S`offrir un cadre Sur meSure

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S`offrir un cadre Sur meSure
Dossier
Cadre sur mesure
S’offrir un cadre
sur mesure
1ère partie: Les études posturales
Mal au dos, aux mains, aux épaules, aux genoux… Celui qui n’a jamais ressenti aucune douleur au guidon de son
vélo peut arrêter ici la lecture de cet article et passer aux pages suivantes. Vous êtes toujours là? Alors vous faites
partie de la grande majorité des cyclistes qui, sans être réellement mal posé sur leur vélo, n’a toujours pas réussi à
rouler sans percevoir la moindre gêne. Les causes peuvent être multiples mais une bonne position sur le vélo permet
d’éviter bien des désagréments. Et pour y parvenir, il peut être utile de faire confiance à un spécialiste et de réaliser
une étude posturale. Pour vous aider, nous avons analysé les principaux systèmes présents sur le marché et, cerise
sur le gâteau, décidé de faire réaliser un cadre sur-mesure à nos côtes!
Par Olivier Béart
A
u-delà des quelques mesures de base prises lors de l’achat
de son vélo, il est parfois bon de se pencher plus en profondeur sur sa morphologie et la façon dont on se place sur
sa machine, que ce soit dans une optique d’amélioration des
performances ou tout simplement pour se sentir en parfaite harmonie
avec son vélo.
En effet, de très nombreuses douleurs au niveau du dos, des épaules, des mains ou encore des genoux, trouvent leur origine dans une
position mal adaptée à votre morphologie. Souvent, on tâtonne, on
augmente sa hauteur de selle puis on la diminue, on raccourcit sa po-
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tence, on change de selle, voire même de vélo… sans toujours arriver
au résultat escompté.
Plusieurs sociétés ont développé des systèmes permettant de trouver
une position idéale à partir d’une prise de mesures rigoureuse de différentes parties du corps du cycliste. Avec ce genre d’étude, on peut
mettre en évidence certaines particularités morphologiques comme
des membres de longueur différente ou de proportions inhabituelles
et adapter le vélo en conséquence, le plus souvent grâce à des changements mineurs et peu, voire pas onéreux du tout (potence, hauteur
de selle, etc.).
A: Hauteur de selle
B
B: Recul de selle
C
D
C: Distance selle/cintre
D: Différence hauteur selle/cintre
A
Hauteur de cale
Sous toutes les coutures
Les principes de base d’une étude posturale sont assez
simples. Toutes commencent par une prise de mesures
précise des différentes parties du corps dont la taille est
pertinente pour définir la position idéale sur le vélo. Celles-ci sont au nombre de huit: taille totale, entrejambe,
longueur des tibias, des fémurs, longueur des bras et des
avant-bras, largeur aux épaules et hauteur du tronc. Certaines études prennent également en compte la mesure
des pieds pour un placement très précis des cales sous
les chaussures. Ces mesures sont ensuite le plus souvent
introduites dans une base de données statistiques, établie
sur base de l’étude d’un grand nombre de cas existants
et des connaissances d’ergonomes du sport qui ont mis
au point une série de «règles» permettant d’arriver à une
position idéale… en théorie du moins, comme nous le verrons plus loin.
Ce type de démarche est celui suivi par des études comme
Bioracer/Bike-Fitting, Cycle-Fit ou encore Cyfac. Toutes les
études font appel à un banc de prise de mesures qui permet une bonne précision à ce stade. Les revendeurs sont
également formés et bénéficient d’un accès à la base de
données développée par la marque pour arriver à un dessin de cadre ainsi qu’à une position «idéale».
Les principales données qui sont fournies au client sont
les suivantes:
• La hauteur de selle (A): il s’agit de la distance entre le
milieu de l’axe du pédalier et le sommet de la selle. Elle
dépend de l’entrejambe.
• Le recul de selle (B): il s’agit de la distance entre le creux
de la selle (différent pour chaque modèle de selle, il
est parfois donné par le constructeur et se situe le plus
souvent entre 130 et 150mm de l’arrière de la selle) et la
verticale du boîtier de pédalier. Cette mesure dépend de la longueur des fémurs.
• La distance selle-cintre (C): il s’agit de la
distance entre le creux de selle (ou tout
autre point précisé par l’étude posturale
choisie) et le cintre. Elle dépend de la longueur du tronc et des bras.
