce stand conceptualisé et
animé par la CCIFC.
Interview du conseiller agricole adjoint
à l’ambassade de France en Chine
Thomas PAVIE
La CCIFC et le service économique régional de
l’ambassade de France en Chine initiaient en 2012 un
comité sectoriel fédérant les acteurs du secteur agricole
et agroalimentaire. En 2014, les deux structures ont
poursuivi ce travail de regroupement des entreprises
en les amenant au salon du Feed de Shenyang.
En partenariat avec la CCIFC vous avez récemment
participé au salon du Feed à Shenyang, quels étaient les
objectifs de votre présence et de celles des entreprises
françaises ?
Les entreprises du secteur de l’alimentation animale ont fait
le constat de la difficulté de l’accès du marché chinois pour
leurs produits, difficulté en premier lieu d’ordre administratif.
En participant de manière collective à ce salon professionnel
— le plus important en Chine pour ce secteur — en liaison
avec la China feed industry association et le ministère de
l’Agriculture chinois, nous souhaitions démontrer aux
partenaires institutionnels et industriels chinois du secteur
que la France dispose d’une offre de qualité et adaptée aux
besoins du marché chinois, mieux comprendre leurs attentes
et leurs « codes » culturels, et tisser des liens pour une relation
de confiance dans la durée.
Pouvez-vous nous citez les entreprises présentes sur
le Pavillon France ? Quels bénéfices réels ont-elles pu
retirer de leur participation ?
Nous avons reçu un total de huit entreprises du secteur :
des PME telle que Olmix ou des grandes coopératives de
taille internationales telles que In vivo ou encore Limagrain.
Certaines sont déjà implantées pour produire en Chine
— comme SPF Diana ; ou exportent déjà en Chine — comme
62
Fiona QIAO
Fiona a intégré l’équipe en tant que Business Consultant
au Chinese Desk suite au départ de YANG Fan à qui nous
souhaitons le meilleur pour la suite.
Contact : [email protected] | 86 (10) 6461 0260*17
connexions
ÉTÉ 2014
Vous avez organisé au cours de ce salon un forum sur
l’alimentation animale en Chine, en quoi ce secteur est-il
important pour les entreprises françaises ?
Le forum a regroupé 200 experts professionnels et académiques
chinois et a permis aux entreprises de présenter leurs solutions
innovantes, mais aussi d’avoir une présentation par la China
Feed Industry Association de la nouvelle réglementation
chinoise qui s’applique dans le domaine.
La Chine est le 1er pays pour l’élevage dans le monde.
Son agriculture et son élevage sont en pleine période de
transition afin de répondre à une demande exponentielle des
consommateurs chinois pour les produits animaux (laits,
viande, œufs), avec également une exigence élevée en termes
de qualité et de sécurité des aliments. Les fluctuations sur
l’offre et la demande en Chine ayant des répercutions sur les
coûts des matières premières utilisées en France, les entreprises
du secteur en France se doivent de suivre de près l’évolution du
marché chinois et les acteurs chinois. Parallèlement, ce marché
présente de formidables opportunités pour nos entreprises,
que ce soit pour les produits ou les services, ou même
l’équipement.
Qu’est ce que le partenariat avec le service SAE de la
CCIFC vous a apporté sur cet événement ?
Depuis plus d’un an le service économique de l’ambassade
a engagé des négociations pour ouvrir le marché chinois à
différentes catégories de produits de l’alimentation animale.
Mais nous nous sommes heurtés au mur de l’administration
chinoise. Les négociations pour l’ouverture du marché
progressent quand elles sont menées sous trois angles
complémentaires : politique, technique mais aussi industriel.
Il ne peut pas y avoir de bonne diplomatie économique sans
les entreprises. Mais pour que cette approche économique
de la diplomatie soit efficace, il faut que l’intervention des
entreprises soit coordonnée et convergente. La CCIFC et
son comité sectoriel agricole permettent cette coordination
efficace avec pour objectif d’apporter des réponses
collectives aux enjeux du secteur de l’alimentation en Chine.
Propos recueillis par M arion S A R D OU
Arrivée de :
DR
YUAN Qifei
Qui rejoint notre service d’appui aux entreprises
en qualité de consultante commerciale.
Bonne continuation à LUO Jingwen, son prédécesseur.
Contact : [email protected] | 86 (21) 6132 7100*112
China Cities of the Future
明日之城 未来市场
2014 Tour Imagine China
La France
a l’honneur
dans l’Ouest
de la Chine
Imagine China
Chongqing
Chengdu
Le mois d’octobre sera un mois français pour l’Ouest de
la Chine. Deux opérations majeures et labellisées comme
événement économique marquant le 50e anniversaire
des relations diplomatiques entre la France et la Chine,
seront organisées dans la région du 22 au 26 octobre.
Il y aura tout d’abord l’opération Ville d’Avenir à Chongqing
les 22 et 23 octobre, organisée par la CCIFC et soutenue
par l’ambassade de France en Chine. Il s’agit d’un voyage de
suivi de la première mission menée en 2010 dans cette ville,
en partenariat avec Ubifrance et le DOFTEC. L’objectif de
ce voyage est d’approfondir les relations et les possibilités
de partenariats sur Chongqing au travers de tables rondes et
de rendez-vous individuels avec le tissu économique local.
À la demande de la municipalité, l’opération se focalisera sur
plusieurs secteurs :
• Santé
(gestion
d’établissement
pour
senior,
pharmaceutique)
• Cosmétique (production d’essences naturelles, R&D,
packaging…)
• Vins et spiritueux & agroalimentaire
• Agriculture (industrie porcine)
• Développement urbain (projet low carbon city)
• Industrie
Du 23 au au 26 octobre aura lieu le Forum des Pme
France/Chine à l’initiative de la Fondation Prospective
et Innovation, présidée par M. Jean-Pierre Raffarin.
Cette opération, organisée au moment de la grande foire
commerciale de l’Ouest de la Chine, rassemblera 800 PME/
ETI françaises et chinoises.
Il s’agit d’un Forum bilatéral de rendez-vous d'affaires
destiné aux dirigeants de PME/ETI françaises qui
recherchent des alliances stratégiques commerciales,
financières
et
technologiques,
pouvant
leur
permettre de développer leurs affaires en Chine.
connexions
ÉTÉ 2014
63
Nouveaux collaborateurs...
Arrivée de :
DR
Actualités des Antennes
Beijing
DR
北
京
Nathalie ANIEL
a repris le 13 juin dernier le poste de directrice de l'antenne de
Pékin. Un grand merci à Carine LEBECQUE pour l'immense
travail accompli pendant ses trois années passées à la CCIFC.
Contact : [email protected] | 86 (10) 6461 0260*43
Journée CCIFC à Dalian
le 25 avril
CCIFC
Nous avons été ravis de rencontrer une trentaine
d’entreprises françaises le 25 avril, grâce à l'appui et
le dynamisme de Frédéric Choux, notre représentant
à Dalian. La journée, organisée avec le soutien du EU
SME Center, s’est déroulée en deux parties, la matinée
étant consacrée aux problématiques de la communauté
française avec la présence notamment de Mme la consule
générale Isabelle Miscot, et l’après midi réunissant
entreprises françaises et européennes. Edouard de
la Marandais (services Aden), Ludmila Hyklova
(EU SME Centre), Alina Quach (Asiallians) et
Han Qiang (Bureau des affaires étrangères chinois et
d'outre-mer de Dalian) qui ont partagé leur expertise
avec nous au cours de cette journée riche en échanges.
Networking franco-chinois
le 8 mai
Notre soirée networking spéciale 50e anniversaire des
relations France Chine a été un grand succès. Nous
64
connexions
ÉTÉ 2014
avons accueilli sur la terrasse de la Brasserie Flo plus
de 200 personnes, membres de la section française de
la WRSACC, de Club France et de la CCIFC. De nombreuses retrouvailles et rencontres ont eu lieu tout au
long de la soirée, dans ce cadre prestigieux et dans une
ambiance conviviale.
DR
Arrivée de :
DR
Arrivée d’Audrey Rehby au poste
de Business Director Beijing
Félix Fei
a rejoint l’équipe événementiel début juin et remplace Paulo Qi
qui est resté quatre ans à la CCIFC. Bienvenue à Félix Fei
et merci à Paulo pour son excellent travail.
Contact : [email protected] | 86 (10) 6461 0260*49
Célébration de la Fête nationale
le 14 juillet
Depuis juin, Audrey a la responsabilité des
activités recrutement, formation, adhésion et
domiciliation au sein de l’antenne de Pékin avec
ses équipes : Liliane Liang (responsable RH)
et Penny Pan (responsable domiciliation et
adhésion). Audrey a plus de cinq ans d’expérience
en tant que chef de projet dans une société de conseil. Elle
est diplômée de Sciences Po Grenoble en gouvernance
et administration européenne et possède un master en
gestion des ressources humaines de l’IAE Toulouse. Nous
lui souhaitons la bienvenue et beaucoup de succès dans ses
nouvelles fonctions !
