Delfino Suite Brésilienne
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Delfino Suite Brésilienne
Jean-Paul Delfino Rencontre du 27 mars 2015 co-organisée par l’association Les Ecrivains en Provence et la Bibliothèque de Fuveau Portrait par l’Agence Régionale du livre Cheveux longs et bandeau, boucle d’oreille, clope au bec... Jean-Paul Delfino traverse la vie avec décontraction, assumant son style et ses choix en toutes circonstances. Avec la Provence pour attache et le Brésil pour patrie de cœur, cet écrivain mélomane et lusophone est l’auteur d’une vingtaine de romans, de plusieurs livres pour la jeunesse et de deux anthologies musicales qui font référence. Né à Aix-en-Provence en 1964, Jean-Paul Delfino a grandi à Berre-l’Étang dans une famille de “profs”. Adolescent, il joue de la guitare pour séduire les filles (et ça marche !), mais dès lors qu’il découvre la bossa nova de João Gilberto, la musique prend une toute autre dimension : c’est une révélation, suprême et fondatrice, une “décharge électrique” qui va déterminer le reste de sa vie. “À l’âge où l’on cultive son jardin secret, le mien est devenu tropical sans que je le veuille.” Il poursuit alors trois rêves de carrière : footballeur professionnel, professeur de français et écrivain. À coups de talent et de culot, il les réalisera tous. Le football d’abord : il joue en équipe de France (minime, cadet et junior) jusqu’à ce qu’une blessure au genou stoppe ses élans de sportif option cigarette. Devenu enseignant, il quitte l’Éducation nationale au bout d’un an par manque de conviction. Reste l’écriture... Au terme de deux années à l’Institut de Journalisme de Bordeaux – où il pense n’avoir “rien appris” – il rédige par paresse un recueil de nouvelles en guise de mémoire de fin d’études... et devient major de sa promo. Une “première escroquerie” dont il reste très fier. S’ensuivent divers boulots de pigiste et une conclusion radicale : “Si on n’est pas Albert Londres, pas la peine d’être journaliste...”. À 20 ans c’est le départ pour le Brésil, enfin, avec un projet éditorial bien précis, la bossa nova. Sa rencontre avec le pays relève de la magie : outre une sensation inexpliquée de retour chez soi, il apprend la langue en moins d’une semaine. Au cours des trois années sur place, il décroche des entretiens avec les plus grands (Gilberto Gil, Baden Powell de Aquino, etc.). Sitôt en France il publie Brasil bossa nova, et se lance ensuite dans une anthologie de la musique populaire brésilienne. Brasil : a musica paraîtra en 1998 – à point nommé pour la finale France-Brésil de la Coupe du monde de football ! Dans le même temps, Jean-Paul Delfino se frotte à la littérature : d’abord des romans noirs puis une trilogie brésilienne, vaste fresque historique entre Amérique du Sud, Europe et Afrique (au total une dizaine d’ouvrages parus chez Anne-Marie Métailié). Il affirme écrire pour émouvoir et prône “une littérature populaire” qui passe par les tripes. Toujours vraisemblables et documentées, ses histoires exigent un important travail de recherche – un comble pour celui qui a fui le journalisme et élevé en art de vivre son inclinaison pour le farniente. Ce qui le sauve selon lui, c’est sa rapidité. Cette qualité lui a d’ailleurs permis d’écrire pour la radio, la télévision et dernièrement le cinéma (scénarios et pièces radiophoniques). Jeune et idéaliste, il sera déçu par le milieu littéraire hexagonal. Il renoncera à côtoyer des Prévert, des Blaise Cendrars (autre écrivain amoureux de Marseille et du Brésil), des Claude McKay ou des Jorge Amado. Il garde toujours, malgré tout, une grande tendresse pour les auteurs “surprotégés” d’ici, auxquels finalement personne n’a demandé d’écrire… http://livre-paca.org/index.php?show=dazibao&rubrique=1&id_rubrique=12&id_dazibao=123&type=0&article=2316 Quelques liens pour entendre cet auteur à la verve magistrale : http://www.radiogrenouille.com/audiotheque/a-lair-livre-jean-paul-delfino/ http://www.coeurdelivres.fr/ressources/audio/comedie-du-livre-audio/editions2012/54-entretiens-litteraires-2012/270-entretien-avec-jean-paul-delfino.html