• La différence de hauteur selle-cintre (D): il
s’agit de la distance entre le sommet de la
selle et le sommet du cintre. Il s’agit d’une
valeur maximale qu’il ne faut pas dépasser
sous peine de douleurs au niveau du dos
et de perturber la respiration. Elle dépend
de plusieurs paramètres qui sont soit innés (nous avons chacun une morphologie
et un niveau de souplesse naturellement
différent), soit acquis (un biker plus assidu
et entraîné pourra développer une plus
grande souplesse dorsale et donc mieux
supporter une position plus couchée) ou
encore liés à la pratique (on ne place en
effet pas de la même façon un amateur de
très longues distances qui appréciera du
confort et une position plus redressée ou un compétiteur
pur jus qui tirera pleinement profit d’une position très
axée performances sur des courses courtes).
• La largeur du cintre: moins importante en VTT où il s’agit
surtout d’une affaire de goût et de pratique, elle dépend
malgré tout en partie de la largeur des épaules.
• Le positionnement des cales: il n’est pas fourni par toutes
les études posturales mais permet un placement parfait
de la cale au niveau du premier métatarse de chaque
pied. Une étude posturale pourra mettre en évidence une
différence (fréquente) entre les deux pieds et apporter les
corrections nécessaires.
Au-delà de ces informations qui permettent d’adapter au
mieux son cadre actuel, certaines études proposent également le dessin d’un cadre «idéal» qui pourra guider le
client lors de l’achat d’un nouveau vélo. Il pourra ainsi soit
essayer de trouver un cadre standard dont les mesures
se rapprochent le plus possible de celles préconisées par
l’étude, soit carrément faire réaliser un cadre à ses mesures
par un artisan!
Ces études posturales comprennent également la mise
aux cotes du vélo par le revendeur au moyen d’appareils permettant un positionnement précis des différents
éléments, ainsi que la possibilité de reprendre contact
avec le revendeur par la suite pour faire d’éventuelles
adaptations de la position après quelques heures de test.
Ce dernier point nous semble particulièrement important
puisque l’étude sera d’autant plus fructueuse et profitable que le biker cherchera à solutionner ses problèmes
de position en dialoguant avec l’auteur de son étude
posturale. Il pourra alors profiter pleinement de la vraie
valeur ajoutée de son étude, bien au-delà de la simple
partie théorique.
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Cadre sur mesure
Do it yourself
A côté de ces études «classiques», il est possible de
trouver sur Internet quelques outils permettant de
faire soi-même son étude
posturale. Le plus connu de
ces sites est français et se
nomme Pile-Poil.net. En pratique, le site explique comment prendre le plus correctement possible les mesures
utiles soi-même (prévoyez
malgré tout de pouvoir faire
appel à une deuxième personne pour vous assister)
avant de les introduire dans
un petit calculateur Exell qui
vous donne immédiatement
et gratuitement une position
dite «cool». Attention, cette
position est adaptée à la
pratique du vélo de route
uniquement! Pour avoir
accès aux autres options
(compétition, VTT, contre-la-montre, etc.) ou connaître les cotes du
cadre idéal, il faudra par contre passer à la caisse (de 3,60 à 50E
selon les options).
Le fabricant de vélos Canyon propose également sur son site un
petit outil qui permet de choisir la taille de son cadre en fonction de
ses mensurations. Cinq données sont réclamées (taille, entrejambe,
hauteur du buste, longueur des bras et poids) mais après plusieurs
essais, il nous a semblé que le ‘Canyon Perfect Position System’ a
tendance à tenir compte quasi exclusivement de l’entrejambe pour
conseiller une taille de cadre. En effet, en simulant une personne
de 175cm avec un petit buste mais de grandes jambes, le système
conseille directement un vélo en taille L, alors qu’une personne de
la même taille avec un grand buste et un petit entrejambe se verra conseiller un M. Selon nous, ce n’est pas la meilleure solution
puisqu’il est beaucoup plus simple d’adapter la hauteur de selle d’un
vélo que sa longueur…
Bref, vous l’aurez compris, ces outils ont pour eux leur rapidité et
leur facilité d’utilisation mais ils montrent très vite leurs limites!
