Léon et Amélie
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Léon et Amélie
Léon et Amélie Le secret des miroirs magiques MICHAEL BORLIK Sommaire Le miroir du Roi 5 La maison magique 12 Les calèches les plus rapides du monde 18 Des tours dans le ciel 24 Une alliée 30 En route vers les étoiles 37 De joyeuses retrouvailles 44 3 Le miroir du Roi L a lune éclairait les rues de Paris de ses reflets argentés. Dans le froid mordant de ce mois de novembre, les passants pressaient le pas, la tête dans les épaules. Parfois, une lueur perçait à travers les fenêtres des maisons tapies dans l’ombre, éclairant brièvement les pavés qui brillaient sous le gel et arrachant un soupir aux moins chanceux qui se hâtaient de rentrer chez eux. Car chacun ne souhaitait qu’une seule chose : être chez soi au plus vite pour se réchauffer au coin du feu. Amélie aussi, tout comme son frère Léon. Ils se trouvaient tous deux rue de Reuilly, où ils attendaient leur père, non sans quelque impatience, devant les portes de la Manufacture royale des Glaces de miroirs. Amélie grelottait de froid, son nez en était déjà tout rouge. A ses côtés, son petit frère trépignait. Il tentait de se réchauffer les bras croisés, les mains sous les aisselles. Amélie s’approcha de lui. « Les… les autres… ils sont déjà tous sortis depuis longtemps... », dit Léon. Amélie embrassa du regard la cour intérieure engloutie dans la pénombre, puis l’atelier où l’on fabriquait les miroirs. Sept heures venaient de sonner au clocher. Normalement, leur père quittait toujours la manufacture au septième et dernier coup. Il sortait, le sourire aux lèvres, et les prenait dans ses bras. Mais il n’en était rien aujourd’hui. 5 La première illustration que tu peux commencer à dessiner est un clocher avec sa cloche. Tu te rappelles peut-être que sept heures venaient de sonner au clocher pour Léon et Amélie. DIN A4 ILLUSTRATION N° 1 : LE CLOCHER ET UNE CLOCHE « Ce n’est pas normal », murmura Amélie. Dans leur dos retentit le bruit des roues d’une élégante calèche qui passait devant la Manufacture. « Je n’ai pas envie d’attendre encore plus longtemps », se plaignit Léon. « J’ai déjà les pieds glacés. » Amélie le regarda avec de grands yeux. « Tu ne veux quand même pas... » « Tu as une meilleure idée ? » « Mais papa nous a interdit d’entrer dans l’atelier », dit Amélie. « Ils y fabriquent les miroirs pour le Roi. LE ROI. Imagine que l’on en renverse un. » 6 Léon haussa les épaules. « Parfois, il y a de la casse, ce sont des choses qui arrivent. » « Nous pourrions finir au cachot », lui répondit Amélie d’un ton angoissé. « T’inquiète », dit Léon. « Il n’est encore rien arrivé. Et puis… Peut-être que papa a besoin de notre aide. » « Notre aide ? » Amélie était soudain très inquiète. « Tu crois qu’il lui est arrivé quelque chose ? » « Je pense juste que nous devrions aller voir où il est. » Léon la prit par la main et l’entraîna par-delà les portes de la Manufacture. 7 La chance était avec eux. Il n’y avait aucun signe de présence du gardien qui, normalement, faisait les cent pas dans la cour. Il est certainement rentré se mettre à l’abri du froid, se dit Amélie avec soulagement tandis qu’ils s’approchaient lentement de l’usine. L’atelier se dressait devant eux, comme un château fort lugubre. Amélie déglutit. Tout était si calme, il régnait un silence inquiétant. Dans la pénombre, les encorbellements sous le toit de l’atelier faisaient penser à des crocs pointus qui pouvaient les happer à chaque instant. « Tu veux vraiment entrer là-dedans ? », murmura Amélie. Léon s’approcha tout près d’elle. « Pense à papa... » Pour éviter de tomber sur le gardien, ils pénétrèrent dans l’atelier par une entrée sur le côté. Des lampes à huile diffusaient ici et là un faible halo de lumière. Mais la majeure partie de l’atelier restait malgré tout plongée dans la pénombre. Amélie était aux aguets. Elle n’entendait aucun bruit. « C’est un peu sinistre », murmura Léon. Amélie savait bien ce qu’il voulait dire. Elle n’osait imaginer tout ce qui pouvait se tapir dans l’ombre. Elle frissonnait rien que d’y penser. L’atelier exhalait des odeurs de sueur et de dur labeur. Chaque jour, les ouvriers y taillaient et polissaient des dizaines de miroirs à la main, avec le plus grand soin. Le papa d’Amélie et de Léon leur avait souvent parlé de son travail. Notamment de sa fierté de participer à la fabrication des miroirs destinés au Roi. 8 Amélie attrapa Léon par la main et avança de quelques pas. L’obscurité qui les entourait se faisait de plus en plus opaque. Amélie ne voyait presque plus où elle mettait les pieds. Tout d’un coup, une voix retentit juste à côté d’elle. « ...C’est interdit ! » Son cœur ne fit qu’un bond, elle crut qu’il s’agissait du gardien. Mais elle entendit à nouveau la voix : « Eh, lâchez ça immédiatement ! » Ce n’est qu’alors qu’Amélie reconnut cette voix. « Papa ! », s’écria-t-elle. Elle s’élança aussitôt les bras en avant dans la pénombre pour éviter d’éventuels obstacles. Léon trébucha à ses côtés. « Tu m’écrases la main », maugréat-il. Mais si Amélie le tenait aussi fermement, c’était uniquement parce qu’elle avait peur de le perdre dans le noir. Enfin – elle sentit sous ses doigts une pierre froide et rugueuse. Un mur qu’elle pouvait suivre en tâtonnant. Par chance, il semblait faire plus clair devant eux. Un instant plus tard, Amélie et son frère se trouvaient dans le passage qui conduisait à la réserve. Des dizaines de miroirs y étaient entreposés. L’un des miroirs toutefois était bien plus grand et plus somptueux que tous les autres. Il brillait dans une lumière froide aux reflets bleutés. Deux hommes luttaient devant le miroir. « Personne n’ose s’opposer à Tristan le Magicien ! », criait l’un des hommes. Son visage était rouge de colère. L’autre homme était le père d’Amélie. « Comment avez-vous réussi à entrer ? », dit-il en haletant sous l’effort. « Le gardien aurait dû vous arrêter ! » 9 10 Penses-tu pouvoir dessiner ce roi français ? DIN A4 ILLUSTRATION N° 2 : LE ROI DE FRANCE (LOUIS XIV, LE ROI SOLEIL) Il y a longtemps régnait en France un Roi qui décida de faire aménager dans son château une magnifique galerie des glaces, avec une profusion de miroirs. Or, à cette époque, la plupart des miroirs venaient encore de Venise. Le Roi, lui, voulait des miroirs français, et c’est ainsi qu’il fonda en 1665 la Manufacture royale des Glaces à Paris, qui commença à réaliser des miroirs d’assez grande taille dès 1693. Cette Manufacture, qui existe encore aujourd’hui, est désormais plus connue sous le nom de Saint-Gobain. « Personne ne m’arrête jamais ! Je lui ai jeté un sort pour qu’il dorme – c’était aussi simple que ça. » Le magicien repoussa le père d’Amélie. « Mais assez joué maintenant », gronda-t-il, et d’un seul coup ses longues mains desséchées rayonnèrent d’un drôle d’éclat. Le père d’Amélie poussa un cri tout en trébuchant en arrière comme s’il avait reçu un coup de poing invisible sur la poitrine. « Non ! », s’écria Amélie. Mais il était trop tard. Son père recula en arrière et tomba contre le miroir. Pourtant, le miroir ne vola pas en mille éclats… Il happa tout simplement le père d’Amélie et de Léon qui disparut aussitôt. 