http://www.lepetitjournal.com/sao-paulo/actualite-bresil/201644-jean-paul-delfino-j -aime-le-bresil-passionnement-comme-une-femme https://www.facebook.com/jeanpauldelfinoromancier/posts/1608028289415282 CANEVAS DE L’INTERVIEW DU 27 MARS 2015, à l’occasion de la sortie du roman 12 rue Carioca aux éditions du Passage. « Bonsoir Jean-Paul Delfino, Merci d’avoir répondu à l’invitation des Ecrivains en Provence & de la Bibliothèque de Fuveau, pour venir rencontrer Jean-Paul Delfino – auteur aixois, régulièrement accueilli pour ne pas dire un fidèle du salon fuvelain ; ici présent pour évoquer son dernier roman –sorti le 05 mars dernier aux éditions du passage, intitulé 12 rue Carioca, dont le bandeau indique « ultime volet de la suite brésilienne ». Cette « Suite » est une véritable « saga » car elle ne compte pas moins de 9 romans ayant pour décor le Brésil. Ce cadre n’est évidemment pas simplement destiné à titiller le goût de l’exotisme des lecteurs puisqu’il est en fait au cœur même des intrigues romanesques. Ce pays, ses us & coutumes, ses réalités sociales & politiques, ses mentalités, ses spécialités de bouches, les racines de ses populations, sont décortiqués au sein de la grande fresque familiale des Zumbi. L’histoire des personnages n’a finalement pour dessein que de mettre en lumière l’Histoire époustouflante du Brésil en mettant l’accent sur les liens intrinsèques de cette lointaine Amérique latine avec l’Europe, et plus particulièrement avec le bassin méditerranéen. Dans le 2 e opus vous citez Blaise Cendrars = Lecture du passage de Cendrars. : « Le XXIe siècle sera le siècle de l’Amérique latine. C’est pourquoi l’Europe, et tout particulièrement la France et les pays méditerranéens, ont tort de se désintéresser complètement des révolutions politiques, économiques, morales, sentimentales, religieuses du sud et du Centre Amérique. C’est dans ces régions, aujourd’hui encore aux trois quarts vierges, que vont se jouer leurs prochaines destinées. […] Comme me le disait le président des Etats-Unis du Brésil, S. E. Washington Luiz : La mission historique de la France aura été l’avènement de la Révolution et la proclamation à la face du monde des purs principes démocratiques. La mission historique des USA est, en passant de la théorie à la pratique, l’application de ces mêmes principes démocratiques à de larges couches sociales, toutes originaires de la race blanche. La mission historique des démocraties sud-américaines consistera à réaliser le vœu de la Révolution française, c’est-à-dire à faire profiter de ces principes toute la collectivité humaine, sans distinction ni de race, ni de couleur. Assurément, cette étape sera longue, pleine de difficultés, de surprises, d’à-coups et de coups de frein. » Blaise Cendrars in « L’actualité de demain », dans Histoires vraies, 1938. Aujourd’hui, il apparaît que son analyse très fine était très juste. La suite de vos 9 romans est absolument passionnante, leur construction littéraire et stylistique tient le lecteur en haleine jusqu’à la dernière goutte. Diriez-vous que cette saga a une visée presque « didactique », que votre vocation journalistique, dans sa mission d’information, si bien décrite avec le personnage de Fernando Cabelão, la sous-tend ?.............................................. -Ce pays vous le connaissez bien, vous l’aimez au point de vouloir diffuser son histoire et sa culture au travers de 11 ouvrages, puisqu’il y a eu en parallèle de la saga 2 essais publiés sur la musique populaire du Brésil, qu’est-ce que ça fait, Jean-Paul Delfino, d’être partie prenante de l’équipe brésilienne du salon du livre 2015, c’est-à-dire parmi les invités d’honneur étrangers, quel rôle avaitvous joué & qu’en retirez-vous ? ………………………. -Vous avez déclaré en 2012 lors d’une interview à la librairie des 5 continents, que cette saga est née d’une demande de votre éditrice – Anne-Marie Métailié, spécialiste de la littérature sudaméricaine, face au succès de « Corcovado », d’une demande donc de suite ; qui fut « Dans l’ombre du Condor », puis