Kansas city

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Kansas city
Fiche n° 775
Kansas city
La femme aux chimères
3 - 8 juin 2009
http://cinemateur01.com
Kansas city
Date de sortie : 15 Mai 1996
Réalisé par Robert Altman
Avec Michael Murphy, Miranda Richardson, Harry Belafonte
Genre : Thriller
Durée : 1h 58min.
Année de production : 1996
S’il y a un réalisateur propice à raconter l’Amérique de la
grande dépression, c’est bien Robert Altman qui a grandi
à Kansas City, témoin sans le savoir (en 1934 il n’avait
que neuf ans) d’une période qui va nourrir son cinéma.
Le procédé narratif de Kansas City est caractéristique
d’au moins deux films du réalisateur, Nashville et Short
Cuts. Sauf qu’ici les croisements des destinées chers à
Altman n’aboutissent pas à une vision chaotique et
protéiforme du monde mais plutôt à la croyance en une
certaine harmonie dans l’agitation perpétuelle, la
certitude que ce qui succède à la panique la rend
immanquablement enivrante.
Dans Kansas City c’est bien entendu la musique qui
régule les êtres, plus précisément le Jazz et l’apport
culturel des noirs dans une société blanche à qui il
manque une âme. L’histoire de Blondie (Jennifer Jason
Leigh), jeune femme prête à tout pour sauver son
Johnny des mains du gangster Seldom Seen (Harry
Belafonte dont on peut mesurer ici le talent), semble au
demeurant n’être qu’un prétexte pour filmer 21
musiciens qui s’en donnent à cœur joie dans des jam
sessions d’une rare intensité.
Laissant de côté la virtuosité de The Player, Altman
opère en quadrillant l’espace de la ville tout en
mélangeant les pistes sonores : le Jazz vient se
superposer au discours des démocrates dans la gare et
les hurlements des locomotives se fondent dans les sons
que produisent les instruments. C’est donc une cité à la
fois binaire et démesurée qui est représenté, où les
grands rassemblements populaires masquent mal les
magouilles des clubs de jazz confinés.
Mais l’aspect politique n’est pas vraiment l’enjeu du film.
A y regarder de plus près, Kansas City est avant tout un
film sur la transmission, que ce soit le virus du cinéma
qui vient contaminer le mode de vie et le look de Blondie
ou la musique qui déborde de son trop plein d’énergie. A
ce titre la présence du jeune Charlie Parker n’est pas un
hasard : il y a une scène dans le Hey-Hey club où, d’un
simple mouvement rotatif, la caméra passe de Coleman
Hawkins au futur pionnier du be-bop.
Robert Altman filme ainsi une musique transgénérationnelle et perpétue sa tradition en une dernière
séquence réunissant deux contrebassistes, Ron Carter et
le jeune Christian McBride autour de "Solitude".
Kritikat.com
Kansas city se transforme à bien des égards en une performance
continue de Jazz qui cotonne le film de sa moiteur musicale.
Les musiciens sont nombreux, la musique omniprésente, et les
scènes de concert filmées comme un live exclusif prennent la
place des événements racontés jusqu’à présent. Ce spectacle
musical est montré comme tel : musiciens qui improvisent
ensemble, détails visuels sur le jeu des pianistes,
saxophonistes, réactions de la foule généralement anonyme.
Les morceaux de jazz se poursuivent dans un temps horscadre, hors séquences. Ils ne peuvent alors ni être associés à
l’image - comme l’air joué par les musiciens présents dans le
champ - ni comme de la musique off, participant à une bande
musicale suggestive. Ici, le jazz est bien sûr à l’écran (de
nombreux musiciens effectuent le longues improvisations, des
interludes), mais gravite autour de la bande image.
Cette présence - absence fait penser aux films muets qui
faisaient intervenir des musiciens pendant les projections pour
colorer le film. Présents parce qu’ils sont là, font de la musique
mais absents parce qu’il ne font pas partie du film en tant que
tel. Or, ces musiciens de Kansas city, n’ont aucune importance
narrative, aucune incidence sur ce qui se déploie autour d’eux.
Pour son plaisir, Altman les invite à jouer.