Audrey a repris les responsabilités de HUANG Hailing qui
rentre en France cet été. Nous remercions vivement Hailing
pour son excellent travail pendant les trois années en tant que
responsable RH qu’elle a passées à la CCIFC, et lui souhaitons
bonne chance dans ses nouvelles aventures !
Contact : Audrey REHBY | [email protected]
86 (10) 6461 0260 ext 38
Comment développer votre
innovation en Chine ?
le 20 mai
Nos experts Fabien Nilsson, spécialiste de l’innovation
(EDF, Open Innovation Asia Director), Bertrand Schmitt,
entrepreneur (App Annie, CEO), et Clémence Vallée
Thiollier, spécialiste en propriété intellectuelle (LLR,
Partner) ont partagé leur expérience et donné leurs conseils sur
les meilleures pratiques pour mener votre innovation en Chine.
Job Fair
le 5 juillet
Club France, le réseau des anciens étudiants chinois en
France animé par l’ambassade de France en Chine, a organisé
le Forum Emploi le samedi 5 juillet 2014 à Pékin, Canton,
Chengdu, Shanghai et Wuhan, en collaboration avec le site de
recrutement Zhaopin, la Chambre de commerce et d’industrie
française en Chine (CCIFC), la Jeune chambre économique
des Français (JCEF Pékin, Shanghai et Canton) et la zone
de développement économique et technologique de Wuhan
(WEDZ).
Pendant cette demi-journée, une vingtaine d’entreprises ont
rencontré, au cours d’entretiens rapides de trois minutes, des
candidats français et chinois en recherche d’emploi ou de stage.
法国国庆日
14 Juillet
2014
Dans les salons et jardins de la Résidence de France à Pékin
Platine
Or
Argent
Bronze
connexions
ÉTÉ 2014
65
Actualités des Antennes
CCIFC Shanghai - GALA 2014
le 10 mai
Cette année le dîner de gala de la Chambre de commerce et
d'industrie française en Chine a rassemblé plus de 900 invités
le 10 mai 2014 à l’hôtel Jingan Shangri-la de Shanghai !
CCIFC
上
海
SHANGHAI
66
connexions
ÉTÉ 2014
Événements à venir
Participez au cocktail de rentrée de la CCIFC Shanghai qui rassemblera la
communauté d’affaires franco-chinoise de Shanghai courant septembre.
Contact : Matthieu DUMONT, 86 (21) 6132 7116
Anthony LOPEZ, 86 (21) 6132 7120
SHUANG Fei, 86 (21) 6132 7128
[email protected]
Le 28 mai dernier, une présentation des avantages offerts par la
Shanghai Free Trade Zone a eu lieu dans les locaux de la CCIFC. Cette
conférence, qui a réunit plus de 70 personnes, a permis à M. Jing Xu,
Deputy Director of Operation Planning Departement, de présenter
en détails les règles en vigueur dans cette zone économique spéciale.
CCIFC
Conférence : Présentation de
la Shanghai Free Trade Zone
le 28 mai
Le 16 mai 2014, à Hangzhou, en présence de Laurent Fabius, ministre
des Affaires étrangères, et du développement International et de
Jack Ma, CEO d’Alibaba, un protocole d’entente a été signé afin de
faciliter les procédures d’enregistrement des marques françaises
sur la plate-forme d’e-commerce Tmall.com. Cette conférence a été
l’occasion pour les représentants d’Alibaba de présenter les nouveautés
et avantages de cette procédure simplifiée.
CCIFC
Une réunion d'information et de
présentation du processus d'enregistrement simplifié sur Tmall a eu
lieu dans les locaux de la CCIFC
le 10 juin
FORMATIONS
Cours de Chinois particuliers
Formations in-House
La CCIFC, via un réseau de professeurs chinois expérimentés et
parfaitement francophones, vous propose des cours de chinois
individuels, dispensés dans votre langue natale, à votre domicile ou
sur votre lieu de travail, afin de vous permettre d’améliorer votre
connaissance du chinois. Du niveau débutant au niveau avancé, les
cours particuliers vous garantissent un apprentissage sur mesure
correspondant à vos attentes. Vous souhaitez vous concentrer
sur l’écrit, l’oral, sur le chinois de la vie quotidienne ou de la vie
professionnelle. Nos professeurs s’adaptent à vos besoins.
Afin de répondre aux besoins spécifiques des entreprises, la CCIFC
propose des formations intra-entreprises. Grâce à nos formateurs
et coachs professionnels spécialisés dans différents domaines tels
que le management, les RH, la finance, la vente, le marketing, le
développement personnel, etc., nous créons des programmes surmesure adaptés à vos besoins qui peuvent être dispensés au sein de
votre entreprise ou à la CCIFC.
Contact : Anthony LOPEZ
[email protected]
86 (21) 6132 7120
connexions
ÉTÉ 2014
67
Actualités des Antennes
C’est lors de la dernière session du salon
international Interwine qui s’est tenue à Canton, au
complexe China Import & Export Fair, que la CCIFC
rassemblait douze exposants venus de toute la Chine
et de France. Ce fut pour la 4e année consécutive
que la CCIFC organisait le Pavillon France afin
d’accompagner et d’aider les exposants dans leurs
démarches et approches du marché des vins et
spiritueux en Chine du Sud.
Grâce à son équipe spécialisée, la CCIFC Chine
du Sud permet aux entreprises présentes sous le
Pavillon France de bénéficier de tarifs préférentiels,
d’un design français spécifique et unique pour une
visibilité accrue, et du support de la CCIFC et de ses
services avant, pendant et après le salon.
En effet, la province du Guangdong, avec sa capitale
Canton, est un des marchés les plus importants
de vins et spiritueux en constante croissance et
représente 53 % du vin importé en Chine.
Dans ce contexte, le salon Interwine s’impose comme
une prestigieuse vitrine pour les vins et spiritueux
étrangers, réunissant plus de 27 000 visiteurs et 530
exposants lors de cette session de novembre.
La surface du salon accueillant tous les professionnels
du vin et des spiritueux issus des quatre coins du
monde, a été multipliée par six en seulement cinq
ans.
Cet événement offre l’opportunité de confirmer
sa présence sur le marché, de développer de façon
importante son portefeuille clients et de renforcer sa
visibilité en Chine du Sud en rencontrant tout profil
relatif au secteur des vins et spiritueux. Distributeurs,
grossistes, restaurateurs & hôteliers, négociants,
importateurs, acheteurs en gros et producteurs
se donnent rendez-vous chaque mois de mai et de
novembre dans le but d’échanger et de proliférer dans
ce marché en constante évolution.
CCIFC
Salon International
Interwine
du 22 au 24 mai
CCIFC
中
国
南
部
canton
CCIFC
Contact : Emeline HESPEL
[email protected]
86 (20) 2916 5531
68
connexions
ÉTÉ 2014
Nouveaux collaborateurs...
Arrivée de :
DR
Stéphanie MING
Bienvenue à Stéphanie MING qui depuis juin a rejoint
l’équipe de Shenzhen en tant que responsable événementiel.
Contact : [email protected] | 86 (755) 8632 9602
SHENZHEN
Cocktail de Printemps
de Shenzhen
le 12 juin
Un vent de nouveauté a soufflé sur le cocktail de printemps 2014 à
Shenzhen ! L’événement ne s’est déroulé ni dans un hôtel, ni dans un
restaurant, mais dans une banque d’affaires — la China Merchant —
au 26e étage de la plus grand tour du quartier de Shekou. La China
Merchant est omniprésente à Shenzhen, et participe activement
au développement rapide de nouveaux quartiers.
Au cours de ce cocktail, le nouveau responsable du bureau de
Shenzhen, Michaël BOUCHUT, a pu présenter son plan d’actions
aux membres présents et affirmer sa volonté de développer les
activités et les services de la CCIFC à Shenzhen dans le souci
constant de répondre aux besoins de chacun de ses membres.
Le directeur de l’antenne Chine du Sud de la CCIFC, Alexandre
BEAUDOUX était présent, accompagné de Vaizoue HUYNH,
vice-présidente de la CCIFC.
Les invités ont passé un excellent moment, de nombreuses rencontres se sont créées avec à la clé de possibles futurs partenariats.
Le Salon Food & Beverage
2014 de Shenzhen
du 27 au 29 juin
Le salon Food & Beverage dédié à la nourriture et à la boisson s’est
tenu du 27 au 29 juin 2014 à Shenzhen au parc des expositions.