Le biker en action
Reste une dernière catégorie d’études posturales, sorte de «Rolls»
de la spécialité: les études prenant en compte des paramètres
biomécaniques et dynamiques. De quoi s’agit-il? La biomécanique
est, pour reprendre la définition donnée par Cyfac, «l’application
de lois mécaniques à l’étude des organismes vivants. Elle étudie
l’ensemble des forces générées ou subies par l’organisme et leurs
effets sur son mouvement ou ses déformations. Concernant le cyclisme, après avoir identifié les muscles responsables du mouvement, la biomécanique étudie les forces qu’ils génèrent ainsi que
les couples de forces musculaires. Elle permet enfin de décrire les
différentes phases du cycle de pédalage ainsi que les plages d’activation de chaque muscle».
En pratique, ces études ne se contentent pas seulement de déduire
des mesures «idéales» pour le vélo à partir de mesures statiques
des différentes parties du corps du biker mais elles comprennent
également une partie dynamique au cours de laquelle on regarde
le biker pédaler et on teste différentes solutions jusqu’à obtenir un
résultat proche de la perfection.
Précurseur dans le domaine, l’artisan américain Serotta avait déjà
développé en 1979 un vélo dont de nombreux paramètres étaient
adaptables. Depuis, la marque a fait évoluer le processus et tout
ou presque est adaptable, qu’il s’agisse des angles, de la longueur
des tubes ou de l’ensemble des accessoires. Hélas, ce système est
d’une diffusion très limitée hors des USA et seule quelques magasins allemands et néerlandais en sont équipés.
En France, Girs propose également un système de ce type, très
abouti et qui peut déboucher sur la fabrication d’un cadre sur
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mesure en carbone, mais seuls les routiers ont droit à un tel privilège pour
l’instant! Le salut des vététistes qui
souhaiteraient enfin pouvoir bénéficier
des bienfaits de ces études ultra complètes pourrait bien venir de Specialized. Encore en développement aux USA
et seulement en cours de diffusion chez
des revendeurs qui doivent suivre une
formation adaptée, cette étude prend
en compte non seulement des mesures
statiques mais comporte également une
partie où les mouvements du pilote sur
sa machine sont étudiés en profondeur.
Petit à petit, tout au long des trois heures que dure l’étude, on positionne le
biker sur le vélo en partant des pieds
(avec le très important réglage des cales) jusqu’au haut du corps avec pour
but d’optimiser à la fois le confort et
la performance. Plusieurs cadres et ou
accessoires peuvent être testés jusqu’à
arriver au meilleur compromis. Comme
nous l’avons dit plus haut, cette méthode n’est pas encore disponible chez les
revendeurs de la marque mais les choses devraient changer d’ici
peu. Nous vous tiendrons bien évidemment au courant dès que
cette étude sera disponible chez les revendeurs de la marque.
A noter, pour être tout à fait complet, que les études posturales
Bioracer effectuées par le patron de l’entreprise lui-même au siège
de la société (qui conviennent aussi pour le VTT XC), comprennent
également une phase où vous êtes observé en train de pédaler sur
un home-trainer afin de tester vos sensations et de corriger les derniers détails sous l’œil attentif de l’expert. Certains dealers, équipés de la version la plus complète de l’étude posturale BikeFitting,
disposent également d’un vélo adaptable qui permet au cycliste
de tester immédiatement sa nouvelle position et d’éventuellement
apporter certaines modifications. La marque vient également de
lancer le Motion Analyzer, un procédé proche de celui lancé par
Specialized, dans lequel le biker est filmé par deux caméras. Selon
la marque, en plus de permettre d’affiner la position, ce procédé
donne la possibilité de repérer une différence de longueur des
membres ou un déséquilibre et de le corriger.
Un cadre sur mesure…
oui, mais où?
En Belgique, l’artisan le plus connu et reconnu est Jan Dejonckheere, concepteur
et soudeur des cadres de la marque Pro Winner (www.pro-winner.net). La France
est riche d’une longue tradition d’artisans cadreurs pour la route mais depuis
quelques années, le milieu du VTT bouge aussi beaucoup avec l’apparition
d’une nouvelle génération de passionnés qui ont créé leur propre marque.