11 La maison magique L e magicien se retourna brusquement. En apercevant les enfants, il fronça les sourcils. « Qui êtes-vous ? », dit-il. Il avait parlé d’un ton si tranchant qu’Amélie sentit ses cheveux se dresser sur sa tête. Mais finalement, il soupira bruyamment, décidant de les ignorer, et se tourna à nouveau vers le miroir. Il tenait une boussole en argent qui brillait entre ses doigts blafards. Soudain, il éclata d’un rire retentissant. « Je vais entrer dans l’histoire comme le plus grand magicien de tous les temps ! » Il retroussa son habit sombre, parsemé d’étoiles, si bien qu’Amélie entraperçut le bout de ses souliers aux pointes relevées, et sauta dans le miroir. Il avait disparu ! « Où est-il passé ? », demanda Amélie. « Et qu’a-t-il fait à papa ? » « Je crois que le miroir est une porte magique », réfléchit Léon. « Une fois, grand-mère m’a raconté une histoire comme ça... » « Alors papa est de l’autre côté ? », l’interrompit Amélie. Léon approuva d’un signe de tête. Amélie fixait le miroir, désespérée. Quel malheur, que faire maintenant ? « Papa a besoin de notre aide », dit son frère. Amélie prit une profonde inspiration. Elle avait peur, affreusement peur. Malgré tout, il n’était pas question de laisser ce magicien faire du mal à son père. 12 « Tu es prêt ? », demanda-t-elle à Léon. « Bien sûr », répondit-il avec détermination. Main dans la main, ils s’approchèrent du miroir et se jetèrent dedans. Ils furent happés par la lumière bleue, puis ils tombèrent, tombèrent… tombèrent… Il semblait n’y avoir aucun fond. Ni aucun mur. Il n’y avait que de la lumière et plein d’horloges, de toutes les tailles et de toutes les couleurs. Leurs aiguilles tournaient à folle allure, tandis qu’Amélie et son frère tournoyaient dans le vide. Amélie se sentit mal. Mais l’instant d’après, c’était déjà terminé. Ils flottèrent encore un bref instant dans l’air avant d’atterrir en douceur sur un lit. « Où... où sommes-nous ? » Amélie se redressa lentement. La tête lui tournait, mais peu à peu ça commença à aller mieux. Maintenant elle voyait qu’ils étaient dans une vaste chambre. A côté du lit, il y avait encore un miroir contre un mur et une armoire. Léon était déjà descendu du lit et tapotait le verre du miroir du bout des doigts. Dong. « Hum », fit-il déçu. « Ce n’est pas une porte magique, mais peut-être que le sort n’agit plus. » 13 Amélie et Léon ont voyagé jusqu’à notre époque grâce au miroir magique. Ici, tu peux volontiers dessiner ta propre chambre ou la chambre que tu rêverais d’avoir. Mais n’oublie pas de dessiner le lit, un miroir contre le mur et l’armoire. DIN A4 ILLUSTRATION N° 3 : TA CHAMBRE 14 Amélie sauta du lit. « Papa ? Où peut-il bien être ? » « Cherchons-le ! » Léon lui montrait une porte. Avant qu’Amélie n’eût pu le retenir, il l’avait déjà grande ouverte. « Holà, qui avons-nous là ? » Devant la porte, un homme les regardait d’un air surpris. Il avait un visage rond et jovial, et portait les vêtements les plus étranges qu’Amélie n’ait jamais vus. « Vous êtes des cambrioleurs ? », demanda-t-il, mais son visage s’éclaira soudain. « Ah, vous faites sûrement partie de la famille qui veut visiter la maison. Je suis Monsieur Merrin, l’agent immobilier. » Il consulta sa montre. « Vous avez une demi-heure d’avance. Mais bon, ce n’est pas grave. Soyez les bienvenus au 350 de l’Allée du soleil, dans la Maison des possibilités illimitées. » Il leur fit un clin d’œil. « Vous voulez jeter un coup d’œil ou vous préférez attendre vos parents ? » Amélie regarda son frère d’un air interrogateur. C’était quoi un agent immobilier ? Mais peu importait. Ce qui comptait, c’était qu’il voulait leur montrer la maison. Peut-être qu’ils retrouveraient leur père alors. Monsieur Merrin se frottait les mains. « Ce que vous allez voir maintenant les enfants, c’est un peu comme de la magie. » « Oh non », souffla Amélie dans l’oreille de Léon. « C’est aussi un magicien ? » 15 Monsieur Merrin les emmena tous les deux dans une pièce dont tout un mur était en verre, laissant passer les rayons du soleil qui baignaient la pièce dans une lumière dorée. Éblouie, Amélie plissa les yeux. Comment cela était-il possible ? Tout à l’heure, il faisait encore nuit. Mais avant même qu’elle n’eût le temps d’y réfléchir plus longtemps, Monsieur Merrin s’était déjà lancé dans ses explications. « Vous savez ce qui est bien dans cette maison ? Elle n’a pratiquement pas besoin d’électricité parce qu’elle pourvoit à ses propres besoins avec l’énergie solaire. Vous pouvez ainsi passer toute la journée à regarder la télévision ou à jouer sur votre playstation, sans que cela ne coûte un seul centime à vos parents. C’est incroyable, non ? » La télévision ? La playstation ? Amélie ne comprenait absolument rien. « En plus, la maison est si bien isolée contre le froid que vous n’avez pas besoin de chauffage », poursuivait Monsieur Merrin avec enthousiasme. « Même s’il devait sévir une deuxième période glaciaire, vous n’auriez pas froid du tout à l’intérieur. » Il riait. « Ça n’est pas fantastique ? » « Une période glaciaire ? », demanda Léon. « Je ne faisais que plaisanter », répondit Monsieur Merrin. Soudain, Amélie poussa un cri si fort que le pauvre Monsieur Merrin en sursauta. Derrière la baie vitrée, on apercevait une silhouette efflanquée planquée entre deux rosiers et