Ce salon, ouvert au public, permet à des professionnels de la
distribution chinoise de trouver sous le Pavillon France toutes
sortes de produits alimentaires, de vins/spiritueux et d'ingrédients
de haute qualité.
Pour cette dernière édition, un grand nombre de produits ont été
exposés sur une surface de 15 000 m2, et les produits et savoir-faire
français ont pu bénéficier d’un espace privilégié.
Cette exposition se place ainsi en vitrine de la diversité et de la
qualité de l’alimentation française. Une belle opportunité pour les
enterprises françaises de :
• Faire connaître leur marque, leurs produits et leur savoir-faire
• Accroître leur visibilité auprès d’un large public
• Associer leur image à un événement spécifique du salon
• Développer des contacts auprès de professionnels de la filière
• Vendre sur place
Au cours de cette troisième édition, quatre participants ont pu
défendre les qualités culinaires françaises : La Crêperie Rozell,
Alce Nero, Shenzhen HBN Wines ainsi que Sinoexport.
Les nombreux visiteurs chinois du salon ont pu apprécier les délicieuses
galettes et crêpes bretonnes de La Crêperie Rozell, première crêperie
installée dans la province du Guangdong ; des produits organiques
dans lesquels on retrouve l'essence de la marque Alce Nero du groupe
Denis Frères ; et les merveilleux vins de plusieurs régions françaises
proposés par Shenzhen HBN Wines et Sinoexport.
Les groupes de travail à Shenzhen :
beaucoup de nouveautés à venir
Une première session du groupe de travail RH a eu lieu le 12 juin
dernier et a réuni plusieurs RH d’entreprises françaises. L’objectif de
cette rencontre menée par Huaxia CHEN, responsable recrutement
et formation de l’antenne de Shenzhen, était de définir les thèmes des
prochaines séances afin de développer un plan d’actions concret et
réaliste qui réponde aux besoins de chaque participant.
Durant l’été, les membres de la CCIFC à Shenzhen pourront également
participer à notre nouveau groupe de travail entrepreneur. L’objectif de
ce groupe est d’accompagner les entrepreneurs membres de la CCIFC
dans le développement de leurs entreprises en faisant appel à des
experts du management et de divers secteurs.
Nous prévoyons également la création à la rentrée de trois nouveaux groupes
de travail : qualité & fournisseur, communication & marketing et PME.
connexions
ÉTÉ 2014
69
Actualités des Membres
International SOS s’agrandit en Chine :
ouverture d’un bureau à Chengdu et arrivée
d'un nouveau médecin français au centre
d’assistance de Pékin
Afin d’être toujours plus proche de ses clients qui s’installent à l’Ouest de
la Chine, International SOS ouvre un bureau à Chengdu, en complément
des bureaux de Pékin, Shanghai et Canton. Ce nouveau bureau se situe au
Yanlord Centre, Section 2 Renmin South Road, Chengdu.
Le centre d’assistance accueille également un nouveau médecin français,
Jean-Baptiste Adrien, qui fut l’attaché médical de l’ambassade de France
en Chine de 2000 à 2003. Il a, à cette époque, collaboré activement avec
les autorités médicales lors de l’épidémie de SRAS. Jean-Baptiste vient
compléter notre équipe médicale francophone de médecins généralistes,
urgentistes, pédiatres, psychologue, dentiste au service de la communauté.
Les centres d’assistance d’International SOS sont accessibles par téléphone
24/24 pour les membres ayant besoin d’informations avant de partir en
voyage, d’un avis médical, d’une recommandation pour se rendre à l’hôpital
ou d’assistance en cas d’urgence.
International SOS gère également des cliniques à Pékin, Shenzhen, Nanjing
et Tianjin.
Félicitations : Algeco ChengDong
officiellement en Chine !
Après quelques mois de préparation, la
nouvelle joint-venture d 'Algeco Scotsman
a obtenu sa licence d'exploitation le 12 mars
2014. S’appuyant sur plus de 60 ans d’expériences dans 37 pays, Algeco
offre désormais en Chine, des solutions clé en main, pour des espaces
temporaires, directement sur le site de ses clients : bureaux, sanitaires,
dortoirs, espace événementiels…
Quelques sociétés renommées comme China State Construction, Andros
et Siemens ont déjà pu tester à Pékin, le confort, la flexibilité, la sécurité et
le respect de l’environnement de nos modules.
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connexions
ÉTÉ 2014
Altéréa & aden Services saisissent
ensemble l’opportunité de la transition
énergétique engagée par la Chine
ADEN Services, un des leaders du facility
management en Chine et Altéréa, ingénieriste français de l’énergie et du
bâtiment, annoncent la création d’une joint-venture pour développer de
nouvelles solutions d’économies d’énergie en Chine.
Cette association permettra à ADEN Services de capitaliser sur l’expertise
d’Altéréa dans le domaine de la performance énergétique des bâtiments,
ses 100 ingénieurs et sa technologie de gestion énergétique ; tandis que la
PME nantaise profitera de la puissance du réseau commercial d’ADEN
Services présent dans 40 villes chinoises avec 18 000 salariés et de
l’explosion de la demande de solutions d’économie d’énergie sur le marché
chinois.
Avec une gamme complète de services en gestion énergétique incluant la
modernisation et la rénovation en profondeur des bâtiments pour aider
ses clients à réduire leurs consommations d'énergie, à maîtriser leurs coûts
d'exploitation et leurs émissions de gaz à effet de serre, Altéréa permettra
au groupe ADEN Services d'élargir son offre actuelle et de répondre à la
demande croissante des clients locaux et internationaux en recherche de
solutions intégrées.
EDF et Datang vont
construire et exploiter une
centrale à charbon ultrasupercritique de 2 000 MW
en Chine
Le 18 avril 2014, EDF a annoncé la signature d’un accord de
partenariat pour un projet de
centrale thermique à Fuzhou.
À travers cet accord, EDF et
l’électricien China Datang
Corporation (CDT) créent
ensemble une joint venture
dans laquelle EDF participe
à hauteur de 49 %. Cette coentreprise va construire et
exploiter une centrale ultrasupercritique au charbon de
deux unités de 1 000 MW chacune. La construction de cette
centrale a commencé sur le site
de Fuzhou, dans la province du
Jiangxi, au Sud-Est de la Chine.
Avec une mise en service prévue
pour l’été 2016, Fuzhou sera la
première centrale charbon de
type ultra-supercritique exploitée par EDF. Cette technologie
garantit un rendement élevé
ainsi qu’un impact environnemental moindre. La Chine se
trouve actuellement à la pointe
de cette technologie. Cet accord
va permettre à EDF de renforcer
ses compétences d’ingénierie
et d’exploitant thermique grâce
à une large implication dans le
processus industriel de construction et d’exploitation de la
centrale. Cette participation
marque aussi une nouvelle étape
dans la collaboration initiée
entre EDF et Datang en 2006
qui a déjà permis aux deux
entreprises de devenir coexploitants de la centrale à
charbon supercritique de
Sanmenxia en 2009.
Saft alimente des compteurs intelligents de gaz
en Chine avec des batteries lithium primaire
Saft, leader mondial de la
conception et de la fabrication de batteries de haute
technologie pour l’industrie,
vient de remporter un
contrat pour la fourniture de batteries lithium
primaire pour l'un des cinq
principaux constructeurs de
compteurs de gaz en Chine.
Les batteries LS17500, de
format A, développées pour
assurer des performances
fiables et sans maintenance
sur une durée de vie de plus
de dix ans, alimenteront
des compteurs intelligents
résidentiels installés dans la
province du Zhejiang par les
principales sociétés de gaz de
la Chine. Par ce contrat, Saft
étend encore sa présence sur
le marché des compteurs
de gaz. Ce marché, en forte
croissance, devrait atteindre
24,3 millions d'unités en
2016, selon le rapport China
Smart Meter Industry Report
2013-2016. En 2013, Saft a
déjà remporté un premier
contrat sur ce marché, pour
fournir environ 500 000
batteries de la série LS,
pour les quatre prochaines
années à un grand constructeur de compteur de gaz.
TECHNOCHINA Industries oriente sa stratégie vers les services de
sous-traitance en conception et fabrication de produits de consommation
électroniques et d’objets
connectés
TECHNOCHINA est une
société française spécialisée
dans les services de conception et de fabrication en soustraitance pour des produits de
consommation électroniques
& objets connectés embarquant cartes électroniques,
pièces plastiques & mécaniques.