A titre d’exemple, on peut citer Vagabonde Cycles (www.vagabondecycles.
com), spécialisé dans l’acier, ou encore Skyde (www.skydecomp.fr), qui vient
de développer une ligne de cadres titane et acier sur mesure. Les USA restent
évidemment la patrie du sur mesure par excellence. Il est proposé en option chez
de nombreuses marques haut de gamme comme Litespeed ou encore Moots,
alors que les très nombreux artisans présents sur le marché américain en ont
fait un véritable fond de commerce. Impossible de les citer tous ici mais une
petite visite sur le site Internet du salon de référence pour tous ces artisans, le
North American Handmade Bicycle Show (NAHBS), vous donnera un bon aperçu:
http://www.handmadebicycleshow.com/framebuilders.html. Sachez également que
depuis deux ans, ce salon a un petit frère européen, le EHBE (www.e-h-b-e.eu ).
La panacée?
Après toutes ces explications qui pourraient faire passer les
études posturales pour autant de solution miraculeuses, il faut
hélas tempérer cet enthousiasme! Même si une étude posturale
vous livrera certainement d’excellentes indications qui devraient
vous mener sur le chemin de la position idéale, il faut malgré
tout savoir garder un certain recul par rapport aux chiffres donnés sur papier. En effet, si la plupart des réglages préconisés
devraient vous convenir parfaitement, il est tout à fait possible
que d’autres doivent être légèrement modifiés. A titre d’exemple, ayant réalisé une étude posturale (Cyfac) il y a quelques
années, il est apparu après quelques sorties que si le placement
des cales ou encore le recul de selle conseillés étaient parfaits,
la hauteur de selle préconisée était par contre trop basse d’un
bon centimètre et la longueur de potence préconisée (120mm)
était un peu longue pour préserver la maniabilité qu’on est en
droit d’attendre d’un VTT. La qualité de l’étude posturale n’est
pas à remettre en cause, d’autant qu’elle a permis d’autres améliorations très bénéfiques (recul de selle, placement des cales,
différence de hauteur selle-cintre par exemple), mais cette expérience montre qu’il faut considérer les chiffres donnés avant tout
comme des indications pour avancer dans la bonne direction et
pas comme des voix divines à suivre aveuglément au mépris de
vos sensations. Il nous semble également important de tester les
réglages préconisés sur son vélo actuel, quitte à devoir bricoler
un peu, avant d’envisager l’achat d’un nouveau vélo, éventuellement sur mesure, correspondant parfaitement aux cotes fournies
par l’étude. Par contre, il n’est absolument pas recommandé de
piocher des informations dans plusieurs études et de les mélanger pour aboutir à sa position finale car chaque étude part d’un
postulat de départ défini par la créateur de la méthode et celui-ci
peut influencer fortement les cotes préconisées. Ainsi, certaines
études privilégieront par exemple plus le confort et d’autres l’efficacité du coup de pédale, avec des résultats fort logiquement
différents. Renseignez-vous donc bien avant de vous lancer!
Nous sommes ici dans un domaine où la subjectivité garde une
part importante dans la phase d’interprétation des mesures, qui
dépend également souvent d’une seule personne qui pourrait
avoir des œillères, avec parfois uniquement des arguments quantitatifs (x années d’expérience ou x études posturales réalisées)
pour justifier de façon un peu rapide la qualité de la méthode
employée. Il est aussi toujours bon de se souvenir que la plupart
de ces études ont été mises au point pour le vélo de route et
que leurs déclinaisons VTT ne tiennent pas toujours compte de
toutes les spécificités de notre pratique.
Moyennant cette indispensable prise de recul, notre expérience
personnelle et de nombreux témoignages nous ont montré que
prendre la peine de réfléchir en profondeur au problème de la
position sur le vélo permet d’augmenter très fortement le plaisir
pris au guidon, d’éliminer bien des douleurs et de simplifier le
choix de la taille lors de l’achat d’une nouvelle monture.