habillée d’un habit recouvert d’étoiles scintillantes. L’homme avait les yeux brillants, ses cheveux hirsutes se dressaient sur sa tête. 16 « Tristan ! », laissa échapper Léon. Le magicien les regarda d’un air fulminant. L’instant d’après, il claqua des doigts et passa à travers la baie vitrée comme si elle n’était qu’une illusion. Pour Monsieur Merrin, c’en était trop. Il roula des yeux et s’évanouit dans un soupir. « Vous m’avez suivi », siffla le magicien tout en pointant une main osseuse en direction d’Amélie et de son frère. « Vous allez le regretter ! » Les maisons modernes doivent faire des économies d’énergie pour protéger la nature. Cela est possible par exemple en isolant les murs avec de la laine de verre et des plaques de plâtre Gyproc, ou en se servant de l’énergie géothermique pour le chauffage de la maison. Saint-Gobain et ses filiales ont inventé beaucoup de concepts judicieux pour améliorer le confort et protéger l’environnement. Si tu as envie, tu peux maintenant dessiner une maison bien isolée contre le froid et qui n’a pratiquement pas besoin d’électricité. Peutêtre que ta maman ou ton papa savent comment on peut isoler avec de la laine de roche ou de verre, ou d’autres matériaux, une maison comme celle-ci qui n’a pas besoin de chauffage en hiver. DIN A4 ILLUSTRATION N° 4 : LA MAISON OÙ TU N’AS PAS BESOIN DE CHAUFFAGE 17 Les calèches les plus rapides du monde L e cœur d’Amélie battait la chamade, comme s’il allait exploser. Malgré tout, elle s’avança courageusement et se plaça devant son petit frère. Qu’est-ce que Tristan le méchant allait leur faire ? Allait-il les transformer en insectes, puis les écraser sous la semelle de ses souliers pointus ? Amélie en frissonna de dégoût. « S’il vous plaît, nous n’avons rien fait », implora-t-elle. « Nous voulons juste retrouver notre papa ! », lança Léon par-dessus son épaule. « Qui ça ? », grogna Tristan. « Ah, mais pourquoi je m’occupe de vous. » Il leva brusquement la main et des éclairs bleutés dansèrent entre ses doigts crochus. « Adieu pour toujours, sales petits casse-pieds ! » Clic clac. Clic clac. Tristan regarda autour de lui, déconcerté. Amélie aussi se demandait bien d’où pouvait venir ce bruit. Le magicien haussa un sourcil, comme s’il lui était venu une idée, et mit la main dans l’une des poches de son habit. Lorsqu’il ressortit la main de sa poche, il tenait la boussole en argent. Clic clac, le son venait de l’intérieur de la boussole, tandis que la grande aiguille tremblait et trépidait, et changeait sans cesse brutalement de direction comme si elle était prise d’un hoquet. 18 Dans l’histoire, le magicien tient dans ses mains une boussole très spéciale. C’est une boussole magique. À quoi pourrait ressembler cette boussole magique ? Tu sais la dessiner ? DIN A4 ILLUSTRATION N° 5 : LA BOUSSOLE MAGIQUE « Qu’est-ce que tu dis ? » lui demanda Tristan d’un ton exaspéré. « D’abord tu m’envoies au mauvais endroit, et maintenant on manque en plus de temps ? » Il parlait à la boussole comme s’il s’agissait d’un être vivant. Des clics et des clacs retentirent à nouveau. « Nom de nom ! », jura le magicien. Il tournoya sur lui-même et partit en trombe, son vaste habit flottant derrière lui. Amélie soupira de soulagement. Ils n’avaient pas été transformés en insectes, ni été écrasés. Mais Tristan avait-il vraiment parlé à sa boussole ? 19 « Qu’est-ce que tu fais là ? » Léon la poussa légèrement. « Il faut le suivre. » Il avait raison. S’ils laissaient maintenant le magicien s’échapper, peut-être qu’ils ne retrouveraient plus jamais le chemin pour rentrer chez eux. Ils se mirent donc à courir derrière lui, et le virent disparaître dans la chambre à coucher. Amélie fonça à travers la porte ouverte et s’arrêta soudain si brutalement que Léon lui rentra dedans. « Aïe ! » Il se frottait le nez. Le magicien les fixait du regard depuis le miroir mural qui se trouvait derrière le lit, ses lèvres déformées par un méchant rictus. Il claqua des doigts et la lumière bleuâtre autour du miroir pâlit. Ricanant, la tête rejetée en arrière, il se retourna une dernière fois et disparut. « La porte magique ! », cria Léon affolé. Si elle se refermait, ils seraient coincés à jamais dans ce lieu étrange. Amélie devait empêcher ça. Avec détermination, le menton en avant, elle attrapa son frère par la main et prit son élan. D’un bond, ils atterrirent sur le lit, furent catapultés en l’air et foncèrent sur le miroir. Lorsqu’Amélie ouvrit à nouveau les yeux, ils étaient au milieu d’une grosse flaque et avaient de l’eau jusqu’aux chevilles. L’eau leur renvoyait le reflet de leur propre visage. Donc, la magie de la boussole ne fonctionnait pas uniquement avec les vrais miroirs. 20 Wrrrrouuuummm. Wrrrrouuuummm. Wrrrrouuuummm. Horrifiée par le bruit, Amélie se couvrit les oreilles des deux mains. « Qu’est-ce que c’est que cet affreux vacarme ? » Léon se retourna et en resta bouche bée. « Waouh ! » Amélie qui avait suivit son regard n’en croyait pas ses yeux. Jamais de sa vie, elle n’avait encore vu des calèches comme ça ! Il y en avait de toutes les couleurs, toutes plus vives les unes que les autres, et elles filaient rapides comme l’éclair. Sans cesse, une calèche les frôlait, à une allure incroyable. L’appel d’air faisait voler au vent les boucles d’Amélie. Mais le plus sidérant dans tout ça, c’était que les calèches roulaient sans être tirées par des bœufs ou des chevaux. « Pouah, quelle puanteur ! » Léon faisait la grimace. Où que l’on regarde, c’est magique, se disait Amélie. Est-ce que c’était encore leur propre monde ou avaient-ils suivi Tristan dans un pays magique plein de merveilles ? Soudain, Léon lui toucha le bras et lui montra une grande bannière qui flottait au vent. Il y était inscrit : « Bienvenue à la 350ème course automobile ! » Amélie savait ce qu’était une course. Avec son frère et les autres enfants de leur rue, ils jouaient presque chaque jour à faire la course. Donc, ces calèches colorées devaient être des automobiles. Est-ce que le magicien avait l’intention d’en voler une ? 