rencontrant à nouveau le succès vous en demanda une autre « Samba triste » puis une autre mais là pour ne pas tomber dans une contemporanéité immédiate vous avez fait le choix de remonter l’arbre généalogique des Zumbi jusqu’à 1670. Lors de la rédaction de ce 4e opus, saviez-vous déjà que vous compléteriez le puzzle jusqu’à la naissance de Bartholoméu et Jean Dimare?.............................. -La semaine de la francophonie vient de s’écouler, mais nous sommes toujours dans le printemps des poètes d’autant plus que cette année les actions culturelles de la bibliothèque suivent le fil rouge de la valorisation de la poésie, et c’est dans ce cadre que j’ai tout de suite accepté la proposition de Christiane Bonfillon pour vous recevoir, car votre plume est très particulière, vous avez un maniement de la langue française –tout en étant tout à fait abordable pour tous les publics qui est particulièrement recherché, travaillé, vous n’êtes pas avare de mots, vous la faites rouler cette langue avec une grande générosité lexicale, tendance de plus en plus prégnante au fil des volumes…………………. Au-delà de votre style personnel, comment expliquez-vous ça ? pensez-vous être influencé par les grands auteurs francophones qui ont un maniement du français que je perçois comme plus « gourmand » que la majorité des auteurs métropolitains et par ailleurs comme pour « coller au propos », diriez-vous qu’il s’agit de l’influence de la littérature d’Amérique latine, décrite souvent comme audacieuse et d’une grande vitalité ? Reprendriez-vous à votre compte l’idée que l’art poétique doit transcender le réel ?................. -Enfin, à la lecture de cette saga comme à celle de la série du Vieux Switch, des questions apparaissent comme fondamentales : le poids de la famille, le pouvoir de l’argent & le prix de la liberté. En avez-vous conscience & maintenant que la boucle est bouclée, pour ainsi dire, & même en considérant que « demain serait un autre jour » quels sont vos projets d’écriture ? » Jean-Paul Delfino Suite Brésilienne ) Corcovado 2005 : Meurtrier malgré lui, Jean Dimare fuit Marseille pour le Brésil. Il s'invente un passé, prend le nom de João Domar et découvre, émerveillé, ce pays jeune et foisonnant. Plein de fougue et d'ambition, il grimpe jusqu'au sommet de ses rêves en devenant tour à tour chef de gang, trafiquant d'alcool, maquereau... Seule sa participation à l'édification du Christ au sommet du Corcovado pourra le mettre sur la voie de la rédemption (1931). 2) Dans l’ombre du condor 2006 : Comme "la fille d'Ipanema", Lucina a seize ans, aime la musique et promène dans la ville de Rio sa joie de vivre et sa passion de la justice au rythme de la bossa nova naissante. La vie est douce à Rio durant ces années d'avant l'orage, la musique et la danse se balancent du même mouvement que la mer et les palmes, le football fait rêver et mobilise tout un peuple. Mais dans ce début des années 60, le plan Condor, élaboré par la CIA pour mettre au pas les démocraties du sud de l'Amérique, sous couvert de lutte contre le communisme, va étendre son ombre sur le Brésil. L'auteur nous entraîne dans les aventures tumultueuses et tragiques de ses jeunes protagonistes : Lucina milite dans le mouvement étudiant et observe avec perplexité l'évolution de Paulinho, son si séduisant frère de cœur qui, amoureux de la fille de l'ambassadeur américain, fréquente de bien trop près la police politique. Tandis que leurs pères, Joao Domar et Zumbi, héros de la construction du Corcovado, explorent les multiples possibilités de la production musicale entre candomblé et fragile douceur de vivre. Lorsque la dictature s'abat sur le pays, alors que Paulinho entre au service de la CIA, Lucina, comme de nombreux étudiants, connaît la prison, la torture et la violence... Des personnages attachants pour un roman vivant, sensuel et passionnant qui marie musique et politique, amour du Brésil et indignation salutaire. 