Nous travaillons actuellement
avec les principaux acteurs
Européens dans les secteurs de
la maison intelligente (Smart
Home), les objets connectés &
leurs accessoires ainsi que les
télécommunications, systèmes
de construction et de détection
incendie. Du design artistique
& industriel à la fabrication &
livraison des produits, TECHNOCHINA propose, de part
son équipe R&D et ses trois
usines à Shanghai, une offre
concurrentielle, intégrée &
flexible.
Nos moyens de production
et de conception sont les
suivants :
• Unité d’injection plastique
de 19 presses
• Unité de câblage SMT de
cartes électroniques
• Unité d’intégration de produits finis électroniques et
de conditionnement
L’équipe de TECHNOCHINA
est prête à vous accueillir avec
plaisir pour une visite de nos
locaux & usines dans le cas où
vous souhaiteriez bénéficier
d’une solution complète pour
la conception, production &
distribution de vos produits.
Acquisition de JF Natural
par l’entreprise Diana
Fondée en 1999, JF Natural
est spécialisée dans la fabrication et la commercialisation d’extraits de fruits,
de légumes et de plantes
médicinales. Située dans
la zone de développement
économique et technologique (TEDA) de Tianjin,
en Chine, l’entreprise jouit
des locaux industriels fournis par la TEDA et dispose
d’un accès facilité au port
de Tianjin. Olivier Caix,
PDG de DIANA, indique :
« L’ambition de DIANA
consiste principalement à
booster son positionnement
dans des marchés émergents
tels que la Chine tout en se
rapprochant davantage de
nos clients locaux. L’acquisition de JF Natural représenterait une étape clé, car elle
nous permettrait d’accéder à
un approvisionnement stratégique sûr, ainsi qu’à un réseau
commercial dense en Chine
sur le marché agroalimentaire.» DIANA, FOOD DIVISION fournit des solutions à
haute valeur ajoutée à base
d’ingrédients naturels à ses
clients de l’industrie agroalimentaire du monde entier.
À partir d’une gamme naturelle de fruits, de légumes,
de produits carnés et marins
transformés en concentrés,
poudres, flocons, morceaux
et plaques, DIANA, FOOD
DIVISION propose des
solutions aux bénéfices
sensoriels et nutritionnels.
connexions
ÉTÉ 2014
71
Décryptage | Une des médias
La lutte
anti-corruption
ralentit-elle
l'économie
chinoise ?
Le 22 janvier 2013, à peine plus de deux mois
après avoir été sacré par le XVIIIe congrès
du PCC, le président Xi Jinping prononçait
un discours devant la Commission Centrale
de Discipline du Parti (中纪委全会) , et
lançait le slogan “Frapper à la fois les
tigres et les mouches” (老虎苍蝇一起打),
soulignant qu'il désirait à la fois s'attaquer
aux petits fonctionnaires corrompus, les
« mouches », mais aussi ne pas épargner les
hauts dignitaires, les « tigres ».
D
epuis une vingtaine d'années,
les campagnes anti-corruption
constituent un événement régulier
de la vie politique chinoise ; c'est
un moyen commode de se débarrasser de ses
adversaires politiques (une sorte de « système
des dépouilles » à la chinoise) qui sert aussi
à essayer de grappiller un peu de popularité.
Cependant, leurs impacts restaient très
ciblés et très limités sur le pays. Cette foisci, l'échelle est beaucoup plus importante.
Selon les chiffres officiels du Parti, il y a eu
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ÉTÉ 2014
Imagine China
REN AUD DE SP E NS
182 000 sanctions disciplinaires en 2013,
soit 13 % de plus que l'année précédente. Audelà des statistiques, on constate qu'un vent
de panique souffle désormais dans la haute
administration, tandis que les flics de quartier
n'osent plus demander des pots-de-vin. Les
marques de luxe tirent la tête, et certains
importateurs de vins français expliquent que
leur chiffre d'affaires a chuté de 30 % à cause
de cette campagne. Et ces derniers mois,
plusieurs économistes chinois sont allés
jusqu'à s'interroger sur le coût économique
de la lutte anti-corruption. Le débat trouve un
certain écho dans la presse chinoise.
Les 350 appartements d’un ancien
ministre
Pour l'analyste Lu Ting, basé à Hong Kong,
la lutte anti-corruption du gouvernement Xi
aurait déjà coûté de 0,6 à 1,5 point du PNB
chinois ; les fonctionnaires chinois, soucieux
de moins dévoiler leur enrichissement illégal,
auraient diminué leurs dépenses personnelles
de 326 milliards de yuans (plus de 38 milliards
d'euros). Le bureau national des statistiques a
implicitement confirmé l'ampleur de l'impact :
ce coût serait inévitable pour obtenir une
meilleure gouvernance. Mais pour d'autres
économistes, plus que le ralentissement de la
consommation, qui ne toucherait pratiquement
que l'industrie du luxe, c'est surtout un
ralentissement des réformes, et donc de la
compétitivité internationale de la Chine,
qu'il faudrait craindre. En effet, l'atmosphère
de terreur qui règne à présent dans la haute
administration chinoise paralyserait toute
initiative, et spécialement l'implémentation de
mesures libérales, les occasions ou suspicions
de
corruption
étant
particulièrement
importantes lors d'attributions de terrains,
du démantèlement de conglomérats d'État, et
d'ouverture à la concurrence. On pourrait aussi
ajouter l'augmentation de la fuite des capitaux,
qui atteignait déjà 3 % du PIB en 2011.
Le nombre de fonctionnaires pouvant
être inquiétés par la lutte anti-corruption
est potentiellement considérable. Près de
42 000 auraient déjà été formellement inculpés
depuis 2013 (certains ont été sanctionnés
plusieurs fois), et selon un document interne
du Parti qui a fuité l'an dernier, le pouvoir
considère qu'un tiers de ses agents est corrompu
à un degré ou un autre. Cela fait sourire les
commentateurs internet et les éditorialistes
Pour l'analyste
LU Ting, basé à
Hong Kong, la lutte
anti-corruption du
gouvernement Xi
aurait déjà coûté
de 0,6 à 1,5 point
du PNB chinois ;
les fonctionnaires
chinois, soucieux de
moins dévoiler leur
enrichissement illégal,
auraient diminué leurs
dépenses personnelles
de 326 milliards de
yuans (plus de
38 milliards d'euros).
chinois, qui savent bien qu'en réalité la quasitotalité des fonctionnaires chinois, dont
les émoluments officiels sont très faibles,
bénéficient de nombreux avantages illégaux,
au minimum des « revenus gris » provenant
« d'enveloppes rouges » données pour faciliter des
démarches administratives, mais bien souvent
aussi de pots de vins ou de détournements de
biens publics extrêmement importants aux
niveaux hiérarchiques supérieurs. En mai, c'est
près d'une tonne de billets de banque qui a été
découverte chez Wei Pengyuan, fonctionnaire
en charge du charbon au ministère de l'Énergie ;
Liu Zhijun, ancien ministre des Chemins
de fer condamné à mort avec sursis en juillet
2013 possédait plus de 350 appartements ; le
général de corps d'armée Gu Junshan, inculpé
début avril 2014, vendait 30 millions de yuans
(3,5 millions d'euros) le grade de général de
division, ce qui laisse deviner le niveau des
bénéfices qu'un tel poste peut permettre d'obtenir.
Le cœur même du pouvoir est également
touché, comme l'a montré le journaliste David
Barboza du New York Times, prix Pulitzer
2013 : la famille de l'ancien Premier ministre
Wen Jiabao avait pu se construire une
fortune de plus de 2 milliards d'euros.
« Atmosphère de terreur »
Certes, la campagne actuelle n'entrainera
des
conséquences
disciplinaires
ou
judiciaires que pour une infime partie des
quelque 40 millions d'agents publics chinois.
Cependant, le chercheur Anthony Saich
affirme qu'il faut remonter à l'époque de Mao
pour trouver une lutte anti-corruption aussi
ambitieuse. Pour Zhao Yi, vice-rédacteur
en chef du bimensuel Nanfang Chuang, il
est clair que le but du mouvement est aussi
d'instaurer « une atmosphère de terreur »
dans tous les corps de l'État et du Parti.
Cet objectif a déjà été débordé : alors que
la crise financière de 2009 avait fortement
augmenté le nombre de candidats aux
concours administratifs, ceux-ci diminuent
à nouveau depuis 2013, et de nombreux
parents recommandent désormais à leurs
enfants envoyés étudier à l'étranger d'y
rester. L'immobilier a également tendance
à stagner, notamment pour les résidences
de luxe : beaucoup de logements de
prestige sont discrètement bradés par des
intermédiaires derrière lesquels se cachent
des hauts fonctionnaires qui espèrent
diminuer ainsi la partie émergée et trop
ostentatoire de leurs richesses. Quant
aux hommes d'affaires, ils expriment en
majorité leur agacement : ils n'arrivent
plus à régler leurs problèmes avec
l'administration ; le manque de construction
de l'État de droit fait que seules les
« enveloppes rouges » leur permettaient de
se sortir de situations conflictuelles avec
les autorités. Même certains dirigeants de
cafés et restaurants sont parfois dubitatifs,
contents de ne plus se faire racketter par
la police municipale à chaque prétexte,
mais s'estimant victimes d'un plus grand
harcèlement autoritaire sans aucun recours.