21 Elle jeta un regard autour d’elle. Partout, des gens assis ou debout acclamaient les calèches. Mais à nouveau aucune trace de Tristan. Amélie et Léon se trouvent maintenant en pleine course automobile. On retrouve même sur l’une des voitures le chiffre 350. Penses-tu pouvoir dessiner ici la course automobile avec les nombreux spectateurs ? DIN A4 ILLUSTRATION N° 6 : LA COURSE AUTOMOBILE AVEC LES SPECTATEURS ET PLEIN DE VOITURES DE COURSE « Eh, qu’est-ce que vous faites là ? » Un jeune garçon aux cheveux blonds clairs et aux yeux brillants de curiosité les avait rejoints. « Cette zone est interdite au public ! » « Mais tu y es aussi », répondit Léon. « C’est parce que mon oncle participe à la course. » Il montra un endroit derrière lui où l’on voyait plusieurs hommes s’affairer sur l’une des calèches. 22 « Avançons un peu par là, on ne sera plus obligé de crier pour s’entendre. Au fait, je m’appelle Josh. » Seule la meilleure voiture et la plus rapide gagne, et c’est le moteur qui est déterminant. Il doit toujours être impeccable et fonctionner parfaitement. Pour qu’il en soit ainsi, Saint-Gobain fabrique des flexibles très spéciaux pour les moteurs. Ils sont plus solides que les flexibles normaux. Le pare-brise est également très important. Il est fabriqué par SaintGobain Sekurit. Sans parebrise, le conducteur devrait toujours affronter un vent très fort en pleine face et ne verrait plus rien. Amélie se présenta, présenta son frère, puis ils suivirent Josh. « Qu’est-ce que font ces hommes là-bas autour de… euh... l’automobile ? », demanda-t-elle. « L’automobile ? Tu veux dire la voiture de course ? Et bien, ils changent juste vite fait quelques flexibles et quelques joints », répondit Josh. « Il y a eu quelques problèmes de moteur. Mais mon oncle va reprendre la course tout de suite. » Il fronça les sourcils. « Dites, pourquoi êtesvous habillés si bizarrement ? Il y a une fête costumée dans le coin ? » Amélie regarda Josh de plus près. Il portait des vêtements aux couleurs bien plus gaies que les leurs et qui étaient nettement moins tâchés. Cela lui donna une idée. « As-tu déjà vu passer quelqu’un d’autre qui était habillé bizarrement ? » « Tu veux dire un fou qui se baladait en chemise de nuit avec des étoiles dessus ? » Amélie confirma d’un signe de tête, tout excitée. « Tu peux nous mener jusqu’à lui ? » Josh lui fit un clin d’œil. « Suivez-moi ! » 23 Des tours dans le ciel J osh partit devant, Amélie et son frère sur ses talons. Ils contournèrent la voiture de course de son oncle qui se mit soudain à rugir comme un bœuf qu’on ne saurait plus contenir. Roooaaaa ! Amélie tressaillit. Qu’est-ce que le magicien venait faire ici, dans cet endroit si affreux ? Si elle avait pu, Amélie serait immédiatement rentrée chez elle. Mais elle ne savait pas comment. Et puis, elle ne pouvait pas laisser tomber son père. Josh s’était arrêté devant un bâtiment qui était presque aussi grand que la Manufacture royale des Glaces de miroirs. « Tout à l’heure, le type en chemise de nuit traînait ici, devant l’entrée du Musée sur les voitures de course », dit-il hors d’haleine. « Il parlait à un truc qu’il tenait dans la main. » Amélie était prête à parier qu’il s’agissait de la boussole. « Nous devons y aller ! » « Impossible ! » Josh faisait non de la tête. « Le musée est fermé à cause d’une rupture de conduite d’eau. Tu vois ? » Il secouait la porte qui, à sa grande surprise, céda. « Le type en chemise de nuit a dû forcer la serrure. » « Dépêchons-nous, avant qu’il n’ouvre une nouvelle porte miroir », dit Léon en passant devant Josh pour pénétrer à l’intérieur. « Mais attends donc un peu », grommela Amélie avant de se précipiter derrière lui. 24 Qu’allait-il se passer s’ils rattrapaient vraiment Tristan ? Il était dangereux. Et comment pouvaient-ils le forcer à leur dire où ils pourraient trouver leur père ? Les rayons du soleil pénétraient à l’intérieur du musée à travers les hautes fenêtres du bâtiment, éclairant des estrades disposées en demi-cercle. Sur chaque estrade se trouvait une voiture de course. Au-dessus de chaque voiture était suspendue une bannière dorée qui indiquait à chaque fois « 1ère place », puis un nombre à quatre chiffres. 1978, 1985, 1993, 2009... À la vue de ces chiffres, Amélie ressentit une drôle de sensation. Maintenant, tu peux volontiers dessiner une voiture de course pour ce passage dans le livre. DIN A4 ILLUSTRATION N° 7 : LA VOITURE DE COURSE AVEC LE N° 350 25 Mais avant même qu’elle eût pu se demander ce qu’ils signifiaient, elle fut interrompue par les vociférations furieuses du magicien : « Bon sang de bon sang, d’où venez-vous encore ? » Amélie se retourna. Tristan était juste à côté d’elle, au beau milieu d’une flaque d’eau aux reflets argentés, dont l’accès était interdit par un ruban jaune. Il fixait Amélie d’un air si furieux qu’elle s’attendait presque à voir de la fumée sortir de ses oreilles. Mais à la place, il pointa un doigt vers elle, faisant jaillir un éclair bleu. « Tous à l’abri ! », s’écria Josh et ils se jetèrent tous les trois derrière l’une des estrades. L’éclair les manqua de peu et s’abattit sur le mur où il laissa un trou noir et fumant. « Bon sang, qu’est-ce que c’était ? », gémit Josh. « Un magicien », répondit Amélie tout en se frottant le genou. Josh ouvrait la bouche pour dire quelque chose lorsqu’Amélie entendit résonner un clic clac familier. « Chut », lui intima-t-elle. « La boussole », murmura Léon. Amélie se releva d’un bond et tenta, sur la pointe des pieds, de voir ce qui se passait derrière l’estrade. Tristan était toujours au centre de la flaque d’eau qui entre-temps scintillait d’une lueur bleuâtre. « Maintenant ! », ordonna-t-il à la boussole au creux de sa main, et il commença à s’enfoncer lentement dans la flaque. Il n’avait plus que la tête hors du sol lorsqu’il se retourna brusquement vers Amélie, ses lèvres retroussées sur ses dents jaunâtres. 