3) Samba triste 2007 : Exilée à Marseille après avoir été sauvagement torturée par la police politique brésilienne, Lucina est enfin autorisée à revenir à Rio. La ville a changé, la dictature contrôle tout, même la géographie, à travers la spéculation. L'insouciance et la foi dans l'avenir sont en voie de disparition, de nombreux musiciens sont partis à Londres ou à Paris. Lucina découvre l'existence des pivetes, ces gamins des favelas que poursuivent les Escadrons de la Mort dirigés par Paulinho Domar, son premier amour devenu tortionnaire. Elle va tomber amoureuse de Thomas et déchaîner la jalousie de Paulinho. Sur la toile de fond d'une ville qu'il aime passionnément, l'auteur mène avec tendresse ses personnages en les mêlant avec talent au petit peuple gouailleur de Rio. Dans l'atmosphère trouble de la fin de la dictature (1985), trahisons, générosité, humour, saveurs, douleurs et passions se croisent au son des sambas tristes de Baden Powell. 4) Zumbi 2009 : Soudain, le paradis dans lequel Semba a toujours vécu vole en V éclats. Tout se passe par une douce matinée de printemps, alors qu'il se dirige vers un point d'eau dans l'espoir de débusquer une antilope. Son village est attaqué par des guerriers en furie. Les plus vaillants sont faits prisonniers, les autres sont réduits en une bouillie de sang et d'os. Tous sont devenus, ce jour-là, la propriété de dom Joaquim da Fonseca, un richissime négrier portugais installé au Brésil... Arrivé à Rio, de prisonnier Semba devient esclave. L'enfer commence : sévices corporels, humiliations, travail harassant... Semba n'a qu'une idée en tête : retrouver sa dignité. Pour cela, il lui faut s'évader et rejoindre la forêt de la Barriga. Là, vivent des milliers de Nègres qui ont choisi la révolte et la liberté. Leur chef est le redoutable Zumbi, le " Dieu-de-la-Guerre " Depuis des années, il défie les Hollandais et les Portugais. Là, est la terre d'espoir. Semba va tenter l'impossible. Va-t-il réussir ? Ou mourir ? Zumbi est la quatrième fiction que Jean-Paul Delfino consacre au Brésil. Cette saga, riche de rebondissements, d'amours et de violences s'inspire de faits authentiques. Le suspense et le plaisir sont au rendez-vous. 5) Pour tout l’or du Brésil 2010 6) Pour l’amour de Rio Novembre 1755, Lisbonne. Un tremblement de terre historique ravage la capitale du Portugal. Pour la reconstruire, le Marquis de Pombal fait appel à Dom Cristiano da Fonseca, jeune fils d’un commerçant lisboète. Au même instant, Zumbi, fils d’esclave, quitte Rio de Janeiro pour faire fortune dans la quête de l’or et des diamants à Ouro Preto, au Brésil. Au fil de leurs aventures, les deux hommes verront leurs destinées se croiser et se déchirer, sur fond de soif de l’or, d’essor du Brésil, du bannissement du Marquis de Pombal, d’aspiration à l’indépendance du Minas Gerais, des conspirations indépendantistes, de confréries de Nègres libres. Dans cette saga, Zumbi et Dom Cristiano da Fonseca tutoieront les anges et plongeront tour à tour dans les affres de la déchéance, aux côtés de personnages emblématiques du Brésil et du Portugal que sont Tiradentes, le sculpteur estropié Aleijadinho, la dynastie des Tavora, le musicien Domingos Caldas Barbosa ou encore Chica da Silva et Chico Rei. Lisbonne, novembre 1807. Les troupes de Napoléon, dirigées par le général Junot, envahissent le Portugal. Sans armée digne de ce nom, le prince régent Dom Joao, suivi par l'ensemble des membres de la cour royale et de la noblesse, est obligé de fuir en catastrophe, emportant avec lui, dans une cinquantaine de navires, toutes les richesses de son royaume. Sa seule destination possible : la lointaine colonie du Brésil. Au même moment, à Rio de Janeiro, Dona Josefina, une initiée du candomblé, l'un des cultes spirites issus de l'Afrique, accepte de collaborer avec un vieux médecin portugais à l'un des premiers ouvrages rendant compte de la condition des esclaves du Brésil. Tout d'abord jetée en prison, elle finira par mener à bien son projet et s'attirera les foudres de l'Eglise. Dans un respect scrupuleux des faits historiques, Jean-Paul Delfino dépeint, avec violence et tendresse, la naissance du Brésil au monde moderne : une réalité composée d'intrigues royales, d'aventures tumultueuses et de déchirements amoureux. De la souffrance des gamins des rues à la passion de Dom Joao pour cette colonie qui n'en sera bientôt plus une, Pour l'amour de Rio dresse un portrait haletant et méconnu d'une nation en marche vers son destin. 