La filière charbon dans le collimateur
Le gouvernement a semble-t-il deux
ambitions principales : la première,
classique, est d'éliminer les factions qui lui
contestent le pouvoir absolu. Après avoir
démantelé le clan de l'ex-chef de la sécurité
d'État Zhou Yongkang dans le pétrole et
le Sichuan (et ainsi, dit-on défié l'autorité
de l'ex-président Jiang), il s'attaque
aujourd'hui à la filière du charbon (centrée
autour du Shanxi) et contrôlée par des amis
de la famille de LING Jihua, ex-secrétaire de
l'ancien président Hu, déjà fragilisé depuis
que son fils s'était encastré dans le décor
à bord d'une Ferrari noire alors que deux
jeunes femmes le papouillaient en mars
2012. Xi Jinping se débarrasse ainsi des
fidèles de ses deux prédécesseurs, et parvient
à concentrer des pouvoirs inédits pour un
chef d'État chinois depuis Deng Xiaoping.
La seconde de ces ambitions, qui porte
probablement la marque de Wang Qishan,
à la tête de la discipline du Parti et fervent
lecteur de Tocqueville, est d'éviter
que la société chinoise, très remontée
contre la corruption, ne finisse par détruire
le système. C'est aujourd'hui un succès,
le gouvernement jouissant encore d'une
popularité sans précédent depuis 30 ans.
L'éditorialiste Zhao Yi balaye comme
la majorité de la presse chinoise la critique
des économistes : si la lutte anti-corruption
actuelle a peut-être un coût économique,
celui-ci reste marginal et est compensé
par les gains sociaux et politiques qu'il
procure. Néanmoins, son défaut principal
est de ne pas s'attaquer aux racines
systémiques du mal, la collusion entre
public et privé et l'absence d'opposition
et de liberté d'expression. Sans un État de
droit et une justice indépendante, toutes les
campagnes anti-corruption, aussi sévères
soient-elles, resteront en grande partie
inefficaces. Elles ne peuvent remplacer les
réformes structurelles que la Chine attend.
R E N AU D D E S P E N S
connexions
ÉTÉ 2014
73
Décryptage | Clichés
ARTS VISUELS
Regards
croisés
À l’occasion du cinquantième
anniversaire de l’établissement des
relations diplomatiques entre la
République française et la République
populaire de Chine, plusieurs
expositions photographiques présentées
dans le cadre du festival Croisements
2014 nous permettent de découvrir une
Chine oubliée ou méconnue à travers
des clichés d’une rare sensibilité.
Exposition
Inside / Out
de JR
© JR, avec l’aimable autorisation de la galerie Magda Danysz , projet « Close-up »
Exposition
Wuhan
photographiée
par Chen Si et
Jorge Alvarez
74
© Chen Si
connexions
ÉTÉ 2014
L’exposition « Paris – Pékin : les Français
photographient la Chine, 1844 – 2014 », commissionnée par M. Alain SAYAG, réunit plus de deux cents
tirages de soldats, diplomates, missionnaires, artistes
ou simples voyageurs qui ont chacun tenté de capturer
leur Chine, des impressions diffuses qui traduisent
leur fascination pour ce pays aux multiples visages.
Que ce soient les plus grands noms de la photographie
du XXe siècle, Henri CARTIER-BRESSON, Victor
SEGALEN, Albert KAHN, Marc RIBOUD ou d’autres
moins célèbres, tous reflètent le regard unique des
artistes français sur la Chine.
C’est cette attention particulière, que Français
et Chinois se portent, que l’exposition « 50 ans de
relations franco-chinoises », organisée conjointement
par l’Agence France Presse et Chine Nouvelle, a
cherché à mettre en avant. Témoignages précieux
des relations bilatérales franco-chinoises et de leur
évolution, tant au niveau diplomatique, économique,
que culturel et social, cette rétrospective est une
véritable mise à l’honneur des relations francochinoises. Événements historiques ou images de la vie
quotidienne, ces photos symbolisent des moments de
Exposition
Wuhan
photographiée
par Chen Si et
Jorge Alvarez
© Jorge Fidel Alvarez
Festival Croisements 2014
Exposition
Shanghai 94
© Bahai
Exposition
Paris – Pékin,
les Français
photographient
la Chine,
1844 – 2014
Exposition
Paris – Pékin,
les Français
photographient la
Chine, 1844 – 2014
© Bertrand Meunier
Milice locale, Shandong, entre 1906 et 1912, Michel de Maynard, collection Getty, Los Angeles
partage, ce lien étroit qui s’est créé entre la France et
la Chine, entre nos deux peuples et nos deux cultures.
« Un été 78 à Pékin » nous transporte dans une Chine
d’une autre époque. Au fil des photographies en noir et
blanc tirées du premier voyage en Chine de Grégoire
de GAULLE, des scènes de vie se dévoilent, des instants
suspendus, emprunts d’humanité et de délicatesse.
Cette sensibilité de l’œil du photographe se retrouve
dans l’exposition « Shanghai 94 » consacrée au travail
de l’artiste franco-chinois Bahai. Peintre originaire de
Shanghai, il décide de capturer avec poésie l’essence
de la ville de son enfance, qui, plongée au cœur d’une
urbanisation sans précédent, fait disparaître le Shanghai
des lilongs. Photographies en noir et blanc, prises sur
le vif au hasard des rencontres, les visages de Bahai
témoignent de la permanence d’une Chine ancestrale.
Dans une ville de Shanghai en pleine mutation, ils
racontent l’histoire d’une époque bientôt révolue.
L’exposition croisée « Wuhan photographiée par
CHEN Si et Jorge ALVAREZ » nous permet quant
à elle d'entrevoir Wuhan à travers l’objectif d’un
photographe français qui découvre cette ville pour la
première fois et celui d’un photographe chinois qui
y a vécu toute sa vie. Confrontations des points de
vue, de l’espace, du temps et de l’humain, là encore,
les deux artistes cherchent à raconter une histoire de
la Chine qui leur est propre, une image fantasmée ou
désirée.
Ce portrait de la société chinoise s’anime avec
l’artiste français JR, lauréat du Ted Prize 2011. Invité
à formuler un « vœu pour changer le monde », il
décide de créer Inside Out, un projet international
d’art participatif visant à « retourner le monde » grâce
à des séries de portraits mêlant idées et engagements,
placardées au cœur de l’espace public. À bord d’un
camion photomaton, JR amène la photographie et
l’art contemporain dans des lieux inédits et propose
aux passants de Shanghai de les immortaliser
afin de réaliser une œuvre d’art urbain inédite.
Pour plus d’informations :
http://www.faguowenhua.com/
Anthony CHAUMUZEAU, conseiller de coo-
pération et d'action culturelle, directeur de l'Institut
français de Chine, ambassade de France en Chine
connexions
ÉTÉ 2014
75
Décryptage | Livres
DR
Par Françoise BLÉVOT
Le vieux bateau
Zhang Wei
Traduit du chinois par
Annie Bergeret-Curien
et Xu Shuang
Éditions du Seuil
622 pages - 25 €
ANCRAGES
Les auteurs chinois ont le secret
de ces romans à histoires
« communautaires », n’oubliant
pas qu’ils ont érigé en culte la
relation intergénérationnelle.
En même temps qu’il visite
un village dont la spécialité
ancestrale est la fabrication
des vermicelles, le lecteur
pénètre au cœur du récit,
dans les rivalités claniques.
La Révolution Culturelle
est mise à profit le moment
venu, pour régler les vieux
contentieux. Puis voici
qu’arrive la modernité. Alors,
la ruralité subit les assauts
du consumérisme aussi
sûrement que lorsque les
slogans vociféraient qu’il fallait
éradiquer « les quatre
vieilleries »… Une œuvre
remarquable.
DEUX + DEUX
INTERPRETATION D’UN RÊVE
Le vingtième siècle chinois a vu en son
début s’écrouler un empire plusieurs
fois millénaire, et à sa fin naître un
« double système » unique en son genre.