Vous lirez dans ce numéro et dans nos prochaines éditions que
nous avons décidé de pousser l’expérience un cran plus loin en
faisant réaliser un cadre titane Seven conforme à nos mesures
et à nos demandes en matière de comportement. Nous pourrons
ainsi voir dans quelle mesure il est utile de pousser l’expérience
aussi loin. Affaire à suivre, donc!
j
-
www.canyon.com
www.cyfac.fr
www.pile-poil.net
www.serottacyclinginstitute.com
www.specialized.com
http://cyclefit.com
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Spécialement développé pour le sol dur avec
couche supérieure non stabiliseé
Maximum de stabilité en virages
Faible résistance au roulement
Adhérence maximale en freinage et en accélération
TriComp X Technology®
Pneu de compétition all-round
-
Faible résistance au roulement
-
www.bikefitting.com
Pneu de compétition XC rapide par temps sec
-
-
BOTTIN
Bike-Fitting
Canyon
Cyfac
Pile-Poil.net
Serotta
Specialized
Veltec-Cycle Fit
-
Evolution de World Cup Winner, le Black Panther
Adhérence maximale en freinage et en accélération
Le crampon sur l’épaulement du pneu confère une
protection supplémentaire contre les crevaisons.
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Cadre sur mesure
L’aventure
C
hez Seven, l’étude posturale s’entend uniquement comme base à la conception d’un cadre en titane sur mesure,
fabriqué par l’artisan américain. La démarche Seven comporte plusieurs étapes dans lesquelles vous serez guidé
par le revendeur. Le but est d’aboutir au final à un vélo correspondant le plus fidèlement possible non seulement à votre morphologie mais aussi à vos envies en matière de comportement.
La rencontre avec le revendeur commence par le choix d’un modèle dans la gamme Seven. Une fois le choix arrêté, on passe
à l’étape suivante, à savoir un entretien d’une demi-heure au
cours duquel vous serez invité à répondre à de nombreuses
questions (plus de 100 au total) sur différents domaines: votre
vélo actuel, ses qualités mais aussi et surtout les reproches
que vous lui faites et que vous souhaitez corriger sur votre
Seven, etc. La pratique du biker est également passée au crible, ainsi que les éventuelles douleurs (dos, épaules, mains...)
remarquées lors des sorties. L’entretien se termine par l’expression de
vos souhaits quant au comportement souhaité de votre futur VTT, sur
base de quatre axes que Seven peut personnaliser grâce à un choix de
tubes d’épaisseurs et de nature différentes. Le futur propriétaire peut
ainsi définir la rigidité du boîtier de pédalier de son cadre, sa rigidité
verticale (confort), sa maniabilité et le ratio poids/rigidité. A noter que
chez Seven, il y a aussi le côté orfèvrerie puisque l’acquéreur peut
choisir plusieurs options (gratuites ou payantes) au niveau des stickers, d’une éventuelle peinture, ou encore des passages de gaines, de
la présence ou non de tasseaux V-brakes, des porte-bidons, etc.
On passe ensuite à la prise de mesures proprement dite. Sept mesures sont prises par le revendeur: taille, hauteur du tronc, entrejambe,
largeur aux épaules, longueur des tibias, longueur des bras et des
avant-bras. Chez le distributeur Benelux, Filip Sport, les mesures sont
bien évidemment prises sur les recommandations de Seven mais au
moyen d’un banc de mesures Bioracer qui permet une plus grande
précision que des mesures «à la volée».
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La souplesse du client est également évaluée afin de voir dans quelle
mesure celui-ci pourra supporter une position plus allongée et donc
plus orientée vers la performance. Enfin, les mesures du vélo actuel
du client seront également prises à titre informatif et pourront servir
de base de travail à Seven si le client est parfaitement satisfait de sa
position sur cette machine.
Une fois cette première partie terminée, le revendeur envoie le document
complété directement chez Seven aux USA où les réponses seront analysées par un des spécialistes maison et comparées à une base de données
de plus de 20.000 cas afin d’aboutir à un premier dessin de cadre. Si le
client en fait la demande, Seven peut même prendre contact directement
avec lui (en anglais, mais à une heure convenue de commun accord) afin
de discuter du projet directement avec la personne qui dessinera le cadre.
Ce contact est surtout utile en cas de demande particulière mais il est bon
de savoir qu’il est toujours possible. Peu de marques peuvent en tout
cas se targuer d’offrir un tel service, sans oublier que tous les dessins de
cadre sont validés par le patron, Rob Vandermark en personne.
Filip Lauwers
Filip Sport - Distributeur Seven Benelux
O2: Quel type de public se tourne vers Seven
pour réaliser un vélo sur mesure?
