le fusil italien fait peau neuve

superposé
Cæsar Guerini Tempio
LE FUSIL ITALIEN FAIT PEAU NEUVE
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Connaissance de la Chasse - N°441 - Janvier 2013
L
notoriété. C’est sans doute pourquoi
le Tempio fait peau neuve cette année et nous arrive dans une livrée
très différente de la précédente, plus
élégante et raffinée et surtout au sein
d’une gamme plus cohérente. Car le
Tempio 2012 possède moins de déclinaisons et de versions que le Tempio 2001, mais il correspond davantage à l’idée que l’on se fait
désormais d’une maison qui a créé
l’Ellipse Evo. Le Tempio est à la fois
plus sobre dans sa gamme, mais bien
plus enrichi et attirant sur le plan de
la gravure notamment. Désormais,
vous aurez le choix entre deux calibres 12 et 20, dans des versions
acier et light, soit quatre modèles
seulement là où auparavant le choix
et les combinaisons possibles étaient
aussi multiples que difficiles à déterminer.
Sur le plan mécanique, peu voire pas
de changements. Ce fusil était à l’abri
Le nouveau
Tempio, une
base classique
avec une robe
soignée et
originale !
© L. Bedu
Après quelques saisons d’existence,
le Tempio évolue. Il s’offre
cette année une nouvelle parure
avec une belle gravure anglaise et
un bouquet de roses dorées.
L’occasion de redécouvrir ce superposé
italien classique et élégant.
e superposé Tempio de
Cæsar Guerini a déjà onze
ans. Lancé en 2001, ce fusil traditionnel, très transalpin dans ses lignes et dans sa mécanique était à l’époque venu
s’ajouter à un catalogue pas encore
si étoffé que cela. L’arme était alors
déclinée dans une large variété de finitions, bascule acier ou ergal, finition grise vieil argent ou tinaloy (plutôt anthracite), sujets animaliers
simples ou dorés, calibre 12,
20 ou 28 et canons de 71, 68,
66 ou 61 cm… Bref, il y en
avait pour tous les goûts ou
presque. Sans faire outrage à
Giorgio Guerini, la marque
était alors moins présente et
moins connue sur le marché français qu’elle ne l’est aujourd’hui et
cette profusion de modèles et de versions paradoxalement n’aidait sans
doute pas à avoir une image claire
de la marque et de son offre. Depuis,
Guerini s’est fait un nom. Surtout, il
y a eu en effet le modèle Ellipse Evo,
un superposé à bascule ronde très
réussi que vous avez d’ailleurs élu
meilleure arme lisse superposée
2011. Avec cette « arme vitrine »,
certes assez chère, mais belle, désirable et aisément identifiable, Cæsar Guerini a gagné des parts de marché et du même coup ses lettres de
noblesse ainsi qu’une bonne dose de
des critiques, son fonctionnement
étant irréprochable. Il faut avouer
que le Tempio n’est pas un fusil novateur ou faisant appel à une technologie particulière. C’est au contraire une arme classique rassemblant
ce qui a fait le succès des superpo-
sés italiens dans notre pays depuis
maintenant plus d’une vingtaine
d’années. Parfois, le classicisme a
du bon, il permet de rassurer le chasseur sur ce qu’il est en droit d’attendre de son arme et de son futur
rendement.
Connaissance de la Chasse - N°441 - Janvier 2013
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superposé
La canonnerie est traditionnelle. Les
canons sont frettés et soudés entre
eux par une bande pleine et continue. La bande de visée est droite,
mesure 6 mm de large et est ventilée. Elle se termine par un guidon
boule en laiton assez large. La frette comporte les crochets de verrouillage inférieurs, des éjecteurs à
échappement et les deux fraisages
qui porteront sur les tourillons de la
bascule pour le basculage. Les canons sont éprouvés bille d’acier.
Pour tester ce fusil, nous l’avons emporté au stand de tir, puis à la passée
aux canards. Face aux difficiles et
lointains plateaux des deux parcours
de chasse que nous avons effectués,
ce modèle allégé de calibre 20 à canons courts (68 cm) n’est pas tout à
fait adapté. La preuve, mes voisins
avaient tous des calibres 12 à canons
de 76 et 81 cm. Certes, j’ai opté pour
un 3/4 et full choke qui m’aide à gagner un peu d’allonge, mais son
faible poids qui oblige à contrôler en
permanence son swing, son équilibre
un peu arrière, idéal pour la billebaude, mais pas vraiment pour le
trap, sont un peu handicapants ici.
ront le choc du culot de la cartouche
au tir. Ils ont la forme de larges bouchons de percuteurs et sont également démontables, au cas où…
La gravure est
soignée jusque
sur le pontet ou
le fer de devant.
© B. Berbessou
La bascule en
ergal possède
des inserts
circulaires en
acier au niveau
des tonnerres.
Ce qui change réellement
sur ce fusil : c’est la gravure !
Ce qui change réellement sur ce fusil, c’est sa gravure. Oubliés les sujets animaliers dorés ou pas, les faisans à gauche et sous la bascule et
la bécasse à droite avec des chemins,
les espaces laissés sans gravure, comme taillés au cordeau, en de longues
lignes droites un peu monotones et
trop géométriques. Place aux fleurs !