Entre-temps que de soubresauts, de
tragédies, d’où ont émergé quatre
personnages dont les existences se sont
chevauchées. C’est cet entrecroisement
qui fait de ce livre une quadruple
biographie extrêmement vivante,
« tricotée » avec habileté et dont la
lecture est captivante. De Sun Yat-sen,
« prophète malchanceux qui joue
toujours à contretemps », à Deng
Xiaoping, père de la modernisation,
« qui place le volontarisme industriel
et commercial au-dessus de nombre
de considérations objectives et rejette
l’aspect messianique de Mao ».
Qui n’a jamais rêvé d’une journée entière
à lire, confortablement calé dans un bon
fauteuil (l’hiver) ou un transat (l’été) ?
Roman rivière inspiré du célèbrissime
roman fleuve presqu’éponyme, des
quelques cinq cents personnages du
second, on ne retrouve dans le premier
qu’une vingtaine d’entre eux, Jia Baoyu
et ses amoureuses, quelques membres
de la famille, dans la belle demeure où il
faisait bon vivre, jusqu’à ce que les nuages
s’amoncellent. Dépaysant et agréable.
Traduit de l’anglais (USA)
par Odile Demange
Éditions Robert Laffont
516 pages – 22 €
Rémi Kauffer
Éditions Perrin
478 pages – 24 €
L’HOMME QUI EN SAVAIT TROP
En la risquant à chaque aventure,
Chen poursuit la carrière qui fera de
lui, si ce n’est déjà fait, « le Sherlock
Holmes chinois ». Ici cependant,
notre policier lettré emprunte
le costume de l’Eliott Ness des
Incorruptibles, pour démêler avec
impavidité les fils dangereusement
noués d’une intrigue dont les
protagonistes sont des personnages
très haut placés. Princes rouges,
tycoons prêts à tout pour arriver au
sommet munis de comptes en banque
bien garnis. À leurs yeux, la vie de
Chen ne vaut pas grand-chose…
Qiu Xiaolong
Editions Liana Levi
292 pages – 19 €
connexions
ÉTÉ 2014
Pauline Chen
Le siècle des quatre
empereurs
Dragon bleu,
Tigre blanc
76
Dans le Pavillon
rouge
LA CHINE AU FOND DES YEUX
Alors que le Centre Pompidou lui
consacrait une rétrospective ce
printemps, « les trois sœurs du Yunnan »
étaient sur les écrans, et ce livre
d’entretiens paraissait, important pour
qui s’intéresse à l’œuvre sans fard d’un
artiste sans fard, qui se dit simplement
« en communion avec ceux qui vient en
Chine aujourd’hui ». Il y raconte son
itinéraire et commente chacun de ses
films les plus connus. Dépouillé et
instructif.
Alors, la Chine
Wang Bing, entretien avec
Emmanuel Burdeau et
Eugenio Renzi
Éditions « Les Prairies ordinaires »
(Diffusion « Les Belles Lettres »)
172 pages – 17 €
UN FAMEUX « TRIP »
Un chemin, c’est bien connu, se trace
de lui-même à force d’être fréquenté…
Que d’échanges, commerciaux,
culturels, spirituels, que de produits
extraordinaires, que de rêves aussi…
À pied, à cheval, à chameau, en bateau,
ce grand long voyage dans le temps et
dans l’espace, on le parcourt tout au long
de ce livre comme s’il était sans fin, et le
lecteur n’est pas au bout de ses surprises,
car si les Romains ont effectivement été
jusqu’en Chine à l’époque des Han, il
semblerait que ce soit à la suite d’un bien
curieux concours de circonstances !
qui s’éteint ; « Pékin, une vieille
chinoiserie tout en or » et ses
« décors de paravents »…
Les derniers jours de
Pékin
Pierre Loti
Petite Bibliothèque Payot
286 pages – 7,65 €
De Rome à la Chine
Jean-Noël Robert
Éditions Les Belles Lettres
422 pages – 29,50 €
SUBLIMES ARTISANS…
HORIZONS LOINTAINS
François Jullien analyse avec brio
la démarche paysagère occidentale,
préoccupée de perspectives, cadrée dans
tous les sens du terme, et l’intention
picturale chinoise, guidée par le souffle,
véritable méditation au sein de laquelle
l’être humain se situe… à l’opposé de
l’ethnocentrisme.
Vivre de paysage
Ou l’impensé de la
Raison
François Jullien
… Honorés ce printemps au Musée
Guimet à travers une passionnante
exposition célébrant leur créativité
cinq fois millénaire, leurs talentueuses
productions à partir de matières dont ils
tiraient parti de façon tout à fait unique,
et générant des inventions qui ont
vraiment « changé la face du monde » !
Soie, papier, encre, porcelaine…
Autre ouvrage très réussi et
complémentaire, par une spécialiste
du même musée, l’Art du textile en Asie
donne une quantité d’informations sur
les vêtements — entre autres chinois —
n’ayant rien à voir avec ce que l’on
qualifie maintenant de « costumes
traditionnels », mais véhiculant bien
d’autres choses infiniment plus riches,
authentiques et belles.
Éditions Gallimard
258 pages – 17,90 €
Sublimes matière
Ouvrage collectif
PÉRIODE AGITÉE
Acteur et témoin : à ce double titre, lettré
occidental et officier de marine, Pierre
Loti se trouve en Chine au moment
de la révolte des Boxers. D’une écriture
vive et raffinée il raconte, s’étonne, et,
curieusement, alterne compassion avec
l’inévitable complexe de supériorité d’un
représentant des « grandes puissances ».
Il se désole des déprédations constatées
au cours de son avancée vers Pékin, alors
que, quelques lignes plus loin, il parle de
« droits de conquête ». On se régale
de ses descriptions « kitch » d’un monde
Éditions Hermann/Musée
National des Arts Asiatiques
Guimet
112 pages – 19 €
L’art du textile en
Asie
Aurélie Samuel
Éditions Scala/Musée National des Arts Asiatiques Guimet
127 pages – 15,50 €
(R)ÉVOLUTIONNAIRE
Ce petit « beau livre » est parfait
pour comprendre les mouvements
d’avant-garde les plus représentatifs
de la grande mutation artistique
chinoise, de l’assimilation de
l’expression contemporaine
occidentale associée aux
particularités chinoises jusqu’à
ce que ces dernières prédominent
pour devenir un langage pictural
tout à fait original.
L’art contemporain
en Chine
Nouvelles éditions Scala
129 pages – 15,50 €
ET AUSSI...
Le Vin, le Rouge,
la Chine
Laurence
LEMAIRE
Sirène Production
Édition
Version papier - 20 €
Version électronique – 8 €
Alors que la Chine a pris la place de
1er marché des vins de Bordeaux à
l’export, et que plus de 60 propriétés
bordelaises ont été acquises par
des investisseurs chinois ces
trois dernières années, ce livre
d’entretiens se veut une référence
pour ce qui a trait à l’incomparable
terroir bordelais, les cépages, les
traditions, les métiers du vin ;
et la passion des Chinois pour le
vin de Bordeaux. On décrypte ici
les attentes et les obligations des
propriétaires des domaines
viticoles achetés par des Chinois,
les raisons qui ont poussées à la mise
en vente de ces propriétés ainsi que
les finesses du vin de Bordeaux.
Un vin qui demande quelques
égards, produit d’une rencontre
miraculeuse entre des hommes,
une terre et les deux fleuves qui la
traversent.
connexions
ÉTÉ 2014
77
联结 N.70|2014 夏
科技创新与高新技术
InnovatIon & nouvelles technologIes
Chine
中国,世界实验室
Confrontée à de véritables défis scientifiques et technologiques, la
Chine rattrape son retard en R&D et renforce l’innovation sur son
territoire. Le renforcement des politiques en soutien à l’innovation
fait partie des priorités affichées par les autorités chinoises « dans
le programme national à moyen et long terme pour le développement
des sciences et technologies sur la période 2006-2020, produit par le
Conseil des affaires d’État », note l’ambassade de France à Pékin.
Et de préciser : « En dehors du financement direct par le biais
de programmes gouvernementaux, des politiques de stimulation
de l’innovation ont été mises en œuvre dans différents domaines,
tels que la fiscalité, la propriété intellectuelle, l’attraction
des talents, la popularisation des sciences ou encore le
développement de nouvelles plateformes d’innovation ».
Comment les entreprises françaises
peuvent-elles profiter de cet élan ?
Sur quels secteurs en particulier ?
Quelles stratégies adopter ?