Le spectacle interfère sur le récit, ronge les bords du film, non
pour l’étouffer, mais plutôt pour ornementer Kansas City des
amours d’Altman. Car il entretient un rapport particulier avec
cette ville. Il est difficile de retirer l’importance
autobiographique de cette œuvre. Né à Kansas City, Robert
Altman nous montre sa ville, sûrement fantasmée et déformée
avec le temps, peut être avec ses yeux d’enfant des années 30,
fasciné par le cinéma et la musique. Hollywood rayonne dans
la décennie, alors que le Jazz commence à se diffuser hors du
cercle afro-américain. Les performances de jazz furent
d’ailleurs réalisées par de vrais professionnels reconnus,
jazzmen contemporains, auxquels Altman a laissé une liberté,
qu’il a filmée avec un dispositif conséquent. Il a d’ailleurs
compilé toutes ces séquences pour sortir quelques temps après
Kansas City, un film intitulé Jazz’34. Incroyable jam-session, on
pourrait presque se demander, avec une once de dérision, si
Kansas City ne fut pas un prétexte pour réunir tous ces artistes
Arkepixcom,
tant désirés par Altman.
Fidèle à son habitude Altman livre un film à plusieurs facettes utilisant le Jazz en toile de fond pour rythmer le tout.
En effet, son film est construit comme un morceau de Jazz.
Une ligne mélodique de départ qui se poursuit en improvisation. Chaque personnage part d’un point précis auquel il
va échapper au court du film pour y revenir, ayant eu droit
à son solo en cours de route. Le film repose également en
grande partie sur les duels qui le compose, que ceux soit
les jazz sessions, Blondie et sa captive Candy ou encore
Seldom Seen et Johnny. Le montage joue donc un rôle fondamental dans Kansas City tel que le montre la grandiose
scène d’introduction. La musique est omniprésente afin de
faire monter la pression d’une scène ou au contraire pour
imposer une pause dans le déroulement de l’histoire. Une
histoire servie par des acteurs de talent que ce soit Harry
Belafonte, qui a commencé sa carrière comme chanteur de
jazz, ou encore Jennifer Jason-Leigh et Miranda Richardson, toutes les deux en grande forme, sans oublier Steve
Buscemi.
Filmdeculte.com
La femme aux chimères
Année de production : 1950 - Date de reprise : 5 Mai 2004 - Réalisé par Michael Curtiz - Titre original : Young Man with a Horn
Avec Kirk Douglas, Lauren Bacall, Doris Day… Durée : 1h 52min.
Adapté en 1950 du roman éponyme de Dorothy Baker par
le cinéaste Michaël Curtiz, La Femme aux chimères met en
scène un trompettiste blanc, incarné par Kirk Douglas et
doublé par Harry James, qui tire ses secrets d’un musicien
noir.
Inspiré par la vie de Bix Beiderbecke, le film de Curtiz,
également interprété par l’actrice et chanteuse Doris Day,
est à la fois un indiscutable mélodrame hollywoodien sur
fond de rédemption et une réflexion sur les mélanges
ethniques entre noirs et blancs qui ont donné naissance
au jazz. Ce qui peut nous paraître aujourd’hui tout à fait
naturel était à l’époque assez audacieux, compte tenu de
l’énorme sous-estimation de l’impact de la culture noire et
fait la valeur de ce beau film lyrique.
Dès son arrivée à Hollywood en 1926, Mihály Kertész
prend le nom de Michael Curtiz et s’attelle à la réalisation
de Fille de cirque, premier des huit films qu’il tourne avec
Dolores Costello, la vedette de la Warner.
Pendant trente-cinq ans, Curtiz va s’imposer comme l’un
des meilleurs techniciens du Septième Art américain mais
aussi des plus prolifiques, avec plus de cent films à son
actif.
Il aborde tous les genres, de la comédie sentimentale au
drame, en passant par le western, le film d’aventures, la
fresque historique et la comédie musicale. Toutes les plus
grandes stars de la glorieuse époque hollywoodienne
jouent devant ses cameras : Errol Flynn, Bette Davis, Paul
Muni, Humphrey Bogart, Ingrid Bergman, Olivia de
Havilland, Burt Lancaster, Elvis Presley, Sophia Loren,
John Wayne...
Son talent est également à l’origine de plusieurs grands
films, parmi lesquels: Capitaine Blood (1934), La charge
de la brigade légère (1935), Le roman de Mildred Pierce
(1945), Noël blanc (1954) et Les comancheros (1961).
Mais s’il ne fallait en mentionné qu’un, Casablanca (1942),
chef-d’œuvre intemporel, pour lequel il reçoit l’Oscar bien
mérité du meilleur réalisateur.
du 10 au 15 juin
Still walking
de Kore-eda Hirokazu
et
La sicilienne
de Marco Amenta

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