Aux roses plus précisément. La bascule comporte en effet un bouquet
de 3 roses dorées très élégantes posées sur une tapisserie de fine anglaise. Bien sûr, la gravure est exécutée au laser, c’est désormais le cas
de la grande majorité des armes italiennes en vente en France, mais elle
est particulièrement fine et bien réalisée. Cette technique est parfaitement maîtrisée de l’autre côté des
Alpes par plusieurs grandes maisons
qui s’y sont spécialisées. Le dessin
original de cette gravure est signé de
la Bottega Giovanelli, à la fois ate-
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lier de graveurs et école de gravure,
qui a vu passer la plupart des grands
noms actuels de l’ornementation armurière. La force de cette gravure
réside dans son originalité. Il y a
comme une superposition de dessins
et de formes très agréable malgré
une profusion de détails et de motifs. En dépit de cette abondance et
de la couverture quasi totale de la
bascule, jamais l’ensemble ne
semble confus ni « trop riche », mais
au contraire harmonieux et élégant.
L’autre point fort de cette gravure
est qu’il faut réellement s’approcher
de l’arme pour découvrir cette multitude de sujets, de détails qui se dévoileront d’ailleurs peu à peu, pas
d’une seule fois, tandis que de loin
seules les roses et la tapisserie sont
visibles. Les artistes de Giovanelli
sont allés puiser dans les anciennes
armes, et notamment les vieilles
armes belges l’inspiration nécessaire
à la réalisation de ce fusil. Les coquilles ont été laissées vierges de
toute gravure, ou presque – seule la
coquille inférieure est ornée de légers rinceaux – comme pour mieux
mettre en évidence leur belle relime
ronde. Toutes les autres parties métalliques de l’arme sont gravées. Du
pontet, au devant fer, en passant par
la clé ou la queue de bascule, la gravure est omniprésente et toujours
aussi bien mise en valeur, même sur
notre fusil ergal, un matériau qui a
pourtant tendance à rendre les gravures un peu grossières. Ce métal
« mou » se coupe moins nettement
que l’acier et souvent les sujets sont
moins bien définis. Pas ici. Logique
après tout car non seulement la gravure est finie à la main, histoire de
gommer la perfection du laser, qui
parfois tourne à l’uniformité, et d’accentuer certains effets ou ombrages,
mais surtout la bascule est nickelée
pour un rendu « plus acier ». Ces
deux opérations permettent à ce fusil d’afficher une personnalité rare
et de se différencier de ce qui se fait
ailleurs en Italie.
La bascule de notre modèle est donc
réalisée entièrement en ergal. Mais
si vous êtes habitués des fusils allégés, vous savez qu’il existe toujours
des inserts d’acier là où il le faut. Sur
le Tempio, outre le verrou large et
bas tout en acier ainsi que les deux
tourillons de basculage que l’on
pourra remplacer après plusieurs milliers de cartouches, deux inserts
ronds prennent place au niveau des
tonnerres. Ce sont eux qui absorbe-
Les bois de notre modèle d’essai sont
superbes. Le noyer est veiné en long
avec un très élégant contraste entre
les veines plus ou moins noires et le
bois à dominante blond-caramel.
Outre ce choix judicieux du bois, la
relime de la crosse est l’autre bonne
idée de cette monture. On retrouve
une forme qui a fait le succès des
B25 dans les années 70, la poignée
semi-pistolet boule, belle, empreinte de nostalgie et de classicisme.
Ceux qui n’apprécient pas ce type
de crosse pourtant particulièrement
adaptée à la monodétente, pourront
opter pour une crosse anglaise. Le
devant est ventru et assez englobant,
il est tulipé et terminé par une pompe dépourvue de capucine, cette petite pièce de métal festonnée que l’on
trouvait sur les pompes des juxtaposés artisanaux. De plus, elle est
nickelée brillante, c’est un immanquable, une finition noire ou jaspée
aurait été plus élégante et davantage en harmonie avec le reste de
l’arme. C’est dommage sur le plan
esthétique, mais sur le terrain ça ne
change rien. La pompe est un peu
dure au début, pendant quelques déposes, mais elle se rôde assez vite
comme nous le constaterons et à la
fin de notre essai elle ne posait plus
la moindre difficulté.
Le quadrillage est classique lui aussi. Deux pointes sur le devant bois
et l’avant de la poignée. Il est arrondi sur l’arrière de la poignée.
Les canons sont proposés en deux
longueurs seulement. 71 cm pour les
calibres 12 acier ou allégé et 68 cm
pour le calibre 20 ergal en notre possession. L’autre calibre 20, celui à
bascule acier, possède des canons de
71 cm, une très bonne chose selon
nous. À noter, 12 et 20 sont des magnums, ils disposent tous d’une
chambre de 76 mm. Cela peut dépanner, même si tirer des 12 ou des
20 magnum dans des fusils allégés
pesant respectivement 2,85 et 2,6 kg
peut vite tourner à la punition. Les
canons sont tous dotés de chokes interchangeables et les cinq rétreints
classiques sont livrés avec chaque
arme, lisse, 1/4, 1/2, 3/4 et full. Il
s’agit de chokes internes.