F.L.: Le sur mesure est une «option gratuite» qui fait partie intégrante de la démarche chez Seven. Elle est donc choisie par
99,9% des clients. Dans la plupart des cas, je dirais 80%, il s’agit
de véritables passionnés très bien informés sur le matériel, qui
savent ce qu’ils veulent par rapport à leur pratique et qui ont
déjà épluché en détail le site Internet de la marque. Il s’agit aussi bien souvent de bikers qui sont séduits par le titane et pour
qui Seven représente le top pour ce matériau. Il arrive malgré
tout parfois qu’un client pousse la porte du magasin en pensant
s’acheter un vélo carbone mais soit ensuite séduit aussi bien
par le titane et le caractère artisanal de Seven, que par la possibilité de faire un vélo à ses mesures. Au niveau de la pratique,
il s’agit le plus souvent de bikers sportifs qui pratiquent plutôt
le XC marathon, parfois en compétition. Il est rare qu’il s’agisse
d’un premier vélo même si ça arrive. Le public est plutôt composé de personnes qui roulent à vélo depuis un certain temps et
souhaitent faire une sorte d’achat ultime. Par contre, au niveau
de l’âge, c’est très varié et on ne peut vraiment pas dire que le
titane sur mesure soit réservé aux «vieux»!
O2: Est-ce que tout est vraiment réalisable chez Seven?
F.L.: Théoriquement, oui. En pratique, il arrive que Seven refuse
certaines demandes car elles ne sont pas en accord avec la
philosophie d’excellence de la marque et risquent de donner un
vélo incohérent. Mais c’est extrêmement rare et en dialoguant
avec le client, on parvient à trouver des solutions pour tout type
de biker, du plus grand au plus petit, du plus mince au plus costaud, et on peut satisfaire toutes les demandes. Au final, nous
avons un taux de satisfaction qui frôle les 100%!
Après une petite dizaine de jours, le dessin du cadre est présenté au
client qui, après vérification avec le distributeur, marque son accord
pour la mise en production ou demande quelques modifications. Dans
ce dernier cas, un nouveau dessin lui sera présenté jusqu’à ce qu’il
marque son accord final.
Dans notre cas, la position conseillée par Seven diffère assez fortement de celle utilisée sur le vélo de référence de notre rédacteur en
chef-cobaye, un Cannondale F3000 de 1998. Par rapport à ce dernier
et à l’ancienne position, Seven propose plusieurs changements importants: la hauteur de selle serait augmentée de près de 3cm (73,4cm
pour 84,5cm d’entrejambe) afin, selon Seven «d’améliorer la puissance développée, de permettre un meilleur transfert de l’oxygène et
de minimiser le risque de blessures». Le cadre resterait par contre très
bas avec un sloping prononcé (39,4cm de hauteur de tube de selle)
et la hauteur de selle serait donc obtenue avec une sortie de selle
importante. Quant à la longueur, Seven préconise un cadre de 59,5cm
de long (mesure prise à l’horizontale) contre 59 pour l’ancien cadre,
le tout avec une potence de 110mm contre 120mm auparavant. Cette
position s’explique par la morphologie du biker qui allie des jambes
un peu plus petites que la moyenne avec un tronc plutôt long. Vu l’âge
du biker (43 ans), son souhait d’un cintre semi-relevé et sa pratique
de randonneur sportif, la différence de hauteur entre la selle et le
cintre (2,3 cm maximum) est assez faible.
Le dessin du cadre étant fait, on peut maintenant passer à la phase
de production, mais il s’agit là d’une autre histoire que nous vous
conterons dans une prochaine édition!
j
O2: Quelle est la formation reçue par les revendeurs pour
conseiller au mieux le client?
F.L.: Pour ma part, j’ai rendu visite au fabricant sur place lorsque
j’ai commencé à travailler avec la marque il y a six ans. Cela
m’a permis de voir comment ils travaillent mais aussi et surtout
de me faire expliquer en détail la procédure de conception du
cadre sur mesure, ainsi que la prise des cotes du client. Depuis,
j’y suis déjà retourné une fois pour rester parfaitement au courant des évolutions et les échanges à distance sont permanents
puisque c’est justement la base de la démarche Seven pour
concevoir un cadre parfaitement adapté à chaque client.
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