26 « Qu’est-ce… qu’est-ce qui se passe iciii… ? », bégaya Josh. « Pas le temps de t’expliquer », lui dit Amélie. « Mais merci pour tout ! » Elle lui fit un bisou sur la joue, attrapa son frère par la main et courut. Juste avant de franchir la porte magique, elle se retourna encore une fois pour sourire à Josh. A nouveau, ils tombèrent dans une lumière claire. Amélie se dépêcha de fermer les yeux pour ne pas avoir à nouveau mal au cœur. L’instant d’après, elle atterrit si durement sur ses pieds qu’elle eut l’impression d’avoir fait un saut depuis une hauteur assez élevée. Comble de tout, le sol se mit à tanguer sous ses pieds. Ou bien était-ce un effet de son imagination ? Et pourquoi sentait-elle d’un coup un souffle froid sur le visage ? « Par les moustaches du Roi ! », jura Léon. Amélie ouvrit les yeux et en eut le souffle coupé. Ils se trouvaient à une centaine de mètres au-dessus du sol. Ils étaient uniquement soutenus par une fine grille métallique au travers de laquelle ils voyaient défiler à vive allure un nombre incroyable de voitures magiques. Frissonnant, Amélie détacha son regard du spectacle et leva la tête. Une balustrade, juste sous son nez. Soulagée, Amélie s’y cramponna et décida de ne plus jamais la lâcher. « Monte-charge de service et maintenance – Réservé au personnel ! » : Léon lisait à haute voix un panneau accroché à la balustrade et qui se balançait dans l’air. Il haussa les épaules et sourit à Amélie. 27 « C’est presque comme si on volait, non ? » Amélie déglutit. De petites gouttes de sueur lui descendaient le long de la nuque. « J’ai … j’ai… le vertige. » « Oups », fit Léon. « J’avais oublié. Ma pauvre, alors qu’il y a tant de choses formidables à voir ici. » La vue était vraiment magnifique. Tout autour d’eux, des tours en verre poussaient du sol vers le ciel comme des arbres gigantesques. Certaines allaient si haut que l’on avait l’impression qu’elles allaient gratter le ciel. Même Amélie finit par sourire. Des gratte-ciel, pensa-t-elle. Ce serait un nom parfait pour ces somptueuses tours qui grimpaient jusqu’au ciel. Il manque ici un dessin avec les somptueuses tours qui s’élèvent vers le ciel. Un gratte-ciel après l’autre. Beaucoup sont faits entièrement en verre. Tu saurais les dessiner ? DIN A4 ILLUSTRATION N° 8 : LES GRATTE-CIEL 28 Mais soudain, le vent se leva et fit de nouveau tanguer la grille métallique sur laquelle ils se trouvaient. Amélie gémit. Pourquoi avait-il fallu que la stupide porte miroir les expédie ici précisément ? 29 On peut fabriquer tout un tas d’objets avec du verre : des bouteilles, des miroirs, de petites figurines et maintes autres choses. On peut aussi fabriquer des façades de gratte-ciel. Bien sûr, on ne peut pas prendre n’importe quel type de verre pour cela, parce que le verre doit avoir des propriétés très particulières. Par exemple, il doit protéger des incendies et du bruit. Il existe même un verre pour fenêtre et façade particulièrement intelligent. L’été, il maintient les pièces au frais et l’hiver il veille à ce que la chaleur reste à l’intérieur. Et le plus génial, c’est que l’on n’a même pas besoin de le nettoyer parce qu’il est autonettoyant. Le verre de Saint-Gobain peut faire tout cela, et bien plus encore... Une alliée « Regarde, une échelle », dit Léon en s’avançant jusqu’à l’autre extrémité de la nacelle métallique. « Qu’est-ce que c’est que ça ? » Il tirait sur un lambeau de tissu accroché à un barreau métallique. Il se tourna vers Amélie pour le lui montrer. Une étoile argentée brillait de tout son éclat sur le tissu. « Tristan », murmura-t-elle. Il avait dû passer par là. En levant la tête, elle vit que l’échelle était appuyée contre une fenêtre ouverte. S’ils arrivaient à grimper jusque-là, ils seraient en sécurité. « Allez, viens Amélie », dit Léon, comme s’il avait deviné ses pensées. « Je sais que tu peux y arriver. » Amélie se força à lâcher la balustrade. « Il suffit de ne pas regarder en bas », se dit-elle avant de s’élancer, les jambes vacillantes. Amélie avançait à petits pas rapides. Elle ne lâchait pas l’échelle de vue. « Tu y es presque ! », l’encouragea Léon. Mi-pleurant, mi-riant, Amélie attrapa l’échelle des deux mains. Léon exultait : « Monte maintenant ! » Amélie grimpait les marches, et sursauta vivement quand elle aperçut tout à coup une autre personne en train de monter à côté d’elle. Mais elle se rendit compte très vite qu’il s’agissait juste de son propre reflet. 30 Non, mais vraiment... La boussole de Tristan aurait quand même pu choisir un endroit un peu moins dangereux pour ouvrir une porte. Amélie passa la première par la fenêtre, suivie de près par Léon. La pièce sentait la peinture fraîche. Il n’y avait aucun meuble, ni aucun tapis au sol. Mais une porte. Quelqu’un y avait collé une feuille, à l’extérieur. On pouvait lire : Bureau 350, Monsieur Colbert. Amélie fronça les sourcils. Quel que soit ce Monsieur Colbert, il ne semblait pas être chez lui. « C’est immense », s’étonnait Léon en tournant sur lui-même. « Autant de pièces. » Ils se trouvaient tous les deux dans un immense couloir qui donnait sur un nombre incroyable de portes. Malgré tout, on aurait entendu une mouche voler. On n’entendait aucune voix. Aucun bruit. Par contre, ici aussi ça sentait la peinture fraîche. Amélie regarda à nouveau la feuille de papier. « Bureau 350 », murmura-t-elle. « 3-5-0 ». Ils avaient déjà vu ce chiffre dans la maison magique et lors de la course automobile. Ça ne pouvait être un hasard. 31 Un long couloir, une multitude de portes et le bureau 350 – ça ne devrait pas te poser de problème de dessiner ça, non ? DIN A4 ILLUSTRATION N° 9 : LE LONG COULOIR 32 « Qu’est-ce que tu attends ? » Léon tirait sur sa robe. « Nous devons absolument rattraper ce sale type de Tristan avant qu’il ne file. » Cette fois, ils n’eurent pas à le chercher longtemps. Dès qu’ils arrivèrent au bout du couloir, les braillements d’une personne manifestement en colère leur indiquèrent où trouver le magicien. « Chut », fit Amélie, un doigt sur ses lèvres. D’un signe de tête, Léon indiqua qu’il avait compris, puis ils avancèrent sur la pointe des pieds jusqu’à la porte d’où venait le bruit. Amélie l’entrouvrit avec précaution pour regarder à l’intérieur. À part le magicien, la pièce était totalement vide. « Nous sommes à nouveau au mauvais endroit, idiote de boussole. Tu l’as fait exprès ? » Tristan invectivait sa boussole, qui répondait par des clics et des clacs. « Le père ? Quel père ? », grommela le magicien. « Ah, celui des enfants qui nous poursuivent ? C’est de sa faute, il a voulu me retenir. » Clic clac, fit la boussole. « Bien sûr que ce n’était pas gentil. Mais en même temps je suis Tristan le lugubre, Tristan le méchant, Tristan le… Comment m’as-tu appelé ? Tristan le répugnant ? Ne fais pas ton insolente ! » Cette fois, les