7) Brasil 2012 : Rio de Janeiro, 1821. Vaincu par les manigances de Cour de la noblesse portugaise et des Cortes, Dom Joao VI, roi du Brésil, se voit dans l'obligation de rejoindre Lisbonne et la vieille Europe. Derrière lui, il abandonne une colonie sur le point de conquérir son indépendance et qui sera désormais dirigée par son fils, Dom Pedro I, un être infâme et tyrannique qui s'autoproclamera bientôt premier empereur du Brésil. Irrésistiblement attirée par les fastes du pouvoir et du palais impérial, la jeune Madalena, fille de la très estimée Dona Josefina, gardienne d'un culte spirite, va tout quitter pour cet empereur de pacotille. Hélas, rapidement réduite à l'état d'esclave par celui-ci, elle ne rêvera que de vengeance et d'assassinat pendant que sa fille Marina et son mari Chico Zumbi, afin d'échapper aux soldats de l'empereur, sillonneront le pays en intégrant une troupe de cirque. Dans un pays qui n'aspire qu'à la modernité, où les gens de la rue côtoient des capitaines d'industries aux fortunes colossales, où les immeubles luxueux se multiplient et où les immigrants affluent par milliers pour se bâtir de nouvelles vies, cette fresque historique, obéissant à un sens profond du romanesque, emporte le lecteur dans un tourbillon d'aventures et d'émotions qui constitue un véritable chant d'amour pour le Brésil. 8) Saudade 2014: Follement amoureux de son pays, Dom Pedro II, empereur humaniste, a une mission : transformer Rio de Janeiro en une capitale étincelante et le Brésil du XIXe siècle en l'une des nations les plus puissantes du monde. S'inspirant des idées généreuses des Lumières, il bouscule l'ordre établi, ouvre les frontières à la modernité, encourage le développement des arts et des sciences et techniques. Alors que le peuple lutte pour sa survie, sa liberté et la fin de l'esclavage. Se croisent les destins de Zumbi, un homme autrefois injustement condamné, mutilé, qui garde l'espoir que sa fille, Marina, après dix ans passés en prison, viendra le retrouver ; Filomena, fille d'un fazendeiro réactionnaire et raciste et d'une esclave Minas ; Raimundo, maton dans la lugubre prison du Calabouço et mélomane à ses heures ; l'énigmatique Madame de Barral,… Amours contrariées, soubresauts de l'histoire, mais aussi musique populaire, poésie, délices gastronomiques, sensualité … Et lorsque se calment la fureur et les larmes, affleure la saudade. 9) 12, rue Carioca 2015 : A l'aube du XXe siècle, le Brésil est une poudrière. Avec l'avènement de la démocratie et la fin de l'esclavage, le pays bouillonne et se cherche un futur. A Rio de Janeiro, les bandes s'affrontent avec violence pour défendre leurs territoires et la capoeira est encore l'apanage des mauvais garçons. Naissance du cinéma, idéaux anarchistes venus d'Europe, droits des travailleurs et des syndicats bafoués par la force, premières luttes féministes, émergence de la samba, déferlement du carnaval, reconstruction du centre historique : la ville fait table rase du passé, bien décidée à devenir enfin la capitale flamboyante de l'Amérique latine. Au même moment, entre Vieux-Port, quai de la Joliette et Belsunce, Marseille se glorifie d'être la porte de l'Orient et d'accueillir l'Exposition universelle de 1906. Mais entre les troubles sociaux, le ressentiment envers les premières vagues d'immigrés et les terribles conditions de vie du prolétariat, la cité phocéenne semble elle aussi prête à exploser. C'est là, de Rio de Janeiro à Marseille, que Marina et Filomena vont suivre leurs destins tumultueux. C'est là encore que vont se faire et se défaire les passions amoureuses de leurs petites-filles, Andrea et Josefina. C'est là, enfin, que vont naître et grandir Jean Dimare et Zumbi, les deux héros de Corcovado, premier volet de la Suite brésilienne de Jean-Paul Delfino.