《法国科技:多么法国,多么创新》,这是中法委员会值两国建
交50周年之际组织的法国科技推广活动的口号!为了弘扬法国
的科技实力,从7月初开始,组织方“中法委员会”将开启为期
半年的宣传和推广活动,旨在汇聚企业,机构,同学会,和种种
站,为各方人士的会面和合作项目的缔结,创造一个高效而诚信
的对话平台。
Dossier spécial
Imagine China
社交网络的影响力,特别是借助网络的力量,通过设立专门的网
16
Connexions
ÉTÉ 2014
创新能力已成为目前评估项目潜力的关键词
法国国家科学研究院中国代表处负责人
Antoine Mynard注意到,现在在中国推介一
个项目,关键词已经不再是“投资规模”,或
者是“合资项目”,也不是“多方共同设立的
研究中心”,而是“创新平台”。虽然这样的
词汇有待于进一步定义,但是词义学上的这个
变化凸显了中国渴望创新的强烈愿望。
中国政府表示出对创新产业的大力支持
法国驻华使馆科技处的Xavier Baillard
对中国政府的鼓励科技创新的政策和中法政府
层面的科技项目合作做了详细的介绍。中国的
决策者深知为了保证国民经济的持续增长,必
须加大对研发的投入,鼓励企业创新,特别是
鼓励私营经济的创新和风险承担的能力。但是
现状令人堪忧,虽然中国的许可注册数量逐年
快速递增,但是2013年,从宏观来看,仅有
PIB的4%投入了基础研究,从微观来看,企业
对研发的投入甚至不到营业收入的1%,和其
它创新经济相比较,中国需要弥补的差距是巨
大的。
中国政府创立了多项国家级鼓励创新的项
目:973计划是由科学技术部,中国自然科学
基金会和中科院共同投入的支持基础研究的国
家重点计划;另一项国家级项目火炬计划,旨
在以市场为导向,促进高新技术成果商品化、
高新技术商品产业化和高新技术产业国际化,
78
connexions
ÉTÉ 2014
laboratoire
du monde
Connexion
ÉTÉ 201
由科学技术部组织实施。科技部同时设立有专
门支持中小企业的创新基金,体现了国家为了
创新发展,在思维方式上的转变。
受到西方模式的启发,中国也给予创新企
业税务减免的优惠政策。研发费用的减免税和
高新型企业的税收优惠这两项政策,正是得到
法国模式的启发而设立的。特别值得一提的是
科技部下属的高新技术园区的体制,园区数量
共计115个,在此落户的企业也能享受特区的
税务优惠政策。
知识产权被盗用的风险依然存在
在中国,对知识产权的保护一直是经济
发展的一个软肋。从政策的层面,对法律法
规的完善一直没有止步。1982年制订的《商
标法》先后修订过3次,第三次的修改今年5
月1号刚刚生效。《专利法》也已历经了3次
修改,第4次修改已经提上了国务院的议事日
程。与此同时,司法系统,包括最高法院,
不定期出台一些《司法解释》和《指导意
见》,为这类案件的裁决提供具体的意见。
尽管法律框架在不断完善,但是由于中
国体制的特殊设计,也就是说法官受命于地
方人大的这一特点,充分的保护知识产权非
常困难,使得中国的知识产权保护现状没有
根本的改变。外国企业的知识产权被盗用的
风险依然存在,加强行业合作,保护共同的
利益就显得尤为重要。
ns
14
市场的巨大潜力催生出若干优秀的中国创新
企业
17
2014年4月14日,微信上市纳斯达克,一
举融资将近2.85亿美元,市值估算约为40亿美
元。阿里巴巴是另一家定义为科技企业的电商
公司,也将不久入市纳斯达克,它的上市被投
资者拿来和脸书的上市相比较,市场相信它的
融资甚至将高于脸书在2012年的160亿。目前
在纳斯达克上市的中国企业将近40余家。
中国30年的经济快速增长,加上中国人口
的巨大基数,培养了今天庞大的消费市场。这
些电商,依靠互联网的技术优势,能够充分发
挥规模经济的优势,在很短的时间内得到快速
的发展。通过在纳斯达克的上市,他们将能够
从全球化的资本市场中受益,冲向新一轮的快
速发展。
规模经济推动创新的步伐,光伏领域的
尚德是另一个典型的例子。中国成为世界工厂
后,带来了制造技术和制造工艺的大规模转
移,中国经济呈现规模发展的特点,也给科技
创新带来了外在的动力。在尚德破产之前,
曾经设计出了另西方同行诧异的高技术含量产
品,按照外国专家的原来的预期,这样的产品
本不会在2020年以前进入市场。
创新项目的融资困境和脆弱的生态格局
上市往往是一个创新企业成功的标志,在
中国的资本市场,成功上市的比例和成熟的资
本市场相比,还是比较低。股市不是独木桥,
创新企业在市场融资也还有其它的渠道,法
国国家科学研究院中国代表处负责人Antoine
Mynard做了一一分析,并由此引开,对创新
企业和项目能够蓬勃发展需要的一个整体生态
格局做了剖析。
聚焦法国企业
Novacyt:
Novacyt是一家年轻的创新型企业,专攻
细胞生物学,从创立之初就凭借尖端的技能赢
得过很多创新奖项。2012年,Novacyt在泛欧
交易所上市,引起了很多投资人士的关注。
这家特小型企业进入中国不到2年,办公室设
立在上海,瞄准的是宫劲癌检测的庞大中国
市场。目标:每年完成上百万的测试!公司虽
小,愿景甚高,要达到目标,最重要的是找到
优秀的本地合作伙伴,和公司的创新能力结合
在一起,未来的发展则不可小瞰。
特瑞欧(Terao):
绿色科技是今日中国政府大力发展的重
要领域之一,因为绿色科技的姿态既回应了中
国急需解决的环境问题,也为工业发展带来了
受到西方模式的启
发,中国也给予创
新企业税务减免的
优惠政策。研发费
用的减免税和高新
型企业的税收优惠
这两项政策,正是
得到法国模式的启
发而设立的。特别
值得一提的是科技
部下属的高新技术
园区的体制,园区
数量共计115个,在
此落户的企业也能
享受特区的税务优
惠政策。
新的广阔的市场。但是北京过度扩张的鼓励政
策,在打造出了尚德这样表面光鲜的商业成功
后,却想不到这个泥足巨人,一日轰然倒塌。
今天北京对绿色科技的理解有什么样的改
变呢?绿色产业的格局是否在发生变化?特瑞
欧的Valentin Grimaud指出虽然政府依然固执
的认为一个绿色项目就应该贴满绿色标签,但
是目前确实在开展一些有益的试点项目,希望
在实践的过程中对这些优秀的技术和理念逐步
吸收,此外,在标准的制订上,通过参考同业
的美标,国标也已经出台,为行业的发展打了
一针强心剂。
帅福得(SAFT):
做为专业的电池制造商,这家百年老店在
中国的发展势头喜人,稳坐工业电池的头把交
椅,在珠海的生产基地每年出产2800万块工业
电池。中国高铁的建设成为近些年帅福得快速
发展的机遇,未来这家科技企业希望能够成为
军队的供应商,为他们的卫星提供新一代的电
池。
帅福得珠海的经理李源先生指出在中国知
识产权的保护仍是他们最忧虑的问题,也感叹
政府对科技创新企业的支持往往最终只受益于
中国企业,外企难以企及。不过,令人高兴的
是,在中国找到创新型人才不是件困难的事情。
依贝莱比(Ip-Label):
依贝莱比是应施耐德的邀请来到了中国,
因为这家互联网科技公司能够为大型工业集团
提供专业的网络服务,无论是在法国,还是在
中国。依贝莱比在中国成功的组建了本地团
队,推出了Saas的软件服务模式,不但继续
为老顾客提供服务保障,还得到了一些中国客
户的青睐,比如传媒集团瑞丽。虽然现阶段,
大部分中国公司还是习惯于将网络管理的任务
交给内部的工程师管理,但是随着网络科技的
发展,外部的专业服务需求一定会不断增长。
诗华(Ceva):
做为一家从事动物保健的专业公司,
拥有先进的动物疫苗技术,诗华的才能在
深受食品安全问题困扰的中国市场。无疑
应该是如鱼得水,可以大展拳脚。但是诗
华 中 国 的 代 言 人 Damien M o n z e i n并 不 隐
讳他们在中国发展遇到了障碍,《在别的
国家和地区,世界前十名的集团在当地的
市场排名都很靠前,但是在中国,他们排
在了20名以外。》机遇与挑战并存,但
是诗华还是相信未来在中国发展的潜力。
何枫
connexions
ÉTÉ 2014
79
会员企业简讯
国际SOS在中国的业务扩展:在成都开设新的办公地
点,并有新的法国医生加入北京援助中心服务团队。
为给西部的客户提供服务,国际SOS在成都开设了新的办公点,地点位于成都
市人民南路二段仁恒置地中心;另外国际SOS在北京、上海和广州也有办公点。
北京援助中心也迎来了一位新的法籍协调医生让·巴蒂斯特·阿德里安
(Jean-Baptiste Adrien),他曾于2000至2003年在法国驻华使馆任医疗随员,并在
“非典”疫情期间与卫生当局建立了积极的合作关系。让·巴蒂斯特医生的加入,
对于国际SOS的法国协调医生、急诊医生、全科医师、牙医、妇幼保健专家所组成
的服务团队来说,更是如虎添翼。
国际SOS援助中心24小时全天候为会员服务,提供出行前信息咨询、电话医疗
咨询、并在紧急状况时为会员进行医生推荐和医院转诊,并在必要时提供紧急援助
服务。
国际SOS在北京、深圳、南京、天津和天津泰达均开设了国际标准的诊所。
祝贺Algeco诚栋正式开业
经过几个月的筹备工作, Algeco
Scotsman集团旗下新合资企业Algeco诚
栋于3月12日正式注册成立。
享有在全球37个国家超过60年的丰富经验,Algeco品牌正在把
临时模块化空间交钥匙解决方案引入中国市场,直接应用于客户使
用现场:办公, 卫浴,住宿,活动事件…
许多国内外知名企业,例如中建集团、安德鲁、西门子集团,
都已率先在北京体验了其舒适灵活、安全环保的模块化产品。
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connexions
ÉTÉ 2014
埃顿服务和埃特力合作组建公司成
为中国节能市场的领导者
中国领先的设施管理公司 -- 埃顿
服务宣布与法国工程公司埃特力组建一