clics et les clacs de la boussole retentirent comme dans un rire. « Ça suffit ! Ça SUFFIT ! », s’emporta Tristan. « Tu vas immédiatement m’ouvrir la bonne porte afin que je puisse enfin devenir le plus grand magicien de tous les temps. Et plus d’excuses ! » 33 L’une des fenêtres de la pièce s’éclaira d’une lumière bleue. Derrière la vitre, Amélie apercevait les autres tours dans le ciel. Sans hésiter, le magicien courut vers la fenêtre. Depuis sa cachette, Amélie retint son souffle. Si le tour de magie ne marchait pas, Tristan irait s’écraser quelque cent mètres plus bas. Mais il eut de la chance. La porte magique le happa cette fois aussi. « On le suit ! » s’écria Léon qui s’était levé d’un bond, et tirait Amélie. Elle sentit la panique l’envahir. Si jamais ça ne marchait pas. Si la porte se refermait trop tôt, ils tomberaient… tomberaient… et tomberaient... « Ne fais pas tant de manières », la pressa Léon. Amélie soupira, ferma les yeux et se laissa entraîner par son frère. Au moins, ils avaient désormais une alliée : la boussole de Tristan. Elle semblait vouloir les aider. Est-ce pour cela qu’elle ne cessait d’envoyer le magicien aux mauvais endroits ? Cette idée réconfortait Amélie car elle lui redonnait espoir. Lorsque la porte miroir les recracha, ils atterrirent en douceur sur quelque chose de mou. C’était étonnamment mou. L’instant suivant, les enfants entendirent un cri d’indignation qui fit frissonner Amélie de tout son corps. Elle ouvrit les yeux pour voir juste sous son nez la figure grimaçante du magicien. Ce n’est qu’alors qu’elle comprit qu’elle et Léon lui avaient atterri dessus. « Encore vous », couina Tristan tout en les faisant tomber par terre. 34 Glapissant et jurant tout à la fois, il rampa jusqu’à une porte étroite. Léon réagit en moins de deux et attrapa un pan de l’habit du magicien. Il fut entraîné sur quelques mètres, puis le tissu se déchira et Tristan s’enfuit en courant. Amélie faisait la moue. La pièce minuscule dans laquelle elle était assise par terre puait comme la fosse d’aisance sous leurs cabinets à la maison. Beurk ! Elle se releva et se dépêcha de s’essuyer les mains sur sa robe. Sur sa droite, un petit miroir était suspendu au mur. Mais il était si petit qu’elle se demandait bien comment le magicien et eux-mêmes avaient pu passer à travers. « Eh, Amélie, regarde ça ! », l’appela Léon. Il regardait à travers l’une des nombreuses fenêtres derrière lesquelles on voyait défiler à vive allure des champs de blés dorés. Amélie le rejoignit. Comment cela était-il possible ? Pourquoi le monde bougeait-il autour d’eux alors qu’ils étaient à l’arrêt ? « Vos billets », leur demanda un homme en uniforme, qui tendait la main vers Amélie et Léon. « Nos billets ? », demanda Amélie. L’homme roula des yeux. « Tu veux me mener en bateau ? C’est un train à grande vitesse. Personne n’a le droit de monter à bord sans billet. » 35 Les maisons, les voitures de course, les gratte-ciel, les avions et les trains à grande vitesse nous rendent la vie plus facile, plus belle et plus agréable. Saint-Gobain participe à leur construction. Par exemple, Saint-Gobain fabrique les fenêtres des motrices de trains. Pourquoi est-ce aussi important ? Et bien, évidemment pour éviter au conducteur d’avoir sans cesse le vent dans les yeux ou d’avaler des insectes en pleine conduite. « Bon, écoutez ! » dit Léon en se campant devant l’homme en uniforme, les bras croisés sur la poitrine. « Comment parlez-vous à ma sœur ? » « Tu voyages sans billet, et en plus tu es insolent, c’est ça ? Tu vas avoir des ennuis. Je vais... » L’homme hurla soudain de douleur. Léon lui avait envoyé de toutes ses forces un coup de pied dans le tibia. Aïe, aïe, aïe, pensa Amélie, mais ensuite elle sourit à Léon avec reconnaissance. « Dépêchons-nous de filer ! », dit-il. À quoi pourrait ressembler le train à grande vitesse dans lequel le contrôleur vérifie les billets ? Tu peux dessiner ici le train vu de l’extérieur, qui fonce à toute allure, ou alors le train vu de l’intérieur avec le contrôleur. DIN A4 ILLUSTRATION N° 10 : LE TRAIN À GRANDE VITESSE 36 En route vers les étoiles P eut-être que ce fut la chance qui fit qu’ils s’enfuirent en suivant exactement la même direction que le magicien juste avant. Mais au fond d’elle-même, Amélie était convaincue que c’était plus qu’une simple question de chance. Les deux enfants parcoururent les couloirs du train aussi vite que leurs jambes pouvaient les porter. Le train, c’est bien ainsi que l’homme aux billets avait appelé ce lieu, n’est-ce pas ? En tout cas, ce train n’était pas moins mystérieux que la maison magique. Il y avait des portes en verre qui s’ouvraient toutes seules, comme animées par une main invisible, dès qu’Amélie s’approchait. Et partout, il y avait des personnes assises qui regardaient par la fenêtre ou se tournaient vers eux lorsqu’ils passaient en courant. « On n’arrivera jamais à le semer comme ça », haleta Léon. Amélie pensait exactement la même chose. On ne pouvait toujours qu’aller tout droit. Aucune bifurcation. Ils ne parviendraient jamais à se débarrasser ainsi de l’homme aux billets. « Donnez-moi ça, j’ai dit ! » Amélie tendit l’oreille. Elle aurait reconnu cette voix entre toutes. Un instant plus tard, elle vit aussi la personne à laquelle appartenait cette voix. Tristan était penché au-dessus d’un siège et essayait d’arracher un miroir de poche des mains d’une jeune femme. Un trait rouge partait de ses lèvres jusque sur sa joue gauche. « C’est le mien », criait la femme. Puis : « A l’aide ! Aidez-moi ! » 37 Sais-tu éventuellement à quoi ressemble un miroir de poche pour se maquiller? Tu peux en dessiner un ici. DIN A4 ILLUSTRATION N° 11 : LE MIROIR DE POCHE « Ah », s’écria Tristan une seconde plus tard en brandissant de manière triomphante le miroir. C’est là qu’il remarqua Amélie et Léon. Ils n’étaient plus qu’à quelques mètres de distance. Il jura, orienta sa boussole sur le miroir et grogna : « Encore une seule erreur et je t’envoie à la casse ! » La boussole répondit par un clic apeuré, et le miroir s’illumina. « On fonce ! », s’écria Léon. Il sauta par-dessus un bagage posé par terre et bondit sur le magicien. Amélie rassembla aussi ses dernières forces. Elle prit son élan pour sauter et atterrit sur le dos de Tristan, auquel elle s’accrocha comme un petit singe. 