© B. Berbessou
Deux longueurs
de canons
20 ou 12 allégé
ou acier, soit
quatre modèles
au choix pour
ce Tempio.
superposé
Avec la crosse
semi-pistolet
boule, ce fusil
possède
une silhouette
à l’ancienne.
© L. Bedu
La vivacité
de ce fusil est
très intéressante
à la billebaude
et même
à la passée.
rais avec des munitions non
toxiques. Les cartouches sont éjectées avec régularité, ce qui s’avérera pratique lorsqu’à la nuit tombée,
il faudra ramasser les douilles vides,
toutes tombées dans un cercle de
40 cm de diamètre. La percussion
est sans problème non plus, avec une
monodétente très rapide et jamais
prise en défaut. La finition des bois
est bonne puisque le soir venu, un
chiffon sec suffira à ôter la boue qui
constelle la crosse et à redonner aux
bois leur brillant d’origine. Au terme de cet essai, nous n’aurons que
deux regrets. Ne pas avoir pu disposer d’un calibre 12 acier au parcours de chasse et ne pas avoir eu
de journée de billebaude supplémentaire pour essayer un peu plus
longtemps notre calibre 20 light qui
semble vraiment avoir été pensé et
créé pour cette chasse. Bref, c’est
sur ce sentiment – toujours bon et
significatif – de trop peu que le Tempio Light de Cæsar Guerini rejoindra sa mallette.
Paradoxalement, ce nouveau Tempio est moins riche que par le pas-
Néanmoins, au fil des cartouches, le
swing est plus précis, moins saccadé et surtout le fusil se comporte bien.
Tir, percussion, ouverture, éjection
s’enchaînent sans problème. La
mono détente est parfaite, tant en
course qu’en poids. Elle permet de
doubler son tir très vite. La montée
à l’épaule du fusil est également très
bonne, la poignée pistolet boule et
le devant ventru aident à assurer une
bonne prise en main qui facilite
l’opération. Au terme d’une centaine de cartouches tirées, aucune critique n’est à formuler au fusil. Une
séance sans point noir, en douceur.
Il est temps de partir à la passée aux
canards.
Destination : la
passée aux canards
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Laurent Bedu
FICHE TECHNIQUE
La frette est
typique des
superposés
italiens avec
ses éjecteurs
à échappement.
Constructeur : Cæsar Guerini
Type d’arme : fusil superposé lisse
Modèle : Tempio
Version : light calibre 20/76
Calibres : 12/76 mm, 20/76 mm
Variantes : bascules acier
Crosse : noyer sélectionné,
demi-pistolet boule ou anglaise
au choix
Détentes : mono-détente sélective
dorée ou double détente
Chokes : interchangeables, 5 livrés
Canons : 71 cm pour toutes les
versions, sauf cal 20 ergal (68 cm)
Poids : 2,6 kg (cal 20 light),
2,85 kg (cal 20 acier et cal 12
light), 3 kg (cal 12 acier)
Prix : 2 420 € (modèle testé),
de 2 340 à 2 405 € pour
les autres modèles
Livraison : mallette abs avec cinq
chokes et leur clé
Les plus
• Esthétique soignée
et originale
• Jolie gravure
• Bon rapport qualité/prix
• Dessin de la crosse
et qualité des bois
Les moins
¸ NOTRE AVIS
© B. Berbessou
Pour la passée, changement de
chokes, lisse amélioré et 1/4 pour tirer des billes d’acier hautes performances en gros numéros. L’opération s’effectue en quelques secondes
avec la boîte de chokes et la clé fournies. La chasse débute par une levée d’étang et par un doublé droite
gauche, de quoi poursuivre avec un
capital confiance à son maximum.
Contrairement au parcours de chasse, cette fois la légèreté du fusil, ses
canons courts et sa vivacité sont autant d’atouts pour aller chercher et
rattraper des canards qui surgissent
au dernier moment cachés par un
bouquet de saules. Les 24 g des Fob
Sphero-Saturn sont redoutablement
efficaces avec cette arme, alors
même que l’on critique souvent les
performances du calibre 20 au ma-
sé. Il ne se décline finalement plus
qu’en quatre versions seulement. Finie la liste interminable de calibres,
de longueurs de canons, de couleurs
de bascule, de gravures du modèle
précédent. On regrettera bien sûr
l’abandon du calibre 28 – il faut vous
« rabattre » sur le joli Ellipse EVO
– mais c’est presque là notre seul regret. Désormais, seuls deux calibres
cohabitent. Le 12 acier et ergal et le
20 lui aussi en deux versions de
poids. La crosse anglaise vient un
peu enrichir cette offre, mais sans
compliquer vraiment votre choix.
Mais le plus important est que ce fusil nous offre un fonctionnement
sans problème avec à la fois une bonne prise en main et un remarquable
équilibre pour moins de 2 500 €. Si
en plus l’esthétique vous séduit autant que nous…
• Plus de calibre 28
• Pompe de longuesse brillante