家合资公司,为中国市场开发新的节能解决方案。这家合资公司将
埃顿服务在中国超过40个城市和18000名员工的独特地域网络的优
势,与埃特力100名专业工程师和自身的能源绩效技术相结合。新
公司会应对中国日益增长的需求,改善其能源效率政策。
依靠一套全面的集能源管理服务,能源改造和深度整合为一体
的解决方案系统,来帮助客户降低能耗和运营成本,最终以减少他
们的温室气体排放为目的。埃特力的专业知识将扩大埃顿服务集团
目前的服务,并会满足来自国际和本地客户不断增长的综合服务解
决方案的需求。
EDF与大唐集团将在中
国建造运营200万千瓦
超超临界燃煤发电厂
Saft一次性锂电池为中
国智能燃气表计提供理
想电源
技阳实业战略转向:电
子消费品及连接设备的
设计和制造外包服务
2014年4月18日,法
国电力集团声明与中国大
唐集团签署了一项在中国
江西省抚州市建设火电工
程的合作协议。法国电力
集团与大唐集团通过此协
议将共同创建合资企业,
法国电力将在其中占49%
的股权。 这一合资企业将
建造运营含两台100千瓦
机组的超超临界燃煤发电
机组。电厂建设工程现已
在中国东南部的江西省抚
州市启动,预计于2016年
夏投入运行。抚州电厂将
成为法国电力集团在中国
运营的第一个超超临界燃
煤发电厂。这项清洁煤技
术在减少电厂对环境影响
的同时确保了更高的发电
效益。中国目前在该技术
上处于领先地位。通过此
项合作协议,法国电力集
团将最大限度地参与电厂
的建设与运营,从而提高
其火电工程和运营的竞争
力。2006年法国电力集团
与大唐集团开始了首次合
作,2009年双方共同运营
河南三门峡超临界燃煤发
电厂。此次协议的签订也
标志着法国电力与大唐集
团合作的新进程。
Saft,先进高科技工
业电池的设计和制造专
家,新近与中国五大燃
气表OEM厂商之一签订了
一次性锂电池的合同,
向其提供近6000节A尺寸
LS17500电池。该款电池
安全可靠、免维护、在其
工况下使用寿命超过10
年。中国主要燃气公司将
其安装在浙江省,为智能
燃气表提供电源。这个最
新的合同,由Saft公司与
其水、热、气表代理商上
海戎天电子携手合作获
得,进一步扩大了Saft在
中国快速增长的智能燃气
表计市场。根据《中国智
能表计行业研究报告》预
计,2013年至2016年新增
表计将达到2430万台。在
2013年,Saft赢得了中国
的第一个智能燃气表计合
同,将在未来四年内向中
国某主要燃气表OEM厂商
提供约50万节LS系列的电
池。
技阳实业是一家法国
公司,专门从事内嵌电路
板、塑料注塑和金属加工
等多技术构成的电子消费
品和连接设备的设计及制
造外包服务。
目前,我们与智能住
宅(Smart Home)业界
的主要欧洲公司合作生产
连接设备及其配件,以及
远程通讯、建筑系统和火
灾探测系统。从艺术和工
业设计到产品的制造和交
付,技阳实业依靠自身的
研发团队和上海的3栋独立
的车间,为客户提供具有
竞争力的、灵活的集成解
决方案。
我们的生产和设计设
备如下:
• 19台注塑机组成的注
塑车间
• 电路板SMT组装车间
• 电子成品和包装的整
合包装车间
如果您想享受从产品
设计、生产到分销的成套
解决方案,技阳实业的团
队随时欢迎您来我们的办
公室和工厂参观。
法国Diana公司收购JF
Natural公司
JF Natural公司于1999
年成立,专门从事于生产
并销售水果、蔬菜、以及
草本植物萃取精华。该公
司位于天津经济技术开发
区内,因此能够充分利
用开发区内的工业便利设
施,交通便利,能够快速
方便地到达天津港口。
Diana总裁Olivier Caix宣
布,Diana公司的目标就是
努力提升在中国等新兴市
场的地位,同时加强本地
客户的忠诚度。对JF Natural公司的收购体现了Diana
公司在获得稳定战略采购
资源以及在中国建立食品
销售网络方面迈出重要一
步。Diana公司食品部能够
利用天然成分向全球客户
提供高附加值产品。通过
将水果、蔬菜、肉类以及
海鲜产品等天然食物加工
成浓缩品、粉末、食物片
块等,Diana食品部为客户
提供提高感官与营养的解
决方案。
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ÉTÉ 2014
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Ils arrivent
CDP
Canton
Club Med - (Voyage et Hôtellerie), Egis - (Ingénierie), Kedge Business School - (Éducation), PwC
- (Conseil/Comptabilité), Suez Environnement (Énergie/Environnement).
Domaine Les 2 Marins - (Vins et Spiritueux),
Go On China - (Vins et Spiritueux), Guangzhou
License 2 Dream - (Biens de consommation/
Produits de Beauté), R&O Trading Co., Ltd.
- (Commerce de détail/Textile), Ascendeo
- (Biens de consommation), SNOP Automo tive Parts (Guangzhou) Co., Ltd. - (Industrie
Manufacturière), The Westin Guangzhou
- (Voyages et Hôtellerie).
Beijing
Accord-IBC - (Commerce de détail), Criteo
- (Technologie), Doriane - (Logiciels/Agroalimentaire), ENVY Fine Art (Beijing) Co., Ltd.
- (Autres), Henner - (Santé/Assurance), Kuhn
Tianjin Farm Machinery Ltd. - (Industrie lourde/
Agroalimentaire), Le Ponty Wines - (Vins et Spiritueux), Proteor (Beijing) Prostheses & Orthoses
Commercial Co., Ltd. - (Santé), Qingdao Monroc
Machanical Co., Ltd. - (Industrie lourde /Industrie
Manufacturière), SAS JC Management - (Conseil),
Vidon & Partners (Shanghai) Co., Ltd. - (Conseil),
Vimex China - (Transports & Logistique).
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PRINTEMPS 2014
SHANGHAI
AES-International Consulting Co., Ltd. (Conseil), Alex LOPEZ - (Systèmes Informatiques), Amplitude Technologies - (Technologie), Joelle Brohier Meuter - (Conseil),
BeThe1 - (Recrutement), Bio In-Bev - (Biens
de Consommation), CCIParis Consulting
- (Éducation), Charlotte Gambini - (Produits
de beauté), Chia-Lin Coispeau - (Conseil),
Christophe PRADERE - (Architecture),
Continental Industrie - (Industrie Manufacturière), Diane DE SAINT-REMY (Conseil), Eden Park - (Textile), GlamourSales - (Commerce de détail), HAMDI
GUEZGUEZ - (Architecture), Harris Secretaries Limited - (Conseil/Comptabilité), Hasler Industrial Equipment - (Industrie), Kering - (China) Enterprise
Management - (Biens de Consommation),
LEAF Avocat - (Avocats), MALHERBE Design
- (Architecture), Gilles THIERRY - (Biens
de consommation), O'Live Concierges (Voyages et Hôtellerie), Staples - (Biens de
Consommation), Suzhou Sinofas Rubber
- (Industrie), Twenty-Fourteen Limited (Conseil).
SHENZHEN
La Crêperie Rozell - (Agroalimentaire),
Les duos - (Agroalimentaire), Le programme
bilingue français de Shekou International
School - (Éducation).