38 « Arrrr. » Le magicien battait des bras autour de lui, mais il était déjà trop tard. La porte du miroir déployait sa magie. Les yeux écarquillés, Amélie vit le monde autour d’elle devenir de plus en plus grand, tandis qu’elle-même, son frère et le magicien rétrécissaient, jusqu’à n’être pas plus hauts qu’une sauterelle. Dans un même cri, ils tombèrent tous les trois dans le miroir. Tristan continuait de battre des bras et des pieds. Mais Amélie et Léon s’agrippaient fermement à un bout de son habit. A nouveau, ils tombaient, et tombaient… puis une nouvelle porte s’ouvrit. L’habit magique ne cesse de changer d’apparence. A quoi aurait bien pu ressembler l’habit magique du magicien avec ses étoiles à ce moment-là ? Tu peux volontiers le dessiner. DIN A4 ILLUSTRATION N° 12 : L’HABIT MAGIQUE RECOUVERT D’ÉTOILES Tristan atterrit sur le dos dans un gémissement. Amélie et Léon eurent plus de chance. Cette fois encore, le magicien amortit leur chute. « Ne lâche pas son bras ! », cria immédiatement Léon. « Il faut l’empêcher de faire un nouveau tour de magie. » 39 Amélie se jeta de tout son poids sur le bras droit de Tristan. Léon se chargea du bras gauche. Le magicien se cabra. Son visage était rouge sous l’effort. Mais en vain. Finalement, Tristan s’affala à nouveau sur le sol, soufflant d’épuisement comme un phoque. « Maudits morveux – jamais je n’arriverai à me débarrasser de vous ? » « Qui a commencé ? », lui répondit Léon d’un air furieux. « J’aurais dû vous changer en crapauds dès la première fois où je vous ai vus. » Amélie en avait assez. Elle laissa d’un coup libre cours à toute la peur et à toutes les inquiétudes accumulées ces dernières heures : « Et notre papa ? Où est-il ? » « Pas si fort ! » lui dit Tristan d’un air menaçant. « Si les gardiens nous attrapent, nous sommes fichus. » Les gardiens ? Amélie leva la tête. Ils se trouvaient sur un genre d’échafaudage avec plein d’escaliers et de niveaux, qui entourait une tour en métal. Partout, des lumières brillaient ou clignotaient dans le crépuscule qui tombait. Un groupe d’hommes se trouvait au pied de la tour. Ils guettaient de tous les côtés comme s’ils redoutaient que l’on ne s’approche d’eux sans autorisation. Amélie les trouvaient assez intimidants, ils étaient si grands et si forts. « Qui vit dans cette tour ? », demanda-t-elle tout bas. « Ce n’est pas une tour », répondit Tristan d’un ton sifflant. « C’est une fusée et je vais me rendre dans les étoiles grâce à elle. » 40 Tu peux dessiner ici la fusée qui peut voler jusqu’aux étoiles. DIN A4 ILLUSTRATION N° 13 : LA FUSÉE 41 D’un coup, ses yeux brillèrent de fébrilité. « Je serai le premier magicien à voyager d’une étoile à l’autre. Ah, je vais devenir célèbre ! » Il se tut en regardant les gardiens d’un air soucieux, mais ceux-ci ne semblaient pas l’avoir entendu. « Ils sont trop nombreux pour que je puisse tous les ensorceler », marmonna-t-il, puis il se tourna à nouveau vers Amélie et Léon. « Bon, très bien, qu’est-ce que je dois faire pour me débarrasser de vous les casse-pieds ? » « On veut juste retrouver notre papa », répondit Léon d’une voix tout à coup tremblotante. « Qu’est-ce que vous lui avez fait ? » Amélie regarda son frère d’un air compatissant. Il avait été si courageux pendant tout ce temps. Mais en fait, il était tout aussi épuisé et effrayé qu’elle. « Qu’est-ce que j’en sais, où il est », grommela Tristan. « La porte miroir peut l’avoir expédié n’importe où. Ça arrive parfois. » La boussole magique que le magicien tenait dans la main s’agita avec force clics et clacs. « Quoi ? Tu veux aller avec eux parce que tu sais où il se trouve ? » Tristan sembla réfléchir un instant, avant de hausser les épaules. « Prenez la boussole ! De toute façon, je n’en ai plus besoin maintenant. » Amélie hésitait encore. Pour attraper la boussole, il fallait lâcher le magicien. « Je ne vous ferai aucun mal », dit-il comme s’il avait deviné sa pensée. 42 « Pas maintenant que j’ai enfin une chance de ne plus jamais vous revoir. » Amélie regarda Léon. Il acquiesça d’un signe de tête. L’instant suivant, le frère et la sœur se tenaient par la main devant la fusée et regardaient leur reflet sur la surface argentée brillante. Leur silhouette était un peu déformée mais cela ne semblait pas déranger la boussole. Lorsqu’Amélie la pointa sur la fusée, celle-ci s’illumina d’une lueur bleue. « Encore une question », dit-elle. Depuis plus de 30 ans, le groupe Saint-Gobain aide les hommes à voyager dans l’espace. Comment ? En fabriquant des joints en silicone de très grande qualité qui permettent d’assurer l’étanchéité de tous les hublots dans une fusée ou une navette spatiale. Pourquoi est-ce important ? Parce que sinon l’oxygène s’échapperait de la navette et se dissiperait dans l’espace. Le magicien roula les yeux. « Quoi encore la gamine ? » « Qu’est-ce que c’est que ce monde bizarre où les calèches n’ont pas besoin de chevaux et où les hommes peuvent voler jusqu’aux étoiles ? » Tristan sourit pour la première fois sans avoir l’air méchant. « Ce n’est pas un autre monde », dit-il. « Nous avons voyagé dans le futur. Ce que vous avez vu, ce ne sont que des rêves lointains à notre époque. Mais la réalité des centaines d’années plus tard. Et maintenant partez, avant que je ne change d’avis. » 43 De joyeuses retrouvailles L ’air résonnait de musique et transportait des effluves délicieux. Partout se tenaient des hommes et des femmes qui parlaient ou riaient entre eux. Au milieu de toute cette agitation, personne ne sembla remarquer la présence des deux enfants. Nous avons voyagé dans le temps, pensa Amélie sans vraiment arriver à y croire. Mais cela expliquait les vêtements bizarres des gens ou encore tout ce qu’ils avaient vu d’étonnant au cours de leur voyage à travers les portes magiques. Léon tirait sur sa manche. « Qu’est-ce qu’ils fêtent, tous ces gens ? » « Je ne sais pas. » Amélie regardait autour d’elle. Une grande bannière était accrochée à un mur de la salle. Elle s’arrêta devant et lut avec curiosité : « 350 raisons de croire en l’avenir : parce que le monde ne connaît plus de frontières, parce que les talents sont illimités, parce qu’il est possible à chacun d’avoir un logement, parce que Saint-Gobain nous assure une vie meilleure – aujourd’hui comme demain. » 44 Il était de nouveau là, le fameux chiffre 350. Au cours de ces dernières heures, Amélie n’avait cessé de tomber dessus. Cela devait avoir un sens ! Elle se retourna et laissa son regard errer sur la foule rassemblée. La dernière porte magique les avait envoyés ici, dans ce lieu. Si la boussole magique voulait vraiment les aider, leur père devait se trouver quelque part, au milieu de tous ces gens. « Ouvre grand les yeux », dit Amélie à son frère. « Papa doit être ici ! » Léon la regarda d’un air ravi. « Et quand nous l’aurons retrouvé, on pourra enfin rentrer chez nous ? » « Evidemment », répondit Amélie en lui passant la main dans les cheveux. Mais ils ne l’avaient pas encore trouvé. Ils se mirent à parcourir la salle et à interroger les invités, mais personne ne semblait avoir vu un homme répondant à leur description. Comment cela était-il possible ? « Où est papa ? », demanda-t-elle à la boussole avec un ton de reproche. Pourtant cette fois, la boussole resta silencieuse. Léon soupira. « Tristan nous a joué un mauvais tour. » 45 Amélie luttait contre les larmes. Elle ne voulait pas y croire, mais au fond de son cœur, elle pressentait que son frère avait raison. Comment avait-elle seulement pu faire confiance à Tristan ? C’était un méchant homme. « Je suis désolée », murmura-t-elle tout en attirant Léon vers elle. « Tellement désolée. » « Où est papa ? », pleurnichait Léon tout en cachant son visage dans sa robe. A cet instant, elle aurait tout donné pour avoir une réponse. Tout. « Amélie ? Léon ? C’est vraiment vous ? » Ils se retournèrent brusquement et… poussèrent un cri de joie. Il était là, dans un coin moins éclairé de la salle : un homme grand et sec, intimidé par les nombreuses personnes autour de lui, la tête rentrée dans les épaules. « Papa ! Papa ! », s’écrièrent Amélie et Léon en courant vers lui. Leur père les prit dans ses bras. « Qu’est-ce que je suis heureux de vous revoir ! » Amélie sentit son cœur battre à tout rompre. Lorsqu’elle releva la tête, elle vit des larmes de joie couler sur les joues de son père. « Je… je me suis tout à coup retrouvé ici », bégaya-t-il. « Je… je ne comprends pas comment… comment cela a pu arriver. » 46 47 « C’était de la magie », Léon ne put se retenir et raconta les portes magiques des miroirs. Son père l’écoutait avec étonnement. Lorsque Léon en arriva à la fusée, la boussole qu’Amélie tenait dans la main se mit à vibrer avec fébrilité, clic clac, clic clac. Elle avait déjà fait ça une fois dans la maison magique, Amélie s’en souvenait. Tristan avait été très inquiet et s’était précipité avec panique vers le miroir le plus proche. Soudain, Amélie se sentit mal. Peut-être que le pouvoir magique de la boussole était limité. Ou peut-être qu’il ne fallait pas rester trop longtemps en un même lieu. Quoi que ce soit, elle n’avait pas l’intention d’aller jusqu’au bout pour voir. « Vite », dit Amélie. Elle saisit Léon par la main, attrapa celle de son père aussi et les entraîna au milieu de la salle où se trouvait un immense miroir dans un cadre richement ornementé. Lorsqu’ils étaient arrivés par le miroir tout à l’heure, Amélie ne l’avait pas vraiment regardé. Elle se réjouissait trop à l’idée de revoir son père. Mais maintenant elle le reconnaissait. C’était le même miroir à travers lequel ils avaient suivi le magicien Tristan dans cette aventure. Mais il avait l’air d’avoir vieilli. Le cadre ne brillait plus vraiment et le verre du miroir était quelque peu dépoli. Amélie était en train de diriger la boussole vers le miroir lorsque tout d’un coup il se passa quelque chose : la lumière s’éteignit dans la salle. Pendant un instant, il régna une obscurité totale. Puis des bougies apparurent partout et les gens se mirent à chanter « Joyeux anniversaire SaintGobain... » 48 Les 350 ans de Saint-Gobain – cela vaut bien un gâteau d’anniversaire. Tu peux dessiner ici un gros gâteau d’anniversaire pour Saint-Gobain. DIN A4 ILLUSTRATION N° 14 : LE GÂTEAU D’ANNIVERSAIRE À la fin de la chanson, tout le monde applaudit vivement, puis le silence régna à nouveau et quelqu’un prit la parole : « Tout a commencé il y a 350 ans avec la Manufacture royale des Glaces de miroirs dans la rue de Reuilly, à Paris. » Amélie ne pouvait pas voir l’orateur, pourtant on pouvait l’entendre partout dans la salle. 49 « A l’époque, personne n’aurait osé imaginer ce qu’il adviendrait un jour de cette simple manufacture de miroirs. Et pourtant, aujourd’hui, Saint-Gobain est l’une des plus anciennes et plus grandes entreprises dans le monde... » Amélie ouvrit grand les yeux. Ah, pendant tout ce temps, elle avait eu la solution sous le nez et n’avait rien remarqué. Le chiffre 350, c’était le nombre d’années à travers lesquelles ils avaient voyagé dans le futur. La boussole les avait amenés exprès dans des lieux où ils verraient ce chiffre. Peut-être qu’elle voulait leur donner un indice par rapport à leur père. Ah, papa, pensa Amélie en se retournant vers lui. Il caressait le cadre du miroir avec fierté. Ça devait être un sentiment très fort que de voir quelque chose sur lequel on avait travaillé traverser ainsi tant de siècles. La boussole continuait d’émettre des clics et des clacs. Le miroir s’éclaira soudain d’une lumière bleue. Quelques invités regardèrent avec curiosité. « Il est temps », dit Amélie. Son père et Léon acquiescèrent, puis ils franchirent ensemble la porte magique. Ils rentraient enfin chez eux. Ils allaient retrouver leur époque, une époque où la maman d’Amélie et de Léon les attendait certainement déjà pour le repas du soir. 50 Le 15 octobre 2015, partout dans le monde, les collaborateurs de Saint-Gobain célébreront les 350 années passées et à venir. Cet anniversaire sera l’occasion de faire ressortir le lien qui unit tous les employés du groupe Saint-Gobain : même s’ils n’exercent pas toujours le même métier, même s’ils n’habitent pas sur le même continent, ils savent qu’ils poursuivent un même objectif et qu’ils partagent les mêmes valeurs. Aller de l’avant ne signifie pas ne plus regarder derrière soi. L’une des principales forces du groupe SaintGobain est que son histoire est étroitement liée à l’histoire du monde. 51